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    Plan détaillé Texte intégral Les forces de la noblesse lorraine en 1480 Les modalités de l’opposition et les réponses du prince Le duc se montre lui-même ingouvernable Notes de bas de page Auteur

    L’ingouvernabilité en questions

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    Table des matières

    Opposition au prince et opposition du prince

    Le duc René II, la noblesse et la souveraineté (1480-1508)

    Hélène Schneider

    p. 169-180

    Texte intégral Les forces de la noblesse lorraine en 1480 Les sources de la prééminence Un duc mal préparé Les modalités de l’opposition et les réponses du prince L’usage de la guerre Négociations et arbitrages Résistance des nobles aux requêtes du duc Neutralité et surséance Le duc se montre lui-même ingouvernable Face à l’Empire Face au royaume de France Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Le décès de Charles le Téméraire et le partage des territoires bourguignons éloignent, pour la Lorraine, le danger de disparition immédiate de la scène politique européenne. Mais les divisions et les alliances de la puissante noblesse lorraine ne disparaissent pas pour autant ; les rancœurs persistent des décennies durant, comme après tout conflit sanglant, les dettes aussi et nombre d’antagonismes anciens sont ravivés. Le duc, accaparé par sa politique italienne et par les conséquences du décès de son grand-père René d’Anjou, pour le Barrois, ne saisit pas d’emblée l’importance des enjeux lorrains et de leurs ramifications internationales. Il n’y porte pas l’attention nécessaire et suscite des oppositions. Libérées de l’occupant et des combats, les plus puissantes familles retrouvent leur position dominante dans une principauté plus que jamais « d’Entre-Deux », à un moment de l’Histoire où s’accélère l’emprise des États par l’essor de l’administration militaire, judiciaire et financière. À ce propos, les historiens se sont lancés avec ardeur dans le concept de « Naissance de l’État moderne » pour une époque où manquent encore les fondements juridiques de la souveraineté ; la noblesse offre en Lorraine un observatoire privilégié de ces phénomènes auxquels elle s’oppose, ces « nouvelletés » bousculant ses privilèges1.

    2Le duc quant à lui, n’échappe pas aux enjeux de ce changement d’époque. Il est partagé entre les atouts de sa généalogie et de sa « haute naissance » qui lui font attendre de ses voisins monarques, le respect de ses droits légitimes et le traitement privilégié dus aux membres des plus illustres lignées, et les cruelles réalités des luttes quotidiennes, face auxquelles manquent encore à la sortie des guerres de Bourgogne, les atouts d’un service efficace, dans une principauté en ruine.

    3Il doit faire face à une haute noblesse possessionnée dans les ressorts de plusieurs souverainetés à la fois, qui, dans les conflits, joue les plus forts, roi de France, duc de Bourgogne, empereur, contre le plus faible : le duc de Lorraine et de Bar, et simultanément à ces monarques eux-mêmes pris entre le désir rival d’annexion de la Lorraine et du Barrois et l’intérêt d’un État tampon témoin de leur face à face. Devant l’attitude de René II apparemment faible mais qui se révèle tenace à l’usage, ces souverains s’exercent à la lente et patiente pratique du grignotage quand une certaine paix règne. Mais ils manifestent également, en période de crise et de rivalité exacerbée, des accès de jalousie et d’autorité auxquels René II se dérobe avec art.

    Les forces de la noblesse lorraine en 1480

    Les sources de la prééminence

    4La noblesse s’appuie alors sur la persistance des pratiques féodales doublée d’un morcellement territorial atteignant un degré extrême : les duchés occupent un ensemble discontinu de domaines ruraux. Les cités épiscopales relèvent directement de l’empereur ; Saint-Nicolas-de-Port, grand centre commercial dont l’essor est lié aux salines de la région, appartient pour l’essentiel à l’abbaye de Gorze.

    5La fragmentation territoriale est accentuée par la présence de nombre de comtés et de baronnies plus ou moins indépendants, dans les faits, des pouvoirs princiers, ce qui favorise l’éclosion de guerres privées qui assurent à la noblesse des privilèges importants : le duc demeure, en particulier en matière financière et judiciaire, un suzerain « primus inter pares », dont les tentatives pour affirmer sa souveraineté sont en butte aux attaques de la noblesse. Celle-ci jouit en effet en Lorraine du privilège d’exemption judiciaire : elle ne répond de ses actes que devant les Assises de la noblesse, tribunal où ses membres siègent seuls et cour d’appel des autres juridictions, sans intervention possible de la part du prince2.

    6Les domaines ruraux sont, de leur côté, régis par des coutumes ou rapports de droit propres à chaque seigneurie ; on y trouve entre autres les règles fixant les modalités d’exercice de la justice domaniale et de l’administration des villages sur lesquelles le duc n’a pas droit de regard. Si les offices se multiplient à la fin du xve siècle parce que le duc développe l’armature administrative des duchés, les plus importants demeurent occupés par des nobles : maréchaux, receveurs généraux, sénéchaux, capitaines de châteaux, baillis et même parfois prévôts. Il faut se tourner vers le personnel d’exécution de la chambre des comptes ou de l’hôtel ducal, les tabellions, les chevaucheurs d’écurie par exemple, pour voir apparaître en majorité, des membres du troisième état et des anoblis.

    7Par ailleurs, la haute noblesse des duchés se trouve du fait de la configuration des territoires et de ses alliances matrimoniales, possessionnée simultanément dans plusieurs principautés : Lorraine, Barrois, évêchés mais aussi duché de Luxembourg, comtés de Chiny ou de Neuchâtel à l’est par exemple, comté de Champagne, duché de Bourgogne notamment à l’ouest. Elle occupe donc souvent des positions frontières stratégiques dans un environnement politique large.

    8Le duc ne peut se passer des nobles qui détiennent une part importante de la richesse locale, du pouvoir de contrainte et de relations extérieures et ce d’autant qu’il ne dispose pas d’universités proches pour former le personnel d’encadrement de ses duchés et qu’il sort des guerres de Bourgogne victorieux mais affaibli par la lutte et par les manipulations de Louis XI, notamment.

    Un duc mal préparé

    9Ces nobles séduits en nombre par Charles le Téméraire et les perspectives qu’il offrait n’ont pu réformer immédiatement leur jugement à l’égard de René II et de sa mère. Ce jugement, il est difficile de préciser jusqu’à quel point il s’apparente à celui du défunt duc de Bourgogne rapporté par un ambassadeur de Naples en 1474 : « le duc actuel est un homme insignifiant et sa mère est complètement folle3 ».

    10Si l’on ne peut attribuer une objectivité équitable au duc de Bourgogne dans ce propos, il apparaît cependant que René II déçut nombre de ses contemporains, encore après la victoire de Nancy. Son esprit est alors accaparé par la Provence qu’il souhaite recouvrer ainsi que par l’Italie où il mène la guerre contre Ferrare, pour le compte de Venise, dans l’idée que la cité des Doges le soutiendra pour reconquérir le royaume de Naples4.

    11Les duchés de Lorraine et de Bar durement touchés par les guerres, après plusieurs réunions des états priés de fournir au duc des subsides, finissent par lui présenter en 1481 des remontrances dont le texte nous est parvenu5. Ils y déclarent en substance que la renommée acquise par sa victoire de 1477 s’abaisse de jour en jour, que les états réunis peu après à Épinal lui avaient formellement recommandé de cesser la guerre qu’il a continuée, malgré la destruction de ses pays, la mort de son ennemi et la nécessité de restreindre son état ; il a pour ce faire, levé des aides, engagé des seigneuries6, multiplié les dettes au lieu de les payer, entretenu quantité de gentilshommes de toutes manières de nations qui ont quitté son service non rémunérés et mécontents et le diffament. Ils lui conseillent donc de « restreindre son état pour se désendetter, acquérir du crédit et laisser son peuple vivre en paix ». Ils lui recommandent de choisir six à huit conseillers à qui confier la charge et la conduite de ses affaires, sans rien leur celer.

    12René II met quelques années à changer de comportement et à faire évoluer sa politique et son attitude semble-t-il : en 1485, il doit notamment 4 000 écus à Jean de Baudricourt « en pur et loyal prêt », 6 500 écus à Menaut d’Aguerre pour prêts, intérêts, gages, services7. Il faut préciser pour l’excuser qu’il s’efforce de racheter nombre de biens cédés en gage par son grand-père, à la suite du désastre de Bulgnéville8.

    Les modalités de l’opposition et les réponses du prince

    13L’opposition affecte essentiellement des seigneuries sises aux frontières extérieures des duchés ; elle ne prend pas les mêmes formes à l’est et à l’ouest : alors que du côté du royaume, vengeances et guerres privées ne sont plus de mise du fait de la centralisation monarchique9, en revanche, le reste de l’Europe du nord connaît encore ces pratiques10. Du côté de l’Empire, l’opposition prend l’aspect d’expéditions punitives, de rapines et de guerres, tantôt simples démonstrations de force, tantôt appétit de rançons ou simple volonté de soumettre l’adversaire, de lui donner une « leçon ».

    14Le duc ne s’y trompe pas, dans la mesure où il recrute pour diriger son armée et le bailliage d’Allemagne, exclusivement des nobles germanophones de haut rang, possessionnés dans l’Empire en Lorraine, en Barrois et hors des duchés, détenteurs de principautés alleutières comme les Salm, de solides relations avec l’archiduc Sigismond et les Suisses comme Oswald comte de Thierstein. D’autres enfin sont membres de puissants lignages impériaux aux nombreuses ramifications comme les Linange ou les Raville. Tous ont l’expérience des conflits et des modalités de leur règlement dans la région.

    15Lui-même n’est apparemment pas d’un tempérament belliqueux ; après les guerres de Bourgogne, la seule guerre qu’il prépare de longue date et tout au long de son règne11, en tout cas au moins jusqu’en 1500, il ne la fera pas : c’est celle de la reconquête de Naples. Dans ses principautés lorraine et barroise, la prudence et l’économie de ses moyens lui recommandent d’éviter toute agression. Il ne se résout donc à la lutte que lorsqu’il est attaqué, après avoir épuisé toutes les possibilités de négociation ou parce qu’il estime ne pouvoir céder aux exigences de ses adversaires qui attentent à sa souveraineté.

    L’usage de la guerre

    16Les comptes des prévôtés frontières de l’est de la principauté recensent régulièrement le passage et les déprédations d’« aventuriers » nobles ou non, coupables d’agressions physiques, de captures d’hommes et de bétail, de rançonnements ; leur comportement relève de celui de « chevaliers brigands » particulièrement actifs dans les régions frontalières, en période de troubles ou d’incertitudes politiques12.

    17Les Rodemack, par exemple, appartiennent à l’une des premières familles du duché de Luxembourg où ils se prétendent alleutiers souverains. Ils sont, par mariage, devenus vassaux des ducs de Bar et des rois de France13 auxquels ils s’attachent. Disposant d’une fortune considérable, ils se sont engagés avec 300 combattants dans l’armée de René d’Anjou écrasée à Bulgnéville14. Le seigneur de Rodemack fait prisonnier doit acquitter une très forte rançon en 1431 et cinquante ans plus tard, à bout d’expédients, ruiné malgré la protection des rois de France, n’ayant plus rien à perdre, son fils dévaste tour à tour les terres voisines des duchés de Luxembourg, Bar et Lorraine. Ses victimes s’allient contre lui15, assiègent les châteaux de Richemont et de Rodemack et les détruisent en 1483. René II interdit ensuite toute réparation sans son accord16.

    18Du côté de l’Alsace, les comtes de La Petite Pierre, seigneurs de Geroldseck, se sont rendus coupables de méfaits qui leur ont valu les représailles de nombre de comtes et de ducs des deux rives du Rhin17. En 1486, à nouveau, leur armée ayant fait subir des dommages à la baronnie de Fénétrange tenue en fief du duc, celui-ci confisque l’arrière-fief d’un coupable ; l’administrateur du nouvel hôpital de Sarrebourg s’interpose et après transaction, la guerre cesse18. Ces antagonismes ont parfois des sources anciennes. Ainsi, Robert de La Marck seigneur de Sedan, possessionné dans le comté de Chiny et dans les duchés de Luxembourg et de Bar, se livre-t-il dans la prévôté de Briey à des « maux, dommages et insolences » de 1478 à 1480 au moins19, puis de nouveau en 148820 ; avant d’entamer une lutte plus soutenue entre mars et octobre 149321.

    19Mais déjà en 1477, il a fait placer Norroy-le-Veneur qui relève du duché de Bar, sous la sauvegarde spéciale du duc de Luxembourg22. Il devient conseiller et chambellan de Charles VIII qui le déclare « son cousin » et l’a nommé capitaine de la grande ordonnance23. Cependant, René II s’est efforcé d’obtenir des alliés dans la région et dans la famille même de son agresseur : Louis de La Marck seigneur de Rochefort puis Évrard, Englebert et Philippe de La Mark s’allient avec lui mais aussi l’électeur palatin et l’évêque de Verdun24.

    20Charles VIII s’efforce d’apaiser le conflit et propose une journée de conciliation, le 14 juillet 1494. Robert de La Marck est condamné pour défaut25 mais il revendique ensuite la possession de la seigneurie de Dun-sur-Meuse26 au duché de Bar et la guerre reprend par intermittence. Le duc lui confisque son domaine de Thil qu’il donne à Henri de Gironcourt seigneur du lieu27.

    21Finalement, en octobre 1497, le seigneur de Sedan renonce à ses prétentions moyennant un appointement de 10 000 florins dont 4 000 sont destinés au bâtard de Vaudémont, oncle du duc, en raison de son mariage en 1489, avec la cousine de Robert de La Marck, Jeanne de La Marck dont le duc devait payer une part du douaire28. En outre, René II ne s’est pas privé de confisquer les biens de Jacques de Brouville, vassal de Robert de La Marck et son propre arrière-vassal pour forfaiture et félonie et de les donner à ses victimes29.

    Négociations et arbitrages

    22Sans aller jusqu’à la guerre, certains nobles défendent leurs intérêts et soldent victorieusement de vieilles querelles à force de procédures judiciaires face au duc. Ainsi Claude d’Arberg revendique-t-il après son père, la seigneurie de Beaufremont fief barrois du sud des Vosges où un contentieux se développe dès le milieu du siècle. De 1474 à 1477 se succèdent de nouvelles plaintes, de nouvelles journées de conciliation refusées puis acceptées mais qui échouent. Aussi, les Arberg décident-ils, en 1484, de prendre les armes avec le soutien des Bernois. Le roi de France Charles VIII intervient alors et à Soleure, le 16 avril 148630, les députés du roi de France et ceux des cantons suisses résolvent la question soulevée quarante ans auparavant : ils décident que le duc paiera à Jean et à son fils Claude en compensation de leurs droits et prétentions 15 000 florins d’or du Rhin, la terre de Beaufremont restant engagée comme garantie du paiement31 ; les Valangin devaient encore obtenir confirmation de la sentence par Maximilien.

    23Apparemment, la décision de Soleure fut acceptée mais l’année suivante, René II préfère leur céder la seigneurie, sur requête de Maximilien, à condition que Claude d’Arberg prête hommage au duc de Lorraine et s’engage à ne mener aucune querelle, poursuite ou action contre ses cousins32. Effectivement, René II n’aura par la suite qu’à se louer des services de Claude d’Arberg qui participe à son côté à la guerre de Metz33 ; il se trouve ensuite en compagnie du duc, lors d’un voyage à la cour de France en 149234 ou à la chasse35. Mais c’est surtout en 1498-1499 que les relations entre eux s’intensifient : Claude d’Arberg prend rapidement la direction des opérations de surveillance, de garde et de maintien de l’ordre dans le Bassigny, à la tête des nobles, lorsque Maximilien et Louis XII s’affrontent sur la Saône : les troupes impériales mal rémunérées ont tendance à vivre sur le pays.

    24En l’occurrence le conflit avec les Valangin permit finalement à René II une défense de qualité sur la frontière sud de ses duchés. Mais nombre de négociations ne connaissent pas une issue aussi favorable.

    Résistance des nobles aux requêtes du duc

    25Le comté de Ligny, fief du bailliage de Bar, est rendu par le roi Charles VIII à Louis II de Luxembourg, son capitaine et lieutenant général dont les liens avec le duc de Bar se distendent36. Plusieurs conflits opposent le comte de Ligny au duc : en 1493, la construction d’un four et d’un pressoir dans la localité de Nançois-le-Grand par le maire, homme du duc est considérée comme attentatoire à ses droits par le comte de Ligny qui les fait détruire. Le maire convoqué devant le Parlement de Paris y est condamné mais, l’année suivante, le roi ordonne d’annuler la sentence37 ; les incidents se répètent. Quand Louis de Luxembourg meurt sans enfants en 1503, René II revendique l’héritage en vertu du traité de mariage des grands-parents des comtes et de la coutume du duché ; il refuse de recevoir l’hommage d’Antoine de Luxembourg et intente une action devant le bailliage de Sens qui ne cède pas et maintient le comte de Ligny. René II fait alors appel au parlement de Paris qui déboute le comte de Ligny, le 21 juillet 1508.

    26Mais, dans la réalité, le nouveau comte de Ligny ne se soumet pas plus que le précédent à l’autorité ducale : il ne participe pas aux réunions des états et ne contribue pas aux aides ; actions judiciaires et menaces demeurent sans effets. Le duc est confronté à une résistance contre laquelle il ne peut rien, faute d’emprise sur les comtes de Ligny contre lesquels il ne peut employer la force, parce qu’ils sont soutenus par le roi de France.

    Neutralité et surséance

    27Ces situations sont d’une telle complexité qu’elles sont parfois réglées par l’appel à la neutralité, comme c’est le cas pour Fresnes-sur-Apance : la localité est partagée entre le duché de Bar et le comté de Bourgogne, la justice demeurant indivise entre les deux avec des juges communs aux deux seigneurs, des difficultés surgissent en cas d’appel à deux ressorts différents et des contestations parce que lorsque l’un des seigneurs lève une aide, le second s’empresse d’en faire autant. La localité appartenant aux terres contestées entre Philippe le Beau et René II, il est décidé, dès 1501, qu’en attendant le règlement définitif de la question, la souveraineté est déposée entre les mains des seigneurs particuliers, de sorte qu’aucun des deux princes n’y exerce l’autorité38. En 1703, on tient encore une conférence au sujet de ces terres et de leur ressort.

    28Du coup, le duc songe sûrement à d’autres types de relations avec ses sujets. Il autorise, par exemple, son fidèle secrétaire Johannès Lud, à édifier à Laveline-devant-Bruyères, une maison forte tenue sous sa souveraineté, comme maison noble de franc alleu, avec permission, en raison de sa situation frontalière, de se placer sous la sauvegarde de plusieurs princes, seigneurs et villes39. Cette convention originale concilie à la fois, l’affirmation de sa souveraineté par le duc, sa volonté de placer un homme sûr en un lieu excentré et convoité, la concession d’une maison forte « en franc alleu » à un fidèle et la nécessité de la sauvegarde par les puissances voisines.

    Le duc se montre lui-même ingouvernable

    29Instruit par les luttes armées et les batailles juridiques auxquelles certains nobles de ses États l’ont contraint sur toutes ses frontières et soucieux de promouvoir l’autonomie de sa principauté, René II s’efforce à son tour de défendre ses droits et d’échapper à l’autorité développée par les deux puissantes monarchies voisines.

    Face à l’Empire

    30La stratégie consiste pour le duc à s’impliquer le moins possible non pas dans les relations avec les principautés voisines, mais face aux exigences de l’empereur Frédéric III puis de son fils Maximilien.

    31René II commence par esquiver longuement l’hommage féodal qui lui est demandé et la reprise de ses fiefs d’Empire et des droits régaliens qu’il exerce à ce titre. En 1485, soit douze ans après son avènement, l’empereur lui rappelle qu’il doit faire personnellement cette démarche et non par procureur et, après « avertissement gracieux », il le menace de disposer autrement des droits régaliens dont il doit l’investir40.

    32Au printemps 1490, la question n’a pas avancé. René II sent que l’étau se resserre mais continue à présenter des excuses, déclarant ses pays environnés d’hommes d’armes en grand nombre, ce qui lui interdit de s’absenter. Le 2 septembre 1492, il a obtenu une prorogation d’un an du délai accordé. Mais c’est seulement trois ans plus tard qu’il se rend enfin à Worms pour remplir cette obligation après avoir encore tenté, en février 1495, de se contenter d’envoyer une ambassade à l’assemblée41 ; il ne se vante d’ailleurs pas au roi de France d’avoir dû consentir à cette démarche42.

    33Après une entrée à Worms peu respectueuse des règles protocolaires, car le duc de Lorraine chemine au côté de Maximilien, prenant la place qui revient à un archevêque grand électeur, le rituel de la cérémonie donna lieu à de difficiles tractations, car contrairement à son grand-père René d’Anjou, René II refusa de prêter hommage pour l’ensemble du duché de Lorraine et exigea de ne reprendre que les sept fiefs énumérés dans les plus anciens actes de reprise qu’il avait apportés avec lui. Il récusa une prestation publique et exigea un acte « à part » et sans solennité. Sur tous ces points, il obtint gain de cause, la chancellerie impériale n’ayant pas été en mesure de produire des pièces d’archives contradictoires et pas d’archives du tout en fait. Mais il fallut longtemps débattre et démontrer « la liberté des pays de Monseigneur, à savoir du duché de Lorraine43 ».

    34Quant aux demandes d’ordre militaire et aux aides levées pour la défense de la chrétienté contre les Turcs ou pour le couronnement de Maximilien à Rome, les sources ne mentionnent aucune contribution à l’aide et indiquent à mots couverts que l’on met au point une tactique pour les esquiver. Elles précisent aussi que le procureur ducal auprès de Maximilien n’a pas mandat pour prendre un engagement de ce type et est tenu à la plus grande discrétion en la matière ; le fidèle secrétaire Johannès Lud dans son récit du règne évoque brièvement toutes ces réclamations d’argent qu’il déclare indues.

    35La faiblesse du duché se manifeste quand Maximilien tente d’imposer une justice d’appel souveraine, au-dessus de celle des princes de l’Empire avec le Reichskammergericht. Le duc résiste par tous les moyens. La solution traditionnelle des conflits se trouvait dans une justice d’arbitrage rendue par une commission de juges désignés par chacune des parties prenantes, c’était une justice arbitrale consensuelle et non imposée par une autorité souveraine. René II considère cette instance comme une atteinte à sa souveraineté et refuse toute comparution qui signifierait la soumission de la Lorraine comme entité juridique à la justice impériale. Mais quand certains nobles en procès contre lui y font appel, ses deux procureurs l’y représentent44. En conflit avec Nicolas d’Anglure qui y recourt à propos de l’avouerie d’Épinal, René II déclare refuser de comparaître à la Chambre impériale : il ne veut y être jugé ni en personne ni pour son duché et pour l’éviter envisage de nier que l’avouerie en question soit fief d’Empire45.

    36Dans une autre affaire, Philippe le Beau s’est interposé en vain pour plaider la cause de son père : un officier anobli de René II, Huyn Roynette46 président de la chambre des comptes, envoyé à plusieurs reprises en ambassade auprès de Maximilien mais aussi auprès de Charles VIII, est arrêté alors qu’il s’était réfugié dans le couvent des Franciscains de Toul, à l’été 1498. Maximilien qui le connaît, apparemment trop bien au goût de René II, réclame en vain sa comparution devant la Chambre impériale. Philippe le Beau et ultérieurement Jean de Vy, prévôt de Bastogne, intercèdent en vain47. René II refusa de « plaidoyer » l’affaire devant la Chambre impériale, parce que « la correction de nos serviteurs ne leur appartient48 » et, après un procès mené en Lorraine et dont toutes les pièces ont été rapidement détruites, le coupable est décapité à Nancy devant sa maison, en août 149949.

    Face au royaume de France

    37René II doit défendre le Barrois contre la volonté d’expansion française qui n’est pas nouvelle à la fin du xve et progresse inexorablement par l’extension des compétences de juridiction et l’appel des causes au parlement de Paris en rivalité avec la cour des Grands Jours de Saint-Mihiel, bien que le duc rappelle à chaque occasion l’existence et la compétence de cette dernière. René II développe également le rôle de son conseil comme juridiction d’arbitrage, arbitrage qu’il propose aux nobles en conflit les uns contre les autres.

    38Hors de ce domaine et des questions liées à l’essor de la souveraineté sur les nobles et vis-à-vis des souverains voisins, il apparaît que René II manifeste son attachement à la royauté française mais ne perd aucune occasion de prouver son autonomie et de mener une politique totalement indépendante voire rivale. Par exemple, il s’efforce à deux reprises de s’emparer de Djem frère cadet du sultan Bajazet pour promouvoir ainsi sa politique de reconquête du royaume de Naples soit directement soit par l’intermédiaire du pape. Dans la même perspective et pour ne cesser de défendre ses droits, il s’empresse au décès de sa mère, Yolande d’Anjou aînée des filles du roi René, de reprendre le titre de roi de Sicile dans la plupart de ses lettres officielles, ce qui irrite Charles VIII qui le lui interdit en vain en 1493, et étonne les ambassadeurs italiens présents à la cour impériale à Worms en 1495.

    39De même, en matière ecclésiastique, le duc de Lorraine et de Bar se montre ingouvernable et fort jaloux de son autorité, imposant sans vergogne ses candidats, parents ou alliés à la tête des trois évêchés lorrains contre l’avis du pape ou contre celui de l’empereur selon les cas. En outre, dès juin 148450, il interdit par ordonnance, de promulguer et appliquer aucune expédition apostolique sans son consentement51, manifestant sa volonté de demeurer maître chez lui face à l’Église.

    40Tandis que les principaux monarques européens s’efforcent d’imposer leur souveraineté à côté et au sommet de structures féodales, le prince et les grandes familles possessionnées dans les duchés de Lorraine et de Bar connaissent à la fin du xve siècle des conflits d’autorité dans des territoires particulièrement morcelés, sur une ligne de faille séparant les pays où l’essor de la souveraineté et de la centralisation du pouvoir à l’ouest se fait en faveur du roi de France et ceux qui verront à l’est l’affirmation des principautés.

    41Les pouvoirs traditionnels soutenus par la féodalité et les fortunes nobles dominantes sont mis en cause et concurrencés par de nouveaux modèles politiques, économiques et sociaux en construction : les guerres de Bourgogne venant des décennies après la bataille de Bulgnéville déjà fort et longuement coûteuse pour la Lorraine, ont accentué dans la principauté les difficultés de nombre de vieilles familles et provoqué une accélération des affrontements et des évolutions sociales dans les décennies suivantes.

    42Le duc ne peut, comme Claude de Neuchâtel, demander la reconnaissance de sa neutralité52 : il est trop impliqué de part et d’autre et soucieux de sa politique italienne. Il ne peut non plus se passer des nobles à défaut d’une autre force sociale pour tenir le territoire de ses duchés, alors que ni l’empereur ni le roi de France ne respectent les règles de droit dans leurs relations avec les principautés, la Lorraine en particulier, car la souveraineté veut s’imposer par la force, avant d’avoir établi ses droits.

    Notes de bas de page

    1 Fersing Antoine, Idoines et suffisants. Les officiers d’État et l’extension des droits du Prince en Lorraine ducale (début du xvie siècle-1663), thèse inédite, Strasbourg, juillet 2017, donne un état récent de ces questions.

    2 Voir Meaume Georges-E., Les assises de l’ancienne chevalerie lorraine, Nancy, L. Wiener, 1874.

    3 Phrase citée par l’ambassadeur Francesco Bertini que rapporte Minois Georges, Charles Le Téméraire, Paris, Perrin, 2015, p. 405.

    4 Sur les relations du duc de Lorraine avec l’Italie, voir notamment Vienne René de, « René II et Venise », Le Pays Lorrain, 1977, p. 135-145.

    5 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 416, fo 33 vo-35 vo : le document ne porte ni date ni auteurs autres que les « très obéissants sujets et serviteurs du duc ».

    6 À propos des aides, consulter Duvernoy Émile, Les États Généraux des duchés de Lorraine et de Bar jusqu’à la majorité de Charles III, Paris, Picard, 1904, p. 171 sq., la réunion est attestée selon lui avant août 1480, les seigneuries engagées en 1481 « Aubenton, Rumigny, Watesale, Vyenne et aultres » sont toutes situées à l’extérieur des duchés.

    7 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 982, fo 44 : il a encore emprunté 2 000 francs à Ferry de Tantonville en 1488 ; il cède aussi parfois des seigneuries, Faulquemont à peine rentrée dans les mains du duc au décès de Walther de Thann est cédée pour services rendus à Philippe de Linange, bailli d’Allemagne : ibid., B 2, fo 304.

    8 On qualifie ces biens de gagières ou d’engagères à l’époque : la ville et prévôté de Trougnon-Heudicourt par exemple, est récemment rachetée en janvier 1491. René d’Anjou l’avait engagée pour 3 000 florins à Pierre de Beauvau : René II la rachète grâce à un prêt de son maître d’hôtel François de Hanesquer : Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 4, fo 86 vo-88 vo.

    9 Juchs Jean-Philippe, Vengeance et guerre seigneuriale au xive siècle (Royaume de France-Principauté de Liège), thèse inédite, Paris, 2012, traite cette question.

    10 Prange Mathis et Reinle Christine, Fehdehandeln und Fehdegruppen im spätmittelalterlichen und frühneuzeitlichen Europa, Göttingen, 2014, expliquent les caractères et la géographie de cette pratique.

    11 Il l’envisage sans doute dès son entrée au service de Venise en 1480.

    12 La guerre avec Metz des années 1490 à 1492 en découle largement : Schneider Hélène, Le face à face de la cité avec le duc de Lorraine René II (1489-1493) dans Metz 1500, dir. Léonard Dauphant, Villeneuve-d’Ascq, 2023, p. 65-80.

    13 Ils en reprennent des seigneuries Barroises et Champenoises, notamment Ancerville, Éclaron, Haironville.

    14 Bossuat Jean, « Les prisonniers de guerre au xve siècle : la rançon de Jean seigneur de Rodemack », Annales de l’Est, 1951, no 3, p. 145-162 donne la bibliographie et un récit des malheurs de la famille.

    15 BnF Lorraine 212, fo 30 : ils traitent en 1483 contre le comte Georges de Virnebourg commis à la garde de ses châteaux par Gérard de Rodemack.

    16 BnF Lorraine 165, fo 62. En 1487, il dédommage encore un assiégeant : archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 3, fo 59.

    17 Ibid., B 569, no 4 indique le règlement de la question et les parties prenantes.

    18 Ibid., B 690, no 146 ; voir aussi archives municipales de Metz, EE 37, fo 8 vo à propos d’un Geroldseck.

    19 Archives départementales de la Meuse, B 2991.

    20 BnF Lorraine 368, no 74 : le duc en butte aux attaques de Robert de La Marck a été contraint, écrit-il plus tard à Maximilien de mettre son artillerie aux champs au lieu d’aller le secourir à Bruges. À propos des chevauchées de Robert de La Marck dans le duché de Bar, dès 1488, voir Bruneau Charles (éd.), La Chronique de Philippe de Vigneulles, t. III, Metz, Presses universitaires de Nancy, 1932, p. 132.

    21 Archives départementales de la Meuse, B 1892, fo 114.

    22 Ce qu’il fait par acte du 18 septembre 1477 : copie ibid., B 3064 ; cette localité est située à 10,4 km au nord-ouest de Metz.

    23 Cité par Contamine Philippe, « René II et les mercenaires de langue germanique » sans donner de référence, in Cinq-centième anniversaire de la bataille de Nancy, Nancy, Annales de l’Est, 1979, p. 384.

    24 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 5, fo 26, fo 27 ; archives du château de Chantilly, 1E 21, Dun, nos 47-48 ; BnF Lorraine 11, fo 14-17 ; archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 5, fo 37 vo et B 995 ; BnF Lorraine 264, fo 60.

    25 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 616, no 67 ; le duc est représenté par son procureur Jean de l’Église devant le bailli de Vitry, Claude de Lenoncourt.

    26 En raison probablement des droits de sa mère Jeanne de Marley, fille de Collart de Marley, seigneur du Saulcy, de Dun, de Jametz et de Florange : voir ibid., B 3, fo 96.

    27 Ibid., B 6, fo 117 vo : sur la commune d’Azannes (Meuse, France) ; Philippe le Beau fait restituer à Robert de La Marck le 10 janvier 1497, la seigneurie de Florange et le comté de Chiny : archives d’État du Luxembourg, Reinach 2284.

    28 Archives du château de Chantilly, 1E 21, Dun, no 64 ; René II a des dettes à son égard : archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 3, fo 161-162.

    29 Ibid., B 6, fo 1 : Demenge de Serocourt et Louis de Stainville qu’il avait emprisonnés et rançonnés.

    30 Cette journée est évoquée dans une lettre patente de René II : ibid., B 3, fo 89-90.

    31 Le remboursement des frais d’écritures par les parties donne lieu à quittance de Jean de Stall greffier de Soleure par le dépôt de 50 florins d’or du Rhin chez Louis de Kageneck chevalier, le 14 octobre 1490 : BnF Lorraine 11, nos 68-70.

    32 La seigneurie est grevée d’un droit de douaire au bénéfice de Catherine de Saint-Loup veuve de Pierre de Beaufremont et d’une rente de 50 salus autrefois rachetée par Yolande d’Anjou mère de René II à Pierre de Beaufremont : archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 4, fo 109 et B 543, no 100.

    33 Il s’engage par lettre du 2 mars 1490 : archives municipales de Metz, EE 1, fo 2 ; pour la rémunération de ses troupes, voir Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 4, fo 13 et 109.

    34 Claude d’Arberg prête à René II de menues sommes d’argent : ibid., B 989, fo 29 et 32.

    35 Il a prêté 1 florin d’Utrecht à René II pour le donner à ses braconniers : ibid., fo 54 vo.

    36 Schneider Hélène, « René II duc de Bar et les rois de France : l’exercice de la souveraineté sur la frontière commune (1482-1508) », Annales de l’Est, numéro spécial 2014, p. 123 sq.

    37 À ce propos, voir BnF Lorraine 515, fo 257 sq.

    38 Olland Hélène, La baronnie de Choiseul à la fin du Moyen Âge (1485-1525), Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1980, p. 98-99, se réfère notamment à BnF Fr. 4848, fo 270, Lorraine 124, fo 53, Lorraine 365, no 10 et Lorraine 449, fo 24 sq.

    39 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 3, fo 203 vo-206 : le regeste est une copie de l’acte ; le bénéficiaire est Johannès Lud de Pfaffenhoffen.

    40 BnF Lorraine 368, no 13 : d’après cette lettre, René II avait envoyé quelques années plus tôt Nicolas comte de Mœrs et de Sarrewerden faire cette reprise en son nom.

    41 Janssen Johannes, Frankfurts Reichscorrespondenz nebst andern verwandten Aktenstücken von 1376-1519, Bd. II/1, Fribourg-en-Brisgau, 1866, p. 584. René II, le 7 février 1495, prie le conseil de Francfort de trouver un hébergement pour l’ambassade qu’il veut envoyer à l’assemblée imminente du Reich.

    42 Pelicier Paul (éd.), Lettres des Charles VIII, Paris, 1898, t. IV, p. 207-210, no 873 : le roi dans une lettre du 9 mai à Pierre de Bourbon dit qu’il aurait appris que René II se serait rendu personnellement auprès de Maximilien pour lui prêter hommage parce que Maximilien refusait que ce soit un représentant qui le prête ; ce n’est probablement pas une nouvelle pour lui. Il n’y a pas trace, à ma connaissance, dans les archives lorraines, d’échanges entre Maximilien et René II entre février et mai 1495.

    43 BnF Lorraine 368, fo 20 : le délai entre l’arrivée et la reprise s’explique, selon René II lui-même, par la nécessité de préciser la qualité de tous les fiefs concernés pour « obvier à aucunes raisons par lesquelles l’on prétendait nous faire obliger envers l’Empire plus avant que tenus n’étions ».

    44 Les procureurs sont Valentin de Dürckheim docteur en droit, l’un des procureurs présents dès la première réunion du Reichskammergericht en 1495 à Worms et maître Gabriel Hochstetter qui lui ont été recommandés. Ils apparaissent en mars 1498 à propos de cette affaire concernant Épinal.

    45 Dans une lettre non datée : BnF Lorraine 7, no 112.

    46 Sur ce personnage, Christine Rivière, Les anoblissements et le pouvoir ducal en Lorraine à la fin du Moyen Âge, mémoire de maîtrise inédit, Nancy, 1998, donne une notice p. 124-125.

    47 BnF Lorraine 7, no 49 : lettre écrite à Bruxelles, le 18 mars 1499.

    48 Ibid., no 122 : il prie Johannès Lud de répondre sur la question à Gabriel Hochstetter son procureur à ladite Chambre impériale saisie par Jacques Roynette fils d’Huyn.

    49 Les officiers lorrains ont détruit toute trace écrite de la procédure : ibid., no 159.

    50 Sa mère est décédée le 23 février précédent.

    51 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 2, fo 305.

    52 Claude de Neuchâtel, pris entre Louis XI et Maximilien, demande à ce dernier une autorisation de neutralité : ibid., B 608, no 32.

    Auteur

    • Hélène Schneider
      Enseignante-chercheure en histoire du Moyen Âge en retraite, université de Lorraine.
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    1 Fersing Antoine, Idoines et suffisants. Les officiers d’État et l’extension des droits du Prince en Lorraine ducale (début du xvie siècle-1663), thèse inédite, Strasbourg, juillet 2017, donne un état récent de ces questions.

    2 Voir Meaume Georges-E., Les assises de l’ancienne chevalerie lorraine, Nancy, L. Wiener, 1874.

    3 Phrase citée par l’ambassadeur Francesco Bertini que rapporte Minois Georges, Charles Le Téméraire, Paris, Perrin, 2015, p. 405.

    4 Sur les relations du duc de Lorraine avec l’Italie, voir notamment Vienne René de, « René II et Venise », Le Pays Lorrain, 1977, p. 135-145.

    5 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 416, fo 33 vo-35 vo : le document ne porte ni date ni auteurs autres que les « très obéissants sujets et serviteurs du duc ».

    6 À propos des aides, consulter Duvernoy Émile, Les États Généraux des duchés de Lorraine et de Bar jusqu’à la majorité de Charles III, Paris, Picard, 1904, p. 171 sq., la réunion est attestée selon lui avant août 1480, les seigneuries engagées en 1481 « Aubenton, Rumigny, Watesale, Vyenne et aultres » sont toutes situées à l’extérieur des duchés.

    7 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 982, fo 44 : il a encore emprunté 2 000 francs à Ferry de Tantonville en 1488 ; il cède aussi parfois des seigneuries, Faulquemont à peine rentrée dans les mains du duc au décès de Walther de Thann est cédée pour services rendus à Philippe de Linange, bailli d’Allemagne : ibid., B 2, fo 304.

    8 On qualifie ces biens de gagières ou d’engagères à l’époque : la ville et prévôté de Trougnon-Heudicourt par exemple, est récemment rachetée en janvier 1491. René d’Anjou l’avait engagée pour 3 000 florins à Pierre de Beauvau : René II la rachète grâce à un prêt de son maître d’hôtel François de Hanesquer : Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 4, fo 86 vo-88 vo.

    9 Juchs Jean-Philippe, Vengeance et guerre seigneuriale au xive siècle (Royaume de France-Principauté de Liège), thèse inédite, Paris, 2012, traite cette question.

    10 Prange Mathis et Reinle Christine, Fehdehandeln und Fehdegruppen im spätmittelalterlichen und frühneuzeitlichen Europa, Göttingen, 2014, expliquent les caractères et la géographie de cette pratique.

    11 Il l’envisage sans doute dès son entrée au service de Venise en 1480.

    12 La guerre avec Metz des années 1490 à 1492 en découle largement : Schneider Hélène, Le face à face de la cité avec le duc de Lorraine René II (1489-1493) dans Metz 1500, dir. Léonard Dauphant, Villeneuve-d’Ascq, 2023, p. 65-80.

    13 Ils en reprennent des seigneuries Barroises et Champenoises, notamment Ancerville, Éclaron, Haironville.

    14 Bossuat Jean, « Les prisonniers de guerre au xve siècle : la rançon de Jean seigneur de Rodemack », Annales de l’Est, 1951, no 3, p. 145-162 donne la bibliographie et un récit des malheurs de la famille.

    15 BnF Lorraine 212, fo 30 : ils traitent en 1483 contre le comte Georges de Virnebourg commis à la garde de ses châteaux par Gérard de Rodemack.

    16 BnF Lorraine 165, fo 62. En 1487, il dédommage encore un assiégeant : archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 3, fo 59.

    17 Ibid., B 569, no 4 indique le règlement de la question et les parties prenantes.

    18 Ibid., B 690, no 146 ; voir aussi archives municipales de Metz, EE 37, fo 8 vo à propos d’un Geroldseck.

    19 Archives départementales de la Meuse, B 2991.

    20 BnF Lorraine 368, no 74 : le duc en butte aux attaques de Robert de La Marck a été contraint, écrit-il plus tard à Maximilien de mettre son artillerie aux champs au lieu d’aller le secourir à Bruges. À propos des chevauchées de Robert de La Marck dans le duché de Bar, dès 1488, voir Bruneau Charles (éd.), La Chronique de Philippe de Vigneulles, t. III, Metz, Presses universitaires de Nancy, 1932, p. 132.

    21 Archives départementales de la Meuse, B 1892, fo 114.

    22 Ce qu’il fait par acte du 18 septembre 1477 : copie ibid., B 3064 ; cette localité est située à 10,4 km au nord-ouest de Metz.

    23 Cité par Contamine Philippe, « René II et les mercenaires de langue germanique » sans donner de référence, in Cinq-centième anniversaire de la bataille de Nancy, Nancy, Annales de l’Est, 1979, p. 384.

    24 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 5, fo 26, fo 27 ; archives du château de Chantilly, 1E 21, Dun, nos 47-48 ; BnF Lorraine 11, fo 14-17 ; archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 5, fo 37 vo et B 995 ; BnF Lorraine 264, fo 60.

    25 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 616, no 67 ; le duc est représenté par son procureur Jean de l’Église devant le bailli de Vitry, Claude de Lenoncourt.

    26 En raison probablement des droits de sa mère Jeanne de Marley, fille de Collart de Marley, seigneur du Saulcy, de Dun, de Jametz et de Florange : voir ibid., B 3, fo 96.

    27 Ibid., B 6, fo 117 vo : sur la commune d’Azannes (Meuse, France) ; Philippe le Beau fait restituer à Robert de La Marck le 10 janvier 1497, la seigneurie de Florange et le comté de Chiny : archives d’État du Luxembourg, Reinach 2284.

    28 Archives du château de Chantilly, 1E 21, Dun, no 64 ; René II a des dettes à son égard : archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 3, fo 161-162.

    29 Ibid., B 6, fo 1 : Demenge de Serocourt et Louis de Stainville qu’il avait emprisonnés et rançonnés.

    30 Cette journée est évoquée dans une lettre patente de René II : ibid., B 3, fo 89-90.

    31 Le remboursement des frais d’écritures par les parties donne lieu à quittance de Jean de Stall greffier de Soleure par le dépôt de 50 florins d’or du Rhin chez Louis de Kageneck chevalier, le 14 octobre 1490 : BnF Lorraine 11, nos 68-70.

    32 La seigneurie est grevée d’un droit de douaire au bénéfice de Catherine de Saint-Loup veuve de Pierre de Beaufremont et d’une rente de 50 salus autrefois rachetée par Yolande d’Anjou mère de René II à Pierre de Beaufremont : archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 4, fo 109 et B 543, no 100.

    33 Il s’engage par lettre du 2 mars 1490 : archives municipales de Metz, EE 1, fo 2 ; pour la rémunération de ses troupes, voir Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 4, fo 13 et 109.

    34 Claude d’Arberg prête à René II de menues sommes d’argent : ibid., B 989, fo 29 et 32.

    35 Il a prêté 1 florin d’Utrecht à René II pour le donner à ses braconniers : ibid., fo 54 vo.

    36 Schneider Hélène, « René II duc de Bar et les rois de France : l’exercice de la souveraineté sur la frontière commune (1482-1508) », Annales de l’Est, numéro spécial 2014, p. 123 sq.

    37 À ce propos, voir BnF Lorraine 515, fo 257 sq.

    38 Olland Hélène, La baronnie de Choiseul à la fin du Moyen Âge (1485-1525), Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1980, p. 98-99, se réfère notamment à BnF Fr. 4848, fo 270, Lorraine 124, fo 53, Lorraine 365, no 10 et Lorraine 449, fo 24 sq.

    39 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 3, fo 203 vo-206 : le regeste est une copie de l’acte ; le bénéficiaire est Johannès Lud de Pfaffenhoffen.

    40 BnF Lorraine 368, no 13 : d’après cette lettre, René II avait envoyé quelques années plus tôt Nicolas comte de Mœrs et de Sarrewerden faire cette reprise en son nom.

    41 Janssen Johannes, Frankfurts Reichscorrespondenz nebst andern verwandten Aktenstücken von 1376-1519, Bd. II/1, Fribourg-en-Brisgau, 1866, p. 584. René II, le 7 février 1495, prie le conseil de Francfort de trouver un hébergement pour l’ambassade qu’il veut envoyer à l’assemblée imminente du Reich.

    42 Pelicier Paul (éd.), Lettres des Charles VIII, Paris, 1898, t. IV, p. 207-210, no 873 : le roi dans une lettre du 9 mai à Pierre de Bourbon dit qu’il aurait appris que René II se serait rendu personnellement auprès de Maximilien pour lui prêter hommage parce que Maximilien refusait que ce soit un représentant qui le prête ; ce n’est probablement pas une nouvelle pour lui. Il n’y a pas trace, à ma connaissance, dans les archives lorraines, d’échanges entre Maximilien et René II entre février et mai 1495.

    43 BnF Lorraine 368, fo 20 : le délai entre l’arrivée et la reprise s’explique, selon René II lui-même, par la nécessité de préciser la qualité de tous les fiefs concernés pour « obvier à aucunes raisons par lesquelles l’on prétendait nous faire obliger envers l’Empire plus avant que tenus n’étions ».

    44 Les procureurs sont Valentin de Dürckheim docteur en droit, l’un des procureurs présents dès la première réunion du Reichskammergericht en 1495 à Worms et maître Gabriel Hochstetter qui lui ont été recommandés. Ils apparaissent en mars 1498 à propos de cette affaire concernant Épinal.

    45 Dans une lettre non datée : BnF Lorraine 7, no 112.

    46 Sur ce personnage, Christine Rivière, Les anoblissements et le pouvoir ducal en Lorraine à la fin du Moyen Âge, mémoire de maîtrise inédit, Nancy, 1998, donne une notice p. 124-125.

    47 BnF Lorraine 7, no 49 : lettre écrite à Bruxelles, le 18 mars 1499.

    48 Ibid., no 122 : il prie Johannès Lud de répondre sur la question à Gabriel Hochstetter son procureur à ladite Chambre impériale saisie par Jacques Roynette fils d’Huyn.

    49 Les officiers lorrains ont détruit toute trace écrite de la procédure : ibid., no 159.

    50 Sa mère est décédée le 23 février précédent.

    51 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 2, fo 305.

    52 Claude de Neuchâtel, pris entre Louis XI et Maximilien, demande à ce dernier une autorisation de neutralité : ibid., B 608, no 32.

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    Schneider, H. (2024). Opposition au prince et opposition du prince. In I. Mathieu & I. Ortega (éds.), L’ingouvernabilité en questions (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.195959
    Schneider, Hélène. « Opposition au prince et opposition du prince ». In L’ingouvernabilité en questions, édité par Isabelle Mathieu et Isabelle Ortega. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2024. https://doi.org/10.4000/books.pur.195959.
    Schneider, Hélène. « Opposition au prince et opposition du prince ». L’ingouvernabilité en questions, édité par Isabelle Mathieu et Isabelle Ortega, Presses universitaires de Rennes, 2024, https://doi.org/10.4000/books.pur.195959.

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    Mathieu, I., & Ortega, I. (éds.). (2024). L’ingouvernabilité en questions (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.195847
    Mathieu, Isabelle, et Isabelle Ortega, éd. L’ingouvernabilité en questions. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2024. https://doi.org/10.4000/books.pur.195847.
    Mathieu, Isabelle, et Isabelle Ortega, éditeurs. L’ingouvernabilité en questions. Presses universitaires de Rennes, 2024, https://doi.org/10.4000/books.pur.195847.
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