• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15575 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15575 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Presses universitaires de Rennes
  • ›
  • Histoire
  • ›
  • Cartographier le parcellaire rural dans ...
  • ›
  • Première partie. Le point de vue de l’ar...
  • ›
  • Chapitre III. L’Atlas du marquisat de Ch...
  • Presses universitaires de Rennes
  • Presses universitaires de Rennes
    Presses universitaires de Rennes
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Une quinzaine de registres et une centaine de plans Des terres, des hommes et des plans Liste des planches Notes de bas de page Auteurs

    Cartographier le parcellaire rural dans l’Europe d’Ancien Régime

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Chapitre III. L’Atlas du marquisat de Château-Gontier : analyse archivistique d’un parcellaire en Haut-Anjou à la veille de la Révolution

    Cyril Daydé et Christine Mary

    p. 87-106

    Texte intégral Une quinzaine de registres et une centaine de plans Les registres Description matérielle Le terrier général Les notices d’article Les plans Constitution du fonds Description matérielle La réalisation La représentation du parcellaire Considérations pratiques Sources complémentaires Des terres, des hommes et des plans Le commanditaire, un homme de son temps L’œuvre des feudistes Une entreprise controversée Le passage à l’acte Pourquoi faire un parcellaire et pour quoi faire, un parcellaire ? Usages juridiques et judiciaires Validité, péremption, mise à jour et conservation Culture cartographique et appréhension de l’espace Liste des planches Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    1Au cours de l’été 1789, le royaume de France est secoué par des troubles que le roi peine à considérer comme une révolution. Ce dernier, dans son ordonnance du 9 août1, déplore que « des troupes de brigands s’attachent à […] attaquer les châteaux, en enlever les archives ». Les archives de la noblesse, apparaissant comme un symbole de l’Ancien Régime, ont ainsi été victimes de destructions dont le caractère spontané empêche d’appréhender précisément l’ampleur (Sagnac, 1900 ; Lefebvre, 1932 ; Malais, 2014 : 11-17). Certains titres sont alors partis en fumée, d’autres ont été scindés, cachés et momentanément considérés comme perdus. Le terrier du marquisat de Château-Gontier, réalisé à peine une décennie avant les événements révolutionnaires, est dans ce cas.

    2En effet, les archives départementales de la Mayenne conservent d’une part les titres de la famille de Beaumont d’Autichamp, entrés au xixe siècle sous les cotes E 59 à E 74, et d’autre part une centaine de plans, rassemblés sous le titre d’Atlas des mouvances du marquisat de Château-Gontier, constituant deux volumes entrés en 1967 et cotés 206 J 40 et 206 J 41. Le marquisat couvrait tout ou partie d’une cinquantaine de paroisses des anciennes provinces d’Anjou et du Maine (Maître, 1878 : XXIII-XXIV), soit environ 900 km² dans les actuels départements de Maine-et-Loire et de la Mayenne. Au-delà de leur intérêt intrinsèque et en dépit des aléas de la période révolutionnaire qui ont conduit à leur séparation, ces plans et registres ont été conçus simultanément entre 1778 et 1781 : ils sont complémentaires et gagnent à être étudiés ensemble. En effet, l’Atlas est un plan terrier dont les registres tiennent lieu d’index ; la représentation graphique du territoire et sa description textuelle s’éclairent mutuellement.

    3L’étude de cet atlas suppose d’abord de présenter cet ensemble documentaire, puis de le replacer dans son contexte de création.

    Une quinzaine de registres et une centaine de plans

    4Plusieurs éléments concourent à prouver que le terrier du marquisat de Château-Gontier a été réalisé par des feudistes professionnels, disposant de l’expérience nécessaire : le vocabulaire utilisé dans les documents, l’articulation entre les registres et les plans, la description dans l’introduction des registres2 du contexte de commande et d’élaboration du terrier.

    Les registres

    5Sur la quinzaine de liasses et registres constituant les titres de la famille de Beaumont d’Autichamp conservés aux archives départementales de la Mayenne, seul le premier3 et les deux derniers4 ne font pas partie du terrier général de la baronnie de Château-Gontier. Ce dernier se compose de quatre registres de remembrances et tenues d’assises (E 60 à E 63), de sept registres de terrier (E 64 à E 70) ainsi que de trois « livres de recettes des services, cens et rentes » dus au marquis de Château-Gontier (E 71 à E 73).

    Description matérielle

    6Ces registres sont reliés en parchemin neuf (et non de réemploi), les ais portent des traces de fermoirs en soie bleu et de tranchefiles arrachées. Les plats sont de carton et mesurent en moyenne 26,5 × 42 cm. Les dos, de 6 cm en moyenne, comptent sept vrais nerfs, sont dépourvus de pièce de titre mais portent à l’encre noire des mentions de titre et de cote, ces dernières constituées de quatre ou cinq lettres identiques. Les cahiers sont de papier chiffon à pontuseaux verticaux5 et réglé à la mine ; les pages mesurent 26,2 × 41,2 cm avec une double-marge extérieure de 1 cm et 8 cm, une marge intérieure simple après couture d’1,8 cm, des marges supérieure et inférieure de 4 cm à 5,5 cm. On compte entre une quinzaine de lignes par page dans l’introduction et jusqu’à près de 50 dans les listes d’obéissances écrites en plus petit module. Les numéros d’article et quelques mots importants, par exemple les mentions du mot « roi », sont écrits en gras. Quelques entrelacs, filets et grotesques ornent çà et là les titres mais le texte n’a pas fait l’objet d’une rubrication spécifique et encore moins d’enluminures quelconques.

    Le terrier général

    7Les registres E 64 à E 70 sont foliotés en continu de 1 à 32196. Ils portent ensemble le titre de Terrier général de la baronnie de Château-Gontier. Sur le premier volume, il est complété du sous-titre suivant : Censif ou terrier de la terre et baronnie de Château-Gontier qui s’étend en la ville et fauxbourgs de Château-Gontier et en différentes parroisses des provinces d’Anjou et du Maine7. Les termes de « terrier » et de « censif » sont considérés comme synonymes.

    8Suivent, toujours dans le premier volume, une vingtaine de pages de Faits historiques8 retraçant le passé de la baronnie de Château-Gontier et son érection en marquisat en 1656. Viennent ensuite plusieurs pages d’Avertissement9 qui tiennent lieu de sommaire à l’ensemble des registres. On y apprend que le terrier général est constitué de trois chapitres qui constituent cinq volumes. Le premier chapitre et le premier volume coïncident : il s’agit des domaines et droits de la baronnie assortis d’une table alphabétique réelle10. Le deuxième chapitre et le deuxième volume coïncident également : il s’agit de la mouvance de la ville de Château-Gontier, de ses faubourgs et de la paroisse d’Azé qui lui est contiguë, assortie de tables alphabétiques personnelle11 et réelle. Le chapitre trois court sur les deux volumes 3 et 4, à savoir les mouvances hommagées et censives de la campagne, assorties de tables alphabétiques personnelle et réelle. Le cinquième et dernier volume ne correspond pas à un chapitre : c’est l’atlas (voir infra).

    Les notices d’article

    9Comme leur nom l’indique, les registres de terrier (E 64 à E 70) sont constitués des notices des articles du terrier. Chaque article est désigné par un numéro, figurant en marge, et correspond à un droit ou bien à une parcelle ou un ensemble de parcelles sur lesquelles des droits de même nature sont dus au marquis. Dans ces deux derniers cas, on trouve un renvoi au numéro du plan de l’atlas sur lequel la ou les parcelles sont cartographiées. Chaque notice d’article comprend trois parties : la description de l’article, la nature du droit dû et les obéissances portées par l’article. La description comprend le numéro séquentiel de l’article, son nom abrégé, sa nature (maison, jardin, pré, etc.), sa composition dans le cas d’un bâtiment (nombre de chambres basses et hautes, liste de dépendances, grenier, écurie, remise, cour et type de couverture) ou sa contenance dans le cas d’une terre, ainsi que ses confronts12. La nature du droit dû consiste à spécifier s’il s’agit de foi et hommage, ou bien d’un cens en argent ou en nature. Si des obéissances13 sont dues au marquis, elles sont classées par ordre chronologique croissant des actes qui les reconnaissent. On trouve donc la date et la nature des actes, d’éventuels nota pour les indications complémentaires, enfin une partie laissée vierge pour permettre de compléter la liste car « ce censif peut servir pendant un siècle14 » comme le proclame l’introduction.

    10Les articles sont numérotés de 1 à 1064, mais 187 portent des numéros bis, de sorte qu’il existe au total 1 251 notices. En tenant compte des articles manquants dans les registres15, on arrive à un total de 1 170, soit 167 à 209 notices par registre16. Chaque registre compte entre 380 et 550 feuillets17, soit deux à trois par notice. Un seul article peut regrouper deux, dix voire vingt pièces de terres et plusieurs métairies, pour peu que l’ensemble porte des droits comparables pour le marquis.

    11Ces volumes présentent l’intérêt, grâce aux introductions et avertissements dont ils sont munis, de fournir des éléments précis sur le contexte d’élaboration des plans tandis que les plans eux-mêmes en sont dépourvus. Mieux, ils apportent un éclairage indispensable sur l’atlas dont ils tiennent lieu d’index.

    Les plans

    12En 1967 ces titres de famille ont été rejoints aux archives départementales de la Mayenne par le chartrier de Craon, un beau fonds de 6,5 mètres linéaires de documents couvrant la période du xive au xixe siècle. Les volumes cotés 206 J 40 et 206 J 41 sont constitués de plus d’une centaine de plans rassemblés sous le titre d’Atlas des mouvances du marquisat de Château-Gontier. Les raisons pour lesquelles l’atlas du marquisat de Château-Gontier s’est retrouvé inclus dans le chartrier de Craon ne sont pas clairement connues, mais des hypothèses peuvent être formulées. Comme Château-Gontier, Craon est une importante baronnie d’Anjou, tenue depuis au moins le milieu du xviie siècle par les la Forest d’Armaillé, une famille d’origine bretonne établie en Anjou depuis la fin du Moyen Âge, donc bien avant l’arrivée des Beaumont d’Autichamp. Les deux familles n’ont jamais été unies directement, ni par des liens féodo-vassaliques ni par ceux du mariage, bien qu’elles aient fréquenté les mêmes lignages nobles, notamment les Lorraine et les Villoutreys, mais également les Quatrebarbes et les Lancrau de Bréon. C’est pendant la Révolution seulement qu’un contact direct est avéré : se sentant menacé, le baron de Craon abandonne son château aux troupes révolutionnaires, qui y cantonnent à partir de janvier 1790, et se réfugie dans son hôtel parisien. D’octobre 1793 à janvier 1794, les troupes révolutionnaires subissent une attaque de l’armée catholique et royale, conduite par un certain Charles Marie de Beaumont d’Autichamp, neveu du dernier marquis de Château-Gontier. Or, dans le même temps, ce dernier ayant émigré, l’intégralité de ses terres avaient été mises en vente comme biens nationaux (Angot, 1900 [t. I] : 201). Il est tentant de supposer que l’atlas aurait ainsi été mis à l’abri au château de Craon, dont la fille du baron fut réintégrée dans sa propriété pendant la Restauration.

    Constitution du fonds

    13Les 106 plans étaient rassemblés en deux volumes : 42 plans reliés dans un premier atlas et 64 dans le second. Tous sont numérotés, sauf les trois premiers du second atlas qui ne renvoient pas à des articles du terrier. Sept plans comportent un numéro bis (nos 28 bis, 39 bis, 44 bis, 47 bis, 54 bis, 75 bis et 88 bis) ; un seul comporte un numéro ter (54 ter). D’après le censif, il manquerait six plans (nos 1 à 5 ainsi que 17 bis) qui n’ont pas été reliés avec les autres en atlas. Mais, comme on l’a dit, le censif lui-même n’est pas complet. Enfin, seule une trentaine de paroisses, sur les cinquante que couvre le marquisat, ont fait l’objet de plans, soit un peu plus de 500 km² sur 900.

    14Ces plans, jadis « roulés l’un sur l’autre, rapport à ce qu’on n’a pu les relier18 » constituaient alors le cinquième et dernier volume du terrier général de la baronnie. En effet, les auteurs de traités d’arpentage du xviiie siècle affirment au sujet du plan « que c’est par son seul moyen qu’on peut bien faire la rénovation d’un terrier » (Doyen, 1769 : 120). Reliés sous forme d’atlas à une date inconnue, proche de leur date de réalisation si l’on en juge par le parchemin de couverture, ils sont entrés aux Archives départementales pliés dans deux registres anciennement cotés YYYY et ZZZZ. Ils ont été déreliés et restaurés en 2007 avant d’être intégralement numérisés l’année suivante.

    Description matérielle

    15Chaque plan est constitué d’un nombre variable de feuilles de papier collées ensemble ; parfois de teintes légèrement différentes19. Ces feuilles mesurent en moyenne 22 × 35 cm ; le nombre de feuilles utilisées pour chaque plan dépend de la taille souhaitée pour chaque plan (figure 1). En effet, ils mesurent en moyenne 80 centimètres de côté mais leurs dimensions sont très hétérogènes. Les plus petits font une vingtaine de centimètres de côté tandis que certains dépassent les deux mètres de côté. Les superficies sont donc très variables, comprises entre 0,08 m² et 2,46 m², soit un ratio de 1 à 31 ; la moyenne s’établit aux alentours de 0,75 tandis que la médiane est assez nettement inférieure à 0,6 m². Ainsi, mis bout à bout, les plans couvrent une surface de 78,6 m². Plus des deux tiers des plans, soit 72 sur 106, sont plus larges que hauts (format paysage) tandis que les 34 autres sont plus hauts que larges (format portrait).

    Figure 1. Schéma de collage des feuilles constituant un plan.

    Image

    Arch. dép. Mayenne, 206 J 40/18, cl. Cyril Daydé. Chaque rectangle numéroté représente une feuille de papier ; le plan mesure 89 × 109 cm.

    16Le ratio hauteur/largeur est aussi arbitraire que les dimensions elles-mêmes, puisqu’il s’échelonne de 1 (format carré) à presque 4 (format très oblong) pour une médiane à 1,3 et une moyenne à 1,55. Les plans au format paysage présentent en général des dimensions plus réduites et un ratio largeur/hauteur plus marqué, mais tout porte à croire qu’il s’agit d’un phénomène empirique, notamment compte tenu de l’inégalité d’effectif entre les plans en portrait et ceux en paysage.

    La réalisation

    17Chaque plan comporte un titre, dans la plupart des cas sans cartouche, et, sauf exception, une liste de renvois également sans cartouche. Des grotesques ornent souvent ce titre ou ces renvois20. Les plans sont orientés ; le dessin de la rose des vents, généralement rehaussé d’aquarelle, permet d’identifier au moins deux auteurs. En revanche, aucune échelle n’est indiquée, et il y a une raison pratique à cela : il s’agit de « plans visuels et non géométriques21 », contrairement aux recommandations des auteurs du temps qui insistent sur la technique de levée des limites de parcelles (Fréminville, 1746, vol. I : 113-116 ; Doyen, 1769 : 121-182).

    18Ainsi, les calculs réalisés à partir d’échantillons des images numérisées montrent que l’échelle oscille souvent entre 1 : 2 000 et 1 : 3 000. Pis, cette même hétérogénéité s’observe à l’intérieur d’un même plan. La déformation semble proportionnelle aux distances observées : la représentation des bâtiments est globalement correcte à l’échelle locale mais l’altération de la perspective est croissante sur les grandes distances, notamment pour les chemins dont la longueur est assez largement sous-estimée (figure 2). On pourrait ainsi en conclure que le cartographe levait son plan en dessinant ses esquisses à partir des métairies.

    Figure 2. – Comparaison des déformations relatives selon l’espace représenté : image numérisée (en haut) et vue géoréférencée (en bas) d’un même plan. Le bourg (à gauche) et les métairies (à droite) ont subi peu de distorsions lors de la levée du plan visuel. En revanche l’allée qui relie ces deux espaces (au centre gauche, cerclée de gris) a été très déformée, notamment dans son orientation. Plus les voies de communications sont longues, plus les déformations sont criantes.

    Image

    Arch. dép. Mayenne, 206 J 41/11, cl. et cartographie Cyril Daydé.

    19Le tracé, en deux états, suppose un travail en deux étapes. Le tracé initial, à la mine de plomb, a très probablement été levé sur le terrain. Le tracé définitif, à l’encre rouge et noire, témoigne d’une reprise en cabinet, qui repasse le plus souvent mais rectifie parfois le tracé initial. Ces repentirs ont été laissés sur les plans définitifs et font désormais partie intégrante de leur histoire. Quelques plans présentent des étiquettes de papier collées sur d’anciennes mentions pour les corriger, probablement au moment de leur mise au propre22.

    20Rien ne permet d’attester l’existence de brouillons ; les reprises et corrections au moment de la mise au net laissent supposer que les relevés originaux sont eux-mêmes devenus les plans définitifs. La présence de nombreux morceaux de papier de petite taille collés entre eux pour constituer de grands plans semble corroborer cette hypothèse. Rien n’atteste non plus l’existence de copies.

    La représentation du parcellaire

    21Les parcelles représentées sur le plan peuvent être rangées dans trois catégories : les parcelles individuelles, les frêches et les confronts. Les parcelles individuelles portent des droits dus au marquis par un seul individu. Elles constituent des mouvances hommagées et censives : elles sont rattachées à un article et décrites dans le censif. Les frêches23 sont rattachées à un article, elles sont figurées sur le plan cernées d’un liseré d’aquarelle, et un trait de même couleur les signale dans la marge du censif, en regard du paragraphe qui porte leur description. Ainsi les couleurs sont utilisées uniquement pour ces liserés qui identifient les frêches, indépendamment du type de culture ou de la nature du terrain. Aucun à-plat n’est observé sauf parfois dans la décoration de la rose des vents. Les confronts sont des parcelles qui ne portent aucun droit dû au marquis. Elles ne sont rattachées à aucun article et sont absentes du censif. Leur représentation vise uniquement à borner les parcelles des deux catégories précédentes.

    22Chaque parcelle, même celles qui ne portent aucun droit dû au marquis, fait l’objet d’une brève présentation : nature du terrain et des bâtiments qu’il comporte, contenance et nom du propriétaire. Dans le cas où la superficie de la parcelle ne permettrait pas de consigner toutes ces informations sur la carte, une mention alphabétique invite à se reporter aux renvois, regroupés en liste sur le bord du plan.

    23En raison du caractère visuel et non géométrique des plans, le contour des parcelles est approximatif, de même que leur proportion. Il s’agit surtout d’indiquer l’emplacement de chaque parcelle au sein du marquisat et non de rendre avec précision les bornes de chacune. Ainsi les limites naturelles (cours et étendues d’eau, bois ou forêts) ou artificielles (routes) des parcelles sont-elles indiquées, mais les parcelles de même nature (lande, prés, cloteaux, vignes) sont simplement juxtaposées sans que la nature exacte de leurs bornes, s’il y en a sur le terrain, ne soit clairement indiquée. L’atlas vise donc à localiser les parcelles plus qu’à les délimiter.

    24Le plan donne l’organisation des parcelles les unes par rapport aux autres d’après le relevé fait sur le terrain. Encore ce relevé n’est-il pas systématique de sorte que la totalité de l’espace n’est pas représenté : les parcelles ne donnant lieu à aucun droit dû au marquis sont le plus souvent – mais pas systématiquement – omises.

    25Pour des raisons pratiques comparables, chaque paroisse fait l’objet d’un nombre variable de plans. La mieux couverte est Chemazé, représentée sur dix-huit plans au total. Suivent Bazouges et Houssay, dix plans chacune, six autres paroisses comptent six à huit plans, dix paroisses comptent deux à quatre plans et dix également n’en comptent qu’un seul. Enfin, vingt paroisses ne sont pas représentées, sans que l’on puisse expliquer ce choix, si tant que cela soit volontaire. L’ordre des levées n’est pas franchement manifeste : Château-Gontier et les paroisses environnantes, qui constituent le cœur du marquisat, sont représentées dans les plans qui portent les premiers numéros, et le travail semble se poursuivre de manière concentrique vers l’extérieur. Mais là encore les exceptions sont suffisamment nombreuses pour faire douter de l’existence d’un plan de travail clair. L’hypothèse du travail simultané de deux agents sur le terrain pourrait constituer une hypothèse crédible. Du reste, rien ne prouve que l’ordre des plans dans l’atlas reflète l’ordre de leur réalisation.

    26Un dernier élément confirme que la configuration générale des parcelles suffit à la réalisation des plans, sans viser aucunement à la précision du rendu : les reliefs ne sont jamais représentés. Les hachures sont réservées aux éléments topographiques particuliers : mares, étangs, viviers. Les éléments formant relief sont simplement cerclés d’un trait d’encre à leur base et portent l’indication en toutes lettres : mottes, buttes, excluant ainsi tout rendu réaliste ou esthétique du terrain.

    Considérations pratiques

    27La présentation de l’ensemble documentaire, notamment l’examen matériel de la représentation du parcellaire, suggère chez le commanditaire une vision pragmatique de la carte. Il ne travaille certes pas à courte vue, puisqu’il commande un outil qui doit supporter des mises à jour pendant un siècle, mais il ne semble pas non plus souhaiter faire œuvre édifiante pour la postérité. La qualité des matériaux employés et l’ampleur du travail accompli excluent l’hypothèse d’une commande au rabais. Il suit en cela les conseils des auteurs de traités spécialisés de l’époque, lesquels recommandent de choisir scrupuleusement son feudiste, sans rechigner à la dépense car « de petites économies peuvent naître de gros problèmes dus à des titres mal enregistrés, des plans imprécis… » (Maillard, 2019 : 46). Sur ce dernier point, le caractère visuel du plan peut être imputé à la superficie importante des terres à représenter. Les économies réalisées le sont sur l’absence de brouillon et de relevé des bornes ainsi que sur un usage parcimonieux de l’aquarelle, sans nuire à la possibilité de recourir au document pour les usages prévus.

    28On pourrait d’ailleurs estimer le coût approximatif total des registres et de l’atlas en multipliant le nombre de registres et de plans par les tarifs en vigueur à l’époque de leur réalisation, fixés par lettres patentes24. Mais outre la dimension artificielle de ce calcul, ce coût approximatif ne tiendrait pas compte des conditions réelles de réalisation, par exemple le temps passé sur place et en cabinet, les difficultés éventuellement rencontrées sur le terrain, pour lesquelles aucun indice n’est donné.

    Sources complémentaires

    29La quinzaine de registres et la centaine de plans qui constituent ensemble le terrier général de la baronnie de Château-Gontier revêtent une valeur organique. Pour autant, ils dialoguent avec d’autres documents qui leur tiennent lieu de sources complémentaires et ne sauraient à ce titre être omis de la présentation du corpus.

    30L’apostille qui se trouve sur le tout premier feuillet, non folioté, du premier registre de terrier général25 évoque le travail de collation des obéissances. Cette mention apparemment anodine rappelle une caractéristique fondamentale de l’élaboration du censif : il ne s’agit pas de créer de nouveaux droits, mais de rétablir la mémoire de droits accumulés au cours des siècles et, au gré des successions, tombés en désuétude pour certains (Soboul, 1964 : 1049). Par conséquent, toute entreprise de cette nature est nécessairement adossée à un chartrier dont elle se nourrit pour en réorganiser les actes d’une manière qui les rend plus faciles à (re)mettre en vigueur. La source complémentaire majeure du terrier général, ce sont donc les pièces qui constituaient ce chartrier. Les quelques registres et liasses qui composent les papiers de la famille Beaumont d’Autichamp n’en sont que de modestes reliques. Si l’on en juge par le nombre d’articles figurant dans le censif et par le nombre d’actes cités pour chaque article, ce sont plusieurs centaines, au moins, de pièces de parchemin qui se trouvaient à Château-Gontier en 1778 et qui ont disparu depuis. En effet, rappelons que le censif est dressé sur la base des remembrances, qui elles-mêmes sont produites lors des assises de fief (Antoine, 2003 : 270-271, notes 6 et 14), comme cela se rencontre dans la quasi-totalité des seigneuries. Ainsi d’autres fonds de familles aux archives départementales de la Mayenne font écho au terrier général de la famille d’Autichamp. Citons par exemple ceux des Chartier (17 J), des Angerville (37 J) et des Montecler (471 J).

    31Outre le terrier de Château-Gontier, les archives départementales conservent trente-sept plans terriers et visuels du xviiie siècle. Elles conservent également un atlas de la terre de Chéripeau, ayant relevé du marquisat de Château-Gontier, dressé en 1827 et conservé sous la cote 1 J 986. Cet atlas a la particularité d’être postérieur à la Révolution, réalisé sous la Restauration, à l’heure où il convient de remettre les propriétés en ordre après les nombreuses confiscations, ventes et rachats opérés depuis 1792. C’est d’ailleurs à la même époque, entre 1811 et 1840, qu’est dressé le célèbre cadastre napoléonien, en Mayenne comme ailleurs.

    Des terres, des hommes et des plans

    32Lorsqu’il commande la réalisation de ce terrier général, le marquis d’Autichamp n’est possessionné à Château-Gontier que depuis une quinzaine d’années, ce qui est bien peu au regard des sept siècles et demi d’histoire de son fief.

    Le commanditaire, un homme de son temps

    33En effet, le marquisat prit la suite d’une baronnie créée autour de l’an Mil, aux confins de trois provinces (figure 3) : au nord le Maine, à l’ouest la Bretagne et au sud l’Anjou, qui connaissait alors sous le comte Foulques III Nerra une période d’extension26. En 1007, souhaitant renforcer son influence sur la partie septentrionale de ses terres et verrouiller contre les incursions bretonnes la voie de communication naturelle que constitue la vallée de la Mayenne, Foulques construisit en surplomb de la rivière un château qu’il confia à un de ses fidèles du nom de Gontier, dont le fils porta ensuite le titre de baron. « La baronnie de Château-Gontier offre cette particularité historiquement intéressante que sa limite nord était comme indécise entre le Maine et l’Anjou. […] Ce territoire [était] mixte, angevin au civil, manceau au point de vue religieux » (Angot, 1915 : 15).

    Figure 3. – Le marquisat de Château-Gontier sous l’Ancien Régime, aux confins des trois provinces.

    34Image$

    Cartographie Cyril Daydé.

    35Transmise de famille en famille par mariages successifs, échanges et ventes, elle fut érigée en marquisat en 1656 avant de faire encore l’objet de quatre ventes consécutives. À l’issue de la dernière, en 1761, elle passa aux Beaumont d’Autichamp, une famille originaire du Dauphiné fixée en Anjou au milieu du xviie siècle et qui avait donné un gouverneur de cette province au lendemain de la Fronde (Angot, 1900 [t. I] : 201).

    36Le dernier marquis de Château-Gontier, Jean-Thérèse-Louis d’Autichamp, étant passé en Angleterre puis en Russie au cours de l’an II, l’ensemble de son domaine fut alors vendu comme bien national. Le 25 pluviôse de la même année, le comité révolutionnaire de Château-Gontier mena une enquête sur la disparition du chartrier, ce qui le conduisit à arrêter et interroger le feudiste du marquis, Pierre Dessandeau ainsi que cinq autres personnes (Angot, 1910 [t. IV] : 192 et 292). C’est probablement peu après cet épisode que les registres devinrent archives publiques, tandis que les plans, peut-être déjà mis en sécurité à Craon par son neveu, furent longtemps oubliés.

    37Sous la Restauration, le marquis rentra en France avec le grade de lieutenant général. Il occupa les années qui lui restèrent, jusqu’à sa mort en 1831, à rédiger des mémoires retraçant sa longue carrière militaire27.

    L’œuvre des feudistes

    Une entreprise controversée

    38Le 26 février 1761, le marquis avait acheté, en commun avec sa mère, la terre de Château-Gontier. Ce faisant, il acquérait les droits anciens et disparates rassemblés sur ce domaine au cours des siècles par les précédents propriétaires. Une quinzaine d’années plus tard, il espérait probablement « moins la remise en vigueur de droits disparus depuis plusieurs siècles, que la perception plus rigoureuse de droits levés auparavant irrégulièrement » (Lemarchand, 1989 : 295). Il résolut donc de faire tenir des assises des fiefs de son marquisat « pour la conservation de ses domaines et de ses droits […] et obliger tous les vassaux28 ». Or son activité militaire l’entraînait souvent hors de son domaine29, de sorte que par acte du 23 novembre 177530 il donna procuration à sa mère pour procéder en son nom. Il sollicita ensuite du roi Louis XVI l’octroi de « lettres à terrier31 » l’autorisant à passer commande d’un nouveau terrier ; il les reçut le 26 juin 1776.

    39Le 28 septembre 1776, il renouvela sa procuration à la marquise douairière, laquelle, par acte du 7 mars 177732, donna à son tour procuration à Pierre Desportes, avocat en parlement et feudiste angevin. Ce dernier s’adjoignit un certain Louis-Pierre Maillard en qualité de feudiste associé. Tous deux s’attachèrent les services, en guise de commissaire à terrier, de maître Pierre Mahier, notaire royal à Château-Gontier.

    40Entre-temps, les lettres à terrier avaient fait l’objet d’une dénonciation en date du 4 avril 1777. Un désaccord de procédure33 entre les sénéchaussées de Château-Gontier et d’Angers retarda la réalisation du travail et il fallut attendre un arrêt contradictoire du parlement, le 5 septembre 1777, pour régler le différend. Pierre Mahier, commissaire à terrier, fut reçu à la sénéchaussée d’Angers le 29 septembre et, par réquisition de Pierre Desportes, les lettres à terrier furent affichées aux portes des églises paroissiales de Château-Gontier le 21 et d’Azé le 26 décembre34. Le procès-verbal de publication faisait « commandement à tous vassaux, tenanciers et censitaires de satisfaire aux lettres à terrier » mais les « paroissiens manants et habitants du faubourg et paroisse sommés de signer ont refusé35 ».

    Le passage à l’acte

    41Malgré les retards et les réticences, les tenues d’assises et la rédaction des remembrances purent enfin commencer début 1778. La conduite des opérations était assurée par Desportes et Maillard et il est fort probable que le commanditaire – ou plutôt sa mère – n’était en contact qu’avec eux. L’abbé Angot mentionne un certain Pierre Dessandeau, feudiste du marquis d’Autichamp, affirmant que « c’est lui peut-être qui rédigea le précieux terrier que possèdent les archives départementales » (Angot, 1910 [t. IV] : 292) ; rien ne permet de confirmer cette hypothèse. En effet, la collation des titres, en cabinet, est nommément créditée à M. Heulin et Goujon36, probablement des feudistes, dont il n’a pas été possible de retrouver la trace. Quant au procès-verbal du dépôt des titres et des obéissances, opéré du 7 au 22 janvier 1778, il fut dressé par maître Pierre Mahier. L’original se trouve dans son minutier tandis que les registres du terrier en renferment une copie37.

    42L’arpentage du domaine, expressément prévu dans les lettres à terrier, relevait également de la responsabilité de Pierre Mahier. Ce dernier, en qualité de commissaire à terrier, devait justifier d’une double expérience de juriste et de géomètre afin de décrire les biens-fonds du marquisat. Titulaire d’une étude notariale à Château-Gontier, il était d’autant plus susceptible de se porter sur le terrain. Cela donne l’occasion d’évoquer des producteurs « invisibles » du terrier : les paysans des métairies et closeries cartographiées dans l’atlas et décrites dans les registres. Rien n’atteste de leur intervention dans la mesure des parcelles mais des indices prouvent leur présence occasionnelle aux côtés du commissaire à terrier. Certains toponymes, la référence à d’anciens usages de certaines parcelles38 voire, rarement, la localisation de certaines bornes39 reposent sur des témoignages oraux qui ne peuvent provenir que de personnes vivant habituellement dans les lieux concernés.

    Pourquoi faire un parcellaire et pour quoi faire, un parcellaire ?

    Usages juridiques et judiciaires

    43En 1781, au terme de trois années de travaux, Desportes et Maillard mirent un point final au terrier de Château-Gontier et commencèrent alors l’élaboration de celui d’Étiau40. Pour les registres et l’atlas s’ouvrait alors une nouvelle vie : celle d’un document permettant de connaître efficacement des droits plus ou moins anciens et de nature variée. Pour autant, on ne peut parler de performativité de la carte, puisqu’elle enregistre l’existant mais n’a pas vocation à le modifier. Sa réalisation n’accompagne pas une transformation du droit de propriété, mais une réaffirmation de droits parfois tombés en désuétude.

    44Les plans renvoient seulement, par le biais des numéros d’articles, au contenu des registres. Ces derniers font mention (sans vidimus) des actes antérieurs, fondant les droits du marquis sur chaque article. Les registres sont donc indispensables pour relier un article sur le plan aux actes originaux du chartrier fondant les droits. On peut ainsi supposer que les plans, adossés aux registres, tiennent lieu d’index visuels.

    Validité, péremption, mise à jour et conservation

    45Les reprises et corrections au moment de la mise au net des plans sont parfaitement visibles. En revanche, aucune correction postérieure n’apparaît, peut-être en raison du caractère très tardif de ce terrier. En effet, les pages laissées vierges dans les registres devaient lui permettre de servir pendant un siècle, mais l’épisode révolutionnaire, survenu moins d’une décennie après sa réalisation, l’a rapidement rendu caduc. Les registres ont néanmoins échappé aux destructions de l’été 1789. Les registres de recettes qui accompagnent les registres terriers présentent des pages manquantes – manifestement arrachées – sans que le contexte de ces destructions partielles ne soit connu. Quant à l’atlas, il est parfaitement conservé ; rien ne permet de savoir si les quelques plans manquants ont disparu ou bien s’ils n’ont simplement jamais été réalisés.

    Culture cartographique et appréhension de l’espace

    46Le commanditaire n’est pas originaire de la région et sa carrière impliquait de fréquents déplacements. S’il ne l’emportait sûrement pas avec lui, la carte lui permettait néanmoins d’appréhender son domaine à la fois de manière globale et de manière locale pour réduire son éloignement du terrain représenté.

    47L’étude des documents donne à imaginer un marquis qui ne se préoccupe pas des titres ni même de l’espace mais plutôt des droits y afférents. Si aucun indice ne permet d’évaluer sa culture cartographique, sa carrière d’officier de l’armée royale l’a probablement confronté régulièrement aux cartes militaires. Le choix d’un plan visuel, et non géométrique, paraît surprenant chez un officier de la fin du xviiie siècle, mais la superficie importante à représenter explique probablement cette décision.

    48Plusieurs éléments, à la fois dans les registres et sur les plans, semblent destinés à favoriser le repérage précis, dans l’espace, des biens décrits. Par exemple la référence faite aux matériaux de couverture. L’ardoise domine sur les habitations, comme il est d’usage en Anjou et dans le Maine, mais les abris pour animaux sont généralement couverts de paille, de bourre, voire de genêts. Cet élément, croisé avec le nombre de chambres hautes et basses, la présence ou l’absence d’une cheminée, est un indicateur du niveau de confort de l’habitation concernée. Pour chaque métairie, le plan indique le nombre de bâtiments, leur orientation relative, la présence de fontaines, fours et latrines, la surface des aires, étrages et issues. Pour autant, rien ne permet d’affirmer que ces précisions procèdent d’une volonté d’inventaire exhaustif. Du reste, les mentions sont purement textuelles et des bâtiments couverts de matériaux différents et comportant des configurations (étages et composition) différentes sont traités à l’identique dans le tracé du plan.

    ⁂

    49Registres et plans possédaient déjà une unité intellectuelle et matérielle au moment de leur réalisation, avant d’être séparés pendant la Révolution. De nouveau réunis par l’action de l’archiviste, ils constituent un corpus à part entière pour le chercheur, qu’il s’agisse de l’historien, du géographe, du sociologue ou même du linguiste. L’atlas des mouvances a déjà pu être cité (Antoine, 2002a : 239, pl. 7 et 288) sans se voir consacrer pour l’instant d’étude de fond. Il offre pourtant un matériau riche pour la connaissance du territoire, de la société et de la vie quotidienne à la veille de la Révolution.

    50Les plans permettent à l’historien d’observer comment le paysage a été façonné par l’homme. Le territoire cartographié comprend des bourgs, des campagnes ou plus rarement des bois : les métairies et closeries semblent dominer. Pour autant, les haies ne sont pas représentées. Les parcelles présentent essentiellement une forme rectangulaire ou en hachereau41. L’indication des abris pour animaux différenciés (étables à bœufs, à vaches et à moutons, toits à cochons) permet enfin de connaître les espèces existantes sur le territoire. Les renseignements portant sur le façonnage du territoire par l’homme ne concernent pas seulement l’instant précis de leur mise en carte. Il n’est pas rare de lire que telle ou telle terre a changé d’usage : « cloteau autrefois en vigne », « jardin autrefois en pré42 ». Sont aussi indiqués les anciens cimetières, anciens étangs et anciens chemins, comme autant de traces des activités humaines, vestiges qui survivent même à l’abandon de ces activités.

    51L’aménagement du territoire se traduit d’ailleurs par une véritable appropriation par l’homme des éléments, naturels ou non, qui ont reçu des noms destinés à la fois à les désigner et à se les approprier. La plupart des métairies – ainsi que quelques exploitations isolées – ont leur nom propre, parfois attribué de façon relative les unes par rapport aux autres, par exemple « les closeries de la Grande et la Petite Ormellière43 ». Dans le cas où un lieu porte plusieurs noms, ils sont tous indiqués, par exemple « la métairie de Terre Neuve, alias Charlot44 ». Cette particularité du plan sert probablement à faciliter le repérage dans l’espace. Un même lieu peut naturellement porter plusieurs graphies concurrentes, preuve que l’orthographe des noms propres n’est pas encore clairement fixée, par exemple : « Briansais/Briançais/Briançaye/Brianssais/Briansaye/Briancais45. »

    52L’atlas est certes un ensemble de plan mais, sa visée étant seigneuriale, il met aussi en lumière des relations interpersonnelles propres à la société de son temps. La présence de poteaux du marquisat sur la place de l’église de Chemazé et de Château-Gontier est la matérialisation de structures sociales pyramidales dominées par la figure éminente du marquis. Cet exemple reste néanmoins exceptionnel puisque les autres marqueurs spatiaux du pouvoir, royal ou monastique, ne sont jamais indiqués.

    53Parmi les mentions de propriété portées sur chaque parcelle, qu’il s’agisse de foncier rural ou urbain, la plupart sont nominatives (ex. « M. de Quatrebarbes ») mais certaines sont liées à des fonctions, par exemple « le curé de [telle paroisse] » ou bien « les hoirs de [Untel] ». Les tables personnelles du censif46 complètent ces informations en rassemblant pour chaque propriétaire la liste de ses terres et des droits dus par lui au marquis. La forme même des pièces de terre, et leur superficie relative, offrent une piste de recherche en histoire sociale. En effet, à Château-Gontier comme ailleurs en Anjou, « les parcelles sont loin d’être uniformes ; il existe un contraste entre d’assez grandes parcelles, trapues ou en “hachereau”, appartenant aux privilégiés, et les minuscules parcelles rectangulaires […] des paysans. Quant aux clos de vigne, ils étaient divisés en fines lanières, les “planches” » (Jeanneau, 1971 : 679). En raison de son caractère visuel, le plan bafoue souvent les proportions des parcelles mais il en respecte globalement les formes, comme le prouve la comparaison avec le cadastre dressé quelques décennies a posteriori.

    54Le quotidien des hommes de ce temps se lit à travers les métiers, lorsqu’ils sont indiqués, à savoir pour quelques boutiques dans les bourgs de Château-Gontier et Chemazé (auberges, moulins, tisserands, boulangers, etc.). Les habitations urbaines de Château-Gontier font d’ailleurs l’objet d’une numérotation par rue qu’il serait intéressant de mettre en relation avec l’administration de la ville et son aménagement au siècle des Lumières. L’atlas contribue lui-même directement à écrire l’histoire de la ville : tracé et nom des rues, structuration des différents quartiers autour des églises, halles et berges de la Mayenne. De même, certains mots usuels sont des marqueurs géographiques et linguistiques : les « aires » désignent ici des cours de ferme ; un « pâtis » désigne une lande ou une friche dans laquelle on fait paître des bestiaux ; une « ouche » est un terrain de qualité supérieure, habituellement clos, situé près de la maison et cultivé en potager ; un « douet » est un point d’eau, par exemple un lavoir ; une « boire », dans le système hydrographique ligérien, est soit une étendue d’eau, soit un ruisseau de communication ; une « charroyère » est un chemin pour charrois. Ces éléments du terrain, que l’on retrouve sous les mêmes termes dans d’autres terriers de la même aire linguistique (voir les références citées ci-dessus comme sources complémentaires), portent ailleurs d’autres noms.

    55Le géoréférencement des plans – déjà numérisés – est envisagé pour les prochains mois. Une fois intégralement mis à la disposition des chercheurs sous forme numérique, ce corpus permettra par comparaison avec le cadastre napoléonien – déjà géoréférencé – de mesurer l’écart entre le tracé cartographique et des relevés plus récents. Il enrichira également des cartes thématiques : emplacement des mottes, des puits, des ruisseaux et des bois, pour une étude plus poussée d’un plan qui n’a qu’une fonction de localisation des éléments du censif, sans viser aucunement à expliciter quoi que ce soit : il montre un parcellaire mais pas ses usages.

    Liste des planches

    Planche 1. – Quand la zone à cartographier déborde du plan : la campagne entre Bazouges et Loigné.

    Image

    Référence : Archives départementales de la Mayenne, 206 J 41/21, 93 × 78 cm.

    Planche 2. – Un des rares plans dont titre et renvois sont placés dans un cartouche : la campagne de Saint-Quentin.

    Image

    Référence : Archives départementales de la Mayenne, 206 J 41/61, 135 × 105 cm.

    Planche 3. – Réalisation des plans : articles cernés à l’aquarelle.

    Image

    Référence : Archives départementales de la Mayenne, 206 J 41/62 (extrait).

    Notes de bas de page

    1 Arch. nat., C1.

    2 Arch. dép. de la Mayenne, E 60, part. 2, fo 5-8.

    3 Arch. dép. de la Mayenne, E 59 : « Inventaire des liasses de papiers séparés d’avec les titres de féodalité et propriété de la terre et marquisat de Château-Gontier. »

    4 Arch. dép. de la Mayenne, E 74 : liasse d’aveux ; et E 74 bis : documents du xve au xixe siècles donnés par les Archives départementales d’Indre-et-Loire en 2012.

    5 Les pontuseaux et les vergeures sont les traces laissées dans le papier par la trame de bois et de laiton qui sert à former et faire sécher la pâte pour constituer les feuilles. Les pontuseaux étant parallèles au petit côté de la feuille, leur verticalité suppose que la feuille a été pliée une fois pour constituer les cahiers du registre.

    6 À noter que les fos 3163 à 3199 dans le E 70 sont vierges.

    7 Arch. dép. de la Mayenne, E 64, fo 1.

    8 Ibid., fo 2-12.

    9 Ibid., fo 14-17 vo.

    10 Du latin res, signifiant « chose », une table alphabétique réelle désigne un index des noms communs, par opposition à une table personnelle.

    11 Par opposition à une table réelle, une table personnelle, du latin persona, désigne un index des noms propres de personnes.

    12 Selon la référence classique aux points cardinaux : « midi, septentrion, occident, orient ».

    13 L’obéissance féodale désigne un droit purement immatériel dû au seigneur par le vassal qui ne doit en outre aucun versement en argent.

    14 Arch. dép. de la Mayenne, E 64, fo 17. Une grande marge est également laissée au début de chaque article, pour une raison identique, ibid., fo 16 vo. Les feudistes à l’œuvre, Desportes et Maillard, prirent la même disposition dans le terrier d’Étiau, commencé en 1781 : « au moyen de quoi ce censif pourra servir pendant un siècle, après lequel il ne faudra que le moderniser », Arch. dép. de Maine-et-Loire, 1E 278.

    15 À savoir les notices des articles 76-100 (E 64, fo 217-256), 453-472 (E 66 et E 67, fo 1123-1140), 739 (E 68-69, fo 2174-2180) et 1010-1059 (E 70, fo 3163-3199 laissés vierges).

    16 Le registre E 64 n’en compte que 81 parce que le 17 premiers fo sont occupés par l’avertissement général.

    17 Le registre E 64 en compte seulement 215, dont 198 contiennent des notices d’articles.

    18 Arch. dép. de la Mayenne, E 64, fo 15.

    19 Arch. dép. de la Mayenne, 206 J 41/24.

    20 Les renvois du plan 206 J 40/22 comportent des rinceaux à la mine qui n’ont pas été repassés à l’encre au moment de la mise au net du plan.

    21 Arch. dép. de la Mayenne, E 64, fo 15.

    22 Arch. dép. de la Mayenne, 206 J 41/4.

    23 Forme juridique originale instituée par la coutume de l’Anjou et du Maine à la fin du xive siècle, la frêche ou frarèche désigne une tenure solidaire entre plusieurs tenanciers qui sont ainsi collectivement responsables de verser des droits. Il s’agissait à l’origine d’une succession indivise entre plusieurs cohéritiers, généralement une fratrie, ce qui explique à la fois l’étymologie du terme et le caractère indivis du versement des sommes dues.

    24 Citons par exemple celles, postérieures, du 20 août 1786, contenues dans le dossier constitué par Pierre Desportes pour l’aveu de la terre de Montecler, Arch. dép. de la Mayenne, 471 J 217.

    25 Arch. dép. de la Mayenne, E 64, fo 0 bis.

    26 Geoffroy II, son fils, profita d’un conflit entre la maison de France et celle de Touraine pour conquérir cette province. En 1110, son petit-neveu Foulques V rattacha le Maine par mariage, constituant ainsi ce que l’on appelle parfois le « Grand Anjou ». La généralité de Tours, constituée en 1542, recréa ce Grand Anjou bien après les événements de l’empire Plantagenêt et de la guerre de Cent Ans.

    27 Voir aussi Arch. nat., T 96 : papiers de Jean-Thérèse-Louis de Beaumont d’Autichamp (1392-1786).

    28 Arch. dép. de la Mayenne, E 60, part. 2, fo 3.

    29 En officier de l’armée royale, le marquis disposait d’un appartement au Palais Bourbon à Paris, Arch. dép. de la Mayenne, E 74, baux à ferme, no 6, fo 1.

    30 Ibid., fo 5-6.

    31 Ibid., fo 1 bis-3.

    32 Ibid., fo 6 vo-8.

    33 Une affaire de patrimonialité avait déjà opposé le marquis de Château-Gontier, alors de la famille de Bailleul, au marquis de Sablé, alors de la famille de Torcy. Portée devant le conseil du roi en 1723, elle ne fut tranchée qu’en 1774 par un arrêt. Arch. dép. de la Mayenne, E 64, fo 8 vo ; Arch. nat., T 96 ; Joubert, 1887 : 95-96.

    34 Ibid., fo 15-16.

    35 Ibid.

    36 E 64, fo 0 bis, apostille.

    37 Ibid.

    38 « Plan […] de terre autrefois en vigne nommées clos de la Malerie, de la maison nommée Versaille de terres autrefois en vigne nommées Clos-Tirand, de terres autrefois en vigne nommées les Plantes », 206 J 41/20.

    39 « On dit que c’est par cette ligne que se faisoit la […] division du clos des champs », 206 J 41/21.

    40 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 1E 278.

    41 Voir ci-dessous, la connaissance de la société.

    42 Arch. dép. de la Mayenne, 206 J 41/42, renvois O et L.

    43 Arch. dép. de la Mayenne, 206 J 40/14.

    44 Arch. dép. de la Mayenne, 206 J 41/60.

    45 Arch. dép. de la Mayenne, 206 J 41/53.

    46 Arch. dép. de la Mayenne, E 66.

    Auteurs

    • Cyril Daydé
      Directeur des Archives départementales de la Mayenne, Laval (France).
    • Christine Mary
      Chef de service, Archives départementales de la Mayenne, Laval (France).
    Précédent Suivant
    Table des matières

    Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Paysans des Alpes

    Paysans des Alpes

    Les communautés montagnardes au Moyen Âge

    Nicolas Carrier et Fabrice Mouthon

    2010

    Pérégrin d’Opole

    Pérégrin d’Opole

    Un prédicateur dominicain à l'apogée de la chrétienté médiévale

    Hervé Martin

    2008

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Samuel Gicquel

    2008

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)

    Pierre Jambard

    2008

    Ouvriers bretons

    Ouvriers bretons

    Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968

    Vincent Porhel

    2008

    L'intrusion balnéaire

    L'intrusion balnéaire

    Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)

    Johan Vincent

    2008

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan

    Dominique Lhuillier-Martinetti

    2008

    L'éveil politique de la Savoie

    L'éveil politique de la Savoie

    Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)

    Sylvain Milbach

    2008

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)

    Éric Roulet

    2008

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    Présence, attitudes, perceptions

    Laurence Moal

    2008

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Le glaive à deux tranchants

    Bernard Merdrignac

    2008

    Les miroirs du silence

    Les miroirs du silence

    L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934

    Patrick Bourgalais

    2008

    Voir plus de livres
    1 / 12
    Paysans des Alpes

    Paysans des Alpes

    Les communautés montagnardes au Moyen Âge

    Nicolas Carrier et Fabrice Mouthon

    2010

    Pérégrin d’Opole

    Pérégrin d’Opole

    Un prédicateur dominicain à l'apogée de la chrétienté médiévale

    Hervé Martin

    2008

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Samuel Gicquel

    2008

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)

    Pierre Jambard

    2008

    Ouvriers bretons

    Ouvriers bretons

    Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968

    Vincent Porhel

    2008

    L'intrusion balnéaire

    L'intrusion balnéaire

    Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)

    Johan Vincent

    2008

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan

    Dominique Lhuillier-Martinetti

    2008

    L'éveil politique de la Savoie

    L'éveil politique de la Savoie

    Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)

    Sylvain Milbach

    2008

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)

    Éric Roulet

    2008

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    Présence, attitudes, perceptions

    Laurence Moal

    2008

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Le glaive à deux tranchants

    Bernard Merdrignac

    2008

    Les miroirs du silence

    Les miroirs du silence

    L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934

    Patrick Bourgalais

    2008

    Voir plus de chapitres

    Destins brisés et destins reconstruits en zone française d’occupation (1945-1955). Ressources pour la recherche aux Archives diplomatiques

    Cyril Daydé

    Voir plus de chapitres

    Destins brisés et destins reconstruits en zone française d’occupation (1945-1955). Ressources pour la recherche aux Archives diplomatiques

    Cyril Daydé

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    Presses universitaires de Rennes
    • amazon.fr
    • decitre.fr
    • mollat.com
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    ePub / PDF

    1 Arch. nat., C1.

    2 Arch. dép. de la Mayenne, E 60, part. 2, fo 5-8.

    3 Arch. dép. de la Mayenne, E 59 : « Inventaire des liasses de papiers séparés d’avec les titres de féodalité et propriété de la terre et marquisat de Château-Gontier. »

    4 Arch. dép. de la Mayenne, E 74 : liasse d’aveux ; et E 74 bis : documents du xve au xixe siècles donnés par les Archives départementales d’Indre-et-Loire en 2012.

    5 Les pontuseaux et les vergeures sont les traces laissées dans le papier par la trame de bois et de laiton qui sert à former et faire sécher la pâte pour constituer les feuilles. Les pontuseaux étant parallèles au petit côté de la feuille, leur verticalité suppose que la feuille a été pliée une fois pour constituer les cahiers du registre.

    6 À noter que les fos 3163 à 3199 dans le E 70 sont vierges.

    7 Arch. dép. de la Mayenne, E 64, fo 1.

    8 Ibid., fo 2-12.

    9 Ibid., fo 14-17 vo.

    10 Du latin res, signifiant « chose », une table alphabétique réelle désigne un index des noms communs, par opposition à une table personnelle.

    11 Par opposition à une table réelle, une table personnelle, du latin persona, désigne un index des noms propres de personnes.

    12 Selon la référence classique aux points cardinaux : « midi, septentrion, occident, orient ».

    13 L’obéissance féodale désigne un droit purement immatériel dû au seigneur par le vassal qui ne doit en outre aucun versement en argent.

    14 Arch. dép. de la Mayenne, E 64, fo 17. Une grande marge est également laissée au début de chaque article, pour une raison identique, ibid., fo 16 vo. Les feudistes à l’œuvre, Desportes et Maillard, prirent la même disposition dans le terrier d’Étiau, commencé en 1781 : « au moyen de quoi ce censif pourra servir pendant un siècle, après lequel il ne faudra que le moderniser », Arch. dép. de Maine-et-Loire, 1E 278.

    15 À savoir les notices des articles 76-100 (E 64, fo 217-256), 453-472 (E 66 et E 67, fo 1123-1140), 739 (E 68-69, fo 2174-2180) et 1010-1059 (E 70, fo 3163-3199 laissés vierges).

    16 Le registre E 64 n’en compte que 81 parce que le 17 premiers fo sont occupés par l’avertissement général.

    17 Le registre E 64 en compte seulement 215, dont 198 contiennent des notices d’articles.

    18 Arch. dép. de la Mayenne, E 64, fo 15.

    19 Arch. dép. de la Mayenne, 206 J 41/24.

    20 Les renvois du plan 206 J 40/22 comportent des rinceaux à la mine qui n’ont pas été repassés à l’encre au moment de la mise au net du plan.

    21 Arch. dép. de la Mayenne, E 64, fo 15.

    22 Arch. dép. de la Mayenne, 206 J 41/4.

    23 Forme juridique originale instituée par la coutume de l’Anjou et du Maine à la fin du xive siècle, la frêche ou frarèche désigne une tenure solidaire entre plusieurs tenanciers qui sont ainsi collectivement responsables de verser des droits. Il s’agissait à l’origine d’une succession indivise entre plusieurs cohéritiers, généralement une fratrie, ce qui explique à la fois l’étymologie du terme et le caractère indivis du versement des sommes dues.

    24 Citons par exemple celles, postérieures, du 20 août 1786, contenues dans le dossier constitué par Pierre Desportes pour l’aveu de la terre de Montecler, Arch. dép. de la Mayenne, 471 J 217.

    25 Arch. dép. de la Mayenne, E 64, fo 0 bis.

    26 Geoffroy II, son fils, profita d’un conflit entre la maison de France et celle de Touraine pour conquérir cette province. En 1110, son petit-neveu Foulques V rattacha le Maine par mariage, constituant ainsi ce que l’on appelle parfois le « Grand Anjou ». La généralité de Tours, constituée en 1542, recréa ce Grand Anjou bien après les événements de l’empire Plantagenêt et de la guerre de Cent Ans.

    27 Voir aussi Arch. nat., T 96 : papiers de Jean-Thérèse-Louis de Beaumont d’Autichamp (1392-1786).

    28 Arch. dép. de la Mayenne, E 60, part. 2, fo 3.

    29 En officier de l’armée royale, le marquis disposait d’un appartement au Palais Bourbon à Paris, Arch. dép. de la Mayenne, E 74, baux à ferme, no 6, fo 1.

    30 Ibid., fo 5-6.

    31 Ibid., fo 1 bis-3.

    32 Ibid., fo 6 vo-8.

    33 Une affaire de patrimonialité avait déjà opposé le marquis de Château-Gontier, alors de la famille de Bailleul, au marquis de Sablé, alors de la famille de Torcy. Portée devant le conseil du roi en 1723, elle ne fut tranchée qu’en 1774 par un arrêt. Arch. dép. de la Mayenne, E 64, fo 8 vo ; Arch. nat., T 96 ; Joubert, 1887 : 95-96.

    34 Ibid., fo 15-16.

    35 Ibid.

    36 E 64, fo 0 bis, apostille.

    37 Ibid.

    38 « Plan […] de terre autrefois en vigne nommées clos de la Malerie, de la maison nommée Versaille de terres autrefois en vigne nommées Clos-Tirand, de terres autrefois en vigne nommées les Plantes », 206 J 41/20.

    39 « On dit que c’est par cette ligne que se faisoit la […] division du clos des champs », 206 J 41/21.

    40 Arch. dép. de Maine-et-Loire, 1E 278.

    41 Voir ci-dessous, la connaissance de la société.

    42 Arch. dép. de la Mayenne, 206 J 41/42, renvois O et L.

    43 Arch. dép. de la Mayenne, 206 J 40/14.

    44 Arch. dép. de la Mayenne, 206 J 41/60.

    45 Arch. dép. de la Mayenne, 206 J 41/53.

    46 Arch. dép. de la Mayenne, E 66.

    Cartographier le parcellaire rural dans l’Europe d’Ancien Régime

    X Facebook Email

    Cartographier le parcellaire rural dans l’Europe d’Ancien Régime

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    Cartographier le parcellaire rural dans l’Europe d’Ancien Régime

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Daydé, C., & Mary, C. (2024). Chapitre III. L’Atlas du marquisat de Château-Gontier : analyse archivistique d’un parcellaire en Haut-Anjou à la veille de la Révolution. In A. Antoine & B. Landais (éds.), Cartographier le parcellaire rural dans l’Europe d’Ancien Régime (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.195375
    Daydé, Cyril, et Christine Mary. « Chapitre III. L’Atlas du marquisat de Château-Gontier : analyse archivistique d’un parcellaire en Haut-Anjou à la veille de la Révolution ». In Cartographier le parcellaire rural dans l’Europe d’Ancien Régime, édité par Annie Antoine et Benjamin Landais. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2024. https://doi.org/10.4000/books.pur.195375.
    Daydé, Cyril, et Christine Mary. « Chapitre III. L’Atlas du marquisat de Château-Gontier : analyse archivistique d’un parcellaire en Haut-Anjou à la veille de la Révolution ». Cartographier le parcellaire rural dans l’Europe d’Ancien Régime, édité par Annie Antoine et Benjamin Landais, Presses universitaires de Rennes, 2024, https://doi.org/10.4000/books.pur.195375.

    Référence numérique du livre

    Format

    Antoine, A., & Landais, B. (éds.). (2024). Cartographier le parcellaire rural dans l’Europe d’Ancien Régime (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.195139
    Antoine, Annie, et Benjamin Landais, éd. Cartographier le parcellaire rural dans l’Europe d’Ancien Régime. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2024. https://doi.org/10.4000/books.pur.195139.
    Antoine, Annie, et Benjamin Landais, éditeurs. Cartographier le parcellaire rural dans l’Europe d’Ancien Régime. Presses universitaires de Rennes, 2024, https://doi.org/10.4000/books.pur.195139.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Presses universitaires de Rennes

    Presses universitaires de Rennes

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Flux RSS

    URL : http://www.pur-editions.fr

    Email : pur@univ-rennes2.fr

    Adresse :

    2, avenue Gaston Berger

    CS 24307

    F-35044

    Rennes

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement