Les militants du MFR en Maine-et-Loire de 1945 à 1965
p. 121-139
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Texte intégral
1Le 14 juin 1939 l’ACA (Assemblée des Cardinaux et Archevêques) crée la LAC, Ligue Agricole Catholique, mouvement familial d’action catholique rurale1. Sans qu’on puisse préciser la date, il semble bien qu’en Maine-et-Loire la LAC soit lancée dès 1939, autour de Fernand Bonnin, qui avait été président de la JAC. À la mort de F. Bonnin (novembre 1942), après un intérim de Henri Boré, la présidence est assurée par Louis Asseray (fondateur de la première équipe JAC du département, en 1930). Lorsqu’en avril 1945 la LAC devient le MFR, deux angevins sont présents au Conseil national, Henri Boré et Jean Fribault2, qui deviendra président départemental en 1946. La seule étude d’ensemble sur le MFR-CMR qualifie ce département de « pilote, aussi bien dans l’histoire de la JAC-JACF que dans celle du MFR3 ». Grâce aux archives conservées du MFR angevin4 et à la maîtrise d’Estelle Brothier5, nous nous proposons donc, après une présentation d’ensemble du MFR local, d’étudier l’action des militants des quinze premières années dans le domaine temporel6, selon l’expression qu’ils employaient constamment
2Tous les textes des premières années insistent sur le qualificatif « familial ». Le MFR est un mouvement de foyers, qui se situe ainsi de manière originale par rapport à la Fédération nationale catholique (FNC), à la vieille Union catholique de la France agricole (UCFA), et à la JAC-JACF. Mais ce choix n’est pas que tactique, c’est aussi un besoin de ces jeunes couples issus des mouvements de jeunes, à la recherche d’un cadre pour se retrouver, et vivant les conditions difficiles du temps de la Reconstruction. Il faut repérer les « besoins des familles rurales, pour leur apporter des réponses chrétiennes », affirme l’aumônier Cochard. Et traçant un tableau des buts du MFR, il place en tête l’épanouissement des foyers, l’éducation des enfants, l’assise matérielle du foyer, puis l’action pour l’union au village, et le « travail dans les institutions7 ».
3Le mouvement est aussi rural, et pas seulement d’agriculteurs, même si ceux-ci sont majoritaires : 80 % du comité fédéral de 1950, 58 % des assistants au congrès de 1957, 52 % en 1958, 64 % des participants aux journées sociales de 1956. L’action se situe au niveau du village, des « problèmes locaux8 ». Cette insistance sur le concret implique un refus des cercles d’études, de « la parlotte catholique9 ». Pourtant, dès le 5 octobre 194410, on envisage l’apostolat hors du foyer, dans les « institutions temporelles » et politiques. Il faut soutenir les « militants engagés ». Ce rôle du MFR est de plus en plus mis en avant. En 1957, le MFR se présente comme « un mouvement d’adultes (et non de foyers) » [sic], « mouvement où se retrouvent des chrétiens qui ont des engagements11 ». Dans les années 1960, le MFR se définit tout simplement comme un mouvement d’Action catholique spécialisée, qui « a pour but de répercuter l’Évangile auprès des personnes et des institutions qui naissent, vivent et se développent en milieu rural, pour qu’à travers lui, l’Église y soit présente12 ».
L’implantation du MFR en Maine-et-Loire
L’organisation13
4En Maine-et-Loire, le MFR s’organise classiquement en diversifiant ses structures. Le Comité diocésain de 1944 devient un Bureau fédéral, réuni toutes les six semaines environ. Lorsqu’il s’adjoint (tous les trois mois) les représentants des secteurs, il devient un Comité fédéral. En 1954, pour suivre les directives nationales, le bureau devient comité, comité fédéral lorsqu’il s’adjoint les responsables de zones, conseil fédéral lorsque le rejoignent les responsables de secteurs14. Le compte rendu de ces réunions est assuré par le Courrier des amis angevins de Mon Village (1949), qui devient en 1950 Directives fédérales, et en 1960 Animateur fédéral.

Organisation du MFR de Maine-et-Loire à la fin des années cinquante
5À la base, les foyers militants, isolés, ou regroupés dans la commune (dans ce cas, on parle d’équipes locales, qui officiellement n’existent pas), se regroupent dans le secteur, « cheville ouvrière du mouvement15 », en principe cantonal, animé par un foyer responsable et un aumônier de secteur. Les zones, regroupant deux à cinq secteurs, ont plus de mal à s’imposer. Une fois par an, à l’automne, un congrès fédéral se tient à Angers, voulant attirer la masse en 1945-1949, restreint aux militants à partir de 1950, tous les deux ans à partir de 1963 (des congrès décentralisés ayant lieu les années intermédiaires).
6Au comité ou bureau, on trouve des représentants des divers lieux où agissent les militants du MFR : des domaines d’action (action familiale, enseignement agricole, engagement civique, etc.), des services organisés par le MFR (ou à son instigation), des services internes au mouvement (presse). À côté de cette structure centrale, des commissions apparaissent, les deux principales étant la commission familiale (1954-début 1955), et la commission civique (1954)16 ; ces deux commissions ont été ébauchées par des « journées » consacrées à ces thèmes dans les années précédentes. À côté de ces commissions ainsi désignées, d’autres structures fonctionnent, telles celle qui est chargée de la diffusion de la presse (dès 1944), le service jeunes foyers (dès 1946), l’organisation des « journées sociales » (1946-1951, et reprise en 1954), l’organisation de récollections.
7Le MFR regroupe tous les ruraux, mais des problèmes spécifiques à tel ou tel sous-groupe existent, dont les militants prennent conscience en raison de leurs engagements17 : d’où l’organisation de « branches », à l’échelle nationale à partir de 195518. Ici, le « service des ouvriers agricoles » est créé en 1947 et deviendra la branche ouvrière ; la même année, on tente de créer un service des artisans et commerçants, qui est relancé en 195819. La branche des techniciens agricoles apparaît en 1958 tout comme la branche agricole, qui jusque-là formait implicitement et pratiquement le tronc du mouvement (mais dès 1954 avait été mise en place une « commission agricole »). Quant aux femmes, à plusieurs reprises on parle de « branche féminine » (1946), de « commission féminine » (1955), d’« équipes féminines » (1958). Mais dès 1947, les responsables femmes souhaitent plutôt participer à toutes les commissions ou services, et c’est ce qui est appliqué à la commission civique, à la commission familiale, pas vraiment cependant à égalité avec les hommes. La commission féminine joue un rôle de formation.
L’importance du MFR
8Le MFR n’a pas à proprement parler d’adhérents. On peut, en n’oubliant pas qu’il s’agit généralement de couples, décrire plusieurs cercles d’influence, des plus impliqués au moins impliqués. Très impliqués, ceux qui participent au financement du mouvement, qui versent le « fermage spirituel », devenu plus tard souscription : 246 foyers en août 1947, 203 en octobre 1949, 292 en 1959. Significatif aussi le nombre de participants aux congrès départementaux : 200 en 1947, 198 en 1950, 400 en 1952 et en 1957, 300 en 1964. Des listes de militants par secteurs sont établies, qui concernent les militants les plus actifs. En 1946, on relève 133 foyers, en 1960, 899. En 1965, le mouvement évalue ses militants à 2 500, comptant probablement les abonnés de la presse militante.
9Mon Village (Chrétiens d’Aujourd’hui à partir de septembre 1963) est le mensuel national des militants, un outil de travail. Les abonnés sont 814 en 1948, 969 en 1949, 1 104 en 195020, 1 091 en 196321, 1 279 en 1964, 2 010 en 1966, 2 500 en 1967. Quant à Foyer rural (hebdomadaire depuis 1947, devenu Agri 7 jours en 1964), il vise à toucher la masse, c’est « un journal de pénétration » mais ce n’est pas un journal expressément confessionnel22 : 3 769 abonnés en 1950, 2 955 en 1965, 2 372 en 1967, mais il faudrait y ajouter pour ces deux années les 8 800 et 8 500 numéros de Clair Foyer (créé en 1954), plus tourné vers les femmes.
10Quant à la répartition régionale des forces, plus que du nombre de secteurs, assez théorique car certains sont fragiles, il faut tenir compte du nombre de secteurs existant régulièrement : 13 sur 34 cantons en 1952, 23 sur 34 en 1959. Les deux cartes (1 et 2) que l’on peut construire de la répartition des militants (1960) et des abonnés de Mon Village (1963)23 peuvent être comparées avec l’enquête de pratique (enquête Boulard) à peu près contemporaine (carte 3)24 : s’il y a superposition d’une pratique quasiment unanime et d’une forte présence du MFR dans le sud-ouest du département (Mauges et canton de Thouarcé), si la même superposition des absences caractérise l’extrême est25, partout ailleurs, et en particulier au nord de la Loire, la situation est plus complexe : le MFR s’y implante assez faiblement lors même que la pratique est soutenue (sud Segréen), mais réussit son implantation dans des cantons à la pratique faible (Beaufort, Longué). En revanche, la carte (4) des abonnés de Foyer Rural en 195126 est beaucoup plus proche de la carte de la pratique, mais en 1967, Clair Foyer, son successeur, se diffuse largement hors de ces zones (carte 5), ce qui refléterait l’action des militantes dans l’est du diocèse : le journal serait vraiment devenu ici un moyen de pénétration.

Carte 1 : nombre de militants MFR par canton, 1960

Carte 2 : nombre d’abonnés par canton à Mon Village, 1963

Carte 3 : pascalisants, hommes et femmes de plus de 20 ans, 1960

Carte 4 : nombre d’abonnés par canton à Foyer rural, mars 1953

Carte 5 : nombre des lectrices par canton de Clair Foyer, 1967
L’action du MFR : les principes
11Dans les textes des premières années, l’action du MFR est clairement orientée vers la création d’institutions diverses au service des foyers ruraux. À partir des années 1950, on insiste plus sur l’instillation de l’esprit chrétien dans les institutions existantes. Plaçons-nous d’abord dans les temps du démarrage. Les institutions à créer doivent être les points d’appui qui permettent de faire « rayonner » l’esprit chrétien dans les campagnes, par le développement du sens social, la pénétration des « principes chrétiens de justice, de solidarité27 » (octobre 1944). Le texte d’orientation pour 1946 évoque l’action des foyers militants : « On se réunira à propos des problèmes locaux bien concrets : un cinéma ou une bibliothèque à fonder, une association familiale, un syndicat, les promouvoir, une fête à organiser ». Le même document fixe comme objectifs pour l’année, dans chaque paroisse rurale, « la constitution d’un syndicat local et d’une association familiale ». Au comité fédéral du 21 mai 1946, Jean Fribault, alors président, esquisse une réflexion sur l’action des membres du mouvement. D’un côté, il y a l’action directe du MFR, « mais le plus souvent sans étiquette » : journal, journées familiales, aides familiales, aide aux jeunes. De l’autre, il y a l’action indirecte, « au sein d’organisations indépendantes : pénétrer celles qui existent, en lancer d’autres : cinémas, comités des fêtes, foyers ruraux, bibliothèques, presse, enseignement (écoles familiales), sport, entraide. Toutes ces associations seront autonomes et non étiquetées. Pour ces actions, prendre des gens qualifiés et dévoués, associer tout le monde et veiller à ne pas s’ingérer dans la marche des institutions ». Malgré cet effort de clarification, on voit que la distinction entre les organismes lancés par le MFR, mais sans étiquette, et ceux créés par le MFR, mais indirectement, n’est pas évidente.
12En 1948, lors du congrès départemental, on présente sous l’étiquette « services fédéraux du MFR » l’organisation des aides familiales, l’organisation des jeunes salariés, le service social, l’enseignement post-scolaire rural. En 1950, un document imprimé évoque les « services fédéraux » : la liste est plus longue, mais on y retrouve sans distinction de statut, des services internes au mouvement (jeunes foyers, responsabilité des équipes de secteur, Foyer rural), des services en principe extérieurs, mais qui ne le sont pas vraiment : aides familiales, enseignement post-scolaire, cinéma rural, et enfin des domaines d’intervention des membres, « questions agricoles, questions professionnelles des artisans, questions municipales ». Deux ans plus tard, une distinction plus nette est faite entre les institutions de droit public, semi-publiques, professionnelles, où le MFR ne doit pas s’engager, mais former ses militants, et les initiatives sociales, services créés, dont la MFR peut se charger, « avec prudence28 ».
13Au congrès d’octobre 1952, dans le rapport moral29, après les développements sur les services du mouvement, est présentée « l’action institutionnelle » des militants MFR : action civique, action professionnelle, action familiale, action au sein d’organismes mixtes. À cette date, seul le service des aides familiales reste un service du MFR. Ailleurs, il n’y a que présence des militants. Comment comprendre cette présence : le président s’inspire alors de l’allocution épiscopale de l’année précédente : « L’engagement dans les institutions est une tendance naturelle et légitime des mouvements d’action catholique. Il ne s’agit pas, ce faisant, de créer une forme moderne de cléricalisme, mais de rendre l’Église présente par ses fils au sein de ces institutions ». Ces militants présents dans les institutions, ce sont les « engagés ».
14L’effort de clarification fait localement s’intègre dans la stratégie nationale du mouvement. Une brochure imprimée, L’Action locale du MFR, datant des années 53-56, pose trois principes. L’action locale ne doit jamais être réalisée sous l’étiquette du MFR quand elle l’est dans les institutions. L’action locale ne doit être que très rarement réalisée sous l’étiquette du MFR quand elle ne peut pas l’être dans une institution. Mais elle doit toujours se faire « sous l’inspiration du MFR ».
15Toute cette réflexion du début des années 1950 est une réponse à la crise du Mouvement populaire des familles, dans les années 1949-195030. Le MPF et le MFR ont, dans leurs débuts, bien des ressemblances : outre l’appellation et la généalogie31, il s’agit dans les deux cas d’un mouvement d’adultes s’engageant vivement dans l’action temporelle32. En faisant ces distinctions, il faut écarter le risque de transformation du MFR en mouvement d’action purement temporelle, comme vient de le faire le MPF.
16Agir dans les institutions temporelles, mais « dans la ligne » du mouvement, c’est donc le thème des années 1950. On part donc d’une doctrine chrétienne à faire pénétrer dans les institutions. Petit à petit, la pensée des militants angevins évolue. En 1958, le rapport d’activité au congrès fédéral parle de « porter un témoignage [souligné par moi] à la fois personnel et communautaire ». En 1960, le thème du congrès départemental est ainsi présenté : « Le milieu rural se matérialise et se paganise sous la poussée du progrès technique. Aussi le thème du congrès était : le rôle du MFR dans la sauvegarde et le développement des valeurs chrétiennes [souligné par moi] en milieu rural33. » Dans un article de la Semaine religieuse34 d’octobre 1963, Constant Peigné, président national de 1960 à 1967 après avoir été président fédéral de Maine-et-Loire de 1953 à 1960, évoque une orientation essentielle du MFR : « mettre les institutions temporelles au service de tous grâce à l’esprit de charité [souligné par moi] qui animera les chrétiens engagés dans ces institutions ». Une inflexion se dessine qui s’accentue dans ces années. Dans un compte rendu de conseil fédéral de février 1964, on lit des « réflexions retenues à propos d’engagements temporels apostoliques : on entre pas [sic] dans une institution pour y apporter le point de vue chrétien, mais parce que nous avons le devoir d’y entrer (ce devoir existe aussi pour un non chrétien) et ensuite nous y agissons selon ce que nous sommes35 ». Il y a bien là un retournement, la fin peut-être pas encore clairement discernée d’une référence à une doctrine sociale chrétienne présentée comme un système36.
L’action du MFR dans le département
17Qu’en est-il sur le terrain ? Idéalement, il faudrait établir la liste datée des institutions créées par le MFR en tant que tel, celle des institutions créées par les militants du MFR, et la liste des militants MFR présents dans ces institutions, ainsi que dans celles qui sont nées hors de l’influence du MFR. La simplicité de cette méthode est trompeuse. Dans le département (comme ailleurs), la présence des catholiques dans les institutions n’a pas commencé après la guerre. Il est difficile de savoir si telle ou telle personne agit ou est présente en raison de sa participation au MFR, ou tout simplement parce que catholique, ou en raison de sa participation à tel ou tel réseau professionnel. Autre difficulté, la fluidité du groupe des militants MFR : telle personne peut être sympathisante, avoir été quelques années membre d’une équipe, mais ne plus l’être. Les sources provenant du mouvement, si elles sont parfois un peu triomphalistes quand il s’agit des textes des congrès, sont plutôt objectives quand il s’agit de documents internes, voire même pessimistes : « Un autre aspect est celui d’anciens militants qui coupés du MFR depuis longtemps, ont porté leur effort sur l’aspect professionnel et qui très matérialisés, ont oublié le spirituel37. »
18Les membres du MFR ont été extrêmement actifs. D’ailleurs, la multiplicité de leurs interventions représente un risque : on manque de militants pour tel ou tel secteur38. En 1953, en comité fédéral39, on soulève la question des « militants qui n’arrivent pas à faire face valablement aux fonctions qu’ils assument » en raison de la multiplicité de leurs engagements, thème repris dans les rapports d’activité des Congrès de 1958 et 1959 : les « militants écrasés par une surcharge de responsabilités ». On y soulève aussi la question des militants dont « le choix [est] trop facilement fait entre responsabilités d’Action catholique et responsabilités temporelles » : l’objectif du mouvement est donc atteint, mais au détriment du mouvement lui-même !
L’influence du MFR peut être repérée à trois niveaux
19D’abord au niveau local. Les archives du MFR départemental sont fatalement discrètes ici (mais on trouve des mentions de ces actions dans les bulletins départementaux). Ceci peut être compensé par des monographies locales. Le sociologue américain Laurence Wylie, qui a séjourné à Chanzeaux de 1957 à 1965, écrit :
« Le M.F.R. n’a pas de listes d’adhérents, pas de cotisations annuelles, pas de comité exécutif à l’échelon local, pas de réunions à dates fixes. Il tient, par contre, des assemblées convoquées à la discrétion des responsables pour discuter de temps en temps sur les problèmes d’intérêt général, élaborer des projets, répondre à des enquêtes, et décider de telle ou telle action à entreprendre. Les animateurs savent qu’ils peuvent compter sur la présence d’une trentaine de couples, dans tout le secteur, pour ce genre de réunion. C’est peu, mais c’est assez pour déterminer l’adoption d’une politique qui sera suivie par la communauté tout entière, car les militants qui y participent sont en général des personnages influents qui jouent un rôle actif dans les autres associations […] Les résultats à Chanzeaux sont impressionnants. Les militants du M.F.R. ont contribué de cette façon à la mise sur pied d’associations qui ne dépendent pas d’eux directement mais qui, sans eux, n’auraient probablement jamais pris naissance ou qui ne pourraient pas continuer à exister s’ils n’étaient par derrière40. »
20L. Wylie illustre parfaitement ce qu’affirme le congrès départemental de 1957 : « On ne va pas lancer une consultation de nourrissons MFR, ni une association d’aides familiales, ni un CETA naturalisé MFR. On s’efforcera de créer en même temps que le service, la structure dans laquelle il pourra évoluer. [Les familles] travailleront en tant que familles du pays, soucieuses de rendre service en membres d’un mouvement d’action catholique41. » Au fil des pages de Directives rurales (l’organe départemental des militants) et des témoignages recueillis par Estelle Brothier, on voit apparaître « ruches » (c’est-à-dire garderies), colonies de vacances, bibliothèques, associations de parents, foyers ruraux, CETA, CUMA, et, nous y reviendrons, conseils municipaux.
21Au niveau du canton, le MFR agit essentiellement par les journées sociales, annuelles, en divers points du département (et parfois à Angers), qui touchent foyers militants et responsables du monde rural, afin d’assurer information et formation, sur les questions professionnelles, familiales. Ainsi en 1956, sur le thème de « l’organisation professionnelle et la sécurité sociale », se réunissent en 8 secteurs 450 personnes (dont 25 présidents de syndicats, 23 présidents d’associations familiales, et 10 maires)42.
22Au niveau départemental, la situation est plus complexe, reflétant la relative confusion des premières années en ce qui concerne les terrains et modes d’action du MFR. On trouve ainsi des organismes créés par le mouvement et qui apparaissent pendant un temps plus ou moins long dans les organigrammes comme des services du mouvement. Ainsi, à la suite d’une journée des jeunes foyers ruraux en février 1947 (une centaine de jeunes foyers présents), est évoqué un « service fédéral jeunes foyers », et le 20 mai créée une Association des jeunes foyers ruraux43 : Joseph et Anne Ariaux en sont responsables. Mais en octobre 194944, cette association se transforme en une commission spéciale Jeunes Foyers au sein de la fédération des Familles rurales (dont Louis Sallé, membre du MFR est président et J. Ariaux secrétaire).
23Le service des aides familiales est dans une configuration proche. Créé dès 1945, il doit fournir aux familles où la mère est indisponible (maternité, maladie) une aide temporaire, qui est en même temps une activité valorisante pour des jeunes célibataires issues du monde rural. La formation est assurée par deux centre nationaux, et sanctionnée par un brevet, mais ce sont des associations locales, organisées par les équipes MFR qui gèrent les assistantes familiales. En 195345, ce service intègre la Fédération départementale de la famille rurale, sous le nom d’Association des Aides familiales : le président, Gabriel Gélineau, était précédemment le responsable au sein du MFR de cette activité.
24La Fédération départementale de la famille rurale qui regroupe les associations familiales locales, même si elle est dès le départ autonome, entretient des liens étroits avec le MFR46. Dans une enquête de 1950, le MFR déclare que l’esprit de la fédération départementale est MFR ; les présidents successifs, Louis Sallé, Roger Grégoire, Joseph Ariaux, Jean-Robert Jollivet sont membres du MFR. Cette année-là, l’assemblée générale de la FDFR a lieu le même jour que le comité fédéral du MFR, mais « le programme du comité fédéral a été établi de manière à ne pas gêner cette assemblée47 » : il s’agissait de permettre aux membres du comité fédéral d’assister au congrès de la Famille rurale. En 1957, la commission familiale remarque que « pour beaucoup de militants, la distinction n’est pas encore très nette entre le rôle du MFR et celui de la famille rurale, très structurée en Maine-et-Loire et dirigée, à la tête comme souvent à la base, par des militants MFR48 ». L’existence de cette commission familiale peut être vue comme un moyen d’assurer la permanence d’un esprit MFR dans les institutions familiales, puisque son but est d’« apporter un soutien spirituel efficace aux engagés familiaux » (1955). Ainsi, dans l’ordre du jour de sa réunion du 4 juin 1959, sous la rubrique « les militants du MFR et les associations familiales », on note : « À l’assemblée générale de la famille rurale, certains participants ont cru remarquer que l’accent a été trop mis sur les services des Associations familiales au détriment des objectifs plus généraux de la promotion des personnes. Qu’en pensent les membres de la commission49 ? » En revanche, en public, l’appui est sans réserve : « Nous rendons ici hommage au corps familial angevin dont le souci de promotion des personnes va si bien dans le sens même de notre propre mission. Que ses dirigeants soient assurés que les foyers du MFR apporteront – au sens propre et au figuré – de l’eau à leur moulin50. »
La situation des institutions organiquement indépendantes du MFR
25Avec les associations familiales, nous sommes passés à un autre cas de figure : celui des institutions lancées par le MFR, mais qui sont très rapidement devenues organiquement indépendantes, tout en restant idéologiquement proches. Deux cas sont similaires, toujours dans le domaine familial. C’est le souci éducatif qui conduit les militants à s’intéresser au cinéma rural : dès mai 1946 une enquête est menée sur la situation (nombre de salles, leur situation financière) et une Fédération départementale des salles familiales est lancée (1947)51. La question de la formation professionnelle était présente à la JAC : le MFR la retrouve, toujours aussi importante dans un mouvement qui insiste sur la compétence nécessaire de ses militants. Dès 1944, des journées techniques sont organisées pour les jeunes52, plus tard des cours post-scolaires au niveau du canton. Au sein du mouvement, un service de l’enseignement post-scolaire rural est attesté au Congrès départemental de 1948. Le MFR joue un rôle important dans la création d’une Fédération des centres et groupements de l’enseignement agricole et ménager rural de Maine-et-Loire, en mars 1950. En effet, le président en est Louis Sallé, époux de la responsable de la commission MFR enseignement féminin, le secrétaire Jean Fribault, président du MFR ; sur un CA de 16 personnes, 7 sont membres du MFR. Dans l’histoire de l’enseignement agricole en Maine-et-Loire53, cette organisation se situe nettement dans le camp professionnel et privé, constamment soutenu par le Conseil général et l’Église54. La hiérarchisation des responsabilités (la famille, l’organisation professionnelle, les techniciens de l’enseignement55) correspond parfaitement à l’idéologie du MFR56 et aux positions locales traditionnelles sur l’enseignement agricole. Indépendante du MFR57, cette fédération reste sous sa surveillance : en 1956 (comité fédéral du 28 octobre), on s’inquiète de l’éventuelle transformation de cette fédération en un service de la Chambre d’agriculture58 : « Il est donc décidé de prendre les mesures nécessaires ». Pour les Maisons familiales rurales (MFR), les deux premières en Maine-et-Loire (Orveau et Mazé) sont créées par des militants du MFR59. « C’est l’équipe de foyers militants de Mazé et des environs qui est à l’origine et demeure à la tête de cette réalisation d’enseignement post-scolaire60. »
26Les militants présents veulent y faire « pénétrer l’esprit évangélique ». Cette attitude ne risquait-elle pas d’inquiéter ? Constant Peigné, président départemental relève avec humour l’objection, au congrès de 1960. « Certains s’étonnent que les institutions temporelles soient l’objet d’une attention particulière de la part du MFR. Pour quelques-uns, ce serait le danger d’un nouveau cléricalisme assorti, il est vrai, du risque collectiviste que présentent ces éléments suspects par leur manie de mettre toutes choses en commun […] Pourtant les valeurs qui poussent ces soi-disant kolkhoziens en esprit à inventer ces réponses aux besoins des gens ne font que se référer aux valeurs de l’Évangile : l’esprit de charité qui animait les premières communautés chrétiennes. »
27Ces institutions temporelles relèvent de trois domaines : social, professionnel, politique. Dans le domaine social, le MFR investit largement la MSA (Mutualité sociale agricole) : de nombreux militants sont élus en 1950, lors des premières élections, et un certain entrisme est sous-jacent dans le rapport moral du congrès de 1952 : « Nous n’avons pas failli à ce devoir de présence efficace, et les élections partielles du début de l’année prochaine nous donneront l’occasion de compléter cette participation ». D’ailleurs, en 1958, existe une équipe MSA qui réunit de temps en temps les militants administrateurs de la caisse61.
28Dans le monde professionnel, que nous n’aborderons pas faute de temps62, la pénétration des militants du MFR se fait plus tardivement que dans le mouvement familial : elle s’opère d’abord (1945-1960) plutôt dans les organismes de modernisation que par la gestion de la FDSEA elle-même. En 1960, 14 des 15 présidents de CETA de Maine-et-Loire sont sympathisants de l’action catholique63. L’accès aux responsabilités syndicales suivra.
29Quant au domaine politique, le MFR s’intéresse à la politique, ce qui n’allait pas de soi. En effet, le monde politique pouvait paraître assez répulsif aux militants de la première génération : d’un côté, les élus catholiques traditionnels, essentiellement des notables agrariens, que ces jeunes agriculteurs ne pouvaient regarder qu’avec méfiance, de l’autre les forces de gauche, essentiellement laïques, que leur catholicisme ne pouvait que rejeter64. Affirmer la nécessité de l’engagement politique n’est donc pas évident : l’impulsion des aumôniers, de l’évêque, est ici forte65. En octobre 1944, l’aumônier affirme : « Il peut y avoir des catholiques à droite, au centre, à gauche […] aucun parti n’a le monopole de la défense des intérêts religieux66 », mais les responsables de la LAC n’ont pas à prendre de charges électives, position rappelée par l’évêque en 1953.
30Dès février 1948, une journée des engagés dans l’action civique a pour objet de lancer « un nouveau service du mouvement, chargé des tâches municipales, afin de rechercher les moyens de faire un travail pratique dans le sens du progrès et de faire œuvre d’apostolat67 ». Au congrès de 1949, on évoque une « commission municipale ». En février 1952 « une journée d’étude et d’information sur les institutions locales » réunit 130 personnes (sur 267 invités dont la liste avait été fournie par les secteurs)68. En mars 1953, une journée sociale se tient à Angers, sur « la vie des communes rurales ». Outre un exposé de l’évêque sur l’action politique des chrétiens, on y entend des exposés sur « la situation de nos communes et les besoins collectifs des familles », sur « Missions et possibilités du Conseil municipal ». En novembre 1954 se réunit pour la première fois la commission civique (9 présents sur 11 invités)69 qui organise une nouvelle réunion en janvier 1955 où seront invités « des engagés municipaux ayant vraiment l’esprit militant AC ». Ce fut un succès, et des réunions par secteurs s’ensuivirent70. En 1956, cette commission veut revenir à son objectif primitif, non pas préparer les prochaines réunions du conseil municipal, mais « découvrir dans quel esprit nous avons à exercer notre rôle de conseiller municipal, quels buts y poursuivre, pourquoi procéder de telle manière, les principes qui doivent guider, inspirer notre action ». On devine sous-jacent le dilemme entre formation des conseillers71 et réflexion sur l’engagement. Pourtant, en 1958, les thèmes « techniques » l’emportent : le conseil municipal et l’aménagement du territoire, les finances locales, à partir d’exemples apportés par les participants. En 1959, les réunions organisées dans les secteurs ont touché 800 personnes. La préparation des élections municipales de l’année était mobilisatrice. Le rapport d’activité du Congrès évoque l’effet de ces réunions : « D’anciens engagés civiques, prêts à refuser un nouveau mandat municipal, repartirent, décidés à travailler à une tâche qu’ils venaient de découvrir, ou de redécouvrir, magnifique72. »
31L’action de la commission civique tient beaucoup à la personnalité de Jean Fribault73, maire de Saint-Lezin de 1947 à 1976, où son action fut considérée comme exemplaire74. Il est difficile de mesurer quel a été le rôle de la participation au MFR dans le succès d’un candidat. Jean Fribault succédait à son père qui avait été maire de 1919 à 1947 ; en revanche, Henri Boré, ancien de la JAC et responsable départemental du MFR en 1942, est élu maire en 1945, alors qu’il est ouvrier agricole (et secrétaire de mairie)75. À Chanzeaux, Jean-Robert Jollivet, membre actif du MFR local et départemental, n’entre au conseil municipal qu’en 1959, et n’est élu maire qu’en 196576. Quelques conseillers généraux participent aux réunions du MFR (3 en 1952). En 1958, dans le canton de Chemillé, où le mouvement est particulièrement actif, J. Fribault affronte au second tour le prince de Polignac : Fribault n’est pas élu, mais dans le canton voisin, le duc de Blacas, conseiller sortant est battu par Chiron, membre du MFR.
32Les militants du MFR ne sont pas « spécialisés » dans un type d’engagement. Au niveau local comme au niveau départemental, ils participent aux multiples organisations qui quadrillent le monde rural, avec des degrés divers de responsabilités. En 1960, un document nous fournit la liste des responsabilités « temporelles » des militants MFR dans la quasi totalité du département77. 351 responsabilités sont assurées, pour 829 militants : 123 dans le domaine municipal, 100 dans le domaine professionnel, 128 dans le domaine familial. Les cumuls au niveau des responsabilités sont assez limités78.
33Une des grandes originalités historiques du MFR dans le monde catholique est sa mixité. Les listes d’adhérents sont des listes de foyers. Logiquement, les femmes ne devaient pas se cantonner dans les engagements du secteur familial, mais devaient être aussi des engagées civiques. En 1962, le secteur de Chemillé, un de ceux où le mouvement est le plus présent, organise une journée civique où fut abordé le thème du « rôle des femmes dans la démocratie ». Peu de militantes du MFR sont cependant élues, et elles sont souvent la seule femme du conseil, situation difficile comme le relève Eugénie Cathelineau en 1954 qui souffre d’être « seule pour faire passer ses idées ». À Loiré, en 1959, Marie-Louise Gillier, militant MFR, et une autre femme sont élues en fin de liste ; en 1971, il y a quatre femmes conseillères dans cette commune, et M.-L. Gillier devient adjointe. Habituée à prendre des notes en réunion, elle prend des notes lors de la première séance du conseil municipal à laquelle elle participe : elle est la seule à le faire79.
34Il convenait de faire sortir de l’ombre le MFR (devenu Chrétiens dans le Monde rural – CMR – en 1965). Le rôle de la JAC-JACF dans la modernisation des campagnes est désormais bien connu, mentionné dans tous les manuels. On oublie généralement de noter que ces nouveaux venus, lorsqu’ils sont devenus actifs dans la vie économique et sociale, n’étaient plus à la JAC, mais au MFR80 : les acteurs eux-mêmes semblent avoir oublié ce passage81. Certes, le MFR reprend les méthodes de l’action catholique82. Ses militants sont des agents de la modernisation, à la fois parce que la modernisation leur apparaît comme un service à rendre au monde rural, et parce qu’ils pensent que leur action catholique sera plus efficace s’ils ne sont pas obsédés par les difficultés de la vie. Mais plus que la réussite professionnelle83, ils ont apporté l’habitude de la discussion, de l’entraide, le souci de la participation la plus large possible. Ils ont été des créateurs d’association ; les cantons où ils furent les plus actifs sont marqués aujourd’hui par la densité associative, l’intercommunalité84. Que ces multiples réseaux associatifs aient pu les conduire à des responsabilités politiques n’a rien d’étonnant, mais ce n’était pas le but recherché.
Notes de bas de page
1 Sur la LAC, Le MFR et le CMR, cf. Jean-Louis Ducasse, Guy Lafon, Philippe Latour, Joël Morlet, Chrétiens dans le Monde rural, LAC-MFR-CMR, cinquante ans d’histoire, Paris, Éditions ouvrières, 1989, 263 p.
2 J.-L. Ducasse, op. cit., p. 45.
3 Ibid., p. 117. On peut remarquer qu’en 1961, le président national (Constant Peigné), deux viceprésidents nationaux (René Raimbault et Joseph Rochard), le secrétaire général (Gilbert Fraudeau), sont angevins.
4 Ces archives (40 boîtes) sommairement classées ont été déposées aux Archives diocésaines d’Angers. Comme référence, nous donnerons les indications actuellement portées sur les cartons.
5 Estelle Brothier, Le Mouvement familial rural en Maine-et-Loire, 1939-1965 : des témoins de l’Évangile à la tête de la modernisation des campagnes angevines, 210 p., Université d’Angers, 2001. Tous les textes cités dans cette communication ont été revus par nous sur les originaux.
6 Nous sommes loin de négliger l’action religieuse et missionnaire du MFR, par le biais de la formation doctrinale, des récollections, des retraites.
7 Texte non daté [1951] d’un exposé de l’aumônier (43-52 II).
8 « L’action catholique rurale en Anjou, orientation pour 1946 » (43-52 I).
9 Ibid.
10 « Comité diocésain du 5 octobre 1944 » [il s’agit encore de la LAC] (texte manuscrit) (43-52 I).
11 Compte rendu d’une journée Jeunes Foyers de 1957, « Ce qu’est le MFR » (43-52 I).
12 Document national, non daté, fiches de présentation de la branche ouvrière (52-60).
13 Cf. organigramme joint.
14 Compte rendu du comité fédéral du 28 octobre 1954.
15 Directives fédérales, octobre 1955.
16 À l’échelle nationale, la commission civique n’apparaît qu’en 1955 (J.-L. Ducasse, op. cit., p. 91) : son premier responsable est Jean Fribault, responsable de la commission civique de Maine-et-Loire.
17 État du MFR en 1958, (Archives diocésaines, Angers, 4 K 68).
18 Idem, p. 91
19 En 1954, on évoque la « commission artisans-commerçants », mais elle ne semble pas très active. Compte rendu du comité fédéral, du 16 décembre (52-60 III).
20 À cette date, le département est en tête en France, suivi par le Nord : 683 abonnés.
21 La comparaison de la répartition cantonale des abonnés avec la liste des militants de 1960 est très satisfaisante : il y a plus d’abonnés que de militants sur la liste, mais les lignes de force sont les mêmes.
22 Cf. la brochure de 1959 : Vingt ans de presse de masse, 124 p.
23 À partir des listes conservées (Carton 60-70, listes ; carton 60-70, presse).
24 Carte des pascalisants des deux sexes en 1960, présentée dans l’article de F. Boulard, « Aspects de la pratique religieuse en France, 1802-1939 », Annales ESC, juillet-août 1976, p. 769.
25 Pour ce qui est des abonnements à Mon Village, la présence dans le canton de Noyant (extrême nord-est) de 30 abonnements sur 35 dans une seule paroisse fausse la carte.
26 Estelle Brothier, op. cit., p. 60.
27 Comité diocésain du 5 octobre 1944, manuscrit (43-52 I).
28 Note dactylographiée, 7 pages, 1952 (idem). C’est la position nationale du mouvement dans les années 1950, voir J.-L. Ducasse, op. cit., p. 76-77.
29 Carton Congrès (52-60 VI).
30 Résumé de cette crise par Aline Coutrot, dans Forces religieuses et attitudes politiques, PFNSP, Colin, 1965, p. 133-134.
31 La LOC-LOCF devient le MPF, comme la LAC-LACF devient le MFR.
32 En 1948, lors de la création d’une association de jeunes foyers en Maine-et-Loire, on utilise le texte du MPF.
33 Carton 60-70, chemise « Divers ».
34 « Le MFR, d’où il vient et où il va », Semaine religieuse du diocèse d’Angers, 1963, p. 602.
35 Carton 60-70, chemise Conseil fédéral.
36 La motion d’orientation du Congrès national de Chartres, en janvier 1965, commence par : « Découvrir avec les autres et faire connaître l’Évangile » (J.-L. Ducasse, op. cit. p. 122, dans un chapitre IV dont le titre est « 1963-1972 : avec tous les hommes-comme un ferment »).
37 Comité fédéral, 3 janvier 1957 (52-60 III).
38 En 1951, un responsable constate « que la mutualité agricole nous a sucé tous les militants paysans », et qu’on manque de militants pour une autre organisation, la Famille rurale (43-52 I).
39 26 juin, (52-60 III).
40 Laurence Wylie, Chanzeaux, village d’Anjou, éd. américaine, 1966, Gallimard, 1970, p. 281-282. Selon les sources MFR, le secteur Thouarcé-Chanzeaux regroupe en 1960 55 foyers et en 1963 50 abonnés à Mon Village, dont 9 à Chanzeaux. L. Wylie signale 7 couples très actifs, rejoints épisodiquement par 3 autres.
41 (52-60, IV).
42 Estelle Brothier, op. cit., p. 137-139, et p. 205 (liste des thèmes abordés de 1950 à 1963).
43 Dont les statuts sont démarqués de ceux de l’association équivalente au MPF (52-60). Ne pas confondre cette association avec le service des fiancés et jeunes foyers qui organise des rencontres conjugales et des récollections.
44 Courrier des Amis angevins de Mon Village, n° 2, octobre 1949.
45 À l’échelle nationale, ce service devient aussi à cette date autonome.
46 Pour l’échelon national, voir J.-L. Ducasse, op. cit., p. 80.
47 Directives fédérales, nov. 1950.
48 Commission familiale, (52-60 III).
49 Ibid.
50 Rapport d’activité, congrès de 1957 (52-60 IV).
51 E. Brothier, op. cit., p. 128-129. En 1949, lors de la préparation du 3e congrès, il y a toujours une « commission cinéma rural ».
52 Dossier 43-52 I.
53 Étienne Chateignier, L’enseignement agricole dans le département de Maine-et-Loire de 1848 à 1950, maîtrise d’histoire, Université d’Angers, 2001.
54 C’est pour cela que la Chambre d’Agriculture ne subventionne pas alors cette fédération (Alphonse Guimbretière, Histoire et cheminement des organisations agricoles de Maine-et-Loire, 1987, p. 151).
55 Notes sur la fédération des centres et groupements…, dactyl. (43-51 I).
56 A. Guimbretière (op. cit., p. 152), fait un tableau assez critique de ces centres, mais évoque leurs 850 administrateurs « qui constituaient, de fait, une masse importante de pression dans l’opinion publique ».
57 En 1951, un membre du bureau fédéral suggère à l’aumônier que le mouvement organise des « journées de formation ou de pédagogie pour les militants engagés dans cette forme de travail ».
58 En 1955, la Chambre d’Agriculture crée un service Formation professionnelle et embauche des moniteurs (A. Guimbretière, op. cit. p. 153).
59 Gilbert Métivier, Réussir autrement. Un mouvement dans l’histoire, MFR-Siloé, 1999, p. 73.
60 Directives fédérales, 3 décembre 1950.
61 Archives diocésaines, État du MFR en 1958, 4 K 68.
62 Voir E. Brothier, op. cit, p. 151-154.
63 M.-J. Durupt, Les Mouvements d’Action catholique, facteurs d’évolution du monde rural, 1963, annexes.
64 En Maine-et-Loire, c’est la question scolaire qui définit les camps politiques. Il n’y a aucune trace de débat au sein du MFR, sur l’opportunité de la défense de l’école catholique : elle va de soi.
65 J.-L. Ducasse, op. cit, p. 66-67 évoque plutôt l’apolitisme du MFR dans ses débuts, l’emploi de l’expression « engagement civique » de préférence à engagement politique. Le Maine-et-Loire se distingue donc ici.
66 Le MRP est né ici en septembre 1944, il n’est pas encore reconnu comme le parti des anciens de l’action catholique.
67 Carton 43-52 I.
68 Nombre d’invités par cantons dans Carton 52-60 VI. Pour certains cantons, on a des listes plus précises avec les « engagés » : sur 182 personnes dont l’engagement est signalé, 35 % d’engagés civiques, 34 % d’engagés professionnels, 27 % d’engagements familiaux (43-52 I).
69 Trois maires, cinq conseillers municipaux (dont deux femmes), un secrétaire de mairie (52-60 VI, Commission civique) ; en 1958, six maires, douze conseillers, un conseiller général, trois secrétaires de mairie (Rapport au congrès de 1958).
70 E. Brothier, op. cit, p. 63.
71 En particulier par des questionnaires, la participation à des enquêtes comme celle menée par Économie et humanisme.
72 Rapport au congrès fédéral, (52-60 IV).
73 Témoignage de Jean Fribault dans J.-L. Ducasse, op. cit, p. 83-84.
74 Voir les témoignages recueillis par E. Brothier, op. cit, p. 160.
75 Henri Boré, Au fil des jours, 1980, p. 193.
76 L. Wylie, op. cit, p. 306-315. L. Wylie donne par discrétion des pseudonymes aux habitants de Chanzeaux : J.-R. Jollivet y porte le nom de J.-P. Gardais.
77 Liste 1960 ; ne manquent que 4 cantons, dont trois n’ont jamais été durablement touchés (Montreuil-Bellay, Saumur, Seiches) et un (Durtal) où il a cependant des abonnés à Mon Village (Carton Listes 60-70). Les mentions (899) correspondent généralement à des couples, parfois à des individus. Les responsabilités (président, vice-président, secrétaire, « responsables », conseiller municipal) sont indiquées, sauf pour 5 secteurs. Le calcul est fait sur les 829 membres des secteurs où toutes les indications sont fournies.
78 Peut-être a-t-on remédié aux difficultés des premières années. Il semble aussi que la liste établie ne prenne en compte que les responsabilités locales. En revanche, l’appartenance à plusieurs associations est la règle : voir l’exemple de J.-R. Jollivet (L. Wylie, op. cit, p. 306).
79 Témoignage recueilli par E. Brothier, op. cit, p. 171-172.
80 Tous les jacistes ne continuent pas au MFR, mais la grande majorité des militants du MFR sont d’anciens jacistes. Les aumôniers sont très attentifs à ce passage d’un mouvement à l’autre.
81 Ainsi Joseph Ariaux, important acteur du monde agricole angevin évoque plusieurs fois son passage à la JAC et le rôle de ce mouvement, mais jamais le MFR, alors qu’il y a participé (J. Ariaux, Pour l’honneur de nos terres. Un militant au cœur de l’Ouest agricole, Cheminements, 2001, 323 p. ; cf. ainsi son commentaire des élections à la MSA en 1950, p. 94. « Pour la première fois des leaders de la JAC, formés pendant la guerre, sont élus à des postes de responsabilité professionnelle » : à cette date, ils sont tous membres du MFR ! Il est bien placé pour le savoir, puisqu’en 1958 il est responsable de l’équipe MSA au sein du MFR). Sur cet « oubli », cf. la communication d’Yvon Tranvouez lors de ce colloque.
82 Sans utiliser systématiquement l’expression célèbre, « voir, juger, agir ».
83 MFR, Mouvement des Fermes Rentables, selon la rumeur !
84 Comité d’expansion économique de Maine-et-Loire, Laboratoire de géographie de l’Université d’Angers, Atlas de l’Anjou, 1997, p. 57 pour l’intercommunalité, p. 77 pour le dynamisme associatif.
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