Gouverner un État-frontière

La Lorraine entre France, Anjou et Bourgogne (1445-1486)

Léonard Dauphant

p. 59-70


Texte intégral

1Les duchés de Bar et de Lorraine s’insèrent à partir de 1434 dans l’État composite angevin, mais sont vite pris dans l’affrontement entre le royaume de France et la « Grande principauté de Bourgogne » en construction. De 1445, fin de la guerre de Cent Ans dans la région, jusqu’aux années 1480-1486 où René II parvient à saisir les États lorrains mais échoue en Provence, les luttes de partis divisent les lignages et les institutions ducales. Les noblesses des États angevins se caractérisent par leur « soumission » à la monarchie, par idéal1. Mais la noblesse lorraine est agitée par de puissantes forces centripètes : guerres de Bourgogne et occupation française mettent à nu le manque de cohésion de l’union dynastique Bar-Lorraine.

2Comment mesurer cette ingouvernabilité ? Le gouvernement est un art du possible, c’est-à-dire l’art de modeler ses projets sur le possible. Encore faut-il distinguer les projets du prince de ceux de ses différents groupes de serviteurs, et de ce que l’historien considère rétrospectivement comme le sens de l’Histoire. Trois échelles s’emboîtent ici, dans des contextes particuliers. La première est celle des deux duchés, morcelés, mais où Charles II a jeté les bases d’une unification de la Haute-Lotharingie2. Or le projet des ducs d’être à la tête de la société politique régionale comme princeps se heurte à la concurrence du duc de Bourgogne, qui est en mesure d’intégrer cette région à la « Grande principauté de Bourgogne ». La deuxième échelle est le lien dynastique des deux duchés, issu du traité de Foug de 1419 et du mariage de René Ier et d’Isabelle de Lorraine, fille de Charles II. L’ingérence du duc de Bourgogne et celle de Louis XI menacent l’indépendance de la principauté, mais mettent aussi à jour que l’union est inachevée : les élites du Barrois penchent vers la France, celles de Lorraine vers la Bourgogne. L’union est-elle viable, est-elle désirée ? La Lorraine est enfin un membre de l’État composite angevin. Comment la gouverner quand cet ensemble se dissout à la mort de René Ier ?

3Qu’est-ce qui est le moins ingouvernable ? La Lorraine ou le Barrois ? L’union dynastique ? L’État composite ? Nous allons étudier en premier lieu la place du duc dans la région, souverain ou prince, concurrencé par le duc de Bourgogne et par le corps de la noblesse régionale, la « Seigneurie ». Puis nous étudierons l’union dynastique en soulignant les intérêts divergents des institutions ducales et des groupes qui les composent. Enfin, descendant à l’échelon des individus, nous verrons comment les officiers angevins survivent à la dissolution de la seconde Maison d’Anjou. Comment se gouverner soi-même quand l’État entre dans une crise mortelle ?

« Par vous me vols gouverner » : le prince, « la seigneurie » et le parti bourguignon

4Posons d’abord quelques jalons chronologiques : en 1445-1446, René d’Anjou sauve son pouvoir en Lorraine. Le paiement de sa rançon amène à la banqueroute mais le roi de France l’aide à libérer les places occupées par les Bourguignons et à ramener la sécurité dans le pays3. Vingt ans après, en 1465, Jean II prend les armes contre le roi dans la Ligue du Bien public ; l’influence bourguignonne devient prépondérante parmi les seigneurs lorrains. Nicolas et René II hésitent ensuite entre le roi ou le duc. En 1475, René II doit trancher et décide finalement de défier Charles le Téméraire. Dans la Lorraine envahie, une grande partie des élites se rallie au duc de Bourgogne4, avant que la bataille de Nancy entraîne un retournement spectaculaire, sauvant le pouvoir angevin dans la région.

5L’influence de Louis XI relève du grignotage, en Barrois et en Verdunois. Elle s’exerce d’abord sur les officiers de la frontière, à Bar-le-Duc pendant les dix ans d’occupation, et sur les Lorrains qui servent le roi en Champagne5. Le duc de Bourgogne, lui, étend ses réseaux au cœur de la Lorraine, en s’attachant les lignages : évêques choisis parmi la clientèle ducale, seigneurs mariés à des Bourguignonnes ou des Luxembourgeoises ou officiers exerçant dans ses pays. Jusqu’à la victoire de René II en 1477, on peut qualifier la Lorraine de protectorat bourguignon, comme le pays de Liège, par exemple. Dans ce pays morcelé, les ducs de Lorraine sont incapables de garder une frontière pour empêcher leurs ennemis de s’introduire dans le pays : les grandes routes traversent une mosaïque qu’ils ne contrôlent jamais complètement. À partir de 1437, la vallée de la Meuse a servi d’axe de pénétration aux Bourguignons. Les places majeures cédées en gages de la rançon de René d’Anjou ne sont récupérées qu’en 14466. En 1467-1470, la pénétration se fait par la vallée de la Moselle. C’est qu’entre-temps, Philippe le Bon a mis la main sur le Luxembourg et Thiébaut IX et Thiébaut X de Neufchâtel sont entrés dans l’orbite bourguignonne. En 1448, Jean II demande qu’ils lui ouvrent leur place de Châtel-sur-Moselle, se heurte à un refus et prononce sa confiscation. Les Neufchâtel ripostent par une énorme campagne de fortification : la comptabilité mentionne des travaux entrepris au château entre 1448 et 14567. L’argent bourguignon permet de faire de Châtel la forteresse la plus moderne et la plus puissante de la région : elle n’a jamais été prise. Un nouveau semis de points d’appuis se constitue. Les soldats bourguignons arrivent sans encombre à Châtel : ils sont reçus à Remiremont, passent devant Épinal incapable de les arrêter. De Châtel, ils accèdent aux places de l’évêché de Toul, aux mains d’Antoine de Neufchâtel, frère de Thiebaut, d’où ils peuvent harceler Pont-à-Mousson. Par le Messin, l’accès au Luxembourg est ensuite aisé. Les Bourguignons s’assurent ainsi une capacité d’intervention dans toute la région. Quand la guerre est déclarée, l’armée du prince de Tarente vient en renfort des Bourguignons depuis le sud, traverse la Lorraine jusqu’en Luxembourg en passant devant Nancy et le duc impuissant8. Avant 1475, le duc de Lorraine lui-même n’était pas menacé tant qu’il servait le duc de Bourgogne, comme l’avait fait Charles II. Bref, dès avant Bulgnéville, René a dû gouverner « en terre bourguignonne9 ». Les Angevins devant ménager les protégés du duc de Bourgogne, l’ingérence bourguignonne renforce le morcellement seigneurial et empêche l’unification régionale. Mais l’ingouvernabilité est ressentie comme telle par rapport à une idée du gouvernement étatique. Or le modèle capétien de l’État souverain et de la sujétion est-il l’horizon des Angevins en Lorraine ? En Empire, l’idéal du service ne contredit pas celui de la liberté. René Ier avait accepté de faire de la seigneurie l’institution fondamentale de la Lorraine. Il faut donc distinguer l’obéissance due au duc et la place du duc dans la société : la « princerie10 ».

6Quels sont les rapports entre le prince et ses conseillers, les barons du pays ? La Chronique de Lorraine, rédigée sous René II, le dit clairement. Lors de l’entrée de René II à Nancy en 1473, « lesdictz seigneurs devisoient comment la duchié luy falloit governer. Par vous ne feray chose que ne me ayez conseillé11 ». Le duc doit son trône au conseil qui l’a choisi parmi les héritiers12 : le conseil entend bien gouverner au nom du prince. Dans la même chronique, René Ier hérite de Naples et dit à « la seigneurie » : « Messieurs, doresenavant par vous me vols gouverner ; ma duchié vous vols laissier », puis se rend en Anjou pour dire de même aux Angevins13. Les ducs passent, le conseil demeure, dans l’équilibre de ce que Christophe Rivière a qualifié d’« État nobiliaire14 ». Le conseil peut être conçu comme un corps intermédiaire qui, avec ou sans le prince, rassemble ponctuellement les barons, les prélats, et surtout les officiers que le prince a lui-même choisis pour gouverner. À Bar, les roturiers de la Chambre des comptes forment le conseil, souvent sous l’autorité d’un gouverneur. À Nancy, les « seigneurs du conseil du duché de Lorraine » dominent. Quand le duc est absent, ils souscrivent des actes en son nom, « à la relation du conseil15 ». Ils manifestent ainsi que l’autorité émane du duc16 mais leur collège ne supporte aucun gouverneur. Ce qu’ils demandent au prince est un charisme personnel17 : « un prince aymé en un pays, on luy faict tout plaisir », fait dire la Chronique de Lorraine à Charles le Téméraire pour convaincre Nicolas d’envahir la France avec lui18.

7Si le duc ne peut guère gouverner contre sa noblesse, la coutume le contraint même, dans une certaine mesure, à tolérer les changements de fidélité. En 1472, l’armée et le conseil lorrains sont à Charmes et assiègent le maréchal de Bourgogne dans Châtel. Le conseil écrit au sire de Rechicourt (Rudolph de Linanges) car ses fils Wecker et Hannemann servent à Châtel « contre leur souverain ». Rudolph les force à aller demander pardon au conseil : « ils feurent receus bien gracieusement, on leur feit la bonne chiere, comme on faict ès Alemans19 ». Le terme de souverain, ici, est l’équivalent roman du terme « Lantfürst » (prince du pays) que Rudolph utilise dans une lettre de 1468 où il regrette déjà que son fils Wecker serve le maréchal de Bourgogne et ait capturé des hommes de son correspondant Simon de Fénétrange20. On voit aussi que la coutume germanique fait une place plus grande à la liberté du service que la coutume romane. Quelques pages après, Wecker combat dans le camp ducal21. Considérons aussi comment René II s’est comporté vis-à-vis des « traîtres ». Après la bataille de Nancy, la plupart des seigneurs survivants ont été pardonnés. Passé à l’ennemi, Simon des Armoises a sa seigneurie d’Essey confisquée en septembre 1476 quand René II y établit son camp22. Or dès juin 1478, le même Simon a retrouvé la jouissance d’Essey, quand il obtient du duc la grâce d’un de ses hommes23. Il a rapidement obtenu la main-levée sur ses terres. Le cas de Jean de Toulon est différent. Ses terres confisquées ne sont pas rendues, et douze ans plus tard, on allègue encore son crime de lèse-majesté24. Pourquoi lui faire des difficultés plus qu’à d’autres ? L’étude du conseil le révèle : il en est absent et n’a jamais servi les Angevins, alors qu’il vient d’une famille longtemps liée aux ducs de Lorraine25, a été élevé à l’hôtel ducal et a hérité de terres engagées par les ducs. La multivassalité est normale, le changement de parti, dramatique mais surmontable. Peut-être le prince pardonne-t-il qu’on serve quelqu’un d’autre, pas qu’on refuse de le servir.

8La vraie question n’est pas l’obéissance due au prince mais sa primauté. Qui a l’autorité pour être l’arbitre du pays ? En 1467, Thiebaut de Neufchâtel se plaint des bourgeois d’Épinal au duc de Bourgogne : il leur a « offert de venir au droit devant [lui]26 ». S’il parvenait ainsi à imposer la médiation bourguignonne, le duc de Lorraine ne serait plus le prince, c’est-à-dire le premier dans sa région. Or dans ces années 1460, apparaît un nouveau discours du pouvoir angevin, qui évoque la souveraineté du duc dans la documentation politique. Au même moment, dans la Chronique de Lorraine, l’expression « Bon Loherain », opposée aux « estrangiers », révèle un sentiment en cours de cristallisation face aux ingérences extérieures. On peut le dire « national » sur le modèle français, ou « particulariste » dans un contexte d’Empire. Comme en France à l’époque des Armagnacs et des Bourguignons, cette transformation suscite d’énormes tensions, et finalement une guerre civile, puisque les guerres de Bourgogne en sont une en partie. Mais cette fidélité exclusive au duc de Lorraine s’exprime justement dans une société où le duc de Bourgogne est une autorité, au même titre que l’empereur, avec un prestige personnel sans doute supérieur et une plus grande proximité. Dans ce contexte d’autorités multiples et de condominats27, où se mêlent coopération et compétition, le modèle français de la souveraineté n’est pas opératoire, et le mot a lui-même dans les sources un sens trop vague pour ne pas nous égarer. Les expressions germaniques, telles qu’on les utilise par exemple en Palatinat28, permettent de mieux comprendre cette situation d’Empire : le duc cherche comme Landfürst à exercer une primauté régionale, intermédiaire entre le service dû au Dienstherr, seigneur féodal parmi d’autres, et la sujétion que le Landesherr peut imposer, ce qui demanderait, indépendamment du rapport de force, de bouleverser la coutume et le statut des seigneuries. Mais ce pays est-il homogène ? L’union personnelle a-t-elle une réalité chez les serviteurs du prince ? L’étude des institutions ducales permet d’aller plus loin dans cette question.

« En grande division » : les intérêts divergents des institutions ducales

9L’ingérence bourguignonne met à jour les intérêts divergents du Barrois et de la Lorraine : elle menace finalement l’union issue du traité de Foug. L’historiographie évoque souvent le poids de « la chevalerie29 », sans chercher à en connaître les lignes de faille. Les rares textes narratifs, eux, font pourtant allusion à des tensions entre les personnes et les institutions. Malheureusement, les chroniques sont peu nombreuses et peu détaillées, les intentions des acteurs politiques nous échappent souvent, leur état d’esprit presque toujours. Le conseil est « en grande division » au moment de choisir le successeur de Nicolas : mais qui a fait le choix de René II et pourquoi30 ? Au moins peut-on essayer de mettre des noms sur ce conseil. L’étude des mentions de commandements permet d’identifier le personnel de cette institution et les grands conseillers qui la dominent31. On décompte 158 conseillers dans l’espace lorrain, dont environ 33 « étrangers » au pays. Les 19 conseillers les plus présents (10 fois ou plus) totalisent la moitié des mentions (348 sur 708). Parmi eux, quatre membres de la famille d’Haraucourt totalisent 100 mentions (115 en comptant les actes émis hors de Lorraine), soit 15 % : leur famille domine le conseil sous René Ier. Le poids de Gérard à Bar-le-Duc et de son frère Jacques à Nancy atténue l’opposition entre les deux conseils, qui représentent les intérêts de deux duchés aux cultures politiques opposées et aux intérêts parfois divergents. En 1467, le conseil de Bar veut appliquer les ordres de René contre Thiebaut de Neufchâtel : s’il refuse l’hommage, il faut confisquer son fief. Les Lorrains refusent : Châtel est un fief de Bar enclavé en Lorraine, la guerre ravagerait leur duché32. Ce n’est qu’en 1472, dans un autre contexte, que le conseil de Lorraine assiège Châtel. Les adversaires jouent de cette hétérogénéité lorraine. En 1467, le Bourguignon Jean de Beaufremont est envoyé en ambassade à Nancy. Il porte une plainte de Charles le Téméraire à René d’Anjou : le duc de Lorraine Jean II (fils de René) attaque les fiefs de Bar33 !

10Du point de vue du conseil, c’est le prince qui peut se révéler ingouvernable, surtout quand il est à la cour de France. Quand le duc Nicolas séjourne auprès de Louis XI en 1470-1471, la Chronique nous dit que le pays était « impourvu de prince34 », critique qui n’est pas formulée quand Jean II est en Catalogne ou à Naples… L’agacement se cristallise quand Nicolas cède Châtel à un Français. Le conseil est « fasché » de ce don35 alors que le siège n’est même pas fini. « Le conseil cognut que c’estoit un don faict ignoramment ; les gens de guerre por luy ne s’y eussient faict tuer : s’il en volloit joyr lui-mesme, ou sa puissance, la debvoit panre36. » L’opposition est celle des Lorrains et des Français, mais aussi celle des jeunes et des vieux : certains conseillers jugés trop vieux et à l’inverse Nicolas, considéré comme un enfant. Régulièrement, la tension entre la seigneurie et le prince se manifeste comme opposition entre le conseil et l’hôtel. Au conseil les barons siègent toute leur vie, parfois pendant quarante ans, alors que les jeunes amis du prince se succèdent à l’hôtel. Le Dialogue de Johannès Lud rejoint la Chronique de Lorraine : l’auteur critique aussi les membres de l’hôtel et le parti français à la chambre des comptes de Bar. Johannès demande pourquoi le jeune René II a fait alliance avec la France contre la Bourgogne : « de soy ou par le conseil de ses nobles ? » Lud répond : « Je croy que a traicter ceste alliance laquelle fut au lieu de Neufchastel qu’il n’y eust guieres de Lorrains car a mon advis messire Charles de Beauvau le maistre d’hostel, messire Achilles bastard de Beauvau et maistre Nicole Merlin de Bar conduisarent ceste matiere principalement avec les Francois comme affecté a leur nation37. »

11Ce ne sont ni le prince ni les « gens du conseil » de Lorraine qui sont coupables, mais les Barrois et les officiers français de l’hôtel. Il existe un parti français parmi les officiers de Bar-le-Duc : après l’occupation française, René II les garde à son service38. René II donne à l’hôtel un rôle d’« instrument de stabilité », pour intégrer les fidèles d’Anjou, de France ou d’ailleurs. Le conseil de Lorraine, institution particulariste, peut regarder cette institution de brassage comme un « corps étranger39 ». Achille de Beauvau a été capitaine de Neufchâteau pendant vingt-cinq ans et il y est enterré en 1498, mais Johannès Lud l’a toujours considéré comme un étranger. S’agit-il d’une simple rancune personnelle ? Selon Peter Moraw, la « préoccupation existentielle constante [des élites administratives nobles était] de tenir à distance la noblesse étrangère, surtout pour empêcher le prince d’attirer ainsi des serviteurs trop obéissants et bon marché. En Allemagne, la noblesse régionale savait bien défendre sa position, et le “particularisme” triomphait partout40 ». C’est bien ainsi qu’il faut interpréter la colère des Lorrains quand Nicolas cède Châtel avant sa conquête. Le bénéficiaire, présenté comme un « seigneur françoys […] lequel estoit de sa cognoissance41 », n’est autre que Louis de Clermont, de l’ordre du Croissant, un des fidèles de son grand-père René. Le conseil de Lorraine le considère a priori comme un intrus. L’union dynastique Bar-Lorraine et la monarchie angevine ne convainquent qu’une mince couche supérieure des élites lorraines.

12Le Dialogue et la Chronique, tous deux écrits par des secrétaires lorrains, l’un allemand, l’autre vosgien, opposent les mauvais conseillers barrois aux bons conseillers de Jean II : six noms dans chaque texte, tous seigneurs lorrains, officiers aux longues carrières42. Lud cite les principaux officiers des années 1460 : le maréchal Jean de Fénétrange, le sénéchal Gérard d’Haraucourt, Warry de Fléville et Philippe de Lenoncourt. La Chronique cite la génération suivante : Jean comte de Salm, maréchal après Fénétrange, Colinet de Ville, Jacquet de Savigny, et Balthasar d’Haussonville. Les deux textes s’accordent sur Jacques d’Haraucourt et Jean Wisse de Gerbéviller, bailli de Nancy l’un après l’autre, le premier étant jusqu’à sa mort en 1476 le conseiller le plus présent selon nos relevés, et le vrai chef du conseil de Lorraine, tandis que son frère domine à Bar. Selon Lud : « Ilz [gouvernaient] magnificquement es pays de par deca sans parcialité quelconsques qu’ilz eussent envers aultres nations. Car toute leur estude estoit sellement de magnifier et epaulier le bruict non et gloire de leur prince et du noble pays de Lorraine43. »

13Lud magnifie ainsi leur sentiment particulariste, sans dire si cette « estude » s’oppose aux « hauts desseins » de son maître, prince capétien, duc de Bar et possible roi de Sicile. La Chronique de Lorraine oppose de même les bons conseillers lorrains aux favoris de Nicolas. À la mort de Nicolas, les Nancéiens accusent « ses gens » ou « ses governeurs » de l’avoir empoisonné. Les conseillers arrivent à Nancy et font arrêter un certain Le Glorieux pour éviter qu’il ne soit tué. Le Glorieux a le profil du favori d’origine modeste et détesté pour son arrogance. Les archives, elles, évoquent des seigneurs français membres de l’hôtel, comme le chambellan Antoine de Mohet ou Jean de Maugiron, grand écuyer d’écurie. Comblés de terres par Nicolas, ils sont dépossédés à sa mort et passent alors au service de Louis XI.

14Selon la Chronique, quand René II repart après son avènement, « tous les gens et seigneurs que le duc Nicholas gouverné avoient » font sonner les cloches de Nancy. La ville est en alarme et ils en profitent pour s’enfuir, en France, en Provence ou en Flandre44. Ces membres de l’hôtel, Français, Bourguignons, Provençaux, s’opposent aux conseillers lorrains, qui représentent la continuité mais résident sur leurs terres. La rareté des sources narratives masque sans doute combien la position du duc est fragile en Lorraine : il ne peut gouverner qu’en conciliant des corps hostiles les uns aux autres, et des projets contradictoires. Finalement, le Barrois et la Lorraine traversent ces années-là en étant gouvernés séparément. L’union dynastique est encore ingouvernable.

Se gouverner dans la dissolution de l’ensemble angevin

15Cette ambiance délétère s’inscrit dans un contexte dramatique : à la pression bourguignonne s’ajoutent les menées de Louis XI dans les années 1470. Le projet de captation de l’héritage angevin bouleverse la société politique, comme le montre Yannick Frizet en Lorraine et en Provence45. Le roi entrave les communications entre les principautés, enferme ou menace de mort les officiers angevins en voyage46. Le Barrois est occupé en partie plusieurs fois entre 1474 et 1483 ; en Provence, Louis XI manipule les factions dès la mort de René Ier puis pratique des épurations brutales. L’ensemble angevin n’est plus gouvernable et il se disloque entre 1472 et 1486. La situation documentaire est paradoxale : les sources deviennent plus abondantes alors que les États angevins entrent en crise. En effet, l’enregistrement était une pratique courante quand les ducs étaient itinérants, mais en Lorraine, les registres n’étaient pas archivés. Dans les années 1470, René Ier est confiné en Provence par Louis XI, René II l’est en Lorraine : les registres et la comptabilité sont bien mieux conservés et la seule documentation des chartes est multipliée par quatre sous René II. La multiplication des sources révèle aussi des autorités multiples et concurrentes : dans les années 1470, les sujets du Barrois obtiennent des lettres de rémission de trois autorités différentes, le gouverneur de Bar, le duc de Lorraine et le conseil de Provence. Les compétences de la famille angevine se chevauchent, mais les princes peuvent aussi s’opposer entre eux. En 1480, René Ier vend l’hommage de Châtel-sur-Moselle à Louis XI pour 60 000 l.47. Cette décision menace la paix publique et l’autorité de René II. Mais qui a pris cette décision et pourquoi ? S’agit-il d’un expédient financier, dans une logique de court terme irresponsable, ou de corruption ? Les sources sont délicates à manier parce que, pendant cette crise, des officiers sont accusés de corruption à chaque changement politique. On ne sait s’il s’agit de vraies malversations ou de règlements de compte politiques. Comment rendre compte de l’instabilité des officiers ? Or entre 1472 et 1483, chaque année, une crise politique en Lorraine ou en Provence cause départs, arrestations ou trahison.

16Évoquons-en quelques-unes. En 1472, les Bourguignons prennent le contrôle de la cour de Nicolas. Dans un texte autobiographique, Jean Pèlerin affirme qu’il a dû s’exiler à cause de leurs complots, lui, « le meilleur ami de Jésus Christ48 » ! L’année suivante, à l’avènement de René II, les favoris de Nicolas s’enfuient, le receveur général Wautrin de Bayon est arrêté pour corruption, entraînant dans sa chute le secrétaire Jacques des Sales, convaincu d’avoir supposé des actes ducaux49. Un autre secrétaire disparaît des sources lorraines après que ses mandements financiers aient été cassés : on le retrouve en Provence. René II place alors ses hommes, dont le Provençal Jean de Lubières, nommé chancelier à vie le 10 septembre 1473. Or huit mois plus tard, il disparaît subitement des sources lorraines (mai 1474)50. Pourquoi ? Il avait reçu de René II la lourde charge de négocier avec Louis XI l’héritage de son grand-père51. A-t-il été retourné par le roi ou est-il devenu suspect au duc ? À la mort de René d’Anjou, il fait le choix de Louis XI et finit président de la chambre des comptes de Paris52.

17Le débauchage des élites, bourguignonne ou angevine, est une politique systématique de Louis XI, comme j’ai pu l’étudier pour ses pensionnaires53. En 1475-1477, les Lorrains choisissent en masse le camp bourguignon : Lepage a montré le déchirement de la noblesse lorraine. C’est ainsi que les enfants de Gérard et de Jacques d’Haraucourt, les deux principaux conseillers du pays, prennent le parti du Téméraire54. Benjamin, le vice-chancelier, est en disgrâce fin 147855. Est-il corrompu ou lui reproche-t-on de trahir au profit de Louis XI ? En 1480, René Ier meurt et le parti français mène l’épuration. Le trésorier général de Provence, Jean de Vaulx, est accusé de détournement de fonds. Jean de Lubières s’empare d’une partie de ses biens confisqués56. On peut poursuivre le récit, mais peut-on mesurer l’ingouvernabilité, ou à défaut, l’instabilité ? La quantification, sans doute possible, ne nous dira pas comment ces officiers, soumis à un stress perpétuel, gouvernent et se gouvernent. Les hommes sont l’enjeu des luttes entre quatre partis princiers : Anjou, France, Lorraine et Maine – on pourrait évoquer un mercato des officiers. Nous pouvons suivre les individus dans leurs errances : comment comprendre leurs choix dans la tourmente politique ?

18Esquissons quelques parcours types. Certains passent du service de René Ier à celui de René II. Jean de Châteauneuf, clerc des menus plaisirs, refait sa vie à Nancy comme secrétaire et garde du registre. Pour d’autres, le service de René II est temporaire. Baptiste de Pontevès accompagne René à Venise en 1480. Sénéchal de Lorraine en 1481-1482, il dirige l’attaque lorraine en Provence, puis siège au conseil en Lorraine en 1486-148757 avant de sortir de la documentation régionale. Il retourne sans doute en Provence quand René II n’a plus d’espoir de récupérer le comté. D’autres passent au service de Louis XI en 1480-1481, puis de René II en 1483, ballottés par la mort de leurs maîtres successifs. C’est le cas du général conseiller Jean Alardeau. En 1483, René II rentre d’Italie et se rend à la cour du nouveau roi Charles VIII : le 31 décembre à Tours, Alardeau entre au conseil lorrain ; il est mentionné 33 fois au conseil, jusqu’au 3 décembre 1484 à Gien58. Lors de ce nouveau voyage à la cour de France, il quitte le duc. Pourquoi passer un an auprès de lui ? Il a pu y être accueilli par ses anciens collègues et ses parents passés au service de la Lorraine. On peut compter au moins 16 officiers passés de Provence en Lorraine, définitivement ou non, à partir de 1480. C’est peu pour la Provence, mais notable pour l’administration lorraine qui doit leur faire une place. Neuf secrétaires étaient mentionnés dans la partie Barrois du registre provençal B 27459. Parmi eux, six partent en Lorraine. De ceux qui ne le font pas, l’un, Benjamin, était disgracié et avait choisi de servir Louis XI, un autre est trop vieux, le dernier avait déjà été convaincu de malversations en Lorraine. En Provence comme en Lorraine une décennie auparavant, la crise entraîne une crispation particulariste et les officiers angevins non provençaux sont chassés, tandis que les Provençaux fidèles au parti de Lorraine partent dans un exil qui sera temporaire. Dans sa dissolution, la monarchie composite entre une dernière fois en tension avec les projets des élites régionales qui la composent majoritairement.

Conclusion

19Dans ces années 1460-1470, trahisons, disgrâces et exils menacent l’existence même des milieux dirigeants, entraînés dans la guerre civile lorraine et la dissolution de l’État composite. Le règne de René II voit finalement le triomphe de l’union dynastique Bar-Lorraine, par un mélange de succès et d’échecs. Or personne en fait n’en voulait : le duc voulait plus, ses officiers voulaient moins. René II reste pour la postérité le vainqueur de 1477, celui qui avait « deliberez plutost mourir que habandonner la recouvrance60 » de la Lorraine ; or il se pensait et se disait d’abord roi de Sicile. Quant au secrétaire qui écrit la Chronique de Lorraine, il n’écrit pas celle du Barrois, qui reste pour lui un pays voisin. Le prince se sert d’officiers qui ne le comprennent pas, et réciproquement.

20Il est tentant d’évoquer Tolstoï. Comme Napoléon et Koutouzov dans Guerre et Paix, nos officiers angevins se gouvernent comme ils le peuvent, mais ils ne gouvernent pas, au sens de tenir le gouvernail. Ils ne savent pas ce qu’ils font, et les événements les dirigent. René II est le fondateur de la Lorraine moderne, union dynastique des deux duchés, lui qui désirait tant poursuivre l’histoire de la maison d’Anjou.

Notes de bas de page

1 Aurell Martin, « Conclusions », in Noël Coulet et Jean-Michel Matz (dir.), La Noblesse dans les territoires angevins à la fin du Moyen Âge, Rome, collection de l’École française de Rome, no 275, 2000, p. 769.

2 Rivière Christophe, Une Principauté d’Empire face au royaume : le duché de Lorraine sous le règne de Charles II (1390-1431), Turnhout, Brepols, 2019, p. 392-395.

3 Girardot Alain, « Noblesse et réformations en Lorraine angevine », in Noël Coulet et Jean-Michel Matz (dir.), La Noblesse, op. cit., p. 49-69.

4 Lepage Henri, « Commentaires sur la Chronique de Lorraine, au sujet de la guerre entre René II et Charles-le-Téméraire », moires de la Société d’Archéologie Lorraine, 2e série, vol. 1, 1859, p. 301-420.

5 Dauphant Léonard, Le Royaume des quatre rivières. L’espace politique français (1380-1515), Seyssel, Champ Vallon, 2012, p. 324-328.

6 Clermont et Neufchâteau sont aux mains de garnisons bourguignonnes, Gondrecourt, Prény et Longwy sont confiés à des conseillers de René qui s’engagent vis-à-vis de Philippe le Bon (Lecoy de la Marche Albert, Le Roi René, sa vie, son administration, ses travaux artistiques et littéraires, Paris, F. Didot, 1875, t. I, p. 121 et 123).

7 Giuliato Gérard, Châteaux et villes fortes du comté de Vaudémont en Lorraine médiévale, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 2009, p. 51-52.

8 Chronique de Lorraine, éd. abbé Marchal, Nancy, Wiener, 1860, p. 165.

9 Rivière Christophe, Une principauté, op. cit., p. 319.

10 Archives nationales, J 933, no 5 : en 1453, l’acte de cession du duché de Lorraine à Jean II évoque « les dessudites duchié, princerie, marchisié, pays et seigneurie de Lorraine ».

11 Chronique de Lorraine, op. cit., p. 136-137.

12 Ibid., p. 132-133.

13 Ibid., p. 41.

14 Rivière Christophe, « René d’Anjou, duc de Lorraine (1431-1453) : un prince moderne dans une principauté féodale ? », in Laurent Bourquin, Jean-Michel Matz et Noël-Yves Tonnerre (dir.), René d’Anjou, pouvoirs et gouvernement, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 43.

15 « Dominorum de Consilio prefati ducatus Lotharingie », archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 946 no 12, 25 mai 1469.

16 Canteaut Olivier, « Les mentions de chancellerie sur la scène de l’acte royal (France et Angleterre, xiiie-xve siècles) », in Laurent Bourquin, Jean-Michel Matz et Noël-Yves Tonnerre (dir.), Le discret langage du pouvoir : les mentions de chancellerie du Moyen Âge au xviie siècle, Paris, École des chartes, 2019 p. 181-182.

17 À propos de René II, dans une perspective moderniste : Tranié Ghislain, Philippe de Gueldre (1467-1547) : « Royne de Sicile » et « povre ver de terre », Paris, Garnier, 2018, p. 151-193 : « Une histoire symbolique du principat lorrain (1477-1516) ».

18 Chronique de Lorraine, op. cit., p. 106.

19 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 946, no 12 ; Chronique de Lorraine, op. cit., p. 96-97.

20 Ibid., B 696, no 26 (jeudi après la Saint-Thomas apôtre 1468).

21 Chronique de Lorraine, op. cit., p. 99-100.

22 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 1, fo 317. Son cousin homonyme, Simon des Armoises seigneur de Fléville, maître de l’artillerie ducale, reste fidèle à René II.

23 Ibid., B 1, fo 494.

24 Ibid., B 1, fo 440 : confiscation (1477) ; lèse-majesté : B 3, fo 247 (30 avril 1489).

25 Rivière Christophe, Une principauté, op. cit., p. 54.

26 Paris, BnF Lorraine 386, fo 125 : 21 août 1467.

27 Bretschneider Falk, « Étudier la fractalité : les espaces du Saint-Empire entre pluralité des échelles et liens transversaux », in Falk Bretschneider et Christophe Duhamelle (dir.), Le Saint-Empire. Histoire sociale (xvie-xviiie siècle), Paris, Éditions de la MSH, 2018, p. 151.

28 Cohn Henry J., The Government of the Rhine Palatinat in the Fifteenth Century, Londres, Oxford University Press, 1965.

29 Voir Delcambre Étienne, « Les ducs et les privilèges juridictionnels de la noblesse lorraine », Annales de l’Est, vol. 3, 1952, p. 39-60, 103-119 et 191-209. L’État est opposé à une noblesse abstraite.

30 Chronique de Lorraine, op. cit., p. 132-133.

31 Les mentions de commandement de 250 actes émis par les pouvoirs angevins à propos de la Lorraine entre 1424 et 1473 fournissent 989 noms de conseillers : voir Dauphant Léonard, René d’Anjou prince en Lorraine. Espace, pouvoir et coutume entre France et Empire au xve siècle, Paris, Classiques Garnier, à paraître en 2024 ; les données brutes sont disponibles sur HAL : [https://hal.univ-lorraine.fr/hal-04288628].

32 Paris, BnF Lorraine 386, fo 186-187.

33 Ibid., fo 77 : 11 décembre 1467 à Nancy.

34 Chronique de Lorraine, op. cit., p. 101-102.

35 Ibid., p. 98.

36 Ibid., p. 95.

37 Lud Johannès, Dialogue, Paris, BnF Lorraine 686, fo 7.

38 Dauphant Léonard, « La place du Barrois dans l’État lorrain de René II : du déchirement à l’intégration », in René II lieutenant et duc de Bar (1473-1508), Annales de l’Est, 2014, p. 32-36.

39 Ibid., p. 42.

40 Moraw Peter, « Conseils princiers en Allemagne aux xive et xve siècles », in Robert Stein (dir.), Powerbrokers in the Late Middle Ages: The Burgundian Low countries in a European Context – Les courtiers du pouvoir au bas Moyen Âge. Les Pays-Bas bourguignons dans un contexte européen, Turnhout, Brepols, 2001, p. 175.

41 Chronique de Lorraine, op. cit., p. 95.

42 Ibid., p. 130 ; Lud Johannès, Dialogue, Paris, BnF Lorraine 686, fo 5.

43 Ibid.

44 Chronique de Lorraine, op. cit., p. 130-137.

45 Frizet Yannick, Louis XI, le roi René et la Provence, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2015.

46 Ibid., p. 147-148.

47 Giuliato Gérard et Kraemer Charles, « Réseau défensif et résidences princières dans le Barrois sous René d’Anjou », in Jean-Michel Matz et Noël-Yves Tonnerre (dir.), René d’Anjou, pouvoirs et gouvernement, op. cit., p. 149.

48 Vagnon Emmanuelle, « Un commentaire inédit de la Géographie de Ptolémée en Lorraine autour de 1500 : le manuscrit latin 11523 de la BnF », 2018, conférence disponible en ligne : [https://crlv.org/conference/un-commentaire-in%C3%A9dit-de-la-g%C3%A9ographie-de-ptol%C3%A9m%C3%A9e-en-lorraine-autour-de-1500-le], consulté le 15 novembre 2023.

49 Le secrétaire suppose un acte quand il le rédige sans que le conseil le lui ait demandé.

50 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 1, fo 126.

51 Paris, BnF Lorraine 9, fo 20-23.

52 Chaigne Marion, Femmes au « cœur d’homme » ou pouvoir au féminin ? Les duchesses de la seconde Maison d’Anjou (1360-1481), t. II, thèse d’histoire médiévale, dir. Élisabeth Crouzet, Paris 4, 2014, p. 47.

53 Dauphant Léonard, « Les 700 pensionnaires de Louis XI : étude et édition d’un rôle de 1481 », Annuaire-Bulletin de la Société de l’Histoire de France, année 2011, 2015, p. 50-54.

54 Dauphant Léonard, « Y a-t-il un état en Lorraine ? Le cas du règne de René Ier (1430-1480) », in Thierry Pécout (dir.), Les officiers et la chose publique dans les territoires angevins (xiiie-xve siècle) : vers une culture politique ?, Rome, École française de Rome, 2020, [https://books.openedition.org/efr/7418], § 15-16.

55 Benjamin, mentionné 63 fois au conseil dans le registre (archives départementales des Bouches-du-Rhône, B274) disparaît après le 7 novembre 1478 (fo 113).

56 Frizet Yannick, op. cit., p. 227-228.

57 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 3, fo 1 et 47.

58 Ibid., B 2, fo 301 et 361.

59 Loys Merlin, Benjamin, Girardin, Mairesse, Poucquen, J. Le Gay, J. de Keures, Gauvaing et Châteauneuf.

60 Paris, BnF Lorraine 243 bis, fo 51, 16 décembre 1477.


Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.