Jacistes et renouveau politique et syndical de 1945 à la fin des années 1970 dans l’Ouest
p. 105-119
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Index géographique : France
Texte intégral
1La période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale a longtemps été présentée comme une période de renouvellement, de transformations politiques et syndicales. Or, des travaux récents portant sur les élites locales1 donnent une image plus nuancée avec un renouvellement des générations, parfois un changement d’étiquette politique, mais aussi un retour rapide à un certain traditionalisme politique. Dans ce contexte, les militants et les militantes de la JAC (Jeunesse agricole catholique) représentaient dans l’Ouest un incontestable renouveau ; ils étaient et sont perçus comme les moteurs du progrès et de la modernisation agricoles, mais aussi comme les animateurs du monde rural sur le plan syndical, voire politique. C’est ce qu’il importe de vérifier2. Le discours de la JAC sur la modernisation n’assimilait pas la modernisation à la nécessité de disposer de grandes exploitations agricoles, mais d’exploitations agricoles familiales sur lesquelles la famille de l’exploitant pût vivre décemment ; d’autre part, cette volonté d’adaptation au monde moderne signifiait-elle une conversion à une gauche politique ou syndicale, ou une simple attraction pour des mouvements ou syndicats neufs ou qui apparaissaient tels ? L’entrée de militant(e)s de la JAC dans le syndicalisme agricole a rajeuni et renouvelé la conception même du syndicalisme agricole, mais cela fut-il poursuivi sur le plan politique ? La chronologie, le lieu d’engagement, les trajectoires individuelles sont certainement révélateurs. Rupture et transformation lente caractérisent ce processus ; temps court et temps long se superposent : les techniques et les représentations culturelles ne changent pas au même rythme.
L’Ouest rural au lendemain de la guerre
2Dans l’Ouest, avant 1945, de nombreuses équipes de la JAC existaient, plus souvent sur le papier que dans la réalité ; leur dynamisme était fortement lié à celui de leurs aumôniers. La guerre, l’occupation avaient dispersé les jacistes à cause de la mobilisation ou de la captivité ; toutefois, ceux qui restèrent ou revinrent avant la libération adoptèrent3 une attitude classique hésitant entre attentisme et engagement. Face à la résistance et au STO (Service du travail obligatoire)4, les agriculteurs adoptèrent souvent une attitude ambivalente. La Corporation paysanne créée par le régime de Vichy trouva l’assentiment des agriculteurs et des jacistes, mais comme les autres, leur attitude évolua vers une opinion plus critique et finalement, ils la tolérèrent compte tenu du passage obligé qu’elle représentait pour le ravitaillement. De ce fait, des syndics de la Corporation paysanne ont été aussi des membres de la résistance ou ont aidé les réfractaires au STO5.
Un nouveau monde ?
3En 1944/1945, le ravitaillement était l’obsession quotidienne des Français ; cette question creusait l’incompréhension entre ruraux et citadins. L’attention portée par le gouvernement à la production agricole était réelle tant les tensions étaient fortes. Dans le grand Ouest, ce milieu agricole était un « monde plein » où l’exode rural était une constante depuis le siècle précédent, faute de trouver une exploitation pour les jeunes qui aspiraient à s’installer sur leur propre exploitation. En 1945, l’exode rural (essentiellement vers la région parisienne) reprit effectivement d’autant que la démographie favorisait ce mouvement arrêté pendant la guerre. Dans cette situation, les groupes de la JAC se reconstituèrent progressivement. En raison des décès ou de l’âge de leurs prédécesseurs, de nouveaux aumôniers furent désignés ; ainsi, en Ille-et-Vilaine, l’abbé Bunouf remplaça en 1946 le chanoine Brassier6, fondateur des cours par correspondance, tandis que l’abbé Méhaignerie était nommé aumônier diocésain de la JAC et de la JACf. Désormais, l’heure était à l’apostolat des laïcs7. Le rajeunissement de l’encadrement ecclésial, l’arrivée de l’abbé Bunouf marquaient le moment où le prêtre était certes présent mais s’effaçait au profit des jeunes laïcs, les responsabilisant et faisant de la JAC leur mouvement. En ces temps de mission8, l’aumônier conservait un rôle de guide spirituel, d’accompagnateur, mais les laïcs animaient les réunions. À une époque où l’Église était loin d’avoir accompli ou de vouloir accomplir son aggiornamento, un pas important était franchi, à plus forte raison dans ce milieu rural peu favorisé où la domination des « notables » traditionnels restait forte, même si la loi sur le fermage due à Tanguy Prigent donnait une plus grande sécurité aux fermiers.
4L’intervention de l’Église dans le monde rural avait pris des formes diverses au cours des derniers siècles, mais à l’aube de la seconde moitié du vingtième siècle, l’aspect nouveau était bien le rôle croissant des laïcs qu’Elle voulait responsabiliser. Des enquêtes effectuées en 1958 et 1962 ou encore des témoignages donnent aussi une idée du poids de la JAC dans le monde rural. La forte présence de la JAC est attestée dans tout l’Ouest qu’il s’agisse d’équipes, de formations ou d’activités de loisirs, culturels ou sportifs. Les deux enquêtes de 1958 et 1962 sur la JAC ne sont pas toujours bien conservées ; ainsi, en Ille-et-Vilaine9, la première est incomplète, la seconde qui saisit la JAC au moment où elle s’efface, indique précisément le nombre d’équipiers formés et le nombre de ceux qui participaient aux réunions. Tout le département est couvert ; d’après cette enquête, il y aurait 595 jacistes hommes et 946 jacistes femmes formés ; la participation aux réunions fait doubler ou tripler les effectifs. Même en déclin, le mouvement restait vigoureux et les chiffres montrent le maintien de son aura dans le monde rural et du dimorphisme sexué fort classique dans un mouvement catholique. Dans les années cinquante, lors des congrès départementaux dans l’Ouest, il n’était pas rare que la JAC rassemblât quatre à cinq mille jeunes ; lors des congrès départementaux marquant le 25e anniversaire de la JAC, en 1954, 75 000 jacistes se seraient retrouvés en Bretagne10 !
5Les itinéraires individuels de jacistes, obscurs ou non, sont symboliques. Ainsi, Bernard Lambert, futur leader paysan, passa son enfance dans la région d’Ancenis (Loire-Inférieure) à Teillé et rejoignit la JAC ; mais, et c’est révélateur des méthodes de la JAC, Bernard Lambert, à l’origine, la rejoignit non pas parce qu’il était pratiquant régulier, mais amateur de sport ! En effet, la JAC avait constitué des équipes un peu partout et suscitait des compétitions entre communes, cantons, etc.11. L’activisme de l’Église en matière sportive n’était pas chose nouvelle comme l’avait montré le développement des sociétés sportives catholiques et des patronages12, ces activités (parmi d’autres) permettaient de maintenir les jeunes dans le giron de l’Église, mais aussi de les habituer à être ensemble, à agir ensemble.
6Les jeunes gens et les jeunes filles étaient dans des équipes non mixtes jusqu’en 1949, avec toutefois des regroupements cantonaux ou départementaux ; les témoignages d’anciens jacistes montrent que ces réunions séparées, permirent aux uns et aux autres de prendre confiance en eux. Les jeunes filles apprirent à s’exprimer en public, à développer une argumentation sans le regard moqueur ou ironique des jeunes gens ; certaines affirment que la JACf leur a permis « la révélation de notre identité de femme13 » ; François Louapre alors futur dirigeant estime que la JAC lui a permis de se découvrir et d’apprendre que « l’homme est un être social » travaillant en équipe. Le développement de la JAC a deux conséquences majeures : la formation acquise et l’irrigation dans les domaines syndical et politique.
Une formation nouvelle
7Avant la guerre, l’Église avait développé des cours par correspondance centrés sur l’agriculture, mais dans un cadre séparé de la JAC/F naissante. Après la guerre, les cours par correspondance continuèrent mais le relais fut souvent pris soit par le syndicalisme agricole, soit par la JAC/F. La plupart des jacistes avaient suivi des études primaires, certains avaient été jusqu’au certificat d’études. La formation qu’ils reçurent était certes religieuse, mais surtout destinée à mieux les préparer au métier d’agriculteur et d’agricultrice ; ces formations étaient suivies avec assiduité d’autant qu’elles étaient très pragmatiques. L’ambition était de former au métier d’agriculteurs (peu à peu disparue la formation sur le tas par le père) et d’entraîner vers la voie de la modernisation. L’idée était bien d’en faire de futurs responsables, une élite en leur transmettant des valeurs mobilisatrices : fierté de leur travail, la joie, la pureté, le don de soi en allant vers les autres14.
8La devise bien connue de la JAC « voir, juger, agir » leur apprit à observer, à prendre conscience des réalités, afin d’analyser les possibilités de changement. De plus, comme dans tous les mouvements d’action catholique, ces jeunes militants (garçons et filles) étaient encouragés à assumer des responsabilités auprès de leur équipe (5-6 personnes) puis au niveau du canton et ainsi de suite. Ce sont eux qui, devenus exploitants, impulsèrent la modernisation des exploitations agricoles, s’engagèrent dans l’achat de matériel en commun pour faire des économies d’échelle. Yves Lambert a pu montrer que la carte de l’implantation communale de la JAC dans la région d’Ancenis au début des années cinquante correspondait exactement à celle de l’intensification fourragère, de la participation aux CETA (centre d’études techniques agricoles), aux coopératives, ou à la présence de GAEC (groupement agricole d’exploitation en commun) en 197015 ; l’influence de Bernard Lambert, lui-même jaciste, ne fut pas étrangère à ces nouvelles orientations. En Ille-et-Vilaine, un autre jaciste, Élie Chemin qui ne suivit pas le même chemin politique que Bernard Lambert, fut à l’origine du premier remembrement du département à La Selle-en-Luitré. On assiste en effet à un passage d’une JAC missionnaire avant la guerre à une JAC technicienne et modernisatrice, renouant des liens entre conscience religieuse et conscience économique16.
9La JAC serait-elle en définitive un mouvement qui n’a de catholique que le nom après 1945 ? À cette date, si les problèmes de ravitaillement (le rationnement dura jusqu’en 1949) avaient fait des paysans des partenaires vitaux, voire courtisés, cela n’enlevait nullement le mépris dans lequel ils étaient tenus par les citadins. Dans les années cinquante encore, le paysan était perçu comme un « plouc » et lui-même intégrait cette notion tout en en souffrant. La JAC dans le cadre de l’enseignement de l’Église redonna une dignité aux jeunes agriculteurs et agricultrices ; elle entendait faire d’eux des jeunes comme les autres qui en s’instruisant pourraient apprendre à moderniser leur exploitation et à avoir un « vrai » métier celui de paysan ou plutôt d’agriculteur17.
10Respecter la dignité de l’homme, le placer au centre des préoccupations était une constante dans la JAC et marqua profondément ses militantes et militants. Quelles que fussent les voies syndicales ou politiques qu’ils choisirent par la suite, tous restèrent marqués par cette dimension du christianisme, cette imprégnation signifiait aussi qu’ils défendaient une modernisation tenant compte des aspects humains (importance des exploitations familiales, structures collectives et d’entraide tels les coopératives, ou les GAEC, etc.).
Quel renouvellement politique et syndical ?
11Évoquer un renouvellement politique et syndical est toujours ambivalent : s’agit-il d’évolution politique, de changements de générations, de « prise de pouvoir » interne ? La réponse diverge suivant l’objet étudié : le syndicalisme agricole ou le monde politique. Si en 1945, en France, le PCF et le MRP étaient deux forces politiques en pleine ascension, le nouveau syndicalisme agricole s’imposa plus tardivement, bien qu’il fût déjà un syndicalisme de militants et non plus de « notables ». Contrairement à une image fortement répandue, la rupture n’intervint pas brutalement au lendemain de la guerre ; elle se prépara dans les dix-quinze années qui la suivirent et apparut autour du début des années soixante.
12La JAC connut son apogée dans les années cinquante ; les jacistes qui prirent des responsabilités syndicales ou politiques y accédèrent à la fin des années cinquante et surtout à partir des années soixante à la fois par un phénomène générationnel et par évolution politique, les deux données étant fortement imbriquées. Les années soixante virent les anciens jacistes présents parmi les dirigeants du syndicalisme agricole, ouvrier, et dans le monde politique présentant une autre vision de leur engagement premier.
Un grand Ouest au centre ?
13Les résultats des élections aux assemblées constituantes puis nationale de 1945 et 1946 (soit trois élections successives) mirent en évidence dans le grand Ouest une forte domination du MRP dont les résultats dans l’Ouest étaient toujours supérieurs à la moyenne française, alors que les voix en faveur du PCF étaient inférieures à celle-ci sauf dans les Côtes-du-Nord et le Finistère. À l’époque du tripartisme, l’Ouest se distinguait par un fort déséquilibre en faveur du MRP. Les autres élections de la IVe République montrèrent que cette région n’était insensible ni aux sirènes du RPF, ni à celles des indépendant-paysans, le MRP restant solidement implanté, mais replié sur son noyau dur à savoir les « démocrates-chrétiens » relevant du centre et non de la droite classique jusqu’à la fin de la IVe République.
14Dans l’Ouest, le MRP recrutait parmi les militants catholiques, dont ceux des mouvements d’action catholique spécialisée. Certes, tous ne rejoignirent pas le MRP, mais pour ceux qui assumèrent par la suite des responsabilités politiques, ce fut bien souvent la filière suivie. Toutefois, auparavant, ils avaient assuré des fonctions dans le cadre de leur profession (syndicalisme agricole, chambre d’agriculture, coopérative, etc.). Sans revenir sur l’histoire complexe du syndicalisme agricole18 de ces années-là, les transformations les plus visibles pour le militantisme catholique se produisit à la fois dans le syndicalisme agricole (FDSEA et CDJA) et ouvrier (CFTC). Si la mise en place des FDSEA en Bretagne19 se fit sans heurts majeurs, ce fut dans un sens conservateur avec la persistance de l’emprise de l’Office central de Landerneau dans le Finistère, et, en Ille-et-Vilaine par exemple, celle d’anciens militants des syndicats de cultivateurs-cultivants, puis des comités de défense paysanne, voire de la Corporation paysanne ; en fait, les FDSEA remplissaient leur objectif à savoir que le syndicalisme agricole était entre les mains de ceux qui exploitaient la terre. Dans l’Ouest, les FDSEA rejetaient toute orientation politique au nom de l’« apolitisme » du monde paysan (mais on sait ce que cela veut dire !). Lorsqu’en 1954 les CDJA furent rattachés aux FDSEA, les jacistes entrèrent en force. Les CDJA sous l’impulsion de ces derniers affirmèrent leur autonomie par rapport à leurs aînés, obtenant par exemple une page dans l’hebdomadaire des FDSEA, mais aussi une autonomie financière et juridique et ils étaient aussi présents en tant que tels dans le bureau des FDSEA ; à chaque fois ils déléguaient un jeune homme et une jeune fille tout comme dans les bureaux des CDJA il existait un poste de vice-présidente. Cette réglementation entendait traduire la place des femmes dans le travail agricole et la volonté de les faire reconnaître professionnellement. Très rapidement, les CDJA furent perçus par leurs aînés comme « turbulents », mais réussirent parfois à les convaincre sur certains points techniques comme le remembrement.
15L’influence de la JAC se fit également sentir dans le monde salarié citadin. Nombre de jeunes quittaient l’agriculture. Une enquête de la JAC en 1958 donnait comme motivation première l’impossibilité de s’installer (26 % des garçons et 21 % des jeunes filles)20, de trouver de la terre ; toutefois, ce n’était pas la principale raison chez les jeunes filles qui affichaient « le goût pour un autre métier » (23 %) et estimaient que la vie était « trop dure » dans le monde rural de l’époque (20 %). Quels que fussent les motifs, ces jacistes, dans leur nouvel emploi, se syndiquèrent tout naturellement à la CFTC où ils retrouvaient des jeunes formés à la JOC. Proches du MRP jusqu’au milieu des années cinquante, une grande partie de ces jeunes militants d’action catholique s’éloignèrent du MRP et concentrèrent leur force militante au syndicalisme, à la CFTC dans laquelle ils contribuèrent à la déconfessionnalisation donnant naissance à la CFDT en 1964 ; or, dans l’Ouest, ces deux confédérations ne cessèrent de voir leur influence grandir.
Le tournant des années soixante
16Au cours de leur engagement dans la JAC/F, les jeunes apprenaient à réfléchir sur leur vie personnelle et professionnelle et plus que d’autres ils cherchèrent à améliorer leurs connaissances. La plupart n’avaient pas été au-delà du certificat d’études mais ils suivirent des formations, des cours par correspondance tel le « centre d’enseignement rural de l’Ouest » à Angers21. Le résultat est que la plupart des anciens jacistes eurent une formation supérieure à la moyenne de leurs collègues. Avec la JAC, il s’agissait de toucher tous les jeunes de milieu rural, mais aussi de créer une élite paysanne chrétienne ; le premier volet fut rapidement une réalité. C’est parmi eux que se recrutèrent les cadres de l’agriculture de l’Ouest, voire les cadres politiques du monde rural.
17Les parcours individuels quand ils ont pu être repérés, les « prises de pouvoir » des FDSEA par les anciens jacistes, certaines élections locales sont autant d’indices de l’arrivée des agriculteurs formés à la JAC et accédant à des postes de responsabilité. Un examen un peu attentif montre que la grande vague d’accès aux responsabilités se situa à partir du milieu des années cinquante. Toutefois, les tout premiers jacistes firent leur apparition au lendemain même de la guerre. Un cas exemplaire mais sans doute exceptionnel est celui de Louis Asseray, né en 1904, qui suivit les premiers cours par correspondance d’Angers et fonda la première section JAC du diocèse d’Angers à Saint-Pierre de Chemillé. En 1945, il devint conseiller municipal de Chemillé, puis député MRP en 1946 et il fut élu maire de 1959 à 196322. Cet exemple rare impliquait un engagement antérieur à la guerre à un moment où la JAC en était à ses débuts, mais il est révélateur d’un cursus qui devint assez classique.
18Tous les auteurs, toutes les sources consultées convergent pour signaler, à partir de la seconde moitié des années cinquante, l’arrivée massive des jacistes dans les CDJA et très souvent à des postes de dirigeants, puis leur arrivée à la tête des FDSEA. L’entrée des jacistes dans les CDJA se réalisa rapidement comme en témoigne la promotion ultra-rapide de Bernard Lambert ; celui-ci était un jaciste de Loire-Atlantique et il était aussi au secrétariat national. En mars 1957, lors du congrès du CNJA, il fut « désigné secrétaire national adjoint avant que son département, la Loire-Atlantique, ait eu la possibilité de l’élire et de lui donner le moindre mandat23 ». Cependant, l’existence même des CDJA et leur développement ne se fit pas sans difficulté ni opposition vis-à-vis des FDSEA ; celle du Finistère par exemple voyait d’un mauvais œil cette structure autonome perçue comme une machine de guerre contre la fédération et plus encore contre l’Office central de Landerneau. Jusqu’à la conquête par les anciens jacistes des fédérations elles-mêmes, coexistèrent et même cohabitèrent deux organisations qui se trouvaient parfois en opposition ouverte. Les jeunes formés à JAC/F étaient très militants et souvent assez radicaux, professant des idées modernes en matière économique. Les responsables des CDJA conquirent progressivement les FDSEA, à des rythmes différents dans l’Ouest, entre 1958 et 1961. Ainsi, en 1958, le nouveau secrétaire général de la FDSEA du Finistère, Marcel Léon était un ancien de la JAC et du CDJA ; il en était de même en 1961 en Ille-et-Vilaine avec l’élection de Louis Chopier après une campagne électorale mouvementée. Un peu partout dans l’Ouest, les bureaux des fédérations étaient rajeunis passant d’une moyenne d’âge de 60 ans à 30-35 ans. L’une des conséquences fut que les fédérations et les CDJA travaillèrent désormais dans le même sens. Or, ces mêmes années furent celles de l’action directe souvent accompagnée d’actions violentes, tandis que l’on assistait à un rapprochement avec le monde ouvrier.
19Dans l’Ouest, le monde des ouvriers et des employés connut un phénomène très voisin de celui du syndicalisme agricole. Si, au lendemain de la guerre, la CFTC était largement dominée par la CGT, il n’en était plus de même au début des années soixante. D’anciens militants de la JAC/F ayant quitté le milieu agricole avaient rejoint la CFTC. Celle-ci recrutait aussi ses militants parmi ceux de la JOC. Les relations avec le monde ouvrier se firent de ce fait assez naturellement dans certains départements du grand Ouest en raison de la forte implantation de la CFTC devenue CFDT en 1964. Ce passage entre mouvements d’action catholique spécialisés et confédération syndicale est visible à travers l’itinéraire de quelques responsables. Au lendemain de la guerre, les trois principaux responsables de la CFTC en Ille-et-Vilaine (Robert Duvivier, Pierre Legavre et Léon Le Trouit) étaient issus de la JOC24. Plus significative encore était la situation en Loire-Atlantique, cas sans doute un peu exceptionnel mais il montre bien cette imbrication entre militants originaires du militantisme catholique. Le nouveau président de la FDSEA, Raphaël Rialland avait été ouvrier du bâtiment, puis ouvrier agricole, syndiqué à la CFTC. Devenu cultivateur sur une petite ferme de 12 hectares, il fut au sein de la FDSEA de Loire-Atlantique l’artisan naturel d’un rapprochement entre le monde syndical paysan et le monde syndical ouvrier. En 1959 il intervint officiellement au congrès CFTC des métaux de Loire-Atlantique ce qui frappa les congressistes25 ; ils prirent ainsi conscience de la mutation en train de s’opérer dans le syndicalisme agricole. La Loire-Atlantique concrétisait la première une tendance originale du syndicalisme agricole breton. Ce fut la FDSEA de ce département qui, en avril 1960 fut la première à engager des contacts avec tous les syndicats, y compris la CGT, pour adopter une position commune sur les problèmes économiques et souligner par là une solidarité de fait entre ouvriers et paysans. Lorsque les FDSEA de l’Ouest en octobre 1963 affirmèrent leur volonté de lutte contre l’intégration capitaliste, elles rejoignaient les analyses de la CFTC (elle-même en voie de déconfessionnalisation) qui déclara que « la lutte des paysans contre l’intégration est de même nature que l’action syndicale dans les entreprises » (juin 1962). Ces rapprochements se poursuivirent dans les années suivantes, années pendant lesquelles les anciens militantes et militants de la JAC poursuivirent leurs engagements syndical, politique mais dans des voies divergentes.
Des chemins divergents : les années 1970
20Les années soixante ont été marquées par l’entrée de jacistes ou d’anciens jacistes dans les instances syndicales (CDJA, FDSEA, CFTC/CFDT), dans les chambres d’agriculture, à la tête de coopératives ou de structures collectives dont ils furent souvent les fondateurs. Nombre d’entre eux ont été conseillers municipaux, puis maires de leur commune, mais à ce niveau les informations manquent encore par manque d’études et en raison de sources très fragmentées.
21Malgré cela, il est possible de saisir leurs prises de position parfois divergentes mais s’appuyant sur un socle de références communes. Ces voix discordantes commencèrent à se faire entendre à la fin des années soixante. Les fermetures d’usines (les forges d’Hennebont par exemple), les conséquences de la modernisation agricole et les secousses politiques dues aux « années 6826 » servirent de support à ces contestations. Le monde syndical agricole de l’Ouest fut secoué par de nombreuses crises auxquelles les militants d’action catholique prirent largement leur part.
Combats et soubresauts autour de 1968
22Pendant les trois ou quatre années précédant 1968, le rapprochement entre ouvriers et agriculteurs s’accrut dans le grand Ouest ; un des signes en fut l’apparition dans l’hebdomadaire de certaines FDSEA d’articles sur le monde ouvrier. Cette ouverture fut facilitée par le fait que nombre d’ouvriers étaient soit d’anciens paysans, soit des fils de paysans, soit des ouvriers-paysans. Leur origine, leur formation, leurs idéaux communs faisaient qu’ils étaient directement concernés par ce qui se passait dans le monde agricole comme dans l’industrie. Appelant à manifester pour le 1er mai 1967, un article signé d’André Marivin de la CFDT montrait que la situation dénoncée était peut-être celle des fils ou filles des lecteurs du journal27. Les manifestations se multiplièrent en 1966 et 1967 ; le mécontentement était tel en 1967 qu’il fut décidé en novembre de cette même année d’organiser une grande manifestation interrégionale de l’Ouest réunissant les paysans, les ouvriers, les enseignants ; la date qui fut choisie en novembre, était le 8 mai 196828 ! Si les liens tissés en priorité concernèrent les CDJA, FDSEA et la CFDT, à cette manifestation était prévue aussi les autres syndicats telles la CGT ou la FEN. La conjoncture nationale donna encore plus d’ampleur évidemment à cette manifestation à laquelle participèrent élus des villes et des communes rurales ; l’on pouvait y reconnaître nombre d’anciens jacistes. Le slogan adopté en Bretagne et Pays de Loire était « l’Ouest veut vivre » ; il y aurait eu plus de cent mille manifestants ; peu importe le chiffre, le slogan, l’ampleur sociologique montraient l’angoisse d’une région, dont les responsables partageaient souvent les mêmes valeurs.
23Dans le Maine-et-Loire, Joseph Ariaux, né en 1920, ancien jaciste, président de la FDSEA, organisa les manifestations du 8 mai craignant que la politique agricole commune européenne ne défavorisât l’Ouest, considéré par la préfecture comme un « modéré de droite », il n’empêche qu’il appela les agriculteurs à choisir pour ou contre le gouvernement en fonction de leurs intérêts29. Cet exemple est chronologiquement important ; en ce début du mois de mai 1968, dans l’Ouest, les anciens jacistes avaient encore les mêmes modes d’action et des analyses proches quelles que fussent les générations.
24Mais peu après, c’est le temps du basculement. « Voir, juger » étaient toujours identiques, mais « agir » commençait à entraîner des divergences qui n’étaient pas seulement liés à des phénomènes de génération30, mais à des références idéologiques totalement différentes sur le plan économique. Ainsi, dès le 20 juin 1968, le CDJA d’Ille-et-Vilaine et la CFDT rappelaient leurs revendications communes sur l’enseignement et la régionalisation dans le cadre « d’un changement fondamental des structures réalisant ainsi une planification démocratique de nature socialiste31 » et quelques mois plus tard en décembre, les responsables cantonaux du CDJA se mettaient d’accord pour avoir des réunions communes avec les jeunes ouvriers et étudiants afin de « contester une société qui se construit à leur dépens32 ».
Contestations
25Les « événements » de 1968 pendant lesquels se déroulèrent des manifestations communes, des comités de soutien aux ouvriers grévistes, provoquèrent une rupture ou des divergences fortes à l’intérieur du monde agricole de l’Ouest. Dans ce contexte, les anciens jacistes des années cinquante, devenus responsables dans les CDJA, puis dans les FDSEA de l’Ouest voire au niveau national choisirent des voies différentes sur le plan syndical et politique. Là encore, les itinéraires des uns et des autres sont souvent révélateurs. La région du grand Ouest avait constitué des structures régionales tel le Centre régional des jeunes agriculteurs de l’Ouest (CRJAO) et la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles de l’ouest (FRSEAO). Le CRJAO avait élu à sa tête Bernard Thareau (Loire-Atlantique) qui déclara en octobre 1968 que le CRJAO approuvait le mouvement de 68 en ce sens qu’il entendait « opposer, au pouvoir de l’argent, le pouvoir de l’homme travailleur33 ». Lors des élections nationales à la direction du CNJA, deux hommes s’affrontèrent : Michel Simon, l’homme de l’appareil, favorable à une politique modérée et Bernard Thareau qui souhaitait une rénovation de la ligne politique du CNJA dans la lignée de 68. Michel Simon fut élu par 24 voix contre 1834, et Bernard Thareau devint vice-président. Ce bureau de compromis témoigne de la vivacité des tensions au sein du CNJA ; l’Ouest apparaissait « en pointe » dans ce combat politique et syndical qui voyait s’affronter d’anciens jacistes.
26Des exemples pris dans quelques départements de l’Ouest sont éclairants35. Les itinéraires de différents représentants jacistes étaient marqués par trois grandes étapes : la JAC, le syndicalisme agricole (des jeunes et des aînés) et l’engagement dans les diverses organisations professionnelles ; enfin certains d’entre eux eurent des responsabilités politiques à différents niveaux. La plupart étaient souvent mariés à des jacistes et il n’était pas rare de voir des épouses être vice-présidentes au CDJA lorsque leurs époux n’avaient à ce moment aucune responsabilité. Ce fort engagement militant est une de leurs caractéristiques. Ils prirent cependant des positions parfois divergentes, surtout après 1968 : question de génération, d’évolution économique et sociale.
27Dans le Finistère, Alphonse Arzel et Pierre Abéguilé, nés dans les années vingt, ont connu la JAC de la fondation ; après la guerre, ils participèrent activement à la mise en place du nouveau syndicalisme agricole et œuvrèrent au sein du MRP. Si leur formation chrétienne joua un rôle, le caractère neuf du MRP, l’ancienneté d’une démocratie sociale dans le Finistère nord furent aussi importants si l’on songe qu’Alphonse Arzel était originaire de Ploudalmézeau tout comme André Colin, député PDP, puis MRP. Les deux hommes furent conseillers municipaux, maires, conseillers généraux et député pour Alphonse Arzel. Quant à Georges Dauphin et Jo Lareur, nés dans les années trente, ils connurent la JAC en plein développement. Le premier y rencontra sa femme, milita au CDJA, puis devint président de la FDSEA en 1969. Il devint socialiste et travailla avec Bernard Thareau au sein de la commission « agriculture » du PS. Jo Lareur, tout en militant également dans le syndicalisme professionnel, fut d’abord MRP ; il vécut la transformation de celui-ci en CDS comme une « magouille » et l’abandon des valeurs fondamentales. Il se tourna alors progressivement vers le PS, non sans avoir flirté avec le PSU et l’UDB auparavant selon un schéma finalement assez classique en Bretagne36.
28Faut-il en conclure que la génération des années vingt fut démocrate-chrétienne et celle des années trente socialiste ? Ce serait trop facile et d’autres facteurs ont interféré. Dans le Maine-et-Loire comme en Ille-et-Vilaine, certains parcours furent plus complexes. Joseph Ariaux dans le Maine-et-Loire, dont on a vu qu’il appartient à la génération des années vingt, fut président de la FDSEA de 1963 à 1972. Considéré comme un modéré de droite par la préfecture, il n’empêche qu’il refusa de se rallier à Lecanuet en 1965 au nom de l’indépendance syndicale, qu’en 1968 il accompagna les manifestations ouvrières, paysannes et étudiantes et, lors des élections législatives de juin 1968, posa clairement la question de savoir si les agriculteurs soutenaient ou non la politique du gouvernement37. En Ille-et-Vilaine, les anciens jacistes contestataires l’avaient emporté successivement au CDJA, puis à la FDSEA dont la présidence fut dès lors assurée par Louis Chopier qui démissionna en 1965 et fut remplacé par un autre jaciste moderniste, Élie Chemin, maire de La Selle-en-Luitré. Mais si tous deux avaient en quelque sorte été « compagnons de route » au sein du CDJA, ils prirent une voie différente car Louis Chopier devint maire PS de Saint-Malo et Élie Chemin resta centre droit et suivit le cursus honorum des agriculteurs en devenant président de la Chambre d’agriculture en 1967.
29Pour mieux comprendre, ces cheminements différents sur le plan politique, il est probable qu’outre le phénomène de génération, joua aussi la situation sociale et économique personnelle de ces militants exploitants agricoles. Il est certain aussi que le syndicalisme agricole fut plus « turbulent » dans le grand Ouest que dans d’autres régions ce qui explique qu’il éprouva le besoin de se regrouper régionalement et s’opposa aux directions nationales, puis développa un autre syndicalisme agricole avec le mouvement des Paysans-travailleurs.
30Le lancement du plan Mansholt qui visait à mettre en place une agriculture capitaliste, rentable, etc. suscita de vives oppositions chez les agriculteurs de l’Ouest qui considéraient que face à la mise sur pied d’une agriculture capitaliste, « l’alternative est claire. Pour nous, jeunes agriculteurs de l’Ouest, et pour nos collègues de la FRSEAO, il s’agit de nous organiser et de créer le rapport de forces qui permettra d’instaurer une politique fondamentalement opposée38 ».
31S’ouvrit alors une période de fortes turbulences dans le syndicalisme agricole où s’opposèrent souvent des militants catholiques ; des courants nouveaux apparurent donnant naissance progressivement à la création d’un nouveau syndicat « les Paysans Travailleurs ». En 1974, les FDSEA de l’Ouest, étaient loin de présenter un aspect monolithique. Entre le milieu des années soixante et le milieu des années soixante-dix avec une accélération et une exacerbation due aux années 1968, une partie des anciens jacistes s’était radicalisée, ce que les Renseignements généraux analysaient comme étant une « pénétration d’éléments de tendance gauche chrétienne – issue des CDJA, plus orientée politiquement que les FDSEA – [qui] a fissuré » ces organisations ; les FDSEA du Finistère et du Morbihan refusèrent d’intégrer la FRSEAO considérée alors par elles comme « trop conservatrice et trop inféodée aux dirigeants de la FNSEA39 ». En fait, il existait dans chaque fédération une tendance « modérée » pour les uns, « traditionaliste » pour les autres et une tendance de type « gauche chrétienne40 ». Ce fut à cette époque qu’un certain nombre rejoignirent le PSU ou sa mouvance et surtout le PS après le congrès d’Épinay. Parmi les « passeurs » entre le milieu catholique et la nouvelle gauche qui dans l’Ouest était fortement marquée par le militantisme catholique, beaucoup étaient des fils de paysans devenus ouvriers ou employés qui rejoignirent la CFDT, elle-même fort proche du PSU, puis du PS. Par exemple, parmi les candidats aux élections législatives de la fin des années soixante et du début des années soixante-dix, se présenta à Redon un salarié de coopérative agricole, passé par le secours catholique et la JAC. À Rennes, le fondateur de la section PSU du quartier de Villejean en 1969, Joseph Caillaud, était né dans une famille paysanne vendéenne et avait appartenu à la JAC. Devenu conseiller agricole il avait fondé en Loire-Atlantique un syndicat CFTC41. Ceci dit, les agriculteurs militants du PSU restèrent toujours fortement minoritaires et Joseph Caillaud qui fut à la commission agricole du PSU en 1971-1972 témoigne du peu d’influence de ce parti sur les agriculteurs42.
32Figure emblématique de ces parcours militants, Bernard Lambert bien sûr, jaciste : militant CDJA, élu député MRP de 1958 à 1962, puis membre du PSU jusqu’en 1972 et enfin engagé dans l’action syndicale agricole des années soixante-dix, il participa à la fondation des Paysans travailleurs43 avant la Confédération paysanne44. Au-delà de cette figure symbolique, bien d’autres parcours montrent cette diversité d’engagements chez une personne ou chez ceux qui furent marqués durablement par la JAC. Au sein même des syndicats agricoles, l’enquête des Renseignements généraux de 197445 précisait les tendances politiques des divers responsables agricoles (tendance socialiste ou modérée c’est-à-dire Centre démocrate) et surtout montrait comment la grève du lait de 1972 a été en quelque sorte le « 68 » des agriculteurs de l’Ouest provoquant de fortes divisions qui conduisirent à la scission. Les membres du courant des Paysans Travailleurs étaient proches du PSU ou/et du PS et souvent issus de la JAC. La mouvance baptisée par les Renseignements généraux « gauche chrétienne » était omniprésente d’après eux ; il faudrait pouvoir mener dans tout l’Ouest des études prosopographiques plus approfondies et plus fines pour tenter d’en mesurer la réalité.
33Moins par leur nombre que par leur dynamique, leur capacité à prendre des responsabilités, les jacistes ont assumé celles-ci sur le plan syndical ou/et politique, contribuant largement à renouveler l’image du syndicalisme agricole dont les membres étaient des exploitants militants et non plus des notables46, achevant ainsi le mouvement amorcé avant la Seconde Guerre mondiale. Si dans les années soixante, ils se retrouvèrent pour moderniser l’agriculture en s’efforçant de mettre l’homme au centre, lorsque les industries agro-alimentaires se concentrèrent, lorsque les coopératives eurent du mal à vivre, une séparation se fit sur des bases économiques et idéologiques ; les uns poursuivirent dans la voie d’une modernisation de type capitaliste et les autres se reconnurent dans les analyses de gauche et d’extrême gauche. In fine, si les statuts des organisations syndicales agricoles ont parfois prévu des places « réservées » aux femmes, celles-ci, soutien évident du militantisme de leur conjoint, étaient encore singulièrement absentes des postes de responsabilité…
Notes de bas de page
1 Gilles Le Beguec et Denis Peschanski (dir.), Les élites locales dans la tourmente. Du Front populaire aux années cinquante, éd. CNRS, 2000, 460 p. Particulièrement la conclusion.
2 Cette communication ne fait qu’esquisser quelques pistes ; des travaux plus précis devraient permettre de les affiner pour confirmer ou infirmer les hypothèses.
3 Les sources sont malheureusement peu explicites.
4 Bernard Garnier, Jean Quellien (réunis et édités par), La main-d’œuvre française exploitée par le IIIe Reich, Caen, CRHQ, 2003, 704 p. en particulier les communications de François Marcot, Michel Boivin et Jacqueline Sainclivier ; sous ma direction et celle de Christian Bougeard, La Résistance et les Français : enjeux stratégiques et environnement social, Rennes, PUR, 1995, 371 p., en particulier l’article de François Marcot ; et, ma communication « Les paysans ou les “mal connus” de la Résistance ? », colloque international de Bruxelles, La Résistance et les Européens du Nord, 23-25 novembre 1994, publiée dans les pré-actes p. 340-350.
5 L’exemple de Jean Nobilet en Ille-et-Vilaine, syndic, mais aussi membre de la résistance, arrêté et mort en déportation en est un exemple, cf. Jacqueline Sainclivier, La résistance en Ille-et-Vilaine, 1940-1944, Rennes, PUR, 1993, p. 202-205.
6 Nommé par le cardinal Charost, il avait joué un rôle fondamental dans la lutte de l’Église contre le syndicat des cultivateurs-cultivants.
7 Vincent Guémard, La jeunesse agricole catholique en Ille-et-Vilaine (1930-1960). Les évolutions d’une fédération jaciste, maîtrise de Rennes 2, dir. M. Lagrée, 1993, p. 25.
8 En 1943, H. Godin et Y. Daniel avaient publié La France, pays de mission ?, Lyon, éd. de l’Abeille.
Le constat de déchristianisation en particulier en milieu ouvrier ne concernait guère l’Ouest de la France, mais il alertait sur les risques possibles de celle-ci.
9 Archives diocésaines de Rennes, 4 K. Rappelons qu’en 1961, la JAC se transforme en MRJC (Mouvement rural des jeunesses chrétiennes).
10 Yves Chavagne, Bernard Lambert. 30 ans de combat paysan, Quimperlé, La digitale, 1988, p. 27 ; Robert Fort, Ils ont révolutionné le monde rural. L’aventure de la JAC en Bretagne (1930-1970), Brest, éd. Le Télégramme, 2001, p. 85-86.
11 Yves Chavagne, op. cit., p. 27-35.
12 Michel Lagrée, « Sport et sociabilité catholique en France au début du xxe siècle », Religion et modernité.
France, xixe-xxe siècles, recueil d’articles de Michel Lagrée réunis par Étienne Fouilloux et Jacqueline Sainclivier, Rennes, PUR, 2003, p. 181-190
13 JAC et modernisation de l’agriculture dans l’Ouest, INRA, 1980, 202 p.
14 D’après le manuel de la JAC et des témoignages.
15 Yves Lambert, « La JAC et la modernisation de l’agriculture dans la région d’Ancenis », dans JAC et modernisation, op. cit., p. 35-36.
16 Michel Lagrée, Religion et cultures en Bretagne, 1850-1950, Fayard, 1992, p. 205 et La Bénédiction de Prométhée. Religion et innovation technique, xixe-xxe siècles, Fayard, 1999, 438 p.
17 C’est dans ces années-là que ce dernier terme commence à être utilisé avant de se développer.
18 Yves Tavernier, Le syndicalisme paysan : FNSEA, CNJA, A. Colin, 1969, 227 p.
19 Jacqueline Sainclivier, La Bretagne de 1939 à nos jours, Rennes, éd. Ouest-France/Université, 1989, p. 260 sqq.
20 Archives diocésaines de Rennes, 4 K.
21 Yves Chavagne, op. cit., p. 31.
22 Je dois ces renseignements à l’amabilité de Marc Bergère, docteur en histoire contemporaine, ATER à Rennes 2, qui m’a donné quelques itinéraires de jacistes dans le Maine-et-Loire, à partir de sources qu’il a pu croiser.
23 Yves Chavagne, op. cit., p. 42.
24 Jacqueline Sainclivier, L’Ille-et-Vilaine, 1918-1958. Vie politique et sociale, Rennes, PUR, 1996, p. 365-366.
25 Yves Chavagne, op. cit., p. 101.
26 Par référence à Geneviève Dreyfus-Armand, Robert Frank, Marie-Françoise Lévy, Michèle Rancarini-Fournel (dir.), Les années 68. Le temps de la contestation, Bruxelles, éd. Complexe, coll. « IHTP-CNRS », 2000, 525 p.
27 Le Paysan d’Ille-et-Vilaine, 29 avril 1967.
28 Ibidem, 11 novembre 1967.
29 Renseignements aimablement fournis par Marc Bergère.
30 Autant que nos sources nous permettent de l’affirmer dans l’état actuel de la recherche.
31 Archives départementales d’Ille-et-Vilaine (ADIV), 509 W 4 : Ouest-France, 20 juin 1968.
32 ADIV, 509 W 4 : Renseignements généraux, rapport du 7 décembre 1968.
33 Le Paysan d’Ille-et-Vilaine, 5 et 19 octobre 1968.
34 Ibidem, 9 novembre 1968, page du CDJA.
35 D’après Robert Fort, op. cit. ; Didier Hascoët, De la JAC à la politique. Cinq itinéraires finistériens, éd. Calligrammes, 1992, 270 p. ; Yves Chavagne, op. cit. et les renseignements fournis par Marc Bergère ainsi que mes propres recherches.
36 Lorsque le PSU rocardien rejoignit le PS, il apporta nombre d’adhérents venant du milieu de l’action catholique spécialisée.
37 Dans des articles de L’Anjou agricole d’après les indications de Marc Bergère.
38 Le Paysan d’Ille-et-Vilaine, 9 août 1969, la page du CDJA.
39 ADIV, 509 W 2 : rapport des RG d’Ille-et-Vilaine sur le syndicalisme agricole en Bretagne, 6 juin 1974.
40 Ibidem.
41 Stéphane Hardel, Le PSU en Ille-et-vilaine de 1960 à 1990. Du parti de l’unité au parti de l’alternative, mémoire de maîtrise, Rennes 2, dir. Claude Geslin, 1997, p. 50, 58-59.
42 Ibidem, p. 71.
43 On y retrouve également Louis Chopier ou Pierre Restif par exemple.
44 Yves Chavagne, op. cit. et Bernard Lambert, Les paysans dans la lutte des classes, Paris, Seuil, coll.
« Points Politique », 1970, 187 p.
45 ADIV, 509 W 2.
46 Même si par la suite certains d’entre eux devinrent de « nouveaux notables ».
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