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Éduquer et punir

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Sophie Chassat
, 
Luc Forlivesi
, 
Georges-François Pottier

Une visite à la Colonie vers 1930-1931

Robert Souchet

Texte intégral

1C'est par l'intermédiaire de l'Orphelinat Saint-Martin-des-Douets, sis à Saint-Symphorien, près de Tours, qu'il me fut donné de connaître la colonie de Mettray.

2« Si tu n'es pas sage tu iras à Mettray ! ». Telle était la litanie que beaucoup de petits tourangeaux, dans les années trente, s'entendaient souvent asséner pour des peccadilles sans rapport avec le bagne qu'était devenue la colonie.

3Mon propos n'est pas de raconter Mettray et encore moins de porter un jugement, mais de retrouver les impressions reçues pendant le court séjour qui nous en fit côtoyer les activités, activités peut-être de circonstance en cette occasion.

4Il fallut une fête religieuse importante – dont je n'ai pas gardé le souvenir – pour motiver le déplacement qui se fit dans les voitures hippomobiles de l'orphelinat.

5C'est à la chapelle de la colonie qu'on nous conduisit tout d'abord et ce fut là notre premier contact avec des garçons au crâne rasé, chaussés de lourds sabots, vêtus uniformément de sortes de treillis gris ou écrus. Une impression de force se dégageait de cette masse de garçons au silence impressionnant.

6Le hasard me plaça au premier rang derrière les colons. Au moment de s'asseoir je posai mes mains sur le banc de devant et le garçon s'assit dessus sans sembler s'en apercevoir. Je n'osai retirer mes mains et j'attendis le mouvement élévatoire libérateur qui, je crois, ne tarda guère.

7La sortie se fit dans un bruit de sabots puissant, ample, dominateur et dont le lourd roulement emplissait l'édifice. Nous eûmes droit alors à un festival de gymnastique. Il y avait à l'orphelinat des Douets quelques barres fixes qui permettaient aux « grands » de se livrer à des rétablissements divers que nous admirions souvent. Mais les démonstrations des colons furent autrement éblouissantes et je gardais longtemps le souvenir du grand soleil exécuté par plusieurs de ces forts gaillards qui maintenant nous effrayaient moins et nous ne comprenions plus l'interdiction qui nous avait été faite d'entrer en relation avec eux.

8Un goûter dut suivre les démonstrations et nous regagnâmes notre domaine avec le souvenir d'être allés à la Colonie ! »

Auteur

Né en 1923, ancien enseignant, membre du Centre généalogique de Touraine

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