Les « familiers » et « amis » des chartreux à l’époque moderne
L’exemple de la province cartusienne de Provence
p. 213-228
Texte intégral
1Nous proposons ici une exploration préliminaire des « familiers » et « amis » des chartreux à travers les archives, souvent laconiques, de quelques chartreuses provençales1. Ce sujet a souvent été confondu dans l’historiographie cartusienne avec celui de l’entourage ou du voisinage des chartreuses, voire avec celui, bien plus large, des visiteurs de celles-ci, les chartreuses ayant été jusqu’au xxe siècle une étape du parcours de voyageurs curieux2. Nous étudierons en particulier le cas de la chartreuse d’Aix-en-Provence. Fondée en 1623, incorporée à l’ordre au chapitre général de 1633 et relativement bien documentée, elle semble illustrer en effet par son histoire financièrement difficile l’importance des « amis » dans l’existence d’un monastère cartusien3.
Des solitudes sylvestres aux mondes urbains
2Le propositum vitae initial de l’ordre des chartreux était le retrait de groupes de moines en quête de perfection spirituelle dans les solitudes sylvestres qui constituaient les déserts d’Occident. Guigues Ier, cinquième prieur de chartreuse élu en 1109, définit ainsi le projet cartusien dans les Coutumes de Chartreuse, le premier grand texte législateur de l’ordre : « Notre principale application et notre vocation sont de vaquer au silence et à la solitude de la cellule4. » Il note tout aussi abruptement : « Nous ne nous sommes pas enfuis dans la solitude de ce désert pour le soin matériel du corps des étrangers mais pour le salut éternel de nos âmes5. »
3L’ordre cartusien, profondément rural aujourd’hui, l’était déjà en ses origines. Les premières chartreuses de la province cartusienne de Provence – Durbon (fondée en 1116), Montrieux (en 1137), Bouvante (en 1144), La Verne (en 1170) et Valbonne (en 1204) – se trouvent en sites forestiers. Bonpas, où les chartreux reprirent une maison des hospitaliers en 1320, correspond à un carrefour et à un passage de la Durance. L’ordre connut cependant à partir du xiiie siècle, comme d’autres ordres masculins contemplatifs, une période de fondations périurbaines, voire urbaines, avec l’installation par Louis IX en 1257 des chartreux à Paris. Dans la province de Provence, le pape Innocent VI fonda en 1356 à Villeneuve-lès-Avignon un monastère qui devint l’un des plus importants de l’ordre en France6. Enfin, deux chartreuses urbaines virent le jour, à Aix en 1624 et à Marseille en 1633. Ces siècles de proximité avec les villes correspondent à l’apogée numérique des chartreuses, au milieu du xvie siècle (230 maisons) puis vers 1700 (173)7. Une tradition historiographique cartusienne, née à la fin du xixe siècle, y a vu une période de « tentations urbaines ». Ce jugement de valeur trahit la volonté des chartreux de l’époque contemporaine de revenir aux origines sylvestres de l’ordre. Après les nombreuses suppressions de monastères survenues au xviiie siècle, ils n’ont guère rétabli de chartreuses qu’en milieu rural. L’expression « tentations urbaines » se réfère plus particulièrement à trois faits bien connus de l’histoire de la chartreuse de Paris : le soutien que certains pères ont apporté à la Ligue, l’action de dom Richard Beaucousin en faveur de la Réforme catholique au début du xviie siècle et l’accueil fait à l’abbé de Saint-Cyran par des chartreux parisiens. On sait que, dans les deux derniers cas, des réunions et pourparlers se tinrent dans les cellules des religieux8. Leurs auteurs furent blâmés par les chapitres généraux de l’ordre. Ils n’en révèlent pas moins des contacts privilégiés, sinon des liens, avec les séculiers aux xviie et xviiie siècles, liens qui méritent d’être analysés.
Des « hôtes » dans les chartreuses
4Les chartreux français n’ont pas créé de tiers-ordres. Leurs églises, même urbaines ou péri-urbaines, n’abritaient ordinairement pas de confréries. On ajoutera qu’en un temps où les églises des réguliers étaient, dans les villes, quadrillées de caveaux, les chartreux n’autorisaient dans leurs monastères que très peu d’inhumations. L’hôtellerie n’en constitue pas moins, par ses dimensions et son emplacement, l’un des bâtiments les plus aisément reconnaissables des chartreuses sur les représentations longtemps conservées dans la salle des cartes de la Grande Chartreuse et aujourd’hui dans son musée9. Elle n’était pas réservée aux proches parents des moines. Les Coutumes de Guigues Ier suggèrent que, depuis les débuts de l’ordre, une tradition discrète d’ouverture aux autres existait au titre de l’hospitalitas, en vertu de laquelle étaient accueillis au monastère ceux qui s’y présentaient et qui pouvaient éventuellement y séjourner. Les « hôtes » étaient effectivement présents dans la demi-douzaine de monastères que comptait l’ordre cartusien lorsque Guigues se trouvait à sa tête, au début du xiie siècle. Les règles qu’il pose sont significatives. « Quels sont les hôtes reçus au chœur ? Nous introduisons dans notre chœur seulement les hôtes qui sont religieux ; il est permis d’avoir avec eux un entretien en commun dans le cloître », écrit-il. Ou encore : « À la maison d’en haut, c’est la coutume de ne recevoir pour la nuit que les hôtes religieux10. » Il est facile d’en déduire que des laïcs tentaient, eux aussi, de nouer des contacts personnels avec les pères. Bien plus, Guigues pose les principes et les limites de la réception de ces hôtes lorsqu’il observe qu’à cause des modestes moyens matériels du monastère :
« Nous nous occupons seulement des personnes de nos hôtes, et non point de leurs montures aussi. Nous leur préparons des lits tels que les nôtres et des aliments tels que nous les mangeons nous-mêmes. […] : ils doivent avoir part à nos biens spirituels ou corporels sans nous contraindre à nous détourner pour aller vers des maux11. »
5Si cette dernière phrase suggère une certaine prudence, pour ne pas dire de la méfiance, à l’égard de l’extérieur, elle reconnaît aussi aux hôtes – clercs ou laïcs –, l’accès aux « biens spirituels » des chartreux. Guigues définit, dans le chapitre « Encore l’observance au sujet des morts », les célébrations liturgiques à effectuer pro benefactoribus vero nostris12. Ces prescriptions ont été complétées par les décisions des chapitres généraux ultérieurs. Ces textes législatifs furent compilés à la suite des Consuetudines dans les Statuts publiés en 1510 par l’éditeur Jean Amorbach de Bâle, lui-même ami de l’ordre. Cette édition a été reprise avec des corrections et ajouts par dom Innocent Le Masson (1628-1703), prieur général, en 1687 puis 1703, sous le titre de Disciplina ordinis cartusiensis13. Les précisions apportées par les Statuts expriment la volonté de définir strictement la place des « étrangers » dans les monastères, en particulier les contacts qu’ils pouvaient avoir avec les moines, sans pour autant remettre en cause leur présence. Il s’agissait notamment de prévenir et proscrire d’éventuels abus. Déjà, Guigues Ier refusait d’approuver « les prieurs prêts à faire des repas splendides et à célébrer des messes toutes les fois que des bienfaiteurs veulent leur offrir des biens pour leurs défunts14 ». L’entrée dans la clôture d’étrangers à l’ordre, fussent-ils membres du clergé, nourrit l’une des critiques formulées à l’égard des chartreux par dom Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé, le réformateur de la Trappe, en 1683-1685, dans la controverse qui l’opposa à dom Le Masson au sujet du « silence perpétuel » des moines15.
6Un chartreux de la province de Provence, vraisemblablement dom Xavier de Lane (1722-1775), qui accomplit tour à tour des offices dans les chartreuses de Villeneuve-lès-Avignon, Aix et Marseille, a laissé un précieux commentaire des Statuts. Celui-ci présente le grand intérêt pour l’historien de citer des exemples précis. Il traduit également la volonté de l’auteur de concilier de façon nuancée la législation de l’ordre avec les usages recueillis ou observés dans les chartreuses où il avait vécu. Il signale, parmi les abus, « qu’on avoit entendu plus d’une fois des séculiers dire qu’il falloit aller aux chartreux p[ou]r faire un bon repas en maigre ». Mais il définit les hôtes comme honestæ personæ, en précisant : « on entend par là des gens comme il faut ou des proches parents des religieux, qu’on ne pourroit laisser manger seuls sans leur faire de la peine16 ».
7La liste des bienfaiteurs, au sens large, que renferme le livre terrier de la chartreuse d’Aix s’intitule de manière significative : « État des bienfaiteurs de la chartreuse d’Aix, des biens qu’ils luy ont faits et des bénéfices qu’on doit leur rendre17. » Les chartreux aixois semblent avoir entretenu avec certains représentants du « monde » des échanges faits de dons (ou d’aides) et de contre-dons spirituels, parfois constitués par des occasions de fréquenter la communauté. Ces compromis, variables selon les époques et les maisons, combinaient les exigences de la clôture et des Statuts avec une (discrète) ouverture aux fidèles restés dans le siècle. En sens inverse, la vie cartusienne a très tôt fasciné des clercs séculiers et des laïcs. Ceux-ci s’efforçaient d’entrer en relation avec les pères des chartreuses et recherchaient pour leur âme les bienfaits des prières des moines cartusiens. Par ailleurs, à l’époque moderne, les chartreux qui s’établissaient dans des terroirs urbains devaient y être autorisés par les conseils de ville, déjà très sollicités dans les premières décennies du xviie siècle par d’autres ordres et soucieux de manière générale de ne pas accepter des fondations qui ne paraissaient pas viables. Pour faire aboutir leur projet, les moines devaient donc obtenir l’appui de notables qui leur serviraient par la suite d’intermédiaires avec le monde extérieur. Enfin, les chartreux appartenant à la catégorie des ordres rentés – ceux qui devaient constituer pour chaque monastère un domaine foncier suffisant pour pourvoir à ses besoins matériels –, leurs bâtiments monastiques étaient particulièrement onéreux à construire et entretenir, ainsi qu’en témoignent leur étendue ou la complexité du système d’adduction d’eau qui desservait les cellules18. Les deux chartreuses fondées en Provence à l’époque moderne durent de ce fait mobiliser les efforts et les ressources de plusieurs bienfaiteurs.
Des « personnes de qualité » amies des chartreux
8La chartreuse de Marseille a été, par exception, fondée par une autre maison de l’ordre, la puissante chartreuse de Villeneuve, qui a pu lui assurer un capital foncier et a permis de commencer la construction des bâtiments. L’autorisation de fonder ce nouveau monastère, accordée par le général de l’ordre le 13 décembre 1632, renferme cette remarque, parmi les raisons qui conduisirent au choix de cette ville :
« Considérant le grand bien quy peut provenir à tout l’Ordre et notamment à lad[ite] maison de Villeneuve et à toute la[dite] province de Provence de la fondation d’une nouvelle chartreuse en lasusd[ite] ville de Marseille, fameuse par tout le monde et comme le magasin de l’Europe et de l’Orient, scachant aussi les bonnes volontés qu’y sont plusieurs personnes de qualité de ladite ville pour n[ot]re d[it] ordre et le désir singulier que tous ont en commun d’y voir establir une de nos maisons ainsy que plusieurs l[ettr]es des principaux nous en font foy19. »
9La chartreuse d’Aix souffrit d’un handicap constant : le montant de sa fondation initiale, même augmenté de celui de donations et legs, ne suffit pas à construire tous les bâtiments monastiques, ni à constituer un temporel foncier ou immobilier adéquat, dans une ville dont le terroir était déjà soumis à une forte pression foncière. Seulement deux ailes du grand cloître furent élevées et bordées de cellules, et l’église, à peine commencée (le premier ordre de la façade et peut-être la première travée)20. De toutes les maisons régulières fondées à Aix au xviie siècle, la chartreuse semble la seule à n’avoir pas pu réaliser le projet architectural de son église. Elle n’atteignit l’effectif de douze religieux de chœur que grâce à la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, qui y déléguait un père dont elle finançait l’entretien.
10Le monastère eut pour « grand fondateur et promoteur » le conseiller au Parlement Jean-André d’Aymar ou Eymar (1561-1624), qui avait été surnommé de son vivant « l’ermite », « à cause qu’il ne voulut jamais se marier [et] vécut plus en solitaire qu’en homme du monde ». Son testament solennel, remis à un notaire aixois le 20 décembre 1623, renfermait une clause en faveur des chartreux :
« Je veux et entendz que la finance de mon estat de conseiller de parlement qui sera de vingt mille escus sy la Paulette dure soit mis sur de bonnes communeautés pour de l’argent en provenant en faire bastir une maison et esglise de Pères chartreux dedans ou dehors ceste ville d’Aix, afin qu’ils prient Dieu pour moy et pour tous les miens21. »
11Il léguait donc à sa mort aux chartreux sa charge d’officier de justice, qui constituait un capital depuis que les offices avaient été reconnus vénaux et héréditaires. La somme obtenue par sa vente devait être placée en rentes dont les revenus financeraient la construction du monastère. Jean-André d’Aymar ne pouvait s’être risqué à formuler pareille volonté qu’avec l’assentiment de dom Bruno d’Affringues. Général de l’ordre depuis 1600, ce dernier avait été auparavant prieur de la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, d’où proviendraient les profès de la nouvelle fondation en attendant qu’elle dispose d’un noviciat. Par décision du définitoire du chapitre général, le fondateur de ce nouveau monastère « eut une messe de la sainte Vierge par tout l’ordre et un tricenaire dans la chartreuse d’Aix audit jour du 7 février [date de sa mort]. Ce tricenaire durera autant que la chartreuse d’Aix. Il est aussi nommé et recommandé aux prières de la communauté tous les dimanches au chapitre22 ».
12Dom d’Affringues devait sans doute savoir qu’il pourrait s’appuyer sur d’autres amis de l’ordre dans la ville pour accepter une fondation aussi risquée. Il s’agissait de lui constituer un temporel – la charge du conseiller d’Aymar avait été estimée par lui-même à 60 000 livres tournois mais elle fut vendue pour 54 000 livres et, après transaction avec les héritiers du légataire, les chartreux semblent n’en avoir perçu que 48 000, affectés pour l’essentiel à de premiers achats fonciers. Le courrier-syndic de Villeneuve, dom Thomas de Galice, fut envoyé sur place. Il appartenait à une famille de parlementaires aixois. D’autres notables issus du monde de la robe, tels l’avocat Du Périer ou le conseiller au Parlement Louis-Bruno de Paule échangeaient déjà une correspondance avec dom Bruno d’Affringues23. Pendant l’été 1627, un autre correspondant du général, le chanoine Marchier, lui signalait que la baronne d’Ansouis, Honnorade de Papassaudi, venait de mourir et que son testament stipulait qu’une somme de 12 600 livres serait « employé[e] à édiffier dans la ville d’Aix ou aux environs et faire bâtir un couvent de religion austère au choix de [s]on héritier ». On y élèverait une chapelle dédiée à la Vierge, où son corps serait transporté. Dom Bruno d’Affringues écrivait le 2 août 1627 à l’archevêque d’Aix, Alphonse-Louis de Richelieu, lui-même ancien chartreux : « M. l’advocat Du Périer tasche de faire appliquer [ce legs] à notre Ordre par M. Boquier, héritier de ladite dame. » Ce dernier rédigeait deux ans plus tard son testament en temps de peste qui faisait « élection pour ladite fondation [d]es R. P. chartreux ». Mais les clauses des deux testaments furent contestées par les héritiers du second testateur et l’affaire fut jugée devant le Parlement. La défense des chartreux fut faite « avec toute l’éloquence et l’affection possible » par le conseiller Louis-Bruno de Paule, qui obtint gain de cause en leur faveur. Ce magistrat dont le prénom suffit à suggérer des liens familiaux avec l’ordre posa ensuite, une fois devenu président à mortier, la première pierre de la chartreuse. On notera que la baronne d’Ansouis était une bienfaitrice mais non une « amie » du monastère. Par la suite, un chanoine fonda la cellule du prieur, six nobles aixois (dont Louis-Bruno de Paule) chacun une cellule de profès et un chanoine deux autres cellules. Un « Monsieur d’Aymar », sans doute parent du fondateur, aida à la construction de la chapelle Saint-Bruno, qui tenait lieu d’église.
13Louis-Bruno de Paule fonda également une cellule à la chartreuse de Marseille. Les membres de sa famille offrent un bon exemple de grands notables dévots et « amis » de l’ordre. Ils cultivèrent pendant plusieurs générations des liens privilégiés, spirituels et personnels, avec les chartreux. Selon un manuscrit de la chartreuse d’Aix, « le grand-père de Messieurs de Paule [François de Paule] n’ayant point d’enfant, fit vœu à saint Bruno pour en avoir. Dieu lui donna un fils qui fut appelé Bruno ». Les rapports de son fils, Louis-Bruno de Paule, avec les chartreux sont ainsi décrits :
« C’estoit un des plus affectionnés amis que l’Ordre eut de ce temps-là, qui nous en procuré beaucoup, et à la maison d’Aix. Il nous fit connoître son zèle au sujet du legs que la dame de Papassaudy avait fait en faveur des religieux les plus refformés de la ville d’Aix en soutenant en plein Parlement avec toute l’éloquence et l’affection possible que ce legs à nous devoit estre (comme il nous fut en effet) adjugé, lequel legs servit à bastir la chapelle qui a servy longtemps d’église à nos pères d’Aix. Il avoit coutume de venir passer céans les trois derniers jours de la semaine sainte et les deux festes suivantes ; et même le jeudy saint, par humilité, il aydait pieds nuds à laver ceux des religieux, faisant l’office de convers et puis demandait licence au prieur de luy laver les siens. Il décéda le jour de tous les saints de l’année 164324. »
14Son fils et son petit-fils aînés reçurent le nom de Jérôme-Bruno. Lors de la peste de 1720, « Messieurs de Paule, scavoir l’ancien consul [Jérôme-Bruno (II) de Paule, deuxième consul d’Aix en 1714] et son frère écuyer de M. le Prince de Monaco, hommes extrêmement polis » se réfugièrent le 7 octobre 1720 dans la chartreuse d’Aix « avec la permission du R. P. Général ». Ils y occupèrent « l’appartement des étrangers » jusqu’à l’abandon du monastère par la communauté, le 26 décembre 1720, à la demande des officiers municipaux, qui voulaient y loger la « famille » (c’est-à-dire les pensionnaires) de l’hôpital général de la Charité, tout juste transformé en infirmerie. Les chartreux furent alors hébergés dans une bastide des environs. L’aîné des (de) Paule continua d’aider les chartreux : il leur rendit visite en compagnie de l’archevêque dans la bastide où ils s’établirent quelque temps, puis intervint auprès du premier consul pour que la ville prenne à sa charge les frais exceptionnels que les religieux devaient alors assumer25.
15Ces textes montrent la première façon qu’eurent les chartreux de remercier ceux qui les aidaient et qu’ils appelaient leurs « amis » : leur offrir pendant un temps restreint l’accès à la chartreuse et à la communauté des pères. De fondation nettement plus ancienne, on l’a vu, la chartreuse de Bonpas eut au début du xviiie siècle pour bienfaiteurs le seigneur de Vaucluse François de Seytres et son épouse Éléonore de Sade. Tous deux financèrent la fondation de sept cellules, avec leur mobilier, la reconstruction du bâtiment du chapitre et la réparation du grand cloître. La dame de Vaucluse dota ensuite une huitième cellule. Les époux de Seytres eurent le privilège, durant leur vie, d’entrer dans le monastère pour y demeurer dans une chambre qui leur avait été assignée, dénommée « la chambre du seigneur de Vaucluse ». On suppose que cette pièce était située hors de la clôture, interdite aux femmes26.
Des membres du haut clergé « amis » des chartreux
16François Piquet, ancien consul de France à Alep entré dans les ordres et devenu « prieur » (curé) de Grimaud, fut nommé en 1678 évêque in partibus de Césaropolis et vicaire apostolique de Babylone. Il vint dire le 21 octobre 1678 aux chartreux de La Verne, voisins de son ancienne paroisse, « un adieu éternel, étant sur son départ pour Babylone où le Saint-Père luy a establi son siège [sic] ». Il prit un repas au réfectoire avec les religieux, comme il l’avait fait lors d’une de ses visites précédentes, en juin, puis fut reçu « à la salle », où il leur donna sa bénédiction. Les pères lui souhaitèrent « un heureux voyage », après quoi il les visita un par un dans leur cellule27.
17Le second exemple est celui de Jacques Danès de Marly, évêque de Toulon de 1640 à 1658. Il fit dès 1641 un don de 2 000 livres à la chartreuse de Montrieux, « désirant participer aux saintes prières qui s[y] font » et demandant en échange la célébration en sa faveur de sept messes chaque année à perpétuité. Il fonda aussi deux pensions sur la communauté de Toulon, « pour habiller chaque année le jour du Jeudi saint douze pauvres vieillards d’un drap blanc », une autre pour faire de même avec un treizième, et une autre encore pour faire pareillement habiller douze pauvres enfants et faire apprendre un métier à un orphelin. Le prieur de la chartreuse de Montrieux était chargé par lui de désigner les bénéficiaires de ces fondations. Ayant quitté sa charge, il fit de fréquents séjours à Montrieux, où il s’était « réservé » une cellule28.
18Le dernier exemple concerne un autre évêque, Henri de Belsunce de Castelmoron, évêque de Marseille de 1710 à 1755. Son diocèse renfermait deux chartreuses, celle de la ville du siège et celle de Méounes-lès-Montrieux, village dont il était seigneur. Il appréciait ses séjours dans cette dernière, qu’il appelle dans une lettre de 1724 « ma chartreuse ». Il écrivait au prieur dans une lettre autographe datée du 29 novembre 1737 : « J’ay eu la consolation inexprimable d’estre pendant trois semaines ou environ votre cloistrier, regardes moy toujours comme tel et je vous regarderai toujours comme mon prieur ». Il se fit construire en 1743 une « cellule » située dans « le cloître », selon le journal de l’abbé Barry, vicaire perpétuel de Méounes, soit plus vraisemblablement « un logement pour lui et pour les siens » dans l’enclos du monastère. Le prêtre indique que l’évêque y arriva le 14 juin 1743 avec l’intention d’y séjourner trois mois29. La chartreuse ayant été fortement remaniée après la Révolution, il est difficile d’identifier aujourd’hui l’espace qui lui était dévolu.
La participation aux mérites et prières de l’ordre
19Ces liens entretenus avec les chartreux étaient souvent informels et personnels. Cependant, un contrat notarié du 8 avril 1641 montre le contre-don auquel s’engagea le prieur de la chartreuse d’Aix en échange d’un important legs. Balthazar Félix, lieutenant général en la sénéchaussée d’Aix, et son épouse, Catherine de Chaillan de Moriez, y déclarent vouloir « participer à tous les biens spirituels et à toutes les actions pieuses et charitables qui se font et se feront dans le saint et sacré ordre des R. P. chartreux et particulièrement dans la chartreuse de ceste ville d’Aix, érigée soubz le tiltre de Saincte-Marthe, à laquelle ils ont une singulière affection depuis le temps de sa fonda[ti]on ». Ils léguaient un capital de 4 000 livres, qui devait permettre la fondation d’une cellule, en assurant sa construction et la nourriture d’un père. De son côté, le prieur de la chartreuse d’Aix s’engageait à faire agréer par le général de l’ordre et le chapitre général la promesse « à toutes les octaves des festes solennelles Nostre Dame [d’]une messe de ladite solennité » en faveur du couple et, après le décès de chacun, d’une grand-messe solennelle avec un anniversaire perpétuel et un tricénaire à perpétuité. L’ensemble reçut l’approbation du général de l’ordre, « séant le chappitre général30 ».
20Les chartreux établissaient donc avec leurs principaux « amis » des rapports institutionnels, à l’échelle de l’ordre entier, qui transparaissent dans deux testaments marseillais du xviiie siècle. Celui d’un des derniers bienfaiteurs de la chartreuse de Marseille, « M. Maurelet », sans doute membre de la famille des négociants de ce nom, dicté le 9 février 1745, révèle ses liens avec les chartreux de Marseille et plus largement avec l’ordre :
« Je lègue aux Révérends Pères chartreux de cette ville la somme de 300 livres payable deux années après mon décès sans interests et je les prie d’avoir la charité de faire célébrer après mon décès une grand messe de Requiem pour le repos de mon âme, chargeant mon héritier de leur envoyer dès l’ouverture du présent testament la patente de Beata que le T. R. P. général a eu la bonté de m’accorder pour les suffrages des messes de Requiem des prêtres de tout l’ordre, de même que les prières des frères ; les priant encore de recevoir mes neveux dans les deux chambres que j’ay fait réparer et meubler au-dessus de la porte d’entrée de leur maison lorsque le Seigneur leur inspirera d’y aller faire des retraites pour profiter de leurs bons exemples31. »
21Le testament d’un « dévôt » (pour reprendre le terme de Michel Vovelle), François de Lane, frère du chartreux dom Xavier de Lane (l’auteur présumé du commentaire des Statuts cité plus haut), est plus précis. Il indique :
« On fera savoir incessamment ma mort au prieur des chartreux du couvent le plus proche de l’endroit où je serai, afin que je puisse profiter des prières et des suffrages que ces saints religieux m’ont accordés dans la patente d’affiliation qu’ils m’ont envoyée et qui leur sera rapportée s’il est nécessaire32. »
22La mention d’une lettre d’affiliation, avec participation aux prières et célébrations de tout l’ordre, éclaire sur la forme institutionnelle que pouvaient prendre les rapports des chartreux avec leurs amis. L’affiliation générale à l’ordre, proposée par le prieur d’une chartreuse, était nommément accordée par le général sur décision du définitoire du chapitre général33, qui déterminait ensuite les prières et les messes qui seraient dites pour le repos de l’âme de ces bienfaiteurs.
23Ces lettres d’affiliation ont encore assez peu attiré l’attention des historiens34. Nous n’en connaissons pour l’heure qu’une seule qui ait été décernée à la demande d’un prieur cartusien de la province de Provence. En voici le texte :
« Frère Innocent prieur de chartreuze et general de lordre des chartreux, ensemble les deffiniteurs du chapitre general.
A nobles personnes Guillaume de Piolenc, dame Gabriele de Doyse son épouse, Marie et François de Piolenc leurs enfans, salut en no[st]re Seig[neu]r Jésus Christ.
Quoyque la charité nous oblige a prier generalement pour tous ; il est sans doute qu’elle nous impose plus spécialement ce devoir a l’égard de ceux qui témoignent nous aimer singulièrement et d’avoir une confiance particuliere au secours de nos prieres : ce qui fait qu’ayant appris du venerable Pere Dom Hyerosme Galliard prieur de la chartreuse de Valbonne la sainte affection que vous portés a nostre ordre et le desir que vous avés de participer au mérite de nos prieres tel qu’il puisse estre. Et voulans bien contribuer au salut de vos ames par la teneur des presentes et a l’instance dudit ven[era]ble Pere Prieur de Valbonne, Nous vous accordons plaine et entière participation a tous les biens spirituels de nostredit ordre comme sont messes, oraisons, jeusnes, aumosnes et autres exercices de religion qui s’y pratiquent dores en avant par la grace de Dieu.
Adioustant de plus que lorsque vos decez, que nous vous souhaitons tres heureux, nous seront connus, Nous ordonnerons dans toutes nos maisons des messes et autres pieux suffrages pour le repos eternel de vos ames. Donné en chartreuze seant le chapitre general le vingtneuf du mois d’avril 168735. »
24L’ordre tenait à mesurer lui-même la mémoire liturgique qu’il accordait à chacun de ses amis. Il ne confondait pas non plus les dons qui lui étaient faits et ceux qui rémunéraient des célébrations de messes au profit d’un mort. En témoigne cette notule dans la liste des bienfaiteurs aixois :
« M. le visiteur [des gabelles] Bec, bon ami de cette maison, a fait présent d’un ornement fort bien assorti estimé 150 livres. Il mourut le second de janvier 1713, il voulut être enterré dans notre cimetière [ce qui lui fut accordé]. M. Bec laissa en mourant 200 lt à notre maison, à condition que les religieux prient Dieu pour le repos de son âme. Chaque religieux dit six messes pour M. Bec et l’on fit un office complet pour luy. »
25Pierre-Paul de Bec était sans doute proche des chartreux. Son petit-fils aîné avait pour prénom Marius-Bruno, un arrière-petit-fils Joseph-Bruno. Il eut à ce titre le privilège d’être inhumé parmi les moines. Son don étant cependant relativement modeste et destiné explicitement au salut de son âme, les chartreux n’y ajoutèrent pas d’anniversaire ou de tricénaire.
Les « familiers » et autres soutiens des chartreux du xviie siècle à nos jours
26Peut-être faudrait-il de distinguer ces « amis » d’une chartreuse ou de l’ordre entier, membres de l’élite avides de fréquenter, dans la mesure du possible, les chartreux, d’autres personnes, de statut plus modeste, qui nouaient également des contacts personnels avec les chartreux, parfois pour un motif professionnel. Le terme de « familiers », utilisé par certains historiens, nous semble approprié pour les désigner. Ainsi, des officiers et auxiliaires de justice qui avaient la clientèle des pères purent bénéficier de quelques faveurs. À Aix, « Monsieur Navarre, procureur [avoué] de la chartreuse, l’a toujours servie gratuitement » ; il lui avait donné avant sa mort 1 500 livres et eut droit à un anniversaire dans la maison. Le notaire Plandoux avait également « rendu plusieurs services à [cette] maison », et à sa mort en 1689, il obtint d’y être inhumé. « On a fait un office complet pour luy et chaque religieux a dit deux messes pour le repos de son âme36. » Le cas du peintre Reynaud Levieux (1613-1699) est particulièrement intéressant. On retrouve ce Nîmois, protestant d’origine, converti au catholicisme dans le sillage des chartreux. Après avoir reçu des commandes importantes de la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, il s’établit à Aix où il donna en 1662 le dessin de la façade de l’église de la chartreuse d’Aix – dont seul l’ordre inférieur fut finalement réalisé. En 1665, il peignit pour la chapelle du monastère, qui faisait office d’église provisoire, la toile de La Vision de saint Bruno, l’un de ses chefs-d’œuvre. Il prêta aux chartreux 1 800 livres pour l’achat d’un jardin proche du monastère. Lorsqu’il dicta son premier testament le 4 février 1665, il élut sépulture dans l’église de la chartreuse (dans le cas où il mourrait à Aix) et légua aux chartreux tous ses biens. Il s’établit par la suite à Rome et les chartreux intervinrent dans le transfert de ses avoirs : une lettre de change tirée par le procureur de la chartreuse d’Aix fut honorée à Rome par le procureur général de l’ordre. Il fut enseveli selon ses dernières volontés dans la chartreuse romaine de Sainte-Marie-des-Anges37.
27Au temps des deux « recommencements cartusiens », celui du xixe siècle (après la Révolution), puis celui intervenu au xxe siècle après les lois anticléricales de la IIIe République et l’« exil des chartreux », le rétablissement de monastères cartusiens aurait été pratiquement impossible sans l’aide d’« amis » et de bienfaiteurs. Nous ne disposons pour ces périodes que des monographies imprimées sur les deux chartreuses rétablies dans l’ancienne province de Provence, celle de Valbonne (rétablie en 1836 et fermée en 1901) et celle de Montrieux (où les chartreux revinrent en 1843 puis 1928). Dans les deux cas, elles signalent brièvement l’action du moine délégué initialement sur place en indiquant qu’il a bénéficié de soutiens locaux. Un don d’archives privées au musée de Pont-Saint-Esprit a permis à Alain Girard de retracer le portrait d’un de ces « amis » de l’ordre, Louis Bruguier-Roure (1847-1910). Issu d’une famille de Pont-Saint-Esprit liée à la chartreuse de Valbonne depuis 1727, il se présente comme « héritier de cinq générations amies fidèles des chartreux » dans le télégramme qu’il envoya au général de l’ordre au lendemain de l’expulsion de la communauté de la Grande Chartreuse. Historien de sa ville et de la chartreuse de Valbonne, très engagé dans les œuvres sociales et l’Action catholique, il s’efforça de susciter un mouvement de protestation contre le départ des chartreux. En vain. Ce fut, selon Alain Girard, « le drame de sa vie38 ». Signalons que la dernière chartreuse (masculine) provençale est aidée depuis 2006 par l’association des Amis de la chartreuse de Montrieux. Elle a réalisé entre autres la restauration de la chapelle des reliques, à l’intérieur de la clôture39. Les sénateurs et leur réserve parlementaire y ont remplacé les grands robins d’autrefois.
Perspectives de recherche : pour une prosopographie des « amis » de l’ordre des chartreux
28Les exemples cités montrent que la nébuleuse des « amis » (et sans doute des « familiers ») des chartreux, fondée sur des échanges individuels ou familiaux, n’était nullement structurée en groupes restreints. En d’autres termes, les chartreux n’avaient (et n’ont toujours) pas de « clientèle » spirituelle. Néanmoins, leurs liens avec les séculiers (clercs et laïcs) soulèvent de nombreuses interrogations. À commencer par celle-ci : fallait-il payer de sa fortune, devenir bienfaiteur d’une chartreuse, pour participer au trésor spirituel de l’ordre ? Ou encore : s’agissait-il vraiment d’« amitiés intéressées », comme l’a avancé Émilie-Anne Pépy à propos de la Grande Chartreuse40 ? On relève dans la liste des bienfaiteurs de la chartreuse d’Aix la mention suivante, qui incite à la nuance :
« M. le président de Cornillon [sans doute Claude de Milan-Forbin, président à mortier au parlement] avait donné de la main à la main quelque argent à Dom de Bussi, prieur d’Aix. M. de Cornillon mourut le 23 de décembre 1697. Il a un anniversaire dans cette maison et chaque religieux dit alors deux messes pour le repos de son âme. »
29Les privilèges spirituels se réduisent ici aux célébrations d’une maison, ce qu’un prieur pouvait accorder. Mais ils semblent gagnés à peu de frais, et l’on imagine que ce grand officier du roi avait procuré par sa protection d’autres avantages aux pères chartreux. On note pareillement que dom Bruno d’Affringues gratifia le 6 juillet 1628 d’une lettre de participation aux mérites et prières de l’ordre « M. du Périer », dont on sait l’action dans l’affaire du legs Papassaudi. Il ne figure pas dans la liste des bienfaiteurs de la chartreuse. Sans doute s’agit-il du jurisconsulte Scipion du Périer (1588-1667), élu recteur de l’université d’Aix en 162341.
30La liste la plus complète des « amis » des chartreux serait celle qui résulterait du dépouillement des « cartes », ces relevés consignant les décisions des chapitres généraux de l’ordre42. Ceux des époques médiévale et moderne, restitués en 1822 à la Grande Chartreuse, sont consultables sous forme microfilmée aux Archives départementales de l’Isère. En outre, ces « cartes » étant diffusées dans l’ensemble des chartreuses, de nombreuses bibliothèques et dépôts d’archives en conservent de belles séries à travers l’Europe, qui sont actuellement en cours d’édition dans la collection des Analecta cartusiana43. Ainsi, les chercheurs auront bientôt à leur disposition de précieux matériaux pour cerner le profil des soutiens des chartreux et les modalités de leur attachement à ceux-ci.
Bibliographie
Sources manuscrites
Aix, bibliothèque du musée Arbaud (Académie des sciences, agriculture, arts et belles-lettres d’Aix-en-Provence) : dossier 1838-B2, Chartreuse de la Verne.
Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône (AD 13) : Chartreuse d’Aix-en-Provence : 17 H 1, 17 H 2 ; Chartreuse de Marseille : 18 H 1, 18 H 2, 18 H 7.
Pont-Saint-Esprit, musée d’art sacré du Gard : archives de la famille de Piolenc.
Sources éditées et imprimés à valeur de source
Bastin Palémon (éd.), 2014-2016, Reliquiae chartarum Capituli generalis, Saint-Étienne, CERCOR, coll. « Analecta Cartusiana », t. 100, vol. 46 et 47.
Borne Laurent (éd.), 2008, « Le cœur, la croix, le glaive. La correspondance active du Général des chartreux, dom Antoine III Tocquet de Montgefond (28 juillet 1704-8 mars 1710) », Bulletin du CERCOR 32, p. 138-164.
Chartae capituli générali pro provinciae Tusciae, 2020, Saint-Étienne, CERCOR, coll. « Analecta Cartusiana », t. 100, vol. 76.
Clark John (éd.), 1996-1997, The Chartae of the Carthusian General Chapter. Ms Paris Bibliothèque nationale latin 10890, vol. 1 : 1526-1529 ; vol. 2 : 1530-1532) ; vol. 3 :1533-1535, Salzbourg, Universität Salzburg, Institut für Anglistik und Amerikanistik, coll. « Analecta cartusiana », t. 100, vol. 23.
Danès Pierre-Hilaire, 1731, Abrégé de la vie du célèbre Pierre Danès, ambassadeur du roi François Ier au concile de Trente, évêque de Lavaur, précepteur et confesseur de François II : avec deux mémoires sur les principales actions de Jacques Danès, parent du premier, évêque de Toulon, Paris, Quillau.
[Laporte Maurice (éd.)], 1984, Guigues Ier, Coutumes de Chartreuse. Introduction, texte critique, traduction et notes par un chartreux, Paris, Le Cerf.
[Le Masson Innocent], 1703 (1894), Disciplina ordinis Cartusiensis in tres libros distributa, Parisiis [Paris], A. Dezallier ; nova editio : Monstrolii [Montreuil-sur-Mer], Typis cartusiae Sanctae-Mariae de Pratis, 1894.
[Le Masson Innocent], v. 1684, Explication de quelques endroits des anciens Statuts de l’ordre des Chartreux, avec des éclaircissemens donnez sur le sujet d’un libelle qui a été composé contre l’ordre et qui s’est divulgué secrettement, à la Correrie, Grenoble, André Galle, s. d.
« Lettre de participation spirituelle à l’ordre des chartreux », 1924, Bulletin de la Société d’études de la province de Cambrai XXIV, p. 251-252.
Porrentruy Louis-Antoine de (éd.), 1911, Correspondance de Mgr de Belsunce, évêque de Marseille, Marseille, Aschero.
Notes de bas de page
1 Les maisons féminines ne sont pas prises en compte.
2 Sur cette approche extensive, voir Amargier – Bertrand – Girard – Le Blévec, 1988, p. 262-279 ; Bertrand, 1993, p. 244-256 ; Girard, 2013, p. 317-346.
3 Cette étude aurait dû être rédigée avec Alain Girard. La période particulière que nous avons vécue depuis 2020 ne l’a pas permis. Alain Girard l’a cependant relue et a complété sa bibliographie. Qu’il en soit ici remercié.
4 Laporte (éd.), 1984, § 14, 5 p. 197. Voir aussi § 80, 4 p. 288-289. Les traductions sont celles de dom Maurice Laporte.
5 Laporte (éd.), 1984, § 20,1 p. 207.
6 Le Blévec, 1993, p. 160-170.
7 Pépy, 2013, p. 3. L’ordre compte actuellement dix-sept chartreuses.
8 Chatel, 1966, p. 15-22 ; Pascal, 1941, p. 232-248.
9 Paravy, 2010, à compléter par Chartreuses d’Europe, 2021.
10 Laporte (éd.), 1984, § 10, 1 p. 184-185, et § 36, 4 p. 238-239 (chap. De hospitibus suscipiendis).
11 Laporte (éd.), 1984, § 19, 1 et 3, p. 204-206.
12 Laporte (éd.), 1984, § 14, 4 p. 197.
13 Le Masson, 1703 (1894), entrée d’index « Hospes (extraneus) », p. 641-642.
14 Laporte (éd.), 1984, § 41, 1, p. 247.
15 Voir la réponse de [Le Masson] v. 1684 ; Henel, 2007, p. 180-218.
16 Hogg – Girard, 2006, p. xxiv-xxv, 330 et 272-273 ; Girard, 2013.
17 AD 13, 17 H 2.
18 Pépy, 2011.
19 Bertrand, 1986, p. 403-404 et 408-412. AD 13, 18 H 1, 18 H 2 et 18 H 7.
20 Bertrand, 2014, p. 59-63 et 64-65.
21 Voir la transcription de cet acte et de ceux cités ensuite dans AD 13, 17 H 1.
22 AD 13, 17 H 2. Un tricénaire est une série de trente messes célébrées pendant trente jours consécutifs pour l’âme d’un défunt, à compter de la date de sa sépulture. Son déroulement chez les chartreux de l’époque moderne est décrit dans Hogg – Girard, 2006, p. 103-108.
23 Extraits publiés dans Dubois, 1928, p. 71-78, d’après le ms. 948 de la bibliothèque municipale de Grenoble.
24 AD 13, 17 H 2, liste des bienfaiteurs.
25 AD 13, 17 H 2, récit du prieur dom Brunet. On comparera cet exemple à celui des Le Pelletier étudié par Borne (éd.), 2008, p. 148-151.
26 Gayet, 1886, p. 87.
27 Aix, bibliothèque du musée Arbaud, dossier 1838-B2, mémoire manuscrit : « Visites randues à cette maison par plusieurs personnes de mérite ».
28 Danès (éd.), 1731, p. 41 et 46-47 ; Davin, 1942, p. 99-100.
29 Porrentruy de (éd.), 1911, p. 354 et 356 (fac-similé) ; Nicoletti, 1994, p. 491 et 498.
30 Transcriptions dans AD 13, 17 H 1, fo 98-100, et 17 H 2.
31 AD 13, 18 H 1.
32 Vovelle, 1973, p. 674.
33 Le Blévec, 2004, p. 157-169 ; Le Masson, 1703 (1894), p. 270.
34 Parmi celles publiées à ce jour, sans commentaire, on peut citer : « Lettre de participation… », 1924, p. 251-252 (chartreuse de La Boutillerie [Pas-de-Calais], 1730, en français) ; Pfaffl – Hogg, 2004 (chartreuse de Rome, 1670, en latin).
35 Cette lettre d’affiliation, communiquée par Alain Girard, se trouve à Pont-Saint-Esprit, dans les archives de la famille de Piolenc, une famille noble de Pont-Saint-Esprit, déposées au musée d’Art sacré du Gard.
36 AD 13, 17 H 2.
37 Wytenhove, 1990, p. 27-45 et 75-81.
38 Girard, 1993, p. 281-290.
39 [Cain] (dir.), 2013, p. 67-81.
40 Pépy, 2011, p. 211-218.
41 Dubois, 1928, p. 73.
42 Excoffon, 2013, p. 199-232.
43 La publication a commencé par Clark (éd.), 1996-1997. Les trois volumes Bastin (éd.), 2014-2016 couvrent la période 1797-1906. Le volume Chartae, 2020 fournit les décès annoncés chaque année dans tout l’ordre.
Auteur
-
Régis Bertrand
Régis Bertrand, agrégé d’histoire, est docteur d’État ès lettres (en histoire) de la Sorbonne, après avoir soutenu en 1994 une thèse sur Les Provençaux et leurs morts de Louis XIV à la guerre de 1914. Professeur émérite d’histoire moderne de l’université d’Aix-Marseille et chercheur associé à l’UMR 7303 Telemme (Maison méditerranéenne des sciences de l’homme, Aix-en-Provence), il est spécialiste d’histoire religieuse et culturelle du xviie au xixe siècle. Ses recherches empruntent quatre grands axes : les rapports entre les vivants et les morts, les pratiques religieuses et les attitudes devant la vie et la mort aux Temps modernes et au début de l’époque contemporaine – à travers les dévotions, les communautés religieuses et les confréries –, les objets de la foi et l’iconographie religieuse, enfin le patrimoine monumental, linguistique, culturel et les représentations de la Provence.
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