Le prince proscrit
Service, fidélité et forme de la République durant la guerre de Trente Ans
p. 43-58
Texte intégral
1Dès son déclenchement et jusqu’au moins la fin du xviiie siècle, la guerre de Trente Ans est aussi dénommée « la guerre allemande1 », non parce que ses terrains d’opérations se situent en Allemagne – la Bohême en est même un enjeu essentiel –, mais parce qu’elle est perçue comme une guerre civile. Dès 1618, une feuille volante met en garde contre le risque que les tensions confluent en un « perpetuum bellum civile in visceribus & media Germania2 ». En 1648-1650, les programmes des fêtes de la paix font de celle-ci la gagnante des traités et de la « discorde » (Zwietracht) la responsable du conflit : de tels traits globaux, dans un conflit où amis et ennemis ne se laissent guère démêler, semblent à même d’ouvrir symboliquement la reconstitution d’un tissu social et politique3.
2La guerre éclate le 23 mai 1618. Le 21 novembre, la forteresse impériale de Plzeň en Bohême est prise par Ernst von Mansfeld (1580-1626), un chef de guerre issu de la noblesse d’Empire engagé dans l’armée des états de Bohême hostiles à l’empereur. Le 19 février 1619, l’empereur Matthias (1557-1612-1619) émet contre Ernst von Mansfeld la première mise au ban de l’Empire de la guerre de Trente Ans. Le 29 janvier 1621, Frédéric V, le prince-électeur du Palatinat, élu roi de Bohême en 1619, et trois autres princes d’Empire sont proscrits. Aux abois, l’empereur Ferdinand II doit nommer à deux reprises comme généralissime de l’armée impériale Albrecht von Wallenstein (1583-1634), un noble de Bohême, avant de lui faire subir une brusque disgrâce alors que ce dernier se trouve lui aussi à Plzeň. Wallenstein est mis au ban de l’Empire après une procédure sinueuse, puis assassiné sur ordre impérial le 25 février 1634 en Bohême. Ce geste spectaculaire déclenche aussitôt une controverse sur la notion de service, sur l’autorité à laquelle il est dû et sur la forme de la République ou de l’Empire.
3Le Saint-Empire est, au xviie siècle, une construction féodale en voie de politisation4. La notion de service y renvoie d’abord aux obligations des princes, qui prêtent un serment de vassalité, vis-à-vis de leur suzerain, l’empereur. Le service en actes suppose toutefois une soumission. Or, celle-ci est continuellement négociée, voire bravée en temps de guerre civile. Le service est dans les faits soumis à des concurrences et se décline à trois niveaux. Il renvoie premièrement au service de l’empereur, mais il peut deuxièmement désigner le service du prince territorial, la dualité entre l’empereur et les états d’empire (les princes, prélats et villes ayant siège et voix à la Diète) étant constitutive de la culture politique allemande. En cas de discorde, les princes peuvent évoquer la « liberté allemande » – le système impérial et ses privilèges – pour contrebalancer le pouvoir de l’empereur. En temps de tension forte, servir le prince peut ainsi signifier servir le prince territorial contre l’empereur, au nom de valeurs prêtées à la République, l’empereur n’étant dans cette optique que le suzerain. Le service de la République peut enfin renvoyer à un troisième niveau : le service corporatif de la patria avec ses privilèges face au pouvoir impérial.
4La guerre de Trente Ans débute comme un conflit d’autorité face à un prince Habsbourg, Ferdinand de Styrie (1578-1637), appelé logiquement à devenir empereur tout en étant connu comme un catholique intransigeant. Le titre impérial a dans les années précédentes été l’objet d’affrontements entre l’empereur Rodolphe II, plongé dans une léthargie politique, son frère Matthias et son cousin Ferdinand de Styrie. Lorsque Matthias devient empereur en 1612, il déplace sa cour de Prague vers Vienne, délaissant les affaires de Bohême. Le royaume de Bohême est alors électif, le roi (élu dans la dynastie des Habsbourg depuis la bataille de Mohács en 1526) participant en tant que prince-électeur à l’élection de l’empereur, au titre de la Bulle d’or de 1356. Pour maints nobles de Bohême toutefois, l’empereur a acquis l’électorat mais non le gouvernement de leur territoire qui reste leur patria.
5C’est précisément en Bohême que les tensions s’avivent lorsque Ferdinand de Styrie est élu roi des Romains. Les Défenseurs néo-utraquistes5 demandent de se réunir à Prague pour se plaindre d’églises fermées ou détruites en apparente contradiction à la Lettre de Majesté, et passent des représentants de l’empereur par la fenêtre du château de Prague : la Défenestration de Prague du 23 mai 1618 déclenche la guerre. Le 26 août, le prince-électeur calviniste Frédéric V du Palatinat est élu après d’amples hésitations comme roi par les états de Bohême et accepte la couronne – non par conviction religieuse mais par haine des Habsbourg. Deux jours plus tard, Ferdinand de Styrie est légalement élu empereur sous le nom de Ferdinand II (règne 1619-1637) par les princes-électeurs.
6Dès le 30 mai 1618, l’empereur Matthias écrit personnellement aux princes d’Empire protestants pour les mettre en garde contre les « rebelles de Bohême ». Un mois plus tard, il édicte une patente interdisant à tout état d’Empire de prendre parti pour les Bohêmes. Trois mois plus tard encore, le Conseil impérial aulique interdit à tout prince de prendre parti pour les Bohêmes sous peine de mise au ban de l’Empire. Tout prince soutenant Frédéric V est ainsi exclu du droit d’Empire et isolé socialement et économiquement : il peut être poursuivi, ses biens ou territoires confisqués, et il est interdit de lui apporter un soutien.
7D’après l’exemple d’Ernst von Mansfeld et d’Albrecht von Wallenstein, je souhaiterais montrer comment la notion de service fut disputée entre des acteurs et des modèles concurrents – l’empereur, des princes territoriaux, des nobles ou la patria –, et négociée sur différents registres et espaces – le droit et ses cours de justice, la politique et son secret, la polémique et son espace public – sur fond de logique de guerre (ratio belli). La notion de service devient un enjeu essentiel d’une guerre qui en brouille les règles, déclenchant une durable discussion sur la forme de la République.
Droit et guerre : mise au ban de l’Empire et service armé
8Vécue comme une guerre civile grevée d’intérêts étrangers, la guerre de Trente Ans ébranle les fondements juridiques de la République ou communauté étatique que forme le Saint-Empire. Au lendemain de la Défenestration de Prague, les Bohêmes forment un gouvernement provisoire qui obtient le soutien du duc Charles-Emmanuel de Savoie, lequel envoie un détachement de 2 000 mercenaires sous les ordres d’Ernst von Mansfeld. Voulant garder le secret sur son implication dans la guerre, le duc de Savoie fait présenter Mansfeld comme directement engagé au service des états de Bohême. À partir du 30 août 1618, Mansfeld passe de fait à leur service et assiège la forteresse de Plzeň. Dès le 11 novembre 1618, l’empereur demande au Conseil impérial aulique de préparer sa proscription.
9Le Saint-Empire a acquis sa charpente institutionnelle vers 1500. Tout sujet du Saint-Empire obtient (hormis dans les principautés électorales) le droit de faire appel au Tribunal de la Chambre impériale, formé de juges nommés par les états d’empire et ayant compétence sur les atteintes à la paix impériale. Face à lui, l’empereur a peu à peu mis en place le Conseil impérial aulique, constitué d’une trentaine de juges nommés par lui-même et siégeant dans sa résidence, compétent sur les fiefs d’Empire et les privilèges impériaux. Le Conseil impérial aulique est au fil du temps devenu une sorte d’organe de délibération politique et juridique, l’empereur prenant l’habitude de recueillir un avis écrit auprès de lui avant toute décision d’importance.
10Dès le début de la guerre de Trente Ans, l’empereur choisit donc de ne pas traiter le cas des chefs de guerre infidèles comme des adversaires personnels, mais comme des contempteurs de la paix publique perpétuelle proclamée en 1486, qui interdit toute guerre privée dans l’Empire : la guerre est pensée comme civile. Dans le cas de Mansfeld, l’avis du Conseil impérial aulique parvient à l’empereur et à son Conseil secret cinq jours seulement après la demande de l’empereur. Il approuve une mise au ban immédiate, sans comparution ni jugement, argumentant que Mansfeld est de fait déjà banni. Après le retournement de la situation militaire en faveur des Bohêmes qui le porte à mettre son projet en sourdine, le Conseil impérial aulique le ressort le 19 février 1619. Le texte de proscription, qui s’appuie dorénavant sur des précédents juridiques (les recès de 1559, 1564 et 1566, et les patentes du 30 juin et du 27 octobre 1618) est publié à Vienne : il doit punir et effrayer6.
11On ne peut donc pas simplement présenter la guerre de Trente Ans, conformément à une tradition persistante, comme une période où le droit se tait, cédant la place à une violence débridée et où soldats et civils s’entretuent en un cercle vicieux7. L’empereur mise sur les institutions pour étouffer la guerre civile et affirmer que le service de l’empereur est exclusif de tout autre. Par là, il fragilise toutefois la République (au sens d’État) que forme l’Empire. C’est en effet le Tribunal de la Chambre impériale qui est chargé de statuer sur les atteintes à la paix publique. Or pour imposer sa démarche, l’empereur le court-circuite et ne consulte que le Conseil impérial aulique. Il commet une seconde entorse en ne procédant pas à la comparution et à l’audition usuelles des inculpés, si bien que les princes « rebelles » retournent l’accusation en abus d’autorité de l’empereur. Le droit et les règles usitées sont à la fois tenus en haute considération et bafoués. Même le principal chef de guerre de l’empereur a cette attitude ambivalente alternant respect et mépris du droit qui délimite les règles du service et la forme de la République.
12Les princes, en période de guerre, effectuent en effet un service armé doté de ses propres normes. À défaut d’une véritable armée propre, l’empereur demande des subsides à l’Espagne et dépend de l’armée de la Ligue catholique, dirigée par le duc Maximilien Ier de Bavière (1573-1651) et commandée par Jean t’Serclaes de Tilly (1559-1632). Les colonels sont alors des entrepreneurs de guerre qui lèvent un régiment après avoir passé un contrat privé avec le général ou le prince qu’ils vont servir. Ils reçoivent le droit d’enrôler et équiper leur régiment, y compris dans des territoires sur lesquels le prince n’a pas de juridiction. La nature privée de ce contrat explique que les entrepreneurs de guerre puissent éventuellement servir plusieurs princes à la fois en temps de paix (une pratique qui néanmoins disparaît au xviie siècle) et qu’ils cherchent à s’enrichir. Or, à partir de 1622-1623, le système de l’entrepreneur de guerre se heurte à des limites impérieuses – maintes régions, déjà pressurées, ne peuvent plus rien fournir –, tandis que les prélèvements par le biais de l’impôt s’avèrent insuffisants. Entre 1618 et 1648 ont été actifs environ 1 500 entrepreneurs de guerre dans l’Empire, les plus connus étant Mansfeld et Wallenstein8.
13Mansfeld est le fils illégitime d’un comte puis prince d’Empire luxembourgeois. Son père l’élève dans la confession catholique puis l’envoie en Hongrie pour s’exercer à la guerre contre les Ottomans. Non légitimé à la mort de son père en 1604, il se met au service des Habsbourg jusqu’en 1610 puis, déçu, du duc de Savoie et des états de Bohême. Entre 1620 et 1626, il est l’entrepreneur de guerre le plus important du camp anti-impérial9. La carrière et l’action de Mansfeld sont toutefois marquées du sceau de la précarité : faute de base sociale et économique, il ne peut pas s’attacher un prince puissant.
14C’est précisément ce à quoi parvient Albrecht Wenzel Eusebius von Waldstein (Wallenstein), issu d’une famille noble de Bohême richement possessionnée. Après un mariage avantageux qui lui permet une forte ascension sociale dans la cour des Habsbourg où il devient chambellan de l’archiduc Matthias, Wallenstein fait une offre à l’empereur, acceptée après de longues négociations. Par une patente impériale du 25 juillet 1625, Ferdinand II autorise Wallenstein à lever, équiper et commander pour son compte non pas un simple régiment, mais une armée entière (24 000 puis dès l’automne 40 000 soldats) ; en contrepartie, l’empereur s’engage à reverser ultérieurement la solde à Wallenstein ou à le dédommager.
15Wallenstein fait fonctionner ce système par la mise au point d’avances de trésorerie et d’un système d’approvisionnement à grande échelle, par la transformation de son duché de Friedland en un territoire mercantiliste10, et surtout par l’élargissement des contributions. Selon les règles alors reconnues de la guerre, les populations de territoires occupés doivent livrer au chef de guerre le Servis : du bois, de l’éclairage, du sel et le logement ; il revient en revanche au colonel de trouver les ressources pour verser les soldes. Dès le début de la guerre, des chefs de guerre contraignent les populations occupées à livrer en plus des vivres. Outrepassant les instructions de la patente, Wallenstein les oblige à fournir en sus les sommes d’argent nécessaires pour régler les soldes ; cela lui permet de payer ses troupes plus régulièrement et d’attirer des soldats valeureux. La patente de 1625 signe donc la démission du pouvoir politique : c’est à l’armée elle-même de juger de ses besoins et de les prélever, dorénavant en pays ennemi comme ami ou neutre. Par sa dimension et ses usages inédits, l’armée de Wallenstein introduit des changements décisifs, tandis que l’empereur doit accepter ces pratiques en raison des qualités administratives de Wallenstein et de son crédit parmi ses colonels11. En privatisant la guerre, l’entreprise de guerre brouille la notion de service.
Disgrâce politique et révérence pour la patria
16L’ambivalence du service armé est patente lorsque le prince entrepreneur de guerre pèse sur la politique et la forme de la République. Tel est le cas lorsque Wallenstein, à l’hiver 1627-1628, exige de l’empereur, en guise de rétribution, la confiscation des territoires des ducs en fuite Adolphe-Frédéric de Mecklembourg-Schwerin et Hans Albrecht de Mecklembourg-Güstrow, mis non sans hésitation au ban de l’Empire12. Le 1er février 1628, Wallenstein reçoit le Mecklembourg en fief impérial et deux semaines plus tard le titre de Général des Mers Océanique et Baltique en plus de celui de duc de Sagan. Il est alors accusé par maints états d’empire d’abuser de son pouvoir militaire et de mépriser la constitution d’Empire – une dénonciation qu’il retourne contre l’empereur même, qu’il accuse d’aspirer à une monarchie universelle de type espagnol. Le généralat de Wallenstein devient l’objet d’une lutte politique. Il importe de dénouer l’écheveau politico-militaire de la disgrâce de Wallenstein pour comprendre le sens qu’il donne au service de l’empereur.
17Wallenstein utilise le service des armes pour soutenir son ambition politique. C’est pour entamer une carrière politique qu’il s’est converti vers 1602-1606 au catholicisme, et c’est par son activité dans la cour des Habsbourg qu’il est monté dans la hiérarchie sociale. Une fois généralissime, il ne rechigne pas à peser sur la politique. En 1629, il ne cache pas son désaccord à l’Édit impérial de restitution qui entraîne la re-catholicisation de vastes pans du Saint-Empire et forme le tournant confessionnel et militaire de la guerre. Les mécanismes de sa disgrâce politique révèlent à leur tour les enjeux « patriotiques » du service du prince.
18La première revendication d’un renvoi de Wallenstein est ainsi lancée dès la fin de 1629, non par des adversaires de l’empereur, mais par le duc (ou prince-électeur) de Bavière jaloux du succès militaire de Wallenstein, ressort de son ascendant politique. C’est donc sur l’action des princes-électeurs catholiques impériaux et du duc de Bavière, au nom donc d’enjeux politiques, que Wallenstein est démis de ses fonctions13.
19Les causes de la disgrâce finale de Wallenstein restent partiellement obscures. On suggérera ici une piste encore largement inexplorée par la recherche : l’allégeance à la patria et les enjeux confessionnels qui lui sont liés. L’empereur se sent de plus en plus dépendant de Wallenstein lorsqu’il doit lui accorder un second généralat, en avril 1632. Il y procède malgré les critiques du duc de Bavière notamment, sur la pression du valido espagnol, le comte-duc Olivares qui aspire à entraîner l’empereur et l’Empire dans sa lutte contre les Provinces-Unies tout en proposant en retour une alliance contre le roi Gustave-Adolphe de Suède (qui a débarqué dans l’Empire). La cour impériale restant très circonspecte, Olivares contacte directement Wallenstein en janvier 1633 et lui fait miroiter les pleins pouvoirs pour nouer des contrats et déclarer la guerre dans les Provinces-Unies – là aussi en vain. À l’automne 1633, Olivares menace Vienne de couper tout subside au cas où l’empereur se séparerait de Wallenstein et envisage un renforcement de l’armée des Flandres, au risque de faire voler en éclats toute éventualité de paix dans l’Empire – alors précisément que les divisions du camp protestant après la mort de Gustave-Adolphe semblent la rendre imminente. Olivares est le seul à suivre une ligne politique claire. Pas plus que Wallenstein, alors malade, l’empereur n’en a pas et Maximilien de Bavière, qui aspire d’abord à son élévation au statut de prince-électeur, poursuit une ligne autonome14. Indépendamment de leur propre prince à Madrid, l’ambassadeur Castañeda et l’ambassadeur extraordinaire Oñate se persuadent à Vienne que Wallenstein est un traître que l’empereur doit écarter, au besoin par la violence ; ils laissent entendre à Ferdinand II que les subsides espagnols ne peuvent être garantis qu’en cas de chute prochaine de Wallenstein15. L’immixtion d’une puissance étrangère dans l’action politique interne est une manifestation usuelle des guerres civiles. Si les ambassadeurs jouissent d’une certaine marge de manœuvre, ne serait-ce qu’en raison des difficultés de communication, la démarche de Castañeda et d’Oñate, qui désobéissent conjointement à leur prince au lieu de se surveiller mutuellement, frappe néanmoins par son audace et témoigne de la force percutante du cas Wallenstein. À la mi-décembre 1633, un membre influent du Conseil impérial aulique, Gundacker von Liechtenstein, recommande à son tour le licenciement voire l’assassinat, en cas de traîtrise avérée. Si diverses rumeurs fusent donc, il n’existe néanmoins pas de parti constitué16.
20Le basculement final, en décembre-janvier, est dû à Wallenstein lui-même lorsque, gravement atteint de goutte et peut-être de syphilis, il exige des contributions des Pays héréditaires et ne vient pas au secours de la Bavière envahie par Bernard de Saxe-Weimar17 : l’opacité de son action lui aliène même ses alliés. Sous l’influence de ses conseillers Ilow et Trčka, il rassemble le 11 janvier 1634 les colonels de son armée à Plzeň et leur fait signer une déclaration qui les lie par serment à sa personne, tout manquement étant considéré comme un parjure passible de peine de mort et confiscation, et s’engage en retour à ne pas se démettre de ses fonctions sans leur accord ; le texte ne comporte plus d’engagement de fidélité à l’empereur, auquel il reproche de graves manquements en matière d’assistance18. Là où Wallenstein n’entendait vraisemblablement que démontrer à Vienne la solidarité de son armée, la cour impériale qui en a rapidement vent y voit une confirmation des rumeurs de traîtrise. Un de ses hommes de confiance, Ottavio Piccolomini, fait volte-face et se met à colporter à Vienne la rumeur d’un projet d’anéantissement de la maison d’Autriche.
21L’empereur se décide à faire enlever, emprisonner et au besoin tuer Wallenstein par quelques officiers astreints au plus strict secret. Ces derniers craignant un échec du projet si l’armée se solidarise avec son chef, l’empereur opte pour la rupture ouverte. Il dénonce Wallenstein comme « rebelle notoire à l’Empire », ce qui le place ipso facto au ban de l’Empire : il en va d’une révolte ouverte d’un membre du corps de l’Empire contre l’empereur ou un autre membre, et non d’une simple rupture du droit ou conjuration clandestine. Une patente en date du 18 février 1634 licencie Wallenstein, confie le commandement suprême à Matthias Gallas, au nom d’une attaque armée ouverte : Wallenstein y est dit coupable de « parjure, perfidie et tyrannie barbare », animé d’une volonté conspiratrice destinée à exterminer la famille impériale et à redistribuer ses biens dans les Pays héréditaires19. Les Déclarations chargées de ces motifs d’inculpation sont imprimées et diffusées dans les armées et parmi les alliés. Or, contrairement aux craintes de Vienne, l’armée du proscrit se débande. Acculé à la fuite, Wallenstein est assassiné par des émissaires impériaux dans la ville frontalière d’Egra le 25 février 1634. La peur, la tension militaire, les difficultés de communication, la maladie de Wallenstein ont vraisemblablement contribué à ce climat de suspicion extrême.
22L’affaire met éminemment en cause le service des nobles au prince. Jamais en effet, Wallenstein n’a réellement trahi l’empereur. Face à d’autres chefs de guerre plus versatiles, il n’a servi que pour le parti impérial – les entrepreneurs de guerre ne sont au reste pas des condottiere aptes à former un contre-pouvoir fondamental à une fonction impériale assise sur une légitimité dynastique20. Mais plus encore sans doute, Wallenstein est resté fidèle à sa « patrie ». Sa carrière s’est déroulée entre la Bohême et le service impérial : les Wallenstein (Waldstein) sont rattachés à de nombreuses familles de l’aristocratie locale (Wartenberg, Žierotin, Lobkowicz). L’ancrage de Wallenstein en Bohême, la présence de grandes familles tchèques (les Trčka et les Kinsky) dans son proche entourage quand il accède aux plus hautes fonctions militaires et la constitution du duché de Friedland sont des éléments importants pour comprendre l’attitude de Wallenstein et la propagande de ses ennemis21. Le général ne soutient pas la transformation de la couronne de Bohême en couronne héréditaire aux mains des Habsbourg en 1627. Dans la crise de confiance viennoise, son attachement à la constitution corporative de la Bohême et ses liens pérennes avec des exilés nobles protestants de Bohême ont joué un tel rôle qu’on lui reproche de briguer la couronne de Bohême22. Wallenstein n’incarne pas pleinement l’ambition politique. Il n’embrasse ni une vision moderne, confessionnelle ou politique, de la principauté territoriale, ni un projet impérial, mais avant tout une vision corporative de la patria23.
23Mû par une profonde révérence pour la patria, Wallenstein recourt de façon durable à la noblesse tchèque, néo-utraquiste à 80 % avant la bataille de la Montagne blanche, tout en étant lui-même peu religieux. La recherche récente a souligné les efforts menés par certains princes territoriaux, en particulier le duc de Bavière, pour confessionnaliser leur armée, mais aussi les limites infranchissables auxquels ils se heurtent24. Les chefs de guerre recherchent avant tout des soldats expérimentés ; le marché des mercenaires étant concurrentiel, ils ont une capacité de choix limitée. De plus, une armée victorieuse ne tue pas, en règle générale, les mercenaires adverses faits prisonniers, mais les incorpore pour combler ses propres pertes. Face à la pression relative menée en vue de l’homogénéisation confessionnelle, on observe finalement un large spectre de réactions. Les armées sont en quelque sorte un espace de flottement confessionnel, parfois extrême. Ainsi Ernst von Mansfeld (1580-1626), le partisan le plus sûr du calviniste Frédéric V, est catholique. Quant à Wallenstein, il fait abstraction des confessions pour ne sonder que les compétences dans ses choix de capitaines et administrateurs.
24Si les convictions confessionnelles jouent en fin de compte un rôle modeste dans la composition des armées, les conflits charrient néanmoins une mémoire confessionnelle. Pour éviter la dispersion de l’armée de Wallenstein, des libellistes hostiles à l’empereur misent sur la veine confessionnelle luthérienne. Dans le contexte de l’Intérim imposé par Charles Quint en 1548, des luthériens durs ont en effet affirmé dans la Confession de Magdebourg (1550) le droit, sinon l’obligation par mandat divin, de résister au magistrat devenu tyran. Des théologiens des Cantons helvétiques et d’Allemagne méridionale, tel Martin Bucer, ont même affirmé que les états d’empire doivent lutter contre la puissance supérieure (l’empereur) lorsque celle-ci agresse la piété du peuple, et reconnu un droit de résistance aux hommes inspirés par Dieu, lorsque les magistrats ne respectent pas leur devoir. Il semble que ce soit par Bucer que cet enseignement parvint à Calvin et, trente ans plus tard, aux monarchomaques25. Les textes publiés après l’assassinat de Wallenstein renvoient à la ville de Magdebourg, mise au ban de l’Empire entre 1547 et 1562 pour être devenue le centre du luthéranisme intransigeant appelant à la résistance active contre un empereur devenu tyran26, ce qui nous mène à la question de la médiatisation du conflit sur la forme de la République.
Médias et guerre : polémiques publiques et discussion politique
25L’historiographie héritée d’Ernst von Mansfeld le présente comme un guerrier brutal, sinon sanguinaire, dépourvu de toute moralité. Une image similaire domine l’historiographie de Wallenstein depuis 1634 : celle d’un personnage coléreux, perfide et superstitieux. Ces traits ont été fixés par la propagande impériale, en 1623 pour Mansfeld27, au lendemain de son exécution pour Wallenstein. La politique d’information offensive contre Wallenstein pour rallier les cadres de son armée revient ainsi à une démonstration de l’autorité impériale et à une revendication dynastique, à tel point que le fils même de l’empereur (le futur Ferdinand III) acquiert la direction de l’armée impériale.
Ill. 1. – Eigentliche Vorbildung der zu Eger an dem Hertzogen von Friedland… Verübten Mordthat, s. l., 1634.

La gravure représente le meurtre de Wallenstein victime, seul et inerme, d’une conjuration.
Bayerische Staatsbibliothek München: Einbl. V, 8 a-92 [http://daten.digitale-sammlungen.de/bsb00100178/image_1], consulté le 26 août 2022.
Ill. 2. – Wie General Walstain Hertzog von Friedland… sein erstochen worden, s. l., 1634.

Wallenstein est ici un usurpateur ; son corps, précise le texte, doit pourrir avec peau et tourment, il a volé au pieux empereur l’armée, l’argent, et même la couronne et la vie.
Bayerische Staatsbibliothek München : Res/4 Eur. 20 [http://daten.digitale-sammlungen.de/bsb00099805/image_1], consulté le 26 août 2022.
26La propagande impériale brosse le portrait à charge de Wallenstein pour couper court aux états d’empire qui mettent en avant son service loyal, durable et essentiel puisque l’empereur lui doit ses victoires. Les uns et les autres portent ces verdicts au public dans des feuilles volantes et gravures qui se répondent l’une à l’autre28.
27Le serment de fidélité exigé les 11-12 janvier 1634 par Wallenstein à ses colonels est imprimé dans diverses gazettes avides de nouvelles de tout bord29. Pour étouffer tout débat, Wallenstein n’a pas été convoqué devant le Conseil impérial aulique qui prononce la mise au ban par contumace. Pour imposer le silence sur la procédure, le gouvernement de Vienne fait diffuser le 18 octobre 1634 un manifeste rédigé par le vice-chancelier d’Empire, revu par des commissaires du Conseil impérial aulique, par le duc de Bavière et par l’empereur lui-même30. Or, l’absence de comparution et d’audition préalable à la proscription devient une arme pour les partisans de Wallenstein, qui dénoncent l’exercice arbitraire du pouvoir impérial31, si bien que le débat porte dorénavant sur la nature politique de l’Empire.
28En réaction à la thèse de Jean Bodin qui réduisait le Saint-Empire à une aristocratie dénuée de tête32, la plupart des juristes allemands ont, à la fin du xvie siècle, qualifié le Saint-Empire de monarchie. Les états d’empire reconnaissent l’autorité de l’empereur auquel ils doivent prêter un serment de fidélité et qu’ils doivent servir avec soumission et fidélité, mais l’empereur ne peut exercer sa juridiction suprême qu’avec la collaboration des états d’Empire : la culture politique repose sur un contrat implicite33. La controverse sur la proscription, dans les années 1620-1630, soumet ce consensus global à des tensions considérables : une discussion publique se développe sur la délimitation des devoirs, sur la forme de l’Empire et sur la définition du service. Les libelles se partagent entre trois grandes options34. Le camp impérial justifie la proscription expéditive en cas de « rébellion notoire », l’empereur étant le garant de l’unité du Saint-Empire et de la paix publique. Maintes feuilles volantes, toutefois, critiquent la pratique de la mise au ban sans comparution ni audition et obtention de preuves, et la prétention à exercer une juridiction sur la Bohême, qui n’appartient pas complètement à l’Empire : une résistance active à l’empereur est donc licite. Ce verdict est parfois suivi du présage que la dignité impériale ne restera pas dans les mains des Habsbourg.
29La troisième option retourne l’accusation de rupture de la paix publique perpétuelle contre l’empereur Ferdinand II, accusé d’être un ennemi public de l’Empire et des « libertés allemandes », donc passible d’être lui-même proscrit35. Un des moyens de rendre l’argumentation recevable, hormis le recours au topos de la domination absolue espagnole36, est de lui donner un soubassement confessionnel : en ordonnant l’édit de Restitution de 1629, l’empereur a « violé » la paix de religion de 1555 devenue loi d’Empire, si bien que prendre les armes contre lui ne constitue pas un crime de lèse-majesté37. Lorsque le roi de Suède Gustave-Adolphe débarque en juillet 1630 en Poméranie, il s’empare rapidement de ces critiques : « Je suis Impérial tant que l’empereur est empereur », c’est-à-dire protège la paix de religion, affirme un libelle intitulé Pourquoi ne devrais-je pas être Suédois ? et adressé à l’« homme du commun38 ».
30D’autres libelles argumentent sur le registre du droit. L’armée de l’empereur était peu disciplinée, exigeant des contributions même dans les Pays héréditaires39. L’empereur n’a pas respecté la capitulation électorale qui l’oblige à la paix, en autorisant la destruction d’églises sur des domaines royaux en contradiction à la lettre de Majesté, et le Conseil impérial aulique n’a servi que de caution à la politique personnelle de l’empereur40. Les états d’Empire résistent donc en tant que porteurs d’une fonction publique41. Bien plus, la souveraineté ne réside pas que dans la personne de l’empereur. Les Iura maiestatica, qui renvoient à la forme de l’Empire, englobent notamment la Bulle d’Or et les Capitulations42. L’empereur n’a pas le droit de mener une guerre dans ou à l’extérieur du Saint-Empire sans l’accord des états d’Empire ou du moins de six princes-électeurs43. La déférence pour l’Empire l’emporte alors sur le service de l’empereur : le bon serviteur agit au nom du droit et des privilèges, et non en faveur d’un empereur qui n’incarne plus l’unité.
Conclusion
31S’il a été malmené, le droit ne s’est pas tu durant la guerre de Trente Ans et a continué à médiatiser le service dû au prince, dont les enjeux – brouillés par la privatisation des armées et par la violence des armes – sont désormais relayés dans le débat public, tandis que les questions confessionnelles interviennent en arrière-plan et non comme moteur.
32La question de la nature de la République pèse lourdement sur les relations entre l’empereur et l’Empire lors de l’ouverture des négociations de paix en 1643-1645 : face à l’empereur qui entend seul représenter le Saint-Empire, les états d’Empire rappellent les entorses au droit lors des proscriptions pour imposer leur participation au congrès de paix. La première capitulation électorale de la paix, préparée pour Léopold Ier, interdit strictement de procéder à la mise au ban de l’Empire sans comparution ni audition de l’accusé44.
33La Dissertatio de ratione status in Imperio nostro Romano-Germanico parue anonymement en 1640 ou 1647 est le traité anti-habsbourgeois le plus tonitruant sur la longue durée ; il a valu une célébrité posthume à son auteur, Bogislaw Philipp von Chemnitz (1605-1678). S’appuyant sur Bodin, il conclut que la maiestas n’appartient pas à l’empereur et que l’Empire est une aristocratie : il préconise l’abolition du Conseil impérial aulique, la transformation de la Diète en un parlement et l’extirpation de la maison d’Autriche : le service du prince est dû à la République, et non à l’empereur Habsbourg45. Toujours cité pour son animosité, ce traité n’a jamais vraiment été étudié. Or, il a été écrit dans le feu de l’action. Chemnitz a grandi dans le Mecklembourg où il a vécu l’expulsion des deux ducs et l’inféodation à Wallenstein, avant de s’engager dans l’armée de Gustave-Adolphe dont il a épousé les mots d’ordre. Son accusation des Habsbourg n’est pas abstraite, mais personnalisée : il en va de Ferdinand II, dénoncé comme un « tyran » en raison de l’édit de Restitution et des proscriptions46. Prenant appui sur le manifeste des ducs de Mecklembourg, il réclame, au nom d’une acception contractuelle du lien politique, que les proscriptions soient décidées et exécutées par les états d’Empire47.
34Si le système des entrepreneurs de guerre disparaît peu à peu après la guerre de Trente Ans, si dorénavant il n’existe plus de guerre civile dans le Saint-Empire (même si des guerres ont opposé des principautés entre elles), et si le débat sur le service du prince et la définition de la République n’est dorénavant plus une question de vie ou de mort, il continue à animer la réflexion juridique et politique. La critique de Chemnitz n’a pas perdu en vigueur lors de la guerre de Sept ans puisque pour étayer sa lutte contre Marie-Thérèse, Frédéric II de Prusse en commandite des traductions vernaculaires destinées à rallier des princes de l’Allemagne septentrionale auxdites « libertés germaniques48 ».
Notes de bas de page
1 Ainsi par exemple la notice « Dreyßig-jähriger oder Teutscher Krieg », in Grosses vollständiges Universal-Lexicon, t. 7, Halle/Leipzig, Johann Heinrich Zedler, 1734, col. 1453-1456.
2 [Staricius Johann], Discursus politicus oder Rathliches Bedencken […] Ob es heylsam unnd nutzlich sey im heiligen Römischen Reich Teutscher Nation/ Uniones und Bündnussen/ aufzurichten/ Einzugehen und zuschlissen, s. l., 1618, p. 5.
3 Voir Gantet Claire, La Paix de Westphalie (1648). Une histoire sociale, xviie-xviiie siècle, Paris, Belin, 2001.
4 Pour plus de détails, voir idem et Lebeau Christine, Le Saint-Empire, 1500-1800, Paris, Armand Colin, 2018.
5 Les adeptes de Jan Hus (1369-1415) se sont divisés entre radicaux – les taborites, dénommés d’après leur camp de Tabor – et modérés ou utraquistes, qui revendiquent le calice pour les laïcs, c’est-à-dire la communion sub utraque, sous les deux espèces du pain et du vin. Les frères de Bohême ou néo-utraquistes sont l’ensemble de ces groupes religieux (vaudois, taborites, utraquistes) ; ils définissent une Confession de Bohême en 1575.
6 Voir l’incontournable Kampmann Christoph, Reichsrebellion und kaiserliche Acht. Politische Strafjustiz im Dreißigjährigen Krieg und das Verfahren gegen Wallenstein 1634, Münster, Aschendorff, coll. « Schriftenreihe der Vereinigung zur Erforschung der Neueren Geschichte, 21 », 1992, p. 19-31.
7 Issue d’une lecture littérale de textes littéraires ou de gravures, une telle lecture catastrophiste parcourt l’historiographie de l’écrivain Freytag Gustav, Bilder aus der deutschen Vergangenheit, t. 3 : Aus dem Jahrhundert des großen Krieges (1600-1700), Leipzig, Hirzel, 1859 (24e éd. 1903, dernières rééd. en 2017) au politologue Münkler Herfried, Der Dreißigjährige Krieg. Europäische Katastrophe, deutsches Trauma, 1618-1648, Berlin, Rowohlt, 2017.
8 Redlich Fritz, The German Military Enterpriser and his Work Force. A Study in European Economic and Social History, Wiesbaden, Franz Steiner, coll. « Vierteljahrsschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte, 47 », 1994, vol. 1, not. p. 158, 191 : dans les années 1610, Wallenstein sert simultanément l’empereur et les états de Moravie. Meumann Markus et Meinhardt Matthias (dir.), Die Kapitalisierung des Krieges. Kriegsunternehmer in Spätmittelalter und Früher Neuzeit, Berlin et al., Lit, coll. « Herrschaft und soziale Systeme in der Frühen Neuzeit », 2019.
9 Krüssmann Walter, Ernst von Mansfeld, Grafensohn, Söldnerführer, Kriegsunternehmer gegen Habsburg im Dreißigjährigen Krieg, Berlin, Duncker & Humblot, 2010.
10 Il s’adjoint les services du banquier Hans de Witte (av. 1593-1630) et du munitionnaire Louis de Geer (v. 1585-1652). Son duché de Friedland est géré par des administrateurs choisis en fonction de leur compétence et non pour leur religion, et dispose d’un grand nombre de fonderies et d’ateliers textile. Voir la magnifique biographie de Mann Golo, Wallenstein, 3e éd., Francfort-sur-le-Main, Fischer, 1971.
11 Kaiser Michael, Politik und Kriegführung. Maximilian von Bayern, Tilly und die Katholische Liga im Dreißigjährigen Krieg, Münster, Aschendorff, 1999, p. 121-137 ; Redlich Fritz, The German Military Enterpriser…, op. cit., t. 1, p. 359-361.
12 Kampmann Christoph, Reichsrebellion…, op. cit, p. 91-100.
13 Voir Dieter Albrecht (dir.), Die Politik Maximilians I. von Bayern und seiner Verbündeten, 1618-1651, partie 2, t. 5, Juli 1629-Dezember 1630, Munich/Vienne, Oldenbourg, coll. « Briefe und Akten zur Geschichte des Dreißigjährigen Krieges. Neue Folge, 11 », 1964, p. 663-692.
14 Hengerer Mark, Kaiser Ferdinand III (1608-1657), eine Biographie, Vienne et al., Böhlau, coll. « Veröffentlichungen der Kommission für neuere Geschichte Österreichs, 107 », 2012, p. 94 ; Brockmann Thomas, Dynastie, Kaiseramt und Konfession. Politik und Ordnungsvorstellungen Ferdinands II. im Dreißigjährigen Krieg, Paderborn, Schöningh, coll. « Quellen und Forschungen aus dem Gebiet der Geschichte, 25 », 2011.
15 Ernst Hildegard, Madrid und Wien 1632-1637. Politik und Finanzen in den Beziehungen zwischen Philipp IV. und Ferdinand II, Münster, 1991, p. 76.
16 Voir Kampmann Christoph, « Zweiter Mann im Staat oder Staat im Staat? Zur Stellung Wallensteins in der Administration Kaiser Ferdinands II », in Michael Kaiser et Andreas Pečar (dir.), Der Zweite Mann im Staat. Oberste Amtsträger und Favoriten im Umkreis der Reichsfürsten in der Frühen Neuzeit, Berlin, Duncker & Humblot, coll. « Zeitschrift für Historische Forschung, Beiheft 32 », 2003, p. 295-316.
17 Le duc de Bavière ne manque pas de diffuser des feuilles volantes hostiles à Wallenstein, ainsi Eygentlicher Abriß der HauptVestung Ingolstatt sampt deroselben gelegenheit darin sich der Hertzog in Bayrn anjetzo widerumb den 19. September diß 1632. Jahrs begeben…, s. l., 1632.
18 Kampmann C., Reichsrebellion…, op. cit., p. 113-114 ; idem, Europa und das Reich um Dreißigjährigen Krieg. Geschichte eines europäischen Konflikts, Stuttgart, Kohlhammer, 2008, p. 98.
19 « gantz gefährliche weitaußsehende conspiration », « boßhafftigen intent gebrauchen und dadurch umb ehr und reputation bringen wöllen », « maynaidige threwlossigkeit und barbarische tyranney », cité par idem, Reichsrebellion…, op. cit., p. 104-105, ici p. 105.
20 Voir Schubert Friedrich Hermann, « Wallenstein und der Staat des 17. Jahrhunderts », Geschichte in Wissenschaft und Unterricht, no 16, 1965, p. 597-611.
21 Voir Tribout Bruno (éd.), Trois récits de conjuration. Sarasin, Saint-Réal, Le Noble, Toulouse, Paris, SLC, Hermann, 2015, p. 118-119. Réunit « La Conspiration de Wallenstein (1655) », « La Conjuration des Espagnols contre la République de Venise (1674) », « De la conjuration des Pazzi contre les Médicis (1698) ».
22 Cette accusation s’avère pérenne. Voir l’article « Waldstein, oder Wallenstein, auch Wallsteiner genannt (Albrecht Wentzel Eusebius) », in Grosses vollständiges Universal-Lexicon, t. 52, Leipzig et Halle, Johann Heinrich Zedler, 1747, col. 1516-1558, not. col. 1530.
23 La patria désignait, jusque vers 1635, la terre natale ou la principauté coiffée par des institutions corporatives et confessionnelles ; vers 1635, le terme tend à s’abstraire et s’élargir au Saint-Empire dans son cœur couvert par les institutions. Voir Wandruszka Adam, Reichspatriotismus und Reichspolitik zur Zeit des Prager Friedens von 1635. Eine Studie zur Geschichte des deutschen Nationalbewußtseins, Graz et al., Böhlau, coll. « Veröffentlichungen des Instituts für österreichische Geschichtsforschung, 17 », 1955 ; Friedeburg Robert von, Widerstandsrecht und Konfessionskonflikt. Notwehr und Gemeiner Mann im deutsch-britischen Vergleich 1530-1669, Berlin, Duncker & Humblot, coll. « Schriften zur europäischen Rechts- und Verfassungsgeschichte, 27 », 1999.
24 Voir Kaiser Michael, « Cuius exercitus, eius religio? Konfession und Heerwesen im Zeitalter des Dreißigjährigen Kriegs », Archiv für Reformationsgeschichte, no 91, 2000, p. 316-353.
25 Kaufmann Thomas, Das Ende der Reformation. Magdeburgs „Herrgotts Kanzlei“ (1548-1551/2), Tübingen, Mohr Siebeck, coll. « Beiträge zur historischen Theologie, 123 », 2003, p. 128-129 ; Zwierlein Cornel, « La loi de Dieu et l’obligation à la défense : de Florence à Magdebourg 1494-1550 », in Paul-Alexis Mellet (dir.), Et de sa bouche sortait un glaive. Les monarchomaques au xvie siècle, Genève, Droz, 2006, p. 31-75.
26 Voir Resolution Uber dir Frag: Ob Diejenige Reichs Stände/ welche heutiges Tags/ der genandten Kayserischen Armada/ sich mit gewehrter Hand widersetzen/ für Rebellen zuhalten?, s. l., 1632, not. p. 15-18 ; Wagner Ehrenhold, Gold-Wage. Ob dem Kayser der beschlossene Krieg anzukündigen sey?, s. l. [Heilbronn], 1633.
27 Acta Mansfeldica. Ernstens Manßfelders Leben vnnd Ritterthaten, s. l., 1623 : texte pro-impérial à l’encontre de son titre.
28 Ainsi Eigentliche Vorbildung der zu Eger an dem Hertzogen von Friedland… Verübten Mordthat, s. l., 1634 : la gravure représente le meurtre de Wallenstein seul et inerme. Wie General Walstain Hertzog von Friedland… sein erstochen worden, s. l., 1634 : Wallenstein est un usurpateur ; son corps, précise le texte, doit pourrir avec peau et tourment, il a volé au pieux empereur l’armée, l’argent, et même la couronne et la vie.
29 La propagande française s’empresse de soutenir Wallenstein pour justifier la guerre contre les Habsbourg : Wallenstein est présenté comme un officier fidèle victime de l’arbitraire de l’empereur. Voir la Gazette de Renaudot des 16-03-1634 et 23-03-1634, et le Mercure françois de 1637 (1634).
30 Kurtze […] Relation dessen/ was von dem 12. Januarii dieses lauffenden 1634. Jars an/ biß auff den letzten Fevruarii/ mit Albrecht von Wallenstein […] sich zugetragen hat, Vienne, 1634 ; Apologia Und Verantwortungs-Schrifft/ auß was hohen Ursachen etliche zu Eger in Böheim anwesende […] Kriegs-officiri an den gewesten Generalissimum Albrechten Wallenstein/ Hertzogen zu Friedland […] gewaltthätige Hand anzulegen…, s. l., 1634.
31 La proscription était un point négocié par les princes-électeurs avant toute élection impériale, Voir Burgdorf Wolfgang (éd.), Die Wahlkapitulationen der römisch-deutschen Könige und Kaiser 1519-1792, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, coll. « Quellen zur Geschichte des Heiligen Römischen Reiches, 1 », 2015.
32 Bodin Jean, Les Six livres de la République, Paris, Jacques du Puys, 1576, ii, vi, p. 320.
33 En 1742, le Lexique universel édité par Johann Heinrich Zedler, la plus ample encyclopédie du xviiie siècle en Europe, définit la République comme une société civile constituée de gouvernants et de sujets. Leurs relations sont réglées par un contrat aux termes duquel l’autorité s’oblige à assurer le bien-être de ses sujets, tandis que les sujets s’engagent à obéir volontairement à ses ordres. Voir « Republick, das gemeine Wesen », in Grosses vollständiges Universal-Lexicon, t. 31, Leipzig/Halle, Johann Heinrich Zedler, 1742, col. 656-665, ici 656, 660-661.
34 Kampmann C., Reichsrebellion…, op. cit., p. 200-213.
35 Voir Resolution Uber die Frag…, op. cit., p. 13.
36 Ibid., p. 6, Ba.
37 Wagner E., Gold-Wage…, op. cit., not. p. 13. Voir aussi Colloquium politicum/ Uber die Frag/ Warumb solt ich nicht Schwedisch seyn?…, s. l., 1632.
38 Ibid, passim.
39 Resolution Uber die Frag…, op. cit., p. 4.
40 Wagner E., Gold-Wage…, op. cit. ; Resolution Uber die Frag…, op. cit., not. p. 10.
41 Ibid., p. 16-17.
42 Ibid., p. Bija.
43 Ibid., p. Bijb.
44 Burgdorf W. (éd.), Die Wahlkapitulationen…, op. cit., p. 214-215 (capitulation électorale de Léopold Ier du 18-07-1653, art. XXVIII), reprise dans le projet de capitulation électorale perpétuelle de 1711 (art. XX et Constitutio III, ibid., p. 300, 310-312), dans la capitulation électorale de 1711 (art. XX, ibid., p. 349-351).
45 Lapide Hippolithus a (pseud. pour Chemnitz Bogislaw Philipp von), Dissertatio de ratione statu imperii, s. l. n. d. Voir Stolleis Michael, Histoire du droit public en Allemagne. Droit public et science de la police, 1600-1800, Paris, PUF, 1998, p. 302-308, ici p. 305.
46 Lapide Hippolithus a, Dissertatio…, op. cit., p. 120.
47 Ibid., p. 218-244.
48 Traduction allemande : Lapide Hippolithus a, Abriß der Staats-Verfassung, Staats-Verhältnis, und Bedürfnis des Röm. Reichs Deutscher Nation, Mayence/Coblence, 1761. Traduction française : Intérêt des princes d’Allemagne sous le nom d’Hippolithus a Lapide, par Mons. Bourgeois de Chastenet, 2 vol., Paris, 1712.
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