Chapitre VII. La maison du gouverneur
p. 231-256
Texte intégral
1Les historiens se sont penchés sur ce que représente une household au sens de maison élargie, d’officiers personnels travaillant au service d’un individu, roi, reine, ou encore grand seigneur1. Pour ce dernier, la maisonnée privée est assurément un outil de puissance2. Particuliers à bien des égards sont les réseaux des gouverneurs, combinant pouvoir seigneurial et gouvernement de province3. Étampes bénéficie d’une position quasi princière en Bretagne et sa maison rassemble une foule d’individus à son service particulier. Si cet entourage sert théoriquement à ses besoins, c’est aussi une manière d’obliger des individus et de les attacher durablement. Ces relations entre un patron et ses serviteurs ont été qualifiées tantôt de clientèle, tantôt de fidélité, le premier terme illustrant des relations davantage verticales4. L’historiographie anglophone a, quant à elle, recours au concept d’affinity, englobant tout type de relation, du simple service rendu au plus total des dévouements. Le mot à l’avantage d’être large et permet d’appréhender ce que l’on pourrait appeler un réseau politique, économique et social5. Il englobe aussi bien la famille élargie, le personnel administratif que l’entourage domestique d’un seigneur, bref, sa « maison » au sens très large. Il s’agit donc de mesurer tout le poids de celle du duc d’Étampes dans son gouvernement de la Bretagne. Quelles sont les articulations possibles entre service domestique et service du gouvernement ? Quelles sont les types de carrières entreprises ? Enfin, quelle est la surface sociale et politique des individus qui servent le gouverneur-duc en Bretagne ? Dans cette perspective, il faut distinguer les serviteurs domestiques à proprement parler, des serviteurs de plume que sont les secrétaires, et enfin, des gens d’armes du duc, individus payés par le roi mais qui restent très dépendants de leur capitaine.
La faveur ducale : les officiers d’un Grand
Receveurs, fermiers et créanciers
2En 1530, la maison du comte de Penthièvre se résume à quelques hommes chargés de prélever les deniers issus des fiefs. Chaque seigneurie du comté est gérée par un receveur ordinaire qui collecte l’argent et les grains et tient les comptes des recettes et des dépenses. Quelques lettres du duc à ses receveurs montrent qu’il contrôle les comptes, ordonne les dépenses, veille à la bonne vente des grains ou afferme les halles6. Il se fait aussi aider par des receveurs généraux qui contrôlent les comptes des receveurs et centralisent les recettes7. En 1530, cette mission revient à Jacques Beloce, son secrétaire, homme de « bonne foy, loyaulté, proudhommie8 ». Avec Jean Le Royer, Beloce est un des premiers receveurs généraux du comté de Penthièvre9. En 1533, il avait été envoyé par son maître à la cour à Lyon pour négocier la pleine restitution du fief10. Puis, il se rend à plusieurs reprises à Paris avec Simon Audren, receveur et prévôt de la ville d’Étampes, afin de plaider la cause du duc dans ses nombreux procès11. Audren déclare ainsi au duc :
« J’ay prins hardiesse vous escripre que à la poursuicte faicte en ceste ville de Paris ay assisté et faict la dilligence avecques vostre secrétaire Beloce d’assembler le conseil, recouvrer les traictes et appoinctemens faictz entre messieurs voz prédécésseurs et les Roys et semblablement solicité le jugement donné en la court [de Parlement]12. »
3En récompense de ses nombreux services, Beloce reçoit la ferme de la seigneurie de Minibriac13. Puis, Prigent Boterel, sr de Beauvoir, est un receveur général central dans la gestion de la fortune ducale. Important vassal, il est d’abord procureur-fiscal du duc puis son receveur général14. Il agit tel un fermier et avance l’argent avant même les prélèvements15. C’est pourquoi il est cité dans le testament du duc en tant qu’important créancier. Peu avant la Ligue, son fils estimera même qu’il était celui qui avait géré pendant plus de trente ans les affaires des Penthièvre et se prétendait créancier à hauteur de 40 000 ou 50 000 lt.16. D’autres individus sont receveurs de manière plus occasionnelle, à l’image, dès 1550, du valet de chambre Mathurin Menauteau. Sans porter de titre officiel, sinon celui de procureur, Menauteau parcourt le comté pour récolter les deniers des fermes17. En 1551, il est encore receveur du comté et est aussi créancier du duc à hauteur d’environ 4 500 lt. À dire vrai, c’est à cause de plusieurs « mises » de ce dernier qu’il a obtenu les revenus de Lamballe et de Moncontour18. Aussi greffier des Essarts, Menauteau est donc associé aux affaires domestiques à différents niveaux19. En 1551, satisfait de ses services polyvalents, Étampes lui obtient un don royal de biens confisqués sur un faux-monnayeur de Thouars, traduisant ici toute la puissance de sa faveur20.
4Dans bien des cas (Boterel, Menauteau), les receveurs du Penthièvre sont également des créanciers. Plus généralement, le duc emprunte facilement de l’argent à ceux qui gèrent ses biens, et cela ne se limite pas au seul Penthièvre. Pour toucher les droits du port de Saint-Malo, il emploie un fermier, un bourgeois bien placé dans les jeux de pouvoirs de la ville, Jacques Boullain. Ce dernier agit comme un maître d’hôtel et lui achète toutes les luxueuses épices d’Orient dont un Grand peut désormais désirer à sa table : clous de girofle, cannelle, muscade, gingembre et poivre. Il achète aussi tout le matériel nécessaire pour l’entretien des navires que le duc possède en son nom privé et apparaît d’un précieux secours : « Tous les plaisirs que m’avez faict » précise une lettre du duc21. Le fermier des droits maritimes est résolument un fermier-créancier.
Les argentiers : des profils divers et variés
5Un constat similaire s’impose pour les argentiers, à l’image de Jacques du Buisson, argentier et contrôleur des affaires de la maison ducale, à qui Étampes constitue une rente de 100 lt. sur la ferme de la halle de Lamballe, autant en reconnaissance de ses bons services que pour le rembourser d’une créance de 1 200 lt22. Les argentiers sont des officiers qui se chargent littéralement de son argenterie, manient de l’argent et se chargent de ses biens meubles ou mobiliers. Leurs commandes en disent d’ailleurs beaucoup sur la culture matérielle propre à la haute aristocratie. Jean Le Pelletier (années 1530), Liger Penet (années 1540), Pierre Benoist (années 1550) puis Jacques du Buisson (années 1560) se succèdent au poste. Liger Penet se procure plusieurs joyaux parisiens pour le duc : des bordures d’or, un carcan, une rose de diamant23. En 1548, il achète « un grand sac de cuir contenant une écuelle d’argent en morceaux aux armes du duc d’Étampes24 ». Avec Simon Audren, prévôt d’Étampes, il représente plusieurs fois le duc auprès de marchands-banquiers parisiens. Ainsi, en 1546, pour obtenir un prêt, il engage une partie de sa vaisselle, à savoir « deux bassins d’argent, à laver les mains, du nouveau poinçon, aux armes du duc, deux vases et une coupe en vermeil doré, du poinçon de Rennes, la coupe couverte aussi d’argent, aux armes du duc25 ». Mais le rôle d’argentier ne se résume pas au seul maniement de l’argenterie. Les argentiers Le Pelletier, Penet et Benoist sont également procureurs et secrétaires26. En 1546, lorsqu’un maître d’hôtel d’Étampes collecte les deniers du Penthièvre, il n’oublie pas à la fin de sa quittance de faire « signer à Legier Penet, secrétaire de mondit seigneur », comme s’il était prédisposé aux finances27. Et en 1551, lorsque le duc aménage son château des Essarts, Benoist se charge de passer les commandes28. Neuf ans plus tard, il se charge encore de recevoir de l’argent qui provient de la famille Duprat29. Puis, la charge revient à Jacques du Buisson, argentier mais aussi « contrerolleur de notre maison » qui avait d’ailleurs commencé le service domestique en tant que simple panetier30. Par ce mélange des rôles, l’argentier revêt un rôle éminemment politique dans l’entourage ducal.
Les maîtres d’hôtel : des proches polyvalents
6Les maîtres d’hôtel doivent quant à eux s’occuper de la bonne tenue quotidienne de la maison aristocratique. Aîné bienveillant envoyé par Montmorency (Jean d’Estrées, qui est déjà âgé de cinquante ans en 1536), cousin (Charles de Culant) ou vassaux (René Petit, sr de Boisfichet, François de Mars, sr de Saint-Agathe, Guy de Thorigné, sr de Boisnerbert) se côtoient dans ce poste d’intimité avec le maître. Dans ce cadre, la polyvalence est aussi de mise. Ainsi, le maître d’hôtel Boisfichet est un ancien serviteur du père d’Étampes, qu’il a suivi dans le parti impérial en 1523, et qui a été chargé de l’instruction, en tant que gouverneur, du jeune Jean de Penthièvre31. Estrées et Culant sont, quant à eux, lieutenants de sa compagnie d’ordonnance. Boisfichet et Boisnerbert participent aussi au service armé en supervisant la défense des côtes bretonnes en 154532. Culant et Saint-Agathe sont encore exécuteurs du testament de leur maître. Enfin, tous sont ses procureurs et gèrent quantité d’affaires financières relatives à ses seigneuries : ventes et achats fonciers, prélèvement seigneurial, réception d’hommages, etc. Ce faisant, ce service domestique polyvalent entraîne dons et récompenses. En 1549, Étampes remercie René Petit de tous ses bons et loyaux services auprès de sa personne. Le maître d’hôtel a reçu :
« plusieurs commissions, pouvoirs, mandements et lettres signées de nous [Étampes] pour le recouvrement des deniers de nos dites terres et seigneuries, et pour cest effect, il s’y seroit si bien employé qu’il auroit prins et recu plusieurs sommes de deniers des receveurs et fermiers de nosdites terres et seigneuries33 ».
7De la même manière que cela peut s’observer au niveau curial, la fidélité à un individu peut engendrer un retour, une faveur concrétisée par des dons matériels ou fonciers. La fidélité, l’affinity, n’est concevable qu’avec une réciprocité, comme toutes les formes de services rendus au seigneur-gouverneur. Ainsi, Étampes peut-il vendre plusieurs seigneuries poitevines à René Petit, comme celle de Saint-Denis-la-Chevasse, ou lui faire don de la seigneurie de La Guierche34. Dans ce don, la fidélité aux Penthièvre est clairement évoquée :
« considérans les bons et agréables services que noble homme René Petit, escuyer, seigneur de la Fraudonnière, l’un de ses maistres d’Hostel, lui à faicts et auparavant à deffunt très haut et puissant seigneur messire René de Bretaigne, en son vivant chevalier, comte dudict Paincthièvre, son père ».
8Et lorsque la veuve de René Petit voit sa seigneurie de La Guierche confisquée par les La Trémoille35, une parente d’Étampes, Claude Gouffier, rappelle bien ce
« transport que Monsieur d’Estempes luy en a peu faire partye en eschange, comme j’ay entendu, pour quelque rente qu’il luy debvoit, partye aussy pour les bons et aggréables services qu’il luy avoict faictz36 ».
9Crédit et service sont donc deux notions liées et imbriquées. La dette financière couplée à la dette personnelle, celle de l’estime et du service, entraîne les récompenses foncières. Véritables « hommes-liges », de confiance, les maîtres d’hôtel supervisent un vaste hôtel. En 1559, Culant approvisionne ainsi la table ducale de Lamballe en « poissons et aultres marchandises37 ».
L’hôtel d’un Grand
10Car l’hôtel d’un Grand est immédiatement visible à sa table. Dans les années 1540, un certain Pierre Baugé est « pourvoyeur » du duc et l’approvisionne en denrées38. Les plus communes, comme les pains et pâtisseries, sont confiées à des personnels de l’hôtel lui-même39. Étampes entretient aussi à son service des sommeliers, qui connaissent ses goûts, et qui servent aussi parfois de procureurs40. Le sommelier est aussi celui qui reçoit les nombreux tonneaux de vin passés en Bretagne sans payer de taxes selon le bon vouloir du roi. Dans une société où les cadeaux en vins sont des plus fréquents, son rôle est d’importance. Les maisons des Grands font souvent place à ces officiers de bouche, bien souvent protégés et favorisés par leur maître. Ainsi, Étampes récompense « René Esmengart, notre escuyer de cuisine », qui veille à l’approvisionnement d’épices ou de pains de sucre, de 240 lt. pour les fêtes de Noël 156341. En Penthièvre, Étampes dispose de plusieurs lieux où cuisiner. Au château de Lamballe mais aussi au Bocage qui comporte « le lieu où l’on faict notre cuysine42 ». Sa table est aussi un lieu de divertissement et une anecdote rapportée par Brantôme au sujet de son fou permet de percevoir sa culture matérielle, son outillage culturel et mental :
« Monsieur d’Estampes avoit un fou qui s’appeloit Colin, fort plaisant. Quand sa mort s’approcha, Monsieur d’Estampes demanda comment se portoit Colin. On luy dit : “Pauvrement, Monsieur ; il s’en va mourir, car il ne veut rien prendre. — Tenez, dit Monsieur d’Estampes, qui lors estoit à table, portez-luy ce potage, et luy dites que, s’il ne prend quelque chose pour l’amour de moy, que je l’aimeray jamais, car on m’a dit qu’il ne veut rien prendre.” L’on fit ambassade à Colin, qui, ayant la mort entre les dents, fit response : “Et qui sont-ils ceux-là qui ont dit à monsieur que je ne voulois rien prendre ?” Et, estant entourré d’un million de mouches, car c’estoit en esté, il se mit à jouer de la main à l’entour d’elles, comme l’on voit les pages et laquais et autres jeunes enfans aprés elles ; et, en ayant pris deux au coup, en faisant le petit tour de la main qu’on se peut mieux représenter que de l’escrire : “Dittes à monsieur (dit-il) voilà que j’ay pris pour l’amour de luy, et que je m’en vais au royaume des mouches.” Et, se tournant de l’austre costé, le gallant trepassa43. »
11Sommelier, maître d’hôtel, fou : tous participent à la renommée de l’hospitalité du duc d’Étampes. À la Renaissance, celle-ci revêt une certaine dimension politique. En 1542, lors du siège de Perpignan, alors qu’il dirige les troupes des Grisons, Étampes se fait apprécier des chefs suisses « car il estoit très magnifique et splendide en sa table44 ». Même en pleine campagne normande, il n’oublie pas de demander à un fidèle de « faire toulte la diligence de m’envoier à Bayeulx tout ce que j’ay de bagages à St Lo tant toutes ustancilles de cuisine, tables45 ». Dès lors, son hôtel, qui n’a pas pour seul rôle d’organiser sa vie quotidienne, est tout à la fois l’instrument d’une autorité, une vitrine de puissance et un outil politique de premier ordre46. À l’échelle bretonne, il apparaît comme un milieu curial en miniature.
12Étampes a également recours à des médecins pour sa santé fragile mais aussi pour son entourage. En 1549, il rémunère Joachim de Sallon pour la grossesse de l’épouse de Martigues, son neveu47. Ce médecin, qualifié de docteur en la faculté de médecine et premier médecin de la reine Catherine de Médicis, gravite dans la domesticité du duc qui lui verse de l’argent à l’occasion de son mariage à venir. Les futurs époux logent chez le duc, au château des Essarts, et l’acte de donation précise que la fiancée a aussi rendu des services « à feue Philippe de Luxembourg, nièce du duc d’Étampes et sœur du seigneur de Martigues48 ». Ambroise Paré a également relevé qu’Étampes et son neveu ont protégé le chirurgien Pierre de La Roque49.
13Puis, vient la foule de gentilshommes qui font partie de la maison, simples vassaux de passage à son service, ou devenus fidèles avec le temps. Ainsi du vassal Renaud de La Touche-Lymosinière, utile garde-côte du pays de Retz et dont la fille fait partie de la suite de Mme de Martigues50. En 1549, il assiste à l’accouchement de cette dernière aux Essarts51. Par ailleurs, Étampes signe deux actes depuis le manoir de La Touche-Lymosinière, en octobre 1554, ce qui souligne très probablement un accueil chez son vassal52. Plusieurs autres gentilshommes de l’entourage ducal sont moins connus et davantage liés à la domesticité – ils portent aussi souvent le titre de capitaine. Ainsi, François Le Bacle s’intitule simplement « gentilhomme de la maison du duc d’Étampes » et Bernard de Mansiet, « capitaine gentilhomme ordinaire de la maison du duc d’Étampes53 ». Viennent ensuite des serviteurs bien plus modestes comme ce « Fiacren, varlet de chambre » ou encore Guillaume Cascherel, « l’un des serviteurs de monseigneur le gouverneur54 ». La domesticité entraîne souvent des récompenses, à l’image de Robert des Jardins, tailleur, et d’Antoine de La Porte, chaussetier, récompensés via des ventes foncières avantageuses55. Ajoutons enfin « un homme se disant barbier et valet des pages du duc56 ». En effet, Étampes, à la manière d’un Prince, accueille et entretient de jeunes pages à son service. Choisis dans la bonne noblesse, ils matérialisent ses liens avec certains lignages. Ainsi, la maison savoyarde de Sales fournit plusieurs pages dès 1539-1540. Étampes,
« étant bien informé de la Noblesse et de la générosité de la maison de Sales, envoye au bon vieillard Christophe un de ses gentilhommes, et luy demande un de ses chers enfans, pour le tenir auprès de luy en qualité de page, avec promesse de le considérer et l’élever comme son propre fils. La demande étoit trop civile, pour refuser une personne de cette haute qualité […] Le duc ne se contenta pas d’avoir François auprès de sa personne, il voulut encore avoir Jean de Sales, son frère ainé, qui luy fut envoyé57 ».
14Cette opération vise à s’allier la maison de Sales, dans le but de consolider l’union avec les Luxembourg-Martigues, également issus de Savoie. En effet, peu de temps après, le duc utilise son jeune page François de Sales, âgé d’à peine 19 ans, pour régler une affaire féodale au nom de Sébastien de Luxembourg, encore trop jeune58. Après le décès d’Étampes, François de Sales devient maître d’hôtel de Martigues et la famille reste fidèle aux Penthièvre pendant toute la seconde moitié du siècle59. En 1602, le choix de François de Sales, son fils aîné, pour prononcer l’oraison funèbre du duc de Mercœur, fait écho à ce lien ancien60. Se dessine ainsi une autre forme de service domestique rendu : le service divin.
L’entourage religieux
15L’entourage religieux d’un Grand permet une dévotion quotidienne personnalisée. En Penthièvre, Étampes hérite d’un patronage qui concerne plusieurs établissements religieux : églises paroissiales, couvents, abbayes. À Guingamp, il dépense sans compter pour « parachever l’édifice de ladite église Notre Dame » et veille à la réparation des cordeliers et des jacobins61. Son premier serviteur-clerc est son aumônier personnel : Jean de Vienne, aussi prévôt de l’église des Essarts62. En 1550, il est envoyé traiter avec l’évêque et les chanoines de Luçon – dont le fief des Essarts dépend – pour transformer son église de prévôt en collégiale, dont il en devient le doyen. Cette fondation obéit à plusieurs considérations. Jean de Vienne a procuration d’Étampes :
« Pour luy et en son nom et pour la grande et fervente dévotion qu’il a de, en l’honneur de Dieu notre créateur et de la glorieuse Vierge Marie, faire ériger et fonder une église collégiale pour ung doyen, chanoines, chappitre et chappellains et aultres clercs au lieu ou à présent est l’église du prévost des Essars, dignité en l’église cathédrale de Luçon, et qu’il espère que notre Sainct Père le Pape luy octroira plusieurs droictz, privileiges, exemptions, franchises63. »
16Piété personnelle et retombées économiques féodales sont ici mêlées. À Lamballe, la collégiale est structurée en un chapitre de six chanoines et chapelains nommés par le duc et qui prient pour son salut64. Il s’agit bien souvent de cadets de familles vassales, ce qui permet de s’attacher l’entièreté des familles à son service. Étampes fonde ainsi un « service ordinaire », c’est-à-dire quotidien, formé de chanoines et d’un « doyen chantre et chapelain » à la chapelle Notre-Dame, intégrée dans son château de Lamballe65. Plus tard, ils devront même s’acquitter d’une amende de six deniers s’ils venaient à manquer l’office quotidien66. Le duc se montre d’ailleurs particulièrement attentif à leur éducation. En 1545, il permet à un chanoine d’aller étudier « durant le temps de deux ans entiers […] où bon luy semblera affin que par ce moyen le demeurant du collège en soict mieulx conduict et le servicze divin plus sollempnellement et consciencieusement acomply et acquicté67 ». Aux clercs sans fortune, il offre parfois pensions et rentes, finançant leurs études en théologie, appliquant là les prescriptions tridentines d’une meilleure éducation des clercs68. En 1541, il nomme doyen des chanoines de la collégiale Notre-Dame de Lamballe un certain Gilles de Gand69. Or, ce dominicain gouverne aussi le spirituel du diocèse de Nantes : il s’agit donc là d’attacher à sa domesticité un homme d’Église influent en province70. Lors des premiers troubles religieux, Gilles de Gand eut une réputation d’intransigeance religieuse envers les huguenots de Nantes, ce qui apparaît à première vue incompatible avec la modération d’Étampes. Mais foi privée et foi publique ne sont pas synonymes. Pour le duc, les fondations pieuses dans ses fiefs sont avant tout une illustration visible de son attachement sincère à la foi catholique. En Penthièvre, ses successeurs les multiplieront, preuve visuelle d’une dévotion toute familiale71. Ainsi, détient-il, grâce au Penthièvre, d’utiles bénéfices pour exercer un puissant patronage religieux. En 1539, il offre une vicairie de l’église de Notre-Dame de Guingamp à un clerc « car il est un de [ses] serviteurs ». À ses officiers de Guingamp, il présente l’impétrant comme un informateur et porteur de courriers, qui l’aide à correspondre avec ses receveurs de Cornouaille à Quimper72. En 1562, il écrit encore à Catherine de Médicis au sujet « de l’abbaye qu’il vous a pleu donner en ma faveur ». Les moines font quelque résistance et il la supplie de le soutenir : « Je vous supplye derechef, Madame, me faire cest honneur que je ne recoyve point ceste honte qu’ilz ostent à celluy que je vous nomme [comme abbé] le bien qu’il vous plaist luy faire, et vous asseure qu’il rendra bon devoir au service de dieu en ladicte église73. » Il s’agit à coup sûr de l’abbaye de Bon-Repos, qui, selon Étienne Boucher, évêque de Cornouaille, avait été donnée à Mme de Bressuire, sœur d’Étampes et dame d’honneur de la reine74. Plus tard, en 1565, de la même manière qu’Étampes s’est attaché les services de Gilles de Gand, grand vicaire de Nantes, Martigues utilise son abbaye de Saint-Aubin-des-Bois, en Penthièvre, pour s’attacher ceux de Philippe du Bec, évêque de Vannes qui a été promu au diocèse de Nantes75. Assurément, et en dépit de certaines résistances, le pouvoir de nommer et destituer fait pleinement jouer la faveur.
Loisirs et demeures aristocratiques
17Le Penthièvre est un fief riche de plusieurs grandes et belles forêts. En 1555, dès que sa possession pleine et entière du comté est confirmée, Étampes nomme un serviteur, François de Bréhant, sr de Saint-Eloy, « à la superintendance de noz foretz et bouais en nostre conté de Penthièvre76 ». Sa mission dans les giboyeuses forêts du comté sert à l’organisation des chasses ducales. Ce sport aristocratique nécessite aussi l’entretien d’un veneur et d’un fauconnier, qui se charge du dressage et de l’entraînement des rapaces utilisés pour la chasse en vol, particulièrement appréciée par le duc77. Ces officiers jouent un certain rôle dans la mesure où la chasse est un instrument de dialogue privilégié pour la haute aristocratie. Ce loisir partagé est en effet l’occasion d’offrir des présents à ses pairs, dans le cadre des sociabilités de la haute noblesse78. Ainsi, le duc peut-il apparaître comme un « gentil veneur » en sa province79. Il est aussi assidu au jeu de paume, utile dans l’entretien des sociabilités. Échanger quelques balles avec lui est perçu comme un réel honneur qui permet de se distinguer et de distinguer. En 1556, il achète d’abord à Lanjouan, en périphérie de Lamballe, un second château, un peu plus éloigné de la ville80. Entouré d’eau et doté d’un pont-levis, il est une sorte de demeure secondaire. En 1561, il y fait venir de son château d’Apremont ses concierges, Thomas Le Botté et sa femme. Le couple doit également veiller au bon entretien d’un jeu de paume édifié dans une troisième demeure : la maison du Bocage et « des jardins qui seront faictz près et joignant ladicte maison, au bas de laquelle ilz pouront loger, attendant qu’il leur en aict esté faict aultre logis, à la charge toutesfoys que quant nous y viendrons pour boyre et manger, de nous laisser le lieu où l’on faict notre cuysine81 ». En 1557, Le Botté avait déjà acheté des pierres d’Erquy pour la construction du logis82. Étampes pense rapidement faire agrandir ce petit domaine, annexé à Lamballe la même année83. L’année suivante, il demande ainsi au sr de La Caunelaye de pouvoir lui acheter « ung pré près le bois du Bocaige84 ». Demande réitérée deux ans plus tard : « Ce qui est du domaine du Boccage que je seray bien ayse qu’il tombe entre mes mains85. » Ainsi, alors qu’il a fait restaurer son château de Lamballe à partir de 1555 et qu’il s’est doté d’un second château à Lanjouan, le duc désire aussi vivre à la manière d’un gentilhomme, sans les fastes pesants de son château et de sa petite cour. Cette volonté de retour à un train de vie plus modeste et en retrait est fréquente chez les Grands mais c’est aussi un luxe que tous ne peuvent s’offrir. Enfin, il est un autre trait commun à la haute aristocratie : le goût de l’Italie.
Italiens, ingénieurs, architectes et banquiers
18Comme bien d’autres Grands, Étampes dispose dans sa domesticité d’un Italien : Jean-Baptiste Dey, gentilhomme florentin doté de compétences en géométrie et en architecture86. En 1542, il aménage pour lui la Vie, petit fleuve côtier voisin du fief d’Apremont87. L’année suivante, il est à ses côtés lors de son entrée solennelle à Rennes. Les bourgeois mettent en œuvre un ingénieux mécanisme de fontaines et Étampes y envoie « son aviseur et entrepreneur nommé maistre Baptiste, des patrie d’Itallye, pour veoirs, deviser et rendre son oppinion de la forme de mectre en ordre et faire venir la fontaine88 ». L’Italien ne connait pourtant pas bien la province : « Et pour ce que celuy Baptiste, aviseur, dist ne savoir le chemin pour aller à Sainct Malo où s’en estoit allé mondict seigneur le gouverneur, luy fut baillé ung homme à cheval pour le conduyre jucques à la ville dudit Sainct Malo. » « Aviseur », littéralement « celui qui donne son avis », Dey est donc aussi un conseiller. En 1543, il supervise et dessine les travaux d’aménagement de la Vilaine et de ses écluses, de Redon à Rennes, comme il l’avait fait pour la Vie89. « Citoyen de Lyon », il est aussi affilié au système banquier lyonnais90. En 1551, il est banquier demeurant à Paris et à Lyon et c’est en cette qualité qu’il prête de l’argent à son protecteur, comme à plusieurs autres Grands (le duc de Nevers, le duc de Nemours, pour qui son parent Robert Dey travaille, des maîtres d’hôtel du roi, etc.91). Il prête plusieurs fois des fonds à Étampes en 1551, notamment pour la réfection du château des Essarts. Là encore, le serviteur peut se muer en bailleur de fonds, ou inversement. Car Dey fournit des sommes considérables : 1 400 écus au soleil en janvier 1551, puis 8 178 écus en avril de la même année. Étampes engage alors ses joyaux familiaux : des rubis, des diamants, des soies, etc., ainsi que les seigneuries d’Étampes et de L’Aigle – hors de question de toucher au Penthièvre. L’Italien, à propos des joyaux engagés « a dict [les] avoir faict serrer [ranger] et garder seurement et porter en la ville de Lyon comme son bien propre et en lieu seur et qu’il sera tenu délivrer audit sieur duc dedans le quinzièsme jour de juillet prochain92 ». Nulle trace d’impayés : Étampes emprunte mais rembourse très rapidement. Dey se révèle ainsi être un serviteur des plus polyvalents : tour à tour il endosse le costume d’ingénieur, de banquier ou de conseiller. Au reste, Étampes emprunte à l’ensemble du réseau de la banque florentine, en témoignent ses importants prêts effectués tout au long de l’année 1551 à Augustin Michon, Florentin devenu bourgeois de Paris, qu’il rembourse en lui confiant la gestion des revenus des forêts de Chevreuse93. Service du fief et prêts sont intimement liés. En 1547, il empruntait 4 000 écus auprès de Jean-Baptiste Dato, banquier italien de Paris, et avait encore engagé sa vaisselle94. Notons aussi les liens avec le Milanais Jérôme de Béaquis, banquier et trésorier du cardinal de Lorraine, également procureur d’Étampes et de Martigues95. Assurément, ses réseaux du crédit sont multiples, à l’image de celui de René Le Camus, panetier de Catherine de Médicis, qui lui prête à plusieurs reprises des liquidités et n’est toujours pas remboursé en intégralité après son décès pour des sommes qu’il a également prêtées à la duchesse d’Étampes96. Notons encore Claude Bonurt, trésorier de la compagnie de Morvilliers ou Adrien Le Clerc, Jacques Doudet et Guillaume Petit, marchands orfèvres et joaillers à Paris, à qui Étampes vend plusieurs rentes foncières valant remboursement97. Enfin, Charles Ménager, ex-argentier des reines Claude et Éléonore, et son fils, Guillaume, contrôleur général des finances d’Outre-Seine et Yonne, deviennent tous deux sous le règne d’Henri II de grands et réguliers prêteurs du gouverneur de Bretagne98.
19Se dégage ainsi un entourage conséquent de serviteurs et d’obligés. Pourtant, nulle trace de mécénat artistique provincial – mis à part peut-être Jean-Baptiste Dey ou, dans une moindre mesure, François Habert, poète d’Henri II, qui dédicace ses traductions d’Horace à « très noble, puissant et magnanime Prince messire Jehan de Bretaigne » et René Benoist, futur confesseur d’Henri IV, qui lui dédicace ainsi qu’à son neveu son Traicté des dismes (1563)99. Quant à la culture matérielle, si château, table fournie, chapelle privée, maison d’été, jeu de paume et chasses en forêt sont le quotidien du duc d’Étampes, nulle trace en revanche d’une bibliothèque. L’absence d’inventaire explique ce silence, mais l’écrit n’en tient pas moins une place centrale dans sa domesticité.
Les secrétaires, un conseil de gouvernement ?
Une chancellerie en miniature
20Les secrétaires sont des professionnels de plume. La rédaction des missives d’un Grand tel que le duc d’Étampes les rattache indéniablement à sa domesticité. Littéralement hommes « dans le secret » de leur maître, ils peuvent s’exprimer en son nom et sont ses véritables éminences grises100. Dans ce qui peut s’apparenter à une chancellerie en miniature ils élaborent aussi ses textes officiels pris à l’échelle de la province : mandements, commissions ou ordonnances rédigées en son nom sur de coûteux parchemins101, parfois en de nombreux exemplaires – ce n’est véritablement qu’au siècle suivant que les gouverneurs auront largement recours à l’outil imprimé pour leurs ordonnances102. On a longtemps vu dans la rédaction de ce type de textes une forme de prise de pouvoir local qui aurait émergé à la faveur des guerres de Religion103. Or, l’analyse des mandements d’Étampes montre que la rédaction de tels actes est une pratique courante déjà sous François Ier. Comme pour ceux du souverain, les actes du gouverneur sont contresignés par un secrétaire, le seign et le contreseign s’affirmant alors comme nouveau mode de validation d’un document qui continue d’être scellé et contre-scellé104. Ainsi, dans un acte relatif à une transaction opérée avec Montmorency, Étampes justifie la contresignature de son secrétaire, Pierre Cornulier, car, connue du connétable, elle apporte un crédit d’authenticité supplémentaire au document : « Nous avons signé la présente de notre seing manuel et commandé à notre secretaire soubz script y mettre aussi le sien pour meilleure seuretté d’icelle105. » La signature du secrétaire est aussi là pour rappeler que le gouverneur n’est pas seul dans la prise de décision, mais qu’il est, au contraire, conseillé dans l’intérêt du bien public106. Ce faisant, les contresignatures viennent un peu plus illustrer la dimension collective de son action. L’acte de contresigner correspond ainsi à une opération de validation et de mise en forme, a priori sans effet sur la nature de la décision. On est cependant en droit de penser que certains mandements du duc d’Étampes ont été inspirés par ses secrétaires car les sources évoquent à plusieurs reprises son « conseil », ce groupe rapproché d’individus composé par des secrétaires, des maîtres d’hôtel, des receveurs et argentiers. C’est ainsi que, de 1530 à 1565, seize individus assurent le service de plume du duc d’Étampes, avec parfois une forte concomitance, comme au cours de la première guerre de Religion, lorsque six secrétaires différents sont entretenus à son service, là où certains Grands se contentent souvent d’un seul serviteur107.
Le recrutement : clercs, juristes et financiers
21Les titulaires d’une licence de droit – une solide formation pour la mise en forme juridique des documents – forment le premier vivier de recrutement des secrétaires. En ce sens, l’Église a l’avantage d’offrir des clercs au fait des codes liés aux métiers de plume. Ainsi, en Auvergne comme en Bretagne, le duc est allé chercher des clercs titulaires d’une licence de droit, à l’image de « François Trouillard, sr d’Ainville, licencié en droits [canon et romain], naguères curé d’Albrest au diocèse de Clermont » ou de Clément de Bardy, chanoine de Rennes108. La licence de droit canon est une bonne porte d’entrée dans le métier, même pour les laïcs comme le prévôt d’Étampes, Simon Audren, licencié des deux droits, ou le secrétaire Guillaume Fournier, licencié en droit canon. Ce dernier présente aussi des compétences dans les finances. Ainsi, avant d’être secrétaire du gouverneur, Guillaume Fournier a été « commis par le roy à l’exercice de la trésorerie et recepte générale des finances extraordinaires et parties casuelles » en Bretagne109. Le duc puise aussi beaucoup dans le corps des notaires et secrétaires royaux, qui recherchent souvent le service d’un Grand110. C’est le cas de Gilles Charruyer qui a commencé sa carrière en tant que secrétaire à la chancellerie de Bretagne puis comme notaire et secrétaire du roi dès 1550, avant de devenir secrétaire de Catherine de Médicis la même année, probablement par l’entremise de son maître111. Pour lui, le secrétariat du gouverneur, qu’il cumule un temps avec sa charge de notaire et secrétaire du roi, est un élément cohérent dans son parcours d’homme de plume. Et pour Étampes, s’appuyer sur un notaire royal est un gage de qualité mais aussi de facilité dans ses relations entretenues avec le pouvoir central. Charruyer, mais aussi Cornulier, également notaire et secrétaire du roi, peuvent ainsi contresigner des actes royaux112, collationner des originaux et en faire des copies, ce qui permet de conserver les originaux près de soi plutôt que risquer de les envoyer par les champs lors du relais d’un ordre. Enfin, le duc recrute aussi des secrétaires en puisant dans les rangs de ses domestiques, qui sont aussi ses vassaux, et qui ne quittent donc jamais vraiment le cadre du service lignager.
Le service d’un lignage
22Ainsi des secrétaires Guillaume de Bruc et Guillaume Le Vavasseur. L’un a commencé page, l’autre valet de chambre puis procureur du duc113. Quant au secrétaire Jacques Beloce, il avait d’abord servi le père d’Étampes jusque dans l’adversité de la fuite du royaume et du service à Charles Quint114. En 1532, lors du passage de François Ier en Bretagne, Étampes obtient pour lui sa lettre d’abolition115. De même, après 1565, les ex-secrétaires d’Étampes restent solidement attachés à ses successeurs : ils servent tous sans exception Martigues, comme si le service de l’oncle impliquait ensuite celui du neveu. Les secrétaires Georges Morin et Pierre Cornulier prennent même du galon. Cornulier, bien établi dans les affaires nantaises, est un homme de choix dans le dialogue avec la ville. Mais le service des Penthièvre est si important pour lui que lorsque les Nantais l’élisent maire en 1568, il refuse la charge, estimant qu’il se fait vieux et infirme, qu’il est déjà maître des comptes et surtout, qu’il sert Martigues. Il n’accepte d’ailleurs la mairie qu’après le décès de son maître116. Un seul secrétaire poursuit son service auprès du gouverneur Montpensier : Guillaume de Bruc, qui se distingue, il est vrai, par son rôle aux États de Bretagne117. Mais il continue aussi de servir Marie de Beaucaire, la veuve de Martigues, pour qui il est « conseiller et secrétaire », avant de redevenir secrétaire du duc de Mercœur en fin de carrière118. Se dessine donc un service de plume lié au lignage, car très fortement attaché à la domesticité. Service qui apparaît bien souvent comme un remarquable tremplin pour le maniement des finances provinciales.
Un tremplin pour une carrière dans les finances
23Le maniement de l’argent est lié à celui d’une plume. De ce fait, il est fréquent que le duc confie des missions financières à ses secrétaires119. Ainsi, en 1560, Pierre Gernaut reçoit en son nom 2 000 lt. d’un vassal120. Dans la même perspective de récupération des fonds, Étampes profite des compétences de ses hommes à manier les deniers du roi comme c’est le cas avec Mathurin Rouxel, receveur des fouages de Saint-Brieuc, qualifié de « commis pour la perception des impôts extraordinaires levés en Bretagne pendant les dernières guerres121 ». Si les conditions de recrutement laissent apparaître une bonne place des hommes de finances, les trajectoires postérieures à l’emploi de secrétaire offrent un constat tout aussi frappant. Ainsi de Pierre Cornulier, fils du capitaine des arquebusiers du gouverneur Châteaubriant, qui devient, peu de temps après son emploi par Étampes, receveur des fouages de Saint-Brieuc et de Cornouaille, secrétaire et payeur de la chancellerie de Bretagne, commis des décimes, maître des comptes, maire de Nantes et enfin trésorier général des finances en Bretagne et conseiller du roi. Enfin, il revient au conseil du duc de Mercœur lorsque celui-ci devient gouverneur en 1582, et est commissaire du roi aux États jusqu’en 1585, avant de s’éteindre à Nantes en 1588. Sa carrière au service du roi décolle donc en flèche après le poste de « premier secrétaire » d’Étampes et de Martigues, et ses deux fils profiteront pleinement de cette ascension sociale. Parcours quelque peu similaire qu’offre Georges Morin, qui s’est occupé d’affaires financières pour les gouverneurs et devient trésorier et receveur général des finances, d’abord à Poitiers, puis en Bretagne en 1574, avant de devenir maître des comptes à Nantes et membre du conseil d’État ligueur de Mercœur122. D’autres secrétaires réussissent à trouver des emplois financiers plus modestes, à l’image de Guillaume de Bruc, devenu commis du trésorier des États vers 1568123. Quant à Guillaume Fournier, il profite de la proximité de son maître avec Catherine de Médicis pour devenir son valet de chambre124. Étampes a usé de faveur tout en faisant preuve de sa loyauté envers la reine en lui envoyant un bon élément de sa maison. Fournier est ensuite commissaire du roi aux États provinciaux de 1569 mais surtout conseiller du roi, contrôleur général des finances dès 1567, contrôleur et argentier du roi puis grand maître enquêteur et général réformateur des eaux et forêts de France, le tout en ayant subtilement réussi à passer au service de la famille Gondi125.
24Ce phénomène de tremplin pour une carrière dans les finances est loin d’être une originalité : fréquenter le secret d’un gouverneur revient à occuper un rôle politique et social d’importance dans le monde provincial, ce qui rend d’autant plus facile l’accès aux hautes fonctions financières locales.
Un poids politique et social en province
25La place que tiennent les secrétaires dans le conseil du gouverneur fonde leur rôle politique et social dans la province. Il est donc tout naturel qu’ils soient suivis par les communautés dans les affaires qui les touchent. Ainsi, en 1560, les bourgeois de Rennes notent chacun des déplacements du secrétaire chargé de transmettre le procès-verbal d’Étampes relatif à la localisation du parlement de Bretagne et précisent : « est bien requis avoir l’oeill et se prandre garde de destournement ou retardement », traduisant une volonté de suivi, voire de surveillance, à l’égard d’une affaire d’importance126. D’ailleurs, le rôle provincial des secrétaires est tel qu’ils sont largement rémunérés par les États de Bretagne ou par la monarchie. Les pensions des États peuvent s’élever à 200 lt. par an en moyenne, sommes bien supérieures aux rentes perçues grâce à leurs biens propres. Les très influents Pierre Cornulier et Gilles Charruyer sont également placés par leur maître sur la liste des pensionnaires de Bretagne127. Quant à Georges Morin, il bénéficie en 1567 d’un don de la monarchie de 1 000 lt. pour bons services rendus aux gouverneurs128. Ils reçoivent également d’occasionnels dons d’Étampes lui-même qui viennent récompenser le service, à l’image de celui fait à Guillaume Fournier de seigneuries sises au duché d’Étampes, ou encore de cette rente de 200 lt. sur la seigneurie de Minibriac offerte à Charruyer, qui vient d’épouser la fille de Jacques Beloce, secrétaire décédé et précédent fermier129. Beloce avait par ailleurs reçu une « pension et récompense qu’il pleu à mondit seigneur luy faire sa vie durant des greffes d’Estampes et Lamballe130 ». En outre, puisqu’ils sont des hommes à approcher, à côtoyer pour entretenir les bonnes grâces du gouverneur, il n’est pas rare d’observer des dons des communautés à leur égard131. La rémunération des secrétaires se fait donc par quantité de moyens détournés : pensions bretonnes, pension des États, dons de la chambre des comptes ou du pouvoir central. Quoi qu’il en soit, c’est bien toute la faveur ducale qui rejaillit sur eux.
26Plus encore, cette faveur permet de profiter des grâces du maître auprès du pouvoir central. Ainsi, Cornulier demande-t-il expressément à Montmorency que la faveur qu’il accorde à son maître rejaillisse sur lui dans l’espoir d’obtenir l’office de payeur des gages de la chancellerie de Bretagne. Il écrit :
« Monseigneur, il vous pleut dernièrement me faire cest honneur de me promettre me faire donner en faveur de mondit seigneur d’Estampes, mon maître (qui vous en escript encores présentement), le paiement de la chancellerie de Bretaigne et n’y va que IIIc [300] L[ivres] monnoye de gaiges, mais que monsieur de Boisregnaud [Nicolas de Troyes], général dudit pais, fust par delà où vous m’aviez remys à luy en parler132. »
27Et le fait qu’Étampes appuie à l’aide de ses propres lettres les demandes de son secrétaire témoigne bien d’une protection toute spéciale. Des années plus tard, en 1593, une enquête pour l’ordination d’un fils de Cornulier rapporte ainsi que le secrétaire
« Était extrêmement aimé, estimé et apprécié du duc d’Étampes, que le vicomte de Martigues ne l’avait pas en moindre affection et estime que son oncle ; que tous les deux le consultaient habituellement, non seulement pour leurs affaires particulières, mais encore pour les grandes et importantes affaires de leur gouvernement, car il était des mieux entendus dans l’administration des affaires d’État et des finances […] Que depuis l’an 1582, où le duc de Mercœur prit le gouvernement de la Bretagne, il fut constamment appelé dans ses conseils et consulté sur toutes les affaires les plus importantes qui survenaient133. »
28Ce discours du parfait secrétaire, fortement orienté par sa fonction au service d’un de ses descendants, permet toutefois de saisir le rôle de Cornulier auprès d’Étampes et de ses successeurs. Pas seulement conseiller, celui-ci gère les affaires de son maître au sens très large. Le principe est poussé à son paroxysme pour les très grands personnages de l’État, pour lesquels un secrétaire agit comme un ministre personnel134. Dans une moindre mesure, les secrétaires d’Étampes agissent de même, prenant parfois l’initiative dans la rédaction de missives. Ainsi, Cornulier peut-il signer personnellement une lettre adressée à Montmorency depuis Lamballe, lui donnant des nouvelles d’Étampes et du bon déroulement de transactions féodales entre les deux hommes et assumant sans ambages : « Sans toutesfois que mondit sieur d’Estampes m’en ayt commandé aucune chose135. »
29Le service de plume entraîne donc des fidélités multiples et variées. L’autre grand gisement de fidélités, d’affinity, du gouverneur réside dans un autre domaine : les armes.
Les « gens d’armes » du gouverneur
30Plusieurs individus sont aussi employés en tant que gendarmes dans la compagnie d’ordonnance du duc d’Étampes. Se pose alors la question de l’utilisation politique de ce corps armé. Sa compagnie est-elle un vivier de recrutement de serviteurs, ou inversement, un cadre privilégié de récompense et de faveur ?
Le recrutement, reflet de la puissance lignagère
31Étampes doit recruter lui-même sa troupe de cavaliers censés représenter l’élite militaire de la province, les « meilleurs et plus vaillans hommes et plus aguerriz qu’il pourra choisir », dit un acte royal136. Ce pouvoir de choisir lui confère un subtil moyen de redistribution de la faveur du roi car c’est là offrir à la noblesse locale des postes prestigieux et recherchés137. D’autant plus que l’originalité de la compagnie d’Étampes est qu’elle est celle du gouverneur de la province – tous les capitaines ne sont pas gouverneurs. Elle est donc souvent la seule dont dispose la Bretagne, ce qui fait que les postes sont d’autant plus chers et prisés138. Pour le duc, c’est ainsi l’occasion de mobiliser, entretenir et faire jouer ses réseaux de parenté, d’amitié, de clientèle ou de fidélité. Car une compagnie d’ordonnance agit bien souvent comme la représentation armée des liens de patronages aristocratiques, le « reflet » concret des fidélités du capitaine139. En effet, ces liens sont souvent illustrés par un recrutement géographique qui correspond avec ses propres fiefs140. Et puisque la compagnie est régulièrement passée en revue par les commissaires de la gendarmerie, les vingt montres connues entre 1537 et 1563 permettent une analyse fine et précise des fidélités entretenues.
32Étampes est capitaine de gendarmerie depuis 1536, date à laquelle il devient également gouverneur d’Auvergne, Marche et Bourbonnais. Bien possessionné dans sa province, il y recrute assez naturellement des hommes. Ainsi, son premier lieutenant est Philippe de Bourbon, baron de Busset141. Ce cadet de l’illustre famille est un lointain cousin et avait fait partie du conseil du connétable de Bourbon et de l’aventure bourbonnienne avec le père d’Étampes. Les réseaux paternels et bourbonniens sont encore à l’œuvre. Passé ensuite dans la compagnie d’un plus proche parent, neveu du connétable, Charles de Bourbon, prince de la Roche-sur-Yon, Busset obtient néanmoins une place dans la compagnie d’Étampes pour Jacques de Bourbon-Busset, son « bastard ». Les Bourbon-Busset, puissants en Bourbonnais, y sont de précieux soutiens. Un autre Bourbon, Jean, sr de Forges, est un autre membre de cette famille. Un autre cousin et lieutenant, Charles de Culant, est issu d’une vieille famille bourbonnaise et dit résider à Saint-Désiré142. D’autres illustres noms du Bourbonnais servent par les armes, à l’image des De Bourg, Chambon, Aubusson, Tranchelion, La Bussière, etc.143. Gabriel de Challuz, sr de La Brosse, est quant à lui originaire du Périgord (dont Étampes est théoriquement le comte). Et Claude, François et Hugues de La Chastre sont issus du Berry, tout comme Claude et Louis de Saint-Julien. Un parent, François de Saint-Julien, deviendra même lieutenant de la compagnie. Se distinguent ensuite les familles auvergnates. Jean Bohier, sr de Choisy et de Chantoin, futur commissaire ordinaire des guerres, ainsi que son parent, Olivier Bohier, débutent ainsi dans le métier des armes. De même, Jean et François de Lachenal sont issus d’une famille originaire du Genevois implantée en Auvergne. Ces quelques exemples montrent combien les possessions d’Étampes issues de la maison de Brosse lui offrent des opportunités variées de recrutement. Certains sont des vassaux directs, d’autres, des voisins alliés au lignage. Or, le recrutement bourbonnais et auvergnat finit par poser problème. En 1560, alors que la compagnie est exceptionnellement passée à trente lances, Étampes ne dispose plus que d’une moitié de compagnie auprès de lui, quinze hommes d’armes, car les autres se sont retirés chez eux sur commandement royal, « qui sont la pluspart d’Auvergne et Lyonnois », confesse-t-il au roi144. Ce phénomène explique probablement une progressive diversification des viviers de recrutement.
33Ayant passé sa jeunesse à la cour du duc de Savoie, dont il est un parent, Étampes a cultivé des liens avec le duché. Liens confortés par une stratégie matrimoniale l’unissant aux Luxembourg-Martigues, très bien implantés en Savoie. Ainsi, assez naturellement, il confie la lieutenance de sa compagnie à son premier neveu et successeur, Charles de Luxembourg, car c’est un moyen de l’initier petit à petit aux commandements. En 1553, Charles est lieutenant de la compagnie, véritablement attiré par la campagne de Picardie où il laisse la vie au siège d’Hesdin – second neveu d’Étampes, Sébastien lui succède à ce moment précis –, mais ce poste ne semble pas le combler. Dans une missive à Guise, il écrit : « Il a pleu à monsieur d’Estampes me commander d’estre lieutenant en sa compaignie. […] Je crains d’estre subject à demourer où elle sera145. » Auprès de son neveu, Étampes appelle plusieurs gentilshommes savoyards. Ainsi, François et Louis de Sales, qu’il avait demandés comme pages à leur père, servent ensuite en tant qu’hommes d’armes, comme il est alors souvent d’usage. Louis est fait prisonnier par les Espagnols lors de la campagne de 1553 et plusieurs réseaux se mettent en place pour organiser sa libération146. En effet, « les soins du duc d’Étampes et du baron de Culland, cousin de ce duc, qui avoit engagé sa Majesté, de recommander à Monsieur le connétable et à l’ambassadeur du Roy à Bruxelles pour demander la liberté de Louis » fonctionnent et le font libérer dès novembre 1556. « Cette solicitation fut si puissante, et Madame Marguerite de France s’en méla si adroitement, que Louis sortit de prison147. » Servir dans la compagnie d’un Grand écouté à la cour est indéniablement une sécurité en cas de capture. Étampes bénéficie par ailleurs du soutien de Catherine de Médicis afin d’obtenir l’autorisation de recruter des soldats savoyards réputés étrangers. En 1560, elle écrit au duc de Savoie afin qu’il laisse François de Menthon le rejoindre148. Ce dernier avait été simple homme d’armes (1553), puis enseigne de la compagnie (1554)149. Son parent, Jacques de Menthon, le remplace parfois à ce poste, le service restant flexible lorsqu’il s’agit d’un même lignage. Troisième vivier considérablement moins important, le recrutement poitevin. Ainsi de l’archer Antoine de Thorigné, parent de Guy, maître d’hôtel du duc, ou encore de Bertrand des Essarts, dont le nom suggère un recrutement dans la baronnie du même nom. Quant à Jehan de Chastillon, sr d’Argenton, fief (et lieu de naissance) d’Étampes hérité de son grand-père, Philippe de Commynes, il est longtemps premier homme d’armes de la compagnie.
34Quatrième et dernier vivier de recrutement, le recrutement breton, et plus particulièrement celui du Penthièvre, vient compléter la composition d’une compagnie des plus hétérogènes. Cette originalité s’explique par le rang d’Étampes – un capitaine plus modeste dispose en général d’une compagnie beaucoup plus homogène. La part faite aux gens d’armes originaires du Penthièvre croit depuis 1543, et plus encore après 1555. Ainsi de Bertrand de Bréhant, archer de la compagnie, et parent du superintendant des eaux et forêts du fief. Les Boterel, prêteurs d’argent et receveurs du comté, placent également l’un des leurs, Jean. De même, les Goyon réussissent à placer deux cavaliers. À noter, également, la présence du gendarme Olivier Le Voyer, issu d’une vieille famille de l’évêché de Saint-Brieuc, vassale du Penthièvre et bien représentée dans le monde des armes. Ainsi, le recrutement se fait d’abord dans ou autour des fiefs personnels d’Étampes. Enfin, plusieurs hommes d’armes sont issus de la noblesse du pays de Rennes. La famille de Sévigné, avec laquelle le gouverneur est déjà lié, réussit à placer quatre gendarmes dont Bertrand, sr d’Olivet, qui se verra confier une compagnie dans l’armée provinciale levée en 1562. Quant à Philippe Bernier, il est un parent de Charles Bernier, sr du Latay, capitaine breton et lieutenant général à la sénéchaussée de Rennes. Enfin, notons en 1559 la présence de Claude de Beaucé. Ce gentilhomme du pays rennais sera fait chevalier de l’ordre du roi et pensionnaire de Bretagne. En 1562, Étampes lui confie le commandement de Fougères, puis, l’année suivante, celui de Vitré150. Vers 1570, il devient lieutenant de François du Gué à Rennes, qu’il a d’ailleurs côtoyé dans la compagnie.
35Avec cette quadruple origine de recrutement, ce sont véritablement les quatre quartiers de noblesse du duc d’Étampes qui se côtoient dans sa suite armée, comme une réelle expression du lignage. Aussi, même s’il s’agit de la compagnie du gouverneur, ce sont surtout les reflets des réseaux du grand seigneur qui s’y déploient. Mais plus encore que le recrutement de vassaux, la compagnie est un moyen de distribution de postes en Bretagne, un outil efficace pour entretenir des relations avec les nombreux capitaines bretons en engageant leurs fils.
Gendarme du gouverneur, un excellent début de carrière
36Le duc a su offrir des postes à des gentilshommes bretons qui ont servi sous ses successeurs. Cela vaut pour plusieurs lignages souvent vassaux comme les Emery, Goyon, Bernier, Breuil, Cambout, Thomas ou La Chesnaye. Car servir le gouverneur est un objectif et une opportunité qui permet de continuer à vivre près de chez soi. S’observent ainsi des stratégies de carrière de père en fils, car être gendarme du gouverneur s’avère être un excellent moyen de promotion sociale. Dès lors, beaucoup trouvent d’autres emplois militaires pendant ou à la suite de leur engagement. Les Thomas de La Caunelaye conservent ainsi le commandement des francs-archers de Saint-Malo. Étampes profite des réseaux de cette famille en recrutant les enfants de Pierre Thomas ainsi que ses « voisins ». En 1564, il lui ordonne : « Me venez trouver en ce lieu et advertissez voz enffans et à tous voz voisins qui sont de ma compaignye de ne faire faulte de s’y rendre avecques leurs armes et chevaulx », captant ainsi à son profit les liens de voisinage, et cultivant la fidélité du père en employant son fils151. De même, le gendarme Jean Loz est fils de Guillaume, sr de Kergouanton, capitaine de l’arrière-ban de Tréguier. La famille Loz, aussi vassale du Penthièvre, a pu offrir, à son niveau, ses propres réseaux d’obligés et de voisins pour la compagnie. Toujours en 1564, Étampes écrit ainsi à La Caunelaye : « Dictes au cappitaine Loz qu’il ne faille de me venir incontinant trouver et qu’il advertisse tous ceux de ma compaignye, ses voisins, d’y venir aussi152. » Plus tard, Jean Loz reçoit quantité de charges domestiques, dont la capitainerie de Guingamp, « pour l’affectionner tousjours davantage au bien des affaires de ceste maison153 ». La domesticité est ainsi très souvent de mise : Hugues de Gassion et son jeune frère, Jean, sont gendarmes mais le premier est aussi maître d’hôtel de Martigues, capitaine du château des Essarts et deviendra lieutenant de Sanzay à Nantes et enfin capitaine de la ville en alternance avec François du Cambout, un autre gendarme d’Étampes devenu chambellan de François d’Alençon154.
37Le recrutement est donc, pour une bonne part, celui de jeunes individus, fils de capitaines locaux. Ainsi, Les Trémigon, Rosmadec, du Gué, Boiséon, Cambout, envoient-ils leurs fils afin de les initier au métier des armes en vue d’une transmission des charges locales exercées. Les Breuil sont à coup sûr le meilleur exemple de lignage engagé au service du duc. Julien du Breuil, sr de Pontbriand, débute comme simple gendarme d’Étampes avant que ce dernier ne l’élève au poste de capitaine de l’arrière-ban de Saint-Malo. Son cousin, François, commence sa carrière de la même manière et le duc le récompense de la capitainerie de son château de Moncontour. Lorsqu’en mai 1557, le roi lui donne commission « pour lever une compaignie de gens de pied en ce pays de Bretaigne », le gentilhomme la fait suivre à Étampes en le remerciant de toute sa « faveur et aide155 ». Capturé en août à Saint-Quentin, dont il est aussi capitaine, c’est son protecteur qui règle sa rançon : la somme s’élève tout de même à 30 000 lt. Une fois libéré, du Breuil vend une seigneurie qu’il détient en Penthièvre au sr de Souleville, un autre vassal du duc, en expliquant qu’il s’agit d’obtenir des liquidités (8 000 lt.) pour commencer à rembourser l’avance de son patron156. Étampes a été d’un grand secours pour ce fidèle transformé en obligé. Et en fin de vie, lorsqu’il est temps de régler sa succession, il n’oublie pas celui qui le sert depuis le simple poste d’homme d’armes. Son premier testament lui offre 4 000 francs, avant qu’un codicille rédigé spécialement pour lui y ajoute 6 000 lt. : « Pour la fidélité que j’ay approuvée au service que m’a faict le Breil […] et afin qu’il puisse honnestement se maintenyr en honneur et estatz et pour le récompanser de sesdits services qu’il m’a faict par lon temps157 », précise le duc. La somme est imposante, les services rendus le sont aussi. D’autant plus qu’entre temps, le gentilhomme s’est hissé à la capitainerie de Granville, poste stratégique pour les réseaux du gouverneur hors des frontières de Bretagne.
38Dès lors, en employant les fils des capitaines bretons dans sa compagnie, Étampes tisse des liens, crée de bonnes relations avec ceux-ci et la notion large de l’affinity prend tout son sens. Et pour certaines familles plus modestes, la perspective d’obtenir plusieurs postes de gendarmes, parfois trois ou quatre, comme les Belleville, Cousin, Havart, Le Borgne, Goyon, Demareil, etc., est déjà une réussite en soi. S’observe ici un double phénomène : un recrutement où le voisinage est vivace d’une part, marqué par une forte endogamie d’autre part. Par ailleurs, il s’agit d’une bonne opportunité à saisir. En effet, beaucoup trouvent ensuite emploi dans les commandements de villes bretonnes comme Guillaume du Tertre et Bertrand Goyon, simples hommes d’armes d’Étampes qui deviennent l’un et l’autre capitaine d’Hennebont et lieutenant à Saint-Malo158. D’autres parviennent aussi à se hisser au sommet de la compagnie, au sein des postes de commandement.
Les postes de commandement : de lentes ascensions
39Lorsqu’un capitaine occupe d’autres charges, comme c’est le cas d’Étampes, gouverneur de Bretagne, c’est le lieutenant de la compagnie qui, en réalité, détient le contrôle de la troupe. Les lieutenants successifs d’Étampes sont tous des hommes de confiance : Jean d’Estrées (1538-1540) et Charles de Culant (guidon, sous-lieutenant, puis lieutenant de 1553 à 1565) sont ses proches maîtres d’hôtel ; Philippe de Bourbon-Busset (1545-1552) et Culant sont aussi des cousins. En 1553, ce dernier est capturé par l’ennemi au siège d’Hesdin et Étampes n’aura de cesse de le faire libérer. Il ne l’est qu’en 1557, après avoir payé une importante rançon qui porte un sévère coup à ses finances. Service armé et liens du sang se conjuguent ici pour nourrir une forte fidélité, les Culant étant par ailleurs très bien représentés dans la compagnie : Charles y intègre ses deux fils, Sylvain et François, sans compter un autre parent, Pierre.
40Les autres officiers sont aussi des fidèles. François du Gué, sr de Méjusseaume, gravit ainsi tous les échelons : simple homme d’armes en 1552, il est guidon deux ans plus tard, enseigne en 1560, guidon de la compagnie de Martigues, puis lieutenant du gouverneur Montpensier159. Si bien qu’Étampes, sa sœur et Martigues sont parrains et marraine de son fils160. Son poste dans la compagnie est un moyen initial de son engagement au service des Penthièvre car il lui donne autant les moyens que les occasions de servir. Chevalier de Saint-Michel, capitaine de l’arrière-ban de Rennes puis gouverneur de la ville à partir de 1569, ce spécialiste du métier des armes a engagé un parent, René, puis a pu mobiliser son propre réseau pour le recrutement de la compagnie d’Étampes. Ainsi de son voisin Jehan Aiguillon, cavalier de l’arrière-ban de Rennes : Méjusseaume « auroit naguère promys audict [Aiguillon] de le recevoir soubz sa charge, au moien de quoy icelluy [Aiguillon], adverty que ladicte compaignie devoit faire monstre en nostre ville de Nantes, y seroit allé161 ».
41D’autres gravissent les échelons en combinant encore avec un service domestique. François de Lachenal est d’abord simple homme d’armes. Issu de la domesticité des Foix-Luxembourg, il est pour eux capitaine et maître des eaux et forêts de Coulommiers162. Dès 1549, Étampes lui confie l’instruction de son neveu Martigues en tant que gouverneur163. En 1552, il devient guidon de la compagnie et en 1555, le duc lui fait un don de 500 lt. pour son mariage164. Lachenal combine alors parfaitement service armé, service familial et faveur ducale : la proximité avec le cercle familial joue indéniablement. Dans celui-ci, les Pisseleu ne sont pas totalement exclus. En 1549, Charles de Pisseleu, dit Heilly, est « écuyer du seigneur d’Estampes », cela même après la disgrâce de la duchesse, sa sœur ainée. Deux ans plus tard, il est désormais « gentilhomme de la maison du duc d’Étampes » et devient son guidon en 1553165. De même, Jean de Beaucaire-Puyguillon est-il le guidon de Martigues, son beau-fils.
Une suite armée : le lien entre gendarmes et gouverneur
42La compagnie du gouverneur est une suite armée qui reflète son pouvoir, un outil de démonstration de puissance. Ainsi, en 1557, lorsqu’il se rend à Saint-Malo accompagné de plusieurs de ses hommes d’armes alors que la ville accueille déjà une imposante garnison, Étampes explique sa démarche et tient à rassurer les bourgeois :
« S’ils entendent que je prens quelques gens pour m’accompaigner […] c’est parce que les ennemis ont des espions par tout, et que je ne veux pas qu’ils entendent que je marche mal accompaigné166. »
43Il ne faut pas non plus douter du réel rôle de protection de sa personne publique que remplit auprès de lui ses gendarmes, et ce d’autant plus que les guerres de Religion font jour. En 1560, il se justifie ainsi d’aller baiser les mains du roi aux États généraux d’Orléans accompagné de ses gendarmes car il craint une possible capture de sa personne sur les grands chemins167. Au duc de Guise, il explique s’entourer de six hommes d’armes et six archers bien armés : « Je vous asseure que ce n’est point pour contrevenir au commandement de sa magesté mais seullement pour son service », lui dit-il tout en assurant qu’il pourra les désarmer ou les renvoyer « combien que je demeuroisse bien peu accompaigné168 ». Résolument attachés à lui, ses gendarmes l’entourent et le suivent à chacun de ses déplacements. Aussi les retrouve-t-on auprès de lui lors de chaque campagne militaire où il est appelé au sein de l’armée royale. Plusieurs montres sont tenues en Picardie : au Quesnay-lès-Abbeville en 1537, à Noyon en 1539 puis à Marle, Fresne-Moustier ou encore Doullens en 1552-1553. Cette campagne amène la compagnie d’Étampes au siège d’Hesdin et elle y est d’ailleurs mise à rude épreuve car beaucoup perdent la vie169. D’autres sont faits prisonniers et emmenés aux Pays-Bas et ne seront libérés qu’après la paix du Cateau-Cambrésis170. De manière générale, le pouvoir de protection du duc d’Étampes s’avère très efficace. Ainsi, lorsque l’un de ses gendarmes est accusé d’homicide, son patronage peut accélérer la procédure de demande de rémission royale171. Dans un registre moins extrême, un petit gentilhomme breton, le sr de La Fruglaye, rapporte dans son livre de raison qu’Étampes usa de tout son pouvoir pour soutenir auprès des officiers de Rennes son père dans un procès féodal, car il était lui-même son vassal et « maréchal des logis de la compagnie des gentilshommes qui étaient en garnison avec ledit seigneur à Lesneven », lors de la descente des Anglais de 1543172. De même, en 1562, Étampes écrit à François Calon, président du parlement de Bretagne, afin qu’il reporte à son retour de campagne de Normandie le procès de Baudouin de Goulaine, capitaine de chevau-légers dans son armée, avec Jean d’Acigné173. Et de même qu’elle protège, la faveur promeut et récompense, à l’image du guidon Méjusseaume qui, en 1560, reçoit 1 200 lt. du roi pour bon services rendus au gouverneur de Bretagne174. La même année, Étampes avait plaidé en sa faveur pour qu’il obtienne « le rachapt de sondit beau-père » décédé. En effet, selon le droit de rachat, devenu l’héritier de son beau-père, Méjusseaume devait au roi, le temps d’une année, la rente des terres héritées tenues « soubz le roy », qu’Étampes estimait tout de même entre 700 et 1 000 lt. annuels. Le gouverneur plaidait là pour son fidèle guidon car, disait-il : « Je l’ay tousjours trouvé fort prompt à obéir175. » Il n’est pas non plus rare que les quelques gendarmes devenus fourriers de la compagnie soient rétribués de leur service par les États de Bretagne176.
Conclusion : la nébuleuse du gouverneur mise au service du roi
44Bien des individus gravitent autour du duc d’Étampes. Importante est également la diversité des situations qui marque une double polyvalence. Polyvalence des services tout d’abord : la monarchie s’appuie autant sur le grand seigneur que sur le gouverneur. Polyvalence des tâches exercées ensuite : du maître d’hôtel-gendarme au secrétaire-financier en passant par le banquier-ingénieur, les carrières se croisent et s’entremêlent, mais font aussi émerger des types distincts. Réseaux, faveur, clientèle, patronage, amitiés, influence, fidélités. Autant de mots que les historiens mobilisent pour qualifier les relations sociales et de pouvoir entre un Grand et ses serviteurs177. Le terme de nébuleuse paraît quant à lui assez adéquat178. Alors que la notion de réseaux illustre des relations trop peu fortes en termes de dépendances et que celle de clientèle, au contraire, peut apparaître comme trop verticale, celle de nébuleuse, de « constellations de dépendants et d’obligés179 », correspond bien à l’idée de gravitation autour du duc-gouverneur et rejoint celle d’affinity.
45Cette toile tissée en province parmi la noblesse, le monde de la robe et les finances, est à coup sûr une manifestation de puissance. À aucun moment elle n’est remise en question par la monarchie, et c’est bien là un point central. Bien au contraire, elle est un élément sur lequel le roi peut s’appuyer. De là vient la force d’un gouverneur comme Étampes qui apparaît comme un broker, un individu capable de redistribuer la faveur royale en province180. Son poste lui offre les moyens d’entretenir une telle nébuleuse et réciproquement, le roi le nomme parce qu’il dispose déjà de soutiens conséquents, grâce en particulier au Penthièvre. La monarchie sait ainsi qu’elle pourra compter sur une grande quantité d’individus à son service comme c’est particulièrement observable lors des événements guerriers. Véritablement, « le rayonnement d’un tel individu est ainsi comme détourné et mis au service de la monarchie181 ». Aussi, il ne faut pas s’étonner de voir plusieurs hommes d’Étampes se retrouver ensuite auprès de Catherine de Médicis. Les relations entre les deux personnages sont telles que l’autorité de l’un sert ensuite à l’autre. Sans compter le grand nombre de serviteurs qui sont détenteurs d’offices et qui s’inscrivent plus largement dans le « gouvernement domestique » du roi182. Ainsi, la polyvalence dans le service est générale. Alors que l’historiographie considère parfois que ces vastes clientèles parasitent le fonctionnement de l’État dit moderne, le fait est qu’elles sont aussi très largement avalisées par la monarchie, qui s’appuie consciemment sur elles183. En vérité, c’est uniquement quand les choix politiques du broker s’opposent au roi régnant, sinon à la monarchie, que l’affinity pose problème184.
Notes de bas de page
1 Mark P. Holt, « Patterns of Clientele and Economic Opportunity at Court during the Wars of Religion: the Household of François, Duke of Anjou », French Historical Studies, vol. 13, 1984, p. 305-322.
2 Olivier Mattéoni, Servir le prince : les officiers des ducs de Bourbon à la fin du Moyen Âge (1356-1523), Paris, PUPS, 1998, 507 p.
3 Alors que Robert Harding insiste sur ces réseaux locaux, il en dit finalement assez peu sur leurs fondements et sur cette double nature (Robert Harding, Anatomy of a power elite…, op. cit., p. 21).
4 Roland Mousnier, « Les fidélités et les clientèles en France aux xvie, xviie et xviiie siècles », Histoire sociale, t. 15, Paris, 1982, p. 35-46 ; Sharon Kettering, Patrons, Brokers and Clients in Seventeenth-Century France, New-York/Oxford, Oxford University Press, 1986, 333 p. ; « Clientage during the French Wars of Religion », Sixteenth Century Journal, vol. 20, 1989, p. 221-239.
5 Cette affinity, couplée avec ce mot de réseau a permis à Stuart Carroll de démontrer l’influence des Guises en Normandie grâce à leurs nombreux soutiens locaux (Stuart Carroll, Noble Power during the French Wars of Religion. The Guise Affinity and the Catholic Cause in Normandy, Cambridge, Cambridge University Press, 2005, 320 p.). En Bretagne, Malcolm Walsby a utilisé ce terme pour définir le réseau des Laval (Malcolm Walsby, The Counts of Laval…, op. cit.).
6 ADCA, 1 E 1204 : Étampes à son receveur de Minibriac, Paris, 12 juin 1550 ; 1 E 553 : à celui de Lamballe, Rennes, 21 avr. 1543 ; 1 E 109 : à celui de La Hunaudaye, La Tousche Lymosinière, 29 oct. 1554 ; 1 E 553 : à celui de Lamballe, Lamballe, 7 sept. 1553 ; commission d’Étampes à son receveur de Lamballe, Lamballe, 23 juin 1561.
7 ADCA, 1 E 1204 : quitt. de Jacques Beloce au receveur de Minibriac, 20 juin 1541.
8 ADCA, 1 E 19 : commission d’Étampes à Jacques Beloce, Villentrois, 30 janv. 1542 ; AN, MC, XXXIII, 15, fo 168 : 9 sept. 1530.
9 ADCA, 1 E 19 : commission d’Étampes à Jacques Beloce, 25 juill. 1541. Jean le Royer est avocat au parlement de Paris. Les deux hommes sont procureurs d’Étampes à Vannes en 1537 (ADCA, 1 E 1478).
10 Bibl. de l’Institut, Ms. Godefroy 255, fo 29 : Antoine Sanguin à Jean de Penthièvre, Lyon, 29 janv. 1533 : « Je croy que Beloce vous escry bien au long de voz affaires et principalement du fait de votre conté de Poinctièvre qui est en fort bon train et sommes en grande esperance que cela ira selon vostre vouloir. »
11 AN, MC, XXXIII, 32, fo 338 vo, 11 déc. 1546.
12 ADCA, 1 E 3654 : Simon Audren à Étampes, Paris, 18 nov. [avant 1547].
13 ADCA, 1 E 1204.
14 ADCA, 1 E 1223 : provision d’Étampes pour Beauvoir, Nantes, 29 sept. 1553 : 1 E 1225 : reçu d’Étampes de 500 lt. avancés par Beauvoir, son receveur, 1560.
15 Un exemple dans ADCA, 1 E 1225.
16 BnF, Clair. 355, fo 19 ; ADCA, 1 E 57.
17 ADCA, 1 E 19 : commission d’Étampes à Mathurin Menauteau, Les Essarts, 17 nov. 1550. ADCA, 1 E 1218 : Mathurin Menauteau, fermier de La Roche-Suhart, 5 juill. 1554.
18 ADCA, 1 E 19 : ordonnance de Mathurin Menauteau, 26 oct. 1551.
19 Claude de Foix teste devant lui en 1549 (BnF, Fr. 5121, fo 237).
20 CAH, t. 5, p. 219, Fontainebleau, août 1551. Encore en septembre, Étampes obtient pour lui ainsi qu’à son secrétaire Gilles Charruyer, les biens d’un condamné (ibid., p. 260).
21 ADCA, 1 E 1478 : Étampes à Jacques Boullain, Lanjouan, 17 déc. 1563. Pierre Martin, Les fermiers des droits maritimes en Bretagne (xvie-xviiie siècle) : une élite seconde sous l’Ancien Régime, Paris, Les Indes Savantes, 2013, p. 258.
22 ADCA, 1 E 553 : mandement d’Étampes à Jean Rabel, receveur de Lamballe, Lamballe, 23 juin 1561.
23 AN, MC, XIX, 176, 6 nov. 1548.
24 AN, MC, XIX, 95, 30 oct. 1548.
25 AN, MC, XXXIII, 32, 11 déc. 1546.
26 AN, MC, XIX, 161, 17 mai 1542 ; C, 26, avr., mai et juin 1555 ; CXXII, 1369, 11 mai 1557.
27 ADCA, 1 E 1204 : quitt. de Thorigné, 1546.
28 AN, MC, XXIII, 7, 19 août 1551.
29 Chantilly, 1 A 37, 20 déc. 1560.
30 AN, MC, C, 38, 31 août 1551 (son nom est Jacques Le Maître, dit du Buisson).
31 AN, J 819/11/7 : Jean de Penthièvre est éduqué par « un gentilhomme nommé Boisfichet, seigneur de la Roussière, lequel a esté gouverneur dudit duc d’Estampes en ses jeunes ans » ; BM Poitiers, Fonteneau, t. 9, p. 397 : lettre de pardon par Louise de Savoie à René Petit, écuyer, jeune gentilhomme qui avait suivi hors du royaume de France Charles de Bourbon, 4 juill. 1523. Pardon renouvelé en 1532, lors du voyage de François Ier en Bretagne, et aussi donné à Jacques Beloce, secrétaire d’Étampes (CAF, t. 6, p. 301).
32 BM Poitiers, Fonteneau, t. IX, p. 425 : commission de François Ier, 27 juill. 1545.
33 BM Poitiers, Fonteneau, t. IX, p. 433 : commission d’Étampes, Angers, 11 juin 1549.
34 AD Vendée, 8 J 89 ; BM Poitiers, Fonteneau, t. IX, p. 407 : Compiègne, 10 mars 1536.
35 Les Boisfichet servent souvent d’intermédiaires entre Étampes et les La Trémoille (AN, 1AP 634).
36 AN, 1AP 625 : Claude Gouffier à La Trémoille, Maulévrier, s. d.
37 Chantilly, 1 F 003 : « Quatre batteaulx chargez de plusieurs espèces de poissons et aultres marchandises menées et conduictes par la rivyère de Loyre » qui transitent ensuite jusqu’à Lamballe par voie terrestre.
38 AN, MC, VIII, 66, 68, 1540-1542.
39 ADCA, 1 E 1204 : Jacques Girault, « boulongier » du duc, 1542.
40 CAH, t. 3, p. 698, 20 janv. 1538 ; AN, J 962, 16, no 159, 22 janv. 1539 (Guillaume Bonneville) ; ADCA, 1 E 57 (Estienne Richer, « sommelier de Painctièvre »). En 1543, les bourgeois de Rennes, lors de l’entrée du duc, approchent sont sommelier pour connaître « son goust » (AMR, AA 20).
41 ADCA, 1 E 1478 : Étampes à Jacques Boullain, 27 mai 1563.
42 ADCA, 1 E 397 : lettres d’Étampes, Lamballe, 26 juin 1561.
43 Brantôme, Œuvres complètes, t. 9, op. cit., p. 464-465.
44 Ibid., t. 6, p. 228. Procédé identique que Monluc emploie auprès de Guise et des capitaines français qu’il accueille à une table bien fournie (Blaise de Monluc, Commentaires [1521-1576], Paul Courteault (éd.), Paris, Gallimard, 1971, p. 430). Guise accorde lui aussi une place très importante à cet aspect des relations nobiliaires (Marjorie Meiss-Even, Les Guise et leur paraître, op. cit., p. 77-91).
45 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Avranches, 7 oct. 1562.
46 Élisabeth Gonzalez, Un Prince en son Hôtel. Les serviteurs des ducs d’Orléans au xve siècle, Paris, PUPS, 2004, 396 p.
47 Chantilly, 1 A 037, quitt. de Joachim de Sallon à Étampes, 10 mai 1549. AN, Y 94, fo 336 vo. Sallon avait été le médecin de Guy XVII de Laval, premier époux de Claude de Foix avant Martigues (AN, MC, C, 27).
48 AN, Y 94, fo 336 vo : 1er mai 1549.
49 Ambroise Paré, Œuvres complètes, t. 2, Paris, Baillière, 1840, p. 795. Paré essaye de sauver un gendarme d’Étampes, touché d’un coup d’arquebuse au siège d’Hesdin en 1553.
50 AMR, AA 17, no 11, sept. 1562.
51 AN, Y 94, fo 336 vo.
52 Morice, col. 1120 : ordonnance d’Étampes, La Touche-Lymosinière, 17 oct. 1554 ; ADCA, 1 E 109 : Étampes au receveur de La Hunaudaye, La Touche-Lymosinière, 29 oct. 1554.
53 CAF, t. 3, p. 522, 4 avr. 1537 ; AN, MC, CXXII, 107, 1565.
54 AMN, CC 115, fo 43, mises de 1543.
55 AD Pyrénées-Atlantiques, E 204.
56 AN, MC, XIX, 95, 30 oct. 1548.
57 Nicolas de Hauteville, L’Histoire de la très ancienne et illustre maison de Saint François de Sales, evesque et prince de Geneve, Paris, Bénard, Jacquard, Jolly, 1669, p. 156.
58 Ibid. En effet, François de Sales est encore procureur de Martigues en 1557 (AD Haute-Savoie, 27 J 151).
59 Ibid., p. 189 ; AD Haute-Savoie, 27 J 130 (François de Sales à Marie de Beaucaire).
60 Les Épistres sprirituelles du bien-heureux François de Sales, avec l’oraison funèbre de M. le duc de Mercœur, recueilles par messire Louys de Sales, Lyon, V. de Coeursilly, 1628. Nicolas de Hauteville fait d’ailleurs le lien entre le service du père et celui du fils (Nicolas de Hauteville, L’Histoire…, op. cit., p. 133).
61 ADCA, 1 E 943 : Étampes à son receveur de Guingamp, Guingamp, 10 mai 1543 ; à Guy de Thorigné, Lamballe, 22 oct. 1547.
62 AN, MC, III, 74, 13 avr. 1550 ; AN, Y 94, fo 336 vo, 1549 ; ADCA, 1 E 30. Jean de Vienne passe ensuite au service de Martigues. Il est en effet qualifié de « procureur spécial » pour mettre de l’ordre dans les archives seigneuriales des Essarts (ADCA, 1 E 30 : ordonnance de Martigues, Les Essarts, 11 sept. 1566).
63 AN, MC, III, 74, 13 avr. 1550.
64 ADCA, 1 E 571 : ordonnance d’Étampes, L’Aigle, 22 oct. 1547.
65 ADCA, 1 E 571 ; BnF, Fr. 22331, fo 729, 1543. Chapelle censée détenir un morceau de la Vraie Croix.
66 ADCA, 1 E 572.
67 ADCA, 1 E 571 : ordonnance d’Étampes en faveur de Jehan Gillect, prêtre, Lamballe, 10 août 1545.
68 AN, MC, XIX, 172, 5 sept. 1547 : pension offerte à François d’Orgemont, curé d’Espargnette, écolier étudiant en l’université de Paris.
69 ADCA, 1 E 571 : ordonnances d’Étampes à l’évêque de Saint-Brieuc, château des Essarts, 18 sept. 1541.
70 En 1540, prieur de Châtelaudren, il est aumônier, « procureur et entremeteur des affaires » de l’évêque Louis d’Acigné (AN, MC, XXXIII, 17, 21 mai 1540). En 1544, l’évêque Jean de Lorraine le fait vicaire général (ADLA, G 65 ; 41. La même année, il est procureur du curé d’Amanlis (AN, MC, CXXII, 1075, 11 juill. 1544). Son neveu, Julien, est curé au diocèse de Rennes et son vicaire à Nantes.
71 ADCA, 1 E 187, 667, 943, 944, 945, 953 (fondations par Marie de Beaucaire de messes et chapelles pour Étampes et Martigues, décédés).
72 ADCA, 1 E 943 : Étampes à ses officiers de Guingamp, Étampes, 17 mars [1539].
73 BnR, Aut. 88, no 5 : Étampes à Catherine de Médicis, Nantes, 17-19 juin 1562.
74 BnF, Fr. 20510, fo 133 : Étienne Boucher, évêque de Cornouaille, à Martigues, Quimper, 10 fév. 1565.
75 BnF, Fr. 20510, fo 121 : Pierre Cornulier à Martigues, La Touche, 26 juill. 1565.
76 ADIV, 1 E 18, no 10 : commission d’Étampes à Saint-Eloy, Lamballe, 25 déc. 1555. Saint-Eloy obtient le droit de s’armer avec trois fidèles car les « mauvais garçons » sont présents dans les bois du fief. Il reçoit du roi l’autorisation d’élever une justice patibulaire à Saint-Eloy en mars 1556 (AN, JJ 263/1, fo 134 vo).
77 AN, MC, XXXIII, 36, 28 nov. 1551, Louis Dumontel, fauconnier du duc.
78 Natalie Zemon-Davis, Essai sur le don dans la France du xvie siècle, Paris, Seuil, 2003, 270 p.
79 Marjorie Meiss-Even, « Portrait des Guise en “gentilz veneurs”. La chasse noble au xvie siècle entre symbolique et réalité », Histoire et sociétés rurales, no 38, 2012, p. 85-118.
80 En échange des moulins Au-Comte et de Lesnée en Plestan (ADCA, 1 E 414). Toussaint de Commaille, secrétaire de l’amiral d’Annebault, baron de La Hunaudaye, a acheté Lanjouan en 1548 (ADCA, 1 E 373). En 1561, Étampes l’agrandit de la seigneurie de Saint-Melaine et Lanjouan (Maroué) pour 5 000 lt. achetée sur les héritiers de Comaille (ADCA, 1 E 373 : acte d’Étampes, Lamballe, 18 oct. 1561).
81 ADCA, 1 E 397 : ordonnance d’Étampes, Lamballe, 26 juin 1561.
82 ADCA, 1 E 84, fo 11 : 1557.
83 ADCA, 1 E 616 : réparations et entretien de la maison et du jardin.
84 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Lamballe, 2 déc. 1558.
85 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Orléans, 28 déc. 1560. Mais en 1561, le gentilhomme refuse l’accord proposé par le duc qui lui écrit une missive d’un ton assez franc : « Puys que je voy que vous tenez voz choses si chères que nous ne pouvons nous en accorder, je vous prie si vous ne voullez en prendre jusques à troys mil cinq cens livres qui est ma dernière résolution, m’accomoder des deux pièces de terres qui sont joignant les miennes, lesquelles aussi bien vous avez voulu bailler à Beaulieu, car je croy que vous ne m’estimez pas si peu que vous n’aymez autres de me faire plaisir » (ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Lamballe, 5 nov. 1561).
86 AN, MC, C, 36, 2 janv. 1551 ; MC, C, 38, 10 avr. 1551 ; MC, C, 39, 16 avr. 1551 ; MC, C, 48, 15 mars 1554 ; MC, C, 51, 4 juin 1554. Marjorie Meiss-Even, « “The Guise Italianized?”The role of Italian merchants, intermediaries and experts in ducal consumption in the sixteenth century », in Jessica Munns, Penny Richards et Jonathan Spangler (éd.), Aspiration, Representation and Memory: The Guise in Europe 1506-1688, Ashgate, 2015, p. 47-60 ; Jean-François Dubost, La France italienne, xvie-xviie siècles, Paris, Aubier, 1977, 524 p.
87 BnF, dép. cartes et plans, Rés., Ge. A. 364 : Jean-Baptiste Florentin à Étampes, 8 sept. 1542.
88 AMR, AA 12, mises de 1543 pour l’entrée du duc.
89 Les dessins sont désormais bien connus des historiens bretons : Michel Mauger (dir.), En passant par la Vilaine. De Redon à Rennes en 1543, Rennes, Apogée, 1997, 96 p. Les auteurs suggèrent même qu’Étampes est représenté sur une des images.
90 J.-B. Dey obtient sa naturalité en 1551 (CAH, t. 6, p. 36).
91 AN, MC, C, 36, 8 janv. 1551 ; 37, 8 janv. 1551 ; XXIII, 6, 2 juin 1551 ; C, 36-39.
92 AN, MC, C, 36, 2 janv. 1551 ; 39, 16 avr. 1551.
93 AN, MC, XXIII, 6, 10 avr. 1551. AN, MC, XXIII, 6, 26 mai 1551 ; XXIII, 7, 21 juill. 1551 ; LXXXV, 33, 25 juill. 1551 ; XXIII, 7, 28 sept. 1551. Michon est tour à tour procureur de Octavio Grimaldi, général de Milan (1535), « facteur et entremetteur » d’Emmanuel Ricio, marchand demeurant à Anvers (1540).
94 Chantilly, 1 A 037. Dato prête aussi au vidame de Chartres.
95 AN, MC, C, 40, 19 juill. 1551. Béaquis est un puissant banquier qui prête à la monarchie, en témoigne le remboursement qu’il obtient en 1554 de 38 600 lt. (AN, U 665, fo 385). Il fait don à Étampes des revenus de l’abbaye d’Issoudun en 1547 (AN, Y 92, fo268).
96 AN, Y 96, fo 164, 23 oct. 1550 ; ADIV, 1 Bf 18, 1er mars 1574.
97 AD Pyrénées-Atlantiques, E 204.
98 AD Indre-et-Loire, 3 E 69 : actes entre Étampes, Charles Ménager et son fils Guillaume, contrôleur général des finances d’Outre-Seine et Yonne, 1547-1557.
99 François Habert, Les sermons satiriques du sententieux poète Horace, Paris, Fezandat, Granjon, 1551 ; René Benoist, Traicté des dismes, Paris, Nicolas Chesneau, 1563. Il avait écrit à Rennes et publié à Paris en 1562 une Epistre aux habitans de Nantes en Bretagne, Paris, Nicolas Chesneau, 1562, dédiée à l’évêque Antoine de Créquy.
100 Joan Davies, « The Secretariat of Henri I, Duc de Montmorency, 1563-1614 », The English Historical Review, vol. 115, no 463, septembre 2000, p. 812-842.
101 Il est certain que la présence de parchemineries réputées à Lamballe a facilité le travail des secrétaires du duc. On retrouve les parchemins lamballais jusqu’aux greffes et registres du parlement de Paris (AN, MC, XIX, 147, 9 avril 1536 : un sergent à cheval du châtelet de Paris se rend à Lamballe ; XXXIII, 18, 21 novembre 1541).
102 Toutes les ordonnances du duc d’Étampes que nous avons retrouvées sont des manuscrits sur parchemin. À notre connaissance, la première ordonnance imprimée par un gouverneur de Bretagne date de 1568. Elle est l’œuvre du neveu et successeur d’Étampes, le vicomte de Martigues (AMR, suppl. 1001/2, ordonnance imprimée de Martigues, Rennes, 5 sept. 1568). Une seule autre ordonnance imprimée est connue (AMR, suppl. 1001/3, idem, s. l., 14 janv. 1569). Le but est celui d’une diffusion plus large des décisions prises, mais ce sont ensuite les ducs de Mercœur et de Vendôme qui généraliseront la pratique.
103 Joseph H. Shennan, Government and Society in France, 1461-1661, Londres, George Allen and Unwin, 1969, p. 61.
104 Nicola M. Sutherland, The French Secretaries of State in the Age of Catherine de Medicis, Londres, Athlone Press, 1962, 344 p.
105 Chantilly, L, XVII, fo 111 : don d’Étampes à Montmorency, Lamballe, 10 nov. 1555.
106 André Lapeyre et Rémy Scheurer, Les Notaires et secrétaires du roi sous les règnes de Louis XI, Charles VIII et Louis XII, Paris, Bibliothèque nationale, 1978, 2 t., 320-59 p.
107 C’est le cas pour Guy de Laval ou même Montmorency (Malcolm Walsby, The Counts of Laval…, op. cit., p. 107 ; Thierry Rentet, Anne de Montmorency…, op. cit.).
108 AN, MC, XXXIII, 28, fo118 vo, 9 juin 1543.
109 ADIV, C 2878 : quitt. de Guillaume Fournier, 1557.
110 Sylvie Charton-Le Clech, Chancellerie et culture au xvie siècle (les notaires et secrétaires du roi de 1515 à 1547), Toulouse, PUM, 1993, 352 p.
111 ADLA, B 583, fo 222 ; La Ferrière, t. 10, p. 531.
112 AMSM, BB 5, fo18 : ordonnances d’Henri II et d’Étampes aux bourgeois de Saint-Malo, Paris, 21 mai 1559.
113 Son frère, François de Bruc est auditeur des comptes et procureur des Penthièvre (Antoine Pacault, « Grands seigneurs de cour et gentilshommes provinciaux en Bretagne entre 1550 et 1650 », in Jean Kerhervé (dir.), Noblesses de Bretagne du Moyen Âge à nos jours, Rennes, PUR, 2015, p. 158). En 1553, Le Vavasseur reçoit la solde des gendarmes de son maître (BnF, PO 502 [Brosse], no 61, Les Essarts, 7 oct. 1553). Le duc lui loue une maison à Lamballe (ADCA, 1 E 207, 1557).
114 ADCA, 1 E 1204, Lamballe, 22 juill. 1553 : Beloce mort, Étampes fait une donation de 250 lt. par an à sa veuve au regard du « grand nombre d’enfans » de son secrétaire et rapporte les « bons et aggréables services que feu Maître Jacques Beloce, sieur de Bouves, a faictz tant à feu Monsieur le Conte de Paincthièvre, son père, que à luy en estat de secrétaire et aultrement ».
115 CAF, t. 6, p. 301, Châteaubriant, 22 juin 1532. Abolition obtenue avec René Petit, maître d’hôtel d’Étampes.
116 AMN, BB 6, fo 2 vo.
117 ADIV, C 2874, fo 7 ; ADIV, C 2858.
118 ADCA, 1 E 1223 ; BnF, Clair. 356, fo 266 ; ADIV, C 3736 ; AD Haute-Savoie, 27 J 136 : Antoine de Conflans à Guillaume de Bruc, 1572, 1574. Son frère, François de Bruc, sr de Guilliers, est auditeur des comptes dès 1569 et représente à l’occasion les Penthièvre. Il meurt en 1589 au siège de Vitré dans l’armée de Mercœur.
119 Nicolas Schapira fait le même constat à propos de ces « domestiques de plume de grands personnages, auprès desquels ils assument des tâches de secrétaires, de précepteurs ou d’intendants » (Nicolas Schapira, « Occuper l’office. Les secrétaires du roi comme secrétaires au xviie siècle », Revue d’histoire moderne et contemporaine, no 51-1, 2004/1, p. 43.). Du même auteur, voir le récent Maîtres et secrétaires (xvie-xviiie siècles). L’exercice du pouvoir dans la France d’Ancien Régime, Paris, Albin Michel, 2020, 336 p.
120 BnF, Fr. 22310, fo 126 : quitt. d’Étampes, Orléans, 5 déc. 1560.
121 ADIV, C 2883 ; Charles de Calan, Documents inédits relatifs aux États de Bretagne de 1491 à 1589, t. 15, Rennes, Archives de Bretagne, 1908-1909, p. 171.
122 Son frère, Pierre, lui succède en tant que trésorier et receveur général des finances en Bretagne (1578-1591).
123 ADIV, C 2640.
124 AN, MC, XXXVI, 21, 18 déc. 1566.
125 ADIV, C 2640, C 2883 ; ADLA, B 56 ; AN, MC, LIV, 198, 3 juill. 1578 ; LXXVIII, 126, fo 508, 7 oct. 1582 ; Y 129, fo 411, 16 oct. 1587.
126 AMR, FF 255, 4 oct. 1560.
127 ADIV, C 2860 ; ADLA, B 583, fo 39 vo, 1563.
128 ADLA, B 56, fo 21.
129 AD Essonne, E, supplément 534 ; ADCA, 1 E 1204.
130 ADCA, 1 E 1204.
131 AMR, AA 21, mise, 1563. Don de vins d’hypocras.
132 Chantilly, L, XVII, fo 112 : Pierre Cornulier à Montmorency, Lamballe, 16 nov. 1555.
133 Ernest de Cornulier-Lucinière (éd.), Généalogie de la maison de Cornulier, Nantes, Charpentier, 1863, p. 27-28.
134 Thierry Rentet, Anne de Montmorency…, op. cit.
135 Chantilly, L, XVII, fo 112 : Pierre Cornulier à Montmorency, Lamballe, 16 nov. 1555.
136 BnF, Fr. 18676, fo 62 vo : acte de Charles IX à Étampes, s. l., s. d.
137 Nicolas Le Roux, La faveur du roi. Mignons et courtisans au temps des derniers Valois (vers 1547-vers 1589), Seyssel, Champ Vallon, 2001, 805 p. Pour Robert Harding, une compagnie de gendarmes d’un gouverneur maintient l’équilibre entre la Couronne et les Grands car elle permet une forme de patronage et un retour de loyauté (Robert Harding, Anatomy of a power elite…, op. cit., p. 71-80).
138 Montres à Dol (1547), Lesneven (1554), Saint-Julien-de-Vouvantes (1559), Ancenis (1560 et 1563), Rennes (1561), Châteaubriant (1562). « Estant sadite compagnie ordinairement employée pour notre service auprès de sa personne audit pays de Bretaigne », précise l’acte royal vu plus haut.
139 Ariane Boltanski, Les ducs de Nevers et l’État royal. Genèse d’un compromis (vers 1550-vers 1600), Genève, Droz, 2006, p. 103 ; Denise Turrel, Le blanc de France. La construction des signes identitaires pendant les guerres de Religion (1562-1629), Genève, Droz, 2005, p. 26.
140 Yves-Marie Bercé, « Les conduites de fidélité : des exemples aquitains », in Yves Durand (dir.), Hommage à Roland Mousnier. Clientèles et fidélités en Europe à l’époque moderne, Paris, PUF, 1981, p. 132 ; Michel Nassiet, Parenté, noblesse et États dynastiques, xve-xvie siècles, Paris, Éditions de l’EHESS, 2000, 374 p.
141 BnF, PO 456 (Bourbon-Busset), p. 214, 220 : quitt. de Bourbon-Busset, 14 sept. 1544, 7 mai 1552.
142 AN, MC, XIX, 175, 26 juill. 1548.
143 BnF, PO 466 (Du Bourg), no 14-15 : quitt. de Pierre de Bourg, maréchal des logis, 1548-1562 ; Geoffroy de Chambon, d’abord simple archer, comme Antoine de Chambon, devient homme d’armes puis maréchal des logis en 1563 (BnF, PO 656 [Chambon], no 6 : quitt., 17 fév. 1565).
144 BnR, Aut. 88, no 43 : Étampes à François II, Lamballe, 15 sept. 1560. Un mois plus tard, en soustrayant les malades, Étampes ne compte plus que « dix ou douze hommes d’armes » (ibid., p. 260).
145 BnF, Fr. 20463, fo 155 : Martigues à Guise, Les Essarts, [1548-1553].
146 BnF, NAF 8623, fo 13.
147 Nicolas de Hauteville, L’Histoire…, op. cit., p. 167. François et Louis de Sales prennent Duingt, fief savoyard de Martigues, à ferme (AD Haute-Savoie, 27 J 67, 1563-1564). François est procureur puis maître d’hôtel de Martigues, Louis est son gouverneur pour ses terres savoyardes (id., 27 J 103, 1563).
148 La Ferrière, t. 1, p. 137 : Catherine de Médicis au duc de Savoie, Romorantin, 1er juin 1560.
149 BnF, PO 1926 (Menthon), no 8-11 : quittances de François de Menthon, 28 oct. 1554, 6 juin 1562.
150 BnF, 20510, fo 105 : Claude de Beaucé à Étampes, Fougères, 10 août 1562 ; AM Fougères, CC 4, fo 6 vo.
151 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Lamballe, 16 nov. 1564.
152 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Lamballe, 6 juin 1564.
153 Morice, col. 1391 : provision de Marie de Beaucaire à Jean Loz, Lamballe, 28 déc. 1570.
154 Hugues de Gassion rapporte son engagement auprès des Penthièvre dans ses mémoires (Hugues de Gassion, Brief discours de la vie et mort des princes très illustres et très puissans, Charles et Sébastien de Luxembourg […], Nantes, Nicolas Desmarestz et François Faverye, 1592).
155 ADCA, 1 E 3654 : François du Breuil à Étampes, La Motte, 7 mai 1557.
156 ADCA, 1 E 660, Lamballe, 6 oct. 1559 (8 000 lt.). Souleville, commissaire de l’arrière-ban de Saint-Brieuc, doit aussi de l’argent à Étampes (BnF, Fr. 22310, fo 126 : quitt. d’Étampes à Souleville, Orléans, 5 déc. 1560 [2 000 lt.]).
157 Chantilly, 1 A 37, codicille au testament d’Étampes, Lamballe, 26 janv. 1565.
158 ADLA, B 61 (Du Tertre) ; BnF, Carrés d’Hozier, 306 (Goyon).
159 BnF, PO 1423 (Du Gué), no 2-5, quittances de François du Gué.
160 ADM, E supplément, 687, 25 déc. 1563.
161 Michel Nassiet (éd.), Les lettres de pardon du voyage de Charles IX (1565-1566), Genève/Paris, Droz/Société de l’histoire de France, 2010, p. 28 : Toulouse, fév. 1565.
162 BnF, Fr. 5121, fo 238 vo : testament de Claude de Foix, Les Essarts, 16 mars 1549.
163 AN, Y 94, fo 336 vo. Il est procureur de Martigues en 1548 (AN, MC, XIX, 175, 24 avr. 1548).
164 BnF, Fr. 22331, p. 685.
165 AN, Y 94, fo 336 vo ; CAH, t. 5, p. 260.
166 ADCA, 1 E 3654 : Étampes à Bouillé, Lamballe, 25 déc. 1557.
167 Musée Dobrée, coll. des aut., no 450 : Étampes à Guise, Lamballe, 15 oct. 1560 : « Que mes gens portassent armes, car je scay que je fache à beaucoup de gens et il me fascheroit d’estre atrapé en sot par les chemyns. »
168 BnR, Aut. 88, no 24 : Étampes à Guise, Nantes, 28 oct. 1560.
169 Ambroise Paré, Œuvres complètes, t. 2, op. cit., p. 22.
170 BM Besançon, Granvelle 72, fo 198 : « Le groz nombre desdits prisonniers sont ceulx de Hesdin qui sont trois compaignies des ordonnances de France, celle du sieur de Sedan, le Conte de Villers et le Conte [sic] d’Estampes » ; AD Dordogne, B 3545, p. 576-578 : ordonnance d’Henri II, Paris, 27 sept. 1556 ; BnF, Fr. 6614, fo 23.
171 Un cas dans Michel Nassiet (éd.), Les lettres de pardon…, op. cit., p. 28 : Toulouse, fév. 1565.
172 René de Laigue, « Le livre de raison de Jehan de la Fruglaye, seigneur de la Villaubaust », Bulletin archéologique de l’association bretonne, t. 20, 1901, p. 124. Voir en effet la lettre dans BnF, Carrés d’Hozier, 278, fo 206 : Étampes aux officiers de Rennes, Lesneven, 9 août 1543.
173 ADIV, 1 Bb 807, fo 16 : Étampes à François Calon, [Avranches], 3 sept. 1562.
174 ADLA, B 582, fo 82 : don du roi, Orléans, 18 oct. 1560. En Auvergne, le « capitaine André, enseigne de la compagnie du duc d’Étampes », c’est-à-dire André de Ragouse, reçoit en 1541 des bourgeois de Clermont un courtaud gris pommelé (destrier) pour le récompenser de la bonne tenue de la garnison de la compagnie (AD Puy-de-Dôme, E 113, 2, CC 255). Les villages alentour se cotisaient pour entretenir les gendarmes qui tenaient montre à Clermont (BnF, Fr. 21518, fo 1374, 27 juin 1540).
175 BnR, Aut. 88, no 21 : Étampes à Guise, Vannes, 1er oct. 1560. Dans la même lettre, il protège aussi un de ses hommes d’armes de sa compagnie : « Le sieur de la Chappelle, qui a esté dernièrement cassé d’une place d’homme d’armes de ma compaignye, estant demouré malade à une journée près du lieu où se faisoit la monstre et où il avoit armes et chevaulx, lequel a esté noury paige cheix le feu roy, et a faict beaucoup de service à sa majesté, où comme je pense que vous scavez, il a esté bien fort blécé, ne perde sadite place d’homme d’arme. »
176 ADIV, C 2858 et 2862 : les fourriers/gendarmes Jean Mousset et Gilbert Durant reçoivent 25 lt.
177 Une utile et succincte réflexion dans Ariane Boltanski, « Clientélisme et construction monarchique. La clientèle du duc de Nevers dans la seconde moitié du xvie siècle », Hypothèses, no 2, 1999/1, p. 145-152.
178 Jean Duma, Les Bourbon-Penthièvre (1678-1793). Une nébuleuse aristocratique au xviiie siècle, Paris, PUPS, 1995, 744 p.
179 Arlette Jouanna, La France de la Renaissance, Paris, Perrin, 2009, p. 278. Mark Greengrass y ajoute les idées de distance ou de proximité en évoquant l’image des « cercles concentriques » de serviteurs plus ou moins proches du maître (Mark Greengrass, Governing Passions. Peace and Reform in the French Kingdom, 1576-1585, Oxford, Oxford University Press, 2007, p. 9). Denis Richet évoque quant à lui la « cascade de fidélités qui permettait au régime de survivre » (Denis Richet, La France moderne…, op. cit., p. 80) quand Philippe Hamon parle d’une « pyramide de fidélités de types variés » (Philippe Hamon, « Une monarchie de la Renaissance ? 1515-1559 », art. cité, p. 53).
180 Sharon Kettering, Patrons, Brokers and Clients…, op. cit., p. 40-67.
181 Laurent Bourquin, Noblesse seconde…, op. cit., p. 20.
182 Robert Descimon, « La vénalité des offices et la construction de l’État dans la France moderne. Des problèmes de la représentation symbolique aux problèmes du coût social du pouvoir », in Robert Descimon, Jean-Frédéric Schaub et Bernard Vincent (dir.), Les figures de l’administrateur : institutions, réseaux, pouvoirs en Espagne, en France et au Portugal, xixe-xixe siècle, Paris, Éditions de l’EHESS, 1997, p. 83.
183 Robert Harding, Anatomy of a power elite…, op. cit., p. 46-87.
184 Arlette Jouanna, Le devoir de révolte. La noblesse française et la gestation de l’État moderne, 1559-1661, Paris, Fayard, 1989 ; Sharon Kettering, « Patronage and Politics during the Fronde », French Historical Studies, vol. 14, 1986, p. 409-441.
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