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Chapitre X. Un gouverneur arbitre
p. 307-334
Texte intégral
1L’arbitrage des conflits est une pratique centrale de gouvernement pour la monarchie de la Renaissance. Elle s’appuie sur l’envoi de requêtes, sur initiatives personnelles ou bien suite à des commandes royales répondant à des enquêtes, les deux mots étant par ailleurs étymologiquement très proches1. Yves-Marie Bercé évoque ainsi un « gouvernement par les requêtes » particulièrement actif à l’époque moderne, qui passe aussi bien par des demandes de faveur que de véritables plaintes, via par exemple, une doléance2. Si ce mécanisme pétitionnaire fonctionne plutôt bien, puisque de nombreux actes royaux répondent à ou découlent de requêtes envoyées au Conseil du roi, il n’est pas rare d’observer la délégation de ce pouvoir arbitral à des instances provinciales afin de trancher lors de conflits ou tout simplement pour régler des affaires locales3. C’est notamment le cas d’un gouverneur résident tel que le duc d’Étampes, qui offre l’avantage d’être sur place et de cultiver un dialogue actif avec les habitants de sa province. Jugé capable de se placer au-dessus des passions et des factions, son pouvoir est, en outre, teinté d’une forte dimension arbitrale. Le très grand nombre de requêtes reçues au cours de sa carrière plaide ainsi pour analyser de près ce mécanisme politique original, finalement assez peu connu à l’échelon provincial4.
Un enquêteur
2Trois grands conflits urbains ont demandé au gouverneur de Bretagne de procéder à de précises enquêtes. À Nantes, entre 1556 et 1557, au Croisic, en 1558, et à Rennes, en 1561, les capitaines des villes entrent en conflit avec leurs municipalités. À Nantes et au Croisic, les capitaines Sanzay et Robien estiment leurs gages trop faibles et essayent d’obtenir un droit de guet sur les bourgeois, droit fiscalisé et qui nuit aux affaires, se plaignent ces derniers5. À Rennes, le conflit est moins profond : le capitaine Boisorcant dispute à un particulier, le contrôleur Cornillet, l’occupation d’une tour des murailles. Dans les trois cas, la requête des plaignants est d’abord envoyée au roi et à son Conseil. Et à chaque fois, le Conseil la renvoie au gouverneur, présent sur place, le tout dans un subtil jeu d’aller-retour des documents. Lors de ces trois conflits, Étampes est fait commissaire pour enquêter sur l’affaire qui lui est confiée. En sa présence, il organise de longues auditions de témoins, toujours choisis selon un principe de variété sociale afin de représenter la diversité de la société et étayer son jugement par des points de vue divers, jugement qui apparaîtra, par ce moyen, le plus impartial possible. Ainsi, se côtoient de grands officiers, à l’image de Jacques de Nevet, gouverneur de Quimper, des pensionnaires de Bretagne, des cadres de la marine du Ponant, des hommes de finances, comme les frères Jean et Simon Avril, l’un trésorier des États, l’autre receveur du fouage de Saint-Malo, un maître des comptes, des marchands de Nantes mais aussi d’Orléans, de Toulouse ou même de Clermont. La qualité des témoins est au cœur de bien des enjeux. Insatisfait du déroulé des auditions, Sanzay demande ainsi au duc d’écouter des mortes-payes du château de Nantes, ce qui n’est pas sans poser problème car ce sont ses subordonnés directs, « qui y ont principal interestz », dit une requête des bourgeois de Nantes6. Prudent et diplomate, le gouverneur opte pour une solution de compromis : « a esté par luy dict et ordonné que la dépposition desdits mortepayes seroint mys en cahier à part et séparez ». À l’issue des auditions, dans les trois cas, il signe les documents et les transmet à un serviteur pour les envoyer au Conseil. Son avis sur le sujet sera ensuite demandé par le roi, mais en privé, sans compromettre son action publique.
3Reste à savoir quelle forme prend l’exercice d’un tel pouvoir arbitral. À Nantes, Étampes a usé de modération : face à l’unanimité des témoins, il a désavoué Sanzay tout en le confortant sur une affaire annexe relative à la nomination des portiers de la ville7. L’honneur du gentilhomme face aux bourgeois est sauf. Arbitrer, c’est, ici plus jamais, savoir équilibrer les jugements. Au Croisic en revanche, l’affaire a trainé en l’absence de compromis si bien que c’est son neveu, Martigues, qui s’est vu, en 1567, c’est-à-dire près de neuf ans plus tard, confier la mission d’y mettre fin8. Enfin, à Rennes, le duc avait reçu une commission royale qui lui intimait de « sommairement jug[er], décid[er] et détermin[er] » puisqu’il s’agissait d’un conflit entre deux particuliers9. Une constante de ces trois situations est qu’il apparaît comme autorité supérieure qui s’élève au-dessus des jeux de pouvoirs : les trois conflits ont affaire chacun aux capitaines des villes, c’est-à-dire à des agents royaux localement puissants. En réalité, confier l’affaire à un sénéchal risquerait de mettre à mal la concorde urbaine et c’est dans cette mesure que le gouverneur est sollicité. Qu’il donne son avis au Conseil ou qu’il rende une décision par jugement sommaire, il est donc une figure capable d’écouter chacun et de s’imposer au-dessus des parties. Aussi, l’on comprend bien qu’écrire une requête au roi, c’est très souvent en appeler à lui.
Les requêtes au gouverneur, un instrument de dialogue efficace ?
4Une requête qui demande réparation par voie de justice doit habituellement être envoyée au Conseil du roi, appelé depuis François Ier, conseil des parties ou conseil privé dans la mesure où y sont traités les différends entre particuliers, entre personnes privées. Dans ce cadre, elle y est traitée par les maîtres des requêtes qui assurent la justice retenue du roi. Mais il est aussi fréquent de la renvoyer au gouverneur de province dans l’espoir de désengorger un Conseil déjà bien chargé. En 1561, lorsque les habitants de Morlaix font parvenir au Conseil privé une requête pour obtenir un corps de ville composé d’un maire, deux échevins et douze jurats, le roi déclare ainsi : « Nous aurions renvoyé à notre très cher et très amé cousin le duc d’Estampes, gouverneur et notre lieutenant général audit pays pour nous envoyer son avis sur le contenu en icelle10. » De même en 1563, lorsque les habitants de Nantes rédigent une requête relative au temple huguenot de la ville, le Conseil précise qu’il « a esté renvoié à monsieur d’Estampes11 ». Ces mouvements d’aller-retour des procédures entre la périphérie et le centre deviennent si fréquents que, peu à peu, les communautés comme les particuliers s’adressent d’eux-mêmes au gouverneur en lui présentant leurs requêtes. C’est dans ce sens que ce dernier est placé en position d’intermédiaire dans le dialogue entre le souverain et ses sujets.
Approcher le roi par le gouverneur
5Certaines communautés ont particulièrement bien intégré ces mécanismes d’aller-retour entre province et centre politique. En 1556, les parlementaires originaires, s’estimant moins bien payés que leurs homologues non originaires et victimes de retards de gages, envoient une première requête au duc de Guise, puis, réitèrent leur démarche deux fois auprès de la reine mère, en 1560 et 1561, avant de se tourner finalement trois ans plus tard vers leur gouverneur, espérant faire accélérer une affaire pendante depuis déjà huit ans12. Une telle situation fait que certains ont compris que les requêtes peuvent directement lui être adressées afin de profiter de sa position auprès du roi et ainsi accélérer la procédure dans le cadre de la négociation informelle lors des prises de décisions.
6Ainsi, en 1543, lors de son passage à Morlaix, les habitants en profitent pour lui adresser une requête et « moyenner du Roy en fabveur des habitans de Morlaix » afin de construire le futur château du Taureau13. Après un entretien royal, Étampes revient auprès des habitants et leur déclare « qu’il avoit donné à entendre au Roy qu’ilz avoient basti ledit fort duquel il leur laissoit la garde et entretenement parce qu’il avoit respondu et s’estoit constitué pleige envers sadite majesté pour eux qu’il n’en arriverait aucuns inconvéniens ». Il se constitue « pleige », c’est-à-dire, garant, caution, responsable, devant le roi ; agit tel un porte-parole et affirme : « Je m’asseure que le Roy vous advouera. » Son intermédiaire est on ne peut plus efficace puisque, quelques mois plus tard, les Morlaisiens obtiennent une lettre du Dauphin évoquant « le conseil et advis » d’Étampes sur ce sujet et autorisant la construction14.
7Les choses sont parfois plus complexes. En 1556-1557, dans le contexte d’opposition croissante entre Sanzay et les bourgeois de Nantes, Étampes doit arbitrer un conflit qui a dégénéré entre des mortes-payes et le prévôt de la ville, qui aurait été injurié. En octobre 1556, il écrit à Sanzay car il connaît
« la juridiction que je sçais que le roy vous a attribuée par arrest de son conseil privé sur les soldats de vostre place […] et qu’on congnoisse par effet que le roy ne vous a donné puissance de justicier vos dites mortes-paies en vain contre les déffaillants, desquels mesmement de ceulx qui ont ainsi offensé ledit provost15 ».
8Ne pouvant pas aller jusqu’au bout de sa démarche arbitrale car un arrêt du Conseil privé donne juridiction au capitaine Sanzay, il se contente alors d’annoncer au prévôt :
« Si ledit de Sanzai ne vous fait faire raison et justice, vous pourez l’aller demander au roy et à monsieur le connestable, lesquels je m’asseure ne voudront permettre qu’elles demeurent impunies soubs le pouvoir que ledit seigneur peult avoir baillé audit Sanzay de la jurisdiction desdites mortespaies16. »
9Il évoque un possible recours au roi et au connétable, mais surtout, rappelle une nouvelle fois le poids de sa parole auprès d’eux. Aussi, les Bretons font très souvent appel à cet efficace rôle d’intercession. En 1558, après la descente des Anglo-Flamands, Étampes ordonne une enquête sur l’étendue des dégâts, après avoir reçu des habitants du Conquet et des villages alentour « une requeste pour remonstrer et faire entendre au Roy la perte qu’ils ont faite à la descente de ses ennemis audit lieu, affin qu’il plaise à Sa Majesté y avoir esgard et leur aider et soulager17 ». Ses hommes vont sur place, munis de lettres de commission signées de lui, et dressent un procès-verbal des dégâts en présence des officiers locaux18. Six ans plus tard, il fait rédiger un nouvel acte car, dit-il, « Sa Majesté, ayant esgard aux grandes pertes souffertes et soustenues par les manans et habitans » des environs du Conquet, les exempte de tout impôt pour les trois prochaines années19. Son intervention finit par porter ses fruits.
Approcher le gouverneur par un intermédiaire
10Parfois, le circuit est plus rapide. Résolument opportunistes, certaines communautés n’hésitent pas à profiter d’intermédiaires efficaces pour lui présenter une requête. En 1553, les habitants du pays de Retz se déplacent à Nantes pour remettre la leur à Sanzay, qui prend la plume pour avertir Étampes des pilleries d’anciens gardes-côtes20. En 1557, les habitants de Bourgneuf-en-Retz lui présentent une requête par le canal de Renaud de La Touche, capitaine garde-côte de Retz et… gentilhomme de sa maison21. En 1563, ceux de Châteaubriant, à qui le gouverneur a assigné la compagnie de Gonnord en garnison après qu’ils ont prêché « contre l’édit », obtiennent l’appui de leur seigneur, le connétable de Montmorency, afin qu’il la déplace22. L’année suivante, ceux de Brest et de Saint-Renan, qui voient d’un mauvais œil l’union de leurs juridictions avec celle de Saint-Pol-de-Léon, vont dans un premier temps porter leurs remontrances « au greffe du privé conseil ». Devant la lenteur apparente de la procédure – et sachant peut-être que la requête va être renvoyée au duc –, ils parviennent à mobiliser une figure importante de la noblesse locale en la personne de Guillaume du Chastel, sr de Kersimon, capitaine des nobles de l’évêché et héros de la descente de 1558. Ce dernier sollicite Étampes d’« escrire au roy en leur faveur ». L’objectif est bien d’approcher le souverain et son Conseil pour accélérer le traitement de la requête. Subtilement, Kersimon ajoute : « Qu’il vous plaise nous faire tant de bien et faveur que d’en escrire à sa majesté et luy donner sur ce votre advis23. » Sa proximité avec le souverain accélère les procédures car sa parole, celle du conseil, si elle est emplie de raison, peut véritablement influer une décision. Au reste, les intermédiaires politiques s’observent à bien des échelons. Par le jeu des relations individuelles, certaines communautés – comme Bourgneuf-en-Retz ou Brest et Saint-Renan – sont plus proches du monarque que d’autres. De même en 1562, Roland de Neufville, abbé de Montfort, projette de succéder à l’évêque de Léon, attiré par d’autres bénéfices et avec qui il s’est entendu, dit-il, par un « concordat ». Il ne lui manque plus qu’un placet du roi, « pour en estre nouveau à Rome », c’est-à-dire obtenir l’investiture du pape alors qu’il est inconnu de lui. Il se tourne vers Étampes pour lui demander « faire tant d’honneur et de bien que d’en demander au Roi le placet pour moi ». Or, Neufville écrit en premier lieu à François du Breuil, gendarme du gouverneur : « J’en ai escript à M. du Breuil pour vous faire requeste de me vouloir accorder ma supplication24 », dit-il. Approcher un intime peut s’avérer payant puisque Neufville accède la même année à l’évêché convoité25.
Louer les vertus du gouverneur
11Un grand nombre de requêtes envoyées au gouverneur choisissent de mettre en avant ses vertus. Bertrand d’Argentré, sénéchal de Rennes, est loin d’être avare en louanges lorsqu’il s’agit d’obtenir une faveur dans un sien procès :
« Monseigneur, je crains vous importuner de longueur, mais je ne puis me tenir, ayant l’honneur d’estre escouté de vostre Grandeur, de vous plaindre en publiq et particulier, ce qui me semble déffaillir, si finirai cette lettre en priant le Créateur qu’il vous donne […] en très bonne santé, très longue vie, et qu’il vous conserve longuement à la seurté de ce pauvre pays, qui ha en toute France cet honneur seul, de n’avoir perdu ni ville ni villaige de l’obéissance du roi soubz vostre maniement et conduite26. »
12Il en appelle aussi aux valeurs de justice en rappelant au duc que « la vertu consiste à épouser la cause du juste contre le plus fort, si plus fort y avoit ». Il le remercie aussi d’avoir écrit « à Monsieur de Bouillé touchant mon affaire, lequel sans grande occasion se rendoit lent à faire non pas plaisir mais justice ». L’arbitrage d’Étampes n’est pas distribution de faveurs indues, il est, pour le sénéchal, l’expression de la justice, de « la raison […] ou plustot [du] bien public ». Le pasteur de La Roche-Bernard, Jean Louveau, lorsqu’il présente la requête et doléance de son église, n’est pas moins élogieux : il n’a voulu « contrevenir au mandement » du gouverneur, « que Dieu a constitué protecteur de nos corps et biens » car il est « un bon et fidelle magistrat », une des « deux lampes », avec celle de Dieu, qui éclaire la province27. De même, les catholiques de Nantes évoquent son « très prudent et non moins heureux que saige gouvernement28 ». Quant à l’abbé Roland de Neufville, il loue « l’entier et bon désir que de vostre grâce avez tousjours porté aux subjets de vostre gouvernement » ainsi que « votre bonté et clémence29 ». Enfin, Kersimon, à propos des habitants de Brest et Saint-Renan, l’assure que s’il agit en leur sens :
« Ferés chose charitable et de grand soullagement à eulx, à ceulx desdites juridictions, et serés occasion de les retenir en bon zelle et affection qu’ilz ont tousjours eu à l’obéissance et service de sadite magesté et feront tout devoir de prier dieu pour votre prospérité et de recongnoistre à leur possibilité la faveur et grâce qui vous plaira, Monseigneur, leur départir, et moy de vous faire toute ma vie très humble service es endroictz où me ferez l’honneur de me commander30. »
13Il est également important, pour un intermédiaire comme Kersimon, de parvenir à ses fins afin de montrer à quel point son propre crédit auprès du gouverneur est efficace. Dans ce cadre, louer ses vertus n’est donc pas chose rare. Au début des guerres de Religion, les habitants d’Ancenis en appellent à la « bonne justice et moyen de [sa] benigne grâce » pour arbitrer un conflit financier qui les oppose à leur capitaine, le sr de Quengo31. Ils ont avancé l’argent de la solde du capitaine et de ses troupes, qui a fait la promesse de les rembourser, mais revenu du camp royal – il était dans l’armée du duc en Normandie – « dist qu’il n’avoit esté payé du Roy » et ne pouvait honorer sa promesse. Les membres de l’élite urbaine pensent à solliciter l’arbitrage et la justice du gouverneur car il est le supérieur direct de leur capitaine. Par ces louanges et appels à ses vertus, les requérants soulignent en réalité sa capacité d’action auprès du monarque car ses vertus morales ne peuvent qu’attirer une réponse favorable du roi. Ce faisant, Étampes fera « grande aulmosne » et obligera « esdits supplians, leur famille et prosperité prier dieu à jamais pour vous et pour tous ceulx de votre illustre maison ». La louange se révèle donc être, en creux, celle de son statut de « courtier de la faveur royale », de « courroie de transmission entre le roi et la province32 ». Accéder à une requête est aussi une opération intéressante pour le duc lui-même. Il s’agit en effet d’une opportunité politique à saisir dans la mesure où c’est un moyen de renforcer son crédit et, par là même, de cultiver ses clientèles, d’autant plus qu’il est une autorité particulièrement sollicitée à mesure qu’éclatent les tensions religieuses.
Des compétences de traitement des requêtes
14Aussi, lorsque les religieuses de l’abbaye de Saint-Georges de Rennes entrent en conflit avec des habitants, qui sont venus subtiliser des « pieczes de terre » pour consolider les murailles, elles adressent leur requête directement au gouverneur, sans même passer par le roi, ce que certaines communautés continuaient tout de même de faire pour la forme33. La pratique est même souvent encouragée par certains des subordonnés d’Étampes. À Saint-Malo en 1561, pour une affaire de porte fortifiée endommagée, Bouillé conseille aux bourgeois « d’en faire dresser requête pour estre présentée à mondit seigneur le duc d’Estampes34 ». Une requête peut être d’autant mieux perçue qu’elle propose une solution avantageuse. En 1560, les habitants d’Hennebont, soucieux de garder leur ville à l’abri des exactions du soldat mais connaissant aussi les impératifs de défense dans un contexte de tension religieuse, supplient le duc de pouvoir choisir eux-mêmes leur garnison – ils lui présentent un rôle des nobles de l’arrière-pays –, requête immédiatement validée par ce dernier, bien heureux de ne pas avoir à batailler pour financer la défense d’une ville35. Sa compétence dans la province est spécifique. C’est le sens d’une missive d’Henri de Rohan en 1561 :
« Je vous supplie par notre allience et ancienne amityé voulloir favoriser une requête au nom de l’un de mes gens, qui vous sera présentée par ce gentilhomme afin qu’il vous plaise, par ce que monsieur de Bouillé ne s’entremectra pas volluntiers de ces choses qui concernent l’ordre de judicature36. »
15Rohan dénonce l’incapacité de Bouillé, pourtant lieutenant général, à intervenir dans le domaine judiciaire. Gouverneur et lieutenant général ne sont pas à égalité sur ce plan. Plus précisément, un lieutenant peut lui aussi recevoir des requêtes, mais ne dispose pas toujours d’une autorité suffisante. En 1561, Étampes reçoit une requête de deux particuliers en conflit, le sr de Bréac et le capitaine Boys. Présent à la cour, il évoque la requête au Conseil et le monarque la renvoie à Bouillé pour qu’il supplée le gouverneur absent. Mais le lieutenant avoue à son supérieur :
« Quelqu’un de leurs amis m’ont dit qu’ils s’en veulent submettre en moi, mais je ne le croi pas car je pense qu’il est trop difficiles les appointer veu ce qu’il vous pleut m’en dire à Tours. Le Roi m’escript qu’il m’envoye la coppie de la requeste qu’ils vous ont présentée mais je ne l’ai point veue, par quoi je n’entens pas bien leur faict37. »
16Par ces blocages, le gouverneur est davantage sollicité. Pour répondre aux requêtes, il peut compter sur ses nombreux secrétaires qui se consacrent à la rédaction des réponses. En 1557, son secrétaire prend la peine de rédiger une réponse officielle à une requête des États présentée par Arthus Le Fourbeur, sr de Vigneau et procureur de l’assemblée38. En 1561, Étampes arbitre un conflit de juridiction autour de la porte de la poissonnerie à Nantes, impliquant le portier nommé par les habitants mais à qui Sanzay et son lieutenant refusent de remettre les clés car ils ont leur propre candidat39. Le premier a, par commandement du gouverneur, « mis entre mains de monsieur Cornulier, votre secrétaire, ung sac et pièces [du] procès […] entre lesquelz auriez assis jugement ». La sentence du gouverneur rendue, le portier lui adresse immédiatement une requête pour qu’il puisse récupérer de Cornulier les documents du procès40. C’est bien le secrétaire qui met en forme les jugements et arbitrages de son « maître ».
17Un document en particulier présente les modalités concrètes du traitement des requêtes par les secrétaires du gouverneur. En 1563, les bourgeois de Saint-Malo en adressent une à Étampes sous forme d’une série d’articles sur des sujets tels que la présence d’étrangers et de huguenots, l’artillerie, les remparts et le guet de la ville, l’absence de l’évêque François Bohier, et le concile de Trente qui oblige ce dernier à donner deux prébendes, l’une pour annoncer la parole de Dieu, l’autre pour « enseigner les jeunes enfans », sa participation financière à la construction de la nouvelle citadelle et de la citerne et l’entretien de ses manoirs, enfin, le jugement de quatre pirates capturés en mer41. Les bourgeois disent s’être tous assemblés le 12 juillet « en la salle de la geollerye » pour mettre par écrit la requête aux remontrances multiples. Le même jour, présent sur les lieux, le secrétaire d’Étampes associe en marge de chaque article les réponses de son maître. Car, au préalable, le duc a entendu des députés malouins et a déjà pu donner de précises instructions à son serviteur. Il s’agit là d’un exemple de traitement quasi immédiat d’une remontrance. Avec son secrétaire, il a littéralement fait le tri dans les articles suivant trois types de réponses. Dans plusieurs cas, il arbitre très précisément. Les Malouins demandent l’expulsion de tous les étrangers, il tranche : ceux des pays ennemis devront quitter la ville, « ceux des pais amy, alliez et confédérez du Roy » pourront continuer à commercer. Quant aux huguenots, il renvoie les bourgeois à l’édit d’Amboise. Pour le guet sur les remparts, il l’autorise mais l’interdit à la citadelle et au château, chasse gardée du capitaine de la ville et de ses mortes-payes. Viennent ensuite les articles où son autorité est expressément sollicitée. Pour ceux qui concernent l’évêque de la ville, le secrétaire note : « Ledit evesque sera exhorté et prié par monseigneur le duc d’Estampes comme desja il a faict entendre à son vicaire. » De même, les habitants demandent la venue du prévôt des maréchaux pour juger les quatre pirates : Étampes fera en sorte de l’envoyer le plus tôt possible. Enfin, troisième type de réponse, le renvoi au roi. L’article qui demande des poudres au roi est ainsi accompagné de la réponse : « Sa Magesté sera advertye de leur requête. » Celui qui demande une participation financière de l’évêque aux fortifications, « comme sont ceux de Lyon et de plusieurs autres villes suivant une infinité d’arretz » reçoit comme réponse : « Le roy sera adverty du contenu en cest article. » Quant à raser le fort du Bé qui serait trop dangereux s’il tombait aux mains des ennemis : « Sa Magesté sera pareillement informé de cest article et suppliée ou de faire mettre ledit fort en estat ou de le faire raser. » Il ne saurait trancher seul sur un sujet aussi important sans consulter son souverain. Les réponses d’Étampes aux Malouins confirment son rôle d’utile arbitre et d’efficace intermédiaire avec d’autres institutions (l’évêque, le prévôt des maréchaux) et surtout avec la monarchie. En faisant le tri des articles qui peuvent être envoyés ou non au centre politique, il participe au désengorgement du Conseil privé. Pour les Malouins, c’est aussi l’assurance de voir leurs revendications portées devant le souverain par lui-même. En 1563, un arrêt du parlement de Paris contraint les évêques particulièrement absents de leurs diocèses d’y résider plus souvent, dont celui de Saint-Malo42. La requête a été entendue.
18Ainsi, il n’est pas rare que les communautés puissent obtenir gain de cause. En 1545 les gens de la chancellerie de Bretagne obtiennent d’Étampes une exemption d’arrière-ban après sollicitation43. En août 1557, c’est pour une exemption similaire que les Rennais lui présentent une requête car ils se disent déjà sujets au guet sur les murailles44. La requête est entendue puisque le duc fait rédiger une ordonnance en ce sens45. Quelques jours plus tard, il commissionne le lieutenant de la sénéchaussée pour faire « bien et ample proceix verbal » de la montre des habitants sujets à l’arrière-ban mais l’avertit cependant : « Là où ilz y feront déffault contre l’ordonnance, je m’assure que le roy ne le trouvera pas bon46. » Le dialogue avec lui est toujours un dialogue avec le souverain. Et c’est un dialogue qui fonctionne généralement bien. Il n’en va pourtant pas toujours ainsi et certaines requêtes, lorsqu’elles opposent entre elles des communautés, ne peuvent obtenir une réponse favorable pour tous. Un événement en particulier l’illustre bien : la résidence des sessions du parlement de Bretagne.
L’arbitrage lors de l’affaire de l’installation du parlement de Bretagne
19De récents travaux ont éclairé les affrontements entre Rennes et Nantes pour obtenir en leurs murs la précieuse institution47. Vraisemblablement en échange d’un octroi exceptionnel des villes bretonnes et sur conseils successifs des gouverneurs de Bretagne, Henri II établit un Parlement en Bretagne en 155448. L’édit rappelle que « nos chers et bien amez cousins les seigneurs de Laval, de Chasteaubriand et duc d’Estampes, successivement gouverneurs de nostredit pays, ont fait par plusieurs fois remontrances de l’urgente nécessité et utilité évidente qui estait et encores est de l’érection dudit parlement ordinaire49 ». Dès lors, la cour siège un semestre à Nantes, l’autre à Rennes. Ce partage apparaît vite comme un sujet de discorde et l’autorité du gouverneur est très rapidement invoquée. En 1555, les bourgeois de Rennes lui rapportent que ceux de Nantes ont proposé au roi « de [leur] oster l’une des séances du Parlement ». Aussi ont-ils décidé d’envoyer « à la court faire remonstrance au Roy » et lui demandent son « aide et faveur » comme « grandement requis et nécessaires50 ». Or, par un édit de juin 1557, toutes les séances se tiennent désormais à Nantes. Deux ans plus tard, les Rennais rouvrent l’affaire et adressent une requête à François II et une autre à Étampes, y collectionnant les signatures d’un maximum de procureurs de villes qu’ils peuvent pour récupérer le Parlement : Dinan, Saint-Brieuc, Saint-Malo, Vitré, Fougères, Lannion, Morlaix, Guingamp, Tréguier et enfin Rennes, bref, celles du nord de la Bretagne et favorables à la dernière. La requête précise que le duc pourra « en leurs noms supplier le Roy51 ». En décembre 1559, un acte de François II renvoie à Étampes « la requête cy attachée ». Le duc devient commissaire du roi afin d’entendre les avis des députés des États de Bretagne52. Comme pour d’autres différends, il procède à l’audition de chacun et consigne les avis par procès-verbal qu’il communiquera ensuite au chancelier et au Conseil privé53. Aux États de Bretagne de l’année 1560, qui se tiennent à Vannes en septembre, Étampes recueille donc un à un les avis des membres du clergé, de la noblesse et des villes. Les États sont le lieu par excellence où peut s’exercer son arbitrage. Pour les absents, il se propose de recueillir des avis écrits dont certains sont très détaillés, à l’image de ceux de Philippe du Bec, évêque de Vannes, qui se déclare pour Nantes, ou d’Anne de Montejean, mère de Jean d’Acigné, qui le fait pour Rennes54. Cependant, les avis des États ne sont que consultatifs : la décision reviendra au roi, qui pourra entre-temps demander son avis au duc. Le vote des États est sans ambigüité : à trois contre un, les députés ont voté pour Rennes55. Une fois les avis reçus et consignés, Étampes se rend à la cour, aux États généraux d’Orléans, pour remettre son procès-verbal au chancelier de L’Hospital56. Le texte passe du chancelier, débordé par d’autres affaires, à Jean de Monluc, évêque de Valence, pour enfin revenir au jugement d’Étampes57. Le secrétaire du roi et greffier du Conseil, Martial de Loménie, ajoute en marge d’une requête des Rennais : « Ceste matière est remise aux estatz généraulx où le duc d’Estampes, gouverneur de Bretaigne, sera ouy58. » Dès lors, les Rennais supplient le roi de « ouyr ledict sieur d’Estampes » qui pourra donner son avis personnel sur la question. Cette succession d’interlocuteurs leur profite une nouvelle fois, eux qui rappellent que François II avait donné des lettres de commission à Étampes pour « informer avec l’advis et oppinion des gens des estatz […] de la commodité ou incommodité » des villes de Rennes et Nantes pour la tenue du Parlement, ajoutant :
« Ce que auroit fait ledit sieur d’Estampes et envoyé son procès verbal pour y estre ordonné ainsi que de raison, voyant lequel auriez remis le jugement et décision du diférent d’entre lesdits habitans aux présents estatz généraulx et ordonné que ledit sieur d’Estampes seroit ouy, lequel présent est en ceste court59. »
20Une nouvelle requête est envoyée par les villes favorables à Rennes pour le pousser à donner son avis sur la question aux États généraux60. Si sa prise de parole reste inconnue, il avait déjà fait rédiger en bonne et due forme son propre avis sur la question depuis son château de Lamballe, le 10 octobre. Le texte précise qu’il s’exprime en « obéissant au commandement qu’il a pleu au Roy lui faire […] encores que par les raisons déduites par toutes les parties qui ont esté pour ce ouyes, Sa Majesté et Messieurs de son conseil puissent trop mieux choisir ce qui est le plus raisonnable61 ». S’il donne son avis, il veille bien à rappeler que beaucoup d’autres l’ont fait avant lui. Pour lui, le choix de la ville de Rennes ne fait aucun doute. Son avis reprend les arguments classiques des Rennais sur l’établissement de la chancellerie des anciens ducs à Rennes, la proximité géographique avec les autres villes de Bretagne, le besoin d’augmenter la ville alors que Nantes est déjà bien prospère, etc. Son avis est d’ailleurs assez semblable à beaucoup d’autres et se révèle assez bref, peut-être déjà par peur d’accusation de partialité. Il s’agit donc de ne pas en faire trop par écrit, sachant qu’il pourra argumenter à souhait dans le cercle plus restreint du Conseil.
21Enfin, arrive le temps du choix royal, sur lequel nous ne connaissons aucun détail. Toujours est-il que la prise de décision s’avère une fabrique à mécontents, même si le choix de Rennes entérine celui de la majorité des États de la province. Dès le 4 mars 1561, un arrêt du Conseil privé casse l’édit de 1557, à charge pour Étampes de ramener le Parlement à Rennes62. Or, le gouverneur doit faire face aux manœuvres juridiques des parlementaires qui prétendent que l’arrêt est en forme d’édit et qu’il doit donc être vérifié par eux. Il peine aussi à le faire respecter « par ce que lesdites lettres patantes de commission pour exécuter ledict arrest sont adressantes à notre court de parlement de Bretaigne et qu’elle est premièrement nommée ». Loménie, qui suit personnellement l’affaire en tant que greffier du Conseil, renforce donc sensiblement ses pouvoirs et en profite pour avaliser « la responce par vous faicte sur la requeste à vous présentée par les habitans dudit Rennes ». Étampes est désormais tout-puissant pour contraindre au déplacement du Parlement. Chaque décision de justice prise dorénavant à Nantes est nulle et ne possède plus une once de légitimité63. La victoire rennaise est complète.
22C’est donc désormais au tour des Nantais de se présenter devant le Conseil privé64, de faire des remontrances à Martigues, entré en Parlement, en avançant l’idée qu’il ne faut pas ajouter de la division à la division, car les guerres civiles divisent déjà assez le royaume, et de présenter des requêtes au gouverneur65. Une première est rédigée par la noblesse qui leur est favorable, une deuxième par les gens de finances, enfin, une troisième par les gens d’Église et habitants des villes, comme pour insister sur la diversité des soutiens alors que le vote des États fut essentiellement remporté par les Rennais grâce à la noblesse. Chacune s’adresse publiquement au gouverneur pour obtenir une révision de la décision.
23Parmi la noblesse, se côtoient de grands noms, protestants comme catholiques : Henri de Rohan et son frère Jean, sr de Frontenay ; Jérôme de Carné, capitaine de Brest ; René de Nevet, capitaine de Quimper ; Alain de Kerouan, capitaine de Concarneau ; Baudouin de Goulaine, capitaine dans l’armée d’Étampes ; René de Tournemine ; Jacques de Beaumanoir, vicomte du Besso, échanson du roi et vassal d’Étampes en Penthièvre ; Jacques de Guengat ; Jean de Saint-Gilles, sr du Pordo. Tous sont en bons termes avec le duc et espèrent profiter de leur position auprès de lui. La deuxième requête est signée d’officiers de finances : Jacques Thévin, trésorier et receveur général de la province ; Jean Le Garrec, qui se dit « collecteur général des finances de Bretaigne » ; Jean Jallier, receveur des impôts et fouages de Rennes ; Jean Baril, serviteur d’Étampes et fermier et receveur général de la prévôté de Nantes qui deviendra échevin de la ville en 1568-1569 ; Jean Avril, receveur de Cornouaille et Saint-Malo (mais aussi trésorier des États) ; Bontalt, commis à recevoir les devoirs de Nantes et Jean Le Lou, receveur des impôts et fouages de Tréguier (et aussi député de Bretagne aux États généraux d’Orléans de 1560). En réalité, tous sont issus des riches familles de l’élite financière et marchande nantaise qui ont réussi à gagner des offices d’autres diocèses de Bretagne66. La diversité géographique présentée dans la requête est volontairement trompeuse, en témoigne l’absence du général des finances, le Tourangeau Nicolas de Troyes. Quant au clergé, il est chapeauté par deux évêques des neuf diocèses bretons. Antoine II de Créquy, évêque de Nantes, et Philippe du Bec, évêque de Vannes – proche du premier à qui il succèdera à Nantes en 1566 –, mobilisent le plus d’abbés possible de leurs deux diocèses tels que l’abbé de la Chaume (Machecoul), celui de Redon, celui de Saint-Gildas-de-Ruys, celui de Blanche-Couronne (Savenay) et Geneston ou celui de Buzay (Rouans). Enfin, comme les bourgeois de Rennes, ceux de Nantes sont allés chercher les signatures des procureurs syndics des villes qui les soutenaient : Brest, Hennebont, Quimperlé, Carhaix, et Quimper, soit les villes de Basse-Bretagne.
24C’est toutefois peine perdue. Un Conseil privé tenu à Saint-Germain-des-Prés évoque cette « requeste présentée par lesdits habitans de Nantes au duc d’Étampes », mais se prononce pour des séances du Parlement « perpétuellement » à Rennes67. La victoire rennaise est de nouveau consacrée. Dès lors, les Nantais estiment que le gouverneur n’a pas rempli le rôle d’intercesseur qu’ils attendaient de lui. Ce canal bloqué, ils n’hésitent pas à se tourner vers d’autres personnages. En octobre 1562, ils présentent des remontrances et doléances au grand prieur de Lorraine, alors de passage à Nantes, qui prend parti pour la ville qui accueille ses galères, et écrit à son frère, le duc de Guise, résolument en leur faveur, tout en prenant garde de ne jamais citer Étampes une seule fois – il évoque simplement les « aultres administrateurs estans pour le Roy en ce lieu68 ». Mais, le grand prieur, rejoignant le duc pour la pacification de la Normandie, et Guise déjà occupé aux armées, la requête n’a pas de suite.
25Les Nantais n’abandonnent pourtant pas. Deux ans plus tard, ils évoquent la peste qui sévit à Rennes pour tenter de conserver les séances qui se sont déplacées à Nantes par mesure d’exception. Ce qui ne manque d’ailleurs pas d’inquiéter les bourgeois de Rennes, qui informent le duc qu’ils ont « fait présenter requeste en la chambre criminelle […] laquelle requeste […] envoyez au Privé Conseil du Roy avecq aultre requeste bien ample pour y faire entendre lesdites menées et entreprises ». Ils envoient aussi des lettres au président de Belle-Isle, partisan de Nantes, qui ne donne aucune réponse « fors qu’il en communicqueroit à Messieurs les conseillers François, lesquels il dit se debvoir trouver audit Nantes, qui nous fait penser qu’il y a quelque intelligence entre eulx qui se descouvrira peut estre à la fin69 ». Ils dénoncent ici une autre ligne d’opposition, celle qui sépare les conseillers originaires et les non originaires, Manceaux, Poitevins et Angevins pour la plupart. Ces derniers, plus proches géographiquement de Nantes, seraient plus enclins à demeurer sur les bords de Loire que de gagner ceux de la Vilaine. Les Rennais en appellent encore au gouverneur pour protéger les intérêts de « ceste paouvre ville, de laquelle vous avez tousjours esté protecteur », considéré comme leur meilleur appui au Conseil privé où ils envoient leur requête. L’évocation de la peste de Rennes le montre fort bien : le système pétitionnaire est on ne peut plus opportuniste. En décembre 1564, les Nantais envoient à nouveau un émissaire récolter à travers le royaume des signatures comme autant d’appuis à une nouvelle requête : Maurice de Commacre, abbé de Boquen et Landévennec, à Angers ; aux barons de Rieux, Suzanne de Bourbon et son gendre, René de Lorraine-Elbeuf, au château d’Ussé ; à François de Gaignon, abbé de Blanche-Couronne et Geneston, à Saint-Bohaire puis Conan ; à Antoine II de Créquy, évêque de Nantes, à Paris ; au maréchal de Montmorency, à Chantilly ; à Odet d’Avaugour, à Vertus70. Et l’affaire sera encore rouverte en 1580.
26Ainsi, comme toute décision arbitrale, une des deux parties peut s’estimer lésée. Il est certain que les bourgeois de Nantes n’ont pas apprécié la décision finale de 1561 mais ils ne peuvent multiplier les requêtes au gouverneur et au roi après une jussion. Ce n’est qu’après la mort d’Étampes qu’ils présentent une nouvelle « supplique » au roi, intitulée « nullitez de l’advis de feu monsieur d’Estempes71 ». Désormais, ils s’attaquent à la commission du gouverneur qui n’aurait pas été respectée, ce qui remet en cause la dimension arbitrale de son pouvoir. Surtout, sa partialité est dénoncée car il n’aurait pas écouté tous les témoins possibles mais aurait, au contraire, sélectionné des proches. Ainsi de ses propres gendarmes qui se sont exprimés sur le sujet : François et Pierre du Gué, Bertrand et Pierre de Sévigné, Claude de Beaucé, François du Breuil, Guillaume de Boiséon ou encore Olivier Emery. Pas un seul ne vote différemment de leur maître. Or, ces soldats ont été recrutés en Penthièvre ou dans ses environs, ce qui fait qu’ils votent naturellement selon les mêmes logiques que lui. À la fidélité, qui peut s’exercer lors d’un vote, s’ajoute aussi et surtout la défense d’intérêts communs entre le maître et ses serviteurs. Mais pour les Nantais, il s’agit très clairement d’un jeu d’influence et d’un choix partial des témoins. En réalité, faire du camp de Rennes celui d’Étampes est un argument bien nantais. Dans les choix des nobles prédomine surtout la proximité de leurs fiefs avec l’une ou l’autre ville, comme en témoigne l’existence de camps interconfessionnels : alors que Montgomery, qui n’est guère apprécié du gouverneur et de ses proches, vote pour Rennes car sa seigneurie de Bourgbarré est voisine de la ville, ses coreligionnaires Rohan ou Andelot s’expriment en faveur de Nantes en suivant un raisonnement similaire. De même, le Rennais Bertrand de Sévigné, sr d’Olivet, gendarme d’Étampes et capitaine dans son armée de 1562, vote-t-il naturellement pour sa ville, mais son homologue nantais, Baudouin de Goulaine, capitaine dans la même armée, choisit Nantes, plus proche de ses fiefs. Ainsi, un bon nombre de proches d’Étampes ont aussi voté pour Nantes. C’est le cas de François de Monterfil, capitaine de Vannes et commissaire ordinaire des guerres ou encore de Jean de Rieux-Assérac, un cousin. Plusieurs grands signataires de la première requête refuseront cependant de s’associer à ce texte qui s’attaque à son impartialité. Car beaucoup, même s’ils votent différemment, sont restés en très bons termes avec lui. Philippe du Bec, évêque de Vannes et soutien de Nantes, baptisera sa petite-nièce à Nantes en 1562. Le sr de Kermaouan porte le bassin, Baudouin de Goulaine le cierge et Jean de Rieux-Assérac la baptisée, tout en côtoyant le Rennais Joachim de Sévigné. Pour eux, un désaccord sur le sujet, certes important, mais pas vital, n’a pas de raison d’être synonyme de rupture absolue.
27Dès lors, l’isolement et le manque de soutiens des bourgeois de Nantes, lâchés par la noblesse et le haut clergé, ne joue pas en leur faveur. Le Conseil de Charles IX, par le canal du chancelier de L’Hospital et du président Séguier, confirmera entièrement l’arbitrage d’Étampes lors d’un Conseil privé tenu à Moulins en 1566 et en présence de Martigues72. Assurément, remettre en question l’arbitrage de son oncle, décédé à peine un an plus tôt serait une faute politique. Surtout, l’arbitrage en lui-même semble convenir au Conseil dans la mesure où il contente le plus grand nombre et qu’un large et assez net consensus émerge73.
28Ce long combat nantais montre donc que la démarche pétitionnaire cherche assurément à infléchir les décisions royales. En ce sens, l’arbitrage des revendications par un gouverneur-commissaire apparaît souvent comme une solution pertinente. Il s’agit même d’une subtile utilisation politique d’un tel agent par la monarchie car, en cas de critiques, c’est bien lui – sa personne privée et non plus sa personne publique, représentant le roi – qui devient la cible et le catalyseur des tensions, non le souverain. Dès lors, l’arbitrage contesté ne débouche pas sur une crise immédiate. La volonté d’infléchir les décisions royales est d’autant plus visible lors des troubles : dans le cadre des tensions religieuses des années 1560, le gouverneur est de plus en plus sollicité pour arbitrer quantité de conflits locaux qui y sont liés. Plus précisément, l’installation des temples à Rennes ou à Nantes fait augmenter de manière spectaculaire les requêtes qu’on lui adresse.
Les tensions religieuses : une inflation des requêtes
29À l’image des oppositions entre Rennais et Nantais au sujet du parlement de Bretagne, c’est à une véritable bataille de requêtes que se livrent huguenots et catholiques dans le contexte d’une « soif de se plaindre » qui sévit dès les années 156074. Pour autant, les premières requêtes que les huguenots de Bretagne adressent au duc d’Étampes sont exemptes de revendications claires : en 1561, ils lui en adressent une qui s’apparente davantage à une confession de foi dans laquelle est présenté l’état de leur église « évangélique », le nombre de ministres et de diacres, leurs activités pendant la semaine, etc.75. Surtout, la requête est parfois remise en main propre dans l’espoir d’initier un entretien oral. Crevain rapporte ainsi une anecdote relative au pasteur de Rennes, Du Gravier, qui, après des violences survenues à Rennes, prit la résolution de se rendre à Lamballe pour rencontrer le gouverneur, réputé « seigneur de facile accès et homme de bon sens ». « En entrant dans la ville, devant la Halle, il vit le duc d’Étampes qui s’allait promener aux Augustins. Du Gravier le suit et lui présente un petit mot de requête pour avoir audience : la requête lue, M. le gouverneur lui dit en jurant et se donnant au diable, qui était son serment le plus ordinaire : Dites-moi la vérité, et ne me mentez point76. »
30Mais bien plus que les violences, qui doivent être prises en charge par les officiers de justice, c’est la question des lieux de culte qui mobilise le plus les protestants. Dès 1561, les huguenots de Rennes s’adressent ainsi au gouverneur dans l’espoir d’obtenir un temple77. Ce dernier prend la peine de rédiger des réponses, qu’il envoie ensuite en copie au pouvoir central78. Le mouvement d’aller-retour entre le centre et la périphérie n’est donc pas complètement effacé car cette pratique doit servir à désamorcer toute critique possible. Le duc s’en plaint d’ailleurs : « Je m’attenz bien qu’ilz n’oblieront à se plaindre de moy », écrit-il. Aux démarches des huguenots répondent rapidement celles des catholiques. En 1561, Martigues reçoit une requête de ceux de Nantes au sujet des protestants de la ville, accusés de nuire au repos public79. Dans ce cas de figure, il est possible que les bourgeois se sont adressés au neveu sachant l’oncle débordé par le nombre croissant de requêtes qu’on lui envoie. C’est pourquoi, l’année suivante, ils lui en adressent directement une, le suppliant de laisser son neveu et des troupes dans la ville pour la protéger des huguenots qui reviennent d’Orléans, défendre les prêches, prohiber les livres censurés ainsi que le chant public des psaumes80. En 1564, ils lui en adressent une autre, spectaculairement longue, qui se rapproche d’autant plus de la remontrance qu’elle est remplie de plaintes concernant le temple de la ville81. À la reine, ils expliquent d’ailleurs que leurs longues requêtes ne font que répondre à celles des huguenots qui « poursuivent monseigneur le duc d’Estampes, notre gouverneur » afin d’obtenir un lieu de culte à l’intérieur des murs de la ville82. Car c’est bien le temple installé à Beauregard qui cristallise les tensions. Pour ce seul lieu, Étampes reçoit tour à tour une requête du clergé, deux requêtes des catholiques de la ville – qui écrivent aussi au roi, comme si le dialogue avec lui-même s’enrayait –, et deux requête des huguenots, qui craignent de devoir abandonner leur temple si chèrement acquis83. La rhétorique employée joue, chez chacun, sur l’humilité, la supplication, les louanges, la pitié et l’appel aux sentiments. Les catholiques estiment que le duc est « notre gouverneur », le plaçant ainsi dans leur camp – il partage en effet leur foi – et les huguenots, satisfaits de son jugement rendu pour le temple de Beauregard évoquent « vostre saint jugement […] vostre prudent advis et conseil [qui] a esté saint, salutaire et non infructueux à tous […] l’intégrité de votre grandeur […] la raison, le sens et l’intention de vostre prudent avis […] ladicte raison [qui] est et consiste toujours en vostre personne ». Le cas nantais est frappant tant les requêtes des uns et des autres se répondent avec une rare précision : chacun connaît les arguments utilisés par son adversaire, ce qui témoigne d’efficaces réseaux d’informations de part et d’autre. Surtout, les documents mobilisent désormais de plus en plus le terme de « remontrances », plus revendicatif et marquant une certaine escalade dans l’affirmation des positions.
31Pourtant, à Nantes, le capitaine Sanzay loue l’action d’Étampes et de son neveu, spécialement dans la gestion des nombreuses requêtes, puisqu’il souligne que Martigues « a leu quelque requestes tant d’une part que d’aultre desdites religions où il a très bien pourveu lesquelles requestes84 ». Mais Étampes semble de plus en plus excédé par la quantité impressionnante de requêtes qu’il reçoit de la part de communautés qui n’arrivent décidemment pas à coexister. En 1560 déjà, il dénonce « ses folz » qui ne pensent qu’à « présenter des requestes et protestations, et qu’il y arrivast quelque tumulte ». Surtout, il insiste sur le caractère conflictuel d’une requête qui pousse désormais à la surenchère et au conflit : tout l’inverse de la démarche pétitionnaire initiale qui vise à instaurer ou réactiver le dialogue. C’est donc en sous-main qu’il tente de limiter la démarche d’accès à sa personne via les requêtes et qu’il songe désormais aux États provinciaux, autre institution compétente sur le sujet, pour le décharger de ce lourd travail85. En mai 1562, de plus en plus las, il se plaint de l’attitude des catholiques de Nantes à propos des huguenots de leur ville : « Ilz sont incessamment à crier après moy pour les mectre dehors86 », dit-il au roi. En avril 1564, ils profitent de la présence en cour de son secrétaire, Georges Morin, pour adresser une énième requête au roi au sujet du temple de Beauregard, affaire qu’on lui renvoie directement87. Dans une nouvelle requête, les huguenots se jettent sur l’occasion de vices de formes :
« Les responses desdictz articles avec les lettres patentes à vous, Monseigneur, adressantes pour l’exécution desdictes requestes sont signées de Morin, secrétaire des finances, et non de Robertet, secrétaire des commandemens, qui est seul député pour la depesche des affaires de Bretagne. »
32Le secrétaire du gouverneur, qui rejoindra plus tard la Ligue catholique, est lui-même visé : « S’estant ledict Morin ingéré sur la charge dudict Robertet, ont lesdictz de l’Église reformée occasion d’avoir lesdictes expéditions suspectes, joinct qu’ilz [les huguenots] ont entendu que ledict Morin est amy et favorable aux affaires desdictz de l’Église romaine. » Ils ajoutent encore à propos des demandes d’appel des catholiques : « Il n’est nulle part raisonnable que celuy qui a jugé en première instance soit juge de la cause d’appel », espérant là qu’Étampes, qui a jugé une première fois, ne revienne sur sa décision88.
33En juin 1564, catholiques et protestants se présentent donc devant lui, une nouvelle fois au sujet des temples de la ville et de ses faubourgs. Mais au soir de sa vie, le duc semble excédé et leur évoque alors la prochaine arrivée de Charles IX en Bretagne, à l’occasion de laquelle ils pourront lui présenter toutes les requêtes qu’ils désirent. Par ce moyen, il renvoie l’arbitrage au souverain et ajoute, las : « Ce n’est pas à moy à recevoir des remonstrances sur les choses qui sont par vous ordonnées89. »
34Car certaines remontrances deviennent injustifiées dès lors qu’elles remettent en cause l’autorité royale. Toutefois, dans l’esprit de bon nombre de contemporains, le gouverneur s’est peu à peu imposé comme un élément central dans le dialogue avec le centre du pouvoir. Mais les tensions religieuses ont profondément enrayé ce dialogue. Les requêtes des catholiques et des protestants ne s’en remettent plus à un arbitrage consensuel mais appellent, au contraire, au retrait total des demandes du parti opposé. En octobre 1564, il se montre ainsi particulièrement lassé auprès de Catherine de Médicis : « Madame, lui dit-il, je scay qu’à bonne occasion vous trouverez importunée d’oyr tant de fois parler de ces presches mais j’ay afaire à des gens qu’il n’est possible de rendre contens s’ilz n’ont tout ce qu’ilz demandent90. » Dans ces conditions, Étampes soit s’en remet au pouvoir royal, soit délègue à ses subordonnés. Selon un subtil principe de subsidiarité, de la même manière que le Conseil du roi encourage à lui présenter des requêtes, il a pu encourager à le faire auprès d’une autorité intermédiaire, avant même de solliciter son arbitrage, qui ne sera demandé qu’en cas de blocage, lorsqu’aucun autre agent royal n’apparaît en mesure de s’imposer au-dessus des passions.
35Aussi, le contexte des troubles religieux produit un éclatement des circuits suivis par les requêtes et modifie de ce fait sa position, qui devient davantage un recours qu’un passage obligé. Pourtant, c’est ce contexte qui renforce son intermédiation puisque les requêtes s’adressent désormais directement à lui, allant jusqu’à lui demander d’user de sa place auprès du Prince et de « modérer » des points de législation91. Simplement, leur caractère éminemment conflictuel modifie la nature même de la démarche. En matière religieuse, s’il est de plus en plus sollicité en dernier recours, c’est que les autres canaux d’arbitrage ne suffisent plus. Toutefois, une institution continue à avoir particulièrement recours à lui : les États de Bretagne.
Un arbitre des trois ordres : le gouverneur et les États de Bretagne
36La participation de la Bretagne aux finances royales vient de la fiscalité ducale que votent chaque année les États provinciaux, qui, s’ils ne sont pas des assemblées consultatives à proprement parler92, restent foncièrement attachés à la notion de consentement aux demandes de la monarchie et, ce faisant, ne s’estiment pas dénués d’un certain rôle politique local. C’est dans ce cadre d’une obéissance consentie que le gouverneur, portant son prestigieux collier de l’ordre de Saint-Michel, préside les États, incarne la dignité royale et relaye la parole du monarque. Grand seigneur de Bretagne, il est aussi un éminent membre de la noblesse assemblée. Par cette double étiquette, son rôle de médiateur des débats et d’arbitre des conflits peut pleinement s’exprimer.
Le premier commissaire du roi
37Les députés s’assemblent une fois l’an dans une ville bretonne. Des membres de l’élite du clergé, de la noblesse et des villes sont désignés par convocation royale ou élection locale. Pour les présider, la monarchie retient généralement le gouverneur, qu’elle fait premier commissaire du roi à chaque réunion, profitant là de son éminent et utile rôle politique lors des débats des États. Encore plus lors de périodes de crise, il est expressément sollicité pour obtenir de l’assemblée des sommes d’argent. Et, tout comme au Parlement, il agit autant comme relais de la parole du roi que comme bon connaisseur des particularismes et des individualités provinciales. Sauf qu’aux États, loin d’être un corps étranger, il fait, au contraire, littéralement partie de l’assemblée qu’il préside et en est un membre à part entière. Dès lors, sa voix se veut donc moins autoritaire que collégiale.
38Le duc d’Étampes est assidu aux États, ce qui est une réelle qualité aux yeux de la monarchie. Mis à part une absence initiale « pour unes affaires du royaulme survenues », il est toujours présent en personne93. En 1548, le connétable de Montmorency tranche entre sa venue à la cour ou sa présence aux États : le roi a trop besoin de lui au sein de l’assemblée94. Peu avant chaque séance, il reçoit son pouvoir par lettres de commission, qui précise les contours de son pouvoir de commissaire et surtout, prévoit un lieu et un calendrier précis de réunion de l’assemblée, souvent décidés à partir de ses propres conseils, quand ce n’est pas lui qui décide tout simplement du lieu des sessions95. Il connait bien cette pratique réglementaire puisqu’il demande parfois de lui-même ses lettres au roi, anticipant la tenue de l’assemblée96. C’est ainsi le cas en 1560, lorsqu’il écrit au duc de Guise : « De se attendre à ceulx du pais [en matière financière], on ne sauroit rien faire sans une assemblée d’estatz, qui ne se peult convocquer que par l’auctorité de sadite magesté et de vous97. » Surtout, il dispose là d’une certaine marge de manœuvre : en 1561, il réclame ainsi de modifier la teneur de sa commission, ce qui est accepté : « La commission a esté reffaicte et vous a esté envoyée telle que la demandez98. »
39Qu’en est-il ensuite de la convocation des députés bretons ? La participation des procureurs des villes ne semble pas poser problème. En 1553, Gyé rapporte au gouverneur l’extrême obéissance et « grande volonté de faire service au roi et à vous » des bourgeois de Saint-Malo qui s’en vont le retrouver aux États de Morlaix99. En revanche, l’assiduité nobiliaire est davantage sujette à préoccupations. Aussi, le roi envoie-t-il des circulaires identiques à certains nobles et aux membres du clergé les priant de venir aux États. En 1561, Étampes fait désormais de même et doit inviter les gentilshommes bretons à s’y présenter : « Tant pour le bien du service de sa Magesté que pour celuy dudict pays de vous y trouver, car pour beaucoup d’occasions qui s’offrent, il est bien besoing que ceux qui ayment l’utilité de l’ung et de l’autre y soient100. » L’absentéisme menace car, pour certains députés, il s’agit d’une réelle contrainte financière puisque c’est à leurs frais qu’ils se rendent et assistent à l’assemblée. Le duc doit donc parfois user de menaces pour ceux dont les charges royales les contraignent à une présence assidue. En 1555, il menace le capitaine des francs-archers de Saint-Malo de la perte de sa charge :
« Cappitaine, pour aucunes choses qui concernent le service du roy et mesmes affin de respondre et rendre raison de votre charge, ne faillez de vous trouver devers moy aux estatz de ce pays (qui se tiendront à Vennes le XXVme jour de ce mois) sans prandre excuse ne user de remise, sur peyne de cassation de votredite charge101. »
40Son rôle d’intermédiaire s’exprime pleinement dans les précises instructions reçues du roi, qui insistent sur ce qui devra être obtenu. En 1552, sa commission précise ainsi qu’il devra se rendre aux États et leur faire « de par nous [le roi] les remonstrances » pour obtenir un don « ainsi qu’il est plus à plain contenu es instructions que nous vous envoyons102 ». L’année suivante, Gyé, depuis la cour, lui rapporte : « Quy ne tiendra qu’à messieurs des estatz de Bretaigne que la traicte forreynne [imposition sur les marchandises] ne leur soyt ostée pour jamays, faysent quelque honneste présent au roy, ce que je suys asuré que leur conseillerés fayre103. » Dans ce jeu de rachat de la traite foraine introduite en Bretagne en 1551, le roi et les États peuvent tous deux compter sur le gouverneur. En décembre 1553, le duc se félicite ainsi auprès de Jacques de Guengat, pensionnaire de Bretagne et important membre des États :
« Le Roy m’a ces jours passez escript qu’il a agréable l’offre des Bretons pour l’admortissement de la traicte foraine selon les condicions, particularitez et termes audit offre, en quoy vous avez esté bien meilleurs mesnaigiers que nous autres de Poictou [il écrit depuis son château des Essarts, en Bas-Poitou] à qui il fault paier noz XIIc M L entiers104. »
41Et trois ans plus tard, Henri II le commissionne pour qu’il entérine un don de 300 écus des États offert au maître des comptes Marc de La Rue, sr de La Coste, qui l’avait pudiquement refusé, don venant justement récompenser son rôle lors du rachat de la traite105.
42En 1561, le pouvoir royal résume finalement en peu de mots le rôle du gouverneur aux États : « En tirer le fruict et l’utilité que nous en atendons », c’est-à-dire, nous y reviendrons, en obtenir une satisfaction financière au travers des votes liés à la fiscalité, au premier rang desquels siège celui relatif au don gratuit106. Ainsi, Étampes est la parole du roi et son représentant direct au sein de l’assemblée. Henri de Rohan ne s’y trompe pas : pour lui, « Monsieur d’Estampes [est le] représentant en ce lieu [de] la majesté du Roy107 ». À ses côtés, plusieurs autres commissaires sont censés l’épauler – et c’est pourquoi le gouverneur est le premier commissaire du roi. En 1543, sa commission mentionne ainsi le premier président du Parlement, Jean de Bertrand, le premier président des comptes, Gilles de La Pommeraie, le général des finances, Antoine Bullioud, le trésorier du Dauphin, Florimond Le Charron et l’ancien président des comptes, Gilles de Commacre. C’est une constante depuis le début du siècle, il est accompagné des grands officiers bretons auxquels il peut parfois adjoindre son propre lieutenant général. En 1561, il note le rôle de ses seconds aux États :
« Avec messieurs de Martigues, Bouillé, président [du Parlement] et général [des finances] et aultres commissaires, je feiz assembler ceulx des Estatz de cedit pais et leur ait par ledit président faict entendre le contenu en la commission et instruction qu’il vous a pleu nous envoier […] messieurs les aultres commissaires qu’il vous avoit pleu mectre avec moy n’ont rien oblyé de ce qu’ilz doibvent à votre service108. »
43Généralement, après une session d’ouverture où il préside l’assemblée, présente sa commission et harangue les députés, il se retire dans un proche logis. L’essentiel du travail se fait ensuite par délégations interposées et lors de très politiques dîners. Pendant ce temps de négociations, le premier commissaire informe régulièrement la monarchie de l’avancée des travaux. En 1561, il rapporte que, dès qu’il aura entendu « la résolution » des États, il la transmettra à la reine109. Surtout, il peut réellement influer sur les débats et les décisions. En 1560, il s’assure par exemple que les députés des États de Bretagne envoyés aux États généraux d’Orléans y présentent des cahiers de doléances lisses, non subversifs et qui soutiennent le gouvernement. Cahiers qu’il envoie au roi après avoir rencontré à son logis les députés bretons et avant de se rendre lui-même à la cour110.
44Le primat des questions financières est pourtant très fort. En 1562, le duc évoque au roi de Navarre : « Noz estatz qui sont en septembre prochain, où je mettray peine de si bien faire que de là en avant le pais nous aidera111. » Quelques jours plus tard, il affirme à la reine : « Je feray en sorte que le pais portera la plus grande partie de la despence112. » Plus que jamais, il paraît confiant dans sa capacité à convaincre et à orienter les débats et les décisions. En 1560, il affirmait ainsi, non sans valoriser son propre rôle, que les deniers votés par les États l’avaient été par son entremise, grâce « à ma grande poursuicte et prière113 ». La monarchie en est bien consciente et ne se prive pas de louer un tel rôle décisif. En 1548, le roi lui demandait de se rendre aux États de Nantes, « saichant, lui disait-il, que vostre présence me y servira grandement114 ». À nouveau en 1561, Charles IX, satisfait que les Bretons veulent désormais bien « pourveoir à la nécessité de [ses] affayres », lui attribue toute la réussite de l’opération : « Saichant combien en cela votre dextérité et votre âme y a prié pour les conduyre jusques à ce point115 », le félicite-t-il. Mais s’il agit comme un relais certain de la parole du roi aux États, Étampes n’obtient pas toujours ce qu’il désire et il peut parfois se heurter à certaines oppositions116. C’est dans ce cadre particulièrement délicat qu’il doit tout faire pour parvenir à s’imposer en médiateur.
45Ainsi dans les années 1550 de l’affaire du convoi, escorte militaire maritime qui protège les voyages marchands des ennemis. Cet héritage ducal coûte cher aux Bretons : depuis l’Union au royaume, chaque « tonneau de marchandise du port des navires » est taxé vingt sous117. Pour certains, elle ruine la province car elle pèse sur les exportations. En Conseil privé à Fontainebleau, Étampes use une première fois de cet argument économique. Lui confier l’organisation du convoi sans cette taxe royale allégerait les dépenses et favoriserait les exportations. En mars 1555, il obtient un mandement royal l’autorisant à supprimer l’ancien droit et réglemente immédiatement le nouveau convoi en ordonnant que
« les habitans d’icelle [province de Bretagne] se gouverneront quant au faict dudit convoy comme ilz auront faict par le passé, donnant toutesfoiz par eulx icelle escorte à ceulx qui vouldront en prandre le navigaige ou pour le faict de la guerre ou du commerce qu’ilz ne sortent sans aucune asseurance contre l’incursion des ennemys118. »
46En mai 1554, il avait envoyé Gyé évoquer le « fait du convoy et garde de ceste coste » à Nantes, devant les bourgeois assemblés119. Mais en septembre 1557, le procureur des États, Arthus Le Fourbeur, lui adresse une requête dans l’espoir d’une supression totale de la taxe120. En octobre, Étampes décrit aux bourgeois de Rennes les modalités de financement du convoi :
« À ces estatz derniers l’on fist entandre à la compaignye l’intention du roy touchant le convoy qui estoit de lever les vingt soulz pour tonneau ou bien de luy fournyr le nombre de vaisseaulx entretenuz qui luy auront esté promis, toutesfoiz messieurs desdits estatz firent difficulté d’acepter l’une des deux choses et sur ce firrent plussieurs remonstrances. »
47En bon médiateur, il faut qu’il intervienne personnellement auprès du roi. Il rapporte l’entrevue :
« Je l’ay faict entandre [au roi] bien amplement, tellement que voyant l’obbéissance et humilité de ses subjectz, continuant son acoustumée bonté qu’il nous a tousjours monstré, il m’a accordé que devant faire exécuter l’eedict desdits vingt soulz pour tonneau, je puisse encore avecq vous aultres messieurs de ce pays, adviser quelque bon moyen pour son service et la surté du navigaige. »
48Il convoque donc à Vannes les États prochains dans ce sens, pour que « là nous faissons de faizon que sadite magesté soict contente121 ». À Vannes, il sait négocier une plaisante alternative pour le roi : la possibilité pour les États de racheter, moyennant 100 000 lt., le droit de convoi et les offices présidiaux, comme ils l’avaient fait pour la traite foraine. Dès avril 1558, il organise les fermes pour prélever la somme, preuve qu’il a donc su habilement intervenir dans cet épineux problème en faveur des marchands bretons mais aussi du roi, qui tire son épingle du jeu avec une belle somme122. Plus que jamais, il apparaît donc comme un intermédiaire indispensable entre les États et le pouvoir central. Ce rôle politique est non exempt d’intérêt personnel et de récompenses : en 1559, il obtient du roi une exemption sur un transport de vin en récompense, précise-t-on dans l’acte, de son rôle aux États pour avoir réussi à obtenir des députés un bon prix pour la suppression du convoi ainsi que des nouveaux offices présidiaux123.
49Ainsi, des résistances, oppositions ou blocages au gouverneur – et donc à la politique royale plus qu’au roi lui-même – font parfois leur apparition. Il est significatif que les documents issus des États et adressés au duc prennent la forme de requêtes ou d’humbles remontrances, car il s’agit moins d’entrer en conflit que d’amorcer un dialogue avec le souverain. En 1560, Étampes avertit ainsi le duc de Guise qu’une convocation des États pour lever de nouveaux deniers sur la province est une solution à double tranchant : « L’on leur [les députés des États] pourroict faire entendre les affaires de sadite magesté. Mais aussi, faisant cela, ilz ne faulderont de remonstrer les leurs124. » L’année suivante, il fait en effet face à d’interminables débats et se désole du grand retard que cela crée dans le paiement de l’impôt :
« Sire, j’ay retardé ce porteur deux jours apres mes lettres escriptes afin de vous envoier par luy ung extraict de ce qui vous a esté accordé par les estatz, qui ont esté long temps auparavant se pouvoir résouldre pour les termes du payement125. »
50Sa parole ne suffit donc pas toujours à imposer la volonté royale et les députés qui rédigent ces remontrances les lui adressent en premier lieu, à charge pour lui de les transmettre ensuite au pouvoir central. S’il sert de relais efficace de la parole du roi aux États, il apparaît aussi en retour comme porte-parole de ces derniers auprès du souverain-suzerain et agit finalement en pivot du dialogue entre monarchie et États provinciaux.
51À ceux de 1560, il rapporte ainsi que beaucoup lui font part de leur peur de voir « osté les prévillaiges du pais et surtout de celluy du bureau des bledz et vins. J’en entendray plus amplement à ses Estatz où, à ce que l’on m’a dict, ilz préparent de grands crieries126 ». Et c’est donc tout naturellement que les députés se tournent vers lui, parfois tout simplement pour démentir ou non une simple rumeur, car il est considéré comme celui qui est le plus au courant des tractations politiques qui se jouent à la cour et sa parole peut aussi aller dans le sens des remontrances. Au duc de Guise, il présente ainsi sans détour son opinion face aux réformes fiscales qui effrayaient ses gouvernés :
« Encores qu’il y aict beaucoup de choses bonnes et nécessaires en temps si troublé comme cestuy cy, il n’est pas besoing de mectre en avant guères de novalitez et mesmement en ce pais qu’il les ont extresmement odieuses127. »
52Dans un tel contexte, le choix est rapidement fait d’établir un premier dialogue avec les députés porteurs de doléances et d’amorcer un compromis, car sa mission est résolument d’influer et de peser sur la rédaction des articles que l’on présentera ensuite au roi. À la reine, il décrit bien sa capacité de persuasion à propos des demandes d’argent :
« Vous en feray entendre la résolution tout aussitost que je l’auray eue des estatz, lesquelz je persuaderay en ce qu’il me sera possible pour essayer de parvenir à ce que vosdites magestez en demandent128. »
53La même année, il se félicite auprès du roi de ce que les députés ont finalement adopté dans leur texte final : « Ce que je leur ay faict proposer en leur dernière assemblée pour le bien de votre service129. » Car c’est là une occasion de satisfaction que de transmettre des articles largement favorables à la politique menée. Parfois, cas assez rare pour le signaler, son action aux États est telle qu’il s’étonne lui-même :
« Je les ay trouvé, Sire, en si bonne voulonté qu’ilz vous ont librement accordé plus que je n’en esperois veu leurs puissances, comme vous voirez par ung extraict de leur response que je vous envoye. Et oultre se sont assez voulontiers réduictz à laisser les armes et accorder ung reiglement qui, à mon advis, est bien aprochant de l’instenction qu’il vous avoit pleu me bailler130. »
54Mais il sait aussi reconnaître les limites de cette capacité de persuasion. En 1564, alors que le roi lui commande de lever des deniers en Bretagne pour payer les soldats et les licencier à l’issue de la guerre, il répond ainsi : « C’est chose où il fauldroit assembler les estatz et encores suys-je en doubte qu’ils le voulussent131. » On est donc en droit de s’interroger sur la nature de son rôle dans l’assemblée. Certes, son action n’est pas le seul paramètre explicatif et il faut aussi tenir compte du contexte troublé qui s’exerce alors au début des années 1560, mais agent de l’apaisement des passions, Étampes l’est d’autant plus qu’il concentre en lui une autorité toute spéciale, particulièrement parmi la noblesse de la province, celle de premier gentilhomme de Bretagne.
Le doyen des barons de Bretagne : un primus inter pares
55Le duc apparaît, à bien des égards, comme le chef naturel de la noblesse bretonne. Le comté de Penthièvre est en cela un sérieux outil de puissance puisqu’il lui confère la dignité récemment institutionnalisée de baron de l’une des neuf grandes baronnies bretonnes, seul titre valable de préséance qui soit aux États de Bretagne – neuf baronnies qui font d’ailleurs pendant aux neuf évêchés bretons. Descendant et héritier de la maison de Penthièvre-Avaugour, Étampes peut prétendre au prestigieux titre de premier baron. Sans doute dans un esprit d’apaisement, il prit le soin de ne pas s’immiscer dans la querelle de préséance divisant déjà à ce sujet les Rohan et les Laval. En revanche, seigneur de Lamballe, la neuvième baronnie, il hérite de la dignité, finalement peut-être plus intéressante, de doyen de tous les barons. Cette place symbolique de doyen des gentilhommes de la province, renforcée par un âge effectivement avancé dans les années 1560, vient conforter une autorité déjà conséquente et apportée par son lignage, issu des anciens ducs de Bretagne. Mais, en dépit de son rang ducal et princier, il apparaît aussi, en bon doyen, entouré de ses pairs et entretenant avec eux une très utile familiarité. Aux États, il apparaît donc en baron parmi les barons, selon la locution latine : un primus inter pares – le premier entre ses égaux132. Ce pouvoir éminemment symbolique est illustré dans la culture sociale et politique du temps par une gestuelle des plus précises. En premier lieu, son « auctorité » ou auctoritas de grand seigneur, lui donne la capacité d’arbitrer les conflits au sein de la noblesse assemblée. Aux États de 1559, il joue pleinement ce rôle lors d’une querelle nobiliaire entre des membres des États, tous pensionnaires du roi, et rapporte au sr de La Caunelaye :
« Le différend d’entre les sieurs de La Moussaye133, Boys de La Mothe134 et Tourade135 est en bon chemyn de s’accorder, qui est chose, comme vous pouvez penser, dont je seray très ayse et que je désire bien fort et, à ceste cause, j’ay prié ledit sieur de Trémygon136 de regarder avec vous à résouldre et mectre les choses en tel estat que si vous pouvez, beaucoup d’affaires qu’il n’est poinct de besoing que j’entende soient vuydez et aussi que ce qui pourra estre remys à moy se puysse plus facillement termyner, à quoy veu qu’ils sont se jourd’huy, il me semble qu’il ne seroit pas grand besoing que je y mecte la main. Toutesfoys, s’il ne ce peult faire accomodement je n’y plaindray pas ma peine137. »
56Lors des différends internes à la noblesse, il n’agit pas toujours en premier lieu mais sait donc déléguer à des relais présents au sein de l’assemblée. De nouveau, en mai 1560, un différend financier survient entre deux députés nobles : Jacques de Guenguat et Louis de Malestroit, sr de Pontcallec. Le conflit porté devant le Parlement s’éternise et le gouverneur est contraint d’intervenir personnellement en prenant soin d’écrire à un député et pensionnaire influent aux États, Julien de Brignac, qui rapporte à Guengat que :
« Monseigneur d’Estampes m’a escript pour le différent qu’est entre vous et monsieur du Pontquellec et croy bien que selon ce que j’ay veu par sa lettre, que on luy en a tenu quelque propos fors long de ce que je panse estre antre vous138. »
57Étampes a choisi le bon interlocuteur car Brignac sait porter sa parole. Bouillé lui rapporte ainsi que :
« Les sieurs du Pontquelec et de Guenegat, pour le respect qu’ils ont de vous de faire chosse qui vous déplaise, ont remys leur différant à quant serés aux estatz, ou là part où il vous pleu qui se trouvent et qui l’on baillé soubz leur sign au sieur de Brignac139. »
58Le respect porté par les deux gentilshommes au gouverneur est tel qu’il permet de remettre en sa présence la querelle aux États, lieu quasi naturel de résolution des conflits. Ainsi, il ne s’agit pas uniquement d’un lieu d’affrontement ou de seule communication politique : aux États, le duc d’Étampes peut pleinement jouer son rôle de chef de la noblesse locale et de modérateur parmi ses pairs.
59Pourtant, autorité n’est pas autoritarisme dans la mesure où son auctoritas, mise au service du bien commun, est consentie par tous. En avril 1565, Arthus Le Fourbeur, procureur syndic des États, et de ce fait personnage central de l’assemblée – il a été élu député de Bretagne aux États généraux d’Orléans de 1560 –, fait à Catherine de Médicis le rapport de la première assemblée tenue sans Étampes, décédé en janvier, et dénonce les « injustes plaintes » de certains affin d’« obtenir quelques expéditions et requestes à leur profilt particulier et au désadvantaige de tout ledit pays, chose qu’ilz n’avoient jamays osé entreprandre du vivant de feu monseigneur le duc d’Estampes140 ». Son témoignage plaide dans le sens d’une autorité naturelle qui limitait fortement les initiatives individuelles. En outre, le personnel des États semble très favorable au gouverneur. En 1564, ce dernier a ainsi défendu l’utile et fidèle Arthus Le Fourbeur, encore lui, qui, déjà procureur des États, avait été fait procureur du roi à Nantes par Montmorency. Pour certains, le cumul de ses deux offices fait penser à un conflit d’intérêts141, et, face aux critiques, le duc prend la plume pour défendre l’officier. À Montmorency, il rappelle que bien que poursuivi pour dettes, « il se soict tousjours modestement comporté au service de sa majesté et bien du pays durant mesmes ces derniers troubles », et que ceux « qui taschent de les faire [les charges] déclairer inconpatibles » sont en réalité les mêmes qui « briguent contre luy la despoille de l’un des deux où il a si bien mérité que le pays trouverois mauvays que pour estre employé en ses affaires il en feust destitué, ce que ma part, ne voyant raisonnable, je vous ay cy devant faict emplement entendre ». Enfin, il souhaite, pour le « bien de notre pays, que ledit procureur demeure pourveu de sesdits estatz » et promet de favoriser les serviteurs du connétable en échange de son aide pour un homme qui s’apparente à un serviteur, du moins à un très utile fidèle au sein de l’assemblée142. Et cela d’autant plus qu’il s’agit désormais de tenir les États en concorde, de plus en plus difficile à maintenir tant les divisions religieuses mettent à l’épreuve son autorité fondée sur l’arbitrage.
Un gouverneur de sagesse pour arbitrer une assemblée divisée
60À n’en pas douter, les États ont fortement été marqués par les troubles religieux. Très tôt, le duc d’Étampes interdit le port d’armes dans une assemblée de plus en plus tendue, sauf aux toujours très utiles pensionnaires143. Dès 1561, il perçoit bien le potentiel conflictuel des séances qui doivent réunir dans une même salle catholiques et huguenots. À Catherine de Médicis, il rapporte que les huguenots bretons lui ont adressé une remontrance qu’il fait suivre au pouvoir central :
« Ilz disent que sans cela il arrivera de grandz inconvéniens, que vous pourez faire veoir par leur papier lequel, voiant le temps tel qu’il est, et que estant voz estatz de ce pais si près, nous n’avons pas besoing de malcontenter personne, je n’ay pas voullu les reffuser, les admonestant de vivre tousjours en pacience et ne donner nulle ocasion de scandalle144. »
61Une assemblée divisée, avec « ocasion de scandalle », est, en bon adepte de la concorde, sa vraie crainte. Assez rapidement, la question religieuse s’immisce dans les débats et il s’interroge sur sa légitimité à y recevoir des doléances sur des questions de religion145. Le roi y répond favorablement : « Ilz vous pourront parler du faict de la religion146 », lui dit-il. Surtout, il doit calmer les passions et assurer la tranquillité des sessions. Ainsi, dès les États de 1560, Bouillé note qu’Étampes a « faict tout pour contenir en obéissance et union » l’assemblée147. L’année suivante, il loue une nouvelle fois son attitude :
« Je suis bien aise de ce qu’il vous a pleu m’escripre que esperez revenir bientost ici, ce sera un ung grand bien pour ce pays si y pouvez estre aux Estats. Il me semble que les lettres d’Estat tardent longuement à venir148. »
62C’est également l’opinion de la reine, qui voit en son gouverneur un fidèle soutien de sa politique et de son autorité en province :
« Saichant que vous estes maintenant sur la conclusion des Estats, où je ne doubte point que n’ayez beaucoup d’affayres à conduire les choses selon ce que vous scavez qu’il est besoing pour l’establissement de mon aultorité et pareillement à empescher les pratiques et menées qui se peuvent faire au contraire149 », lui écrit-elle.
63Représenter le roi aux États ne se résume donc pas à susciter l’adhésion à l’impôt. Au début des troubles, il s’agit aussi d’y relayer les principes de la politique de concorde. Pour la reine, la prudence, première des qualités, est associée à la sagesse, consubstantielle à l’auctoritas, force légitimante opposée à la potestas, force contraignante. Aux États, Étampes ne doit donc pas contraindre par la force mais plutôt convaincre par sa sagesse. Ainsi, dans les instructions politiques qu’on lui envoie pour l’assemblée de 1560, on lui rappelle la grande utilité de son comportement :
« Et quand à vous, mon cousin, vous scaurez bien dextrement vous y comporter, affin de les entretenir en paix et repoz […] gardant seullement qu’il n’advienne aucun trouble ou scandalle entre eulx comme il est advenu à Nantes, qui a esté, dieu mercy, par vous prudemment bien et saigement appaisé150. »
64En octobre 1561, il fait désormais face à une vague d’envoyés protestants aux États. Situation inédite s’il en est, les catholiques sont désormais minoritaires et tous les votes leurs sont défavorables : « Ilz [les huguenots] excedassent tellement en nombre que tout ce qui est délibéré à ses estatz a esté à leur oppinion », écrit-il à la reine. Pourtant, les huguenots montrent leurs bonnes intentions :
« En tout ce qui a esté question de l’auctorité du roy et de vous Madame, ilz ont demonstré bien grant afection et mesmes au faict de la subvention. Car ayans entendu de leurs dépputez, qui, à la verité, y ont faict ofice de bons serviteurs de voz magestez, votre nécessité et l’espérance que donne à tous la vertueusse jeunesse du roy et votre bonté, ilz ont libérallement accordé et pareillement l’aultre partye plus que je pense que ne peult porter leur puissance et charge sur choses où la noblesse mesmes et les plus grands en portent le plus grant faix pour soullaiger le pauvre peuple qui, à la verité, ne l’eut sceu porter. J’eusse bien voullu qu’ilz eussent plus faict et croy qu’ilz l’eussent aussi désiré s’ilz eussent peu, mais il me semble, madame, veu la saison où nous sommes, que vous avez occasion de vous en contanter151. »
65Deux jours plus tard, il évoque son attitude au roi de Navarre :
« Je ay faict ce que j’ay peu et suys marry que ce n’est myeulx, encores que j’espère que vous en recevrez contentement, et sur tout de la modestie et doulceur enquoy toutes choses ont passé veu la diversité des religions ou encores que ceulx de la nouvelle fussent en beaucoup plus grans nombre. Je n’ay veu contention synon à qui se monstreroit le plus obéissant152. »
66C’est également l’opinion des deux grands chefs huguenots que sont Rohan et Andelot aux mêmes États de septembre-octobre 1561. Le premier loue à la reine l’attitude modératrice du gouverneur en matière religieuse, et plus particulièrement sa conduite :
« L’heur de Monsieur d’Estampes en cest endroict est bien à remarquer, car par sa conduite toutes aultres choses ont esté traistée esdits Estats avecque telle modestie et doulceur sans aulcune force et esmotion qu’il ne se pouvoit espérer et semble presque incroyable qu’entre tant de gentilshommes et aultres assemblés de diverses provinces, comme de contraires relligions, il n’est advenu aucun scandale ou débat durant les dits Estats153. »
67Trois jours plus tard, Andelot témoigne dans le même sens :
« La présence de Monsieur d’Estampes a causé de silence et tranquilité, car tous ceulx du pays luy portent tel respect et révérance pour sa grande prudence, qu’ilz se laissent aisément persuader à ce qui luy plaist, et se remectent du tout sur luy de leur honneur et biens pour le congnoistre tant équitable et portant tel zèle au service de voz majestez et à la patrie ensenble, qu’ilz ont asseurance qu’en exécutant votre voulunté par ung moien, il ne les incommodera ne surchargera de chose qui leur soit insuportable (du moins que ce ne soit par grande nécessité) et qui ne soit ainsi (Madame) ilz se sont submys jusques à l’extrémité de leur debvoir pour la subvention des debtes du roy, comme pourrez plus au long entendre par l’advertissement que vous en fait Mondit sieur d’Estampes, par lequel congnoistrez de combien la dextérité d’ung si vertueulx personnaige scayt affectionner les subjectz d’une province au service et secours de leur prince, quelque division et paouvreté qu’il y ait entre son peuple154. »
68Rohan et Andelot partagent donc les mêmes vertus de modestie et de douceur que leur gouverneur, qui s’affirme ici comme le grand arbitre des passions religieuses qui divisent l’assemblée, cela grâce à son art d’obtenir l’obéissance sans avoir recours à la force, la menace ou la contrainte. En 1563, ce rôle est loué par le roi qui note qu’il est « saige et discrect », ce qui redouble sa confiance envers lui155. Et lorsque, dans son Histoire de Bretaigne rédigée dans les années 1580, Bertrand d’Argentré s’efforce d’associer chaque gouverneur de Bretagne qu’il a connu à une qualité, Étampes apparaît comme l’un des « plus sages, advisez et prévoyans seigneurs que nostre aage ait veu156 ». À nouveau, sa sagesse est mise en exergue comme qualité d’apaisement des passions de ses gouvernés157. Sagesse qui s’étend à son entourage, choisi aussi selon cette qualité. Ainsi de ses mots à propos de Bouillé : « qui est sage et advysé et a beaucoup d’amis en ce pais158 ». La reine adresse la même louange directement à l’intéressé : « Vous estes saige et sur les lieux, où vous scaurez mieulx faire qu’il ne vous peult estre mandé, et me souffit seullement de vous en adviser, comme faict mondict cousin [Étampes], qui en a plus de congnoissance, affin que vous y remédiez dextrement, comme vous le scavez très bien faire159 », lui dit-elle. Ce recours quasi constant aux vertus politico-morales que sont la sagesse, la mesure et la prudence, renvoie plus largement à un art de gouverner encore très marqué par les conceptions chrétienne et tardo-médiévale du pouvoir. Dans les Miroirs des Princes, ces livres très lus des gouvernants et dans lesquels on leur propose des modèles de pratique politique, la prudentia médiévale et de l’humanisme renaissant renvoie d’ailleurs tantôt à la sagesse, tantôt à la prudence. Aussi, les gouvernants de la Renaissance sont pleinement les héritiers d’un État de justice où morale et politique se mêlent. L’État de finance et de police, conjugué à l’avènement de la « monarchie administrative », davantage sensible à la raison – a fortiori d’État – plutôt qu’à la sagesse ou à la prudence, sera celui du siècle suivant.
Conclusion : un gouverneur-commissaire de consensus
69Durant sa longue carrière, le duc d’Étampes a très souvent été commissaire du roi. Que ce soit dans un cadre très normé, comme aux États provinciaux, ou que ce soit plus occasionnellement, ces commissions sont autant d’occasions d’enquêtes et de jugements. L’arbitrage « suppose l’existence d’une procédure puisqu’il exige l’établissement d’un compromis »160, procédure justement permise par les commissions. Généralement, on fait appel à son autorité de gouverneur lorsque les voies habituelles de conciliation s’avèrent inadaptées, inefficaces ou tout simplement inexistantes. Le gouverneur est en somme, à l’échelle de la province, la plus haute et la dernière instance de recours. Lors des conflits plus graves qui peuvent provoquer une sédition, tels que les troubles religieux, sa figure arbitrale est à nouveau mobilisée par la Couronne afin de garantir la paix et la concorde provinciale. De plus, le mécanisme pétitionnaire est un très utile outil de dialogue avec la Couronne et faire appel à l’arbitrage du gouverneur, c’est, en définitive, dialoguer avec le Prince. Cependant, le duc d’Étampes se contente parfois d’enquêter, de recueillir les témoignages et de donner son propre avis au Conseil royal, qui conserve toujours la prise de décision finale. Dans ces conditions, il apparaît davantage comme une autorité consultative, qui peut d’ailleurs parfois exprimer un choix tout personnel, comme ce fut le cas lors du débat sur la localisation du parlement de Bretagne. Il ne faudrait pas non plus minorer les intérêts personnels d’un gouverneur de province à intervenir lui-même dans les conflits en tant que médiateur. En gouvernant par les requêtes, il montre son pouvoir à tous, son auctoritas, pouvoir légitimant qui permet de conforter fidélités et réseaux locaux. Arbitrer un conflit, c’est assurément assoir son autorité, et en somme, gouverner.
Notes de bas de page
1 Arlette Jouanna, Le Pouvoir absolu…, op. cit., p. 131 ; Philippe Hamon, Les Renaissances…, op. cit., p. 268-269.
2 Yves-Marie Bercé, La dernière chance : histoire des suppliques, Paris, Perrin, 2014, p. 12-13.
3 Une bonne synthèse dans Arlette Jouanna, Le Pouvoir absolu…, op. cit., p. 131-132.
4 Claude Tiévant évoque très rapidement cet aspect pour le Languedoc (Claude Tiévant, Le Gouverneur de Languedoc pendant les premières guerres de religion (1559-1574) : Henri de Montmorency-Damville, Paris, Publisud, 1993, p. 149).
5 AMN, EE 244, fo 4 : commission d’Henri II au sénéchal de Nantes, Paris, mars 1556 ; ADIV, 1 Ba 2, fo 202 : commission d’Henri II à Étampes, Saint-Germain-en-Laye, 25 déc. 1556 ; AMN, EE 244, fo 6-7 : mandements d’Henri II à Étampes, Villers-Cotterêts, 13-14 avr. 1557 ; requête de Sanzay à Étampes, 11 avr. 1558 ; fo 91 : des bourgeois de Nantes à Étampes, 1558 ; ADIV, 1 F 1978 : examen de la requête de Robien au Conseil, 16 juin 1558 ; commission d’Henri II à Étampes, Villers-Cotterêts, 18 juin 1558 ; commission d’Étampes aux officiers de Nantes, Lamballe, 6 oct. 1558.
6 AMN, EE 244, fo 91 : requête des bourgeois de Nantes à Étampes, 1558.
7 AMN, EE 13, fo 82 : commission d’Étampes, Rennes, 5 août 1562.
8 ADIV, 1 F 1978 : commission de Charles IX à Martigues, Fontainebleau, 24 mars 1567.
9 AMR, CC 86 : commission de Charles IX à Étampes, Saint-Germain-en-Laye, 17 sept. 1561.
10 AM Morlaix, AA 3 : ordonnance de Charles IX, Saint-Germain-en-Laye, sept. 1561.
11 BnF, Fr. 18156, fo 42 : Conseil privé, Troyes, 28 mars 1563.
12 BnF, Fr. 20512, fo 66 : requête des parlementaires bretons à Guise, Nantes, 7 juin 1556 ; 15871, fo 133 : à Catherine de Médicis, Nantes, 3 avr. 1560 ; 15875, fo 322 : idem, Rennes, 6 oct. 1561 ; ADIV, 1 Bb 20, fo 15 : à Étampes, 1564 ; ADIV, 1 Bb 811, fo 8 : Étampes à sa sœur et à Catherine de Médicis, août 1564.
13 AM Morlaix, EE 3 : enquête du 7 septembre 1569.
14 ADIV, 1 F 850 : Henri aux bourgeois de Morlaix, Saint-Quentin, 20 oct. 1543.
15 Travers, t. 2, p. 340 : Étampes à Sanzay, Ancenis, 17 oct. 1556.
16 Travers, t. 2, p. 341 : Étampes à Jean Grignon, prévôt de Nantes, Ancenis, 18 oct. 1556.
17 ADCA, 1 E 3654 : commission d’Étampes à Lezonnet, Morlaix, 7 août 1558.
18 Morice, col. 1225-1226 : enquête de Lezonnet, 14 août 1558.
19 ADLA, B 55, fo 142 : exemption d’Étampes, Saint-Brieuc, 15 oct. 1564.
20 ADCA, 1 E 3654 : Sanzay à Étampes, Nantes, 7 août 1553.
21 ADCA, 1 E 3654 : Renaud de La Touche à Étampes, La Touche [La Limouzinière], 5 mai [1557].
22 ADCA, 1 E 3654 : Montmorency à Étampes, Paris, 14 nov. 1563. L’église de Châteaubriant était vivace : en 1561, elle demandait un pasteur de Genève (BGE, Fr. 197a, fo 157 : les huguenots de Châteaubriant à la Compagnie des pasteurs de Genève, Châteaubriant, 15 sept. 1561).
23 ADCA, 1 E 3654 : Guillaume du Chastel à Étampes, Quijac [Lambézellec], 7 juin 1564.
24 ADCA, 1 E 3654 : Roland de Neufville à Étampes, Rennes, 1er janv. 1562.
25 ADLA, B 2408, fo 450 : il garde l’abbaye Saint-Jacques de Montfort et fait son serment au roi en 1565.
26 ADCA, 1 E 3654 : Bertrand d’Argentré à Étampes, Rennes, 6 mai 1559.
27 ADCA, 1 E 3654 : Jean Louveau à Étampes, La Roche-Bernard, 31 juill. 1562.
28 BnF, Fr. 15881, fo 277 : requête du clergé de Nantes à Étampes.
29 ADCA, 1 E 3654 : Roland de Neufville à Étampes, Rennes, 1er janv. 1562.
30 ADCA, 1 E 3654 : Guillaume du Chastel à Étampes, Quijac [Lambézellec], 7 juin 1564.
31 BnF, Fr. 22310, fo 351 : requête des habitants d’Ancenis à Étampes, [1562].
32 Arlette Jouanna, Le Pouvoir absolu…, op. cit., p. 132 ; James Collins, La Bretagne dans l’État royal…, op. cit., p. 217. Denis Richet, La France moderne…, op. cit., p. 91.
33 AMR, GG 302 : requête des religieuses de Saint-Georges à Étampes.
34 AMSM, BB 5, fo 93, conseil de ville du 13 sept. 1561 ; fo 153 vo.
35 BnF, Fr. 22310, fo 149 : requête des habitants d’Hennebont à Étampes, 1560.
36 BnF, Fr. 22310, fo 158 : Henri de Rohan à Étampes, Tours, 26 août 1561.
37 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Guergelin [Languidic], 22 août 1561.
38 ADLA, C 413 : requête d’Arthus Le Fourbeur à Étampes, Morlaix, 27 sept. 1557.
39 AMN, EE 13.
40 ADCA, 1 E 3654 : requête du portier François Calapart à Étampes, [1561].
41 BnF, Fr. 15463, fo 395 : requête des bourgeois de Saint-Malo à Étampes, Saint-Malo, 12 juill. 1563.
42 BnF, Dupuy 678, fo 54. Sur l’absentéisme des évêques en Bretagne, voir Bruno Restif, La révolution des paroisses. Culture paroissiale et Réforme catholique en Haute-Bretagne aux xvie et xviie siècles, Rennes, PUR, 2006, p. 91-95. Les Malouins étaient déjà entrés en conflit avec la juridiction épiscopale et avaient envoyé une requête à Charles IX en 1561, renvoyée devant le premier président du Parlement (AMSM, FF 1).
43 ADIV, 1 Bv, fo 196 vo : exemption d’Étampes, Romorantin, 20 avr. 1545.
44 BnF, Nouveau d’Hozier, 240 : requête des nobles de Rennes à Étampes, août 1557.
45 AMR, EE 135 : commission d’Étampes aux sieurs du Latay et Haulte Tousche, Lamballe, 15 août 1557.
46 AMR, AA 12, no 18 : Étampes à Latay, Lamballe, 20 et 22 août 1557.
47 Philippe Hamon et Karine Pouessel, « Un choix décisif : villes bretonnes et localisation du parlement de Bretagne (sept. 1560) », in Alain Gallicé et Chantal Reydellet (dir.), Talabardoneries ou échos d’archives offerts à Catherine Talabardon-Laurent, Rennes, Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 2011, p. 147-159.
48 AMR, BB 466, fo 7 : Henri II à Nicolas de Troyes, 4 sept. 1554.
49 AN, X1A 8619, fo 53 : Fontainebleau, mars 1554 ; ADIV, 1 Ba 1, fo 142.
50 BnF, Fr. 20510, fo 42 : les bourgeois de Rennes à Étampes, Rennes, 2 fév. 1555.
51 AMR, FF 256 : requête des bourgeois de Rennes à Étampes.
52 AMR, FF 248 : commission de François II à Étampes, Blois, 4 déc. 1559.
53 AMR, FF 248 : les bourgeois de Rennes au chancelier de l’Hospital [1560] : « Le procès verbal, vers vous Monseigneur envoyé par Monseigneur le duc d’Estampes. » Ce procès-verbal signé de la main du gouverneur est précieux, les Rennais savent même que c’est Loménie qui le détient : « le procès verbal dudit sieur d’Estampes est entre les mains de Lomenye ».
54 Morice, col. 1253 : avis de Philippe du Bec à Étampes, 1560 ; de Mme de Montejean, Fontenay, 8 sept. 1560.
55 Philippe Hamon, Karine Pouessel, art. cité, p. 148.
56 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Orléans, 28 déc. 1560.
57 AMR, FF 248 : requête des bourgeois de Rennes à Charles IX pour écouter le chancelier ; réponse de Loménie : « Il est ordonné que le procès verbal et advis du duc d’Estampes, gouverneur du pays de Bretaigne, seront mis es mains de l’evesque de Valence […] faict au conseil privé du roy », Orléans, 21 oct. 1561.
58 AMR, FF 248 : requête des bourgeois de Rennes à Charles IX ; réponse : Conseil privé, Orléans, 4 nov. 1560.
59 AMR, FF 248 : requête des bourgeois de Rennes au roi.
60 AMR, FF 248 : requête des villes favorables à Rennes à Étampes, [1560].
61 Morice, col. 1256 : avis d’Étampes, Lamballe, 10 oct. 1560.
62 AMR, FF 248 : commission de Charles IX, Fontainebleau, 4 mars 1561.
63 AMR, FF 248 : commission de Charles IX à Étampes, Fontainebleau, 11 avr. 1561. Contresigné De Loménie.
64 AMR, FF 248 : commission de Charles IX, Saint-Germain-en-Laye, 13 sept. 1561. Contresigné De Loménie.
65 BnF, Fr. 15975, fo 507 : Martigues à Catherine de Médicis, Nantes, 24 mai 1561 ; AMN, II 6, no 2, 3, 4 : requêtes des bourgeois de Nantes à Étampes, Nantes, [1561].
66 Dominique Le Page, « Les officiers moyens dans une ville portuaire de l’ouest atlantique au xvie siècle », art. cité, p. 17-40.
67 AMR, FF 248 : Conseil privé, Saint-Germain-des-Prés-lez-Paris, 20 juin 1561. ADIV, 1 Ba 4, fo 116 : Conseil privé qui évoque la requête des bourgeois de Nantes à Étampes.
68 BnF, Fr. 6626, fo 98 : le Grand prieur à Guise, Nantes, 9 oct. 1562.
69 Morice, col. 1341 : les bourgeois de Rennes à Étampes, Rennes, 1er fév. 1564.
70 AMN, II 6, 1564-1565.
71 AMN, II 6.
72 BnF, Fr. 16221, fo 3 vo : Conseil privé, Moulins, janv. 1566.
73 En 1580, l’attitude d’Étampes dans l’arbitrage du conflit est louée par l’évêque de Rennes, Aymar Hennequin, qui affirme que tout s’est déroulé « après l’advis des estatz du pais conforme à celuy de deffunct monsieur d’Estampes gouverneur pour lors de nostre province » et dénonce « l’appétit de certains particuliers non originaires qui ne cachent que leur prouffit et qu’il n’est pas raisonnable que sur la simple requeste d’une ville particulière […] ont osté le parlement d’une ville capitale commode pour tout le pais ». La mémoire d’Étampes est ici invoquée par ceux qu’il a soutenus (AMR, FF 249 : Aymar Hennequin aux Rennais, Paris, 20 fév. 1580).
74 Penny Roberts, « Huguenot Petitionning during the wars of Religion », in Raymond A. Mentzer et Andrew Spicer (dir.), Society and Culture in the Huguenot World, 1559-1685, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. 62-77 ; Jérémie Foa, Le tombeau de la paix…, op. cit., p. 123-166.
75 BnF, Colbert 27, fo 173 : requête des huguenots de Bretagne à Étampes, sl. sd.
76 Philippe Le Noir, Sieur de Crevain, Histoire ecclésiastique de Bretagne…, op. cit., p. 48-49.
77 BnF, Fr. 15875, fo 289 : requête des huguenots de Rennes à Étampes, Rennes, 1561 (signé Rodolphe Melot, Pierre Le Gendre, dit Du Fossé, ministre, L’Houmeau dit Du Gravier, ministre, Guy Escouflart, Du Claray, P. Bez et Dumont).
78 BnF, Colbert 27, fo 314 : Charles IX à Étampes, Fontainebleau, 11 mars 1561 : « J’ay veu par une requeste qui vous a esté presentée ilz persistent tousjours en leur intencion » ; BnF, Fr. 15875, fo 395 : Étampes à Catherine de Médicis, Rennes, 17 nov. 1561 : « Les responce que je leur ay faicte sur leur requeste de laquelle je vous envoye la coppie avec le mémoire de ladite responce, bien marry d’avoir esté contrainct de passez cela. »
79 BnR, Aut. 331, no 41 : requête des catholiques de Nantes à Martigues, Nantes, juill. 1561 ; BnF, Fr. 15875, fo 392.
80 AMN, GG 642 : requête des catholiques de Nantes à Étampes, Nantes, juill. 1562.
81 AMN, GG 643, fo 3 : requête des catholiques de Nantes à Étampes, Nantes, mai 1564.
82 BnF, Fr. 15879, fo 6 : les bourgeois de Nantes à Catherine de Médicis, Nantes, 8 janv. 1564.
83 BnF, Fr. 15881, fo 277 : requête du clergé de Nantes à Étampes. Ibid., fo 335 et 369 : requêtes des catholiques de Nantes à Étampes ; fo 409 : requête des catholiques de Nantes au roi ; fo 372 : requête des huguenots de Nantes à Étampes (signé Bonaventure Chauvin) ; BnR, Aut. 98/1, no 56 : requête des huguenots de Nantes à Étampes, après mai 1564 (signé Bonaventure Chauvin, Jacques Davy et J. Duchesne).
84 BnF, Fr. 15875, fo 390 : Sanzay à Charles IX, Nantes, 23 nov. 1561.
85 BnF, Colbert 27, fo 122 : Étampes à François II, Nantes, 28 oct. 1560.
86 BnR, Aut. 88, no 9 : Étampes à Charles IX, Nantes, 16 mai 1562.
87 BnF, 15880, fo 26 : requête des catholiques de Nantes au roi, répondu au Conseil, Troyes, 10 avr. 1564.
88 BnR, Aut. 98/1, no 56 : requête des huguenots de Nantes à Étampes, après mai 1564.
89 BnF, Fr. 15880, fo 168 : Étampes à Charles IX, Lamballe, 7 juin 1564.
90 BnR, Aut. 88, no 37 : Étampes à Catherine de Médicis, Nantes, 6 oct. 1564.
91 BnR, Aut. 88, no 36 : requête des huguenots bretons à Étampes, signé « Du Boays », collationné le 5 nov. 1564.
92 En dépit de ce qu’a pu penser John Russell Major en son temps (John Russell Major, Representative Institutions in Renaissance France, 1421-1559, Madison, The University of Wisconsin Press, 1960, 182 p. ; Representative Government in Early Modern France, New-Haven/Londres, Yale University Press, 1980, 731 p.).
93 AMR, AA 239, 25 sept. 1543.
94 BnF, Fr. 20510, fo 25 : Montmorency à Étampes, 14 sept. 1548.
95 BnF, Fr. 20510, fo 6 : le dauphin Henri à Étampes, Compiègne, 18 juill. 1544.
96 BnR, Aut. 17, no 31 : Charles IX à Étampes, Fontainebleau, mars 1561.
97 BnR, Aut. 88, no 38 : Étampes à Guise, Lamballe, 2 mai 1560.
98 BnF, Colbert 27, fo 314 : Charles IX à Étampes, Fontainebleau, 11 mars 1561.
99 BnF, 22310, fo 31 : Gyé à Étampes, Saint-Malo, 20 sept. 1553.
100 BnF, Fr. 20510, fo 91 : circulaire d’Étampes, Nantes, 26 fév. 1561.
101 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Saint-Méen-de-Gaël, 12 nov. 1555.
102 BnF, Fr. 5129, fo 61 : commission d’Henri II à Étampes, Villers-Cotterêts, 11 sept. 1552.
103 BnF, Fr. 22310, fo 28 : Gyé à Étampes, Compiègne, 16 juill. 1553.
104 ADF, 1 E 881 : Étampes à Jacques de Guengat, Les Essarts, 19 déc. [1553]. Plus haut dans sa lettre, le duc emploie une première fois l’expression « meilleur mesnaigier » pour Guengat à propos d’un de ses envois de « chappons gras ». Ce second emploi de l’expression à propos d’un tout autre sujet agit comme un effet de style.
105 ADIV, C 2876 : commission d’Henri II à Étampes, Paris, 8 nov. 1554.
106 BnF, Colbert 27, fo 314 : Charles IX à Étampes, Fontainebleau, 11 mars 1561.
107 BnF, NAF 21095, fo 150 : Henri de Rohan à Catherine de Médicis, Nantes, 29 sept. 1561.
108 BnF, Fr. 15875, fo 186 : Étampes à Charles IX, Nantes, 1er oct. 1561.
109 BnF, Fr. 15875, fo 192 : Étampes à Catherine de Médicis, Nantes, 25 sept. 1561. En 1559, Nicolas de Troyes précise au Conseil un point de finances (BnF, Fr. 15880, fo 145, Nantes, 15 mai 1559).
110 BnF, Fr. 3186, fo 113 : Étampes à Charles IX, Nantes, 2 mai 1561.
111 BnR, Aut. 88, no 44 : Étampes à Navarre, Nantes, 26 juill. 1562.
112 BnR, Aut. 88, no 33 : Étampes à Catherine de Médicis, Nantes, 29 juill. 1562.
113 BnF, Fr. 15881, fo 323 : mémoire d’Étampes au roi, 1560.
114 BnF, Fr. 20510, fo 18 : Henri II à Étampes, Guilestre, 6 sept. 1548.
115 BnF, Colbert 27, fo 342 : Charles IX à Étampes, Fontainebleau, 29 mars 1561. BnF, Fr. 20510, fo124 : Catherine de Médicis à Martigues, Fontevraud, 3 oct. 1565.
116 En 1529, le gouverneur Guy de Laval s’étonne que, pour une fois, les députés lui refusent ses demandes. Il note : « La response que m’a esté faite par la noblesse de Bretaigne, qui n’a esté telle que je pençoye, de quoy je suys bien desplaisant, car ilz ne m’avoient jamais escondui ne reffusé de chose que je leur eusse demandé pour le service du roy » (Chantilly, L, VI, fo 172 : Guy de Laval à Berthereau, Laval, 16 déc. [1529]).
117 ADLA, B 54, fo 272 : don d’Henri II pour Étampes, Paris, 27 déc. 1558.
118 ADIV, 1 Ba 1, fo 208 : mandement d’Henri II pour Étampes, Fontainebleau, 1555 ; fo 210 : ordonnance d’Étampes, Fontainebleau, 10 mars 1555.
119 BnF, Fr. 22310, fo 27 : Gyé à Étampes, Nantes, mai 1554.
120 ADLA, C 413 : requête d’Arthus Le Fourbeur à Étampes, Morlaix, 27 sept. 1557.
121 AMR, BB 466, fo 63 : Étampes aux bourgeois de Rennes, Lamballe, 24 oct. 1557.
122 ADIV, 4 B 14/19, 2e vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Nantes, 9 avr. 1558.
123 ADIV, C 3208 : quitt. d’Étampes, 25 janv. [1559].
124 BnR, Aut. 88, no 38 : Étampes à Guise, Lamballe, 2 mai 1560.
125 BnF, Fr. 15875, fo 186 : Étampes à Charles IX, Nantes, 1er oct. 1561.
126 BnR, Aut. 88, no 41 : Étampes à Guise, Lamballe, 15 sept. 1560.
127 Ibid.
128 BnF, Fr. 15875, fo 192 : Étampes à Catherine de Médicis, Nantes, 25 sept. 1561.
129 BnF, Fr. 3186, fo 113 : Étampes à Charles IX, Nantes, 2 mai 1561.
130 BnF, Fr. 15875, fo 186 : Étampes à Charles IX, Nantes, 1er oct. 1561.
131 BnR, Aut. 88, no 49 : Étampes à Charles IX, Nantes, 13 fév. [1564].
132 Arlette Jouanna, « Le second ordre aux États du Languedoc : l’entrée des barons », Lyon et l’Europe. Hommes et sociétés. Mélanges d’histoire offerts à Richard Gascon, vol. 1, Lyon, PUL, 1980, p. 1-15.
133 Amaury Gouyon de La Moussaye, lieutenant des chevau-légers de Matignon. Voir son portrait flatteur par son fils, Charles dans ses Mémoires…, op. cit., p. 134.
134 François de Cahideuc, sr du Bois-de-La-Motte, capitaine de l’arrière-ban de Saint-Malo.
135 Jean des Nos, sr de Touraude, qui revendique La Moussaye et Touraude à Amaury Gouyon.
136 Tristan de Trémigon, capitaine des francs-archers de Dol.
137 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Lamballe, 3 nov. 1559.
138 ADCA, 1 E 3654 : Brignac à Guengat, Kerfilly [Elven], 7 mai 1560.
139 BnF, Fr. 15641, fo 67 : Bouillé à Étampes, Quimperlé, 1er juin 1560.
140 BnF, Fr. 15881, fo 96 : Arthus Le Fourbeur à Catherine de Médicis, Nantes, 1er avr. 1565.
141 ADIV, C 3208 : affaire Le Fourbeur.
142 ADIV, C 3208 : Étampes à Montmorency, Nantes, 16 janv. 1564.
143 ADIV, 4 B 14/20, 2e vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Nantes, 26 fév. 1561 ; 4e vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Brest, 22 août 1563 : « Scavoir à tous ceulx qui se trouveroient ausdits estatz qu’ilz n’ayent à aporter aucunes armes sinon les pentionnaires du Roy et ceulx ausquelz sa magesté les a permises. » Il précise en post-scriptum : « Je n’entendz comprandre en la déffance des armes les espées et dagues aux gentilzhommes qui ont accoustumé les porter et à ceux qui vont et viennent par pays. »
144 BnR, Aut. 88, no 30 : Étampes à Catherine de Médicis, Nantes, 3 mars 1561.
145 BnF, Colbert 27, fo 301 : Étampes à Catherine de Médicis, Nantes, dernier fév. 1561.
146 BnF, Colbert 27, fo 314 : Charles IX à Étampes, Fontainebleau, 11 mars 1561.
147 BnF, Colbert 27, fo 171 : Bouillé à Guise, Nantes, 14 nov. 1560.
148 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Guergelin [Languidic], 22 août 1561.
149 La Ferrière, t. 1, p. 173 : Catherine à Étampes, 11 mars 1561.
150 BnF, Colbert 27, fo 314 : Charles IX à Étampes, Fontainebleau, 11 mars 1561. « Je crois que sans mon arrivée [aux États de Rennes], il y auroit desja eu de grandes esmotions », dit encore le gouverneur Montpensier en 1578 (BnF, Fr. 3952, fo 17 vo : Montpensier à Henri III, Rennes, 12 mars 1578).
151 BnF, Fr. 15875, fo 233 : Étampes à Catherie de Médicis, Nantes, 1er oct. 1561.
152 BnF, Fr. 15875, fo 318 : Étampes à Navarre, Nantes, 3 oct. 1561.
153 BnF, NAF 21095, fo 150 : Henri de Rohan à Catherine de Médicis, Nantes, 25 sept. 1561.
154 BnF, Fr. 15875, fo 184 : Andelot à Catherine de Médicis, Nantes, 28 sept. 1561.
155 BnF, Fr. 15876, fo 40 : Charles IX à Étampes, Paris, 10 mai 1563.
156 Bertrand d’Argentré, L’Histoire de Bretaigne, op. cit., p. 70. Quant à Martigues, il est « le premier des hardis et vaillans », insistant sur ses vertus guerrières.
157 Jacques du Pré, prédicateur en l’église cathédrale de Nantes, écrit encore à propos d’Étampes : « Vostre sage et prudent gouvernement nous a maintenu et maintient en paix et tranquilité, sans que soit survenue aucune sédition en tout le Duché de Bretaigne » (Jacques du Pré, Conférences avec les ministres de Nantes en Bretaigne…, op. cit.). Encore en 1634, des dignitaires bretons louent l’action du lieutenant général La Meilleraye au sein des États assemblés à Dinan, « dont la force d’esprit et la sage conduite se font remarquer et louer de chacun » ; « Il est estimé et aimé au-dessus de ce que vous scaurois représenter » (Archives du ministère des Affaires étrangères, coll. « Mémoires et Documents », France, vol. 1505, fo 122 et 161 : La Trémoille et l’évêque de Saint-Malo à Richelieu, Dinan, 8 déc. 1634).
158 BnF, Colbert 27, fo 124 : Étampes à Guise, Nantes, 27 oct. 1560.
159 La Ferrière, t. 1, p. 411 : Catherine de Médicis à Bouillé, Rouen, oct. 1562 ; BnF, Fr. 15877, fo 193 : Charles IX à Bouillé, 1562. Nicolas Frotet de La Landelle évoque son « doux et gratieux traitement » (Nicolas Frotet de La Landelle, Mémoires, op. cit., p. 37-40).
160 Benoît Garnot, La justice en France de l’an mil à 1914, Paris, Nathan, 1993, p. 42-43.
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