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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Les hommes et les femmes d’œuvre
    dans le dernier tiers du xixe siècle
    Les catholiques engagés du début du xxe siècle Annexe I Annexe II Notes de bas de page Auteur

    Militants catholiques de l'Ouest

    Ce livre est recensé par

    • Jean-Marie Constant, Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, mis en ligne le 30 juin 2008. URL : https://journals.openedition.org/abpo/878 ; DOI : https://doi.org/10.4000/abpo.878
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    Table des matières

    Ruptures et continuités du militantisme catholique dans la Sarthe de part et d’autre de la Séparation

    Pierre Foucault

    p. 17-30

    Entrées d’index

    Index géographique : France

    Texte intégral Les hommes et les femmes d’œuvre
    dans le dernier tiers du xixe siècle
    Le Comité catholique……Appuyé surtout par des membres choisis de la bonne société localeLes principaux champs d’actionDes spécialisations en fonction du « genre » Les catholiques engagés du début du xxe siècle Un comité catholique élargi et transforméVers la mobilisation du « tout-venant » catholique,
    à travers des organisations bien contrôlées par l’Évêque
    La relance de l’action sociale sur des bases nouvellesL’établissement d’un dialogue avec les adversaires de l’Église Annexe I Les membres du Comité Catholique
    du diocèse du Mans en 1879-1880
    Annexe II Les membres laïcs du Comité catholique du diocèse du Mans en 1905-1906 Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    « La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’espérance. »
    Charles Péguy (Le porche du mystère de la deuxième Vertu)

    1L’interrogation ne porte pas sur l’existence ou non de militants catholiques1 lorsqu’on passe du xixe au xxe siècle, car il existe constamment des catholiques qui se mobilisent pour soutenir leur Église et ses intérêts – du reste tous ses membres, ne font-ils pas partie par nature de l’Église « militante » durant leur vie terrestre ? – mais sur leur identité, leurs objectifs, leurs moyens d’action et les changements susceptibles de les affecter, en relation avec la séparation des Églises et de l’État de 1905-1906.

    2Une difficulté sérieuse se présente immédiatement : l’absence presque totale de documents d’archives2 à laquelle on essaie de pallier par le recours à la presse catholique du temps : La Semaine du fidèle, La Croix mancelle, Le Pays sarthois, avec, en contrepoint parfois, les publications d’inspiration radicale.

    3Dans ces conditions, pour rassembler une information suffisamment abondante sur la période précédant la Séparation il est nécessaire de remonter assez loin dans le temps.

    Les hommes et les femmes d’œuvre
    dans le dernier tiers du xixe siècle

    Le Comité catholique…

    4Assez loin, c’est par exemple, la fondation en novembre 1879 d’un « Comité catholique » par Mgr d’Outremont3. Cet organisme est composé d’un groupe de laïcs appelés à « seconder l’action ecclésiastique, à assurer la défense et le développement des intérêts religieux du diocèse ». Concrètement, ce comité (promis à un long avenir) a une vocation polyvalente. Il doit en effet :

    • défendre l’enseignement chrétien et les droits des pères de famille (objectifs de circonstance),
    • soutenir les œuvres ouvrières,
    • faciliter la diffusion des saines lectures,
    • procurer des consultations juridiques gratuites sur toutes les difficultés que peuvent rencontrer les fabriques, les communautés, les écoles, les établissements religieux, les œuvres en général.

    5Vingt notables sarthois de premier plan4 en sont membres. À leur tête, le sénateur Vétillart et le duc de la Rochefoucauld, député ; puis deux anciens maires du Mans, cinq industriels, négociants, hommes d’affaires, autant de membres des professions libérales, un haut fonctionnaire et neuf « propriétaires ». 40 % d’entre eux appartiennent à la noblesse, avec cinq ou six légitimistes très engagés. Leur addition, en tant qu’autorités sociales, représente une force susceptible d’en imposer aux autorités administratives, de donner confiance aux catholiques, de permettre la mobilisation financière indispensable pour soutenir les œuvres et faire face à une situation qui devient difficile.

    …Appuyé surtout par des membres choisis de la bonne société locale

    6Ces hommes apparaissent comme les éléments les plus remarquables d’un monde de catholiques dévoués que les avis de décès et les notices nécrologiques publiées par La Semaine du fidèle5 permettent d’entrevoir. Pour en dessiner les contours à partir d’un échantillonnage suffisamment large nous y avons recueilli les informations publiées entre 1871 et 1900 ; elles permettent de situer, avec plus ou moins de détails, deux cent vingt laïcs, autant d’hommes que de femmes.

    7Le monde urbain, avec 62 % des lieux de résidence, est sur-représenté et la Ville du Mans, à elle seule, en recèle 50 %.

    8Les professions, presque uniquement masculines, quand elles sont évoquées, peuvent être ventilées comme suit :

    • fonction publique 33 %
    • professions libérales 29 %
    • enseignement 19 %
    • négoce et industrie 12,5 %

    9Elles vont de pair avec l’appartenance à la bourgeoisie ou à la noblesse ; cette dernière est très présente (62 hommes et femmes, 28 % de l’ensemble) et se conjugue fréquemment avec la propriété terrienne. Dans tous les cas on se situe dans la perspective de l’action des « hommes de la classe dirigeante qui veulent se dévouer à leurs frères de la classe dirigée6 ».

    10Les catégories sociales modestes, qui fournissent les gros bataillons de fidèles dans les paroisses, n’apparaissent que rarement parmi les femmes et les hommes d’œuvre évoqués (6,5 %).

    Les principaux champs d’action

    11Dans quels domaines ces catholiques engagés font-ils porter leurs efforts ?

    12Deux notices en donnent une idée assez fidèle : celle d’Ernest de Courtilloles, maire de Saint Rigomer-des-Bois, disparu le 10 mars 18897, et celle de la marquise douairière du Luart dont on rappelle la mémoire dans La Semaine du fidèle du 14 décembre 1900. Le premier s’est montré administrateur zélé et intelligent de sa commune ; ami dévoué des ouvriers du pays, bienfaiteur insigne de l’église et des pauvres ; « il portait le plus vif intérêt à l’instruction chrétienne des enfants » et a, en conséquence, fondé une école. La marquise, dont la sépulture est présidée par l’évêque a toujours été guidée dans sa vie par la foi chrétienne – selon La Semaine du fidèle. Elle a fondé des écoles libres (au Luart et à Vouvray-sur-Huisne) ainsi qu’un patronage de jeunes filles ; elle a logé, vêtu, nourri les pauvres qu’elle visitait personnellement. Elle a encouragé les jeunes gens du Luart, qui se sont engagés dans la voie du sacerdoce, et contribué financièrement à la restauration de l’église paroissiale où on la voyait prier chaque jour.

    13En face de ces engagements, retrouvés à peu de choses près dans de nombreuses notices, le cas de Mlle Joséphine Bellanger, « receveuse des postes à Marolles les Braults pendant 25 ans, qui s’est fait remarquer par son aménité, son esprit de conciliation et de paix, de telle sorte que tous recherchaient ses conseils et qu’une foule immense assiste à sa sépulture8 », apparaît tout à fait atypique.

    14Il est possible de dresser un tableau des engagements caractéristiques de l’époque à partir de l’ensemble des notices :

    15Pour les hommes (66 cas suffisamment précis) et pour les femmes (78 cas)

    Image

    (1) – La conférence de Saint-Vincent-de-Paul reste très influente parmi les hommes.
    (2) – Les cercles sont apparus dans la Sarthe en 1874 ; ils ont connu leur apogée vers 1880 avec cinq cercles ; en 1888, il n’en reste que deux.
    (3) – Certains se signalent par plusieurs engagements d’où le total supérieur à 100 %.

    16Certains engagements, bien attestés par ailleurs, échappent cependant au révélateur des notices nécrologiques. Ainsi L’Œuvre de la presse, qui cherche à diffuser les bonnes lectures et assure notamment la promotion de La Croix de Paris ; elle édite à partir de 1892 La Croix mancelle, son complément hebdomadaire local9 ; ou encore L’Œuvre des vieux papiers10 qui cherche à détruire les mauvais livres et journaux en les recyclant au bénéfice du pape. De même l’association des médecins catholiques, née au Mans en 1884 sous la direction du docteur Lebêle11, d’abord pour assurer la décoration d’une chapelle de la basilique de Montmartre vouée aux saints médecins (Côme, Luc et Damien) qui se transforme en association religieuse professionnelle.

    Des spécialisations en fonction du « genre »

    17Si, dans l’ensemble, la charité convient à tous, hommes et femmes, une certaine spécialisation s’affirme conformément aux rôles traditionnels dévolus par la société aux uns et aux autres.

    18Accompagnée ou non de l’exercice de responsabilités politiques, l’action est masculine, tout comme l’affirmation, ostensible et publique, des convictions qui n’est pas sans effet dans les communautés rurales12 ; de même l’approfondissement intellectuel de la foi est réservé aux hommes.

    19La piété, par contre, est essentiellement féminine13 ; après la prière, l’activité des femmes, dispensée au service de multiples œuvres, prend facilement la forme de travaux d’aiguille ou de mobilisation comme quêteuses (irrésistibles), voire comme animatrices des ventes de charité.

    20On ne saurait cependant oublier qu’un certain nombre d’entre elles n’ont pas hésité à braver les usages pour manifester dans les rues leur opposition aux expulsions des religieux en 1880, soit à Solesmes, soit au Mans14. Elles-mêmes ou leurs filles recommenceront au début du xxe siècle.

    Les catholiques engagés du début du xxe siècle

    Un comité catholique élargi et transformé

    21En 1905 le comité comprend 37 membres laïcs15 ; son effectif a presque doublé depuis 187916 mais on y cherche toujours vainement des femmes17. La domination des Manceaux est désormais presque totale (90 % des domiciliations contre 62 % en 1879). Si l’on en juge par le panorama des professions (22 connus sur 37), les bouleversements s’avèrent considérables : plus aucun représentant du monde commercial ou industriel ; les fonctionnaires ont disparu eux aussi et seuls les militaires (14 %) représentent encore les serviteurs de l’État dans le comité. Les « propriétaires » – sûrement sous-évalués – n’y figurent que pour 9 %. Par contre, plus des deux-tiers de l’effectif appartiennent aux professions libérales surtout représentées par le monde juridique (un membre sur deux) et médical (18 %). Cette sur-représentation correspond pour une part aux besoins nés de la nécessité de faire face aux combats imposés par la République anticléricale sur les terrains législatif et réglementaire depuis le début des années 1880. Quant à la présence des médecins, elle atteste de la réorientation d’une partie de la profession vers la foi, comme des transformations de l’action charitable ainsi que des progrès de leur influence dans la société.

    22C’est toujours une élite sociale qui joue les premiers rôles en matière d’engagement catholique mais son assise est maintenant davantage constituée par la compétence que par la fortune. La bourgeoisie urbaine prend le relais de la noblesse, perturbée dans ses engagements depuis l’encyclique Au milieu des sollicitudes de 1892 et qui voit aussi sa richesse foncière écornée par les difficultés économiques du monde agricole alors que son patronage social est contesté par les progrès de la démocratie18. Elle est toutefois loin d’avoir disparu de cette instance où elle occupe encore 24 % des places mais elle en tenait 40 % lors de la fondation du comité.

    23Ces 37 catholiques semblent d’ailleurs moins être là comme individus (si respectables et dévoués soient-ils) que comme représentants des principales œuvres du diocèse. Si l’on essaie de les classer en fonction des domaines où se manifeste principalement leur engagement, on obtient la répartition suivante (en chiffres bruts) :

    • écoles libres et défense des droits des familles 6
    • ACJF 3
    • patronages et gymnastique 2
    • presse et propagande 2
    • denier du culte 2
    • anciens combattants (de 1870-71) 1
    • Croix-Rouge 1
    • vie culturelle 1
    • engagements « sociaux » 5
    • (sont en outre membres des conférences de Saint-Vincent-de-Paul : 10)

    24Le souci de la jeunesse domine nettement l’ensemble (11 cas) ; la charité change de mode d’expression – quoique les confrères de Saint-Vincent-de-Paul, qui représentent une famille vieillie, constituent un noyau cohérent d’une dizaine de membres qui assument par ailleurs diverses responsabilités avec une série d’engagements sociaux ; le service des institutions ecclésiales (denier du culte) n’occupe ici qu’une place modeste.

    25Notons enfin à la place du monarchisme, très majoritaire de jadis, la diversification des options politiques qui vont du Sillon à l’Action française en passant par le conservatisme républicain, l’action libérale ou le maintien de la fidélité au royalisme traditionnel.

    26L’exercice de fonctions électives, même modestes, a pratiquement disparu moins sans doute par désaffection des électeurs que par la nécessité de se consacrer totalement à l’engagement en faveur de l’Église.

    Vers la mobilisation du « tout-venant » catholique,
    à travers des organisations bien contrôlées par l’Évêque

    27Si nous pouvons saisir les traits les plus caractéristiques des membres de « l’état major » catholique du début du xxe siècle, il est plus malaisé de connaître les « troupes ». Car on ne peut plus guère miser sur les notices de La Semaine du fidèle dont le nombre annuel diminue au moins de moitié quand on change de siècle, avant de disparaître presque totalement après la première guerre mondiale. Lorsqu’elles existent encore – et c’est un effet de leur nature même – elles évoquent surtout la vie de représentants des engagements anciens. Désormais, quand des noms sont cités, ce sont ceux de jeunes gens et de jeunes filles, d’hommes et de femmes qui sont sans doute connus dans la société locale, ou parmi les catholiques actifs du moment mais qui ont rarement l’éclat et la popularité des personnalités de l’âge précédent19. Quelques-uns passeront à la postérité, mais il faudra attendre trente ans ou davantage pour les retrouver au premier rang.

    28En fait, La Semaine du fidèle s’intéresse désormais surtout aux « œuvres ». Elle accorde de plus en plus d’importance aux écoles chrétiennes, car il faut répondre aux conséquences des décrets sur les congrégations (1902) puis aux effets de la loi de juillet 1904 qui supprime tout l’enseignement congréganiste. Or, pour beaucoup de fidèles, la dissociation de l’instruction profane d’avec la transmission des vérités de la foi catholique demeure inacceptable. En 1903, 100 écoles primaires « libres » ont été organisées ; elles seront 184 en 1909, animées par 485 enseignants, accueillant 12 000 enfants20.

    29Pour assurer l’instruction religieuse des enfants qui fréquentent les écoles publiques – et c’est la majorité – et se donner les moyens de continuer d’exercer une influence sur eux, la Semaine encourage la mobilisation de catéchistes volontaires21, évoque la multiplication des patronages et leurs prolongements en fanfares et sociétés de gymnastique22.

    30Elle manifeste également le plus grand intérêt pour l’ACJF qui, après des débuts hésitants23, connaît une expansion remarquable à partir de 190124. Les jeunes gens de la bourgeoisie, formés dans les collèges catholiques, en fournissent les premiers éléments25 ; ils se montrent très actifs et polyvalents, multiplient les réunions dans les paroisses de campagne, où éclosent sous leur impulsion de nombreux groupes26.

    31À partir de 1911 la fondation d’une union « Jeanne d’Arc » permet de rassembler dans un faisceau unique d’œuvres de jeunes filles jusque-là éparses et plus ou moins vouées à l’impuissance27. À ce moment la Ligue patriotique des françaises a permis d’organiser les femmes dans les paroisses depuis une petite dizaine d’années déjà28 tandis que les conseils paroissiaux généralement constitués d’hommes catholiques dévoués ont pris, auprès des curés, la relève des anciens conseils de fabrique, disparus avec la dénonciation du Concordat ; leurs attributions sont élargies29.

    32Il s’agit d’opérer, on le voit, la mobilisation des catholiques la plus large possible, de renforcer leur fidélité en s’appuyant sur la maillage paroissial, de consolider l’union autour de l’autorité épiscopale dans un contexte difficile30.

    La relance de l’action sociale sur des bases nouvelles

    33Les actions en direction des indifférents et des non catholiques apparaissent encore modestes, mais leur dynamisme ne fait aucun doute. Elles s’inscrivent d’abord dans l’esprit de Rerum Novarum, et se manifestent notamment par des actions de promotion comme la création d’une école ménagère au Mans puis d’une école circulante de même type pour les campagnes31 ou encore le lancement des cours professionnels Saint-Nicolas32.

    34Des institutions sociales comme les mutualités sont encouragées33. Le Sillon s’intéresse aux jardins ouvriers34. L’ACJF crée, au chef-lieu du département, des bureaux de placement et deux secrétariats du peuple35 tandis que le comité catholique « décide de favoriser les initiatives qui viendraient à se produire pour amener la solution au problème angoissant du logement du pauvre36 ».

    35Des organismes professionnels commencent à voir le jour. Si les premiers syndicats catholiques sont d’un faible poids dans le monde rural face au syndicat des agriculteurs de la Sarthe37, les réalisations urbaines commencent à préoccuper les autorités, tel le syndicat des employés catholiques – 300 membres en 191338 et, au dire du commissaire de police, le début d’organisation d’autres syndicats dans les grandes usines de la ville du Mans39. De son côté, l’union catholique des chemins de fer compte 200 adhérents au début de 191440. À travers ces initiatives, il s’agit de fournir une alternative au syndicalisme révolutionnaire.

    L’établissement d’un dialogue avec les adversaires de l’Église

    36L’orientation résolument démocratique et sociale du Sillon du Maine lui permet d’organiser des rencontres avec les tenants rationalistes et socialistes locaux de l’idéal républicain.

    37En 1904, à l’occasion de la venue de Marc Sangnier au Mans, une réunion contradictoire attire 3 000 personnes, venues assister à la confrontation entre « Marc », Deschamps le socialiste, professeur au lycée et Louis Crétois, dynamique fondateur de la Libre pensée mancelle41. La tenue de cette réunion, considérée par tous comme une réussite, est due pour une bonne part à l’action du président du Sillon du Maine, le docteur Chaudet42 (qui a su précédemment fédérer toutes les bonnes volontés dans une ligue anti-alcoolique sarthoise)43. Il est lui-même allé débattre, accompagné de quelques amis, un peu partout dans le département, avec Louis Crétois, les protagonistes faisant preuve d’un respect mutuel peu commun, propre même à troubler leurs partisans respectifs44 et à faire bouger des positions considérées jusque-là comme immuables.

    38Du xixe au xxe siècle, un profond renouvellement du militantisme catholique s’est donc opéré. Le reflux – mais non l’effacement – de la noblesse apparaît indéniable, bien compensé par les nouveaux engagements de la bourgeoisie, qui met ses compétences au service de l’Église.

    39On attend désormais beaucoup de la jeunesse dont la formation est l’objet de soins plus attentifs ; les femmes sont appelées à sortir des tâches convenues pour tirer le meilleur parti de leur influence sociale.

    40Les initiatives individuelles font place à l’action collective sous la houlette épiscopale ; les engagements sociaux dans l’esprit de Rerum Novarum, initiés souvent par ceux-là même qui en ressentent la nécessité dans leur vie quotidienne, commencent à bousculer les formules paternalistes dépassées. La religion sort décidément de la sacristie !

    41Réunions, rassemblements, congrès multipliés font prendre conscience aux catholiques de leur force et leur rendent confiance. Après l’attitude défensive et la nécessité de surmonter les conséquences matérielles de la Séparation, l’heure de la reconquête semble s’annoncer, pour laquelle on peut compter sur plusieurs milliers de militants sarthois45.

    42Dans cette perspective optimiste, l’attitude des prêtres apparaît souvent comme un point faible, car le cléricalisme continue d’exercer ses ravages. Le clergé, traumatisé par le choc de 1905, a du mal à partager les responsabilités avec les laïcs46 ; il y voit une menace pour son autorité. Les habitudes et la routine s’opposent aussi à l’adoption des engagements sociaux nouveaux. Un petit nombre de prêtres seulement encourage et accompagne le renouvellement – sont-ils 10 %47 ? Mais ils ont le soutien de leurs évêques48 et plusieurs d’entre eux accèdent à des postes de responsabilité d’où leur influence se trouve amplifiée49 ; les perspectives deviennent prometteuses !

    Annexe I

    Les membres du Comité Catholique
    du diocèse du Mans en 1879-1880

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    Annexe II

    Les membres laïcs du Comité catholique du diocèse du Mans en 1905-1906

    43Joseph Bienvenu (Le Mans*) Cadre de la Mutuelle générale française
    A présidé l’ACJF
    Particulièrement actif dans le secteur de la Mutualité

    44G. Baudry (*) Avoué

    45Duc Des Cars Propriétaire

    46Charvy (*) Notaire

    47Comte du Couédic (*) Conférence de Saint-Vincent-de-Paul (Président)
    Vice Président du Comité des écoles libres

    48Cambuzat (*) Commandant
    Responsabilité de la presse catholique

    49Dr Chaudet Médecin
    ACJF puis Président du Sillon du Maine
    Ligue anti alcoolique
    Jardins ouvriers
    Orientation politique : démocratie chrétienne

    50De Chateaurocher (*) Conférence de Saint-Vincent-de-Paul
    Œuvre de l’apprentissage chrétien

    51Comte de Cléric (*) Conférence de Saint-Vincent-de-Paul
    Société de gymnastique
    Croix rouge
    Orientation politique : action française

    52Descars Ancien notaire

    53Drouin (*) Avoué

    54De l’Étoile (*)

    55Gaultier (*) Conférence de Saint-Vincent-de-Paul
    Denier du Culte

    56Gasselin Colonel
    Société des vétérans (1870-1871)
    Écoles catholiques
    Sociétés de gymnastique
    Orientation politique : action libérale

    57Gasnos (*) Avocat
    Œuvres post-scolaires
    Presse catholique

    58Guibé (*)

    59Guillotin (*) Écoles catholiques

    60Dr Gougaud (*) Médecin
    Assistance médicale gratuite
    dans le canton de Fresnay

    61Hébert (*) Avoué
    Conférence de Saint-Vincent-de-Paul

    62Hardouin-Duparc (*)

    63Jeauneau (*)

    64De Lorière (*) Participation à de multiples œuvres
    Orientation politique : monarchiste

    65Dr Mordret (*) Médecin

    66Pavie (*) Avocat
    Association des pères de famille
    Orientation politique : république conservatrice

    67Pavie (*) Avocat

    68De la Perraudière (*) Conférence de Saint-Vincent-de-Paul

    69Raymond (*)

    70Rupé (*) Conférence de Saint-Vincent-de-Paul
    Œuvre du placement des enfants pauvres
    Comité des écoles libres du Mans
    Président de la société de Saint-François-Régis

    71Rousseau (*) Président de l’ACJF
    Rédacteur en chef du Pays sarthois

    72Surmont (*) Avocat
    Conférence de Saint-Vincent-de-Paul
    Orientation politique : conservateur

    73Surmont (*) Militaire

    74Triger (*) Docteur en droit
    Président de la Société historique et archéologique du Maine
    Action culturelle, apologétique, « historique »

    75Thorin (*) Agent d’assurances
    Conférence de Saint-Vincent-de-Paul

    76De Vallois (*) Ancien magistrat
    Conseiller paroissial
    Contrôleur de denier du culte

    77De Vercly (*) Ancien inspecteur des forêts
    Comité des écoles libres du Mans

    78Verdier (*)

    79Dr Vincent (*) Médecin

    80(*) – Le Mans

    Notes de bas de page

    1 Le mot « militant » ne s’est rencontré qu’une seule fois au cours de mon enquête – en 1910. Le plus souvent, la presse catholique évoque des « hommes d’œuvres », des « hommes de bonne volonté et de dévouement », des « auxiliaires du clergé », des « vicaires laïcs » et, en 1877 des « zouaves civils », renvoi évident aux « zouaves pontificaux ».

    2 Pas de dossiers spécifiques dans les diverses archives consultées ; au mieux quelques bribes dans les dossiers épiscopaux des archives diocésaines ; des indications ténues dans la série M des archives départementales où l’on doit signaler l’intérêt du fonds Calendini ; des documents épars sont quelquefois de grand intérêt dans les dossiers de Robert Triger conservés au siège de la Société historique et archéologique du Maine où il vaudrait la peine de mener une enquête méthodique.

    3 Archives diocésaines du Mans. Dossiers de Mgr d’Outremont, décembre 1879, tract annonçant la fondation du comité, ses objectifs et sa composition. Le premier comité de ce type avait été fondé à Lille en 1871.

    4 Liste en annexe.

    5 Le premier numéro de La Semaine du fidèle (S.F.) est publié le 29 novembre 1862.

    6 S.F., 22 juin 1889, à propos des retraites d’hommes qui ne s’adressent qu’à l’élite.

    7 S.F., 23 mars 1889.

    8 S.F., 30 octobre 1880.

    9 En 1907 elle deviendra sous le titre de Pays sarthois, un hebdomadaire totalement autonome.

    10 S.F. évoque cette œuvre nouvelle le 14 octobre 1871.

    11 Ancien chirurgien en chef des hospices du Mans, un moment adjoint au maire de la ville, président de la fabrique de Notre-Dame de la Couture, chevalier de la légion d’honneur, il a fait preuve d’un dévouement absolu à ses malades « riches comme pauvres » ; modèle de charité, catholique fervent, il a vu l’un de ses fils, jésuite, mourir missionnaire en Chine et sa fille entrer chez les Sœurs du Sacré Cœur. (S.F., 18 juillet 1903) ; décédé le 9 juillet 1903, à l’âge de 83 ans.

    12 Ainsi à Rahay, où il demeure, « la solide piété de M. le Vicomte, son assistance régulière à tous les offices, sa tenue si fervente à l’église produisent un meilleur effet que les sermons les mieux préparés du curé ».

    13 Sur 22 mentions relevées dans les notices, 80 % concernent des femmes.

    14 Les Capucins du Mans sont expulsés le 5 novembre 1880. Les Bénédictins de Solesmes le lendemain.

    15 Liste en annexe II.

    16 Archives diocésaines du Mans. Dossiers de Mgr de Bonfils pour 1905 et 1906. Une lettre d’A. Célier à Robert Triger montre que ce dernier a fait admettre à l’évêque une réorganisation du comité (lettre du 25 avril 1899, Archives Triger, Société historique et archéologique du Maine). Le comité, qui a déjà intégré un certain nombre d’ecclésiastiques à côté des laïcs, devient « conseil diocésain » en 1910. Il est alors composé : 1) de membres nommés par l’évêque ; 2) des membres des bureaux de tous les conseils cantonaux du diocèse ; 3) des curés et secrétaires paroissiaux (laïcs) de la ville du Mans ; 4) de tous les présidents et de tous les aumôniers des œuvres catholiques du diocèse. Si tous ses membres sont présents, le « conseil diocésain » compte plus de deux cents personnes. Mgr de la Porte va conserver le conseil ainsi constitué ; il se réunit en séance plénière au moins une fois par mois.

    17 Elles assument cependant des responsabilités dans des domaines plus ou moins spécifiques. Lors du congrès diocésain de 1909, 5 d’entre elles présentent des exposés en séance plénière sur les patronages des jeunes filles, l’enseignement ménager, l’œuvre des églises pauvres et la presse pour tous, mais 55 orateurs ont pris la parole au cours de ce rassemblement.

    18 Aux cantonales de 1910 sont battus : le duc des Cars, M. d’Aubigny, le marquis de Nicolay et M. de Charencey. Le duc de Doudeauville échoue au conseil d’arrondissement.

    19 C’est désormais surtout dans La Croix du Maine puis dans Le Pays sarthois qu’on relève des indications nominatives, sans oublier Le Trait d’union, bulletin mensuel de l’ACJF, publié à partir de 1907.

    20 S.F., 17 mars 1957, « Au diocèse du Mans, il y a cinquante ans ».

    21 S.F., 5 juillet 1913, l’article « Journée des catéchistes volontaires » fait l’historique du développement de l’œuvre dans la Sarthe.

    22 Depuis le Second Empire, des patronages de garçons se sont développés au Mans et dans les principales villes. À la veille de la première guerre mondiale, les villes conservent leur avance. Le Mans compte sept patronages de garçons auxquels s’ajoutent quatre sociétés de gymnastique et des fanfares. Mais les campagnes comptent elles-mêmes une quarantaine d’œuvres (S.F., 14 mars 1914).

    23 Cf. B. Waché, « Une géographie du catholicisme social : l’exemple de l’ACJF dans la Sarthe entre 1887 et 1914 », J.-R. Bertrand et C. Muller (dir.), Religions et territoires, L’Harmattan, 1999, p. 195-214.

    24 Un article de S.F. du 12 mars 1904 montre cette relance à l’occasion du premier congrès de la Jeunesse catholique sarthoise.

    25 La confrontation de listes des membres de la Jeunesse catholique avec celles d’anciens élèves des collèges Saint-Paul de Mamers, Sainte-Croix et plus encore Saint-Louis au Mans, est éloquent ; 20 % au moins des jeunes gens de l’ACJF en sont issus. Ce sont presque toujours eux qui se signalent comme les plus entreprenants.

    26 Outre les réunions nombreuses en vue de susciter de nouveaux groupes, les militants multiplient les conférences, les soirées récréatives, l’animation de cérémonies religieuses, le lancement de patronages et d’œuvres sociales diverses. (Nombreux articles dans La Croix du Maine puis Le Pays sarthois).

    27 Cf. S.F., 11 novembre 1911 et 22 février 1913 et Archives départementales de la Sarthe : Dossiers 13F 630 et 729.

    28 La Croix du Maine du 5 janvier 1902 annonce la création d’un comité de la Ligue des femmes françaises de la Sarthe « à l’exemple de celle de Lyon ». Suivent quinze noms dont six nobles.

    29 Lettre de l’évêque du Mans au clergé de son diocèse, établissant les conseils paroissiaux (17 novembre 1907) et ordonnance (du même) « complétant l’ordonnance qui a institué les conseils paroissiaux » (25 janvier 1910). Ce dernier texte est suivi d’un « aperçu des différentes formes de concours des laïcs » (auprès du clergé).

    30 Dans un département politiquement très divisé la mise en place du denier du culte ne va pas de soi. En outre, à l’occasion des inventaires, Mgr de Bonfils donne des consignes d’une grande modération qui en déçoivent plus d’un, désireux d’en découdre.

    31 « L’enseignement ménager, par Mme Hervé », Congrès diocésain du Mans (Juin-juillet 1909), Imprimerie Monnoyer, 1910, p. 107-111 et S.F., 16 novembre 1912 : « Cours ménager à Cré-sur-Loir ».

    32 La Croix du Maine, 1er octobre 1905 ; ils proposent aux employés, ouvriers et apprentis des cours de dessin, de comptabilité, de mathématiques, géométrie et français.

    33 Une organisation de secours mutuels et de retraite, des cercles d’études et patronages de la Sarthe est approuvée par arrêté ministériel du 28 juin 1905 (Archives départementales de la Sarthe 13F 732).

    34 La Croix du Maine, 23 et 30 mars 1902.

    35 H. Rollet, L’Action sociale des catholiques en France. 1871-1914, t. II, Desclée de Brower, 1958, p. 17.

    36 S. F., 6 décembre 1913, « Séance plénière du Comité catholique ».

    37 Archives diocésaines. Dossier de Mgr de Bonfils pour 1911 : « Compte rendu des conseils cantonaux – enquête de 1910 » : « Les œuvres sociales ayant un caractère catholique sont relativement peu nombreuses : 15 syndicats agricoles faisant partie de l’union des syndicats agricoles de la Sarthe […] une dizaine de syndicats privés ayant à leur tête des catholiques et des hommes d’œuvres […] Les assurances contre la mortalité du bétail fonctionnent dans une centaine de communes mais toutes ne sont pas dirigées par des catholiques. »

    38 S.F., 14 décembre 1914.

    39 Archives départementales de la Sarthe. M suppl. 41/2, 10 mars 1913 : rapport au préfet.

    40 S.F., 14 février 1914.

    41 Compte rendu dans La Gerbe du Maine, bulletin du Sillon local (1905).

    42 Le docteur Chaudet est né en 1869 dans une famille d’agriculteurs à La Milesse, près du Mans. Après des études secondaires au petit séminaire de Précigné, il fait sa médecine à Paris. À partir de 1892 il commence à exercer à l’hôpital du Mans, puis s’installe à Sainte-Jamme au milieu d’une population ouvrière au service de laquelle il exerce tout en s’efforçant d’assurer sa promotion. Il est à l’origine du Sillon du Maine après avoir milité un temps à l’ACJF. (Brochure du Docteur Hervé : Le docteur Arsène Chaudet).

    43 Le docteur Chaudet publie en 1901 une brochure Pourquoi entrer dans une société de tempérance ? dans laquelle il se félicite notamment de la mobilisation des instituteurs contre l’alcoolisme. L’année suivante, il lance dans la presse locale un manifeste anti alcoolique auquel se rallient la plupart des médecins sarthois.

    44 R. Collet, Essai sur la vie politique dans la Sarthe sous la 3e République, p. 55.

    45 À la veille de la Première Guerre mondiale les effectifs certains – Tiers-ordres (500 membres), conférences de Saint-Vincent-de-Paul (128), catéchistes volontaires (485), jeunes filles de l’union Jeanne d’Arc abonnées au bulletin (1 300), Sillon (environ 100) – sont de l’ordre de 2 500 ; les hypothèses concernant l’ACJF, la Ligue patriotique des françaises, les conseillers paroissiaux permettent au minimum de doubler ce chiffre. Les militants catholiques peuvent représenter 1,5 % de la population départementale.

    46 Relevons cette déclaration révélatrice du vicaire général Lefebvre aux séminaristes, à l’occasion de la réunion générale des conférence de Saint-Vincent-de-Paul (S.F. 19 décembre 1908) : « […] qu’ils mettent tout leur espoir dans la collaboration des laïcs et qu’ils s’adressent à eux en toute confiance et loyauté quand ils seront entrés dans le Saint Ministère. Partout en effet, même dans les paroisses les plus déshéritées ils trouveront des chrétiens prêts à les aider s’ils demandent un concours effectif et réel ».

    47 Les diverses sources d’information en évoquent une trentaine pour environ 700 prêtres diocésains mais on ne saurait prétendre à l’exhaustivité. Une part notable d’entre eux sont des professeurs exerçant dans les collèges catholiques.

    48 Mgr de Bonfils venu du diocèse de Paris a pris possession du siège du Mans en juin 1898 ; il disparaît le 2 juin 1912. C’est « l’évêque des œuvres » dans le diocèse. Son successeur, Mgr de la Porte a été lui-même un jeune « homme d’œuvres » avant d’entrer au grand séminaire de Versailles ; prêtre, il a été directeur de patronage, supérieur du séminaire, vicaire général et responsable des œuvres de jeunesse du diocèse. Dès sa désignation pour Le Mans il affiche son intention d’y accélérer leur développement. (S.F., 24 août 1912).

    49 L’abbé Mulocheau est nommé supérieur du collège Saint-Paul de Mamers en 1901, de Sainte-Croix du Mans en 1912. L’abbé Lecorneux devient curé de l’importante paroisse de la Couture au Mans. Henri Bruneau devient aumônier de l’Union des syndicats et de la jeunesse catholique à partir de 1904. L’abbé Deshayes enseigne au grand séminaire ; il y fait notamment un cours où il présente les problèmes sociaux et la doctrine de l’Église à leur propos. Klébert, curé (silloniste) d’Écommoy devient vicaire général en 1912. Noter aussi que l’abbé de Durfort, apparenté à la famille de Nicolay, prêtre depuis 1887, est le secrétaire successivement de trois évêques manceaux. Il devient évêque de Langres en 1911. Auparavant, il a consacré aux œuvres sociales sarthoises une partie de ses importants revenus personnels.

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    • Pierre Foucault
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    1 Le mot « militant » ne s’est rencontré qu’une seule fois au cours de mon enquête – en 1910. Le plus souvent, la presse catholique évoque des « hommes d’œuvres », des « hommes de bonne volonté et de dévouement », des « auxiliaires du clergé », des « vicaires laïcs » et, en 1877 des « zouaves civils », renvoi évident aux « zouaves pontificaux ».

    2 Pas de dossiers spécifiques dans les diverses archives consultées ; au mieux quelques bribes dans les dossiers épiscopaux des archives diocésaines ; des indications ténues dans la série M des archives départementales où l’on doit signaler l’intérêt du fonds Calendini ; des documents épars sont quelquefois de grand intérêt dans les dossiers de Robert Triger conservés au siège de la Société historique et archéologique du Maine où il vaudrait la peine de mener une enquête méthodique.

    3 Archives diocésaines du Mans. Dossiers de Mgr d’Outremont, décembre 1879, tract annonçant la fondation du comité, ses objectifs et sa composition. Le premier comité de ce type avait été fondé à Lille en 1871.

    4 Liste en annexe.

    5 Le premier numéro de La Semaine du fidèle (S.F.) est publié le 29 novembre 1862.

    6 S.F., 22 juin 1889, à propos des retraites d’hommes qui ne s’adressent qu’à l’élite.

    7 S.F., 23 mars 1889.

    8 S.F., 30 octobre 1880.

    9 En 1907 elle deviendra sous le titre de Pays sarthois, un hebdomadaire totalement autonome.

    10 S.F. évoque cette œuvre nouvelle le 14 octobre 1871.

    11 Ancien chirurgien en chef des hospices du Mans, un moment adjoint au maire de la ville, président de la fabrique de Notre-Dame de la Couture, chevalier de la légion d’honneur, il a fait preuve d’un dévouement absolu à ses malades « riches comme pauvres » ; modèle de charité, catholique fervent, il a vu l’un de ses fils, jésuite, mourir missionnaire en Chine et sa fille entrer chez les Sœurs du Sacré Cœur. (S.F., 18 juillet 1903) ; décédé le 9 juillet 1903, à l’âge de 83 ans.

    12 Ainsi à Rahay, où il demeure, « la solide piété de M. le Vicomte, son assistance régulière à tous les offices, sa tenue si fervente à l’église produisent un meilleur effet que les sermons les mieux préparés du curé ».

    13 Sur 22 mentions relevées dans les notices, 80 % concernent des femmes.

    14 Les Capucins du Mans sont expulsés le 5 novembre 1880. Les Bénédictins de Solesmes le lendemain.

    15 Liste en annexe II.

    16 Archives diocésaines du Mans. Dossiers de Mgr de Bonfils pour 1905 et 1906. Une lettre d’A. Célier à Robert Triger montre que ce dernier a fait admettre à l’évêque une réorganisation du comité (lettre du 25 avril 1899, Archives Triger, Société historique et archéologique du Maine). Le comité, qui a déjà intégré un certain nombre d’ecclésiastiques à côté des laïcs, devient « conseil diocésain » en 1910. Il est alors composé : 1) de membres nommés par l’évêque ; 2) des membres des bureaux de tous les conseils cantonaux du diocèse ; 3) des curés et secrétaires paroissiaux (laïcs) de la ville du Mans ; 4) de tous les présidents et de tous les aumôniers des œuvres catholiques du diocèse. Si tous ses membres sont présents, le « conseil diocésain » compte plus de deux cents personnes. Mgr de la Porte va conserver le conseil ainsi constitué ; il se réunit en séance plénière au moins une fois par mois.

    17 Elles assument cependant des responsabilités dans des domaines plus ou moins spécifiques. Lors du congrès diocésain de 1909, 5 d’entre elles présentent des exposés en séance plénière sur les patronages des jeunes filles, l’enseignement ménager, l’œuvre des églises pauvres et la presse pour tous, mais 55 orateurs ont pris la parole au cours de ce rassemblement.

    18 Aux cantonales de 1910 sont battus : le duc des Cars, M. d’Aubigny, le marquis de Nicolay et M. de Charencey. Le duc de Doudeauville échoue au conseil d’arrondissement.

    19 C’est désormais surtout dans La Croix du Maine puis dans Le Pays sarthois qu’on relève des indications nominatives, sans oublier Le Trait d’union, bulletin mensuel de l’ACJF, publié à partir de 1907.

    20 S.F., 17 mars 1957, « Au diocèse du Mans, il y a cinquante ans ».

    21 S.F., 5 juillet 1913, l’article « Journée des catéchistes volontaires » fait l’historique du développement de l’œuvre dans la Sarthe.

    22 Depuis le Second Empire, des patronages de garçons se sont développés au Mans et dans les principales villes. À la veille de la première guerre mondiale, les villes conservent leur avance. Le Mans compte sept patronages de garçons auxquels s’ajoutent quatre sociétés de gymnastique et des fanfares. Mais les campagnes comptent elles-mêmes une quarantaine d’œuvres (S.F., 14 mars 1914).

    23 Cf. B. Waché, « Une géographie du catholicisme social : l’exemple de l’ACJF dans la Sarthe entre 1887 et 1914 », J.-R. Bertrand et C. Muller (dir.), Religions et territoires, L’Harmattan, 1999, p. 195-214.

    24 Un article de S.F. du 12 mars 1904 montre cette relance à l’occasion du premier congrès de la Jeunesse catholique sarthoise.

    25 La confrontation de listes des membres de la Jeunesse catholique avec celles d’anciens élèves des collèges Saint-Paul de Mamers, Sainte-Croix et plus encore Saint-Louis au Mans, est éloquent ; 20 % au moins des jeunes gens de l’ACJF en sont issus. Ce sont presque toujours eux qui se signalent comme les plus entreprenants.

    26 Outre les réunions nombreuses en vue de susciter de nouveaux groupes, les militants multiplient les conférences, les soirées récréatives, l’animation de cérémonies religieuses, le lancement de patronages et d’œuvres sociales diverses. (Nombreux articles dans La Croix du Maine puis Le Pays sarthois).

    27 Cf. S.F., 11 novembre 1911 et 22 février 1913 et Archives départementales de la Sarthe : Dossiers 13F 630 et 729.

    28 La Croix du Maine du 5 janvier 1902 annonce la création d’un comité de la Ligue des femmes françaises de la Sarthe « à l’exemple de celle de Lyon ». Suivent quinze noms dont six nobles.

    29 Lettre de l’évêque du Mans au clergé de son diocèse, établissant les conseils paroissiaux (17 novembre 1907) et ordonnance (du même) « complétant l’ordonnance qui a institué les conseils paroissiaux » (25 janvier 1910). Ce dernier texte est suivi d’un « aperçu des différentes formes de concours des laïcs » (auprès du clergé).

    30 Dans un département politiquement très divisé la mise en place du denier du culte ne va pas de soi. En outre, à l’occasion des inventaires, Mgr de Bonfils donne des consignes d’une grande modération qui en déçoivent plus d’un, désireux d’en découdre.

    31 « L’enseignement ménager, par Mme Hervé », Congrès diocésain du Mans (Juin-juillet 1909), Imprimerie Monnoyer, 1910, p. 107-111 et S.F., 16 novembre 1912 : « Cours ménager à Cré-sur-Loir ».

    32 La Croix du Maine, 1er octobre 1905 ; ils proposent aux employés, ouvriers et apprentis des cours de dessin, de comptabilité, de mathématiques, géométrie et français.

    33 Une organisation de secours mutuels et de retraite, des cercles d’études et patronages de la Sarthe est approuvée par arrêté ministériel du 28 juin 1905 (Archives départementales de la Sarthe 13F 732).

    34 La Croix du Maine, 23 et 30 mars 1902.

    35 H. Rollet, L’Action sociale des catholiques en France. 1871-1914, t. II, Desclée de Brower, 1958, p. 17.

    36 S. F., 6 décembre 1913, « Séance plénière du Comité catholique ».

    37 Archives diocésaines. Dossier de Mgr de Bonfils pour 1911 : « Compte rendu des conseils cantonaux – enquête de 1910 » : « Les œuvres sociales ayant un caractère catholique sont relativement peu nombreuses : 15 syndicats agricoles faisant partie de l’union des syndicats agricoles de la Sarthe […] une dizaine de syndicats privés ayant à leur tête des catholiques et des hommes d’œuvres […] Les assurances contre la mortalité du bétail fonctionnent dans une centaine de communes mais toutes ne sont pas dirigées par des catholiques. »

    38 S.F., 14 décembre 1914.

    39 Archives départementales de la Sarthe. M suppl. 41/2, 10 mars 1913 : rapport au préfet.

    40 S.F., 14 février 1914.

    41 Compte rendu dans La Gerbe du Maine, bulletin du Sillon local (1905).

    42 Le docteur Chaudet est né en 1869 dans une famille d’agriculteurs à La Milesse, près du Mans. Après des études secondaires au petit séminaire de Précigné, il fait sa médecine à Paris. À partir de 1892 il commence à exercer à l’hôpital du Mans, puis s’installe à Sainte-Jamme au milieu d’une population ouvrière au service de laquelle il exerce tout en s’efforçant d’assurer sa promotion. Il est à l’origine du Sillon du Maine après avoir milité un temps à l’ACJF. (Brochure du Docteur Hervé : Le docteur Arsène Chaudet).

    43 Le docteur Chaudet publie en 1901 une brochure Pourquoi entrer dans une société de tempérance ? dans laquelle il se félicite notamment de la mobilisation des instituteurs contre l’alcoolisme. L’année suivante, il lance dans la presse locale un manifeste anti alcoolique auquel se rallient la plupart des médecins sarthois.

    44 R. Collet, Essai sur la vie politique dans la Sarthe sous la 3e République, p. 55.

    45 À la veille de la Première Guerre mondiale les effectifs certains – Tiers-ordres (500 membres), conférences de Saint-Vincent-de-Paul (128), catéchistes volontaires (485), jeunes filles de l’union Jeanne d’Arc abonnées au bulletin (1 300), Sillon (environ 100) – sont de l’ordre de 2 500 ; les hypothèses concernant l’ACJF, la Ligue patriotique des françaises, les conseillers paroissiaux permettent au minimum de doubler ce chiffre. Les militants catholiques peuvent représenter 1,5 % de la population départementale.

    46 Relevons cette déclaration révélatrice du vicaire général Lefebvre aux séminaristes, à l’occasion de la réunion générale des conférence de Saint-Vincent-de-Paul (S.F. 19 décembre 1908) : « […] qu’ils mettent tout leur espoir dans la collaboration des laïcs et qu’ils s’adressent à eux en toute confiance et loyauté quand ils seront entrés dans le Saint Ministère. Partout en effet, même dans les paroisses les plus déshéritées ils trouveront des chrétiens prêts à les aider s’ils demandent un concours effectif et réel ».

    47 Les diverses sources d’information en évoquent une trentaine pour environ 700 prêtres diocésains mais on ne saurait prétendre à l’exhaustivité. Une part notable d’entre eux sont des professeurs exerçant dans les collèges catholiques.

    48 Mgr de Bonfils venu du diocèse de Paris a pris possession du siège du Mans en juin 1898 ; il disparaît le 2 juin 1912. C’est « l’évêque des œuvres » dans le diocèse. Son successeur, Mgr de la Porte a été lui-même un jeune « homme d’œuvres » avant d’entrer au grand séminaire de Versailles ; prêtre, il a été directeur de patronage, supérieur du séminaire, vicaire général et responsable des œuvres de jeunesse du diocèse. Dès sa désignation pour Le Mans il affiche son intention d’y accélérer leur développement. (S.F., 24 août 1912).

    49 L’abbé Mulocheau est nommé supérieur du collège Saint-Paul de Mamers en 1901, de Sainte-Croix du Mans en 1912. L’abbé Lecorneux devient curé de l’importante paroisse de la Couture au Mans. Henri Bruneau devient aumônier de l’Union des syndicats et de la jeunesse catholique à partir de 1904. L’abbé Deshayes enseigne au grand séminaire ; il y fait notamment un cours où il présente les problèmes sociaux et la doctrine de l’Église à leur propos. Klébert, curé (silloniste) d’Écommoy devient vicaire général en 1912. Noter aussi que l’abbé de Durfort, apparenté à la famille de Nicolay, prêtre depuis 1887, est le secrétaire successivement de trois évêques manceaux. Il devient évêque de Langres en 1911. Auparavant, il a consacré aux œuvres sociales sarthoises une partie de ses importants revenus personnels.

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    Ce livre est cité par

    • Porhel, Vincent. (2008) Ouvriers bretons. DOI: 10.4000/books.pur.3459
    • (2005) Librairie. Vingtième Siècle. Revue d'histoire, no 86. DOI: 10.3917/ving.086.0146

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    Foucault, P. (2004). Ruptures et continuités du militantisme catholique dans la Sarthe de part et d’autre de la Séparation. In B. Waché (éd.), Militants catholiques de l’Ouest (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.22816
    Foucault, Pierre. « Ruptures et continuités du militantisme catholique dans la Sarthe de part et d’autre de la Séparation ». In Militants catholiques de l’Ouest, édité par Brigitte Waché. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2004. https://doi.org/10.4000/books.pur.22816.
    Foucault, Pierre. « Ruptures et continuités du militantisme catholique dans la Sarthe de part et d’autre de la Séparation ». Militants catholiques de l’Ouest, édité par Brigitte Waché, Presses universitaires de Rennes, 2004, https://doi.org/10.4000/books.pur.22816.

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    Waché, B. (éd.). (2004). Militants catholiques de l’Ouest (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.22807
    Waché, Brigitte, éd. Militants catholiques de l’Ouest. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2004. https://doi.org/10.4000/books.pur.22807.
    Waché, Brigitte, éditeur. Militants catholiques de l’Ouest. Presses universitaires de Rennes, 2004, https://doi.org/10.4000/books.pur.22807.
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