Le service de la Duchesse en Bretagne pendant la guerre d’Indépendance (1488-1491)
p. 225-240
Texte intégral
1Nous nous proposons ici d’étudier les modalités et les gratifications du service dans le duché de Bretagne sous le règne de la duchesse Anne pendant la guerre d’Indépendance (1488-1491). Le conflit étant pour l’historien un observatoire, un révélateur, il nous faut rappeler de quel type de conflit il s’agit. La Bretagne était incluse dans le royaume de France dont elle partageait la culture, la religion et, s’agissant des élites, la langue, mais elle n’en était pas moins, de fait, un État indépendant ; les rois d’Angleterre et de Castille ne s’y trompaient pas, qui voyaient déjà, dans la perpétuation de cette indépendance, une nécessité pour l’équilibre européen. Or, cette guerre était aussi un conflit interne au duché parce que bon nombre des plus puissants seigneurs bretons étaient aussi des vassaux ou des clients du roi de France. Tenant des seigneuries dans le duché et dans le domaine royal, ils étaient soumis à des obligations féodales contradictoires. Certains étaient même pensionnés par le souverain français.
2En outre, le conflit est devenu interne au pouvoir ducal lui-même, à cause du surgissement de la variable du genre. Depuis la mort du duc François II en effet, le prince était une princesse, sa fille aînée Anne, reconnue héritière en 1486 par l’assemblée des États, et désormais orpheline et mineure1. Lorsque le souverain est une héritière, le principe qui détermine toute l’orientation politique et les alliances de la principauté, c’est son mariage. Quand elle est mineure, c’est son tuteur qui en décide. En l’occurrence, le tuteur reprit le projet matrimonial qu’avait eu le père. Or, cette fillette de onze ans a refusé ce projet et réussi à imposer ce refus en s’appuyant sur quelques fidèles. Il en a résulté, en janvier 1489, une division du pouvoir ducal : le tuteur a « abandonné » sa pupille – c’est un comble – et s’est installé à Nantes, la place la plus forte du duché, tandis que la fillette s’est réfugiée à Rennes. Cette division du pouvoir ducal a provoqué un affaiblissement financier, car les revenus ne rentraient plus, et donc un affaiblissement militaire, au moment justement où l’armée royale envahissait le pays. Du point de vue du service du prince, cette division a provoqué une partition du territoire, ainsi que des injonctions contradictoires. Ce conflit interne au pouvoir ducal a duré un an et demi.
3Nous allons passer en revue les modalités du service et les gratifications de celui-ci. Nos sources sont principalement les actes de la duchesse, ceux d’abord enregistrés en deux registres de la chancellerie, de 1489-1490 et 1490-14912. Dans le corpus de nos transcriptions des actes de la chancellerie – qui n’est pas exhaustif – le mot service apparaît 43 fois, dont 6 fois pour des collectifs militaires (comme les « gens de guerre » ou les mercenaires allemands), et, le plus souvent, pour des personnages auxquels il est fait un don. Ces actes permettent d’observer les types de gratifications octroyées par le prince, ainsi que leurs motivations, dont il peut y avoir plusieurs à la fois. Ces gratifications doivent être analysées avec nuance, à la lumière notamment des travaux sur le don3.
Modalités du service
4Les principales modalités du service étaient le conseil, le service militaire, l’office et le prêt d’argent.
L’entourage de la princesse
5Au sommet, la première modalité de service était le conseil. Aux premiers rangs des conseillers, la prépondérance de la parentèle du prince est frappante, au temps de la duchesse comme sous le règne de son père. Il en résultait des relations très personnelles et charnelles. Tous les premiers personnages étaient des consanguins, surtout des cousins patrilatéraux. Les matrilatéraux, les Foix, eurent des responsabilités un peu moindres : Jean de Foix, seigneur de Meille, que nous reverrons, fut, néanmoins, capitaine de la garde du duc, puis de la duchesse4.
6L’homme de confiance par excellence de la duchesse était son cousin germain, Jean de Chalon prince d’Orange. Ce personnage n’a pas l’heur d’être aimé des historiens5, mais force est de constater que la duchesse lui a toujours gardé sa confiance. Elle lui donna le commandement militaire suprême en avril 1490 (comme elle allait le faire encore, dans un contexte tout autre, en 1498). Elle l’envoya aussi en ambassade auprès du roi de France, car il était reconnu comme un médiateur par les deux parties. C’est d’ailleurs pourquoi il avait été libéré par le pouvoir royal en février 1489, après avoir été fait prisonnier à la défaite de Saint-Aubin-du-Cormier. Ainsi, souvent envoyé en mission, il n’était pas toujours aux côtés de la jeune princesse : il n’était donc pas un principal ministre et il n’y en avait pas.
7Entre le décès du duc et le retour du prince, à l’automne 1488, les trois premiers serviteurs de la princesse furent trois cousins issus de germains : son tuteur, institué par son père dans son testament, Jean de Rieux ; sa gouvernante, instituée de même, Françoise de Dinan, comtesse de Laval, mariée à l’un des premiers barons ; le sire d’Albret enfin. Ces deux hommes étaient aussi à la tête du pouvoir militaire : Rieux était le maréchal de Bretagne, c’est-à-dire le grand officier qui avait le commandement de l’armée en l’absence du duc, et Albret était capitaine d’une compagnie d’ordonnance.
8C’est au troisième, Albret, que les deux premiers voulaient marier la duchesse. C’était d’ailleurs un choix raisonnable au point de vue politique6. Sa qualité de cousin patrilatéral lui donnait une légitimité pour ce mariage, et sa qualité de chef de guerre lui donnait ce dont a besoin une principauté menacée par un voisin puissant, en l’occurrence le roi de France : un chef capable de mobiliser les hommes de guerre en tous genres et de capter la fidélité des nobles. Ces trois premiers serviteurs étaient en fait, pour cette princesse mineure, des adultes prétendant lui donner des ordres.
9Face aux pressions exercées par ces trois personnages qui étaient ses cousins, la fillette de onze ans trouva à s’appuyer sur quelques fidèles, notamment le chancelier, Philippe de Montauban, à la fois juriste et homme d’épée ; il eut à affronter personnellement des adversaires, sans doute Rieux et Albret eux-mêmes, venus à une séance du conseil, l’épée au côté, pour lui « faire outrage7 ». Anne de Bretagne l’en remercia et l’en récompensa plus tard, en 1498, quand elle recouvra le statut de duchesse.
10Soulignons aussi, faute de la bien connaître, une forme humble de service introduite par la variable du genre. Deux sources laissent entendre que le tuteur et le prétendant, sans doute en deux épisodes distincts, eurent chacun la témérité d’exercer sur la princesse une violence dont on ne sait dans quelle mesure elle ne fut que symbolique. Une source laconique découverte par Labande-Mailfert rapporte l’irruption de d’Albret dans la chambre de la duchesse. Le mariage en effet avait été promis par le père de la fillette, ce qui en faisait un mariage de futur, dont la consommation aurait fait un mariage de présent, c’est-à-dire que le mariage aurait été réalisé. Étant donné le refus explicite de la fillette, une consommation à la suite d’une intrusion dans la chambre aurait été aussi un viol. Le sire d’Albret n’est pas allé jusque-là, car il a été jeté hors de la chambre « par les cheveux8 ». Le service des femmes de chambre fut, en l’occurrence, à la fois ultime et décisif.
11La jeune princesse recourut aussi personnellement aux conseils d’étrangers envoyés par les rois, ses alliés. C’est ce que montre le journal d’un envoyé du roi d’Angleterre, Richemond, en 1490. La princesse, qui a maintenant treize ans, après avoir embrassé l’ambassadeur d’Angleterre, fait dire à Richemond, quand il part pour Nantes, qu’il ne manque pas de revenir vers elle, « car elle voulloit esprcrire au Roy, mon mestre, par moy9 ». Les serviteurs d’un souverain allié sont ainsi appelés à rendre des services au prince auprès duquel ils séjournent.
Les formes de service militaire et les divisions de la noblesse
12Les nobles, dont nous identifions plus de la moitié grâce à notre Dictionnaire des feudataires constitué à partir des rôles du ban et de l’arrière-ban de 148010, pouvaient briguer un emploi dans les forces armées soldées et permanentes, les compagnies d’ordonnance et la garde du corps11. À cause de l’infériorité des moyens financiers, les compagnies d’ordonnance étaient beaucoup moins nombreuses que celles du roi de France, mais comptaient néanmoins 200 lances. Comme la lance était une unité tactique qui, en Bretagne, comprenait un homme d’armes, deux archers et un coutilier, cette force rassemblait 800 hommes. Cette armée soldée était un noyau permanent sur lequel venaient s’appuyer les milices ; ses membres, soldats de métier, accomplissaient diverses missions et dirigeaient, par exemple, le corps des francs-archers.
13Quant à la garde du corps du duc, c’était une formation d’élite qui permettait de se rapprocher de la personne du souverain. Pour les soldats des compagnies d’ordonnance, y entrer12 était une promotion. Pour le pouvoir ducal, c’était un moyen de donner une reconnaissance et des perspectives de carrière aux principaux personnages qui participaient au maintien des forces armées. Les compagnies d’ordonnance et la garde ducale étaient investies surtout par des hommes de moyenne noblesse. En 1480, sur les 106 soldats d’ordonnance et les 46 gardes du corps que mentionnent les rôles de l’arrière-ban de six évêchés, les revenus nobles médians (les revenus des fiefs) sont respectivement de 100 et 75 livres monnaie bretonne. Néanmoins, ces deux types d’emplois n’étaient pas inaccessibles à une poignée de très petits nobles (ayant des revenus de leurs fiefs de 5 livres) qui y prenaient un emploi d’archer.
14Les forces militaires les plus nombreuses étaient fournies par deux milices. Le ban et l’arrière-ban, d’une part, étaient le service militaire féodal auquel étaient astreints les teneurs de fiefs. Les francs-archers, ou « bon corps », de l’autre, étaient fournis par les paroisses et formaient une infanterie. C’était dans le ban et arrière-ban que l’ensemble de la noblesse accomplissait ce qui était sa vocation, le métier des armes et la défense de la communauté. D’après les montres de 1480, l’ensemble des teneurs de fiefs astreints au service militaire féodal approchait les 10 000 hommes13. L’effectif militaire total était même supérieur puisque les vassaux les plus riches devaient un service comme homme d’armes à cheval en se faisant accompagner d’archers, si bien que l’arrière-ban pouvait fournir lui aussi des « lances ». À la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, l’armée bretonne alignait 400 lances et 11 000 hommes. L’arrière-ban était donc, et de loin, la composante la plus nombreuse de l’armée ducale. Cette bataille de Saint-Aubin-du-Cormier fut la victoire – celle du roi de France – d’une armée unique sur une coalition, et celle d’une armée soldée permanente sur une milice féodale.
15Dans l’arrière-ban, les feudataires choisissaient leur capitaine14. En cas de défaut, d’absence sans excuse, la sanction était la saisie du fief, qui était effectivement pratiquée, au moins parfois15, le fief étant donné alors à un fidèle. Il ne faut pas exagérer la proportion des défaillants. On en a un aperçu statistique16 lors des montres de 1480 – soit en temps de paix. La défaillance fut maximale parmi les moins riches, parce que la petitesse de leur fief ne valait pas les tracas du service, et parmi les plus riches, sur qui s’exerçait une contradiction de fidélité car ils étaient tentés par les pensions du roi de France. Dans l’évêché de Saint-Brieuc, la proportion des défaillants en 1480 fut globalement de 14,4 %, et de 18 % au niveau le plus modeste, à 5 livres monnaie de revenu noble. Dans l’évêché de Saint-Malo, plus proche du domaine royal, la défaillance au niveau des plus riches était beaucoup plus fréquente.
16Toutes les forces du duché se sont mobilisées en 1487, lors du siège de Nantes, y compris des milices des « communes ». Mais pendant la crise de 1489-1490, la noblesse bretonne fut plus divisée que jamais. Certains restaient séduits par les pensions du roi de France. D’autres furent fidèles au sire de Rieux, maréchal de Bretagne, qui avait la légitimité d’avoir été désigné comme tuteur de la princesse par le père de celle-ci. D’autres étaient fidèles au vicomte de Rohan, cousin de la duchesse lui aussi à un degré plus éloigné, qui avait pour celle-ci son propre projet matrimonial, la marier à son fils17 ; en 1489, il accepta même de commander l’armée royale qui effectua la deuxième invasion. Dans ces années-là, la noblesse bretonne fut ainsi en état de guerre civile.
17Au cours des « dangers » de janvier 1489, la duchesse n’eut que 150 gens de guerre pour l’escorter, des fidèles bretons et des mercenaires allemands. La cause première de ces divisions, c’était l’impossibilité sociale, pour une femme, a fortiori pour une enfant, à capter la fidélité des hommes de guerre.
Les bourgeois de Rennes
18En temps de guerre, le premier service que peuvent rendre les villes est de réparer leurs fortifications et de résister. Les deux plus grandes villes, Rennes et Nantes, comptaient respectivement 800 et 1 350 habitants aptes à un service militaire18, mais c’était d’abord une question de volonté politique. Une petite ville comme Guingamp, position stratégique qui commandait les routes de Basse Bretagne, eut une fidélité constante, livra des vivres au camp du duc, soutint un siège acharné en 1489, et fut prise et pillée19. Saint-Malo en revanche, très forte place mais ville marchande prospère, a capitulé en 1488 au bout de quelques jours.
19Les bourgeois de Rennes rendirent à la jeune duchesse un service déterminant. En janvier 1489, son tuteur refusant de la laisser entrer dans Nantes avec une escorte suffisante, et alors que l’armée royale venait d’envahir le pays, la princesse eut besoin d’une résidence dans une ville bien fortifiée. Les édiles de Rennes lui envoyèrent une délégation et l’y invitèrent. Or, le statut de capitale faisait courir à la ville le risque d’y attirer l’armée d’invasion, ce qui allait arriver en 1491. Déjà en janvier 1489, au début de la deuxième invasion, il avait fallu en brûler les faubourgs. À la princesse, cette fidélité de la ville de Rennes apporta plusieurs avantages considérables. Elle lui fournit un refuge sûr. Elle lui permit de se faire couronner, ce qui lui a conféré un surcroît de légitimité. L’évêque mit à sa disposition le manoir épiscopal. Les décisions dès lors furent prises par un Grand conseil de près de trente personnes comprenant quelques grands personnages, des capitaines du pays de Rennes et des officiers de justice.
20En outre, de nombreux bourgeois de Rennes financèrent la duchesse de diverses façons. Certains lui consentirent des prêts en bonne et due forme. Le cas le plus fameux est celui de Julien Thierry, riche bourgeois, banquier, officier ducal de finance (il était argentier du duc), roturier mais déjà possesseur d’une belle seigneurie. Dès février et mars 1489, il consentit plusieurs prêts à seulement 2 % ; en juillet 1491, c’est-à-dire en un moment très critique, il prêta 4 000 livres à 5 %20. Ces taux très modiques étaient consentis contre de sérieuses garanties. Cela ne l’empêcha pas de prêter aussi de l’argent à l’autre pouvoir ducal, le maréchal de Rieux21 : le service financier peut se partager.
21Certains Rennais, membres du chapitre, merciers, financiers, confréries de marchands, rachetèrent diverses rentes ducales, non sans rester attentifs à leurs intérêts propres : une partie de ces ventes servait à rembourser immédiatement une partie des dettes du défunt duc, ou à payer les fournisseurs aux armées, dont certains étaient eux-mêmes des prêteurs, comme Julien Thierry. Le pouvoir ducal néanmoins récupéra ainsi beaucoup d’argent22. On évalue à 38 280 livres le total des fonds consentis par Julien Thierry, un homme d’affaires d’une ampleur exceptionnelle.
Les prêts et leurs remboursements
L’avance des soldes
22Les premiers serviteurs en situation de prêter de l’argent au prince étaient les capitaines qui, quand le retard des soldes devenait insupportable, étaient contraints d’en faire l’avance. Cela impliquait que le prince leur fournisse des moyens de paiement ou des gages.
23Le paiement des mercenaires allemands fut erratique. À l’automne 1488, Rieux les paya avec sa propre vaisselle d’argent23. En 1489, leur solde d’avril fut payée avec huit mois de retard24. En octobre, c’est leur capitaine général qui avança les 7 000 écus d’or nécessaires à leur paiement, moyennant l’engagement d’une châtellenie, le Gâvre25, entre Rennes et Nantes. Comme le château était tenu par un adversaire (un capitaine du vicomte de Rohan), cet engagement était aussi une motivation donnée à l’engagiste pour prendre ce château, ce qui aurait agrandi le territoire contrôlé par le pouvoir ducal. Les mercenaires allemands furent indisciplinés mais d’une fidélité constante.
24Le cas du prince d’Orange fut particulièrement important car, à plusieurs reprises, à l’automne 1487 et au printemps 1490, il a été le chef de l’armée ducale. Aussi la Duchesse tâcha-t-elle de lui donner, en même temps que le commandement, la jouissance de portions du domaine. Avant même les lettres qui le nommaient lieutenant général, en date du 3 mai 149026, elle lui donna, le 19 avril, la châtellenie de Touffou27, dont avait joui le comte de Comminges qui venait de mourir, mais cette châtellenie était située au sud de la Loire, en territoire contrôlé par Rieux. Faute d’accord avec ce dernier28, ce don était inopérant. Aussi, le 1er mai, elle lui donna les revenus des douanes portuaires entre Couesnon et Arguenon29, mais les ports vers le nord-est étaient occupés par l’armée royale. En novembre, elle lui confirma le don des châtellenies de Lamballe et de Moncontour30 que lui avait fait son père. En mai 1491, elle lui donna les biens confisqués à un financier rennais31. Dans l’ensemble, le prince d’Orange a beaucoup prêté au duc puis à sa fille, tandis que, des revenus qu’il en a reçus, il fut loin de pouvoir les toucher tous. Il est certain que le solde en sa défaveur était considérable, car Charles VIII pensa nécessaire de lui verser un dédommagement de 100 000 livres payable en cinq ans32. Or, en 1498, ayant recouvré son statut de duchesse souveraine, Anne reconnut encore une dette envers lui de 39 000 livres prêtées jadis pour la solde des gens d’armes33.
Modes et délais de remboursements
25Les prêts posent le problème du remboursement par un emprunteur qui n’a pas d’argent. Les modalités des remboursements dépendent de l’origine des dettes. Il en résulte un problème méthodologique : il est difficile de distinguer les dons des remboursements.
26L’argent prêté l’avait été souvent par des financiers ; le pouvoir ducal remboursa certains en leur octroyant la recette d’un impôt, c’est-à-dire en les intronisant à un office de finance. C’est le cas encore de Julien Thierry auquel le pouvoir ducal octroya la recette de l’évêché de Rennes. Après l’incendie des faubourgs de Rennes, un four à pain ducal ayant été reconstruit par un entrepreneur, d’ailleurs officier de finances34, la duchesse finit par lui afféager le terrain où le four avait été construit.
27Les frais de missions très coûteuses que le pouvoir ducal était incapable d’indemniser pesaient notamment sur des hommes de moyenne noblesse. Ainsi, Jean Le Bouteiller seigneur de Maupertuis, envoyé en ambassade en Flandres (1486) et en Angleterre, s’était endetté pour payer les frais de ses voyages. Le pouvoir ducal le remboursa en 1491, après un délai de cinq ans, par l’engagement d’une châtellenie ducale35.
28Dans l’ensemble néanmoins, de nombreuses dettes restèrent impayées et risquaient fort de continuer de l’être. Mais quand, en 1498, Anne de Bretagne put restaurer son statut de souveraine du duché, de nombreuses demandes de remboursements36 lui furent présentées : par des officiers, de gages impayés ; par des créanciers, de remboursements de prêts ; par des financiers, du solde de leur compte ; par des combattants, d’indemnités pour des frais… Or, pour 1502-1503 apparaît un poste original dans le compte du Trésorier, celui du paiement des dettes de Bretagne. Dominique Le Page estime que c’est un « très important » mouvement de remboursement qui se fit en ces années37. Prenons l’exemple d’un noble du pays de Rennes, Pierre de Saint-Gilles, seigneur de Betton. En 1502, la reine duchesse renouvelle au Trésorier général l’ordre de le rembourser de 4 000 écus d’or, ordre déjà vainement donné en 1491, pour une dette qu’elle avait reconnue dès 148938… Avant ce remboursement tardif, Saint-Gilles-Betton fut récompensé, après 1498, en devenant un des 50 hommes d’armes de la garde de la Reine39. Il le fut encore par deux dons, en 1501 et 151040, ce dernier encore motivé par des services rendus au duc, avant 1488 donc.
29Dans l’ensemble, beaucoup de délais de remboursement furent de l’ordre d’une douzaine d’années ; mais, sans le coup de théâtre de 1498, ces remboursements n’auraient jamais été faits. Les remboursements étaient aléatoires, et les récompenses étalées dans le temps. Et pourtant, selon la formule de Gilles de Coëtlogon, prévôt des maréchaux, des fidèles ont « toujours bien et loyaument servy… sans james… varier ne y espargner corps et biens41 ».
Récompenses et indemnités, dons et pensions
30La duchesse déclare être « tenue », en raison, de « remercier » les bons serviteurs et de « reconnaître » les bons services, dans le but d’encourager le serviteur récompensé à servir encore mieux, et pour qu’il soit un exemple aux autres – elle le déclare dans l’acte de création d’une pension pour son cousin Jean de Foix42. Les bons services doivent donc être reconnus, et le moyen en est une récompense qui se distingue d’un salaire et d’une indemnité. Passons en revue les modalités de ces récompenses.
Modalités des récompenses
31Pour les roturiers, l’anoblissement s’avère rarissime. Même aux abois, un prince, à la fin du xve siècle, ne bradait pas la noblesse ! Les démonstrations de fidélité par les armes, à l’occasion du siège de Nantes, en 1487, n’ont pas donné lieu à des anoblissements. Nous ne connaissons qu’un personnage anobli par la jeune duchesse, un secrétaire à la Chambre des comptes en 148943. Le fils de Julien Thierry, Michel, fut anobli en 1500, ce qui implique que son père ne le fut pas44. Ces deux cas suggèrent qu’existait déjà le paradoxe regretté plus tard par Vauban : alors que la vocation de la noblesse est la guerre, ce ne sont pas les exploits guerriers qui motivent un anoblissement.
32Plus fréquents étaient les dons. De façon générale, un don est irrégulier et inhabituel et se distingue ainsi des gages et des pensions. La nature du don dépendait du statut du donataire, et les motifs pouvaient en être complexes.
33Envers les nobles, le motif premier était la reconnaissance du service armé. Au lendemain d’une défaite comme Saint-Aubin-du-Cormier, deux types de cas se présentaient : celui des hommes tués au combat, et celui des prisonniers qui devaient payer une rançon.
34Un motif fréquent de don à des nobles était la reconnaissance de ce sacrifice qu’est la mort au combat. Pour les vassaux directs du duc, le don consistait en l’exemption du « rachat », le droit de succession échu au décès d’un vassal et payable par ses héritiers. Le rachat équivalant à un an du revenu de la terre, c’était un don important, mais le pouvoir ducal, renonçant à un revenu, n’avait rien à payer. Ce don prenait une dimension personnelle et familiale : les bénéficiaires étaient des familles de moyenne noblesse, connues du pouvoir ducal, et le prince gratifiait les héritiers du défunt45. La duchesse a aussi fait don d’un droit de rachat pour récompenser les « agréables services » d’une dame de sa maison46.
35Quant à l’aide au paiement de la rançon de guerriers faits prisonniers, c’était un don qui était indistinctement la reconnaissance d’un service rendu et une indemnité pour un coût inhérent au service. Comme il fallait fournir à l’intéressé de l’argent immédiatement disponible, un tel don ne pouvait être fréquent. La duchesse n’en a octroyé qu’à des proches, comme son cousin, Jean de Foix, et un homme d’arme de sa garde, cousin germain du Chancelier47. Le moyen de trouver l’argent, en ce cas, fut que la duchesse mit en gage des bijoux48. Quant à la rançon du prince d’Orange, beaucoup plus élevée, il fallut y affecter une part de 5 % de l’impôt direct49 qui fut levé lorsque ce devint possible, en août 1490.
36D’autres dons faisaient suite à des confiscations de biens de sujets infidèles. Conformément au droit féodal, le souverain confisquait les fiefs des sujets défaillants au ban et arrière-ban, mais il ne les gardait pas et les donnait à des fidèles50. La duchesse confirma le don fait par son père au capitaine des archers de sa garde, Gilles de Condest ; en l’occurrence, c’était aussi un fief à conquérir, un point stratégique pour contrôler l’estuaire de la Loire51. D’autres biens confisqués l’avaient été à des sujets rebelles, notamment après le siège de la ville de Guérande52, fomenté au printemps 1489 par le sire de Rieux et des habitants du Croisic. Ces dons cependant, et les confiscations qui les avaient précédés, pouvaient susciter des contestations en justice de la part de l’infidèle ou de ses héritiers53.
37Un don distingué était celui d’une seigneurie ducale dont la duchesse ne donnait que la jouissance viagère. La châtellenie de Touffou fut ainsi donnée au comte de Comminge, le fameux Odet d’Aydie, pour qui elle récompensait des services de vingt-cinq ans, avant de l’être au prince d’Orange.
38Quant au don d’une seigneurie ducale « en perpetuel », « à jamais », la duchesse ne l’a fait qu’une seule fois. Il s’agissait d’une châtellenie ducale petite, mais que la princesse a élevée à la dignité de vicomté, ce qui aussi fut exceptionnel. Un tel don avait une portée symbolique considérable. Il fut octroyé au même éminent fidèle, Condest, capitaine des archers de la garde de la duchesse54. Sur les 43 occurrences du mot « service » dans notre corpus, cette donation en présente 10. Ce don récompensait un fidèle ayant rendu un service personnel et décisif : Condest avait protégé la princesse en ces jours de janvier 1489 où elle avait été personnellement « en danger », face aux hommes d’armes d’Albret ou de Rieux. Ce don exceptionnel résultait d’une gratitude personnelle. Condest épousa une cousine germaine du chancelier de Bretagne55 et nous ne savons si cette alliance distinguée fut antérieure ou postérieure à cette conduite de fidélité, si elle en fut un motif ou une conséquence.
39Enfin, le pouvoir ducal recommença à octroyer des pensions annuelles, notamment à la fin de 1490, quand les finances s’étaient améliorées. Les bénéficiaires en furent un cousin, Jean de Foix, pour 1 200 livres56, et le chef du corps expéditionnaire espagnol57. Dans l’acte dont Jean de Foix est le donataire, les motifs de la pension sont la consanguinité, l’indemnisation des coûts du service, et la volonté de « remercier » et « reconnaître » ses services.
Les cas de Rieux et d’Albret
40Il faut accorder une attention à deux cas particuliers, deux personnages de premier plan que nous avons déjà présentés, Rieux et d’Albret.
41Rieux, maréchal de Bretagne, cousin et ancien tuteur de la duchesse, était en dissidence avec elle depuis janvier 1489 ; leur réconciliation fut actée le 9 août 1490, juste après l’assemblée des États, parce que le moyen en fut le paiement d’une somme de 100 000 écus d’or58 au sire de Rieux. Cette somme en effet serait payable en dix ans, donc grâce à l’impôt, ce qui nécessitait l’accord des États. Des historiens se scandalisent de l’énormité de cette somme et y voient une manifestation du caractère parasite de l’aristocratie59. Le texte motive ce don par la reconnaissance de services rendus, et en effet, Rieux avait rendu de vrais services militaires en combattant les Français, notamment en assiégeant longuement – mais vainement – la place de Brest à l’été 1489. L’acte précise que cette somme visait aussi à rembourser Rieux des paiements qu’il avait faits aux gens de guerre60 ; remboursement de frais, ce don était donc d’abord une indemnité. De la part du donateur cependant, la duchesse, le vrai motif de ce don n’était pas la gratitude, mais l’obligation, deux types que Natalie Zemon Davis considère en opposition61. En l’occurrence, il s’agissait d’une obligation politique.
42Quant à Albret, autre petit-cousin, on se souvient que la Duchesse l’avait refusé en mariage. Le 13 juillet 1490, elle consent au mariage de sa propre sœur avec le fils aîné d’Albret62. Un mariage, c’est à la fois le don d’une fille, d’une personne, et le don à celle-ci d’une dot. Or, un acte du 11 août63 précise explicitement que la duchesse consent à ce mariage en « récompense » des « services » du père du futur, rendus « par longtemps » déjà au père de la future. En outre, dans le cas où le mariage ne se ferait pas, cet acte promet un don de 100 000 écus au sire d’Albret – la même somme qu’à Rieux – payable en cinq ans ; ce don est motivé par le remboursement de dépenses faites de longtemps. Ainsi donc, la duchesse donnait soit sa sœur (avec sa dot), soit une somme de 100 000 écus, qui était le remboursement d’une dette. Il n’était pas rare, dans la noblesse, que la dot d’une épouse serve au paiement des dettes du mari ; ici, à l’inverse, le don d’une fille en mariage aurait servi à payer la dette contractée par le père envers le futur mari.
43Finalement, la sœur de la duchesse est morte peu après, et ce mariage ne fut pas conclu. En décembre 1490, la duchesse donna en outre à d’Albret une pension de 12 000 livres pour couvrir les frais qu’il aurait comme capitaine de 100 hommes d’armes64 et pour la garde de la place de Nantes. Ce n’était donc pas un vrai don mais une indemnité. Or c’est le 19 décembre que la duchesse épousa, par procureur, le roi des Romains ; l’octroi de cette pension devait viser à diminuer le dépit du cousin éconduit. Mais ce n’était pas assez.
44Un don princier exprime la reconnaissance pour des services rendus, et vise à lier le serviteur par la gratitude. Or trois mois plus tard, Albret a préféré se réconcilier avec le roi de France en lui livrant la ville de Nantes, ce qui a été le prélude de la dernière invasion française. C’était une triple trahison : trahison d’une proche cousine et du devoir de solidarité dans la parenté ; violation du devoir de charité envers une fillette orpheline ; violation du devoir de gratitude à la suite de grands dons. L’accord conclu avec le roi de France (sans parler des supputations sur des droits de d’Albret sur le duché) stipule que le second paierait au premier une somme de 110 000 écus, comptant, et lui verserait une pension de 16 000 livres65 ; Albret, dépité, s’est donc donné au plus offrant.
45Ces observations suggèrent trois remarques. Dans l’État en faillite qu’était le duché de Bretagne des années 1489-1491, on ne le dit guère, la première forme de service des premiers serviteurs, les capitaines généraux de l’armée, était de faire l’avance des soldes des gens de guerre. Nous l’avons vu avec Orange et Rieux, et sans doute Albret a-t-il fait de même. Ces chefs de guerre n’étaient donc pas si différents des entrepreneurs de guerre qui sont bien connus en Italie et dans l’Empire germanique.
46Le service était rendu par un client à un patron, son maître. Une copieuse discussion internationale a montré que le contenu de leur relation variait entre deux pôles, l’intérêt et l’affection. Entre client et patron, c’est à juste titre que Sharon Kettering insiste sur un processus d’échange66 ; le prince a en effet un devoir de récompense, la duchesse l’affirme explicitement. En ces années 1489-1491, les récompenses consistaient surtout en des dons. Le pouvoir ducal s’est ingénié à donner ce qui ne lui coûtait rien (des fiefs confisqués), ce qui ne lui coûterait qu’à l’avenir, des renonciations à des revenus (exemptions du droit de rachat, levées d’impôts), ou ce qu’il n’avait pas (seigneuries67 situées en territoire adverse). Ces dons avaient souvent plusieurs motifs à la fois : ils étaient une gratification et une récompense des services rendus, et pouvaient inclure une indemnité pour les frais ou les pertes inhérents au service. L’entremêlement d’un don-récompense et d’une indemnité se retrouve au xvie siècle dans la pratique du don par les rois de France et la reine de Navarre68. Le don pouvait avoir aussi une dimension familiale : le donataire n’était pas toujours le serviteur, ce pouvait être sa veuve ou ses enfants, ce qui contribuait à fidéliser une famille sur plusieurs générations. Mais, récompenses et remboursements étaient aléatoires et, au mieux, tardifs. Nos observations confirment la remarque de Robert Harding selon laquelle la nature et le délai de la contrepartie émanant du maître n’étaient pas précisés69. Sur les motivations du service, cela conduit à éviter d’exagérer le matériel par rapport à l’affectif.
47Nous constatons enfin qu’une princesse ne pouvait pas capter la fidélité des hommes de guerre, à la tête desquels elle ne pouvait pas se mettre sur le champ de bataille. Et le chef qu’a délégué la souveraine, son cousin germain, n’a pu fidéliser qu’une partie de la noblesse bretonne parce qu’il n’avait pas la légitimité personnelle qu’aurait eue un souverain, un fils du duc, ou le mari de la duchesse. La question fondamentale, celle de marier l’héritière, divisait la noblesse entre les divers projets en concurrence. L’occurrence d’une héritière très jeune et non mariée était donc un facteur de faiblesse militaire et un facteur de division – non pas le seul !
Parentèle d’Anne de Bretagne.

Notes de bas de page
1 Le Page Dominique et Nassiet Michel, L’Union de la Bretagne à la France, Morlaix, Skol Vreizh, 2003.
2 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12 et B 13 (ces registres sont consultables en ligne sur le site de ce dépôt d’archives). Des extraits en ont été publiés par La Borderie Arthur de, « Choix de documents inédits sur le règne de la duchesse Anne en Bretagne (1488-1491) », Bulletin et Mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, t. IV, 1866, p. 253-284, t. VI, 1868, p. 243-349.
3 Kettering Sharon, « Gift-Giving and Patronage in Early Modern France », French History, 2, 1988, p. 131-151 ; Davis Natalie Zemon, Essai sur le don dans la France du xvie siècle, Paris, Seuil, 2003.
4 Morice Dom Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Paris, C. Osmont, 1746, t. 3, 605 ; Arch. dép. Loire-Atlantique, B 13, fo 78 vo ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, LXII.
5 « Un des personnages les plus troubles de l’histoire de France » (Labande-Mailfert Yvonne, Charles VIII, le vouloir et la destinée, Paris, Fayard, 1986, p. 107). « Intrigant de grand nom » (Leguay Jean-Pierre, Un réseau urbain au Moyen Âge : les villes du duché de Bretagne aux xive et xve siècles, Paris, Maloine, 1981, p. 371).
6 Des historiens se répandent en jugements moraux sur ces projets matrimoniaux parce qu’ils ne comprennent pas cette nécessité de marier l’héritière d’une principauté, pour donner aux gens de guerre un chef qui ait la légitimité du souverain, et pour sortir le pays d’un moment d’incertitude. (Ibid., p. 370-371.)
7 Morice Dom H., Mémoires pour servir de preuve…, op. cit., 824.
8 Cet épisode fut raconté à Foulquart de Reims (Bibliothèque nationale de France, manuscrits français 8334, fo 365 vo ; Labande-Mailfert Y., Charles VIII…, op. cit., p. 135) ; Nassiet Michel, Anne de Bretagne. Correspondance et itinéraire, Rennes, PUR, 2022, p. 48-49 et 324.
9 Gairdner Jaimes, Historia regis Henrici septii, a Bernardo Andrea Tholosate conscripta ; necnon alia quidam ad eundem regem spectantia, Londres, Longman, Brown, Green, Longmans, Roberts, 1858, p. 220.
10 Nassiet Michel, « Dictionnaire des feudataires des évêchés de Dol et Saint-Malo en 1480 », Bulletin de l’Association bretonne, 1990, p. 183-203, 1991, p. 265-296, 1992, p. 221-251 ; « Dictionnaire des feudataires de l’évêché de Saint-Brieuc », Société d’émulation des Côtes-d’Armor, 1996, p. 7-86 ; « Dictionnaire des feudataires de l’évêché de Tréguier », Société d’émulation des Côtes-d’Armor, 1999, p. 3-76.
11 Jones Michaël, « L’armée bretonne, 1449-1491 : structures et carrières », in Michael Jones, The Creation of Brittany: A Late Medieval State, Londres, Ronceverte, The Hambledon Press, 1988, p. 351-369.
12 Cas de feudataires ayant 20 livres de revenu noble (no 1283, 1992, p. 229 ; no 2023, 1996, p. 30), 60 livres (no 1150, 1992, p. 225), 100 livres (no 4561, 1999, p. 67), in Nassiet M., « Dictionnaire… », art. cités.
13 6 570 dans les diocèses de Dol et Saint-Malo, Saint-Brieuc, Tréguier, Léon et Quimper, dont nous avons dépouillé les montres (Michel Nassiet, « Dictionnaire… », art. cités). Avec les 1 089 feudataires du diocèse de Vannes, le total est porté à 7 659. Il reste à y ajouter les diocèses de Nantes et Rennes, pour lesquels on ne dispose pas de rôles à cette date.
14 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 3 vo.
15 En 1487 (Morice Dom H., Mémoires pour servir de preuve…, op. cit., 582). En 1489 (Bibliothèque municipale de Nantes, ms. 1746, fo 9).
16 Nassiet Michel, Noblesse et pauvreté. La petite noblesse en Bretagne, xve-xviiie siècles, Rennes, Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, 1993, p. 48-49.
17 Nassiet Michel, « Fidélités et perspectives dynastiques dans la noblesse bretonne lors de la crise de succession (1470-1491) », in Jean Kerhervé (dir.), Noblesse de Bretagne du Moyen Âge à nos jours, Rennes, PUR, 1999, p. 103-128.
18 Leguay J.-P., Un réseau urbain au Moyen Âge…, op. cit., p. 366.
19 Morice Dom H., Mémoires pour servir de preuve…, op. cit., 546, 584, 587, 627.
20 Pocquet du Haut-Jussé Barthélémy-Anatole, « Les emprunts de la duchesse Anne à Julien Thierry (1489-1491) », Annales de Bretagne, 1962, p. 269-293, en particulier p. 279 et 285. Autres prêts de Rennais, pour 2 000 écus, en mars 1490 (Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 108 ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, XX).
21 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 139.
22 Leguay J.-P., Un réseau urbain au Moyen Âge…, op. cit., p. 371-372.
23 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 139.
24 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 82 ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, XI.
25 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 27 ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, IV. Cf. la carte dans Kerhervé Jean, L’État breton aux 14e et 15e siècles. Les Ducs, l’Argent et les Hommes, Paris, Maloine, 1987, p. 72.
26 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 118 ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, XXV.
27 Caillet Louis, « Don de la châtellenie de Touffou à Jean II de Chalon, prince d’Orange, d’après des lettres patentes d’Anne de Bretagne », Annales de Bretagne, t. 25, 3, 1910, p. 488-491. Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 183 vo ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, XXVI.
28 Jean de Chalon se trouve à Nantes le 15 avril (Arch. dép. Doubs, 7E 1213).
29 Arch. Dép. Doubs, 7E 1335. Sur la ferme de ce revenu, Kerhervé J., L’État breton…, p. 673.
30 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 13, fo 44. Ce pays devait être tenu par le corps expéditionnaire anglais, mais il n’est pas sûr que Chalon pût en prendre possession avant la fin de la guerre (Kerhervé J., L’État breton…, p. 74).
31 Pierre Becdelièvre (Arch. dép. Doubs 7E 1212).
32 Arch. dép. Loire-Atlantique, E 156 et E 212. Maitre Léon, « Un créancier des ducs de Bretagne, Jean de Chalon », Revue de Bretagne et de Vendée, t. 51, 1914, p. 12-20, ici à la p. 16.
33 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 51, fo 387 vo.
34 Hagomar (Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 77 ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, I).
35 Jugon (Arch. dép. Loire-Atlantique, B 13, fo 84 vo, 130 ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, LXX).
36 Arch. dép. Loire-Atlantique, E 209. Kerhervé J., L’État breton…, op. cit., p. 635.
37 Le Page Dominique, Finances et politique en Bretagne au début des temps modernes, 1491-1547, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1997, p. 188-191.
38 1489 : Arch. dép. Loire-Atlantique, E 153-30 ; 1491 : ibid. B 13, fo 127. Ordre de remboursement en 1502 : ibid. B 130-15.
39 Morice Dom H., Mémoires pour servir de preuve…, op. cit., 805.
40 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 51, fo 207-208.
41 Arch. dép. Loire-Atlantique, E 209-25.
42 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 13, fo 81 vo. La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, LX.
43 Pierre Mahé, 23 avril 1489 (Arch. dép. Loire-Atlantique, B 128-190).
44 Cf. cependant Kerhervé J., L’État breton…, op. cit., p. 934, note 474.
45 Morice Dom H., Mémoires pour servir de preuve…, op. cit., 663. En 1490, don du rachat après le décès de Jehan de Keramborgne, tué à la bataille de Saint-Aubin (Arch. dép. Loire-Atlantique, B 13, fo 1).
46 Sans doute la veuve du défunt (Morice Dom H., Mémoires pour servir de preuve…, op. cit., 694).
47 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 13, fo 78 vo 79 ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, LXII. Ce garde du corps est Alain de Keradreux (Du Paz Fr. Augustin, Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, Paris, 1620, p. 553). Autre aide à payer une rançon, Morice Dom H., Mémoires pour servir de preuve…, op. cit., 664.
48 Sur l’emprunt et le Trésor de l’Epargne, Kerhervé J., L’État breton…, op. cit., p. 634.
49 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 155 vo ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, XXXVI.
50 Dès 1487 et en 1489 (Morice Dom H., Mémoires pour servir de preuve…, op. cit., 580, 663).
51 La Haie-de-Lavau, le 15 avril 1489 (Bibliothèque municipale de Nantes, ms 1746, 9).
52 Été 1489, Arch. dép. Loire-Atlantique, E 1014.
53 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 51 vo.
54 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 167 ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, XLII ; Nassiet Michel, « Anne de Bretagne rebelle (1488-1489) », Bulletin et Mémoires de la Société archéologique et historique d’Ille-et-Vilaine, t. CCXXVI, 2022, p. 161-174.
55 Du Paz Fr. A., Histoire généalogique…, op. cit., p. 556.
56 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 13, fo 81 vo ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, LX.
57 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 13, fo 110 vo.
58 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 138 vo.
59 « L’ancien tuteur, connu pour sa cupidité, a exigé de lourdes indemnités en échange de sa renonciation à la tutelle et pour les ravages commis par les soldats sur ses terres » (Leguay Jean-Pierre, Fastes et malheurs de la Bretagne ducale, 1213-1532, Rennes, Ouest France, 1982, p. 413).
60 « Pour resister contre nosditz aversaires […] et entretenir les gens de guerre o lui estans, ait mis et emploié ce qu’il avait d’or et d’argent, monnayé et a monnayer, bacgues, joiaulx et autres ses biens meubles, a la valleur de bien cent mil escuz et davantaige. A ceste cause, luy ait convenu soy endebter, prandre et emprunter grandes sommes de finance sur ses biens et heritaiges par ypotheque de rente… »
61 Davis N. Z., Essai sur le don…, op. cit., p. 85.
62 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 134 vo ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, XXXIV.
63 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 12, fo 153 ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, XLII.
64 Arch. dép. Loire-Atlantique, B 13, fo 122 ; La Borderie A. de, « Choix de documents inédits… », art. cité, LXV.
65 Morice Dom H., Mémoires pour servir de preuve…, op. cit., p. 686-690.
66 Kettering Sharon, Brokers and Clients in Seventeenth Century France, New York, Oxford, Oxford University Press, 1986.
67 Dans la longue durée, ajoutons que ce sont toujours les mêmes fractions du domaine ducal qui ont fait l’objet de donations : le Gâvre en 1504 et 1527, Touffou en 1530 (Le Page D., Finances et politique en Bretagne…, op. cit., p. 122 et 124).
68 Davis N. Z., Essai sur le don…, op. cit., p. 84.
69 « Clients performed services for patrons who were morally bound to reciprocate, but the time and exact nature of the reciprocation were not specified in advance. Obligations were indefinite because the goods and services exchanged were putatively philanthropic. To appearances, the affective dimension of the relationship prevailed over the materialistic side. Years or decades of service, often at the client’s great expense, might be necessary before the hoped-for reciprocation was forthcoming, and in the interim there were only effusions of total loyalty and boundless love » (Harding Robert R., Anatomy of a Power Elite. The Provincial Governors of Early Modern France, New Haven/Londres, Yale University Press, 1978, p. 36-37).
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