Chapitre II. Un gouverneur de guerre
p. 43-72
Texte intégral
1Commander aux hommes en armes est le premier et le plus conséquent des pouvoirs octroyés au gouverneur de Bretagne, sa lettre de provision indiquant bien qu’il doit être obéi des « cappitaines et gardes des villes, places et forteresses, nobles vassaux et subgectz dudit pays ». Noble d’épée, le métier des armes est sa vocation première et explique qu’il concentre en sa personne une autorité militaire naturelle. Cela, précisément à un moment où l’instrument militaire change profondément – c’est la « révolution militaire » analysée par les historiens britanniques et américains1. Les historiens ont aussi souligné le primat de la guerre dans le processus d’affirmation de l’État dit moderne : « La guerre est le moteur de l’État moderne qui, avant tout, est un État de guerre », rappelle à juste titre le médiéviste Jean-Philippe Genêt2. Or, en France, cet État de guerre structurel – et structuré –, loin d’être immuable, a subi bien des modifications et des remodelages, notamment pendant les guerres de Religion où s’est dessinée une nouvelle territorialisation des pouvoirs armés3. À la faveur des années 1560 donc, le gouverneur de guerre opérant dans un État de guerre s’est-il mué en gouverneur guerrier ? Pour répondre à ce questionnement, il convient d’analyser le jeu des pouvoirs militaires bretons, puis, l’effort porté par le duc d’Étampes sur les institutions militaires provinciales dont il dispose. Enfin, sa campagne en Basse-Normandie, menée en 1562, sert d’exemple concret en vue de mesurer l’étendue du pouvoir territorial et militaire d’un gouverneur de province à l’aube des guerres de Religion.
Les lieutenants généraux : de fidèles bras droits
2Pour gouverner un aussi large espace qu’une province, un gouverneur peut compter sur un ou plusieurs lieutenants généraux qui le secondent en son absence. Nommés par le roi, qu’ils ont déjà servi dans sa domesticité, ils sont issus de la noblesse d’épée et sont forts de belles assises locales. Or, Étampes arrive en Bretagne sans lieutenant général pour l’accueillir. Son premier lieutenant est donc nommé en février 1545 : il s’agit de François de Rohan, sr de Gyé, gentilhomme de la chambre, petit-fils du maréchal de Gyé, d’une branche cadette du prestigieux lignage breton des Rohan4. Gyé est lui aussi un proche de Montmorency et du Dauphin qui rédige en son seul nom sa lettre de provision pour une charge déjà occupée par son grand-père, le maréchal de Gyé. Apprécié d’Henri II, il est envoyé ambassadeur à Rome en 1547-1548 – il avait déjà été envoyé auprès du pape en 1539-1540 et en 1544 – puis en Angleterre à la suite de la mort d’Édouard VI, en 1553. Ces ambassades, même si elles se révèlent assez brèves, plaident pour la création d’un second lieutenant. En 1548, Étampes se voit ainsi adjoindre Claude du Chastel, héritier d’une puissante famille de Basse-Bretagne et déjà capitaine de l’arrière-ban du Léon. Tout comme Gyé et Étampes, il a été gentilhomme de la chambre avant d’accéder à la charge5. « Lieutenant du roi au gouvernement de Bretagne » en l’absence d’Étampes et de Gyé, afin de respecter une claire hiérarchie, il semble qu’il soit aussi limité à un territoire bien précis : la Basse-Bretagne. Ses actions sont autant de relais des ordres d’Étampes, très peu présent en personne dans cette partie de son gouvernement. Or, du Chastel meurt en 1556 et Gyé en 1559. En 1560, Étampes obtient donc deux nouveaux lieutenants. Le premier est son propre neveu, Martigues. Cette pratique est loin d’être rare : il s’agit d’associer l’héritier destiné à lui succéder au gouvernement le moment venu et cette première expérience de lieutenance légitimera une future nomination. En 1562, trois ans avant sa mort, Étampes réussit ainsi à obtenir de la monarchie la survivance de sa charge pour son neveu6. Cela révèle aussi une certaine vision du gouvernement de province perçu comme un bien patrimonial à conserver dans une maison. Quant au second lieutenant, celui « en l’absence » de Martigues, il s’agit d’un capitaine issu d’une branche cadette de la famille de Bueil, comtes de Sancerre. Originaire de Touraine et d’Anjou, Georges de Bueil, sr de Fontaines puis de Bouillé, s’est peu à peu bien placé dans le jeu des pouvoirs en Bretagne. Devenu échanson ordinaire du roi puis gentilhomme de la chambre, il devient en 1539, à l’âge de 23 ans, lieutenant de Montmorency à Saint-Malo, puis, accède en 1555 à la vice-amirauté de Bretagne7. Dans les années 1540, il est déjà un efficace lieutenant pour les évêchés de Saint-Malo, Dol et Saint-Brieuc, et Étampes peut l’en féliciter : « Vous aiant tousjours trouvé affectionné au service dudit seigneur8 », lui dit-il. Son alliance avec une riche héritière bretonne conforte un enracinement local voulu et pensé comme une stratégie de gouvernement. En 1560, il prend position sur une affaire politique près de Vannes, car, dit-il : « J’ay plus de congnoissance du dommaige qui se feroit au roy et au pays, par ce que la pluspart de mes maisons sont touttes là9. » L’année suivante, Étampes estime qu’« il congnoist encores mieulx la facon de vivre de ce pais que ne peult monsieur de Martigues », c’est-à-dire son propre neveu10. Longtemps resté en poste et remarqué pour son bon gouvernement de Saint-Malo, il meurt en 1578 après avoir réussi, lui aussi, à transmettre l’ensemble de ses charges bretonnes à son neveu. En définitive, ces quatre individus qui se succèdent ou se côtoient sont tous des hommes issus du cru local, de confiance et qui dédoublent efficacement l’action du gouverneur qui a d’ailleurs pu les recommander au roi, voire les choisir pour lui, car les postes de lieutenants généraux suscitent bien des convoitises à la cour11. Encore lointains sont les lieutenants généraux envoyés dans une province pour contrebalancer l’influence d’un gouverneur turbulent, comme ce sera ensuite parfois le cas sous Henri III. À une échelle plus modeste, les capitaines de places fortes quadrillent le territoire et apparaissent comme d’efficaces et précieux subordonnés.
Le premier des capitaines de la province
3Les capitaines de villes, places fortes et châteaux sont autant de représentants locaux du pouvoir et de l’autorité royales qui maillent la province. Nommés par le roi, ils doivent obéissance à leur gouverneur, qui peut d’ailleurs recommander ses propres soutiens et candidats, et, en tant qu’officier royal, recevoir leurs serments de fidélité à la Couronne12. Les quatre grandes places royales et maritimes, Brest, Concarneau, Nantes et Saint-Malo, sont les plus prisées car elles offrent des gages importants et le commandement sur des mortes-payes, troupes permanentes de l’ordinaire. C’est pourquoi elles sont monopolisées par les grands favoris du Prince, à l’image de Montmorency qui détient Nantes et Saint-Malo. Étampes gouverne donc essentiellement avec leurs lieutenants : René de Sanzay à Nantes, les Carné à Brest, Bouillé à Saint-Malo, les Kerouan à Concarneau. Peu à peu, se tissent liens et relations qui rendent plus concret le pouvoir exercé sur ces individus.
4Tous sont issus de la bonne noblesse d’épée bretonne ou de familles solidement installées en Bretagne et déploient d’ailleurs toute leur énergie pour transmettre leur charge à un héritier ou à un proche. En 1553, Jérôme de Carné, obtient du roi la capitainerie brestoise de son père et devance ainsi le sieur de Gyé qui souhaitait y placer un fidèle13. En l’absence de fils, frères, oncles et neveux sont souvent associés aux charges. En 1552, au décès du sr de Kerouan, capitaine de Concarneau, le roi offre sa place à son frère, à charge pour Étampes de « le mectre dedans ladicte place […] espérant qu’il aquictera si bien de ladicte charge que j’en auray le mesme contantement que j’ay eu de sondict frère14 ». Même stratégie à Belle-Île, où le capitaine André de Sourdeval fait de son frère cadet, Guillaume, son lieutenant et successeur. En 1558, il jure à Étampes : « J’ay laissé mon frère dans l’ille, je m’aseure qu’il faira son debvoyr pour sy peu de temps que je seré à aller devers vous15. » À Rennes, le capitaine Boisorcant choisit son neveu pour lieutenant16. À Saint-Malo, le capitaine Bouillé, qui a été fait lieutenant général en 1560 et ne peut donc plus être aussi assidu, fait de même avec l’oncle de son épouse, Jacques de Launay, sr de Talvert (Talvern), et assure à Étampes que ce dernier « ne faudra à faire du jour la nuict et d’y estre soigneux17 ». Cette parenté est assurément un gage pour le duc qui peut envoyer son lieutenant en mission à Vannes car, dit-il au roi : « Il y a ung oncle de sa femme à Sainct-Malo à qui il m’a dict avoir grant seuretté18. » Plus tard, Bouillé fera lui succéder en toutes ses charges son neveu, Honorat de Bueil, sr de Fontaines. Le Malouin Nicolas Frotet dira de lui à propos de son gouvernement de Saint-Malo qu’il craignait « que quelque grand seigneur n’eust affecté ce gouvernement, ou l’eust empesché d’en disposer en le remettant entre les mains du roy en faveur de quelqu’un de ses parens ; en un mot il en estoit jaloux comme d’une maistresse19 ». Ainsi, les Bueil (Saint-Malo), les Carné (Brest), les Forsans (Dinan), les Kerouan (Concarneau), les Montigny (Suscinio), les Sourdeval (Belle-Île), les Nevet (Quimper) ou encore les Robien (Le Croisic), s’efforcent de se transmettre leurs charges grâce au système de la survivance. En réalité, il faut bien souvent attendre un décès sans héritier pour voir s’opérer un remplacement comme à Belle-Île, en 1557, lorsque Sourdeval peut briguer la capitainerie du feu sieur de Saint-Laurent. Remplacement qui s’opère non sans difficultés puisqu’au moment de quitter l’île, la veuve de Saint-Laurent tente d’emporter les armes de la place, les estimant propriété familiale20.
5À l’échelle locale, ces individus apparaissent comme de puissants soutiens, capables d’encadrer un territoire et de servir de relais à la monarchie à une échelle plus restreinte que celle du gouverneur. Dès lors, Étampes apparaît au sommet de la pyramide provinciale, comme le premier des capitaines de la province. Lorsqu’en pleine guerre civile, le duc de Montpensier, gouverneur de l’Anjou, Maine et Touraine, lui demande des renforts d’artillerie, il répond que les capitaines des places bretonnes ne pourront prendre la moindre décision sans lui car : « Il y a une infinité de déffences qui prohibent aux cappitaines de ne les bailler et sont obligez d’en respondre21. » Et il faut en effet une missive d’Étampes pour tirer la moindre once de poudre des places fortes bretonnes, soulignant là un fort pouvoir vertical qui s’opère sur ses subordonnés, qui n’hésitent pas à faire appel à lui en cas de situation délicate22. En 1561, René de Sanzay, capitaine de Nantes, lui écrit à propos des bourgeois de sa place : « Je ne suis le plus fort […], c’est à vous, Monseigneur, leur commander et à moi. Je vous supplie très humblement leur escripre qu’ils facent ce qu’ils doivent faire23. » Avec le début des guerres de Religion, Étampes note lui aussi cette constante : on désobéit plus facilement à un capitaine qu’à lui-même. En 1560, il écrit déjà dans un mémoire au roi :
« Tant que oultre ce qu’il est ordinaire et de coustume que les gouverneurs et capitaines soient obeyz en leurs charges à ce que en ce temps si maulvays ne advienne inconvénient et que ceulx qui sont responsables des places fortes y soient obeyz24. »
6Plus loin, il exhorte le roi à ce que Sanzay soit bien obéi au fait de la « police » de sa ville. Ce soutien inconditionnel d’Étampes pour ses subordonnés explique en partie que Sanzay, Carné, Bouillé, Kerouan ou Sourdeval, au contraire des favoris, se distinguent par une ferme volonté d’être présents. En 1553, alors que la peste règne à Nantes et qu’il pourrait se retirer en son château de Sanzay, entre Cholet et Thouars, René de Sanzay affirme son dévouement à Étampes tout en se montrant sévère à propos des gens de justice :
« La contagion continue toujours ici et pense qu’elle augmentera toujours parce que ceux de la justice n’y policent aucune chose. Il a été fait par nous de belles ordonnances mais mal exécutées par ceux qui le devraient faire qui se excusent qu’ils ne voudraient approcher de ladite contagion. Quant à ma part je ne bouge et ne bougerai d’ici et trouverez par expérience que toujours ferai mon devoir combien que sois mal reconnu25. »
7Cette exigence d’assiduité s’accroit considérablement lors des troubles religieux. En 1562, André de Sourdeval, originaire de Basse-Normandie, refuse ainsi le commandement de la place de Vire à Jacques de Matignon, lieutenant général en Basse-Normandie, car, se justifie-t-il : « J’ay une place en Bretaigne [Belle-Île]. S’yl y arivoit fortune, je en pouroys tomber en inconvénient26. » Plus tard, Étampes dénonce l’absentéisme du capitaine des 100 soldats de Brest et reçoit l’autorisation de le renvoyer, et de transmettre sa charge à qui il voudra, pourquoi pas à Jérôme de Carné lui-même, capitaine de la ville, « qui en sera d’aultant plus soigneux27 ». Cette commode solution présente l’avantage de récompenser un dévoué et assidu subordonné28. Mais qu’en est-il dans le cas inverse, lorsqu’il devient nécessaire de destituer un titulaire peu estimé et/ou dangereux pour l’ordre public ?
De la difficulté d’écarter un capitaine
8Le commandement d’une place forte est confié par le roi. En théorie donc, seul le monarque peut destituer un capitaine, encore que cela reste bien souvent une expérience conflictuelle. Cependant, lors des premiers troubles religieux, un sérieux dilemme s’est posé aux gouverneurs de province : qu’en est-il des capitaines touchés par la Réforme ? Une des grandes craintes des gouvernants est que ces « suspects de Religion » livrent les clefs de leurs villes à leurs coreligionnaires sans livrer combat. Assez rapidement, Étampes s’inquiète donc de la confession des capitaines des villes. Dans un mémoire au roi daté de 1560, il admet qu’il
« n’a voulu ny ose, jusques à mandemant exprès, oster à leurs charges aulcungs capitaines et lieutenans huguenotz, lesquelz sont dedans des places fortes de Bretagne, mais en actendant le vouloir du roy, y a envoyé gens pour se prandre garde de leurs entreprises29 ».
9La monarchie, ne désirant laisser en leurs charge des suspects, il obtient la permission de les destituer30. Deux ans plus tard, il propose, pour s’assurer de la fidélité de chacun, la tenue de serments en sa présence : « Il seroit bon que tous ayans charges de places ou de gens de guerre feissent protestation de leur foy en la présence du gouverneur » rapporte un de ses mémoires31. En 1563, il note encore, non sans inquiétudes, que « le lieutenant du cappitaine du chastel dudict Conq [Concarneau] et deux mortespayes » sont devenus huguenots32. En 1577, la ville sera d’ailleurs surprise par les protestants grâce à leurs intelligences avec le lieutenant huguenot.
10Étampes s’inquiète aussi du problème des capitaines absentéistes, qui laissaient le champ libre aux huguenots. Au Croisic, le vieux capitaine Jacques de Robien assure son service entre l’hôtel de ville et son manoir de Bodel33. Au début des années 1560, la population protestante est devenue telle qu’il n’est plus possible de laisser la ville sans la présence assidue d’un subordonné. Dès 1562, Étampes choisit ainsi d’y commettre un protégé, André de Sourdeval. Ce vétéran des guerres d’Italie devenu capitaine de la proche Belle-Île avait déjà à sa charge les petites îles de Houat et Hoëdic dont il était seigneur. « J’ay ung grand pais à garder », disait-il à Étampes en 155834. En 1562, lui confier Le Croisic et Batz est donc pour Étampes un moyen d’étendre les vastes pouvoirs d’un homme de confiance sur le littoral sud. Officiellement, le gentilhomme porte le titre de « lieutenant de monseigneur le duc d’Estampes en la ville de Croisic et port de Bas35 ». Or, le capitaine Robien ne saisit pas le sens d’une telle initiative et Étampes doit le rassurer et expliquer son intention :
« Quant à ce que m’escriviez pour ce que j’ay mis Monsieur de Sourdeval au Croisic, il me semble que vous ne vous en devez fascher, car je n’ay faict cela que pour le service du Roy et empescher que aucuns de ces séditieux et rebelles qui portent les armes contre sa majesté n’y eussent faict quelque désordre36. »
11Quelque temps plus tard, le lieutenant de Sourdeval explique à Robien toute la teneur d’un conflit de pouvoir à l’échelle de la capitainerie tout en essayant d’apaiser les tensions :
« Monsieur mon capitaine, j’ai veuee les lettres que m’avez escriptes par ce gentilhomme par lesquelles vous m’esripvés que trouvés estranges que j’ai prins mon logis en ce chasteau ce qui me samble que ne debvés faire, entendu que je me suis gouverné suivant l’intencion de Monseigneur le gouverneur, qui m’a escript une lettre, que j’eusse incontinent sa lettre veue à me mectre dedens ledict chasteau et me saisir des munitions et armes qui y sont et là où je ne poulrai demeurer tousjours, que je y laisse homme sûr de quoi je lui puisse respondre, et non suspect de la religion, veu que vous n’i residée poinct, et si vous y vouliés resider que vous me bailliés respondant desdictes armes et munitions que je i aurois trouvées ensamble de la place, vous asseurant que ce n’est pas pour i estre bien accomodé que je m’i suis logié car je trouverois assée de logis en ceste ville plus commode que cestui ci, et quand il vous plaira venir vous y serés le très bien venu37. »
12Le lieutenant assure le capitaine de « l’amitié de Monseigneur de Sourdeval qui ne vouldroit rien entreprendre sur votre charge ni vous faire tort, tant s’en fault qu’il se voulsise faire, à ce que je lui ai oui dire, il voudroit bien que le Roi et Monseigneur le gouverneur l’eussent emploié ailleurs ». Quand bien même Robien fait preuve d’absentéisme, l’affront d’honneur est fait. Un an plus tard, Sourdeval essaye tant bien que mal de tenir Le Croisic en ordre. Dans son rapport à Étampes, il se plaint que ses soldats sont « outragés » par la population calviniste mais aussi que « Monsieur de Robien a escrit une lettre par laquelle il les asseuroit que je ne demeurerois plus en cedit lieu que ung mois38 ». Le conflit avec Robien s’éternise car le procédé de contournement lui déplait fortement, lui qui n’est pas un homme fait par Étampes mais qui a reçu sa charge par survivance de son père. Or, le danger de surprise de la ville est beaucoup trop important pour penser à ménager son honneur.
13Ce cas est loin d’être isolé. À Dinan, lorsqu’il suspecte de calvinisme le capitaine de la ville, Jacques de Forsans, sr de Gardisseul, le fils d’un vétéran des guerres d’Italie, Étampes fait face à un dilemme : il ne peut remplacer ce capitaine réputé proche des Albret-Navarre et opte plutôt pour une forme de bricolage institutionnel. En mai 1562, il institue Jean de Rieux-Châteauneuf comme « lieutenant du Roy » à Dinan, accompagné de troupes de l’arrière-ban. Tout comme Robien au Croisic, Gardisseul accueille extrêmement mal cette mesure. Cependant soucieux de rester fidèle au roi, celui qui sera ensuite un fidèle d’Henri de Navarre, opte pour une attitude de soumission tout en proposant sa démission si le duc reste insatisfait de lui. C’est un modèle de lettre d’obéissance teintée de fierté qu’il lui adresse :
« Monseigneur, voyant que maintenant le service du Roy se présentoit, je me suis retiré à Dinan pour faire le deu de ma charge, où j’ai trouvé Monseigneur de Rieux avec bonne compagnie, auquel me suis offert, tant pour l’authorité qu’il a de vous, que en son particulier, à lui faire très humblement service, mesmes à lui porter les clefs de cette ville tous les soirs, comme Lieutenant de Roy par vous ordonné en cettedite ville. Et d’aultant qu’il a pleu au Roi m’en donner la charge, et que j’en suis responsable, je l’ai supplié, à faulte qu’il n’eust agréable le service que lui présentois, mesmes que je n’ai esté employé en aucune chose de ma charge, qu’il lui eust pleu m’en descharger soubz son seing ou de son secrétaire, d’aultant qu’il ne m’est jamais apparu que mon Prince, ne vous, Monseigneur, ait eu à suspect mon service, sur tout qu’il vous plaise, Monseigneur, me commander vostre volunté, affin d’obéir entièrement à vos commandemens et ordonnances, aussi à ce que plusieurs n’aient opinion que j’ais fait chose qui ne convienne au service du Roy ne au vostre39. »
14Comment justifier la création d’un lieutenant du roi à Dinan ? En réalité, ce titre imaginé par Étampes place Rieux au-dessus du capitaine puisqu’il n’est pas son lieutenant mais directement celui du souverain, un peu à la manière d’un lieutenant général. Cependant, Rieux est institué par le gouverneur et apparaît davantage comme son lieutenant particulier. Il s’agit bien d’une mission d’exception en période troublée. Rieux est issu d’une grande famille bretonne qui s’est distinguée dans le service du roi et il s’agit alors de capter son autorité de seigneur de Châteauneuf, seigneurie proche de la ville. Ancien évêque de Saint-Brieuc, c’est son autorité et sa richesse mises au service du roi qu’Étampes compte utiliser pour maintenir l’ordre à Dinan. À Catherine de Médicis, il justifie son envoi dans la ville par des arguments financiers : « Monsieur de Chasteauneuf, qui s’est mys à ma requeste dans la ville de Dynan, où il sera myeux auctorizé et obey et fera plus volontiers la despence qu’il fault qu’il y face40. » Ainsi, Rieux-Châteauneuf investira de ses deniers pour une telle charge – dépense que ne pouvait peut-être pas assumer le plus modeste sieur de Gardisseul. Il est aussi cousin germain du gouverneur et cet élément de fidélité familiale joue. Au reste, Étampes n’ose pas avouer qu’il a un temps douté de la fidélité du capitaine de Dinan qui vient de protester qu’il était fidèle au roi, bien que sensible à la Réforme. Cinq jours plus tard, il répond qu’il désire qu’il conserve sa charge dans la ville tout en obéissant à Rieux :
« Monsieur de Gardisseul, j’ay receu la lettre que m’avez escripte et me semble que vous ny autres ne debvez trouver estrange à voir la saison où nous sommes. J’ay pryé et fait aller Monsieur de Chasteauneuf en votre ville de Dinan pour pourvoir et contenir toutes choses en la seureté et repos de ceux de ladite ville qu’ils peuvent désirer à l’auctorité et obéissance du Roy, où estant, Mondit sieur de Chasteauneuf, personnage de telle qualité que vous le congnoissez, ayant ses biens auprès de vous, je m’asseure qu’il n’ordonnera là chose qui ne concerne le service de sa majesté et la transquilité d’un chacun en quoy pour les inconvéniens qu’on verroit advenir ordinairement en plusieurs endroits, je ne suis pas d’advis de vous conseiller en amy que vous donnerés la moindre occasion de suspercherie que vous pourez, vous contenant avec les ungs et les autres, especiallement avec ledit sieur de Chasteauneuf, le plus modestement que vous pourés au devoir de votre charge41. »
15L’attitude de soumission du capitaine évite donc que le conflit ne prenne plus d’ampleur. Pourtant, un mois plus tard, Étampes envoie à Dinan le lieutenant de Rieux, le sr de Pontbriand, qu’il a quelque temps auparavant nommé capitaine des gentilshommes de Saint-Malo, mobilisant ce faisant la noblesse locale pour la défense de la ville42. Et le 1er juin, Rieux passe en revue les gentilshommes de Pontbriand à Dinan43. Cette démonstration d’autorité poussera Forsans à rejoindre officiellement les rangs huguenots. À coup sûr, l’épisode est révélateur des tensions à l’œuvre au début des années 1560 – qu’Étampes nomme « la saison où nous sommes » – qui se cristallisent autour des figures des capitaines des villes. Au début des années 1560, les attitudes de « dissimulation », de « tromperie » ou comme ici de « supercherie » sur les opinions de chacun sont sans cesse dénoncées et cela vaut surtout pour ceux qui détiennent un véritable pouvoir local et qui prennent peu à peu conscience des volontés du pouvoir royal de sonder leur foi. À Quimper vers 1560, lorsque René de Nevet succède à son père Jacques, passé en fin de vie à la Réforme, il abjure aussitôt la nouvelle religion. Acte qui peut être sincère mais qui permet surtout à l’intéressé d’hériter sans heurts de la ville. Bien des conflits de juridiction éclatent ainsi dans le royaume autour de ces parcelles de pouvoir car un remplacement ou une mise sous tutelle sont très souvent vécus comme des affronts à la dignité du capitaine. Étampes en est bien conscient. À Nantes, en 1560, il commissionne René d’Avaugour, sr de Kergrois, pour rétablir le dialogue entre huguenots et catholiques et précise bien au duc de Guise :
« Et quant à Nantes, comme je vous ay cy-devant mandé, j’avois laissé commission à monsieur de Cargrois pour assembler quelques gens, si par la justice il estoit requis de la force, mais il ne seroit pas pour commander, où il y a ung cappitaine44. »
16Dès lors, il s’agit de ne pas froisser le capitaine Sanzay, bien acquis à la cause catholique. Toutefois, alors qu’imposer des hommes de confiance aux places déjà pourvues par le roi reste toujours une expérience difficile, le duc dispose d’une plus grande marge de manœuvre pour les places privées, celles qui appartiennent à de grands seigneurs et qui sont loin d’être dépourvues d’intérêt stratégique.
Un pouvoir accru sur les places privées
17Étampes s’inquiète très tôt des châteaux des seigneurs protestants. Dès 1560, il propose
« que si les ministres ou aultres sédicieulx et rebelles se retirent aux chasteaulx et maisons fortes des seigneurs et gentilzhommes, plaira au Roy mander à mondict sieur le Duc s’il luy plaira qu’ilz y soient assaillys et pris par force jusques à y mener le canon, après toutesfois les en avoir gracieusement advertiz »,
solution validée par le roi45. Pourtant, la diplomatie emboîte souvent le pas à l’exercice de la force.
18L’exemple du lignage des comtes de Laval, passé à la Réforme au milieu du xvie siècle, est éclairant. Les Laval possèdent Vitré, gardé par un imposant château aux marches de la province, et Comper et Montfort, aux portes de Rennes. Destituer le capitaine de Vitré s’apparenterait quasiment à une ingérence dans les affaires de famille tant cette capitainerie est véritablement perçue comme une propriété familiale46. Dans cette perspective, Étampes fait d’abord le choix très rationnel de nommer un capitaine de confiance tout en étant serviteur du lignage et met ainsi en avant une certaine forme de compromis. Dès le début des troubles, il y envoie Jean, sr d’Espinay, fils de Guy, capitaine de l’arrière-ban de Rennes. En 1561, il l’avait déjà envoyé à Vitré pour faire appliquer de sévères mesures contre les huguenots, leur interdisant les prêches et les privant d’armes47. L’année suivante, l’assemblée des habitants de Vitré déclare avoir pris connaissance
« des lettres du duc d’Estampes, gouverneur et lieutenant général pour le Roy en Bretagne, [en vertu desquelles] le sire d’Espinay, accompagné de plusieurs de ses amis, s’est transporté en ladite ville pour prendre garde qu’elle ne feust prise et qu’aucun n’eust à s’y faire maître, et ce seroit fait donner les clefs des portes de la ville48 ».
19Les protestants de la ville se présentent à l’assemblée et assurent alors que « le roy serait obéi, ainsi que le sieur d’Espinay ». Quelque temps plus tard, le comte de Laval, en conflit avec son épouse, restée maîtresse de Vitré et passée à la Réforme, contrairement à lui, peut écrire une missive au gentilhomme qui avalise la décision du gouverneur :
« J’ay receu vostre lettre et entendu par icelle que par le commandement de Monsieur d’Estampes, gouverneur du pays de Bretaigne, vous vouz estes amparé de ma ville de Vitré à cette fin qu’il ne si feist aulcune entreprinse par ceux de la novelle religion et que depuis quelques temps avez entendu que Laval a fally d’estre prins, qui a esté cause que vous vous estez logé en mon chasteau dudit Vitré à cette fin de vous tenir sur vous gardes avec meleure commodité49. »
20Ce n’est qu’un peu plus tard qu’Étampes durcit son attitude à l’encontre des Laval. Parti pour sa campagne de Normandie, il laisse à Vitré un de ses gendarmes voisin de la ville : François du Gué, sr de Méjusseaume. Ce dernier porte le titre de « lieutenant pour le Roy en ceste ville et chasteau de Vitré, commins de par Monseigneur le duc d’Estampes », c’est-à-dire le même titre que Rieux à Dinan ou Sourdeval au Croisic50. Le risque est trop grand pour cette place forte de frontière provinciale. À Montfort, il nomme encore un gentilhomme voisin, Guillaume de Monterfil, issu d’une famille qu’il emploie souvent51. En temps de troubles, il n’hésite désormais plus à nommer des capitaines de confiance, dût-il froisser un lignage cousin. La sécurité de la province passe désormais avant l’honneur nobiliaire. Paradoxalement, ces places n’appartenant pas au roi, le duc peut y nommer qui bon lui semble, et user de ces postes comme moyen de récompenser ses propres fidèles.
21Premier capitaine de la province, Étampes n’en est pas moins un Grand issu de la haute noblesse d’épée. Duc et chevalier – il porte en lui le prestige d’être un chevalier de l’ordre de Saint-Michel –, c’est à la tête de toute la noblesse en armes qu’il se place. Pour défendre sa province, il n’est donc pas rare qu’il fasse appel aux formes de mobilisation locales, ponctuelles et dues au roi.
Le gouverneur-chevalier : lever l’arrière-ban
22De par son rang des plus élevés, le duc d’Étampes est un chef naturel de la noblesse. En effet, sa haute dignité dans le paysage féodal breton fait qu’il est d’autant plus respecté par les membres du second ordre, dont les valeurs communes font la cohérence52. Pour le roi, cette aura politique locale n’est assurément pas à négliger car elle permet de mobiliser et fédérer les troupes de sang bleu à son service.
23Le cadre légal d’une telle mobilisation nobiliaire réside dans le service du ban et de l’arrière-ban qui contraint chaque propriétaire de fief noble – donc aussi des roturiers – à servir en armes dans la province trois mois l’an si nécessaire. Il s’agit là du très symbolique « impôt du sang » de la noblesse dû au monarque et dont les gouverneurs sont les maîtres53. Étampes peut en effet nommer les cadres diocésains du service, capitaines et commissaires. Ces postes, remplis de prestige local, récompensent quasiment toujours un noble du cru, de même que ceux de commissaires, qui offrent des missions de contrôle mais aussi de commandement54. Certaines familles locales monopolisent les charges, tels les du Chastel en Léon ou les Acigné en Trégor. Ainsi, dès 1543, le duc nomme à l’évêché de Tréguier le fils de l’ancien capitaine et confirme par ce moyen un lignage tout en indiquant une faveur personnelle55. Mais s’il s’agit d’une commode occasion de placer et récompenser des individus estimés, il faut pourtant attendre un « trespas » pour procéder à un remplacement, comme c’est le cas en 1562 lorsqu’il nomme un ancien gendarme de sa compagnie d’ordonnance capitaine de l’arrière-ban de Saint-Malo56.
24Plus généralement, le gouverneur organise l’ensemble du service : il décide des modalités de rassemblement, des dates de levée, des lieux de garnison et de montres ou bien même encore de la nature des armes portées. « Vous scavé que l’arbalestre n’est pas de grand service à cheval », rappelle-t-il au capitaine des feudataires de Vannes57. Le ravitaillement des troupes est aussi de mise. En 1543, à Carhaix, alors qu’il a mobilisé l’arrière-ban face aux Anglais, il commissionne Léonard du Plessis, ancien gendarme et maréchal des logis de l’hôtel du gouverneur Guy de Laval, c’est-à-dire un individu déjà en charge des approvisionnements, en une sorte de commissaire aux vivres. Du Plessis doit trouver un « pris raisonnable » auprès de « plusieurs marchans et hosteliers [qui] ont enchéry les vivres » pour les gentilshommes en armes, à savoir des blés, farines, vins, viandes de bœufs, moutons, veaux, lards, foins et avoines58. Si l’arrière-ban est un service dû, il est loin d’être gratuit.
25Étampes est également demandeur des rôles de montres qu’il peut inspecter quand il ne les signe pas lui-même59. L’enjeu est bien de contrôler l’assiduité au service. Pour contraindre, le registre autoritaire est régulièrement mobilisé. En 1558, il donne ainsi ordre aux officiers de Dinan de « saisir son bien » à tout sujet au service « qui soit en sa maison » et non aux montres60. À l’inverse, il peut exempter de service un individu ou une communauté. Dès 1545, il en exempte ainsi le personnel de la chancellerie de Bretagne61. Plus tard, il fait de même pour les bourgeois de Rennes, déjà sujets au guet de la ville62. Pour autant, il obéit vraisemblablement à des directives royales qui le placent dans une situation délicate, car faisant considérablement baisser les effectifs. Ainsi, en 1557, alors qu’il tient la montre de l’évêché de Saint-Brieuc, il déplore à propos du comte de Vertus et Goëlo qu’il
« ne veult point comparroir à ladite monstre. Il dit qu’il n’y servira poingt parce que est exempté. Il envoira voluntiers à la court pour avoir ladite exemption. Sy cela est si qu’ilz en baillent ainsy à tous, nous demeurerons seulz et fauldra que le Roy m’en envoyt d’autres pour la garde du pais63 ».
26S’ajoutent de nombreuses critiques à l’encontre même du service. En 1558, Bouillé, se montre particulièrement sévère : « Ce sont gens si peu aguerris que je ne pense point au besoing en estre mieul, que pour manger mes vivres et boire mon eaue64 », dit-il. Il est vrai que tous les gentilshommes ne sont pas des mieux équipés : les plus modestes, ces petits « gentilshommes à lièvre » comme on dit alors, sont souvent privés de monture et se présentent avec une simple pique65. Ce problème est tel qu’en 1557, une ordonnance royale, vraisemblablement inspirée par le duc au Conseil du roi, tente de réglementer le service en armes66. Ce règlement est pourtant loin de faire l’unanimité et Étampes reçoit plusieurs plaintes à ce sujet67. En effet, pour beaucoup, le service est de plus en plus synonyme de contrainte et, dès 1558 et la multiplication des descentes ennemies en Bretagne, Étampes déplore la situation de
« la noblesse qu’il n’y a plus moien de retenir, encores que plusieurs ayent bonne volonté, mais ilz n’ont plus de moien de soubstenir la despence et tout ce qui nous est plus nécessaire pour aller promptement aux lieux ou l’ennemy fait descente68 ».
27En 1561, il évoque encore ce problème et écrit à la reine que, vu la faiblesse de la gendarmerie en Bretagne :
« Il m’est nécessaire de recourir aux gentilzhommes, lesquelz je y ay desja si souvent emploiez qu’ilz ne veullent plus continuer sans les déffraier, qui n’est pas (comme vous pourrez penser madame) à petite despence69. »
28Passé le temps de service des trois mois annuels, il est contraint de rémunérer ses troupes s’il veut les conserver, ce qui ne manque pas de l’inquiéter, témoignant : « Je ne veux trop donner peine et despance sans grand besoing70. »
29À cet épineux problème d’inexpérience et de pauvreté de certains feudataires s’ajoute la diffusion de la Réforme protestante dans leurs rangs. Est-il concevable de continuer à convoquer un service divisé par les confessions ? En 1560, le duc se plaint au duc de Guise de la trop grande fréquence de convocation des feudataires :
« Il est vray, Monsieur, que jusques à ceste heure, quant je les ay mandez, il c’est toujours rendu assez bon nombre de gentilzhommes, mais c’est si souvent que cela ne peult pas tousjours recommancer. Et encores ne me vouldrois-je asseurer, si c’estoit pour le faict de la Religion, d’estre bien obéy de tous71. »
30L’année suivante, il rapporte encore au roi que « de s’aider de ceulx du pais les ungs contre les aultres, se seroit à livrer le feu à la division qui est assez grande72 ». Bouillé rapporte même les paroles de certains qui « disent que quand ce seroit contre la croix rouge [les Anglais], qu’ils feroient leur debvoir, mais que d’aultre guerre [contre les huguenots], qu’ils n’en parlent point73 ». Certains gentilshommes distinguent ainsi clairement les types d’actions à mener. Selon Étampes il faut désormais se défier d’eux car « il y en a de si diverses humeurs » qu’il y a « grand doute de leur metre forces entre leurs mains74 ». Armer des nobles protestants peut assurément se retourner contre le pouvoir royal et Étampes ajoute :
« Et de la noblesse du pais, elle est si lasse de ce que depuis deulx ans il n’a esté mois qu’elle n’aict esté travaillée pour telles choses et s’i sont les oppinions permises qu’il y en a bien peu qui ne soient affectionnez d’une part ou d’aultre75. »
31En 1562, il confesse encore sa crainte à propos des « arrièrebans que leurs oppinions ne fussent pas si unyes qu’elles ont esté autresfois76 ». Car la Réforme touche même les cadres du service. Ainsi du capitaine du diocèse de Nantes, Christophe du Matz, sr du Brossay Saint-Gravé, converti dès 1558 par François d’Andelot et qui a installé un prêche chez lui, à Rochefort-en-Terre. En 1560, Bouillé n’est pas ignorant de sa conversion, et s’inquiète d’ailleurs de sa venue à Rennes, accompagné de cavaliers. La même année, il est accusé de violences sur un bourgeois de Nantes mais Bouillé continue de correspondre avec lui, probablement dans un souci de le garder arrimé au service du roi77. Attitude similaire qu’Étampes adopte avec Louis d’Acigné, sr de La Roche-Jagu, capitaine des gentilshommes de Tréguier, qui a aussi installé un prêche en son manoir. Mais lorsque les combats éclatent dès 1562, il est temps de sévir et de procéder à des destitutions, même si la chose n’est pas aisée. En 1563, le commissaire de l’arrière-ban de Nantes, Jean de Machecoul, sr de Vieillevigne, montre publiquement son adhésion au parti huguenot, s’attaquant aux biens des religieuses du couvent des Couëts. Étampes lui écrit alors :
« Je ne veuille bonnement croyre que cela procèdde de vous ny de vostre adveu, vous estimant trop sage et bon serviteur du Roy pour entreprendre aucune chose contre ses ordonnances et auctorité, si est ce que pour estre ledit couvent, fondation de sa Magesté, et contrevenir par le port desdictes armes à sesdictes ordonnances qui en font très expressémment déffence78. »
32La même année, sa critique des feudataires associe désormais « leur déffault d’expériance » à « la diversité des oppinions79 ». N’abandonnant pour rien au monde le costume de chef de la noblesse, de gouverneur-chevalier, le duc est pourtant contraint de s’adapter à ce nouvel état de fait. Craignant de « mectre les armes au poing à plus qu’il n’en seroit besoing », il opte pour la qualité plutôt que la quantité et arme « quelque petit nombre d’entr’eulx [qu’il] faict choasir des plus certains80 ». Se met alors en place une sélection des troupes et une rotation trimestrielle du service, dans le respect de la règle des trois mois. À ces difficultés rencontrées s’ajoutent d’autres blocages. En 1562, lorsqu’il reçoit le commandement d’aller combattre en Normandie, le duc s’avère incapable de faire quitter la province aux feudataires et rapporte à la reine : « De m’en assurer hors le pais je ne puis pour la difficulté et protestation qu’ilz m’en ont faicte sur leurs privilèges81. » Le discours livré à Antoine de Bourbon n’est pas différent : « Quant aux autre forces du pais, elles y sont par forme d’arrièrebans qui ont tel soing et regard d’entretenir leurs privilleiges qu’il me faudroit les combatre pour les faire sortir82. » Quant à Bouillé, il témoigne lui aussi que « ceulx qu’on appelle papiste sont si cazaniez qu’il n’y en a ung seul qui voullust avoir despence » et « ne sortiront poinct de leur caze de gayeté de cueur83 ». Et à propos de ses gouvernés, Étampes confesse encore : « Leur plus grant force est de la noblesse au plat pais où il n’est pas aisé de donner ordre en peu de jours84. » Ainsi, c’est à la combinaison de plusieurs enjeux qu’il faut faire face. Il est admis que les feudataires ne doivent pas être trop sollicités (pas plus de trois mois et pas en dehors de la province), mais qu’ils sont aussi peu aguerris – ce qui est un paradoxe, en termes de représentation, d’une noblesse mauvaise combattante. Viennent aussi s’ajouter des clivages internes entre confessions mais aussi entre catholiques sur l’attitude à adopter à propos de leurs semblables protestants. Ces clivages ont dû se niveler puisqu’on n’observe pas de réelle menace interne en 1562, mais plutôt un danger frontalier. Reste que la solution d’une levée sélective, appuyée par un financement de l’ensemble de l’ordre est aussi sans doute assez efficace, du moins pour le maintien de l’ordre quotidien si l’on en croit les garnisons tenues par les feudataires au début des années 1560. Dans ce même objectif de maintien de l’ordre, Étampes s’est aussi employé à utiliser et réformer une autre réserve organisée, le service des francs-archers.
Un réformateur : francs-archers, élus et légionnaires
33Cette milice paroissiale, ancienne institution ducale, est censée pallier un manque en infanterie. En Bretagne, ils sont, comme les feudataires de l’arrière-ban, sous les ordres d’un capitaine diocésain issu de la noblesse – et parfois un même individu peut cumuler encadrement de l’arrière-ban et des francs-archers – et aux ordres du gouverneur qui a le pouvoir de les nommer85. Mais, à la différence de l’arrière-ban, les francs-archers sont soldés et exemptés de fouage – ils en sont francs. Certes, les sommes perçues ne sont pas mirobolantes, on parle de cent sous par mois, et surtout le service éloigne le paysan de son labeur quotidien86. C’est pourquoi la quantité – ils sont près de 8 000 francs-archers selon un ancien vice-amiral de Bretagne – ne compense pas la qualité du service, largement décrié dans la littérature locale du temps87. Ainsi, en 1557, Jérôme de Carné, gouverneur de Brest, doit organiser les réparations des remparts de Brest et le guet « ès envyrons des navires du Roy » et fait appel aux francs-archers de Léon du sr de Kernabat, mais, dit-il, ce sont « gens aussy mal obéissantz qu’il n’y ayt poinct88 ». Devant le refus de certains de servir, il propose de rencontrer « les plus mutinz », mais « tous estoient d’une voix » et c’est quasiment seul que Kernabat effectue sa garde de nuit. C’est aussi la question de la fiabilité de ces troupes qui interroge car beaucoup sont surtout attirés par l’exemption de fouage liée au service. Pourtant, Étampes sait alléger les contraintes. En 1546, alors qu’il convoque les francs-archers à la garnison de Saint-Malo, il organise une rotation, « les changeant de moys en moys », et se montre sensible au recrutement : « Je mande au capitaine desdits francs archers les prandre des premiers aux lieux où ilz n’ont point esté levez les années dernières », dit-il aux officiers de la ville89. Mais les malversations sont trop profondes et, en 1554, le commissaire Maupertuis lui dépeint une situation des plus dégradées lors de la montre des francs-archers de Dol. Un franc-archer se présente à la montre de Dol mais également à celle, voisine, de Saint-Malo dans l’espoir de recevoir une double solde. Un autre, en bonne santé, se fait déclarer malade d’une « fiebvre quarte » le jour de la montre. Le capitaine « jura Dieu plus de seix fois » car il ne recevait pas l’argent nécessaire pour habiller ses soldats et menaçait de mettre « leurs acoustrements en pièces » pour être bien payé. Et Maupertuis de conclure : « C’est la compagnée d’homme que je ays jamés veu que je aymerois le moings, car ce ne sont que collères et injures, de quoi me voulut user en plaine monstre90. » À plusieurs reprises, le commissaire menace les capitaines « en colère » de rapporter leurs actions au gouverneur, soucieux de s’attaquer à ce type de malversations.
34Ainsi, dans les années 1550, de sévères mesures punitives prétendent s’attaquer à la corruption du système, et notamment au personnel encadrant. En 1551, le lieutenant du roi Claude du Chastel, se charge de juger les « exacions, pilleries et malverssations que Jehan Huncher, capitaine des francs archiers de l’évesché de Trégyer, avoit faicte en sa charge et office de capitaine desdits francs archers91 ». Le capitaine, accusé de concussion, est démis et remplacé. Aussi, assiste-t-on à une reprise en main efficace de l’institution. En 1552, à la montre générale des francs-archers de Tréguier, tenue à Lannion, du Chastel règle en détail, et le plus scrupuleusement possible, leur solde, fixée à 100 sous par mois, et celle du nouveau capitaine, Jean de Kermellec, qui ne pourra plus profiter du « debvoir pour chacune salade desdits francz archers et elleuz que disoit avoir de coustume prendre92 ». Le droit de salade, en référence au casque des francs-archers, était un droit par tête perçu et revendiqué par l’ancien capitaine en guise de salaire. Un tel droit lui rendait possible d’enrôler plus d’archers que de raison pour toucher plus, sans que les obligations d’équipement soient toujours bien remplies. En bon nouveau promu, Kermellec accepte sa suppression et se distingue par un scrupuleux contrôle de ses soldats et, désormais sans le droit de salade, n’hésite pas à les renvoyer, à l’image d’un « viel homme et caduc93 ». Même constat en 1554, à la montre générale des francs-archers de Léon tenue au bourg de Lannilis, où du Chastel règle les soldes des archers et du capitaine en précisant bien aux officiers de Lesneven qu’il ne tolérera aucune « faulte ne excuse94 ». La même année, Étampes demande à La Caunelaye, capitaine des francs-archers de Saint-Malo, de venir aux États provinciaux avec ses « roolles sur ledit nombre de francs archers et esleuz ensemble des ordonnances certiffications et autres pièces nécessaires pour apparoir et vériffier le temps qu’ilz ont servy et les sommes de deniers qui ont esté délivrez pour iceulx sans y faire faulte95 ». Aux États de Rennes, il dénonce une multitude de malversations de la part de plusieurs capitaines des francs-archers et rédige une première ordonnance à ce sujet. Ainsi, il commissionne les srs de Sévigné et de La Marzelière pour enquêter à travers la province sur les
« pilleries et exactions, abus et aultres malversations commises par aucuns des capitaines des francs-archiers et eleus dudit pays, et leurs lieutenans, greffiers et aultres leurs commis et députez sur plusieurs contribuables à la soulde desdits francs-archiers et esleus ».
35L’argent touché par le capitaine est dénoncé, à savoir les cinq sous du « droit de sallade » perçu sur les archers qui se présentent aux montres, l’écu touché en cas de nouvelle provision d’un archer, ainsi que « trois sols par chacune quittance de leurs greff96 ». Dès lors, l’enquête débouche sur une vaste réforme de l’institution. En 1555, Étampes présente son projet au roi, qui rend dans la foulée une ordonnance lui permettant de « dresser certain bon reiglement97 ». En effet, les servants ainsi que toutes les instances de commandement (capitaines, lieutenants, et même greffiers) se plaignent de « n’avoir aucun reiglement pour lever les appoinctemens qu’ilz prétendent respectivement devoir prendre à raison de leurs estatz ». Le règlement proposé au roi par Étampes clarifie donc la situation et fixe précisément les salaires des officiers pour chaque évêché, tout cela dans le but d’éviter les « usurpations et abbuz » pour pourvoir à leur paye. Il fixe les troupes par évêché en enseignes qui regroupent plusieurs centaines d’hommes ainsi que bien des aspects du service : rémunération, commandement, équipement, modalités de montres, etc. Étampes promet même que chaque archer sera habillé « d’un hocqueton, bonnet, pourpoinct et chausses de la livrée de son compaignon ». Cette mesure concrète concernant l’habillement des soldats reprend, normalise et rend possible une revendication antérieure de bon nombre de capitaines, souvent en peine d’harmoniser les tenues des troupes. Un effort est également porté sur les montres et le duc n’hésite pas à faire appel à ses subordonnés qui lui nomment des gens de confiance pour les tenir, comme Bouillé qui lui rapporte :
« Je vous supplye très humblement m’envoyer une commission pour faire la monstre de noz frans archers par ce que le sieur du Pontharouart n’y poura estre, suyvant ce qu’il vous a pleu me commander vous avertir de celuy qui sera propre pour avoyr ceste charge, il vous playra la faire mettre au nom de René Moreau, sieur de la Perrauldyère98. »
36Le capitaine de Saint-Malo désigne ainsi son propre sous-lieutenant, en qui il a confiance, pour tenir correctement la montre. Mieux encadrés, les francs-archers n’en restent pas moins une troupe d’appoint. En 1558, lors des descentes anglaises au Conquet, Étampes a massivement recours à eux pour former sa troupe mais aussi pour trouver de la main-d’œuvre à peu de frais. Ainsi, beaucoup servent comme « pionniers » pour les réparations des murs de Saint-Malo car « ce sont gens qui sont coustumiers de pionner99 ». En mai, il confie le soin au commissaire Maupertuis – qui l’avait alerté des malversations quatre ans plus tôt et qui devait être apprécié car commissaire de Dol et non de Saint-Malo – d’encadrer 100 francs-archers des paroisses circonvoisines de Saint-Malo qui devront servir à « promptement faire faire des rampars, retranchemens à flancqz qui sont très requis », et lui nomme les capitaines de chacune des onze paroisses concernées100. Les paroissiens besognent « chacun jour durant ung moys à la fortiffication du Bestz » (le fort du Petit Bé, devant Saint-Malo). Réformé, le service n’en reste pas moins sujet à des débordements et Étampes peut encore « ouyr » chez lui un franc-archer distingué par ses « pilleries101 ». Surtout, il use d’astuces pour lutter contre les fraudes tant décriées. Ainsi, pour éviter « une grande despence sans apparente occasion (encore qu’elle s’offre) et aussi qu’il y en a qui se desrobent quant ilz ont receu la paie », il ordonne de verser la solde mensuelle uniquement pour quinze jours, le reste devant être mis « entre les mains de quelque homme de bien et solvable102 ». De même, Bouillé lui conseille de ne pas payer les francs-archers de Saint-Malo de suite mais : « Que l’argent fust mins entre les mains de quelqu’ung qui les payast à mesure qu’ils le mériteroient. Car après qu’ils le seront, ils ne vouldront plus rien faire. Ils m’en ont fait ainsi le temps passé103 », lui dit-il. Pourtant, le service réformé reste encore sujet aux blocages financiers comme aux malversations. En octobre, Gyé est averti que les mêmes francs-archers de Saint-Malo, « après avoyr receu argent porté se sont desrobez et en alez de nuict, et le surplus qui disent qu’ilz en yront aussi ce moys achevé104 ».
37Dans le même temps, Étampes fait des capitaines de l’institution des hommes de confiance. Son imposante correspondance avec le sieur de La Caunelaye, capitaine des francs-archers de Saint-Malo, montre désormais une collaboration efficace avec les cadres du service. Il dialogue aussi régulièrement avec le lieutenant et parent de La Caunelaye, Guy Lachoue, sr de La Mettrie, qui a l’avantage d’être un vassal105. En 1559, il le fait connétable du guet de Saint-Malo, charge qui vient récompenser un fidèle service « au fait des guerres », notamment lors de la descente des Anglais, l’année précédente. Le gentilhomme a en effet servi « à la levée et conduite de quelques gens de guerre à pied pour la repoulce des ennemys qui voulloient descendre le long de la coste dudit pays, enquoy il a faict de grandz fraiz sans en avoir eu aucune rescompance106 ». Les malversations des années passées sont désormais lointaines et ont laissé place à un efficace service de défense littorale.
38En effet, lorsque les Anglais débarquent au Conquet en 1558, Étampes rassemble à son camp de Ploërmel ce qu’il peut de la noblesse et des francs-archers, auxquels il adjoint un troisième corps d’armée : les légionnaires. Ces troupes sont censées offrir au roi un service de piétons disciplinés et issus du royaume. Exception et originalité bretonne, la légion prévue en 1534 est la seule à ne pas avoir vu le jour, ce qui explique le rôle conservé des francs-archers, pourtant supprimés dans le reste du royaume en 1535. En 1558, Henri II recrée les légions. La levée de celle de Bretagne s’explique aussi par un fort moment de craintes des descentes anglaises. Est-ce là une manœuvre temporaire de la monarchie pour donner au gouverneur les moyens supplémentaires de repousser les ennemis ? Toujours est-il que le nouveau colonel de la légion de Bretagne, Jean d’Acigné, après avoir témoigné du grand honneur qui lui est fait par le roi de recevoir une telle charge, témoigne de sa bonne collaboration avec Étampes au sujet de la nouvelle institution et rapporte au cardinal de Lorraine :
« J’ay sollicité monsieur le duc d’Estampes de nommer audit sieur [Guise], les cappitaines que mondit sieur d’Estampes et moy avons choisiz et esleuz, ce qu’il a fait affin d’avoir leurs commissions particullières pour lesquelles retirer107. »
39Étampes conserve près de lui le nouveau colonel, qu’il intègre dans son conseil de guerre. Les deux hommes choisissent des individus capables de mobiliser des hommes, à l’image de René de La Rivière, sr de Saint-Germain, nommé capitaine de 200 hommes de pied. Ces troupes se rendent ensuite au camp de Ploërmel pour repousser les Anglais, car c’est bien Étampes qui peut ordonner les montres et leurs lieux108. En août, ce dernier espère que les légionnaires d’Acigné pourront se mobiliser d’ici un mois à six semaines109. En septembre, il reçoit enfin l’argent pour les lever, ce qui lui sert finalement à d’autres dépenses110. Peut-être quelques compagnies ont-elles été levées comme celle de René de La Rivière. Reste qu’Étampes s’avère particulièrement pointilleux pour puiser des capitaines dans les rangs des meilleurs « hommes de bien » de l’arrière-ban. Ainsi, il déclare à Bouillé à propos du feudataire Guillaume Le Saige, sr de Villebrune – qui encadrait aussi les francs-archers de Saint-Malo queques mois plus tôt :
« Quant au Sieur de Villesbrunes, vous pouvez penser qu’il est homme pour qui je vouldroys faire tout ce que je pourrois, et suis bien marry que je n’aye plustost entendu sa volonté [de devenir capitaine dans la légion], car j’ai esté en bien grand peine pour retrouver des hommes de bien comme je m’assure qu’il est ; mais parce que j’ai envoyé au roy le rolle de ceulx que Monsieur d’Assigné m’a présenté, je ne puis plus y toucher111. »
40Toujours est-il qu’après la fin de l’année 1558, il n’y a plus trace de ces troupes de légionnaires alors qu’on les retrouve dès 1560 dans d’autres provinces. Il faut ainsi croire qu’elles sont levées occasionnellement, à la faveur d’une alerte. Car légionnaires, francs-archers ou feudataires, tous sont armés et levés dans un but précis : conserver l’intégrité d’un gouvernement dont les limites territoriales sont ravivées par les fractures religieuses.
Un garde-frontière
41Titulaire d’une autorité éminemment territorialisée, Étampes doit connaître avec précision les frontières de son gouvernement. La frontière est parfois bien visible de tous : ainsi de celle d’avec le Maine, matérialisée par un étendard sur une lande de la paroisse d’Ernée, « faisant séparation du Maine et Bretaigne112 ». Or, les guerres de Religion, guerres civiles et intérieures, font revivre les anciennes frontières militaires du duché de Bretagne. Car plusieurs dangers menacent. Au printemps 1560, Étampes s’inquiète de l’appel fait aux huguenots par le prince de Condé de venir le trouver à Orléans. Ces allers-retours armés entre Bretagne et Orléanais occasionnent des dialogues avec les serviteurs du roi des provinces voisines. Ainsi, Bouillé conseille-t-il au duc d’écrire au comte de Sancerre, son parent, et au sr de Chavigny, lieutenants généraux du gouverneur-duc de Montpensier en Anjou, Maine et Touraine, à propos d’un huguenot breton qui fait passer en Bretagne des armes d’Anjou113. En avril, il lui rapporte que le baron de Vassé s’est jeté dans Laval pour protéger la ville des huguenots et qu’il serait bon de lui écrire, ainsi qu’aux Angevins, car, dit-il : « Il sera bon que ceulx des aultres pays et vous vous entendiez pour empescher que les gens icy ne jouent pas leur jeu tous seulz114. » La même année, Étampes rapporte au roi qu’il pourrait bien réduire les troubles en Anjou mais qu’il ne sortira pas de son gouvernement sauf, dit-il, s’il plait au roi « le luy commander expressément, à ce que on ne pense qu’il le face de son auctorité privée115 ». Dans son esprit, le bon respect des limites de son autorité est un élément central du témoignage de sa loyauté au gouvernement : assurément, il ne faut pas donner l’image d’un seigneur de guerre prenant trop d’initiatives, au risque de passer pour un gouverneur qui empiète sur l’autorité royale. Demander l’autorisation d’agir en dehors de Bretagne, c’est donc s’inscrire dans la plus stricte légalité. Là où le bât blesse, c’est que les huguenots ont parfaitement conscience de ce légalisme territorial pregnant dans les esprits des agents du roi et n’hésitent donc pas à jouer avec les frontières intérieures et provinciales. En 1562, le baron d’Avaugour, depuis Clisson, livre au duc des huguenots de Montaigu, donc de Poitou, qui ont pillé une église près de Clisson, en Bretagne, et qui jouent avec la frontière du sud de la province116. Un an plus tôt, Bouillé reçoit un appel à l’aide des officiers du duc de Guise à Ernée pour reprendre le bourg tombé aux mains des huguenots, la plus proche frontière orientale de la Bretagne et lieu d’accueil de l’étendard vu plus haut. Il écrit à Étampes : « Encores qu’ils ne soient pas de vostre gouvernement, scachant l’amitié que vous portez audit seigneur [Guise], je les ay fait secourir » car les huguenots se tiennent « là sur le bord de vostre gouvernement, devers Foulgères117. » Pacifier l’immédiate frontière c’est aussi assurer sa propre intégrité territoriale. En mai 1562 à nouveau, se pose la question des frontières du gouvernement d’Étampes qui peut écrire au roi :
« J’ay encores les frontières du Mayne, de la Basse Normandye et de Poictou, là où ilz se fortiffient si près de moy que je ne me puis garder d’en escrire. En doubte, encores qu’ilz disent le faire seulement pour la craincte qu’on les assaille, comme vostre magesté pourra veoir par une lettre que m’on escript ceux de Montagu qui n’est qu’à cinq lieux d’icy, à laquelle je leur ay faict responce que je n’avois nul commandement de vostre magesté d’entreprendre rien hors de mondict gouvernement, auquel ils pouvoient veoir que pour le faict de la religion nul n’es molesté, et que partant ils n’avoient point d’occasion pour la craincte de moy ny des miens de se tenir fortz, et que s’il ne m’est commandé de vous (pourveu qu’ilz ne m’en donnent point d’ocasion) je ne les yray point chercher hors de ma charge, mais que s’ilz font quelque chose contre nul des miens, je ne pourroys moins faire que de leur rendre118. »
42Ce discours des frontières sert aussi à appuyer une logique d’apaisement. En effet, en affirmant que sa province est paisible et qu’il n’agira pas en dehors de celle-ci en l’absence d’agressions extérieures, c’est un message de pacification qu’Étampes adresse aux huguenots. Pourtant, le gouverneur voisin d’Anjou-Maine-Touraine, le duc de Montpensier, n’hésite pas à lui envoyer des lettres d’appel à l’aide dès juin 1562119. Or, sans ordre royal explicite, Étampes n’ose toujours pas sortir de sa province pour le secourir, sans compter que l’arrière-ban est toujours impossible à mobiliser hors des frontières120. En juillet, Montmorency l’avertit de l’avancée de l’armée royale à Poitiers, Blois et Tours, « tellement qu’il n’y a plus d’empeschement sur ceste rivière [la Loire] entre vous et nous [l’armée royale à Blois]121 ». Début août, les ordres sont donc clairs, Étampes doit avant tout conserver son gouvernement et empêcher un débarquement anglais122. D’autant plus que, sur la frontière littorale de Basse-Normandie, les huguenots se rassemblent – près de 300 cavaliers et 1 200 « hommes de la commune [c’est-à-dire des piétons] » –, ce qui l’inquiète très sérieusement car cela pourrait « favoriser les anglois » pour un débarquement. Ces troupes sont rapidement identifées comme des partisans du comte de Montgomery, personnage qui s’impose de plus en plus dans l’ouest du royaume comme le chef des huguenots les plus radicaux. Étampes interprète par ailleurs ce geste comme une intrusion de Montgomery et de ses hommes qui sont déjà venus « en deux ou trois parroisses de [s]on gouvernement123 ». Il est clair que le message d’apaisement ne prend pas racine dans tous les esprits et qu’une telle incursion montre combien la question frontalière reste sensible. Mais à partir du moment où il intervient sur le sol breton, Montgomery devient un ennemi clairement identifié. Déjà en mars 1562, François du Breuil, gouverneur de Granville, rapporte que
« Les huguenots ont esté donner une escalade à Pontorson qui ont esté très bien frottez par quelques gentilshommes de Bretaigne que vous entendrez qui y admenèrent deux cens paisans. Ung peu devant tous ces jours il est sorty vingt chevaulx de Rennes qui à toutes les fois en ont trouvé, tué et admené124. »
43Des Bretons sont donc prêts à agir au-delà de la frontière, à Pontorson, et cela facilite sans doute les demandes d’extension territoriale de pouvoir pour combattre Montgomery. Étampes multiplie donc les appels à la monarchie en ce sens et, dans une missive au roi de Navarre, évoque le château de Pontorson qu’il conviendrait de faire garder par une bonne garnison pour la sécurité des villes bretonnes voisines, mais : « Pour estre ledict chasteau en Normandye, je n’y ay auzé toucher ne m’en mesler sans exprès commandement125. » Dans un mémoire envoyé à la reine, il note encore que les huguenots bretons « se retirent sur les frontières du bas Mayne et Normandye où ledit duc d’Estampes n’ose entreprendre d’entrer sans commandement, mais si l’on trouve bien qu’il y aille et que l’on commande à ceulx qui ont charge en ceste frontière là pour le roy à luy aider, il mecteroit peyne de nettoier ce pais là126 ». Il plaide encore auprès de la reine : « S’il n’y vient point d’estrangers [en Bretagne], je mettray peine de si bien nettoier ledict pays durant ce mois qui vient, que j’auray moien de vous faire service ailleurs, si vous me honnorez tant que de m’en estimer digne127. » Le 10 août à nouveau, il assure le roi que Montgomery va devenir maître de Pontorson, si près de la frontière et porte d’entrée en Bretagne, mais que la place, « pour estre hors de mon gouvernement, je n’y oze aller sans votre exprès commandement128 ». Le même jour, il reçoit des nouvelles de Claude de Beaucé, un fidèle envoyé commander à Fougères, imposante place forte frontalière, qui rapporte qu’il a entendu que les huguenots assemblés à Ducey, fief de Montgomery, se sont retirés à Saint-Lô et que « la cause de leur département est qu’ilz ont entendu vostre venue en ceste ville et celle de Monsieur le baron de Vassey qui est au pais du Mayne129 ». Pour les huguenots normands, la venue d’Étampes est un horizon des plus probables.
44Mais il ne s’agit pas non plus de laisser une province sans défenses. Ainsi s’explique la venue sur la frontière du Maine du baron de Vassé et du sr de Chantemesle, sur celle de l’Anjou du sr de Gonnord, et sur celle de Poitou du baron d’Annebault, solution ponctuelle s’il en est pour s’assurer de la frontière130. Le sénéchal de Nantes s’inquiétait lui aussi des « amas en espoir de faire des entreprises contre le roi » des huguenots sur la place frontière de Beauvoir-sur-Mer, en Bas-Poitou, peut-être dans l’objectif de rejoindre Montgomery et, ce faisant, de traverser la Haute-Bretagne131. Puis, c’est au tour des catholiques de Pontorson eux-mêmes de solliciter l’aide d’Étampes. Le 12 août, appuyés par leur capitaine, ils écrivent vouloir se « soustenir d’une ensaigne de gens de pied que nous avons en oppinion demander à monseigneur d’Estampes, gouverneur de Bretaigne », car Montgomery désire s’emparer de leur place et faire des « courses » sur Caen, Saint-Lô, Saint-Malo, Rennes, Dinan, Fougères, Le Mans, Angers et permettre un débarquement anglais, bref, de profiter d’une situation de quadruple frontière (trois provinces et la mer)132. Le 14 août, depuis Granville, François du Breuil plaide lui aussi pour l’utilisation des troupes d’Étampes, car elles « luy servent de fort peu parce que en Bretaigne il n’y a une seulle sédition133 ». Plus que jamais, l’appel à une aide voisine par les pouvoirs normands plaide auprès de la monarchie dans le sens d’une levée de la limite territoriale du pouvoir du gouverneur de Bretagne. C’est ainsi que Catherine de Médicis se résout à l’utiliser dans la pacification de la Normandie : Étampes devra secourir Jacques de Matignon en Basse-Normandie pendant que l’armée du roi ira assiéger Rouen pour soumettre la Haute-Normandie134. Par un effet de tenailles, la province sera reconquise. En réalité, sous prétexte d’un débarquement anglais et sur ordre de la reine, le duc avait déjà commencé un imposant recrutement de troupes en Bretagne.
Un agent recruteur
45En juin 1562, François du Breuil estime qu’Étampes est déjà à la tête de 6 000 à 7 000 hommes, cavaliers comme fantassins car on a aperçu « douze grands navires angloys près du Conquest en Bretaigne, armez au possible135 ». Il s’agit donc de troupes destinées à repousser les Anglais si d’aventure ils venaient à débarquer :
« Monsieur de Kergouet Vauvert a escript à mademoiselle de Tregoumar que monseigneur d’Estampes a esté adverty pour certain que les Anglois ont une armée sur la mer et qu’il délibère s’en aller à Brestz avecq grandes forces et lessez monsieur de Martigues à Nantes. Il a faict, ces jours passés, paiez dix ou douze compaignies de gens de pied et Monsieur du Guémadeuc [cap. de la noblesse de Dol], qui est cheix luy, lève cent chevaulx légers. Ne demendez comme les armes se remuent en Bretaigne ; s’il est vray que lesdicts Angloix sont armez, il est bien requis donnez ordre en ceste coste136. »
46Peut-être pour brouiller les pistes, la monarchie justifie ces levées de troupes tantôt par le danger anglais, tantôt pour secourir le duc de Montpensier en Anjou, puis Jacques de Matignon en Normandie. Cette imposante levée amène certains gentilshommes en quête d’honneur à solliciter le duc pour recevoir de lui une compagnie, à l’image du Rennais Gilles du Tiercent qui lui écrit :
« Monseigneur, voyant les affaires qui aujourd’hui se présentent, je me suis enhardi de vous escripre la présente, vous suppliant par icelle me faire ce bien et honneur de me donner 300 hommes de pié, que, s’il vous plaist m’envoyer la commission, j’espère trouver en peu de jours, qui ne seront point méquaniquement en point ni d’acoustremens ni d’armes [ils ne seront pas tous habillés et armés], et espère que vous les voyant recevrez contentement, et s’il vous plaist nous envoyer aux lieux où l’on gaigne ou pert honneur, je feré paroistre l’affection que j’ai de faire service au Roi et à vous, Monseigneur, et le peu d’amitié que je porte à ses ennemis, et outre je suis bien obligé à leur porter ennui, car ils tiennent la pluspart de mes terres. Monseigneur, vous scavez que autresfois il vous a pleu me faire ce bien de me promettre que où j’aurois à faire vous employriez pour moi […] et vous supplie qu’il vous souvienne de moi qui suis un povre gentilhomme affligé. Mes prédecesseurs ont fait service aux vostre et je désire vous en faire137. »
47Le discours de ce chevalier de Saint-Michel mêle à la fois quête de l’honneur sur le champ de bataille, service du roi contre ses ennemis, fidélité aux Penthièvre… et reconquête de ses fiefs. En effet, Tiercent, « combien qu’il soit gentil personnaige », a été ruiné par un procès à Rennes en 1544 contre « plus de cinquante créditeurs138 ». Nul doute que le fait qu’il soit désargenté ait pesé dans la balance car il n’est pas engagé dans l’armée d’Étampes, qui préfère à coup sûr s’appuyer sur des individus capables d’avancer rapidement des liquidités pour équiper leurs hommes, ce que Tiercent n’est pas en mesure de faire139. La concurrence est rude car la demande du gentilhomme n’aboutit pas. À l’inverse, certains refusent dans un premier temps la charge, peut-être trop coûteuse, puis finissent par l’accepter, à l’image du frère de François du Breuil, le sr de La Tousche140. Plusieurs documents comptables envoyés par Étampes au pouvoir central détaillent extrêmement bien l’armée mise sur pied à l’été 1562. Ces états des « compagnies des gens de guerre de Bretaigne » dénombrent douze compagnies de gens de pied et dix compagnies de gens de cheval, soit 2 650 piétons et 800 cavaliers141. Sur 21 capitaines, 7 sont déjà à la tête de francs-archers142. La difficulté de mobiliser l’arrière-ban en dehors de la province explique ce recrutement. En juin 1562, Étampes confesse au roi de Navarre vouloir désormais s’appuyer sur des troupes soldées, des aventuriers qu’il appelle « gens de faction » :
« Il est vray, Sire, que s’il plaisoit au roy m’envoyer une commission et de l’argent, il s’en pouroit trouver quelque bon nombre (à la solde) gens de faction, et desquelz sa magesté pouroit tirer du service tant en ce pays que ailleurs où elle les voudroit employer143. »
48La noblesse qui accepterait de sortir de Bretagne le ferait donc sur la base du volontariat tout en étant soldée – ce qui la rapproche sensiblement du modèle des francs-archers. En juillet, le constat est le même : certains, même payés, « n’eussent voulu sortir du pays […] pour estre la plus part des arrièrebans » et Étampes est contraint de se tourner vers d’autres troupes pour compléter ses effectifs144. Pragmatique, il se tourne vers les francs-archers qui ne sont pas contraints par les mêmes blocages et qui n’ont pas non plus la même force de revendication.
49Ainsi, il n’est pas étonnant de retrouver des capitaines des francs-archers commissionnés, à leur charge d’enrôler des paroissiens volontaires, comme c’est le cas pour le sr de La Caunelaye, capitaine des francs-archers de Saint-Malo, à qui Étampes a « donné charge d’une enseigne de gens de pied et de quelques harquebuziers à cheval […] entendu que la meilleure partie des paroisses à l’evesché de St Malo en sont bien munies et ont bon nombre espées et de harquebuzes, lesquelles demourans inutilles font grand faulte au service de sadite magesté145 ». De même pour François du Lix, sr de Longué, capitaine des francs-archers de Nantes, dont il loue la « compaignye qui est bien fort belle et bien aysée146 ». Ces volontaires issus des paroisses sont d’abord recrutés chez les francs-archers, déjà habitués au service armé et bien équipés. Ainsi, en avril 1562, Jean d’Arz, sr de Rulliac, commissaire de ceux de Vannes, procède sur ordre du duc aux montres des francs-archers censés servir sous le capitaine La Motte. Rulliac note que « lesdits francz archers et esleuz et fabriqueurs des paroisses n’estoient tous venuz audit Vennes147 ». Certes, l’absentéisme est toujours de mise, mais il s’agit aussi d’une forme de sélection. Sur les trois-cents paroissiens qui se présentent finalement pour partir avec l’armée, le capitaine s’assure « des mieux armez et equipez ».
50L’arrière-ban n’est pas complètement absent mais aucun capitaine diocésain n’est présent. Ce qui va dans le sens des informations d’Étampes qui avouait vouloir s’appuyer uniquement sur les plus « capables » des gentilshommes, sous-entendu les mieux équipés et les plus désireux de combattre. Baudouin de Goulaine, Jean de Rieux, sr du Gué de l’Isle, Pironnaye ou Bourdinière sont des nobles qui souhaitent participer au conflit et qui ont avancé leurs deniers pour équiper leur troupe dans l’espoir de s’élever par les armes. Certains capitaines sont également des proches du gouverneur, comme le capitaine Prégent, gentilhomme de sa maison148. Deux anciens gendarmes d’Étampes se voient également confier des compagnies : Hugues de Gassion et Bertrand de Sévigné, sr d’Olivet. À noter également la bonne présence des pensionnaires de Bretagne dans les rangs des capitaines, capables de mobiliser leurs propres réseaux d’obligés. De manière générale, être choisi par le duc est un réel prestige et renforce les fidélités. Enfin, rares sont les capitaines de places fortes appelés sous les armes, individus déjà couverts d’honneur et primordiaux pour tenir la province, à l’exception toutefois d’André de Sourdeval, capitaine de Belle-Île, employé en raison de son expérience du métier des armes effectué en Italie et surtout de ses réseaux normands, particulièrement utiles lors du dialogue avec les huguenots du duc de Bouillon149. Quelques mois plus tôt, le gentilhomme, avait en effet visité la place de Vire pour la protéger des « volleurs ». Quant à l’artillerie, nécessaire à tout siège, Étampes est dans une bien mauvaise situation. Il n’a pu refuser au duc de Montpensier le prêt de deux canons du château de Nantes, sans compter les nombreuses pièces nantaises emportées sur des navires pour les voyages d’Écosse150. Il se fait donc, non sans mal, prêter deux canons par la ville de Rennes et décide surtout de mobiliser son propre arsenal de Lamballe151. Les huguenots ne s’y trompent pas et projettent de s’en emparer de surprise, en vain152. Arrivé à Bayeux en octobre 1562, le duc fait ainsi venir de Lamballe ses « deux pièces d’artillerye à rouette, [ses] orgues », sa poudre et ses boulets ainsi qu’une couleuvrine pour bien fortifier la ville153. En quelques semaines il est ainsi parvenu à lever d’importantes forces. À la tête d’une armée de 3 500 hommes, il peut désormais accomplir son devoir de chef de guerre.
Un chef de campagne
51Après avoir passé près de quatre mois à Nantes, depuis fin avril, Étampes prend la résolution de partir avec son armée au début du mois d’août 1562. « Il me déplaist que je ne puis demourer icy […] mais […] j’ay bien plus à faire ailleurs », dit-il au roi de Navarre154. Rapidement, il est à Châteaubriant (2 août), Rennes (7-8 août), Fougères (16 août), Antrain (18 août) puis Dol (25 août). Le lendemain, il entre dans Pontorson à la grande joie des catholiques de la ville qui l’avaient appelé à l’aide. Après s’être assuré de Pontaubault, il établit le 30 août son camp devant Ducey, place forte du comte de Montgomery, qu’il assiège. Dès le 2 septembre, il est maître d’Avranches où il établit ses quartiers. Le 6, il prend Vire, dont Montgomery s’était emparé, mais revient à Avranches dès le 13. Les escarmouches avec les huguenots se multiplient mais la supériorité de son armée est flagrante, d’autant plus qu’il est désormais appuyé par le grand prieur de Lorraine et son frère, le duc d’Aumale, bien que Jacques de Matignon peine à rassembler plus de deux compagnies de cavaliers155. Et puisqu’il s’est montré extrêmement pointilleux sur les limites territoriales de son pouvoir, le roi le nomme précisément « gouverneur et lieutenant général pour Sa Majesté en Bretaigne et de l’armée ordonnée pour la conservation de son autorité et repos de ses subjets en Basse Normandie156 ». Une telle formule permet de ne pas empiéter sur les pouvoirs respectifs des lieutenants généraux de Normandie, Aumale et Matignon, et confère surtout un large pouvoir sur une armée en campagne. Dès lors, le duc décide d’agir en gouverneur d’armée de secours plutôt que d’occupation. Avec Matignon, il adopte une attitude remplie d’humilité, ce qui le distingue de certains de ses homologues. Très rapidement, il lui envoie une copie de son commandement et l’associe pleinement à son action, lui écrivant habilement : « Comme vous scavez, je suis assez nouveau en ce pais là [la Normandie], je serois bien aise devant que rien entreprendre sans en avoir communiqué avec vous157. » Lorsqu’il se rend maître de plusieurs places normandes à la fin de l’été, il nomme également « quelque gentilhomme, homme de bien et bon catholique du pays » en accord avec Matignon, « car il les congnoist tous158 ».
52Son armée reste cependant d’un difficile entretien et il faut constamment veiller à son bon ravitaillement. Revenu à Avranches à la fin du mois, il s’appuie sur ses capitaines pour trouver vivres pour hommes et chevaux159. Il retourne même un temps à Rennes pour récupérer des troupes fraîches et des vivres. À Matignon, il se plaint en effet que « le cartier par où [il est] venu est tout mangé et n’y a nul moien de vivre160 ». Sans grand secours militaire, Matignon se mue pour un temps en conseiller des chemins à prendre et en ordonnateur de l’étape pour un duc d’Étampes revenu à Avranches le 6 octobre et pas très satisfait des résultats161. Cependant, il est désormais le maître incontesté de la Basse-Normandie. En campagne militaire, il se permet d’aller « coucher avec une petite trouppe » et dîner chez Matignon, à Thorigny. Il s’agit désormais de tenir ce qu’il a repris aux huguenots. Depuis Bayeux, il organise ses garnisons dans quatre places fortes : Avranches, Bayeux, Granville et Saint-Lô, et veille aussi et surtout aux munitions de ses soldats et fait venir de Saint-Malo des piques, des épées et de la « pouldre grenée162 ». Son succès est tel que le prince de Condé et l’amiral Coligny, chefs huguenots, implorent la reine d’Angleterre d’ordonner une descente en Bretagne, ce qui le forcerait à y retourner avec ses troupes163. Fin octobre, il s’enquiert à nouveau de son artillerie avant d’annoncer qu’il rejoint le roi et le duc de Guise devant Rouen assiégée164. Il évite diplomatiquement la ville de Caen, tenue par le duc de Bouillon, mais réussit à faire payer les Caennais pour la construction du pont du Coudray, au sud de la ville, entre Clinchamps et Amayé, pour faire franchir l’Orne à son armée165. Le 29, il arrive à Rouen auprès de la famille royale et y apprend la blessure du roi de Navarre, dont il s’inquiète166. Il reste ensuite avec l’armée royale au moins jusqu’au 10 novembre. Sa campagne de Basse-Normandie est un véritable succès et démontre ses qualités militaires : il apparaît pour bien des Normands comme un pacificateur, à l’image de Gilles de Gouberville qui note chacun de ses déplacements dans son journal167. Et c’est dans une Rouen libérée que son neveu Martigues est fait colonel de l’infanterie française168. Puis, l’armée royale retourne à Paris où un citadin note son arrivée avec ses hommes en armes169. Sous les murs de la capitale, il passe une dernière fois en revue ses troupes au camp de l’armée royale. Plus que jamais, il apparaît en excellent gestionnaire de ses troupes. Alors qu’elles vont être licenciées, il proteste d’ailleurs vivement, sentant que le danger huguenot n’est pas complètement éteint. D’ailleurs, ses hommes se distinguent lors de la défense de Paris face à celles du prince de Condé. Ce dernier décide de reprendre la Normandie afin d’inciter les Anglais à débarquer : Étampes envoie alors son neveu et ses troupes avec l’armée royale qui est allée rattraper et défaire les huguenots à Dreux, le 19 décembre170. Resté auprès de la reine mère à Vincennes, il apprend la nouvelle de la victoire et se rend avec elle « rendre grâce à Dieu » à Notre-Dame de Paris171. Au courant du danger anglais, il n’abandonne pas non plus son commandement normand et envoie des troupes tenir le havre de Pont-en-Bessin, au nord de Bayeux, qu’il contrôle déjà172.
53Puis, devant Paris, « l’on envoya au camp […] Monsieur d’Estampes pour assister Monsieur de Guyse », fait, le 22 décembre, lieutenant général du royaume après le succès remporté à Dreux173. Trois jours plus tard, les ducs de Guise et d’Étampes organisent un dîner en compagnie de quelques chevaliers de Saint-Michel, dont Martigues, et de l’ambassadeur d’Angleterre. Ce dernier rapporte qu’en fin de repas, le nouveau lieutenant général du royaume et son second se retirent pour évoquer, ensemble et en privé, des affaires d’importance. Une heure après, l’ambassadeur anglais est invité à les rejoindre dans la chambre de Guise afin de discuter de ce que « Monsieur d’Estampes et moi », dit Guise, ont à transmettre à la reine Elizabeth174. Assurément, le gouverneur de Bretagne occupe désormais une place de rang à la tête des affaires militaires, au plus près de l’homme le plus important du moment. Une telle ascension peut tout d’abord s’expliquer par le fait que le maréchal de Saint-André est mort à Dreux et que le connétable de Montmorency a été capturé et emmené par les huguenots à Orléans. Fin décembre, Guise est donc le seul rescapé immédiat du triumvirat qu’il avait formé avec ces deux Grands et qui avait pour objectif la défense des intérêts catholiques. Étampes a donc pu profiter de ce vide politique pour s’imposer tout en jouant également sur le poids – numérique et financier – de sa troupe bretonne dans l’armée royale. Surtout, il apparaissait à la fois comme assez proche de Guise – les deux hommes sont amis de longue date et s’estiment mutuellement – et dans la confiance de la reine mère qui l’écoutait aussi en matière de concorde religieuse.
54C’est donc forts du succès obtenu à Dreux – ils l’évoquent devant le diplomate anglais – que Guise et Étampes mettent en marche l’armée royale pour porter le siège devant Orléans, après quelques haltes à Chartres et Blois. Devant Orléans, le siège s’organise mais est bientôt troublé par l’« attentat » contre Guise. Le lendemain de l’événement, Catherine de Médicis, encore elle, choisit « Monsieur d’Estampes pour tenir son lieu pendant qu’il sera malade ». Guise décédé, Étampes devient chef des armées royales devant Orléans, assisté d’un second, le maréchal de Bourdillon, car « il n’est pas pour endurer la paine, pour son eage et débilité175 ». C’est donc d’une drôle de manière et sur le tard qu’il se retrouve à la tête de l’armée royale, forme de consécration de sa carrière militaire, lui qui avait débuté comme simple capitaine de compagnie d’ordonnance176. C’est ainsi qu’à Orléans, il engage les pourparlers avec les huguenots dans le but d’obtenir la libération de son mentor, Montmorency, et est ensuite un grand artisan de la conclusion de la paix signée à Amboise177. À l’issue des négociations, la vague de licenciement des troupes royales fait que son commandement de l’armée royale aura été de courte durée. En outre, bien qu’au cœur des affaires militaires du moment, il n’a jamais ambitionné un nouvel horizon politique au-delà de la Bretagne. Une fois la paix signée et après avoir un temps suivi la cour en région parisienne, Étampes et Martigues, qui craignent pour le maintien de la paix dans leur province, « dient se vouloir retirer en leurs maisons178 ». À la fin du mois de juin, ils quittent donc Saint-Germain-en-Laye pour la Bretagne alors que la cour entreprend un nouveau voyage en Normandie pour reprendre Le Havre aux Anglais. En juillet, le duc est enfin de retour à Lamballe et à la fin du mois, le roi l’avertit du succès havrais auquel il n’a pas pu participer179. Son périple militaire hors de Bretagne aura duré près d’un an. À son retour parmi les siens, il se voit auréolé d’une indéniable gloire militaire. Son action d’homme de guerre a véritablement conforté sa position auprès de la monarchie, tout en faisant jouer une fraternité d’armes avec la noblesse bretonne qu’il a engagée.
Figure 1. – La campagne de 1562-1563.

Conclusion
55Indéniablement, sa capacité à commander aux hommes en armes confère un pouvoir considérable à un duc d’Étampes qui se trouve ainsi à la tête de la pyramide militaire provinciale. Face aux difficultés rencontrées, il décide toujours d’agir. Son gouvernement n’est pas celui de l’immobilisme ou du conservatisme mais en est un de réformes. Cet esprit réformateur est central dans son exercice du pouvoir : en 1555 puis 1557, il réforme successivement les francs-archers et l’arrière-ban. Ainsi, un gouverneur de province peut se trouver dans la capacité de réformer les administrations dont il est à la tête et cela vaut peut-être davantage pour le domaine militaire. De plus, la conjoncture des guerres de Religion naissantes vient assurément modifier ses préoccupations. Ses efforts se polarisent surtout sur les places fortes des anciennes marches bretonnes, dont certaines relèvent de seigneurs passés à la Réforme. Ce nouveau danger est d’autant plus préoccupant qu’il s’ajoute à l’inquiétante menace anglaise, qui pèse encore en 1562. Dans un premier temps, ces menaces multiformes mettent sérieusement à mal l’autorité d’un gouverneur très souvent affaibli. Le besoin d’adaptation à ces nouveaux enjeux a, au contraire, peu à peu facilité la construction d’un pouvoir de commandement local exceptionnellement fort. Ainsi, cette conjoncture de 1558-1563 fait en sorte que la monarchie délègue de plus en plus à son agent l’action et les choix militaires, bref la prise de décision180. Déjà réformateur, le duc d’Étampes se mue en recruteur local, choisissant des hommes de confiance pour une armée devenue provincialisée. À l’aube des guerres de Religion, ce phénomène n’inquiète pas encore mais profite au contraire largement à un État royal qui voit là une intéressante opportunité de pallier ses propres difficultés guerrières.
Notes de bas de page
1 Voir notamment Geoffrey Parker, La révolution militaire. La guerre et l’essor de l’Occident, 1500-1800, Paris, Gallimard, 1993, 288 p.
2 Jean-Philippe Genêt, « La genèse de l’État moderne. Les enjeux d’un programme de recherche », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 118, 1997, p. 4. « La guerre a fait l’État, et l’État a fait la guerre » disait déjà dans une célèbre formule le sociologue américain Charles Tilly (« Reflexions on the history of European state-making », in Charles Tilly (dir.), The Formation of National States in Western Europe, Princeton University Press, 1975, p. 42).
3 David Potter, War and Government in the French Provinces. Picardy, 1470-1560, Cambridge, Cambridge University Press, 1993, 412 p. ; Renaissance France at War. Armies, Culture and Society, c. 1480-1560, Woodbridge, Boydell Press, 2008, 454 p. ; James Wood, The King’s Army: Warfare, Soldiers, and Society during the Wars of Religion in France, 1562-1576, Cambridge, Cambridge University Press, 1996, 349 p.
4 ADIV, 1 Bv, fo 251 vo : provision du dauphin Henri, Fontainebleau, 4 fév. 1545. Son père est lieutenant général de Touraine sous François Ier ; son oncle est archevêque de Lyon, de qui il hérite (AN, MC, VIII, 62, quitt., 13 mars 1543).
5 BnF, Clair. 813, p. 22 et 47 : Gyé et du Chastel reçoivent 1 200 lt. pour leur état. Dans sa jeunesse, du Chastel avait été panetier ordinaire de François Ier (BnF, Fr. 5503, fo 166-167).
6 ADIV, 1 Ba 4, fo 227 : provision de Charles IX, Amboise, 20 mars 1563.
7 CAF, t. 3, p. 762 (lieut. à Saint-Malo) ; il sort de l’échansonnerie en 1553 (BnF, Clair. 836, fo 2507) et devient gentilhomme de la chambre (fo 2494) ; BnF, Fr. 6129, fo 168-169 (vice-amiral) ; en 1543, il dit résider à Guergelin (Languidic), près d’Hennebont.
8 ADIV, 4 B 14/9-10 : Étampes à Fontaines (Bouillé), Romorantin, 30 avr. 1545 ; Les Essarts, 17 juill. 1546. Apprécié, il est envoyé en Saintonge lors de la révolte des Pitauds de 1548 (BnF, Fr. 20455, fo 63 : Fontaines (Bouillé) à Aumale, Saintes, 23 oct. 1548. Il évoque son frère aîné, Jean, lieutenant du roi en Anjou).
9 BnF, Fr. 15871, fo 55 : Bouillé au cardinal de Lorraine, Nantes, 5 déc. [1560]. Il est, grâce à son alliance, sr de Guergelin [Languidic], Ponsal [Plougoumelen], Bézidel [Brech] et Keronic [Pluvigner].
10 BnF, Fr. 3186, fo 115 : Étampes à Catherine de Médicis, Nantes, 2 mai 1561.
11 En 1558, voyant la mort de Gyé approcher (« J’ay sceu l’indisposition de Monsieur de Gyé »), Charles de Bourbon, prince de La Roche-sur-Yon, demande son appui au duc de Guise, soucieux qu’il « pourchassasse le gouvernement de Bretaigne », mais cela reste pourtant sans effets (BnF, Fr. 20648, fo 40 : La Roche-sur-Yon à Guise, 22 mars 1558). Il était entré avec Étampes à Nantes en 1548 et s’était présenté au parlement de Bretagne en 1556.
12 En 1562, la reine lui écrit ainsi en fin d’une missive : « J’ay accordé au cappitayne Trémigon la cappitaynerie que vous demandez pour luy » (La Ferrière, t. 1, p. 378 : Catherine de Médicis à Étampes, Blois, août 1562).
13 Morice, col. 1093 : Montmorency à Gyé, Saint-Germain-en-Laye, 18 juin 1553. Il obtient aussi la capitainerie de Guérande que son père, Marc, tenait depuis 1536.
14 BnF, Fr. 20510, fo 34 : Henri II à Étampes, Villers-Cotterêts, 20 oct. 1552. Le capitaine Kerouan commandait aussi à des gens de guerre bretons qu’il amenait sur le front de Picardie dès 1545.
15 BnF, Fr. 20510, fo 55 : Sourdeval à Étampes, Vannes, 21 fév. [1558] ; AN, MC, XCIX, 2, 24 mai 1566.
16 AMR, BB 466, fo 46 : mandement de Boisorcant à Julien Botherel, sr d’Apigné, Rennes, 1er oct. 1554.
17 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Bouillé, 21 juill. [1560].
18 BnR, Aut. 88, no 43 : Étampes à François II, Lamballe, 15 sept. 1560.
19 Nicolas Frotet de la Landelle, Mémoires, F. Joüon des Longrais (éd.), Paris/Rennes, Picard/Plihon et Hervé, 1886, p. 37.
20 BnF, 20510, fo 69 : Henri II à Étampes, Saint-Germain-en-Laye, 1er déc. 1557.
21 BnR, Aut. 88, no 7 : Étampes à Navarre, Nantes, 18 juin 1562. En 1548, Henri II écrit encore à Montmorency, capitaine de Nantes, à propos des boulets de la place : « Afin qu’on ne fasse difficulté de livrer les boulets que j’ay ordonné estre pris en mon chasteau de Nantes, je vous envoye signée de ma main la patente que vous dites estre pour ce requise » (Guillaume Ribier [éd.], Lettres et mémoires d’Estat, t. 2, op. cit., p. 154 : Henri II à Montmorency, Savigliano, 29 août 1548).
22 BnF, Fr. 20510, fo 14 : le dauphin Henri à Étampes, Folembray, 11 déc. 1546.
23 Morice, col. 1293 : Sanzay à Étampes, Nantes, 18 déc. 1561. Il avait été maître des eaux et forêts d’Anjou (CAF, t. 6, p. 659, 1542).
24 BnF, Fr. 15881, fo 323 : mémoire d’Étampes, 1560.
25 ADCA, 1 E 3654 : Sanzay à Étampes, Nantes, 7 août 1553.
26 APPM, J 121, fo 152 : Sourdeval à Matignon, Beauchêne, 26 février [1562].
27 BnF, Fr. 15879, fo 58 : mémoire d’Étampes à Charles IX, répondu à Fontainebleau, 22 fév. 1564.
28 BnF, PO 600 (Carné), no 11 : quitt. de Carné, cap. de Brest et d’une bande de 100 soldats, 10 juin 1569.
29 BnF, Fr. 15881, fo 323 : mémoire d’Étampes au roi, 1560.
30 En 1569, Martigues demande ainsi au roi de « vouloir pourveoir ung gentilhomme parent de sa femme [Bouillé] nommé Lestang d’une petite cappitainerie de Hennebond, qui est sur la mer, et que tient ung huguenot appellé Canzillon [Pierre de Tournemine, sr de Campzillon], lequel aussi bien n’y pouroict demourer en seureté estant de ceste opinion là [huguenot] » (BnR, Aut. 98/3, no 74 : Martigues à Charles IX, Nantes, 14 janv. 1569).
31 BnF, Fr. 15876, fo 365 : mémoire d’Étampes, août 1562.
32 BnR, Aut. 88, no 49bis : réponse d’Étampes, Lallemant et Chanteclerc, Dinan, 1er oct. 1563.
33 Voir ses lettres échangées avec les nobles et les bourgeois du Croisic (ADIV, 1 F 1978, 6e liasse).
34 BnF, Fr. 20510, fo 55 : Sourdeval à Étampes, Vannes, 21 fév. 1558 ; BnF, PO 2721 (Sourdeval), no 2 : quitt. de Sourdeval, cap. de chevau-légers en Piémont, 25 mars 1556 ; BnF, Carrés d’Hozier, 448, fo 69.
35 BnF, Fr. 22331, fo 564 ; il se qualifie à la fois de gouverneur de Belle-Île et du Croisic (AD Manche, A 1931).
36 ADIV, 1 F 1978, 6e liasse : Étampes à Jacques de Robien, Vire, 6 sept. 1562.
37 ADIV, 1 F 1978, 6e liasse : André de Malherbe à Jacques de Robien, Le Croisic, 23 déc. 1562. Sr de Gathemo, fief voisin de Sourdeval, il est ensuite lieut. de la Cnie de Bouillé (BnF, PO 1816).
38 ADCA, 1 E 3654 : Sourdeval à Étampes, Le Croisic, 8 oct. 1563.
39 ADCA, 1 E 3654 : Jacques de Forsans à Étampes, Dinan, 21 avr. [1562].
40 BnR, Aut. 88, no 10 : Étampes à Catherine de Médicis, Nantes, 1er mai 1562.
41 BnF, Carrés d’Hozier, 267, fo 169 : Étampes à Jacques de Forsans, Nantes, 26 avr. 1562.
42 ADCA, 1 E 3654 : Pontbriand à Étampes, Dinan, 22 mai 1562 ; BnF, Fr. 22310, fo 49.
43 BM Rouen, Martainville 200-4, fo 1 : montre par le sr de Rieux, Dinan, 1er juin 1562.
44 BnR, Aut. 88, no 25 : Étampes à Guise, Montfort, 16 juin 1560.
45 BnF, Fr. 15881, fo 323 : mémoire d’Étampes, 1560 : « Suyvant son pouvoir de lieutenant de Roy qu’il a, il y puisse mettre le canon » (réponse).
46 Paul Paris-Jallobert, Journal historique de Vitré ou documents et notes pour servir à l’histoire de cette ville, Vitré, J. Guays, 1880, p. 20 : Georges de Gennes à François d’Andelot, Vitré, 15 mai 1561.
47 Ibid., p. 21 : ordonnance d’Étampes, 10 août 1561.
48 ADIV, 1 F 1675 : assemblée des habitants de Vitré, 1562.
49 ADIV, 1 F 1675 : Guy de Laval à Jean d’Espinay, Paris, 30 mai 1562.
50 Paul Paris-Jallobert, Journal historique…, op. cit., p. 21 : ordonnance de François du Gué, Vitré, 11 nov. 1562.
51 Son frère, François de Monterfil, garde Comper en 1569.
52 Arlette Jouanna, « Recherches sur la notion d’honneur au xvie siècle », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. 15, 1968, p. 597-623.
53 Sur le ban breton, voir Michel Nassiet, Noblesse et pauvreté : la petite noblesse de Bretagne (xve-xviiie siècles), Rennes, Société historique et archéologique de Bretagne, 1993, 526 p. ; « La noblesse en France au xvie siècle d’après l’arrière-ban », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. 46, no 1, janvier-mars 1999, p. 86-116 ; Antoine Rivault, « Le ban et l’arrière-ban de Bretagne : un service féodal à l’épreuve des troubles de Religion (vers 1550-vers 1590) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, no 120-1, 2013, p. 59-96.
54 BnF, Fr. 22310, fo 124 : commission d’Étampes à Souleville, Rennes, 11 avr. 1560. Souleville, un vassal, est commissaire de l’évêché de Saint-Brieuc et le duc le fait capitaine de 50 arquebusiers à cheval.
55 ADCA, 2 E 4 : commission d’Étampes à Jacques d’Acigné, sr de La Roche-Jagu, Guingamp, 10 mai 1543. Le 12 mai, il nomme son frère, Charles d’Acigné, sr de Launay, capitaine en son absence (ADIV, 23 J 56).
56 BnF, Fr. 22340, fo 200 vo : commission d’Étampes à Julien du Breuil, sr de Pontbriand, Rennes, 4 avr. 1562.
57 ADIV, 2 Ec 8 : Étampes à Marc de Carné, cap. de l’arrière-ban de Vannes, Les Essarts, 22 juin 1543.
58 ADIV, 49 J 128/A, no 72 : commission d’Étampes à Léonard du Plessis, Carhaix, 25 juill. 1543. Le gentilhomme s’étant bien acquitté de sa tâche, il le fera quelques mois plus tard prévôt des maréchaux en Bretagne. Ce baptême du feu est donc un moyen de se forger des fidélités au sein de la noblesse locale.
59 ADCA, 1 E 3654 : Jean Levesque, sr de Pontharouart à Étampes, Dinan, 12 nov. 1555 ; Julien du Breuil, sr de Pontbriand, à Étampes, Dinan, 22 mai 1562.
60 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes aux officiers de Dinan et à La Caunelaye, Nantes, 4 mai 1558.
61 ADIV, 1 Bv, fo 196 vo : ordonnance d’Étampes, Romorantin, 20 avr. 1545.
62 AMR, CC 52 : ordonnance d’Étampes, Fontainebleau, 4 mars 1554 ; ADIV, 1 Ba 4, fo 122 vo : ibid. ; AMR, AA 12, no 18 : Étampes à Latay, Lamballe, 22 août 1557.
63 ADCA, 1 E 3655 : mémoire d’Étampes à Cornulier, 28 mars 1557.
64 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Saint-Malo, 17 avr. 1558.
65 Michel Nassiet, Noblesse et pauvreté…, op. cit. En réalité, une partie des fieffés est fiscalisée et ne doit pas de service personnel. Le sr de Lartigue, vice-amiral de Bretagne du temps de François Ier, passé au service d’Henri VIII, estime en 1543 que sur 3 000 cavaliers bretons, seuls 300 sont armés en hommes d’armes (AGS, K 806, fo 68).
66 ADLA, B 121 ; Arch. russes d’État des actes anciens, Moscou, coll. Lamoignon, t. 4, fo 148 : Montmorency à Étampes, (Villers-Cotterêts), 23 avr. 1557.
67 BnF, Fr. 20510, fo 61 : Guillaume du Chastel à Étampes, Quijac (Lambézellec), 16 juill. 1557 : « Au regard de nostre arrière ban, vous congnoissez assez sa force sellon son ancyen reglement et croy que si vostre bon plaisir seroit de les laisser encores à la mode accoustumée, que chascun se mepteroyt en plus grans debvoir de faire service au roy que sa faculté ne permecteroyt. »
68 BnF, Fr. 3151, fo 45 : Étampes à Henri II, Lesneven, 13 sept. 1558.
69 BnF, Fr. 15875, fo 395 : Étampes à Catherine de Médicis, Rennes, 17 nov. 1561.
70 ADIV, 2 E 8 : Étampes à Marc de Carné, Les Essarts, 22 juin 1543.
71 Musée Dobrée, coll. des aut., no 450 : Étampes à Guise, Lamballe, 15 oct. 1560.
72 BnF, Fr. 3186, fo 33 : Étampes à Charles IX, Lamballe, 31 janv. 1561.
73 Morice, col. 1260 : Bouillé à Étampes, Nantes, 11 nov. 1560.
74 BnF, Fr. 3186, fo 33 : Étampes à Charles IX, Lamballe, 31 janv. 1561.
75 BnF, Fr. 3186, fo 88 : Étampes à Charles IX, Lamballe, 18 avr. 1561.
76 BnR, Aut. 88, no 10 : Étampes à Catherine de Médicis, Nantes, 1er mai 1562.
77 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Rennes, Saint-Julien-de-Vouvantes, 16 avr., 8 août 1560 ; Bouillé à Christophe du Matz, sr du Brossay Saint-Gravé, Nantes, 10 et 13 déc. 1560.
78 BnF, Fr. 20510, fo 110 : Étampes à Jean de Machecoul, sr de Vieillevigne, Lamballe, 17 juill. 1563.
79 BnF, Fr. 15881, fo 190 : Étampes à Catherine de Médicis, Saint-Malo, 14 juill. 1563.
80 BnR, Aut. 88, no 9 : Étampes à Charles IX, Nantes, 16 mai 1562.
81 BnR, Aut. 88, no 5 : Étampes à Catherine de Médicis, Nantes, 17-19 juin 1562.
82 BnR, Aut. 88, no 7 : Étampes à Antoine de Bourbon, Nantes, 18 juin 1562.
83 BnF, Fr. 15881, fo 183 : Bouillé à Étampes, Saint-Julien-de-Vouvantes, 23 juin 1563.
84 BnR, Aut. 88, no 44 : Étampes à Navarre, Nantes, 26 juill. 1562.
85 BnF, Fr. 22310, fo 78 : commission d’Étampes pour Jean Lambert, Lamballe, 30 nov. 1555. Jean Lambert, sr de Rigourdaine, connétable et garde-côte de Dinan, a plusieurs fois commandé l’arrière-ban dans sa ville. En 1555, au décès du sr de La Barre, le duc lui confie les francs-archers de Rennes.
86 L’ancien vice-amiral de Bretagne, le sr de Lartigue, estimait qu’ils étaient rémunérés par les évêchés à hauteur de cent sous par mois, soit deux couronnes et un teston (AGS, K, 806, fo 68 : rapport de Lartigue, juin 1543).
87 Ibid. Noël du Fail se moque ainsi de leur mauvaise conduite (Propos rustiques, Paris, 1842, p. 72-73). « Au regard des francs archiers, il se y trouvera le nombre acoustumé, mais vous scavez quelz gens se sont », dit le gouverneur Guy de Laval au roi en 1522 (BnF, Ms. Fr. 2971, fo 134, Havre de Blavet, 26 août 1522).
88 BnF, Fr. 20510, fo 66 : Jérôme de Carné à Étampes, Brest, 21 juill. 1557.
89 ADIV, 4 B 14/10, 1er vol. : Étampes aux officiers de Saint-Malo, Les Essarts, 20 avr. 1546.
90 ADCA, 1 E 3654 : Jean Le Bouteiller, sr des Landes et Maupertuis, à Étampes, Les Landes [Saint-Méloir-des-Ondes], 15 mai 1554.
91 ADIV, 23 J 56 : acte de Claude du Chastel aux officiers de Morlaix, Kersimon [Coat-Méal], 17 mars 1551.
92 ADIV, 23 J 56 : montre générale des francs-archers de Tréguier tenue sur ordre d’Étampes à Lannion devant Claude du Chastel, Claude de Boiséon, et Jean de Kermellec (capitaine), 23 fév. 1552.
93 ADIV, 23 J 56 : ordonnance de Jean de Kermellec, 29 août 1554.
94 SHD (Brest), Ms. 164 : acte de Gyé aux officiers du Léon, Landerneau, 28 avr. 1554 ; acte de Claude du Chastel au cap. des francs-archers de Léon, Kersimon [Coat-Méal], 29 avr. 1554 ; Claude du Chastel aux officiers de Lesneven, Kersimon, 29 avr. 1554.
95 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Brest, 8 sept. 1554.
96 BnF, NAF 1120 : ordonnance d’Étampes, La Touche Lymosinière, 17 oct. 1554.
97 ADLA, B 121, fo 356 : ordonnance d’Henri II, Villers-Cotterêts, 22 oct. 1555.
98 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Saint-Malo, 31 juill. 1557. À Saint-Malo, René Moreau de La Perraudière est lieut. de Talvert, déjà lieut. de Bouillé, au moins dès 1551, puis lieut. de Fontaines, neveu de Bouillé, et transmettra sa charge à son fils.
99 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Saint-Malo, mai 1558.
100 ADIV, 4 B 14/19, 2e vol. : commission d’Étampes à Maupertuis, commissaire des gentilshommes de Dol, Lamballe, 14 mai 1558 (paroisses de St-Servan, St-Jouan, Paramé, St-Ideuc, St-Méloir, St-Coulomb, St-Suliac, St-Enogat, Langrolay et Trémereuc).
101 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Lamballe, 15 août 1558.
102 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes aux officiers de Dinan et à La Caunelaye, Nantes, 4 mai 1558.
103 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Saint-Malo, mai 1558.
104 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Gyé à La Caunelaye, Saint-Malo, 2 oct. [1558].
105 ADCA, 1 E 3654 : Jean Levesque, sr de Pontharouart, à Étampes, Dinan, 12 nov. 1555 ; ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Lamballe, 16 nov. 1564.
106 AMSM, BB 5, fo 18 : ordonnance d’Henri II, Paris, 21 mai 1559. Signée par le roi, Montmorency (cap. de la place) et Étampes. Lachoue deviendra ensuite cap. de la compagnie de Bouillé.
107 BnF, Fr. 20472, fo 57 : Jean d’Acigné au cardinal de Lorraine, Fontenay (Chartres-de-Bretagne), 24 juin (1558).
108 ADCA, 3 J 1 : commission d’Henri II, Villers-Cotterêts, 15 juin 1558.
109 BnF, Fr. 20458, fo 95 : Étampes et Gyé au cardinal de Lorraine, Lamballe, 21 août 1558.
110 BnF, Fr. 3151, fo 45 : Étampes à Henri II, Lesneven, 13 sept. 1558.
111 ADCA, 1 E 3654 : Étampes à Bouillé, Lamballe, 12 juill. 1558. En mai, Villebrune était commissionné par Étampes pour seconder le commissaire Maupertuis dans la levée de 100 francs-archers autour de Saint-Malo (ADIV, 4 B 14/19, 2e vol. : commission d’Étampes à Maupertuis et Villebrune, Lamballe, 14 mai 1558).
112 Charles Estienne, Guide des chemins de France, Paris, 1552, p. 128.
113 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Bouillé, 21 juill. [1560] ; Rennes, 11 mai [1560].
114 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Rennes, 14 avr. [1560].
115 BnF, Fr. 15881, fo 323 : mémoire d’Étampes, 1560.
116 BnR, Aut. 88, no 6 : Étampes à Charles IX, Nantes, 18 juin 1562.
117 ADCA, 1 E 3654 : Bouillé à Étampes, Saint-Malo, 21 oct. 1561.
118 BnR, Aut. 88, no 9 : Étampes à Charles IX, Nantes, 16 mai 1562.
119 BnR, Aut. 41, no 2 : Montpensier à Étampes, Angers, 16 juin 1562. Le même jour, il sollicite la recommandation d’Étampes pour deux de ses gendarmes, dépouillés d’armes en Anjou et qui souhaitent en racheter à Nantes (ADCA, 1 E 3654 : Montpensier à Étampes, Angers, 16 juin 1562).
120 BnR, Aut. 88, no 4 : Étampes à Navarre, Nantes, 26 juin 1562.
121 Morice, col. 1312 : Montmorency à Étampes, Blois, 16 juill. 1562.
122 BnF, Fr. 15876, fo 355 : Navarre à Étampes, Bois-de-Vincennes, 4 août 1562.
123 BnF, Fr. 15876, fo 363 : Étampes à Navarre, Rennes, 7 août 1562.
124 APPM, J 121, fo 182 : François du Breuil à Matignon, Granville, « la nuît » du 14 mars 1562.
125 BnR, Aut. 88, no 48 : Étampes à Navarre, Nantes, 21 juill. 1562.
126 BnF, Fr. 15876, fo365 : mémoire d’Étampes, 1562.
127 BnR, Aut. 88, no 33 : Étampes à Catherine de Médicis, Nantes, 29 juill. 1562.
128 BnF, Fr. 15876, fo 389 : Étampes à Charles IX, Rennes, 10 août 1562.
129 BnF, Fr. 20510, fo 105 : Claude de Beaucé à Étampes, Fougères, 10 août 1562. Le 19 août, Montgomery rend en effet une ordonnance sur ses troupes à Saint-Lô (AGS, K 1496).
130 BnF, Fr. 3194, fo 33. Annebault à Machecoul, Gonnord à Châteaubriant ; BnF, Fr. 3185, fo 15 : Étampes à Ancenis, Martigues à Dinan, Vassé à Vitré, Chantemesle à Fougères ; BnF, Fr. 3194, fo 114 vo ; BnF, Fr. 15881, fo 189 : Étampes à Catherine de Médicis, Saint-Malo, 14 juill. 1563. Vassé tient encore garnison à Vitré en 1564 (BnF, Fr. 25800, fo 89 : montre à Vitré, 28 janv. 1564).
131 ADCA, 1 E 3654 : Guillaume Le Maire à Étampes, (Nantes), 13 août 1562.
132 BnF, Fr. 3190, fo 18 : les catholiques de Pontorson au duc d’Aumale, lieutenant général de Normandie, Pontorson, 12 août 1562. Aumale renvoie pourtant la requête à Matignon (fo 20 : Aumale à Matignon, Louviers, 17 août 1562). Moins optimiste, le capitaine de la ville demande tout de même à Aumale une commission pour lever des troupes « sy monsieur le gouverneur de Bretaigne ne nous accordoyt gens de sa compaignye » (BnF, Fr. 3254, fo 82 : Jacques de La Cervelle au duc d’Aumale, château de Pontorson, 12 août [1562]).
133 APPM, J 121, fo 370 : François du Breuil à Matignon, Granville, 14 août 1562.
134 BnF, Fr. 20510, fo 103 : Charles IX à Étampes, Vierzon, 15 août 1562 ; BnF, Fr. 3190, fo 5 : Catherine de Médicis à Matignon, Vierzon, 17 août 1562.
135 APPM, J 121, fo 291 : François du Breuil à Matignon, Granville, 9 juin 1562.
136 APPM, J 121, fo 317 : François du Breuil à Matignon, Granville, 30 juin 1562.
137 ADCA, 1 E 3654 : Gilles du Tiercent à Étampes, Rennes, 14 juin 1562.
138 AN, 1AP 628 : Lignel, sénéchal de Dol, à l’évêque de Dol, Rennes, 1er déc. [1544].
139 Il se distingue en effet par une très mauvaise gestion de ses terres (ADIV, 2 Eb 54-57).
140 APPM, J 121, fo 334 : François du Breuil à Matignon, Granville, 20 juill. 1562.
141 BnF, Fr. 22310, fo 165-166 ; 249.
142 Les capitaines Caunelaye (Saint-Malo), Trémigon (Dol), Longué (Nantes), Trégouet (Tréguier), Langan (Saint-Brieuc, fils de Trémigon), Tivarlen (Cornouaille) et La Motte (Vannes).
143 BnR, Aut. 88, no 7 : Étampes à Navarre, Nantes, 18 juin 1562.
144 BnF, Fr. 15876, fo 209 : Étampes à Navarre, Nantes, 7 juill. 1562.
145 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes aux officiers de Dinan, Nantes, 10 juill. 1562.
146 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Bayeux, 15 oct. 1562.
147 ADIV, C 3735 : Jean d’Arz, sr de Rulliac, à Étampes, avr. 1562.
148 BnF, Clair. 232, fo 2368 vo ; ventes de vin pour ses soldats auprès d’Étampes (AMN, EE 197, fo 6, 1562).
149 CSP, Foreign, Elizabeth, t. 6, no 42 : La Motte-Thibergeau à Cecil, 6 janv. 1563. Étampes envoie Sourdeval débaucher des huguenots en leur promettant le collier de l’ordre et le commandement de troupes contre les Anglais de Jersey et Guernesey, qui menacent Saint-Malo et Belle-Île.
150 BnR, Aut. 88, no 7 : Étampes à Navarre, Nantes, 18 juin 1562.
151 Déjà en 1560, il avouait s’appuyer sur « deux moiennes qui ont esté prises de la ville de Rennes et quatre ou cinq petites qui sont au duc d’Estampes » (BnR, Aut. 88, no 34, mémoire d’Étampes, fin juill.-août 1560).
152 BnF, Fr. 22310, fo 127 : Étampes à Souleville, Nantes, 16 juill. 1562.
153 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Bayeux, 23 oct. 1562.
154 BnR, Aut. 88, no 45 : Étampes à Navarre, Nantes, 27 juill. 1562.
155 BnF, Fr. 15877, fo 26 : Étampes à Navarre, Avranches, 13 sept. 1562.
156 Morice, col. 1319 : ordonnance d’Étampes, Saint-Lô, sept. 1562.
157 APPM, J 121, fo 381 : Étampes à Jacques de Matignon, Antrain, 18 août 1562.
158 La Ferrière, t. 1, p. 386-7 : Catherine à Étampes, camp devant Bourges, 25-30 août 1562.
159 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Avranches, 28 sept. 1562 ; Ibid., 7 oct. 1562.
160 APPM, J 122, fo 72 : Étampes à Matignon, Avranches, 28 sept. 1562.
161 APPM, J 122, fo 95 : Étampes à Matignon, Avranches, 6 oct. 1562.
162 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Bayeux, 15 oct. 1562. « Ceste punaiyse de Sainct Lô où tous les malfaicteurs se retirent », dit François du Breuil à Matignon en août (APPM, J 121, fo 370).
163 CSP, Foreign, Elizabeth, t. 5, no 848 : Throckmorton à Elizabeth, 15 oct. 1562.
164 ADM, 34 J 4, Ms. 144 : Étampes à La Caunelaye, Bayeux, 23 oct. 1562.
165 APPM, J 122, fo 175 : Martigues à Matignon, Argences, 31 oct. 1562 ; AD Calvados, 615edt18-26.
166 APPM, J 122 : Étampes à Matignon, Rouen, 29 oct. 1562.
167 Gilles de Gouberville, Le Journal du sire de Gouberville, Bricquebosq, Les Éditions des Champs, t. 3, 1993, p. 823, 831.
168 APPM, J 122, fo 280 : Martigues à Matignon, Paris, 18 nov. 1563 ; Brantôme, Œuvres complètes, Paris, Société de l’histoire de France, t. 4, p. 397.
169 Pierre de Paschal, Journal de ce qui s’est passé en France durant l’année 1562 principalement dans Paris et à la Cour, Michel François (éd.), Paris, H. Didier, 1950, p. 198.
170 La Ferrière, t. 1, p. 456 : Catherine de Médicis au cardinal de Lorraine, 23 déc. 1562, note la bonne conduite de Martigues à Dreux.
171 Mémoires de Condé, t. 1, Paris, 1743, p. 105-106.
172 Catalogue analytique des archives de M. le baron de Joursanvault, t. 2, Paris, J. Techener, 1838, p. 271 : lettres d’Étampes, 1563.
173 Mémoires de Condé, t. 2, Paris, 1743, p. 120 : l’ambassadeur espagnol à Philippe II, Paris, 3 janv. 1563.
174 CSP, Foreign, Elizabeth, t. 6, no 12 : Throckmorton à Elizabeth, Saint-Denis, 3 janvier 1563.
175 Mémoires de Condé, t. 2, Paris, 1743, p. 133 : l’ambassadeur espagnol à Philippe II, Vendôme, 20 fév. 1563 ; CSP, Foreign, Elizabeth, t. 6, no 354 : Sir Thomas Smith à Elizabeth, Blois, 26 fév. 1563.
176 AM Angers, AA 3 : le receveur Charlot aux échevins d’Angers, Blois, 19 fév. 1563 : « Monsieur d’Estampes a esté incontinent envoyé au camp, pour commander en l’armée en attendant monseigneur de Montpensier et Monsieur de Brissac. »
177 APPM, J 121, fo 170 : Étampes à Matignon, camp devant Orléans, 11 mars 1563 ; fo 197 : Étampes à Matignon, Amboise, 6 avr. 1563.
178 APPM J 123, fo 178, Étampes à Matignon, Saint-Germain-en-Laye, 14 mai 1563 ; Mémoires de Condé, t. 2, Paris, 1743, p. 161 : l’ambassadeur espagnol à Philippe II, Paris, 18 juin 1563.
179 ADIV, 14 B 14/20, 4e vol. : Charles IX à Étampes, camp du Havre, 30 juill. 1563.
180 Roseline Claerr et Olivier Poncet (dir.), La prise de décision en France (1525-1559). Recherches sur la réalité du pouvoir royal ou princier à la Renaissance, Paris, École des chartes, 2008, 208 p.
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