Garder mémoire du conflit

Le regard des Savoyards sur les révoltes du pays niçois (1388-1460)

Florie Varitille

p. 263-276


Texte intégral

« Toutesfoiz protestons nous, que nous puissions dire, proposer, et user de nos droiz, et raisons apres le terme des diz estat, et souffiances tout ainsi, que nous le pouvions par avant faire, non obstant quelconques paroles, et convention contenus es instrumens dessus diz1. »

1En 1389, la comtesse de Provence Marie de Blois et son fils le comte Louis II d’Anjou protestèrent contre les conditions de trêve imposées par Amédée VII, comte de Savoie (1383-1391). Ce dernier avait fait la conquête, en 1388, du territoire menant de Barcelonnette à Nice, jusqu’alors sous contrôle de la Maison d’Anjou-Provence, en profitant de l’instabilité politique provoquée par la guerre civile de l’Union d’Aix (1382-1388). Dans l’implantation des princes savoyards en Provence orientale, il est possible de distinguer deux phases. Dans un premier temps, la tutelle savoyarde resta assez lointaine : les comtes de Savoie mirent certes en place des officiers pour administrer le territoire, mais laissèrent une assez grande liberté aux élites locales, notamment à la noblesse. La situation évolua dans un second temps. À partir des années 1410, les princes savoyards consolidèrent leur pouvoir, tant idéologiquement que politiquement. En 1416, l’empereur Sigismond octroya le titre ducal au comte Amédée VIII de Savoie, lui conférant une toute nouvelle autorité. Trois ans plus tard, le comte de Provence signa un traité reconnaissant la souveraineté de la Savoie sur la Provence orientale. Les ducs de Savoie étoffèrent également leur administration locale dans les années 1420, jusqu’à obtenir, vers 1460, un gouvernement solidement établi en pays niçois2.

2Dans ce transfert de pouvoir, les communautés rurales ou urbaines jouèrent un rôle primordial. Dès 1388, leurs membres envoyèrent des représentants auprès du comte de Savoie afin de reconnaître son autorité. En 1391, ils prêtèrent hommage au commissaire princier, entérinant de manière définitive le contrôle savoyard du territoire. Renforts au pouvoir comtal, les gouvernements des communautés pouvaient être traversés de tensions qui rejaillissaient sur les relations avec leur tutelle et se trouvaient à l’origine de révoltes. La documentation relative à la Provence orientale, pour la période 1388-1460, mentionne deux moments insurrectionnels : entre 1409 et 1412, une révolte rurale se propagea dans le Val de Massoins ; puis, en 1436, Saint-Martin-Vésubie et Nice furent également le lieu de troubles. Ces mouvements correspondent à deux temps bien distincts de la domination savoyarde : les révoltés de 1409-1412 vivaient en relative autonomie puisque la tutelle savoyarde était encore peu assurée, alors que ceux de 1436 connaissaient une administration savoyarde renforcée et un État princier en pleine affirmation de son autorité.

3Pourtant, dans l’écrit urbain, les rapports entre le pouvoir princier et le gouvernement niçois étaient présentés comme apaisés, et la tutelle semblait bien acceptée. C’est dans leurs comptes que les officiers en charge en Provence savoyarde (gouverneur et receveur) donnèrent quelques informations sur les révoltes, afin de justifier les dépenses engagées pour y faire face. Cette documentation a été conservée par copie : lorsque les officiers de Provence orientale rendaient leurs comptes à la Chambre de Chambéry, les clercs y officiant réalisaient une mise au propre à partir des documents comptables fournis. Ils reprenaient généralement les mots employés par les gouverneurs et receveurs. Leur étude permet donc de saisir les représentations que les officiers locaux savoyards ont eues des révoltes de Provence orientale, notamment grâce aux dénominations utilisées. Les différentes actions des officiers et l’évolution de leur récit nous invite à discuter de la participation des mouvements insurrectionnels à l’affirmation de la domination savoyarde en Provence, alors que les récits urbains et princiers ne s’en faisaient guère l’écho3.

La construction rhétorique d’une domination négociée et acceptée

4La conquête de la région entre Barcelonnette et Nice en 1388 fut très rapidement considérée par l’historiographie comme un moment d’acceptation contractuelle de la tutelle princière. Au xviie siècle, les historiens dénommèrent cet événement la « Dédition » de Nice. Le terme sous-entend que le territoire se serait donné à un possédant, ici le comte Amédée VII de Savoie. Cette construction historiographique ne s’imposa définitivement qu’au xixe siècle, alors que se développait l’idée d’un « droit des peuples » et que le plébiscite de 1860 permettait le rattachement de Nice à la France4. Ce discours présentant la domination comme apaisée voire négociée entre la communauté niçoise et le prince est pourtant ancien : porté par les élites urbaines et le pouvoir princier, il transparaît dans les cartulaires produits à Nice au milieu du xve siècle.

5Les représentants communaux avaient fait rédiger des recueils pendant la période provençale, au xive siècle. Ils y avaient fait inscrire quelques statuts urbains, mais les documents émanant des comtes de Provence (privilèges, ordonnances générales ou copies de mandements) prédominaient largement. Dans un nouveau cartulaire, élaboré en 1410, le gouvernement urbain intégra les conventions et les prestations d’hommages réalisées en faveur d’Amédée VII de Savoie, avant de reprendre, à la suite, les privilèges provençaux5. Dans les années 1450 à 1470, différents acteurs de la cité obtinrent leur propre recueil, donnant naissance à toute une série de codices. L’administration princière locale fit par exemple réaliser un cartulaire contenant les droits de la cité niçoise en 14606. Ce recueil se divise en trois parties distinctes, suivant un ordre plus ou moins chronologique. Le scripteur y a d’abord reproduit les actes relatifs au consulat niçois, de la fin du xiie siècle et du début du xiiie siècle. Puis il a retranscrit les documents de la période provençale (1176-1388). La copie d’un chirographe de 1176 ouvre ce temps, lorsqu’Alphonse d’Aragon, comte de Provence, et le gouvernement urbain niçois passèrent un accord établissant sa tutelle princière sur la cité. Pourtant, les comtes de Provence n’établirent leur contrôle qu’en 1229, et ce par les armes. Enfin, dans la dernière partie, la Savoie apparaît avec les conventions de la « Dédition » niçoise de 1388. Dans ce cartulaire de 1460, les autorités ont donc procédé à une sélection partiale des actes du chartrier, présentant l’intégration au comté de Provence comme entérinée par les Niçois dès la fin du xiie siècle. En 1176, Nice aurait été une ville libre qui n’aurait accepté de reconnaître Alphonse d’Aragon qu’en échange de la confirmation de ses statuts urbains7. En 1388, la situation se serait répétée avec Amédée VII de Savoie, considéré alors comme le successeur légitime de ces lignées de comtes de Provence. Son expédition militaire devint, par la réécriture, une « joyeuse entrée8 ».

6Cette construction historiographique précoce ne fut pas le seul fait des notables niçois. En effet, l’élévation de la Savoie en duché en 1416 fut l’occasion pour le nouveau duc de commander un récit familial. Le Picard Jean d’Orville dit Cabaret acheva la première Chronique de Savoye en 1419. Par la suite, Jean Servion reprit et étoffa le texte dans les années 1464 à 1466. Enfin, vers 1477, sur demande de la duchesse Yolande, Perrinet Dupin rédigea une Chronique du Comte Rouge, consacrée à Amédée VII de Savoie9. Les trois histoires, dont les deux plus récentes suivirent la trame établie par Cabaret, présentèrent l’annexion comme un choix des Niçois : Jean Cabaret d’Orville expliquait que les notables de la cité, réunis en conseil, hésitaient sur l’élection d’un nouveau protecteur. Ils auraient pu se donner comme souverain tant la commune de Gênes, que le pape ou encore le Dauphin ; mais un noble influent, Jean Grimaldi de Beuil, aurait mentionné le comte de Savoie, « l’un des meilleurs seigneurs qui soit au monde », et la suggestion aurait fait l’unanimité10. Si Jean Cabaret d’Orville et Jean Servion proposaient nommément des concurrents à Amédée VII dans le choix du prince, le dernier chroniqueur du xve siècle, Perrinet-Dupin, les fit disparaître. De plus, les auteurs précisaient qu’en amont les Niçois avaient obtenu l’autorisation de la part de leurs seigneurs, les Duras du royaume de Naples, de se choisir un nouveau prince. Ces anciens maîtres auraient tout de même spécifié que le souverain ne devait en aucun cas être le comte de Provence, Louis II d’Anjou, leur ennemi pendant la guerre civile de l’Union d’Aix (1382-1388).

7La vision de l’histoire ducale officielle faisait ainsi écho à ce que les cartulaires pouvaient suggérer : les rapports entre le prince et la communauté urbaine étaient apaisés et étaient strictement établis par l’accord des deux parties. Pourtant ce discours politique ne reflète pas toute la complexité des relations de domination et des conflits qui pouvaient en découler.

Les révoltes, dissonances d’une tutelle acceptée

Des insurgés, du Val de Massoins à Nice

8Les descriptions de révoltes dans les écrits des officiers savoyards permettent de remettre en question cette histoire commune apaisée. Dans leurs comptes, les gouverneurs et receveurs généraux de Provence savoyarde présentaient les dépenses de la répression. Parfois, ils livraient quelques éléments sur les motivations ou le déroulé des révoltes. Les soulèvements documentés sont au nombre de deux. Le premier est une insurrection rurale endémique, alors que le second est une révolte avant tout urbaine et ponctuelle.

9Entre 1409 et 1412, des membres des communautés rurales du Val de Massoins prirent les armes, au moment où le contrôle savoyard restait assez lâche. Dans les comptes du gouverneur et du receveur général de Provence orientale, les officiers princiers s’inquiétèrent. En ce début d’année 1409, ils décidèrent de renforcer la garde du pas du Val car des personnes voulaient se rebeller contre le comte et ses officiers11. Au même moment, les Maisons de Savoie et de Provence entraient en négociations et les agents princiers s’inquiétaient d’une attaque du comte Louis II d’Anjou12. Dans l’esprit des officiers, la convergence des événements faisait craindre la perte du territoire. Une première répression fut menée en janvier, et le vice-gouverneur de Provence André de Grolée, accompagné du juge de la viguerie de Nice, fit instruire un procès à l’encontre des rebelles13. Cependant, la révolte semblait endémique puisque, quelque temps plus tard, les officiers princiers craignirent que la nouvelle insurrection s’étendît à Nice14. En fait, il fallut attendre 1411 pour voir s’organiser une véritable répression : le gouverneur recruta des soldats niçois et mit en place une politique de pacification du territoire jusqu’en février 141215.

10À partir de la fin des années 1410, le duc de Savoie affirma son contrôle sur l’espace provençal sans entraîner la disparition des mouvements insurrectionnels. En 1436, une partie des habitantes et habitants de Nice, capitale de la Provence savoyarde, se révolta contre l’autorité princière16. Dès 1434, les officiers locaux mentionnèrent l’existence de troubles. Mais l’acmé eut lieu en 1436 et la répression ducale fut particulièrement sévère. D’après les comptes, Jeanne, épouse de Monet Verani de Nice, paya une composition pour avoir sonné l’alarme depuis Notre-Dame-du-Mont-Carmel, du temps de la révolte17. Cette mention indique d’abord la présence de femmes parmi les insurgés, même si aucune ne fut condamnée à davantage qu’une compensation financière. Par ses actions, Jeanne participa à la transformation de l’espace sonore de la cité : la cloche, avant tout signe de l’emprise des églises dans les villes, pouvait annoncer un danger ou encore informer d’événements importants. Elle signalait la réunion des chefs de famille en parlement public. Son tintement répondait à des contextes bien précis et normés18. En 1436, Jeanne s’appropria ce symbole commun et diffusa la nouvelle de la prise d’armes auprès des habitants des alentours. Elle rompait la vie encadrée de la cité. Les révoltés s’emparèrent des clés de la ville, normalement confiées aux syndics qui dirigeaient le conseil communal. Enfin, ils tentèrent d’occuper le château, siège du pouvoir ducal, mais y échouèrent. Dans ce déroulé, l’appropriation des lieux et attributs des gouvernants, tant urbains que princiers, est nette. Les clés de la ville, aux mains des représentants élus, et le son des cloches, qui appelait à la réunion d’assemblées élargies sur demande du conseil, sont autant de symboles d’une remise en cause par les habitants de Nice de leur gouvernement urbain. De plus, Jeanne fit résonner la cloche d’une église proche du palais communal, témoignage si explicite d’une légitimité refusée. Plus largement, il s’agissait d’une critique de l’ordre établi dans la ville et de la coopération entre pouvoirs princier et urbain.

11Les troubles ne semblèrent pas circonscrits à la cité, car les officiers princiers mentionnèrent une agitation à Saint-Martin-Vésubie, dans le Val de Lantosque19. Les habitants se révoltèrent contre les hommes du duc de Savoie, qui les réprimèrent militairement et firent condamner par la suite une trentaine de personnes20. La simultanéité des troubles de 1436, dans plusieurs lieux de la Provence savoyarde, montre que la critique du pouvoir princier était répandue dans les différentes vigueries, près de cinquante ans après la conquête de 1388. Lors du soulèvement du Val de Massoins en 1409-1412, les officiers savoyards avaient eu peur que la révolte ne se propageât à Nice ; cela finit par advenir en 1436.

Comment dire les révoltes ?

12Les événements de 1436 sont assez bien documentés, du fait de l’importance de la répression à Nice. Ils permettent de donner quelques pistes préliminaires dans l’étude de la qualification de la révolte d’après les comptes des receveurs généraux de Provence savoyarde.

13Les premières indications concernent l’annonce de troubles et le glissement vers la prise d’armes. Tout d’abord, à la date du 12 avril 1434, le gouverneur de Provence orientale fit porter une lettre au duc de Savoie, le prévenant qu’il existait une « rumeur » entre les citoyens et requérait l’envoi du maréchal pour pacifier Nice. Quatre jours plus tard, il renvoyait un messager au prince, car la cité risquait d’être perdue21. Au printemps 1435, les officiers confirmèrent l’existence d’une division à Nice et en juin ils utilisèrent, pour la première fois, le terme de rébellion (rebellio). Ce mot qualifiait déjà l’action des hommes dans le Val de Massoins (1409-1412) qui s’étaient révoltés (se rebellare). Les officiers employaient un vocabulaire à connotation politique : alors que la rumeur entre citoyens renvoyait à une division interne à la cité, la rébellion mettait en danger la stabilité du pouvoir princier. Les rédacteurs des comptes du receveur ne mentionnèrent aucun événement susceptible d’expliquer ce glissement dans la qualification des troubles, même si la « rumeur » portait déjà l’idée de révolte22. Cependant, la connaissance des événements incita le duc Amédée VIII de Savoie à agir pour apaiser les tensions. Le 16 juillet 1435, il publia une ordonnance afin d’aplanir les « nombreux désaccords, divisions, rancœurs et divergences qui perdurent et qui n’avaient jusqu’alors pas été réglés23 ». Dans ce premier temps, le prince se fit arbitre des troubles internes de la cité et livra son bilan politique de la situation : il s’agissait de divergences entre majores et minores cives et incolas dicte civitatis. Le comte comprenait les tensions comme des problèmes sociaux entre les deux catégories de majores et minores, dont il fit venir les représentants à Chambéry. Dans l’ordonnance du 16 juillet, Amédée VIII promulgua des mesures visant à la réforme du conseil urbain et à un élargissement de sa représentativité.

14Cette ordonnance ne mit pas fin aux troubles et les officiers princiers procédèrent à un basculement assez classique dans le vocabulaire. En novembre 1435, les divisions entre citoyens étaient qualifiées d’actes commis par les populares24. L’arbitrage ayant échoué, les responsables des comptes utilisèrent ce terme pour désigner les révoltés, et ce de manière exclusive. Ce mot, comme celui de minores, renvoie à la perception sociale que le pouvoir princier avait de ces hommes, appartenant aux catégories les plus modestes de la population. En juillet 1435, le duc de Savoie employait le terme de minores cives et les incluait de ce fait dans la société politique niçoise ; en novembre, la qualification de populares les en excluait et les définissait par leur opposition à l’élite des notables au conseil. La rupture au sein de la communauté était consommée aux yeux du pouvoir princier. Cette terminologie déniait toute légitimité aux revendications des insurgés et les dénigrait de manière assez classique. Les officiers chargés des comptes ne mentionnèrent guère les troubles durant l’année 1436 ; mais, à l’heure de sa répression, ils apportèrent un certain nombre d’informations. Avec l’emploi du mot de populares, l’échec de l’arbitrage et la condamnation de l’insurrection a posteriori, le vocabulaire connut une véritable rupture : en 1437, après la répression, ce furent des « méfaits, des crimes voire des séditions25 ». La même année, les officiers savoyards effectuèrent un glissement vers le lexique de l’émotion, avec le terme de « commotion des populaires », dégageant la révolte de la sphère politique26. En 1438, après la répression, les clercs de la chancellerie savoyarde qui rédigèrent l’amnistie pour les Niçois basculèrent vers l’idée d’une « conspiration27 », plus tournée vers le secret et la remise en cause du pouvoir.

Les motifs de la révolte de 1436

15Quelles réalités cache un tel vocabulaire ? Alors que les officiers considérèrent les actes commis durant la révolte comme des méfaits de la part des populares, ils dressèrent, après les troubles, un inventaire détaillé des biens des insurgés qui donne une vision différente28. Parmi les 101 condamnés se trouvaient quelques nobles, de riches marchands et un jurisconsulte. La majorité semble avoir été constituée d’artisans, qui pouvaient bénéficier d’une certaine sécurité matérielle, car 33 virent leurs propriétés confisquées (maisons et terres cultivables). En comparant avec les listes des fouages de 1421 et 1423, le nombre de condamnés imposables s’élève à 44, soit près de la moitié d’entre eux29. La perception des compensations en échange de rémission rapporta à elle seule 1 865 florins et 220 ducats d’or, auxquels il faut ajouter les ventes des biens des condamnés saisis. On semble assez loin, pour une partie d’entre eux, de simples travailleurs aux ressources financières limitées même si la sanction pécuniaire fut particulièrement lourde.

16La présence d’artisans assez aisés dans le mouvement insurrectionnel et l’ordonnance d’Amédée VIII visant à élargir le conseil communal pourraient indiquer une revendication politique30. En effet, après avoir reçu les représentants des majores et des minores, le duc proposa une répartition des élus au gouvernement urbain, non plus entre ville haute et ville basse comme c’était l’usage depuis le début du xive siècle, mais entre catégories sociales. Nobles, marchands, artisans et laboratores auraient le même nombre de conseillers. En 1433 déjà, à Turin, le duc de Savoie avait mené une réforme du gouvernement urbain pour l’élargir aux minores31. Cependant, la révolte ne peut être lue comme une simple revendication à une plus grande représentativité du gouvernement urbain. En effet, les insurgés étaient issus de milieux très divers et certains meneurs appartenaient à des familles de notables, dont les membres avaient déjà exercé des charges communales32. Le rejet du conseil urbain en place était pourtant évident d’après les actes des rebelles, qui s’emparèrent des clés de la ville. Dès 1435, cette remise en cause fut nette : parmi les représentants de Nice qu’Amédée VIII fit venir à Chambéry, ceux des majores furent nommés par le conseil de ville alors que les minores se réunirent dans le couvent des frères prêcheurs, dans la ville basse, pour choisir leurs propres élus33. Ce parti organise une véritable opposition aux élites communales. Le refus du conseil urbain niçois d’appliquer l’ordonnance de 1435 aurait pu encourager la reprise de l’agitation en 1436, mais cela reste sans certitude. Enfin, des indices semblent indiquer une révolte fiscale. Au printemps 1435, lors des premiers troubles à Nice, le gouverneur, les syndics et quelques Niçois fidèles engagèrent des dépenses pour renforcer les grilles de la maison de la gabelle34. De plus, en 1434, la cité de Nice avait accueilli la nouvelle duchesse de Savoie, Anne de Chypre, avant son départ pour le Piémont35 ; la même année, les collecteurs continuaient la levée du subside concédé pour le mariage de la fille du duc, Marguerite, devenue comtesse de Provence et reine de Naples en 143336. Simples indices d’une pression fiscale et d’engagements coûteux pour l’accueil de la nouvelle duchesse, ces éléments pourraient avoir participé à l’exaspération des populations locales37.

De la condamnation des individus au châtiment collectif : le rétablissement de l’autorité princière

17La remise en cause de l’autorité princière, ou la perception de la révolte comme telle, est très nette en 1436, à partir du moment où l’arbitrage comtal échoua. Le refus de la sujétion à la Savoie avait déjà été mentionné lors de l’insurrection du Val de Massoins (1409-1412)38. La condamnation individuelle, dans le cadre des procès, se doubla d’une punition collective à l’encontre des communautés39. Le châtiment devait permettre au pouvoir princier de restaurer son autorité, mais également le calme dans la cité.

18En 1436, sur les 101 inculpés, une partie fut d’abord enfermée dans la prison du château. Quinze d’entre eux furent condamnés à mort, châtiment répondant au crime de trahison. Le supplice fut spectaculaire : ils furent pendus, leurs membres tranchés40. Leurs restes furent exposés puis envoyés dans des tonneaux dans les chefs-lieux de la Provence savoyarde afin de servir d’exemple. Ils ne furent donc pas décapités comme le requéraient les cas de lèse-majesté41. Le châtiment était avant tout infamant. Parmi les autres peines, les bannissements s’élevèrent au nombre de 26, prononcés pour partie à l’encontre de ceux qui avaient fui. Les officiers du duc de Savoie obtinrent même l’accord du comte de Provence pour saisir les hommes qui s’étaient réfugiés dans son domaine voisin. Les exilés ne pouvaient rester en Provence savoyarde, mais certains pouvaient se rendre en Savoie et Piémont, qui relevaient également du duc. Ce dernier réaffirmait par ce biais la sujétion des condamnés à son pouvoir, dans un autre espace de la principauté. Enfin, plus de la moitié des rebelles (52) vit ses biens confisqués.

19La répression ne s’arrêta pas à la condamnation des rebelles puisque la communauté, en tant qu’entité juridique, fut elle aussi punie. Selon les droits canon et civil, elle pouvait être tenue responsable d’un délit commis par la majorité de ses membres ou par ses représentants. Elle était donc pénalement solidaire des violences collectives42. Tout d’abord, la première répression qui toucha les communautés fut, de manière assez classique, militaire : dans le cas du Val de Massoins, les habitants subirent la destruction des récoltes par les soldats savoyards. Ils partageaient le châtiment des rebelles. Puis les insurgés s’étant emparés de forteresses, les officiers locaux menèrent un long siège dans la vallée. De même, en 1436, la cité niçoise connut une véritable occupation militaire43. La réaffirmation de son pouvoir par le prince de Savoie put être symbolique : une fois les châteaux repris des mains des insurgés du Val de Massoins en 1412, un homme se rendit à Villars et à Massoins pour y peindre les armes du comte44. L’institution communale fut également visée par la répression. Malgré une évidente opposition des rebelles de 1436 au conseil urbain, ce dernier n’avait pas réussi à maintenir l’ordre pour le prince dans sa capitale. Le gouverneur fit saisir les archives de la ville et leva ainsi les privilèges qui en découlaient (libertés institutionnelles, impositions, etc.)45. Enfin, les communautés furent redevables, de manière assez classique, d’une peine pécuniaire. À Nice, le rétablissement de leurs droits en 1439 coûta aux habitants de la cité la somme conséquente de 6 000 florins46. Les femmes et les hommes du Val de Massoins durent quant à eux s’acquitter d’une première compensation financière de 2 000 florins. Pour leurs communautés, les officiers princiers ajoutèrent une imposition annuelle (25 florins par an), encore mentionnée dans les comptes de 145547. Le versement rappelait la condamnation sur la longue durée. Au contraire, la répression à Nice fut bien plus violente mais le pardon intervint de manière rapide et définitive : dès 1438, la communauté niçoise obtint la clémence princière, les archives de la ville lui furent rendues ; 46 lettres de rémission furent émises, permettant le retour des bannis. Par contre, l’amnistie des Niçois mentionnait l’obligation de serment pour tous les hommes de plus de 20 ans, les actes devant être conservés dans les archives princières locales48.

20Après le passage, obligé, par le châtiment individuel et collectif, les mentions de pardon témoignent d’une volonté d’apaisement de la part du pouvoir princier en 1437. Ce recours à la grâce princière, après la punition des villes, s’observe dans de nombreux cas. Entre 1453 et 1463, les élites de Bordeaux ouvrirent plusieurs fois leurs portes aux Anglais49. À chaque fois que la ville était reprise par les Français, ces derniers mettaient en place un arsenal punitif individuel et collectif : on y retrouve les condamnations à mort mais également la privation collective de libertés politiques et économiques. Entre les mains du roi de France, la grâce et le pardon devinrent un atout pour contrôler les populations, les encadrant strictement en ne concédant que très progressivement un retour de leurs privilèges. À Nice, cette amnistie intervint assez rapidement, soit deux ans après les événements et de manière définitive. La rémission ne signifie pas l’oubli, car les receveurs résumaient encore les événements de 1436 dans les comptes en 145450. Il est également difficile de concevoir que la restauration de l’autorité ducale mit un terme aux tensions internes de la société politique niçoise. La rupture du dialogue et des négociations entre les différents partis ont mené au conflit armé et les prises de position en faveur des deux camps ont dû laisser des traces dans les relations au sein de la communauté niçoise. Ainsi, pour mater les révoltes, le pouvoir savoyard s’était appuyé sur les populations locales. Ce fut le cas des ecclésiastiques : en 1409, un prêtre niçois se rendit au Val de Massoins pour apaiser les tensions ; de même, à Saint-Martin-de-Lantosque, en 1436, l’évêque de Nice, venu calmer les esprits, se fit molester par les rebelles. Les officiers princiers eurent des appuis au sein de la population de Provence orientale : en 1411, des soldats niçois se rendirent au Val de Massoins pour mater la révolte et le seigneur Laurent de Berre fut nommé capitaine du Val51. Le pouvoir procédait, de manière assez classique, à la promotion de nobles locaux afin de contrôler les régions récemment conquises.

21En parallèle de la mobilisation des individus, les officiers du prince encouragèrent la participation collective ou institutionnelle : pour mâter la révolte du Val de Massoins, ils ordonnèrent la levée d’un subside sur toutes les communautés de Provence orientale52. Enfin, dans ces deux moments insurrectionnels, les représentants communaux de Nice furent considérés comme des appuis de la tutelle savoyarde, et ce dès 1409 : le lieutenant du gouverneur à Nice prenait ses décisions durant les réunions du conseil urbain (envoi d’ambassadeurs, rédaction des lettres clauses, nomination des capitaines)53. La participation des représentants communaux à la répression impliquait une rupture de l’équilibre dans la société politique niçoise. La victoire de l’oligarchie s’observait dans les rues de Nice puisque les possessions des condamnés saisies furent vendues aux enchères, voire concédées en récompense. Dès lors, la redistribution des biens immobiliers entre les mains des personnes neutres ou partisanes du pouvoir princier réorganisa l’espace urbain et cristallisa la division politique54.

Conclusion

22L’étude de ces deux temps insurrectionnels a permis d’aborder deux modalités de répression et deux conceptions de la domination en Provence savoyarde. Les troubles de Nice en 1436 sont particulièrement bien documentés tandis que les mentions des oppositions rurales, du Val de Massoins de 1409 à 1412 ou du Val de Lantosque en 1436, sont plus ponctuelles. Le contexte politique de la domination savoyarde constitue un autre élément de différenciation. En effet, en 1412, la Provence orientale restait une terre peu intégrée à la principauté et les comtes de Provence, anciens maîtres du territoire, n’avaient toujours pas reconnu la souveraineté savoyarde. En 1436, l’insurrection se propagea alors que le duc de Savoie avait affirmé son autorité par le biais d’une réorganisation juridique et administrative. La répression permit aux Savoyards de faire passer définitivement sous leur coupe le conseil urbain niçois, qui ne put plus se réunir sans la présence d’un officier ducal. Elle participa au renforcement du contrôle savoyard sur sa capitale régionale. Enfin, dans les comptes des gouverneurs et des receveurs de Provence orientale, les troubles de ces deux temps n’eurent pas le même traitement. Tout d’abord, les clercs de la Chambre de Chambéry établirent des comptes de plus en plus étoffés, tout au long du xve siècle. Ensuite, les officiers princiers semblaient s’inquiéter davantage d’une révolte dans leur capitale régionale que parmi les communautés rurales. Ces deux éléments expliquent ainsi les détails, plus nombreux, documentant l’insurrection urbaine de 1436.

23Dans le cas de Nice, la construction d’un discours d’une domination acceptée ne résiste donc pas à l’examen des événements. Elle ne mettait en scène que deux acteurs : le pouvoir princier et le conseil urbain. Tous deux produisirent, à leur manière (cartulaires ou chroniques), un récit commun. L’institution communale, considérée par le droit romain comme l’émanation de la communauté, en serait le représentant légitime et ferait l’écho des préoccupations de ses habitants. Or, par l’existence de révoltes, cette image se fissure, alors qu’une partie de la population s’oppose à son propre gouvernement urbain et à son prince.

Notes de bas de page

1 Gioffredo Pierre, Storia delle Alpi-Marittime, Turin, Stamp. reale, 1839, vol. 3, p. 500-501.

2 Sur la principauté savoyarde, voir notamment Castelnuovo Guido, Ufficiali e gentiluomini. La società politica sabauda nel tardo medioevo, Milan, Franco Angeli, 1994 ; Barbero Alessandro, Il ducato di Savoia. Amministrazione e corte di uno stato franco-italiano (1416-1536), Rome, Editori Laterza, 2002.

3 Pour un point récent sur l’historiographie, voir Contester au Moyen Âge, actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public (XLIXe congrès, Rennes, 2018), Paris, Éditions de la Sorbonne, 2019 ; pour la documentation urbaine, nous renvoyons à la journée d’études tenues en 2017 « Enregistrer les crises », avec mise en ligne des contributions des auteurs et autrices : [https://regidel.hypotheses.org/contributions-des-participants-2017].

4 Ripart Laurent, « La “Dédition” de Nice à la Maison de Savoie : analyse critique d’un concept historiographique », Cahiers de la Méditerranée, no 62, 2001, p. 17-45.

5 Paris, BnF, NAL 1583.

6 Archives départementales des Alpes maritimes, Nizza e contado, Mazzo 2, fasc. 1, étudié par Ripart Laurent, « Le livre des chapitres de la ville de Nice (vers 1460). Aux origines juridiques et historiographiques de l’identité niçoise », Histoire des Alpes, no 6, 2001, p. 27-54.

7 Ibid., p. 37-38.

8 Archives départementales des Alpes maritimes, Nizza e contado, Mazzo 2, fasc. 1. Le titre porté par l’acte de 1388 par le cartulaire au folio 165 est : Conventiones et pacta inhite et inhita inter illustrem principem nostrum dominum Sabaudie ex una parte in suo felici adventu et homines universitatis Nicie ex alia. Élément signalé par Ripart Laurent, « Le livre des chapitres », art. cité, p. 38.

9 Pour un point sur l’historiographie de la Savoie, voir Ripart Laurent (éd.), Écrire l’histoire, penser le pouvoir. États de Savoie, xve-xvie siècles, Chambéry, université Savoie Mont-Blanc (LLSETI), 2018.

10 Chaubet Daniel, La Chronique de Savoye de Jean Cabaret d’Orville (en français moderne), Chambéry, La Fontaine de Siloë, 1995, p. 275.

11 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/31, no 4 (comptes du gouverneur).

12 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/01, no 2 (comptes du receveur), fo 2 vo et Ni Camerales 52/31, no 4.

13 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/31, no 4.

14 Ibid.

15 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/01, no 2, fo 64 vo-fo 68.

16 La chronologie des événements a été reconstituée par Eugène Caïs de Pierlas, dans La ville de Nice pendant le premier siècle de la domination des princes de Savoie (de 1388 à la fin du xve siècle), Nice, Librairie niçoise, 1976 (1898), p. 166-189.

17 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/04, no 11 (comptes du receveur), fo 43 vo. Sur les compositions, voir Carrier Nicolas, « Une justice pour rétablir la “concorde” : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin xiiie-début xvie siècle) », in Le règlement des conflits au Moyen Âge, actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public (XXXIe congrès, Angers, 2000), Paris, Publication de la Sorbonne, 2001, p. 237-257.

18 Pour les études sur le paysage sonore, nous renvoyons à l’étude fondatrice de Corbin Alain, Les cloches de la terre. Paysage sonore et culture sensible dans les campagnes au xixe siècle, Paris, Albin Michel, 1994 ; et à l’ouvrage récent de Hablot Laurent et Vissière Laurent (éd.), Les paysages sonores du Moyen Âge à la Renaissance, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2016.

19 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/04, no 11, fo 43 vo-fo 44. Il est possible que les habitants de Contes, village situé entre Nice et Saint-Martin-Vésubie, aient participé à la révolte car on trouve mention d’une lettre de rémission en faveur de la communauté en 1439, dans les comptes du chancelier de Savoie, mais le motif n’est pas précisé (AS Torino, Sezioni Riunite, Inv. 41, Foglio 1, no 56, fo 24).

20 Caïs de Pierlas Eugène, La ville de Nice, op. cit., p. 174.

21 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/04, no 9, fo 68 vo-fo 69.

22 Gauvard Claude, « Rumeur et stéréotypes à la fin du Moyen Âge », in La circulation des nouvelles au Moyen Âge, actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public (XXIVe congrès, Avignon, 1993), Paris/Rome, Publication de la Sorbonne/École française de Rome, 1994, p. 161.

23 Archives départementales des Alpes maritimes, Paesi per a e b, Mazzo 5, fo 355 vo.

24 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/04, no 11, fo 94 (11 novembre 1435).

25 Ibid., fo 42 vo (16 mai 1437).

26 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/04, no 11, fo 44 (9 juillet [?] 1437).

27 Archives municipales de Nice, AA 1/23 (amnistie des Niçois, 12 mai 1438).

28 Les chiffres donnés reposent sur l’étude réalisée par Caïs de Pierlas Eugène, La ville de Nice, op. cit., p. 177-183.

29 Bottin Henri-Louis, Le Prince, la Ville et la Loi. Contribution à l’étude de la norme écrite à partir des statuts de Nice (xiie-xve siècles), thèse de doctorat (dactylographiée), Nice, université de Sophia Antipolis, 2008, p. 634.

30 Monique Bourin proposait déjà de s’interroger sur la politisation des artisans dans Villages médiévaux en Bas-Languedoc, vol. 2, Paris, L’Harmattan, 1987, p. 323.

31 Barbero Alessandro, « La vita e le strutture politiche nel quadro della bipolarità signore-comune », in Rinaldo Comba (éd.), Storia di Torino. II. Il basso Medioevo e la prima età moderna (1280-1536), Turin, G. Einaudi, 1997, p. 544-553.

32 Un des meneurs de la révolte Jean de Roncalliolo avait pour père un syndic qui exerçait donc la plus haute charge au gouvernement urbain en 1434.

33 Caïs de Pierlas Eugène, La ville de Nice, op. cit., p. 159.

34 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/04, no 9, fo 71.

35 Caïs de Pierlas Eugène, La ville de Nice, op. cit., p. 168.

36 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/04, no 9, fo 69 vo : la pression fiscale devait être conséquente car les habitants de Villefranche demandèrent une réduction au début de l’année 1434.

37 Henri-Louis Bottin a proposé de voir dans cette révolte une opposition entre la ville haute et la ville basse dans Le Prince, la Ville et la Loi, op. cit., p. 633. Elle pourrait alors être compatible avec la révolte fiscale puisque la ville haute bénéficiait des franchises contrairement à la ville basse, comme mentionné dans les comptes du receveur de 1434-1437 (Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/04, no 11, fo 21). Cependant, cette exemption visait à peupler la ville haute. Malgré ce privilège, elle restait peu attractive et ses habitants ne devaient pas être nombreux et influents.

38 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/01, no 2, fo 19 vo (26 janvier 1409).

39 Ce questionnement sur les châtiments collectifs est assez récent et a fait l’objet de colloques à Lyon puis à Montpellier en 2008 et 2009. Les actes furent publiés in Gilli Patrick et Guilhembet Jean-Pierre (éd.), Le châtiment des villes dans les espaces méditerranéens : Antiquité, Moyen Âge, époque moderne, Turnhout, Brepols, 2012.

40 La pendaison est appliquée sans distinction de statut social. Sur la pendaison et la décapitation, voir Gonthier Nicole, Le châtiment du crime au Moyen Âge (xiie-xvie siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1998, p. 118-123.

41 Le terme n’apparaît d’ailleurs pas dans la documentation princière ; sur le châtiment des rebelles, voir Gauvard Claude, Condamner à mort au Moyen Âge : pratiques de la peine capitale en France (xiiie-xve siècle), Paris, Presses universitaires de France, 2018, p. 42.

42 Lesné-Ferret Maïté, « Pouvoir municipal et châtiment de villes méridionales aux douzième et treizième siècles », in Gilli Patrick et Jean-Pierre Guilhembet (éd.), Le châtiment des villes dans les espaces méditerranéens : Antiquité, Moyen Âge, époque moderne, op. cit., p. 175-186.

43 Pour le détail des troupes, voir Caïs de Pierlas Eugène, La ville de Nice, op. cit., p. 172-173.

44 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/01, no 2, fo 74.

45 Archives municipales de Nice, AA 1/23.

46 Archives municipales de Nice, CC 694/05 (27 novembre 1439).

47 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/08, no 23, fo 4 vo.

48 Archives municipales de Nice, AA 1/23.

49 Bochaca Michel et Prétou Pierre, « Entre châtiment et grâce royale : l’entrée de Bordeaux dans la mouvance française (1453-1463) », in Patrick Gilli et Jean-Pierre Guilhembet (éd.), Le châtiment des villes dans les espaces méditerranéens : Antiquité, Moyen Âge, époque moderne, op. cit., p. 87-114.

50 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/08, no 23, fo 31 vo-fo 32.

51 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/31, no 4.

52 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camérales 52/02, no 3, fo 23 vo.

53 Archives départementales des Alpes maritimes, Ni Camerales 52/31, no 4.

54 Sur la rupture de l’équilibre politique dans les cas de conflits, voir Zorzi Andrea, « “Fracta est civitas magna in tres partes”. Conflitto e costituzione nell’Italia comunale », Scienza et Politica, vol. 39, 2008, p. 61-87.


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