Bernard d’Armagnac : les réponses d’un pouvoir princier aux contestations internes (1391-1418)

Emmanuel Johans

p. 249-262


Texte intégral

1Le principat de Bernard VII d’Armagnac dure vingt-sept ans de 1391 à 14181. Néanmoins, sur cette longue période, son autorité rencontre à plusieurs reprises des oppositions dans sa famille et dans les cercles aristocratiques. Dès le début, sa légitimité à succéder à son frère aîné Jean III est mise en doute et le comté de Comminges, pourtant essentiel dans la lutte séculaire contre la famille de Foix-Béarn, est perdu. L’hostilité de la branche cadette des Armagnacs, celle des vicomtes de Fézensaguet, aboutit en 1400 à une guerre fratricide. L’adhésion de Bernard à la ligue de Gien en 1410 dresse contre lui ses ennemis dans le Midi. Le ralliement de la comtesse de Comminges et du comte de Foix vicomte de Béarn au camp bourguignon en 1412 fournit à ces derniers un argument de poids pour saper le pouvoir armagnacais dans le sud du royaume : Bernard d’Armagnac peut être présenté comme un traître au gouvernement royal dominé par le duc de Bourgogne.

2Or, Bernard VII parvient à surmonter la crise de succession initiale, à écraser ses cousins de Fézensaguet et à neutraliser ses adversaires fuxéens et autres pro-bourguignons. Certes cette réussite tient à la mobilisation de moyens qui lui manqueront à partir de 1415 quand il prend la barre du gouvernement royal dans le nord de la France. La part de fragilité que révèlent les épisodes méridionaux entre peut-être dans l’explication de l’échec final en 1418. Mais il est intéressant d’examiner de plus près les différents dispositifs auxquels recourt le prince Armagnac pour s’affranchir des difficultés qui contrarient son gouvernement dans le sud. Son habileté à manier plusieurs types d’outils politiques, juridiques et militaires le fait remarquer des autres princes français qui en 1410 lui confient la direction opérationnelle de la coalition contre Jean sans Peur et qui en 1415 lui permettent d’accéder à la tête du gouvernement du royaume.

Le combat pour la succession de la principauté

3Le 25 juillet 1391, le comte Jean III d’Armagnac meurt lors d’une expédition en Italie2. Il n’a pas de fils. Or, depuis la fin du xiiie siècle, à chacune des quatre successions en 1285, 1319, 1373 et 1384, les comtés jumeaux d’Armagnac et de Fézensac ont été dévolus au fils aîné du comte décédé, les filles étant écartées3. Jean III laisse deux filles de son union avec Marguerite comtesse de Comminges. En 1245, une femme, Mascarose de Lomagne nièce de Bernard V, avait prétendu à l’héritage armagnacais. Mais précisément elle avait été battue en 1254 par Géraud VI un cousin de l’ancien comte, fondateur de la présente dynastie4. En revanche, en 1304, le comté de Rodez second pilier de la principauté d’Armagnac est passé aux mains de Bernard VI grâce à son mariage avec Cécile héritière principale de son père Henri II, aux dépens de ses sœurs, alors que la primogéniture masculine prévalait jusqu’alors pour les comtes ruthénois5. Les droits des filles de Jean III sur tout ou partie de l’héritage princier peuvent donc être défendus. D’ailleurs, les comtes précédents avaient envisagé cette éventualité pour la rejeter. Les testaments de Jean Ier du 5 avril 1373, de Jean II du 4 janvier 13826 et de Jean III en 13897 avaient institué Bernard héritier substitué de son frère, avec certes dans les deux derniers testaments l’engagement de marier ses nièces, les donetas. Des dots de 20 000 livres tournois étaient prévues contre la renonciation à l’héritage. De plus, avant de partir en Italie, Jean III avait nommé son frère lieutenant général pour toutes ses possessions.

4Le premier argument de Bernard VII pour succéder à son frère est ainsi un argument juridique. En pays de droit écrit, il s’appuie sur trois testaments successifs en sa faveur. En l’absence d’hoir mâle, ceux-ci retiennent le principe de masculinité pour la succession aux dignités comtales. Ce choix rejoint le précédent capétien réaffirmé dans le testament de Charles V qui à l’occasion invente la référence à la loi salique. L’ordonnance royale de 1374 prévoit la distinction entre l’hereditas, l’héritage privé, dont les filles ne sont pas exclues, même si les fils ont la priorité, et la dignitas ou honorabilitas, le gouvernement de la chose publique, qui est interdit aux femmes. En pratique, cela aboutit à l’exhérédation des filles en ce qui concerne les fonctions royales et princières8. Après la succession de Bourgogne en 13619, le principe de primogéniture mâle s’applique à celle d’Armagnac. On peut y voir, malgré le maintien de bien des particularismes locaux, la marque de l’adhésion du Midi à un corpus encore réduit de coutumes inspirées par la monarchie et communes au royaume.

5Il est évident que cette argumentation juridique est soumise à Bernard VII par son entourage curial peuplé de légistes. Les civilistes sont nombreux à la cour des comtes dès le début du xive siècle. Ils sont désormais intégrés dans les organes de gouvernement, tels le Conseil créé vers 1360 et la Chancellerie établie vers 1373. Ils sont donc pleinement associés aux prises de décision. En 1391, Bernard VII conserve à ses côtés des officiers qui ont été nommés par ses prédécesseurs. Le chancelier d’Armagnac Bernard de Grossoles docteur ès lois est en poste depuis 1385. Autre membre du Conseil et de la Chancellerie, le licencié ès lois Pierre de Mayres est notaire secrétaire depuis 1377. Les juges du comté de Rodez, Pierre de Laparre, de la ville de Rodez, Jean de Laparre, et des Montagnes du Rouergue, Géraud de Valiech, tous licenciés ès lois, sont maintenus.

6Outre le droit, le comte d’Armagnac dispose de la force. Jeanne et Marguerite les filles de Jean III ainsi que leur mère Marguerite de Comminges sont sous sa main à la cour. Toutefois, la veuve de Jean III n’abdique rien des droits de ses filles, entend reprendre son comté de Comminges et réclame l’élargissement de sa mère Jeanne de Comminges toujours confinée à Lectoure. En 1378, son union avec le futur Jean III avait été un mariage forcé sous pression de l’armée de Jean II afin de rattacher le Comminges à la principauté armagnacaise et de le soustraire aux appétits de Gaston Fébus10. Le retour à l’indépendance du Comminges affaiblirait l’Armagnac dans la zone pyrénéenne.

7Face à cette difficulté supplémentaire, Bernard VII recourt à une tentative de conciliation. Il propose à son ex-belle-sœur de l’épouser pour conserver le Comminges et peut-être par une future naissance mâle régler la question successorale. En 1376, Marguerite avait été initialement promise à Bernard. Mais la comtesse de Comminges refuse, d’autant plus que la dispense a été refusée en cour d’Avignon. À ce blocage s’ajoute la nouvelle attitude du rameau cadet de la maison d’Armagnac, les Fézensaguet. Cette tige seconde s’est constituée à partir du frère de Bernard VI, Gaston vicomte de Fézensaguet et de Brulhois ainsi que vicomte de Creissels et baron de Roquefeuil par son union avec Valpurge de Rodez sœur de Cécile. Ses descendants doublement cousins des comtes armagnacais suivent la politique de la branche aînée jusqu’au décès de Jean Ier le 20 juin 1390. Son fils Géraud II a étendu cette principauté subalterne en devenant comte de Pardiac en 1379 grâce à son mariage avec Anne de Monlezun.

8D’emblée, Géraud II adopte un comportement inamical vis-à-vis de Bernard VII. Cousin de Marguerite, il propose à cette dernière de marier ses filles à ses propres fils Jean II et Arnaud-Guilhem, ce qui permettrait aux Fézensaguet de récupérer l’héritage Armagnac. L’alliance anti-Bernard VII serait complétée par l’union de la comtesse de Comminges et du nouveau comte de Foix Mathieu de Castelbon. Cette dernière combinaison est rejetée par l’intéressée. Cependant, Géraud II convainc Marguerite de fuir la résidence du comte d’Armagnac à Lavardens pour le Comminges11. À la fin de l’année 1392, elle épouse le fils aîné de Géraud II, Jean II, son cousin au troisième degré. Cet arrangement permet aux Fézensaguet de subtiliser le Comminges au rameau aîné12. La menace reste sérieuse pour Bernard VII. Le comte de Pardiac et son fils comte de Comminges sont à la tête de domaines plus réduits que ceux de la principauté d’Armagnac, mais ces domaines se sont agrandis et voisinent de toutes parts les terres de Bernard VII : comtés de Pardiac, de Comminges, vicomtés de Fézensaguet, de Brulhois en Gascogne, vicomté de Creissels en Rouergue, baronnies de Preixan, Arzens et Alairac en Carcassès. Les Fézensaguet sont alliés aux familles de Caraman et de Lévis. Qui plus est, Géraud II affirme son indépendance en refusant de livrer hommage à Bernard VII, y compris pour des fiefs situés en Fézensac, c’est-à-dire dans la principauté armagnacaise, les baronnies d’Ordan et de Biran, qu’il tient de son épouse. Ce défi le fait passer pour un félon aux yeux du comte d’Armagnac.

9Malgré le droit affirmé par les légistes, Bernard VII échoue à résoudre le conflit intrafamilial et à intimider un nouvel ennemi dont les forces ne sont pas négligeables. Il détient pourtant d’autres atouts qui vont se révéler déterminants. Dès son plus jeune âge, il a été avec son frère associé au pouvoir aux côtés de leur père Jean II. En 1377, à 15 ans, il a participé à la prise de plusieurs places en Bordelais13. Il hérite d’ailleurs du comté de Charolais et des baronnies de Cazaubon et de L’Isle-d’Arbéchan en Armagnac14. Jean III lui a renouvelé cette confiance en le nommant son lieutenant en Rouergue en 1385. Il y dirige les troupes levées grâce aux subsides votés par les états rouergats pour lutter contre les bandes de routiers « anglais » et reprendre les châteaux qu’elles occupent. Il apprend donc l’exercice de l’autorité.

10Il noue des relations avec la noblesse et le clergé locaux, par exemple Arnaud II de Landorre vicomte de Cadars sénéchal royal du Rouergue, Gui VIII baron de Sévérac, Jean Ier de Castelnau baron de Calmont, Hugues III baron d’Arpajon, Bérenger baron de Castelpers conseiller de son père puis de son frère, Jean baron d’Estaing, Pons Ier de Cardaillac vicomte de Murat, Arnaud Ier vicomte de Villemur seigneur de Mouret, Marquès IV de Beaufort baron de Canilhac, Garin VII baron d’Apcher sénéchal royal du Rouergue de 1387 à 1390, procureur et chambellan de Bernard d’Armagnac, Gaillard de Bessens sénéchal du comté de Rodez, Bertrand d’Esparrou, Déodat Héraud coseigneur du Ram, Bernard Jourdain du Bourg de Salles, Bérenger Sigaud seigneur de La Capelle-Viaur, Bertrand et Jean IV de Morlhon, Amaury de Bertholène, Raimond de Montarnal, Guillaume de Belvezer, Jean Le Roux de Rodelle… Des cadets de grandes familles rouergates vassales sont ses compagnons de combat, tels Amaury de Sévérac, Guillaume II de Soulages et Ratier de Landorre frère d’Arnaud II15. Il entretient également de bons rapports avec les consulats ruthénois. En 1389-1390, son expérience militaire est confortée par une expédition en Catalogne menée avec des capitaines de route qu’il a détournés du Rouergue, même s’il doit l’interrompre sous pression du roi de France16.

11C’est très probablement l’association précoce à la puissance princière et le gouvernement du Rouergue au nom de son frère qui expliquent en grande part le succès de Bernard VII. Ce succès se manifeste par l’adhésion au nouveau comte de la majeure partie des élites de la principauté, en premier lieu rouergates. À la fin de 1391 et au début de 1392, lors d’états tenus à Auch, les vassaux du Rouergue reconnaissent sans restrictions Bernard VII. Les habitants de Rodez lui accorderont un accueil comparable à une joyeuse entrée, aux cris de « Rodez pel comte », et les rues sont couvertes de bannières écartelées aux quatre lions de la maison d’Armagnac-Rodez, avant qu’il ne soit coiffé de la couronne de fer des comtes ruténois dans la cathédrale. Les hommages des seigneurs rouergats ralliés à sa cause se concentrent du 25 février au 17 mars 139217. L’installation en Rouergue dès 1385 s’avère payante. En revanche, ceux d’Armagnac et de Lomagne lui prêtent allégeance, mais en exprimant des réserves, dans l’attente d’un examen plus approfondi des prétentions des donetas. De même, les quatre barons de Fézensac ne délivrent qu’un serment conditionnel18. Les notables de la principauté balancent vraisemblablement entre l’attachement à la légitimité du sang et la conscience d’appartenir à un ensemble territorial qui, s’il veut durer, doit être confié à un homme fort, plutôt qu’à des jeunes filles.

12Néanmoins, le ralliement politique de la majorité des vassaux princiers, plus peut-être que les arguments juridiques, est décisif. Il pousse apparemment la cour de France à accepter le nouveau comte. À Pâques 1392, soit le 14 avril, à Gisors, Charles VI consent à l’hommage de Bernard VII. Celui-ci donne de plus des garanties en laissant sans réponse les sommations à prêter allégeance adressées par le roi d’Angleterre. Le comte d’Armagnac fait ici preuve d’une habileté diplomatique acquise dans les arcanes du pouvoir. Afin d’écarter le danger fuxéen, il laisse faire le mariage de sa cousine germaine Jeanne d’Aragon qui a des droits sur la couronne espagnole, avec le jeune Mathieu de Foix-Castelbon le 4 juin 1392.

13À l’été 1392, la folie du roi change encore la donne. Elle autorise le retour aux affaires des oncles de Charles VI. Jean duc de Berry retrouve la lieutenance générale du Languedoc. Oncle maternel de Bernard VII et soutien des Armagnacs entre 1358 et 1389, Jean de Berry semble pourtant hésiter. Son épouse Jeanne d’Armagnac étant décédée en 1387, il s’est remarié en 1389 avec Jeanne II d’Auvergne et de Boulogne, dont Marguerite de Comminges est la tante maternelle19. Dans un premier temps, il tient probablement à ménager Marguerite et lorgne sur l’héritage commingeois. Le mariage fin 1392 de cette dernière avec Jean II de Fézensaguet lui déplaît certainement.

14Le comte d’Armagnac comprend qu’il doit retisser des liens avec le duc de Berry afin de conforter sa place. Les tractations ont vraisemblablement duré plus d’un an. Elles aboutissent cependant. Le 17 décembre 1393, à Mehun-sur-Yèvre, Bernard VII signe un contrat de mariage avec sa cousine germaine Bonne, fille aînée de Jean de Berry et veuve depuis deux ans du comte Amédée VII de Savoie. Le contrat prévoit une dot constituée de la vicomté de Carlat qui avait autrefois appartenu aux comtes ruthénois et que le duc de Berry avait achetée en 1392. La vicomté ne sera dévolue qu’en novembre 141020. En attendant, l’union matrimoniale renouvelle l’alliance entre Armagnac et Berry qui est un prince de la maison royale, prince des fleurs de lys. Les fiançailles sont prononcées le 8 janvier 1394. Les noces en présence des deux époux sont célébrées le 26 janvier 1395. Elles donnent lieu à une entrée solennelle de la comtesse à Rodez et à Gages21.

15Le rapprochement avec Berry lieutenant du roi dans le Midi permet à Bernard VII de triompher. En 1393, il a par ailleurs définitivement cédé ses droits sur le Charolais à son seigneur supérieur pour ce comté, Philippe le Hardi duc de Bourgogne qui dirige le gouvernement royal, ce qui peut lever des obstacles supplémentaires22. Au cours de cette année, le comte d’Armagnac recueille le ralliement de Jourdain comte de L’Isle-Jourdain. En novembre de la même année, il reçoit la soumission complète de tous ceux qui avaient émis des réserves en Armagnac, Fézensac et Lomagne, y compris celle du comte de Pardiac23. Pour plaire à son nouveau beau-père, le comte d’Armagnac répond favorablement à sa demande d’aménager l’internement de la comtesse douairière Jeanne de Comminges à Lectoure depuis 1378. Elle est libérée sous condition à Toulouse en 139424. Cette libération partielle encourage un certain nombre de nobles commingeois dont Gaillard de La Roche seigneur de Fontenilles à se détacher de la fidélité à Marguerite mariée à Jean II de Fézensaguet et à organiser un camp pro-Berry25.

16En trois ans, les difficultés liminaires qu’avait rencontrées Bernard VII pour s’imposer se sont effacées. Le nouveau comte a su tirer tous les avantages de son expérience gouvernementale en exploitant les services de ses légistes pour défendre son droit, en obtenant le ralliement massif des élites de la principauté et en arrachant l’appui du roi puis du duc de Berry. Ces manœuvres impliquent l’affirmation de positions de force ou la capacité à faire des concessions, mais il a gagné sans être obligé à en venir à la guerre.

Fig. 1. – Les domaines de la famille d’Armagnac en 1404.

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La guerre fratricide et la liquidation des Fézensaguet

17Dans une deuxième étape, Bernard VII en vient au conflit ouvert avec les Fézensaguet, à l’annexion de leurs terres et à leur élimination physique. En fait, de 1393 à 1395, des accrochages ont lieu entre partisans du comte de Pardiac et ceux du comte d’Armagnac, comme le baron bigordan Manaud de Barbazan qui a des possessions en Fézensaguet, Bajonnette et Goutz26. Géraud II aurait eu recours à des compagnies « anglaises ». Mais il est mis en échec et consigné quelques mois entre 1395 et 1396 à Toulouse au cours d’un procès devant le Parlement pour guerre privée « à bannière déployée27 ». Sur ordre de Jean de Berry, la comtesse douairière Jeanne de Comminges est totalement relâchée en 1394. L’union Pardiac-Comminges lui déplaît et elle entend se venger de Roger de Comminges vicomte de Couserans et de certains aristocrates commingeois qui l’ont trahie en 1378. Ses affidés, telle la famille de Lanta, se heurtent violemment à ceux de Géraud II, ce qui sert les intérêts de Bernard VII, jusqu’au décès de Jeanne de Comminges qui teste le 29 avril 1398 en faveur de sa fille28.

18Ces troubles en Comminges distendent les liens entre Jean II de Fézensaguet et Marguerite de Comminges, d’autant plus que leur mariage qui est marqué par la différence d’âge, n’a donné aucun enfant et que certaines versions évoquent une maltraitance de la comtesse par Jean II. En 1400, la mésentente entre les deux époux qui se sont séparés, dégénère en conflit armé pour le contrôle du Comminges29. Changeant son arme d’épaule, Marguerite en appelle à Bernard VII pour défendre son comté contre les appétits de son mari et de son beau-père Géraud II comte de Pardiac. Elle avance le fait qu’à son décès le Comminges reviendra à ses deux filles qui sont toujours en Rouergue sous la garde du comte d’Armagnac. Celui-ci apporte son soutien à la comtesse commingeoise à la fin de l’année 140030.

19Cet interventionnisme armagnacais entraîne une contre-offensive des Fézensaguet. Ceux-ci exploitent immédiatement leurs atouts géostratégiques. Ils garnissent de soldats les trois forteresses chefs-lieux de leurs domaines, qui sont frontaliers de la principauté d’Armagnac : Géraud II avec des Béarnais à Monlezun en Pardiac, Jean II avec des « Anglais » à Mauvezin en Fézensaguet et Arnaud-Guilhem à Laplume en Brulhois. En outre, ils essaient d’attirer à eux l’essentiel de la noblesse du Comminges et emploient des contingents béarnais et « anglais » commandés par le Bâtard de Lescun pour occuper le comté31. Bernard VII accuse alors son cousin de félonie envers lui et de traîtrise à la Couronne pour l’usage de recrues « étrangères ». Il le considère comme son vassal pour ses domaines paternels de Fézensaguet et de Creissels qui seraient dépendants pour le premier du comté de Fézensac, pour le second du comté de Rodez, comme des sortes d’apanages. Géraud II conteste cette interprétation. Il s’estime feudataire direct du roi dans tous les cas32.

20Par une chevauchée hardie partie de Monlezun, le comte de Pardiac et son fils comte de Comminges s’emparent du palais comtal de Lavardens en Fézensac, où ils capturent Bernard de Grossoles chancelier d’Armagnac, lieutenant du comte33. Poussant leur avantage, ils attaquent, cependant de manière plus dispersée, à l’ouest la rivière de Bigorre et à l’est la Lomagne, et ce au cri lignager de « Pardiac et Monlezun ». Toutefois, les colonnes armagnacaises repoussent les Fézensaguet jusque dans leur château de Monlezun qui est enlevé, après qu’ils s’en sont échappés. Ils sont en fin de compte faits prisonniers au début du printemps 140134.

21Ainsi, à cette date, Géraud II et ses fils sont aux mains de Bernard VII. Dès 1401, par le truchement de Jean de Berry, le comte d’Armagnac, nommé gouverneur du Languedoc le 9 mai, obtient du roi Charles VI la remise de la totalité des terres de la branche de Fézensaguet. Son maréchal, conseiller et exécuteur testamentaire, le chevalier Guillaume II de Soulages seigneur de Tholet assiège pour lui Creissels entre le 5 et le 23 mai et occupe la vicomté35. Écroués respectivement aux châteaux de Rodelle et de Cabrespines en Rouergue, le comte de Pardiac et son fils aîné sont supprimés l’année suivante. La volonté d’éliminer physiquement le rameau cadet est ici flagrante. Le second fils de Géraud II, Arnaud-Guilhem, d’abord transporté à Bénaven en août 1401, est également assassiné à Rodelle36.

22Ces meurtres politiques sont une réponse qui se veut proportionnée au risque que faisaient peser les Fézensaguet sur la légitimité de Bernard VII comme comte d’Armagnac, ainsi que sur la sûreté de la principauté. Il autorise la captation de domaines qui complètent la principauté armagnacaise, en lui apportant de nouveaux revenus, en assurant sa continuité territoriale et en l’étendant dans les zones pyrénéennes où elle est frontalière de l’ennemi fuxéo-béarnais. À la sanction d’une impardonnable infidélité intrafamiliale, s’ajoute la sauvegarde des intérêts de l’État princier. Début 1402, Bernard VII effectue une tournée en Fézensaguet, puis réside en Rouergue jusqu’à la fin de 1403 pour conforter ses nouvelles acquisitions37. En outre, le Comminges tombe de fait sous le protectorat de l’Armagnac.

23L’accaparement général par Bernard VII, à la fois des domaines armagnacais, commingeois et pardiacais, ne sera plus remis en cause jusqu’à son décès. Roger-Bernard II de Lévis fils aîné de Jeanne d’Armagnac-Fézensaguet et de Jean III de Lévis sire de Mirepoix mort en 1397, avait été désigné par son grand-père Jean Ier de Fézensaguet dans son testament du 20 juin 1389 comme héritier substitué à Géraud II et ses fils pour toute la succession de Fézensaguet38. Mais, dès le 9 juillet 1404, par une transaction conclue à Gages avec le comte d’Armagnac, il renonce à tous ses droits contre les baronnies de Preixan, Arzens et Alairac en Carcassès et 4 000 livres tournois39. Cet accord est complété le 9 mai 1405, toujours à Gages, par une ligue défensive et offensive entre Bernard VII et le seigneur de Mirepoix40.

24Afin de respecter les clauses du testament de Jean II, les filles de Jean III qui ont été élevées en Rouergue par Delphine veuve du sénéchal Pierre de Thénières et sa fille Mathonne, sont mariées. Mais Bernard VII choisit les époux parmi des proches, pour que la succession de 1391 ne soit pas contestée. Le 19 février 1409, à Lavardens, Jeanne est unie à un des nouveaux partisans du comte d’Armagnac, Guillaume-Amanieu de Madaillan seigneur de Lesparre-Médoc, dit le baron d’Albret41. Le 30 novembre 1415, Marguerite épouse Guillaume II de Lara vicomte de Narbonne, petit-fils d’Aimeri VI qui avait été lieutenant de Jean de Berry et un allié des Armagnacs. Guillaume II de Narbonne a participé à la ligue de Gien et assistera en 1419 auprès de Charles VII à l’assassinat de Jean sans Peur, avant de mourir à la défaite de Verneuil en 142442.

Les enjeux méridionaux de la lutte contre les Bourguignons

25Le 15 avril 1410, Bernard VII est un des principaux protagonistes de la ligue de Gien qui rassemble les princes antibourguignons, ducs d’Orléans, de Berry, de Bretagne, comtes de Clermont et d’Alençon. Il devient la figure de proue d’un « parti » que ses adversaires désignent sous le nom d’Armagnac. Les soldats des princes coalisés adoptent tous le signe distinctif de l’écharpe blanche portée en bandoulière par les hommes de Bernard VII, la « bande d’Armagnac », qui s’oppose à la croix rouge de Saint André des Bourguignons. Le lien étroit avec les grands princes du sang est matérialisé par le mariage de sa fille Bonne, née en 1399, également petite-fille de Jean de Berry, avec le jeune duc d’Orléans43. En regard, la dénomination d’Armagnac donnée à ce clan princier par ses ennemis est péjorative. Elle vise à déconsidérer la faction des « loups Armagnacs » dirigée par un méridional, autant dire un étranger, à la réputation de soudard sanguinaire.

26Dans le Midi, ce positionnement antibourguignon commence à avoir des conséquences. À la fin de l’année 1411, Jean sans Peur qui garde Charles VI sous son contrôle, fait remplacer à la charge de lieutenant du roi en Languedoc le duc de Berry par le dauphin Louis duc de Guyenne futur époux de Marguerite de Bourgogne. Le 15 février 1412, le duc de Bourgogne fait également nommer le comte de Foix Jean Ier de Grailly capitaine général en Languedoc, avec mission de contrecarrer l’influence de Bernard VII. Les échecs du parti Armagnac face aux Bourguignons incitent certains seigneurs méridionaux à rejoindre ce dernier camp. Déjà en 1408, après la mort de Louis d’Orléans et alors que Bernard VII est moins en cour, passant outre l’accord de 1404, les sœurs de Géraud II, Jeanne et Mathe d’Armagnac-Fézensaguet, intentent un procès au comte d’Armagnac devant le Parlement de Paris. L’action est retardée par le roi en 140944. Mais, en août 1410, après la constitution de la ligue de Gien et alors que Bernard VII a perdu la faveur du gouvernement monarchique tombé aux mains des Bourguignons, le procès reprend45. La haute cour royale prononce un arrêt au profit des deux soeurs le 7 mai 1412. Cependant, cet arrêt sera cassé après 1413 et le retour en grâce du comte d’Armagnac46.

27En 1412 toujours, Marguerite de Comminges qui est sous l’emprise armagnacaise depuis 1400, prépare une alliance avec les Fuxéens pro-bourguignons47. Mais, sa noblesse menée par Gaillard de La Roche sire de Fontenilles se révolte, se saisit d’elle à L’Isle-en-Dodon en Serrère et la livre à Bernard VII. Celui-ci la séquestre à Lectoure et laisse Gaillard de La Roche gouverner le Comminges en tant que sénéchal. Cet enlèvement relance la querelle entre Armagnac et Foix48. Au début de l’été 1412, Bernard VII prend lui-même la tête de son armée dont il confie les compagnies à des capitaines aguerris, Amaury de Sévérac, Jean Ier de Combret-Broquiès49, Guillaume-Amanieu de Lesparre, Guillaume II de Narbonne, Ramonet de La Guerre et Arnaud-Guilhem de Barbazan50. Il refoule durement les troupes fuxéennes qui avaient pénétré en Fézensaguet, pris Mauvezin et assiégé Touget. La paix d’Auxerre du 22 août 1412 interrompt cette campagne51. La cessation d’hostilités est reconduite jusqu’à l’été 1413. Le comte d’Armagnac maintient sa situation grâce à sa puissance militaire. Mais il est évident qu’un gouvernement royal antagoniste a les moyens de miner ses positions dans le sud.

28À la fin de l’été 1413, après les excès de la révolte des Cabochiens, les Armagnacs reprennent le dessus à Paris. En 1414, ils mènent dans le nord de la France des opérations qui leur sont favorables. Mais une nouvelle paix est signée à l’été. En décembre, Bernard VII rentre dans le sud. Avant d’arriver en Rouergue, il s’en prend à Renaud II vicomte de Murat. Les motifs de l’offensive sont multiples. La vicomté de Murat est mouvante de la vicomté de Carlat. Dans les années 1370, Jean Ier d’Armagnac avait imposé à Murat la famille quercynoise de Cardaillac-Varaire vassale des Armagnacs pour Maleville contre les vicomtes carladais et leur propre champion52. Cependant Jean de Berry nouveau vicomte de Carlat en 1392 évince trois ans après Pons Ier de Cardaillac au profit de Renaud II. Bien que réfugié à la cour de Bernard VII, Pons est débouté de ses appels au Parlement de Paris en 1399 et 1403. Néanmoins, en novembre 1410, la dévolution de la vicomté de Carlat au comte d’Armagnac en raison de la dot de Bonne de Berry modifie encore le jeu. Ce dernier a donc des préventions envers son nouveau vassal muratais. En 1412, il l’accuse de défaut d’hommage et d’assistance aux commissaires nommés en Languedoc à l’instigation de Jean sans Peur. En décembre 1414, Bernard VII s’empare donc de la forteresse de Murat, capture le vicomte et prononce la commise de ses fiefs, au nom d’une félonie qui a un caractère à la fois vassalique et partisan53. L’épisode démontre combien « l’échafaudage » de la principauté tient à son organisation féodale et combien la guerre civile peut ébranler cet édifice. L’affaire de Murat sert d’exemple pour tous les feudataires tentés par la trahison. Elle se veut un coup d’arrêt à la remise en cause de l’autorité armagnacque comme avec les Lévis ou en Comminges.

29En 1415, Bernard VII entend manifestement profiter de ce que le gouvernement royal lui est favorable pour attaquer la famille de Foix-Béarn. Le 22 mai, il obtient des états du Rouergue 11 000 écus pour porter la guerre contre le comte de Foix54. Guillaume II de Soulages baron de Tholet est chargé de défendre le Rouergue contre une éventuelle incursion de Mathieu de Grailly frère cadet de Jean Ier. Un premier corps d’armée dirigé par Guillaume de Narbonne et Amaury de Sévérac s’avance en pays fuxéen jusqu’à Mazères, Saverdun et Pamiers. Un second commandé par Bernard VII, comprenant les barons d’Arpajon, de Landorre, de Broquiès et de Barbazan, ainsi que les capitaines gascons Étienne de Vignolles dit La Hire et Jean Poton seigneur de Xaintrailles, met le siège devant Moncaup en Béarn. Rejoint en août par le comte de Foix, le comte d’Armagnac lui propose un combat singulier qui est accepté. Mais la médiation de Benoît XIII permet la signature d’une paix.

30Le désastre d’Azincourt le 25 octobre 1415 bouleverse la donne. La plupart des princes français, Orléans, Bourbon, Alençon, Albret, sont morts ou prisonniers, ce qui décapite le parti Armagnac. Le décès du dauphin Louis de Guyenne le 18 décembre puis du duc de Berry en 1416, ainsi que la maladie du duc Louis II d’Anjou laissent les mains libres à Bernard VII. Fait connétable le 30 décembre 1415, il accapare rapidement le gouvernement du royaume. Il restera désormais dans le nord de la France jusqu’à la prise de Paris par les Bourguignons le 12 juin 1418 et sa violente disparition. Dans ces conditions, concentré sur des objectifs « nationaux », le comte d’Armagnac a tout intérêt à se rapprocher de son ennemi fuxéen pour assurer le statu quo dans le Midi. De son côté Jean Ier de Grailly ne peut envisager de poursuivre l’affrontement avec celui qui va gouverner la France. Le 6 décembre 1415, ils concluent ainsi une alliance à Mazères55. Foix-Béarn et Armagnac en tant que futur chef du gouvernement se retrouvent aussi pour adhérer aux capitulations de Narbonne le 13 décembre56. Cet accord tiendra jusqu’à la mort de Bernard VII et sera même confirmé le 16 novembre 1418 par son fils aîné et successeur Jean IV quand il souscrit à la ligue d’Aire avec Jean Ier de Foix, le comte d’Astarac et Charles II d’Albret57.

Conclusion

31Tout au long de son principat de vingt-sept ans, Bernard VII a été confronté dans le Midi à de nombreux opposants. Sa prise de pouvoir a été contestée. La lutte contre ses cousins Fézensaguet s’est révélée être une lutte à mort. Ses choix dans le conflit entre factions princières à l’aune du royaume a fragilisé la principauté. Toutefois, les atouts accumulés par le comte d’Armagnac lui ont permis de surmonter ces difficultés, la chute finale provenant d’un engagement à un niveau supérieur dans le gouvernement du royaume. Les moyens employés pour affronter les contestations sont divers, expérience et exercice du pouvoir, alliances et retournements d’alliance, unions matrimoniales, recours à la diplomatie, capacités militaires, concentration financière, argumentation juridique, procédures judiciaires, appel à la pyramide vassalique et utilisation du droit féodal. Ils recouvrent tous la volonté de construire une principauté féodale solide.

Notes de bas de page

1 Voir la carte présentant les domaines de la famille d’Armagnac au début du xve siècle à la fin de l’article.

2 Durrieu Paul, « Les Gascons en Italie, études historiques (Jean III) », Revue de Gascogne, t. 25, 1885, p. 92.

3 Exemple du testament de Géraud VI comte d’Armagnac et vicomte de Fézensaguet en 1285 : Rigal Jean-Louis, Notes pour servir à l’histoire du Rouergue, Rodez, Carrère, 2e série, no 2910, 1926, p. 306.

4 Johans Emmanuel, « Foix et Armagnac, de l’alliance au conflit (xiiie-début xive siècle) », in Claudine Pailhès (dir.), 1209-1309. Un siècle intense au pied des Pyrénées, Foix, archives départementales de l’Ariège, 2010, p. 63-65.

5 Le testament d’Henri II, daté de 1301, nous est connu par une copie du 15 août 1302 : Bonal Antoine, Comté et comtes de Rodez, éd. Société des lettres de l’Aveyron, Rodez, Carrère, 1885, p. 236 ; et Rigal Jean-Louis, op. cit., no 2911, p. 306. Il a également fait l’objet d’un vidimus en 1408, insistant sur les clauses concernant le Carladès : ibid., no 2963, p. 314, et no 3074, p. 333 (extrait avec généalogie partielle des comtes de Rodez et d’Armagnac).

6 Durrieu Paul, Bernard VII, comte d’Armagnac, connétable de France (1362-1418), thèse de l’École nationale des chartes, éd. Arnaud de Solages, 2003 (1878), p. 3 et 6.

7 Rigal Jean-Louis, op. cit., no 2948, p. 312.

8 Guillot Olivier, Rigaudière Albert et Sassier Yves, Pouvoirs et institutions dans la France médiévale, t. 2 : Des temps féodaux aux temps de l’État, Paris, A. Colin, 1994, p. 26.

9 Favier Jean, Dictionnaire de la France médiévale, Paris, Fayard, 1995, p. 173.

10 Higounet Charles, Le comté de Comminges, de ses origines à son annexion à la couronne, Toulouse, Privat, 1949, p. 547-555.

11 Durrieu Paul, Documents relatifs à la chute de la maison d’Armagnac-Fézensaguet et à la mort du comte de Pardiac, Paris, Honoré Champion, 1883, p. 52-54.

12 Ibid., p. 8-10 : le 25 octobre 1392, le pape d’Avignon Clément VII octroie une bulle de dispense pour mariage consanguin au damoiseau Jean II de Fézensaguet. Higounet Charles, op. cit., p. 562-564.

13 Favier Jean, La guerre de Cent Ans (1337-1453), Paris, Fayard, 1980, p. 361.

14 Durrieu Paul, Bernard VII, op. cit., p. 4, 6 et 8. Le comté de Charolais lui avait déjà été promis le 2 janvier 1376 dans le projet de mariage, finalement avorté, avec Marguerite de Comminges.

15 Barrau Hippolyte de, « Copie littérale de divers titres de la fin du xive siècle concernant la guerre des Anglais dans le Rouergue », Mémoires de la Société des Lettres de l’Aveyron, t. 12, 1879-1880, p. 40-70.

16 Durrieu Paul, Bernard VII, op. cit., p. 8-10.

17 Nobilis et potens vir dominus Arnaldus dominus de Landorra miles, dominus castri et baronie de Solomedio et villarum de Arcovivo et de Tremolhas et vicecomes de Cadarcio et Cadarcesii : archives départementales du Tarn-et-Garonne, A 80, fo 297 vo-298 vo (28/02/1392 ns) ; Nobilis et potens vir Guido de Severiaco domicellus, dominus castri de Severiaco et baronie eiusdem : fo 181 ro-182 ro (27/02/1392 ns). Il s’agit ici de Gui IX. Nobilis et potens vir dominus Johannes de Castronovo miles, dominus locorum et baroniarum de Castronovo diocesis et senescallie Caturcensis et de Calomonte diocesis et senescallie Ruthene : fo 295 ro-296 ro (9/03/1392 ns) ; Nobilis et potens vir Hugo dominus de Arpajone, dominus castri de Calomonte Plancatgii : fo 468 vo-470 ro (25/02/1392 ns) ; Nobilis et potens vir dominus Berengarius aliter Meno de Castropercio miles, dominus de Castropertio : fo 250 (17/03/1392 ns) ; Nobilis et potens vir Johannes de Stagno dominus castri et baronie de Stagno : fo 116 ro (28/02/1392 ns) ; Nobilis et potens vir dominus Poncius de Cardalhaco miles, vicecomes de Murato : fo 335 ro-336 ro (27/02/1392 ns) ; Nobilis et potens vir dominus Marquesius de Belloforti miles, dominus de Canilhaco : fo 304 vo-305 ro (6/03/1392 ns) ; Nobilis et potens vir Guarinus dominus de Apcherio : fo 465 (17/02/1400 ns). Il s’agit ici de Garin VIII. Nobilis Marcebelia de Sancto Paulo uxor nobilis Gualhardi de Bessenx : fo 433 vo-434 vo (9/01/1396) ; Nobilis et potens vir dominus Bertrandus de Sparrone miles, dominus castri de Sparro : fo 331 vo-332 vo (10/03/1392 ns) ; Nobilis vir dominus Deodatus Eraldi miles : fo 300 vo-301 ro (27/02/1392 ns) ; Nobilis Bernardus Jordani domicellus Burgi de Salis : fo 266 (27/02/1392 ns) ; Nobilis vir Berengarius Sigaldi domicellus habitator de Lencone : fo 251 ro-252 ro (3/03/1392 ns) ; Nobilis Bertrandus de Morlhone, nobilis Johannes de Morlhone junior domicellus : fo 350 vo-351 ro et fo 351 (06/1394) ; Nobilis Amalricus Berengarii dominus castri de Bertholena : fo 420 vo-421 ro (28/02/1392 ns) ; Nobilis Ramundus de Montearnaldo dominus de Montearnaldo : fo 378 ro-379 ro (2/09/1396) ; Nobilis Guillelmus de Belvezer habitator castri de Albinio : fo 375 vo-376 vo (24/06/1393).

18 Durrieu Paul, Bernard VII, op. cit., p. 17 ; et Documents relatifs, op. cit., p. 53.

19 Higounet Charles, op. cit., p. 561.

20 Contrat de mariage de Bernard VII et de Bonne de Berry et vidimus : Rigal Jean-Louis, op. cit., no 2962, p. 314.

21 Autrand Françoise, Jean de Berry : l’art et le pouvoir, Paris, Fayard, 2000, p. 278 et 290-291.

22 Bonal Antoine, op. cit., p. 459 ; Durrieu Paul, Bernard VII, op. cit., p. 10-11 ; Favier Jean, Dictionnaire, op. cit., p. 252 ; Schnerb Bertrand, L’État bourguignon (1363-1477), Paris, Perrin, 2005, p. 88.

23 Durrieu Paul, Bernard VII, op. cit., p. 18-19.

24 Durrieu Paul, Documents relatifs, op. cit., p. 113 et 125.

25 Higounet Charles, op. cit., p. 565-567.

26 Durrieu Paul, Documents relatifs, op. cit., p. 10-12.

27 Durrieu Paul, Bernard VII, op. cit., p. 35.

28 Durrieu Paul, Documents relatifs, op. cit., p. 28-29.

29 Higounet Charles, op. cit., p. 569-571.

30 Durrieu Paul, Documents relatifs, op. cit., p. 57.

31 Durrieu Paul, Bernard VII, op. cit., p. 37.

32 Durrieu Paul, Documents relatifs, op. cit., p. 99.

33 Ibid., p. 58.

34 Ibid., p. 94.

35 Guillaume II ou Guillemot de Soulages baron de Tholet dans la paroisse de Gabriac, fils de Pierre II et petit-fils de Guillaume Ier, succède à son arrière-grand-père Pierre Ier qui a fait dresser son testament en 1354. Ce dernier avait épousé Gaillarde de La Barrière soeur de Guillaume III, qui lui avait apporté la seigneurie de Castelnau-Peyralès. Guillaume II est un proche du comte Jean III puis de Bernard VII : Ginisty Albert, Histoire d’Entraygues-sur-Truyère, Saint-Maixent-l’École, Garnier, 1933, p. 91.

36 Durrieu Paul, Bernard VII, op. cit., p. 39-40.

37 Ibid., p. 51.

38 Samaran Charles, La maison d’Armagnac au xve siècle et les dernières luttes de la féodalité dans le midi de la France, Paris, Picard, 1907-1908, p. 10.

39 Durrieu Paul, Documents relatifs, op. cit., p. 75-76.

40 Ibid., p. 76.

41 Contrat de mariage de Jeanne d’Armagnac avec le sieur de Lesparre et de Rauzan, contenant des clauses du testament de Jean III : Rigal Jean-Louis, op. cit., no 2907, p. 306.

42 Higounet Charles, op. cit., p. 572.

43 Favier Jean, Dictionnaire, op. cit., p. 69.

44 Durrieu Paul, Documents relatifs, op. cit., p. 77-80.

45 Ibid., p. 88.

46 Ibid., p. 100-103.

47 Schnerb Bertrand, Armagnacs et Bourguignons : la maudite guerre (1407-1435), Paris, Perrin, 2009 (2e éd.), p. 142.

48 Higounet Charles, op. cit., p. 575-577.

49 Le nobilis vir Johannes de Combreto dominus castri de Broquerio fait partie des hommagers ralliés à Bernard VII : archives départementales du Tarn-et-Garonne, A 80, fo 282 (2 mars 1392 ns). Le 3 avril 1408, il est mentionné comme chevalier : A 83, fo 64 vo-65 vo.

50 Arnaud-Guilhem, futur chambellan d’Orléans, est le fils du baron Manaud de Barbazan, mort en 1403. Il meurt lui-même en 1431 : Curie-Seimbres Alcide, « Arnaud-Guilhem de Barbazan », Revue de Gascogne, t. XV, 1874, p. 97.

51 Durrieu Paul, Bernard VII, op. cit., p. 92.

52 Boudartchouk Jean-Luc, « Les Murat, “dits vicomtes” et vicomtes », in Hélène Debax (éd.), Vicomtes et vicomtés dans l’Occident médiéval, Toulouse, PUM, coll. « Tempus », 2008, p. 186-199.

53 Courteault Paul, Histoire de Gascogne et de Béarn, Paris, Boivin, 1938, p. 125.

54 Durrieu Paul, Bernard VII, op. cit., p. 99.

55 Ibid., p. 100.

56 Johans Emmanuel, « Foix et Armagnac face à la question pontificale », in Aymat Catafau, Nikolas Jaspert et Thomas Wetzstein (dir.), Perpignan 1415. Un sommet européen à l’époque du Grand Schisme d’Occident, Zürich, Lit Verlag, coll. « Geschichte und Kultur der Iberischen Welt », no 15, 2018, p. 75.

57 Higounet Charles, op. cit., p. 578-579 : Jean IV approuve le transfert de Marguerite de Comminges à Foix contre 10 000 francs d’or et son mariage en troisièmes noces avec Mathieu de Grailly vicomte de Castelbon, frère du comte de Foix.


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