1945-1950 : les manifestations du militantisme scolaire catholique de l’Ouest
p. 199-211
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1Le militantisme scolaire catholique, exception faite de son versant syndical1, n’a pas été abordé de front par les historiens. Certes, sa vitalité a été justement perçue lors des grandes crises de 1905 et mieux encore de 1924-19262. Mais la lecture n’a pu se faire que de biais puisque ces mobilisations dépassaient le seul cadre de la question scolaire pour s’inscrire dans le large spectre de la défense catholique. Il est assez révélateur que la période du Cartel ait débouché sur une étude nationale de la Fédération nationale catholique3 plutôt que sur celle d’un mouvement contemporain comme les APEL, à qui il a très certainement manqué pour se développer, dans la décennie trente, quelques péripéties de la guerre scolaire4. La période de la Libération paraît donc s’imposer pour saisir le militantisme scolaire catholique au commencement de sa véritable autonomisation grâce à une mobilisation cette fois-ci uniquement tournée vers la défense de l’enseignement libre et qui se déploya – comme un cas d’école – à l’intérieur de l’espace géographique intéressant ce colloque. La démarche menée ici consistera à prendre appui sur la mobilisation pour tenter de percevoir la structuration du militantisme, en suivant Michel Lagrée lorsqu’il remarquait à partir de l’expérience de 1924-1926 combien la fédération des mécontentements constitue le principal moteur de l’organisation des masses5. Cette communication cherchera à décrire l’ensemble du cycle revendicatif de l’après-guerre dans l’Ouest qui peut se diviser en trois étapes : le réveil de la Libération (les années 1945-1946), le temps des « procès des kermesses » (1947 à 1949), et enfin celui de la grève de l’impôt (1950).
20 ans après… Le signal du redémarrage de la FNAC
2L’Ouest catholique n’est pas prédestiné à la révolte et à la mobilisation. Cette précaution énoncée, il convient de réfléchir sur les circonstances particulières du réveil de 1945. Le signal était venu de l’extérieur, avec le lancement d’un référendum national populaire sur la liberté de l’enseignement décidé par le Comité national de l’enseignement libre. Cette initiative qui manque encore d’éclaircissement nous intéressera cependant moins par son objet que par sa forte réception dans l’Ouest, où furent mis en place, à l’échelle des diocèses, de véritables plans de bataille. La période exigeait une organisation rigoureuse ; cette discipline, ne sembla guère coûter, après l’Occupation, à des énergies militantes et hiérarchiques impatientes de se réinvestir au grand jour. Pour ne prendre que l’exemple vendéen, le quadrillage reposa sur l’échelon cantonal impliquant les délégués de l’Association catholique des chefs de familles chargés de recruter des conférenciers dans chaque paroisse, selon le modèle de 1924-1926. Le travail de ces derniers était d’ailleurs tout mâché grâce à un texte type fourni par le Comité départemental de l’enseignement libre. Il ne restait aux doyens qu’à utiliser avant le jour J du vote les mollets « de leurs jeunes gens et jeunes filles des mouvements d’Action catholique pour que ces documents soient portés à peu près en même temps et sans délai dans toutes les paroisses6 ». Plus que les résultats du référendum, difficiles à interpréter car étalés sur la durée et très certainement gonflés (148 000 « oui » à la Liberté avancés en Vendée, 2 millions pour tout l’Ouest), l’effort d’impression, incontestable en ces temps de pénurie (96 000 tracts et 231 000 bulletins édités pour la seule Vendée7), prouve l’ampleur de l’investissement catholique.
3Dans le contexte des premières municipales de l’après-guerre, cette mobilisation parallèle référendaire doit être perçue comme la réaction de défense d’un corps catholique majoritaire se sentant agressé par la nouvelle visibilité locale du militantisme laïque, à travers ses relais légitimés par l’action résistante des Comités de libération, du Front national et du SNI8. Cette menace surévaluée par les conditions particulières de cloisonnement de la Libération – que l’on songe par exemple à la peur profondément ressentie dans des départements comme la Vendée ou le Morbihan –, ajoutée au vote parisien de la fin des subventions accordées par le régime de Vichy, cristallisèrent dans l’Ouest catholique le sentiment de défense assoupi depuis le milieu des années 1920. L’exact vingtième anniversaire de la lutte contre le Cartel réimposait en outre la nécessité de la remobilisation. Les contours nets de cette victoire du militantisme catholique ont surtout servi de modèle au redémarrage et à la restructuration des mouvements catholiques d’hommes, issus de l’ancienne FNC alors en pleine mutation. La réunion le 7 septembre 1945 au prieuré de Pontchâteau, traditionnel lieu de réunion de l’Association catholique des chefs de famille du diocèse de Nantes, fut à cet égard exemplaire.
4La séance de la matinée réunissait uniquement les cadres en présence de l’évêque, Mgr Villepelet. Le compte rendu de la Semaine religieuse révèle : « La salle par moment est nerveuse […]. Certains préféreraient à une résignation hâtive, une protestation haute et ferme comme en 19249. » La réaction dépassait le mouvement d’humeur devant les sacrifices financiers imposés par la fin des subventions10. La référence à 1924 se comprenait directement parce que les cadres de l’ACCF étaient réunis, lors de ce second rassemblement d’après-Occupation, pour entériner leur affiliation à la nouvelle FNAC réorganisée par l’ACA de juillet 194511, et représentée à Pontchâteau par son délégué national à la propagande, l’ancien jociste, Paul Hibout. Le zèle revendiqué des militants les faisait en fait revenir à l’esprit disparu des origines tout en démontrant leur défiance à l’égard du programme encore flou d’Action catholique générale de cette FNC nouvelle manière. De toute façon songeaient certainement ces cadres, il fallait la mobilisation qui avait manqué à la décennie précédente pour faire vivre le mouvement. Seule la défense scolaire pouvait clairement apporter cette impulsion comme le prouvait l’exemple voisin du Maine-et-Loire.
5Depuis le 2 septembre 1945, l’Anjou catholique avait en effet déjà donné le signal de la réaction avec la manifestation de Cholet, précédant celle d’Angers du 7 octobre. L’Union des catholiques évalua à 90 000 (30 000 dans les Mauges et 60 000 à Angers) le nombre de ceux qui avaient chanté dans les cortèges le « Nous voulons Dieu dans nos écoles ». Même si ces chiffres doivent être revus à la baisse12, il convient de reconnaître le succès populaire, surtout lorsqu’on les compare aux réunions du camp adverse, qui plus est en un temps de déplacements difficiles. La formule de « triomphe » choisie par le chef de l’Union des catholiques de l’Anjou, le commandant de Joannis, pour qualifier le meeting de Cholet peut se comprendre comme l’expression de la surprise du responsable d’une organisation sur le déclin depuis les années 193013 et qui parvenait à retrouver la participation de 1925. Le diocèse de Mgr Freppel qui avait plutôt suivi le mouvement vingt ans plus tôt se trouvait en outre presque étonné de mener ainsi la danse. Mais il faut insister tout autant dans ce département sur l’importance des relais des amicales de l’enseignement libre comme celle du CALS, Comité d’action pour la liberté scolaire (créé en mai 1945), sans oublier l’implication de la Ligue féminine d’Action catholique qui a grossi les manifestations. Contrairement à 1925 en effet, les femmes étaient les bienvenues dans les cortèges. Est-ce un effet de leur nouveau rôle électoral ? ou plus simplement du poids de la LFAC en Anjou qui, avec ses 30 000 adhérentes sous la houlette de la princesse de Robech, était deux à trois fois plus importante que l’UCA masculine14. Précisons toutefois que les femmes ne défilèrent pas séparément à Angers sous la bannière de leur ligue, mais avec leurs maris et fils et ce, en rangs de 8. Ce furent cependant les seuls dirigeants masculins de l’UCA que Mgr Costes félicita publiquement devant le château du roi René le 7 octobre.
6La question se pose clairement de savoir si la lutte scolaire n’a pas servi de prétexte au redémarrage de l’Action catholique des hommes mal en point après l’Occupation. Le tract de mobilisation de l’UCA en septembre 1945 assignait en effet sous le gros titre « Action catholique », comme premier but l’union de tous les catholiques de l’Anjou, avant même la défense de l’enseignement libre15. En 1948 un article rétrospectif de son organe, L’Anjou catholique, reconnaissait d’ailleurs que l’action de 1945 avait pour objectif « de se faire connaître en prenant immédiatement la défense de l’école16 ». L’effacement des Unions diocésaines de la FNAC de l’organisation directe du militantisme scolaire, à partir de 1947, vient confirmer cette hypothèse de l’opportunisme à la Libération, même s’il faut invoquer pour cette dernière partie de la décennie 1940 les effets du recadrage stratégique de la FNAC vers l’Action catholique générale au sein de la paroisse, en dehors ou du moins en marge de la défense catholique traditionnelle.
7En 1945, l’implication des hommes n’était cependant pas gagnée d’avance. Pour s’en convaincre, appuyons-nous sur un espace que l’on aurait pu croire étranger aux incertitudes mobilisatrices : la Vendée. À l’approche du rassemblement des Herbiers pour la liberté scolaire du 4 novembre 1945 – première démonstration de masse de l’après-guerre –, la fébrilité de la Semaine religieuse est perceptible. Il y eut ainsi un intéressant recadrage entre une première déclaration de l’évêque invitant tous ses diocésains – hommes et femmes – à la manifestation et un second avis (une semaine plus tard) où il était précisé que l’on comptait surtout sur la présence des hommes et des jeunes gens (anciens combattants, prisonniers, membres des mouvements d’action catholique,…), parce que « rien n’est imposant comme un groupe compact d’hommes et de jeunes, et [que] sans eux la journée ne saurait avoir tout son sens17 ». Un rassemblement organisé par la DRAC avec une majorité de femmes eût en effet détonné. Cet appel met incontestablement en lumière l’essoufflement d’après-guerre d’une sociabilité masculine – celle des réseaux anciens combattants qui soutenaient la FNC – pourtant parfaitement huilée sous l’Occupation par Mgr Cazaux. Cette réalité rappelle en outre qu’un des grands problèmes de l’époque posés aux responsables catholiques restait le recrutement d’enseignants masculins.
La création des comités scolaires paroissiaux et cantonaux
8Le rassemblement des Herbiers – qui finalement fut un succès, réunissant selon les chiffres des organisateurs de 30 000 à 35 000 personnes – revêtait d’autant plus d’importance aux yeux de l’évêque qu’il avait été choisi par lui pour annoncer le lancement d’un programme ambitieux de restructuration du militantisme diocésain autour de la défense scolaire. Un de ses objectifs était l’implantation rapide des APEL dans le département. La greffe de l’association de parents dirigée depuis Poitiers par Me Drouineau n’avait jusqu’alors pas pris faute de relais locaux. La nomination d’une figure vendéenne, Mercier des Rochettes maire des Lucs-sur-Boulogne, au poste de secrétaire général diocésain était une première réponse apportée.
9C’était en fait tout son vivier de notables catholiques que Mgr Cazaux entendait mettre au service de la lutte scolaire, en créant à l’échelle cantonale un nouveau Comité, l’Union catholique des hommes de Vendée, sous la présidence d’un responsable directement nommé par lui. Ce Comité devait réunir le délégué, le trésorier et le secrétaire déjà existants de l’Association catholique des chefs de famille de la FNAC, le nouveau délégué de l’APEL, et le nouveau délégué du CALS. Le doublement des structures nationales (APEL-FNAC) par des associations locales (CALS-UCHV) respectait en fait la formule de l’alchimie vendéenne, gage d’implication militante. Le projet était d’ailleurs atténué dans la réalité puisqu’une liste retrouvée pour la campagne de mobilisation de 1956 mais qui de manière certaine avait été établie durant la décennie précédente montrait que, sur 30 cantons environ, 12 délégués du CALS et des APEL étaient communs18. Cela n’empêche cependant pas de reconnaître la qualité du maillage militant scolaire en Vendée, mis en place dans les premiers mois de 1946. Les comités étaient en effet homogènes avec leurs quotas impressionnants de maires souvent nobles (une quinzaine), de notables (pharmaciens, notaires). Les APEL étaient assurément plus jeunes puisqu’elles exigeaient en leur sein des pères d’enfants scolarisés. En matière précisément de militantisme scolaire, la Vendée était le seul département où le CALS, le comité le plus activiste, avait pignon sur rue dans chaque canton. Si, comme nous le verrons, ses dirigeants étaient à Angers, leurs relais impulsés par de Maupéou et Poirier-Coutensais, ainsi que leurs mentors, Mgr Cazaux et le chanoine Douillard, appartenaient bien au diocèse de Luçon.
10Plus largement dans l’Ouest, durant ces années d’après-guerre, la plupart des évêques ont cherché à impliquer davantage les « paroissiens militants19 » au sein de comités scolaires. Le cardinal Liénart obtenait au même moment de l’Assemblée des cardinaux et archevêques la reconnaissance du rôle privilégié des parents d’élèves et des APEL dans la défense scolaire20, au détriment donc des clercs. C’était reconnaître là le nouveau poids des parents sur qui reposait désormais l’essentiel de l’effort financier depuis la fin des subventions et le tarissement des généreux donateurs. Les kermesses dont ce fut l’âge d’or – à petite ou à très grande échelle comme celle de Nantes organisée par les amicales21, ou de Rennes – donnaient à voir cette implication militante voulue par la hiérarchie.
11Ce nouveau schéma de mobilisation paroissiale fait question. Arrêtons-nous ainsi sur le diocèse de Nantes. Les comités scolaires paroissiaux mis sur pied par l’évêque, Mgr Villepelet, étaient censés rassembler autour du curé rien moins que les présidents ou secrétaires de « chacun des mouvements d’Action catholique existant dans la paroisse » (ACCF, LFAC naturellement, mais aussi JAC, JOC, voire patrons et associations sportives22). Cette totalisation scolaire est parlante : il ne s’agit pas de considérer que la défense scolaire est devenue une priorité pastorale pour la hiérarchie de l’Ouest seulement à partir de 1946, mais bien qu’elle est entrée dès lors directement en concurrence sur le terrain militant avec le programme d’action catholique spécialisée tel qu’il fut défini dans les années 1930. Les tiraillements de l’ACO avec leurs évêques – particulièrement Villepelet, Roques –, dans la décennie suivante, se comprennent également sous cet éclairage…
12L’année 1946 connut dans l’Ouest des rassemblements comparables à ceux de 1925. La journée du 7 avril prit un caractère particulier avec la tenue de deux « gros » rassemblements à la Roche-sur-Yon (35 000 personnes) et à Nantes (80 000 personnes pour l’Église, 60 000 pour la préfecture23), auxquels succédèrent les grands meetings de Quimper et de Landerneau24. Selon les organisateurs, le succès d’affluence était directement lié à la mise en place en février et mars des comités scolaires paroissiaux ou cantonaux qui viennent d’être évoqués25. L’Ouest catholique, sans pratiquement, il faut le remarquer, de résistance laïque (cette passivité durant jusqu’en 1951), fut la seule région à se mobiliser derrière des évêques combatifs durant la campagne référendaire en réclamant l’inscription de la liberté de l’enseignement dans le texte constitutionnel. Le rassemblement vendéen est intéressant car il portait pour la première fois la marque organisatrice du CALS, premier indice du succès de son implantation dans le diocèse. Celui de Nantes fut encore organisé par le traditionnel Comité départemental de l’enseignement libre sous la direction conjointe de l’industriel, Yves Babin-Chevaye (APEL), du médecin Yves Bureau (ACCF) et du pharmacien Eugène Faure (Amicales). Sans méconnaître ce relais militant de laïcs, l’encadrement clérical de la manifestation doit être de nouveau souligné, à tel point que les ruraux qui n’étaient pas assez nombreux pour défiler derrière leurs curés ou leurs vicaires sous la pancarte de leurs paroisses préférèrent se rendre directement et librement au monument aux morts, but de la manifestation, sans même participer au cortège26. Notons à ce sujet que les femmes avaient été conviées au meeting dans le parc du Loquidy mais pas au défilé…
La montée en puissance du CALS
13Les fameux « procès des kermesses » qui s’échelonnèrent de juillet 1947 (La Roche-sur-Yon) jusqu’à janvier 1949 (Angers) constituèrent une étape déterminante dans la structuration du militantisme scolaire. La vingtaine de procès s’étalant sur tout l’Ouest – de Morlaix aux Sables-d’Olonne, de Fougères à Niort, impliquant pratiquement l’ensemble des évêques, relayés avec complaisance par les quotidiens régionaux, a d’abord démontré la profondeur de l’attachement d’un espace à son école. Le nombre des manifestants en semaine était assez remarquable (10 000 participants à Baugé, 15 000 à Vannes27), dans un climat parfois orageux (comme à Nantes le 12 février 194828), mais le plus souvent festif, avec des évêques constamment applaudis, loin en tout cas de la raideur de l’Église anteconciliaire si souvent décrite.
14La scène populaire ne doit pas cacher les coulisses militantes de cette passe d’armes avec l’administration des contributions indirectes. Cette lutte fiscale assez pointue mobilisa une escadre d’avocats militants29 qui payèrent en énergie ce qu’ils reçurent en reconnaissance au sein du comité qui, au moins publiquement depuis la réunion de Rennes du 10 mai 1947, avait fait de la contestation fiscale son cheval de bataille, à savoir le CALS. Les « procès des kermesses » sonnaient l’heure des robes, comme 1924 l’avait fait des uniformes dans l’encadrement de la FNC30. Certes, les avocats étaient traditionnellement très présents dans les directions des organisations catholiques31, mais le CALS, par son action et son identité, fut encore davantage leur mouvement. L’organigramme du Comité, depuis le président, Laguette d’Angers, jusqu’aux responsables diocésains – Robet de Nantes, Brandet de Niort, etc. –, n’était qu’une succession de membres du barreau.
15Le temps des « procès des kermesses » paraît tout indiqué pour approcher ce « mystérieux » Comité d’action pour la liberté scolaire qui commençait alors à orienter toute l’action militante dans l’Ouest de la France. Le Comité était la création des évêques protecteurs de l’Université catholique d’Angers lorsqu’ils entendirent en mai 1945 impulser et contrôler directement et collectivement l’implantation des APEL dans leur région. Les APEL, assez faibles dans l’Ouest intérieur, plus fortes en Bretagne mais manquant de figures épiscopales et militantes pour les soutenir, durent donc composer avec ce Comité qui portait très nettement la marque de fabrique d’un département, le Maine-et-Loire, et d’un évêque, l’Ordinaire de Luçon, Mgr Cazaux, avant de conquérir en profondeur la Loire-Inférieure à partir de 1947, puis d’étendre ses ramifications aux Deux-Sèvres et à la Charente.
16Plutôt que de faire exclusivement appel à la direction parisienne des APEL, même si elle fut associée au projet en la personne d’Henri David, les prélats optèrent donc pour une structure interrégionale plus large réunissant, sur le modèle des comités diocésains de l’enseignement libre, les représentants des syndicats d’instituteurs et d’institutrices, les représentants des amicales et ceux des associations de parents d’élèves, sous le contrôle des directeurs diocésains. Les débuts du Comité se firent dans l’ombre, à tel point que jusqu’aux procès des kermesses, il était impossible de rencontrer les quatre lettres du sigle dans les colonnes des Semaines religieuses, excepté en Vendée. Dans le Maine-et-Loire, Laguette était toujours présenté comme président des APEL alors qu’il se trouvait à la tête du CALS. Ce secret tenait à la nature du Comité qui n’était pas destiné à devenir un mouvement de masse. La discrétion du départ visait en outre à ménager les susceptibilités de mouvements plus anciens, dans un paysage militant très morcelé et de fait très inorganisé. Il convient d’invoquer également la réticence de l’Église à reconnaître pleinement et publiquement l’existence à part entière de ses militants scolaires. Peut-être préférait-elle les circonlocutions du type « militants de l’action familiale » pour éviter le parallèle avec les syndiqués et les militants du camp adverse ?
17Les « procès des kermesses », en mettant en lumière l’action du CALS qui a réussi à unir par son énergie des structures militantes éclatées, ont incontestablement contribué à l’autonomisation du militantisme de l’Ouest. Les orateurs parisiens de l’APEL (Henri David, Philippe de Las Cases) traditionnellement présents aux rassemblements de la région ont peu accompagné les meetings organisés autour des procès, ce qui a mis en avant les figures locales32. La direction nationale de l’association des parents d’élèves a d’ailleurs refusé de relayer dans le reste du pays cette mobilisation localisée, alors qu’au même moment elle se mobilisait sans compter pour les écoles des houillères du Gard. Un rapport rédigé par Philippe de Las Cases, président des APEL parisiennes, en juillet 1947 et destiné aux cadres de sa région académique montre le blocage : « d’après les renseignements concordants venus de toutes les régions de France, écrivait-il, la situation de l’école libre n’est nullement désespérée. Un geste désespéré qui s’expliquerait par une situation désespérée, paraît prématuré33 ». Or durant cet été 1947 les correspondances catholiques de l’Ouest étaient plutôt à l’action directe, à la dramatisation à outrance, et au projet rêvé tout haut de grève de l’impôt34. C’était en clair résumer le programme du CALS qui se montrait de plus en plus par les affiches et les tracts.
18Son soutien et ses relais, le CALS les a surtout reçus des amicales d’anciens élèves de l’enseignement libre, confirmant là les observations de Marcel Launay sur la traditionnelle mobilisation des amicalistes lors des crises scolaires, et ce depuis la fin du xixe siècle35. La reprise de leurs grands rassemblements dopés par la présence de Raoul Follereau correspond précisément à cette chronologie des procès, à commencer par celui du dimanche 5 octobre 1947 à Saint-Laurent-sur-Sèvre36, puis celui du 26 septembre 1948, à Sainte-Anne-d’Auray qui vit la restauration de l’Union régionale des Amicales de Bretagne après une longue période d’inactivité. Une figure constamment présente lors de ces rassemblements faisait le lien entre ce milieu des amicales et le CALS, celle de Jean Bouyer, père de 12 à 14 enfants selon les sources, secrétaire général du Comité et président des Amicales du diocèse d’Angers qui pesaient tout de même 20 000 adhérents37.
19De concert avec l’inévitable Mgr Cazaux, Bouyer fut déterminant dans la montée en puissance de la revendication scolaire en 1948. Il y eut de la part de ces deux personnages, une tentative audacieuse de lier le mouvement de l’Ouest à celui du Midi et même de l’étendre à toute la France, en particulier lors du Congrès des cadres de la Fédération nationale des amicales de l’enseignement libre qui se tint à Angers les 25 et 26 septembre 194838. Plutôt que d’appeler cependant directement à la levée en masse dans des régions bien moins réceptives que l’Ouest, la stratégie dessinée consistait à s’appuyer sur les cadres amicalistes, qualifiés par Mgr Costes de « francs-tireurs39 ». Jean Bouyer, léniniste pour l’occasion, donna ensuite le mode d’emploi pour débloquer le mouvement : « Il suffit d’un petit nombre bien décidé et il se fera du bon travail. 12 pêcheurs ont bouleversé le monde. Dans les grèves, quelques militants entraînent des milliers de camarades40. » Mgr Cazaux, l’évêque du CALS, conclut l’affaire en promettant : « Des Vendéens il y en aura bientôt dans toute la France41. » Seulement, cette stratégie de « francs-tireurs » appliquée dans l’Ouest avec le CALS était gagnante parce qu’elle avait en réserve une troupe régulière bien fournie et capable de se montrer au grand jour lors d’imposantes manifestations. En 1948-1949, le CALS put ainsi mener son intense campagne de lobbying auprès des élus de plus en plus réceptifs42 parce qu’il agitait la menace du vote sanction des électeurs catholiques (cantonales de mars 1949) ou, pire encore pour le MRP au pouvoir, la décision en décembre de la même année de mettre en pratique au printemps la sanction depuis si longtemps retenue de la grève de l’impôt.
Un mot d’ordre de trop
20La mobilisation constante depuis le printemps 1945 culmina avec la fameuse après-midi du 23 avril 1950 qui connut quatre rassemblements de masse dans l’Ouest rural organisé à Saint-Laurent-sur-Sèvre, Le Folgoët, Pontmain, Château-la-Vallière43, réunissant au moins 200 000 personnes44. La participation était à la hauteur de l’enjeu symbolique de cette journée, censée exprimer à l’État le profond mécontentement de l’Ouest catholique en lui refusant l’impôt. Tel était en tout cas le mot d’ordre du CALS, préparé secrètement depuis de longues semaines. En pariant sur le soutien populaire, le Comité adaptait au grand jour une stratégie déjà éprouvée, notamment lors de la grève administrative des mairies au printemps et à l’été 194845. C’est au CALS que fut donnée le 23 avril la totale responsabilité du principal meeting vendéen, depuis l’organisation matérielle46 jusqu’aux discours (une allocution de 10 minutes pour chaque représentant des départements présents, à savoir la Vendée, la Loire-Inférieure, le Maine-et-Loire, les Deux-Sèvres et la Charente). C’est lui qui fournit les orateurs de l’Ouest lors des meetings de Château-la-Vallière et de Pontmain47. C’est lui, par l’intermédiaire de Jean Bouyer, qu’applaudirent la kyrielle d’évêques réunis par Mgr Cazaux sur l’estrade de Saint-Laurent-sur-Sèvre48 lorsque fut solennellement annoncée dans un dialogue avec la foule la décision de retenir le paiement de l’impôt.
21Le 23 avril ne signifiait cependant pas la victoire totale du CALS. Lorsqu’on regarde en effet du côté de l’épiscopat breton (à l’exception de Mgr Le Bellec de Vannes), le soutien fit clairement défaut au Comité. L’absence du cardinal Roques à Pontmain et le discours légaliste et modéré (notamment à l’égard des politiques) de Mgr Fauvel au Folgoët effaçaient les discours militants favorables à la grève. Le CALS, même s’il avait convaincu par la suite le Morbihan, la Mayenne et la Manche, a surtout été arrêté par l’archevêque de Rennes, secondé en juillet par le nouvel évêque d’Angers, Mgr Chappoulie, soucieux à la fois d’avoir le dernier mot hiérarchique face aux laïcs, de refuser un militantisme spécifique à l’Ouest qui se passait en outre de leurs propres avis et de ceux des instances scolaires nationales (Comité d’études de Lizop, Comité de Mgr Hamayon, APEL), de soutenir le MRP, de relayer la position vaticane, et enfin de contrer le jusqu’au-boutisme de Mgr Cazaux.
22La cause majeure de l’échec du CALS résida dans sa volonté d’autonomisation politique. Lancer une grève de l’impôt alors que Bidault et le MRP étaient au pouvoir n’était pas bien vu et le Vatican se chargea rapidement de crosser Mgr Cazaux pour cette initiative. Voilà l’essentiel. Dans ce cadre, la « victoire » du CALS du 23 avril apparaissait comme la tentative du dernier recours voué à la faillite, faute de s’être assuré les appuis politiques traditionnels nécessaires, non seulement évidemment au centre-droit, mais aussi, ce qui est plus intéressant, à droite en contestant la qualité de son soutien parlementaire passé49.
23L’élan du CALS qui devait se matérialiser immédiatement par la mise en action des comités locaux et cantonaux pour encadrer la grève fiscale fut brisé net. Le mouvement était bien mort-né. Il faudrait pouvoir s’arrêter plus longuement sur ces semaines incertaines de juin-juillet 1950 où tout un peuple catholique fut laissé en plan, sans aucune consigne pratique après avoir été sollicité avec tant de vigueur. Et si, début août, Jean Bouyer pouvait encore rêver à une action nationale impliquant les fameuses amicales selon le modèle dessiné en 194850, l’état-major du Comité et Mgr Cazaux étaient plutôt réduits au silence-radio dans l’Ouest par le Nonce Roncalli, au plus grand désarroi d’une base militante toujours conviée à la résistance fiscale par certains curés. Fin août, le communiqué du CALS appelant à la fin de la grève fut rendu public avec des accents d’autosatisfaction qui avaient de quoi surprendre après une telle condamnation vaticane. René Pleven avait en fait difficilement amadoué le CALS en l’invitant à participer à la commission Paul-Boncour. L’arbre – le strapontin honorifique institutionnel accordé à Me Laguette – cachait la forêt du désarroi populaire, mais les dirigeants du CALS, avant de le regretter plus tard, n’avaient de toute façon pas d’autre choix que de regarder vers la négociation parisienne.
24Ainsi le meeting du 23 avril censé ouvrir la nouvelle décennie clôturait plutôt les cinq années précédentes, et de fait les années 1950 ont eu un visage très différent. Elles débutèrent pour l’enseignement catholique sous le signe de la négociation puis des avantages, ce qui encouragea la structuration d’un militantisme nettement moins démonstratif qui bénéficia surtout aux APEL constituées localement en « sociétés d’éducation populaire » pour recevoir les subsides de la loi Barangé. Le CALS, malgré une sévère admonestation du Cardinal Roques lors de la première commission épiscopale de l’enseignement, le 7 mai 1951, ne disparut pas pour autant et il serait intéressant de repérer son activité jusqu’à l’application de la loi Debré. En 1956, les projets intégrationnistes du Front Républicain et les menaces de suppression de la loi Barangé, dans une certaine mesure comparables à l’hostilité affichée par le Cartel des gauches ou au climat de la Libération, ne provoquèrent cependant pas de manifestations dans l’Ouest, malgré une intense préparation souterraine du CALS et de la FNAC qui projetèrent au moins par deux fois, en février et octobre-novembre, un rassemblement monstre à Nantes (200 000 personnes étaient attendues51). Le coup de froid de l’après Saint-Laurent-sur-Sèvre et les modérations tactiques de la hiérarchie approchée par Guy Mollet sur la question du concordat ont joué leur rôle. Au terme de cette réflexion, on prendra toutefois garde d’annoncer avec le 23 avril 1950 le « chant du cygne d’une certaine forme de contestation catholique52 » dans l’Ouest. Les cartons d’archives des UDAPEL entrevus durant cette recherche sur les manifestations de 1983-1984 convainquent que des habitudes décrites ici eurent une postérité indéniable, à une échelle nationale cette fois-ci. Nul doute cependant que la journée du 23 avril a empêché dans l’Ouest, durant de nombreuses années, la visibilité populaire d’un militantisme scolaire pourtant mieux structuré en profondeur.
Notes de bas de page
1 Bruno Poucet, Entre l’Église et la République. Une histoire de la fédération, de la formation et de l’enseignement privé CFDT, Paris, Atelier, 1998, 252 p.
2 Pour l’Ouest lire Michel Lagrée, Religion et cultures en Bretagne 1850-1950, Paris, Fayard, 1992, p. 193-197 ; et David Bensoussan, « Le réveil des catholiques bretons (1924-1926) », Vingtième Siècle, janvier-mars 1998, n° 57, p. 57-75.
3 Corinne Bonafoux-Verrax, La Fédération nationale catholique 1924-1944, thèse de doctorat sous la direction de Serge Berstein, IEP de Paris, 1999, 3 volumes, 922 p.
4 L’Association des Parents d’élèves de l’enseignement libre – qui attend son historien – est née à la fin des années 1920 dans le Sud-Est. La fondation de l’Union nationale des APEL dès 1932 ne doit pas tromper sur un développement qui fut relativement timide et surtout circonscrit à certaines régions. C’est ainsi que l’association n’atteignit le diocèse de Nantes qu’en 1935.
5 Religion et cultures…, op. cit., p. 194.
6 Archives de la Direction de l’Enseignement catholique de Vendée, 22 S-1 : « Référendum et souscription 1945 », Lettre du Comité de l’enseignement libre de Vendée aux doyens du diocèse, 16 février 1945.
7 Ibid. Les tracts étaient édités par l’Imprimerie Pacteau et l’ensemble pesait de 100 à 120 kg.
8 Les premiers meetings de l’après-guerre sur la question scolaire furent bien laïques, comme celui qu’organisa l’actif directeur radical du Populaire, Gaston Veil, au théâtre Graslin de Nantes, le 25 février 1945.
9 « 7 000 chefs de famille au calvaire de Pontchâteau », Semaine religieuse du diocèse de Nantes, 22 septembre 1945, n° 38, p. 383.
10 Le maintien des écoles exigeait de trouver 50 millions de francs. Il s’agissait donc de créer une caisse diocésaine de péréquation et un comité dans chaque paroisse pour la survie financière des écoles.
11 Décision du 12 juillet 1945 rendue publique par France catholique dans son numéro du 22 juillet 1945.
12 Jean-Luc Marais avait présenté l’estimation basse de la préfecture attribuant 8 000 à 15 000 manifestants à Cholet et 25 000 Angers dans sa contribution au tome 13 de l’Histoire des diocèses de France. Le diocèse d’Angers, sous la dir. de François Lebrun, Paris, Beauchesne, 1981, p. 270.
13 Ibid., p. 249.
14 Les ligues ont mieux résisté à l’Occupation. Dans le Morbihan libéré, elles sont immédiatement opérationnelles alors que l’Action catholique des hommes ne renaît que fin 1947.
15 Semaine religieuse du diocèse d’Angers, dimanche 12 août 1945, n° 36, p. 256.
16 Archives historiques de l’évêché d’Angers, 4 K2 : « Après trois ans : où en sommes-nous ? »
17 « Appel aux hommes et aux jeunes gens », Semaine catholique du diocèse de Luçon, samedi 27 octobre 1945, n° 43. De fait, les femmes défilèrent en dernière position après les hommes en rangs de 6, les jeunes gens et les jeunes filles.
18 Archives de la Direction de l’enseignement catholique de Vendée, 22 S-2 : « Action scolaire 1956 ».
19 Cf. « Communiqué de la direction des Œuvres. Après nos conférences en faveur des Unions paroissiales », Semaine religieuse du diocèse de Vannes, samedi 31 mai 1947, n° 22, p. 188.
20 Centre national des archives de l’Église de France, compte rendu de l’ACA du 13 mars 1946 : « Enquête sur le sort de l’enseignement libre ».
21 15 000 participants dès 1945 au parc de Procé ; 60 000 en 1948…
22 « L’avenir de l’enseignement libre », Semaine religieuse du diocèse de Nantes, 6 octobre 1945, n° 40.
23 La journée était donc comparable à celle du 1er mars 1925, mais avec la participation plus massive des paroisses nantaises, selon des sources catholiques des Renseignements généraux. Les estimations policières calculées en amont du 7 avril confirmaient d’ailleurs le succès de la journée puisqu’elles pariaient alors sur 30 000 à 50 000 participants. La foule a entraîné une certaine désorganisation, perturbant le déroulement de la journée (la rigueur de l’organisation ancien combattant de 1925 était oubliée…). Cf. Archives départementales de Loire-Atlantique, 1690 W 181 : notes d’information des 3 et 9 avril 1946.
24 Selon Michel Lagrée : 60 000 à Quimper, le 22 avril 1946 et 70 000 à Landerneau, Religion et cultures… op. cit., p. 381.
25 Archives de la Direction de l’enseignement catholique de Vendée 22 S-1 : « Rapport présenté à Rome en mai 1950 » par le CALS.
26 Ibid., les Renseignements généraux estimèrent à 35 000 le nombre des participants au défilé proprement dit.
27 Estimation des organisateurs.
28 Quelques agents de police furent molestés dans la salle des pas perdus du Palais de justice en raison de la très grande concentration de manifestants (3 000). Cf. Archives départementales de Loire-Atlantique, 213 W 196 : note d’information des RG du 12 février 1948. Cet événement rappelait le climat tendu de 1903.
29 En particulier Me Murat de Paris que l’on retrouve notamment à Vannes et à Baugé.
30 25 % de l’effectif total des présidents diocésains étaient des officiers en retraite. Cf. Corinne Bonafoux-Verrax, « Le général de Castelnau au service de la patrie et de la foi », Militaires en République 1870-1962. Les officiers, le pouvoir et la vie publique en France, colloque avril 1996, Publications de la Sorbonne, 1999, p. 411. Les militaires étaient encore très présents au sein des APEL : le commandant Dyère était président du Comité vannetais des APEL et le commandant Noël, président des APEL de la Manche et vice-président pour l’Ouest de l’UNAPEL.
31 Citons Me Brandet, président de la FNAC de Poitiers, Me Richou qui faisait la liaison FNACAPEL en Anjou, Me Glotin président de l’UDAPEL de Vannes, etc.
32 Le meeting du « procès des kermesses » de Vannes montre bien cette autonomisation, avec trois orateurs régionaux : Bouyer et Bourgeais d’Angers, Guivarc’h du Finistère. Cf. « Vannes : le procès des Kermesses », Semaine religieuse du diocèse de Vannes, samedi 15 mai 1948, n° 20, p. 166-168. Ce diocèse n’avait jusqu’alors connu dans ce temps d’après-guerre que les conférences et discours du Parisien Henri David, délégué national à la propagande et à la presse de l’UNAPEL, en particulier en mars 1946.
33 Archives de l’APEL de La Roche-sur-Yon, Rapport du 22 juillet de Philippe de Las Cases, président de la fédération des Associations de parents d’élèves de l’enseignement secondaire libre de la région académique de Paris aux APEL de Paris, 22 juillet 1947.
34 À l’instar du secrétaire général des APEL de Poitiers, Joseph Bonnafoux, qui parlait alors de « la gravité de la partie définitive » dans un courrier adressé au chanoine Douillard, directeur diocésain de l’enseignement libre de Vendée. Ibid., lettre du 30 juillet 1947.
35 « Défense et illustration de l’Enseignement secondaire catholique dans l’Ouest. Les Associations d’anciens élèves à la fin du xixe siècle », L’Enseignement catholique en France aux xixe et xxe siècles, sous la dir. de Nadine-Josette Chaline et Gérard Cholvy, Paris, Cerf, 1995, p. 195.
36 Ouest-France du 6 octobre 1947 attribuait près de 80 000 participants à ce meeting de l’Union régionale des amicales de l’enseignement libre. La Semaine religieuse du diocèse de Nantes, euphorique, dénombrait quant à elle 100 000 participants venus de Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Vienne, Vendée, Deux-Sèvres, mais aussi d’Ille-et-Vilaine, Morbihan, Charente, Orne, et Finistère (« La grande réunion de Saint-Laurent-sur-Sèvre », 18 octobre 1947, n° 42, p. 349).
37 « La journée des amicales de l’enseignement libre », Semaine religieuse du diocèse d’Angers, 23 juin 1946, n° 25, p. 210.
38 C’est à Angers déjà qu’avait eu lieu le Congrès fondateur de la Fédération le 5 août 1926.
39 Allocution finale du dimanche après-midi 26 septembre 1948 : « Le Congrès des cadres de la Fédération nationale des amicales de l’Enseignement libre », Semaine religieuse du diocèse d’Angers, dimanche 17 octobre 1948, n° 41.
40 Rapport du samedi matin 25 septembre, Ibid., p. 712.
41 Discours du dimanche après-midi, Ibid., p. 715.
42 Le CALS réunit ainsi à Nantes le 12 mai 1948 une trentaine de parlementaires de l’Ouest [Archives de Loire-Atlantique 213 W 196, rapport préfectoral du 22 mai]. Toujours dans la même ville, il réussit également à « convoquer » 250 conseillers généraux, maires et adjoints du département, le 30 juin, salle Stanislas, en vue de la grève des mairies [Ibid., 161W382. note des RG du 30 juin 1948].
43 Sainte-Anne d’Auray aurait dû s’ajouter à la liste mais la visite du président Auriol à Lorient obligea Mgr Le Bellec à son plus grand regret à l’annuler.
44 C’est le chiffre avancé par Le Monde [« “Solennel avertissement” des partisans de l’Enseignement libre », numéro du 25 avril 1950] ; les organisateurs et Ouest-France annoncent pour leur part 100 000 participants en Vendée ; 80 000 dans le Finistère ; 50 000 en Mayenne ; 10 000 en Indre-et-Loire.
45 L’action avait commencé en Vendée (153 mairies grévistes) et en Maine-et-Loire et avait touché les Deux-Sèvres. En Loire-Inférieure, la grève a assez bien fonctionné : 134 municipalités sur 220 y ont en effet participé du 5 au 11 juillet 1948 [cf. Archives de Loire-Atlantique 213 W 196, « Lettre du préfet Lahillonne au cabinet du président du Conseil et du ministre de l’Intérieur », 12 juillet 1948].
46 Le CALS organisa le service de cars et convoya également en voitures particulières les journalistes parisiens et étrangers [Archives historiques de l’évêché d’Angers 4K2 Action catholique, lettre de Jean Bouyer au comité diocésain de l’UCA du 3 avril 1950].
47 À Château-la-Vallière, c’est Bourgeais qui est intervenu sous la pluie pour annoncer le lancement de la grève de l’impôt. À Pontmain, Me Leroy de Laval, Gastard, président de l’Action catholique des hommes du diocèse de Rennes, et le Charentais d’origine bretonne, Thébault, qui prononça le discours final appelant à suivre les Vendéens, représentaient le CALS. Dans le Finistère, de manière significative le CALS, fut absent ; ce furent des représentants « extérieurs » de l’APEL qui intervinrent : le traditionnel David et d’Azambuja, secrétaire général des APEL de la région Aix-Marseille.
48 Pour bien éviter l’accusation de cléricalisme, les évêques s’étaient placés au deuxième rang, derrière les orateurs du CALS. Le retard de Mgr Villepelet provoqué par les embouteillages bouleversa cet inhabituel ordonnancement et l’évêque de Nantes fut placé au premier plan avec les laïcs…
49 Le 23 avril à Saint-Laurent, parlementaires et conseillers généraux de droite écartés de la tribune contrairement à toutes les habitudes des meetings catholiques goûtèrent très peu l’envolée antiparlementariste de Jean Bouyer déplorant leur inaction durant toutes ces années.
50 « Il faut que la France entière marque sa solidarité avec les Résistants de l’ouest », communiqué du secrétaire général, note d’information du 2 août 1950, Archives départementales de Loire-Atlantique, 213 W 196.
51 Archives de la Direction de l’Enseignement catholique de Vendée, 22 S-2 : « Action scolaire 1956 ».
52 David Bensoussan à propos de 1924-1926, op. cit., p. 75.
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