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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Le grand ébranlement de l’opération Barberousse (juin-novembre 1941) Vers la victoire du communisme ? (décembre 1941-novembre 1942) Notes de bas de page

    L’armée française et le communisme

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre III. Le temps des alternatives (juin 1941-novembre 1942)

    p. 127-176

    Texte intégral Le grand ébranlement de l’opération Barberousse (juin-novembre 1941) La guerre totale contre le bolchevisme : l’heure des choix La perception de la guerre à l’Est La guerre en Russie accroît le risque révolutionnaire en Europe La collaboration favorise le PCF La solidité de l’armée française en question Vers la victoire du communisme ? (décembre 1941-novembre 1942) La bataille de Moscou, tournant psychologique La question du maintien de l’ordre revient au premier plan La collusion soviéto-anglo-saxonne contre la France Le désastre annoncé du Reich sur le front de l’Est Notes de bas de page

    Texte intégral

    « Seuls les benêts hitlériens ne peuvent comprendre que non seulement l’arrière européen, mais aussi l’arrière allemand des troupes allemandes, est un volcan prêt à exploser et à ensevelir les aventuriers hitlériens. »
    Joseph Staline, 6 novembre 19411.

    « La France peut être, tout à coup, évacuée par les soldats allemands rejoignant en désordre leurs foyers. […] La crainte de l’Allemand disparue, des troubles graves peuvent éclater dans la zone précédemment occupée. »
    Colonel Baril, chef du 2e bureau, 4 janvier 19422.

    « Autant qu’il paraisse, l’intérêt s’émousse et l’apathie augmente dans tous les degrés de l’armée. Abrutis par une TSF et une presse ridiculement peu dignes, les Français sont aussi perdus qu’aux pires heures de 1936 ou de la guerre d’Espagne […] On ne conçoit pas que le gouvernement soit assez faible pour tolérer de pareilles médiocrités, de pareilles indignités. Mensonges, bobards, tromperies […] Il faut arrêter tous ces commentaires de courtisans qui sont honteux pour nous. Tel est le sentiment de tous3. »

    1Cette appréciation sévère, donnée le 25 mai 1941 par l’officier MA rédacteur du compte rendu mensuel sur l’état d’esprit dans l’armée, est symptomatique de la démoralisation et de la désorientation qui affectent une bonne partie de l’armée de métropole. Un mois plus tard, le déclenchement de l’opération Barberousse provoque en Europe occidentale une onde de choc qui frappe une armée française en plein désarroi. Ce nouveau rebondissement dans la guerre en cours place les militaires français face à un dilemme, inégalement bien perçu : faut-il par-dessus tout souhaiter la victoire de l’Allemagne, parce qu’elle ruinerait définitivement le communisme, ou au contraire espérer un enlisement irrémédiable de la Wehrmacht dans l’immensité russe ? Cette alternative très politique marque l’apparition d’un clivage au sein de l’institution militaire. Si la plupart des officiers n’en sont vraisemblablement pas conscients, cette tension est toutefois perceptible parmi les chefs militaires. Dans les mois suivants, la résistance de l’Armée rouge et l’accentuation de la politique de collaboration accroissent les antagonismes provoqués par les enjeux de la guerre en Russie, d’autant plus vivement que le PCF semble avoir trouvé un second souffle depuis le mois de juin, ce qui provoque le retour au premier plan de la question du maintien de l’ordre. L’évolution de la situation sur le front oriental, qui déjoue tous les pronostics faits depuis l’avant-guerre, apparaît donc dans l’ensemble comme un facteur de fragilisation de l’armée d’armistice. L’occupation de la zone sud en novembre 1942, suivie de la dissolution de l’armée de métropole, met les militaires français face à de nouveaux choix dans lesquels, consciemment ou non, le facteur politique joue le rôle clé.

    Le grand ébranlement de l’opération Barberousse (juin-novembre 1941)

    2À partir du 22 juin 1941, l’évolution de la guerre germano-soviétique domine la scène mondiale, mais également la situation intérieure française. Un mois seulement après le début du conflit, TR produit un rapport sur son impact dans l’opinion publique parisienne. Faisant le constat que « la guerre russo-allemande tient le premier plan des actualités », TR estime qu’elle cause un accroissement sensible des tensions entre Français : la majorité des élites souhaite la victoire soviétique, mais « beaucoup […] désirent la défaite de la Russie » ; quant aux masses, elles « espèrent que la lutte russo-allemande entraînera l’effondrement de l’Allemand4. » Le fort courant de sympathie suscité d’emblée par l’Union soviétique, lorsqu’elle est envahie par le Reich, ne semble pas, dans un premier temps, favoriser l’audience de la propagande communiste. Par contre, le déclenchement de la guerre à l’Est fait désormais du PCF un ennemi à part entière pour l’occupant, ce qui fournit à Vichy une bonne opportunité pour éradiquer définitivement le communisme de l’ensemble du pays. Par conséquent, on assiste au cours de l’été 1941 à une escalade de la répression contre le PCF, tant dans la zone occupée que dans la zone libre. La législation est modifiée en conséquence et l’armée se trouve directement impliquée dans cette lutte redoublée contre le PCF. Toutes ces mesures anticommunistes concordent avec la politique d’éradication de la résistance que les Allemands engagent à partir de l’été 19415.

    La guerre totale contre le bolchevisme : l’heure des choix

    3Dès le 27 juin, se tient au ministère de l’Intérieur une conférence interministérielle, présidée par le secrétaire général de la police, Henri Chavin, qui décide des mesures à prendre d’urgence contre le PCF6. Deux représentants du ministère de la Guerre y assistent. Ensuite, un décret du 8 juillet 1941 interdit l’édition et la diffusion d’hymnes, de chants ou de poèmes d’inspiration communiste ou anarchiste, mais c’est surtout la loi du 14 août qui marque une inflexion sensible dans la lutte contre l’ennemi intérieur et manifeste une volonté de collaboration plus étroite avec l’occupant pour combattre le communisme. Ce texte qui instaure les sections spéciales, seules compétentes pour juger les activités communistes et anarchistes, redonne une nouvelle importance à l’armée dans la lutte contre la subversion. En effet, dans la zone libre, ce sont des tribunaux militaires, érigés en sections spéciales, qui doivent juger les inculpés, les sections spéciales civiles ne siégeant qu’en zones occupées. La France militaire relaie sans réserve cette nouvelle orientation répressive. Ainsi, le 20 août, est publié en première page, initiative sans précédent, un communiqué des autorités occupantes, intitulé « un avertissement du commandement allemand aux agitateurs communistes », suivi quelques jours plus tard d’un article dithyrambique sur les mesures anticommunistes décidées par le gouvernement7.

    4Mais, en réalité et en dépit des apparences, la marge de manœuvre des militaires continue de se réduire en raison de la place croissante qu’occupe l’anticommunisme dans la France de Vichy. D’une part, le contre-espionnage militaire tend à ne jouer qu’un rôle marginal dans la lutte contre le communisme, parce qu’elle ne fait plus partie des priorités du service, mais également parce qu’elle se déroule surtout en zone occupée. D’autre part, Darlan s’efforce de reprendre en main les services spéciaux, trop réticents envers la politique de collaboration et accusés de complicités avec les Anglais et les gaullistes8. Cette évolution, amorcée à la suite de la signature des protocoles de Paris en mai 1941, s’accélère avec le déclenchement de la guerre à l’Est, sans mettre d’ailleurs fin à la suspicion du gouvernement envers le contre-espionnage militaire9. Ainsi, un décret du 14 septembre 1941 abroge la tutelle du SMA sur la Surveillance du Territoire, rétablissant ainsi le dualisme d’avant-guerre en matière de contre-espionnage. Puis, le 18 août 1941, est créé un nouvel organisme de renseignement, le Centre d’information gouvernemental, qui chapeaute les SR Guerre, Marine et Air, afin de mieux les soumettre au contrôle du pouvoir politique et de réduire leur liberté d’action. Les réformes du renseignement et du contre-espionnage marquent ainsi une nouvelle progression du rôle de la police dans la lutte anticommuniste, une évolution encore amplifiée par la politique d’exécutions d’otages menée par les Allemands à partir de l’automne. Ces tendances générales, marquées par la volonté de mener une guerre totale contre le communisme, prennent un caractère durable et sans cesse exacerbé en raison de la tournure prise par le conflit germano-soviétique.

    5L’attaque allemande contre l’URSS ne déclenche pas dans l’armée française de dynamique d’engagement pour combattre à l’Est. La France militaire rend compte de la création de la LVF puis de sa participation aux combats, mais sans zèle excessif, puisque jusqu’en novembre 1941, seuls deux articles et une brève lui sont consacrés10, alors que le régime soutien officiellement l’envoi de ce corps expéditionnaire en Russie et que le maréchal Pétain lui apporte sa caution morale lorsqu’il déclare que la LVF détient « une part de notre honneur militaire ». Philippe Burrin et Pierre Giolitto ont montré que les militaires n’avaient constitué environ que le tiers des engagés, les officiers de carrière paraissant peu nombreux11. Il est vrai que l’obligation de porter l’uniforme allemand a eu un fort effet dissuasif chez les militaires français qui auraient voulu partir combattre le communisme les armes à la main. Beaucoup y aspiraient-ils ? Rien ne permet d’affirmer qu’un quelconque mouvement en ce sens se soit manifesté au sein de l’armée d’armistice. Quant au contre-espionnage militaire, il se réjouit sans réserve des difficultés de recrutement de la LVF, en les exagérant d’ailleurs, puisqu’il évoque son « fiasco complet », le nombre de volontaires n’ayant pas atteint l’effectif de 2 000 engagés12. Cette attitude, tout à fait inverse de celle de La France militaire, montre que, dans l’armée, la guerre en Russie a opposé ceux qui souhaitaient avant tout la défaite allemande à ceux qui espéraient d’abord la défaite de l’URSS, parce qu’elle marquerait la ruine définitive du communisme. Ainsi, dès les premières semaines de combats, les uns croient à l’effondrement rapide de l’Armée rouge, les autres à sa capacité de résistance pour au moins plusieurs mois. À ce stade, il semble que chacun penche, excepté peut-être parmi les bons connaisseurs de l’URSS et de la situation militaire en Europe orientale, vers le pronostic qui concorde le mieux avec ses espérances.

    6Tandis qu’à Vichy, on estime que la victoire allemande sera consommée d’ici un délai de deux ou trois mois, à Alger, le général Weygand déclare à Murphy qu’en attaquant la Russie, le Reich a d’ores et déjà perdu la guerre13. Tel est également le point de vue du colonel Rivet qui, le 22 juin, inscrit dans son Carnet : « Le radeau allemand s’enfonce peu à peu […] On peut pronostiquer sans grand risque maintenant que l’Allemagne perdra la guerre14. » Le même avis est longuement développé par le colonel Baril, chef du 2e bureau, dans une note rédigée dès le 27 juin sur la portée de la nouvelle guerre qui commence. Établissant un parallèle entre « la Grande Armée de 1941 [qui] fait invinciblement penser à la Grande Armée de 1812 », il pronostique que

    « la tâche ne serait ni aussi brève, ni aussi simple qu’on le pensait communément ; que, si des succès initiaux importants seraient à inscrire au bénéfice de l’Allemagne, les chemins qui menaient à Moscou seraient jalonnés des tombes pressées des meilleurs d’entre les soldats du Reich ; en sorte que l’Allemagne, en admettant même qu’elle pût triompher de son nouvel adversaire, sortirait sérieusement affaiblie de cette lutte, ce qui n’était pas sans gravité, car le problème anglais restait à résoudre15 ».

    7Pour Baril, c’est l’enlisement qui très probablement guette la Wehrmacht, même si elle parvient à écraser l’Armée rouge, car

    « victorieuse de l’URSS, l’Allemagne voit s’étendre l’immensité des espaces à occuper. Ses forces se dispersent et se diluent. Non seulement il ne lui est plus possible d’alléger son appareil militaire mais il lui faut trouver des cadres administratifs nouveaux, alors qu’elle est déjà à bout de moyens16 ».

    8En perspective, la défaite allemande se dessine, mais elle se décidera à l’Ouest :

    « La résistance anglaise permet aux États-Unis de se préparer. 1 500 avions sont sortis en mai des usines américaines. Au printemps prochain ce chiffre sera plus que doublé. La guerre se transformant et n’étant plus qu’une lutte d’aviation, il n’est pas douteux que la loi du nombre jouera en faveur de l’Angleterre et de l’Amérique qui, réunies, ont des possibilités infiniment supérieures à celles de l’Allemagne. La victoire anglo-saxonne ne sera pas le seul fait de divisions cuirassées ou autres refoulant les divisions allemandes. Elle sera le résultat d’une lassitude d’un pays écrasé sous les bombes et moralement peu armé pour supporter la dévastation de son territoire. La victoire anglo-saxonne sera faite d’une défaillance du peuple allemand17. »

    9À l’inverse, les dirigeants de Vichy misent sur une défaite de l’URSS, tout en espérant l’usure de la puissance allemande dans l’immensité russe. Tel est le point de vue exprimé par Pétain :

    « Le bolchevisme est, pour l’Europe, le danger le plus grave. Nous ne sommes donc pas fondés, nous, Européens, à regretter les coups qui lui sont portés aujourd’hui. Le règne du nazisme n’est pas, non plus, à désirer, car il imposerait au peuple soumis à son emprise des contraintes très lourdes à supporter. On peut prévoir qu’en raison de ces contraintes et de l’immensité de l’entreprise, des craquements ne tarderaient pas à se produire, qui jetteraient par terre l’édifice nazi18. »

    10Ces deux points de vue contradictoires montrent que le déclenchement de la guerre à l’Est et la résistance de l’Armée rouge ont sensiblement accru les tensions au sein de l’armée d’armistice et exacerbé les désaccords entre le pouvoir politique et les chefs militaires hostiles à la collaboration. La question des alliances se pose alors crûment avec une seule alternative réaliste : accentuer la collaboration, ce qui implique de faire de la lutte contre le communisme une priorité ou, au contraire, basculer dès que les circonstances le permettront, du côté des alliés.

    11Toutefois, jusqu’en novembre 1941, cette nécessité ne s’impose pas encore à la plupart des militaires français favorables aux alliés. Leur chef de file, Weygand, croit à la victoire des Anglais et des Américains, mais ne dit rien de l’URSS et encore moins des communistes19. Il estime que la Russie est un guêpier pour la Wehrmacht qui est en train d’y perdre ses forces vives, mais il ne juge pas l’Armée rouge capable de reprendre durablement l’initiative20. Exprimant un point de vue semblable dans sa note du 27 juin, le colonel Baril donne une conclusion très politique à ses prévisions sur l’évolution de la guerre :

    « Il serait imprudent d’indisposer l’Amérique, sentimentale, par des mesures graves qui pourraient laisser supposer que la France s’est rangée délibérément dans le camp allemand. Au lendemain de la guerre, nous aurons besoin de l’appui américain pour relancer l’activité économique du pays vide de ses stocks et de ses machines. Il faut savoir conserver l’amitié de l’Amérique. Ce doit être la grande ligne de notre politique. Hors de là tout n’est que détail21. »

    12Cette affirmation que l’enjeu exclusif pour la France demeure le bloc anglo-saxon et la condamnation implicite d’un resserrement de la collaboration avec Berlin à la suite de l’invasion de l’URSS permettent de supposer que Baril a forcé le trait dans ses pronostics sur la guerre à l’Est afin d’influencer le gouvernement dans ses décisions de politique internationale. Trois semaines plus tard, le général Doyen, président de la délégation française auprès de la commission allemande d’armistice défend la même position22. La mise à l’écart spectaculaire du général Doyen, en août, et du général Weygand, en novembre, sanctionne cette crise larvée entre le gouvernement et les chefs militaires les plus prestigieux, une crise pour une bonne part alimentée par les péripéties de la guerre en Russie23.

    La perception de la guerre à l’Est

    13Très rapidement, les premiers renseignements sur l’évolution de la situation militaire arrivent à Paris. Dès le 23 juin, Nac fournit un rapport d’un grand intérêt sur la « surprise absolue » que provoque à l’ambassade soviétique à Vichy l’annonce de l’agression allemande. À 7 heures du matin, Nac, en personne, apporte la nouvelle à Bogomolov qui croit d’abord à une blague. La confusion est ensuite totale, car l’ambassadeur ne reçoit pendant plusieurs heures aucune information, ni directive de Moscou, et ce n’est que tardivement qu’une dépêche chiffrée apporte officiellement confirmation de l’état de guerre entre l’Allemagne et l’URSS24. Dans la journée, Nac a une longue conversation avec le général Sousloparov qui se montre très confiant dans les capacités de l’Armée rouge à défendre le territoire soviétique. « Tranquille, sûr de lui », il éclate de rire quand Nac lui dit que les Allemands comptent finir la guerre en un mois. L’attaché militaire lui affirme qu’une fois la mobilisation achevée, l’Armée rouge passera à la contre-offensive. Pour l’heure, il pense que le commandement de l’armée va être officiellement confié à Vorochilov, mais qu’en réalité il sera assuré par Chapochnikov. Enfin, il considère que les risques insurrectionnels dans le Caucase sont inexistants, du fait des mesures prises « pour étouffer implacablement dans l’œuf toute tentative d’insurrection et de sabotage25. » Nac s’est ensuite rendu à l’ambassade de Turquie où l’ambassadeur lui a indiqué que son pays resterait très probablement neutre et s’opposerait au passage de troupes allemandes à travers son territoire en direction du Caucase. En conclusion, Nac s’affirme personnellement convaincu que, dans leur grande masse, les Soviétiques feront bloc pour la défense de la patrie, car « en Russie même et en Ukraine russe, il n’y a pas de terrain propice à l’activité de la cinquième colonne26 ».

    14À la fin juin, Bergery indique qu’à Moscou, les milieux militaires estiment que la première ligne de défense soviétique est « très compromise » et qu’il n’est pas certain que la seconde puisse être défendue si les troupes allemandes avancent trop rapidement. En outre, les unités de réservistes en formation pour assurer la troisième ligne de défense paraissent de faible valeur27. À l’inverse, la délégation française à Wiesbaden, beaucoup mieux informée, met l’accent sur la dureté des combats :

    « Les succès remportés par les Allemands sont déjà importants. Ils ne sont pas encore décisifs. Nulle part, sauf à Minsk, l’ancienne frontière soviétique n’était dépassée le 30 au matin ; la ligne Staline restait intacte. Mais l’impression dominante laissée par ses opérations est celle de l’âpreté de la lutte. L’adversaire se défend pied à pied. Il se fait tuer sur place28. »

    15Les militaires de la délégation observent également que le Reich a déclenché une grande offensive idéologique et de propagande à l’échelle mondiale pour démontrer que l’Allemagne mène en Russie une croisade contre le bolchevisme dans le but d’assurer « la renaissance de l’Europe29 ».

    16Dans les semaines qui suivent, les renseignements indiquant que les Allemands rencontrent de sérieuses difficultés affluent de toutes parts. Début juillet, TR apprend que, dès les premiers jours de l’offensive allemande, Paul Ker faisait déjà preuve d’optimisme, affirmant que les Allemands n’avaient pas encore rencontré le gros des troupes soviétiques et qu’ils avaient été surpris par la valeur de l’aviation ennemie. Ajoutant que l’Armée rouge avait déjà utilisé l’arme microbienne en lâchant des rats contaminés et se préparait à employer massivement des armes chimiques, le prétendu cadre du Komintern avait fourni une description précise et correcte, comme le montrent les renseignements ultérieurs, de la stratégie de la terre brûlée, puisqu’il avait indiqué que « d’après les premiers rapports des officiers généraux allemands, la destruction est systématique et inimaginable30. » Le 8 juillet, la délégation de Wiesbaden confirme et précise le contenu de sa précédente note :

    « Les succès marqués par les Allemands sont certains. Mais l’armée soviétique n’est pas encore désorganisée. Si la bataille sur la ligne Staline se déroule de la même manière que la bataille des frontières, il ne semble pas que la résistance russe doive s’effondrer d’un seul coup, quel que soit la profondeur de la pénétration allemande. »

    17Puis, le rédacteur de la note insiste sur le problème majeur que pose selon lui la résistance plus forte que prévu des Soviétiques : les réserves de carburant des Allemands ne seront pas suffisantes pour alimenter la Wehrmacht plus de trois mois. Dorénavant, l’enjeu est le suivant : « Dans cette affaire russe, le Reich joue son va-tout. L’importance des forces qu’il a engagées doit lui assurer une victoire rapide ou l’Europe, dont il a assumé la domination, sera incapable de vivre31. »

    18Une semaine plus tard, TR recueille des renseignements qui confirment les difficultés allemandes : il y a eu « un grand mouvement de joie et d’espoir dans la population de Strasbourg » qui espère que l’Allemagne sera affaiblie et moralement ébranlée par ce nouveau conflit ; rapidement, ces espoirs ont été confortés par le départ vers l’Est de renforts importants fin juin-début juillet, ces mouvements tendant à indiquer que les pertes ont été lourdes dès le début de la campagne, une impression confortée par la baisse du moral observable chez les Allemands32. D’autres sources confirment d’ailleurs ce fléchissement33. Ainsi, l’interception de lettres envoyées à leur famille par des soldats allemands montre que beaucoup partent pour le front russe « la mort dans l’âme » et, lors des manifestations du 14 juillet en province, les soldats allemands ont souvent sympathisé avec la population, « en souhaitant ouvertement que la guerre se termine le plus vite possible34 ».

    19De Suisse proviennent des informations allant dans le même sens : les pertes allemandes sont « énormes », même si elles restent nettement inférieures à celles des Soviétiques, ce qui est « une surprise inquiétante » pour le haut commandement de la Wehrmacht ; les destructions sont effectuées par les Russes avec « une méthode extraordinaire » et les Allemands avancent « dans un véritable désert » ; la propagande en direction de la population civile soviétique ne rencontre aucun succès ; seul point vraiment positif, la Luftwaffe a acquis sans difficulté la maîtrise absolue du ciel35. Deux semaines plus tard, des renseignements en provenance de l’état-major suisse confirment le maintien de ces grandes tendances, précisant toutefois que « le moral des soldats allemands demeure excellent et que tous croient, en dépit de la résistance russe, que la guerre sera terminée avant l’hiver36. »

    20Compte tenu de l’ensemble des renseignements recueillis, dès le premier mois de la guerre à l’Est le haut commandement de l’armée française sait déjà, comme d’ailleurs la plupart des observateurs militaires à travers le monde, que les Allemands ont fortement sous-estimé l’Armée rouge, et qu’en conséquence, la guerre sera plus longue que ne le prévoyaient ceux qui annonçaient avec certitude un effondrement rapide des forces armées soviétiques et la chute du régime communiste. Ce constat ne préjuge pas de l’issue de l’affrontement : va-t-on, en dépit de la résistance soviétique, vers une victoire allemande dans les mois à venir, ou s’achemine-t-on vers un conflit de longue durée ? De la fin de l’été et jusqu’au début de novembre, les éléments de réponse contradictoires se succèdent, mais la tendance dominante non seulement conforte l’impression que l’URSS a la capacité de résister encore longtemps, mais surestime sensiblement les difficultés des Allemands.

    21Les sources d’informations sont de qualité inégale, et de nombreux renseignements fantaisistes émaillent l’ensemble. Ainsi, une note de TR, pourtant d’« excellente » source, rapporte les propos d’un informateur « expérimenté et confirmé », selon lequel les stocks d’essence des Allemands seraient épuisés dans deux mois, des aviateurs russes iraient s’entraîner aux États-Unis et en Australie, et des escadres de bombardement soviétiques allaient arriver en Angleterre. Le document précise que les Soviétiques ont l’intention de bombarder Vichy, car Moscou considère la France comme un allié de l’Allemagne37. Début septembre, l’attaché militaire à Genève informe Vichy qu’un officier du SR suisse a évalué les pertes allemandes en Russie à deux millions d’hommes, dont 700 000 à 800 000 tués38 ! Les renseignements de meilleure qualité sont beaucoup plus nombreux, mais cependant ils pêchent souvent par exagération.

    22Le principal canal fournissant les informations les plus fiables est celui des attachés militaires en poste dans les pays neutres ou alliés de l’Allemagne. Durant cette période, un seul rapport de la délégation française à Wiesbaden a été conservé dans les archives et son contenu manque de précision en raison de la difficulté à obtenir des informations de la part des Allemands39. Le 11 août, l’attaché militaire à Berne fournit à partir des renseignements obtenus auprès de l’état-major suisse une synthèse sur les capacités opérationnelles de l’Armée rouge, qui constitue le premier rapport d’ensemble sur son adaptation aux nouvelles conditions de guerre :

    « L’armée russe, depuis la campagne de Finlande, a réalisé des progrès étonnants, aussi bien en matériel que dans le commandement […] Les officiers, et ce n’est pas la moindre surprise de cette guerre, connaissent et aiment leur métier. Ce qui fait la force de l’état-major russe, c’est qu’il dispose d’armées indépendantes les unes des autres, assurant elles-mêmes leur propre ravitaillement et leur propre armement […] L’état-major russe a pu garder secret ses projets de réorganisation et doter peu à peu l’armée d’un matériel moderne et de moyens puissants, sur lesquels l’Allemagne n’avait, en somme, que des renseignements incertains et qui constituent aujourd’hui une révélation. Des lignes de chemin de fer stratégiques ont pu même être construites à l’insu des Allemands40 […] [Suit une estimation des pertes :] On a publié des renseignements bien fantaisistes […] Selon des renseignements fournis aux postes suisses d’observation dans les Balkans, les Allemands auraient perdu 850 000 hommes et les Russes plus de deux millions. »

    23Ce bilan, qui surévalue les chiffres côté allemand, rend cependant correctement compte de l’acharnement des combats et du fort déséquilibre des pertes entre la Wehrmacht et l’Armée rouge41.

    24Fin octobre, le commandant Gouyou, collaborateur immédiat du colonel Rivet, reçoit du SR tchèque, qui possède plusieurs dizaines de liaisons en Allemagne, un bilan de la situation sur le front russe. Selon les Tchèques, la guerre évolue très défavorablement pour l’Allemagne : les pénuries de matières premières posent des problèmes croissants ; le moral des civils et des militaires est en baisse, en grande partie à cause des pertes estimées à deux millions (tués, grands blessés, prisonniers). En outre, l’aide des Anglo-Saxons est d’ores et déjà considérable, puisqu’en octobre, les Anglais auraient livré à la Russie 1 800 tanks et qu’un nombre équivalent aurait été expédié récemment par les États-Unis42. À la même époque, l’ambassadeur de France à Madrid, François Piétri, communique les déclarations que lui a faites le nouvel ambassadeur de Bulgarie en Espagne. Ce diplomate, qui connaît bien l’URSS, juge « absurde » d’espérer que la guerre va provoquer en Russie un soulèvement, car le régime communiste a soigneusement prévu les moyens d’encadrement et de répression en temps de guerre43.

    25En novembre, en dépit de la poursuite de l’avance allemande, les renseignements restent dans l’ensemble favorables aux Soviétiques. L’attaché militaire à Bucarest rapporte le pronostic du chef d’état-major de l’armée roumaine qui estime que l’avance allemande va sensiblement ralentir à cause de la boue et des problèmes logistiques posés par l’accroissement des distances. Par conséquent, il exclut une avancée sur le Caucase au cours de l’hiver44. À Stockholm, l’ambassadrice d’URSS, Alexandra Kollontaï, se montre très optimiste sur le potentiel de résistance de son pays, affirmant que Moscou et Leningrad ne tomberont pas et que l’aide américaine commence à arriver en grande quantité45. Mais les documents les plus décisifs proviennent l’un de Berne, l’autre d’Ankara.

    26Le premier rapporte le témoignage d’un « chirurgien de réputation mondiale » qui, en tant que membre de la mission médicale suisse sur le front russe, a eu de longues conversations avec des officiers supérieurs allemands, en particulier de l’état-major du général von Brauschitch, commandant en chef de la Wehrmacht. Ce chirurgien a déclaré : « Les Russes nous ont sauvé […] Cette guerre ne peut plus être gagnée par l’Allemagne ». Aucune des personnalités militaires avec lesquelles il a discuté ne croit plus à une victoire militaire. Tel serait, d’après son chef d’état-major, l’avis même du maréchal von Brauschitsch. Ce pessimisme résulte avant tout des « pertes irréparables » subies depuis juin, soit 12 panzerdivisions anéanties et 1,2 millions de morts et de disparus46. Toutefois, c’est une longue note en provenance d’Ankara, probablement transmise par l’attaché militaire, qui fournit les informations les plus importantes et l’analyse la plus complète de la situation générale sur le front de l’Est.

    27Ce document a été rédigé au cours du mois de novembre par un attaché militaire en Russie, peut-être celui de Turquie mais rien ne l’atteste, qui a effectué une synthèse des renseignements et opinions circulant dans le milieu des attachés militaires en URSS. D’emblée cette note annonce que « les Allemands n’ont aucune chance d’arriver à battre les Russes » et la suite du document vise à démontrer le bien-fondé de cette affirmation. Les principaux arguments sont les suivants :

    • les effectifs de l’Armée rouge sont en augmentation croissante : 235 divisions tiennent le front de l’Ouest (contre 245 pour les Allemands avec leurs alliés) et 100 sont en cours de formation47 ;

    • de juin à novembre, les Soviétiques ont subi la forte supériorité des Allemands en chars et secondairement dans les airs. Reconnaissant cette supériorité, le haut commandement de l’Armée rouge a appliqué une stratégie défensive visant à user l’armée adverse, attendant l’hiver pour mener « les batailles décisives ». Ainsi, durant les premières semaines, les meilleures divisions ne furent-elles pas engagées. Tenues en réserve pour défendre la ligne Staline, elles infligèrent de très lourdes pertes aux unités allemandes qui donnèrent l’assaut au dispositif fortifié entre le 20 juillet et le 12 août. Cette stratégie défensive menée avec succès a permis de saigner l’armée allemande dont les pertes sont estimées à trois ou quatre millions d’hommes (tués, blessés, prisonniers)48. Les pertes russes sont estimées au moins égales, mais avec une proportion de prisonniers beaucoup plus importante (deux millions)49 ;

    • à la suite du désastre de Kiev qui vit la destruction de l’armée de Boudiény, le haut-commandement a cependant été en mesure d’organiser efficacement la défense de Moscou, devenue l’enjeu stratégique central de la guerre50.

    28À ce stade des combats, le rédacteur de la note juge que, « malgré des répugnances qu’inspirent à plus d’un titre le système et les méthodes soviétiques, on doit constater qu’en ces graves circonstances, l’équipe dirigeante fut à la hauteur des situations les plus difficiles51. » Cependant, la perte des régions industrielles de l’Ouest constitue un sérieux handicap, car les nombreuses usines déplacées vers l’Est devant l’avancée ennemie ne pourront être remises en service qu’avec des délais importants. Par conséquent, si les besoins en matériel automobile, en artillerie et armes individuelles devraient pouvoir être satisfaits, le manque de chars et d’avions risque de se faire encore longtemps sentir. C’est dans ces deux domaines que l’aide anglo-saxonne est jugée la plus nécessaire. Deux cents avions occidentaux équipent déjà les forces soviétiques, mais les relations entre les autorités soviétiques et les missions anglaises et américaines paraissent manquer de « confiance et de cordialité ». Malgré ces graves problèmes, les mois à venir sont cependant envisagés assez favorablement :

    « Il est peu probable que les Allemands, même s’ils parvenaient à occuper Moscou, puissent arriver à couper en deux tronçons les forces russes. Une telle opération […] paraît impossible en plein hiver […] Le commandement soviétique estime qu’à partir du 15 janvier, il sera en mesure d’entreprendre des offensives méthodiques et continues dans plusieurs secteurs du front52. »

    29Même si, rétrospectivement, ce bilan de cinq mois de guerre surestime les succès soviétiques, il donne une vision d’ensemble du conflit vu depuis Moscou par les observateurs militaires étrangers en poste dans la capitale. Ce document est d’autant plus précieux que les Français ne disposent désormais d’aucune source directe dans la capitale soviétique. Il confirme la majeure partie des renseignements recueillis par ailleurs et annonce que les Soviétiques se préparent à passer à la contre-offensive. Le déclenchement, le 5 décembre, de la grande opération de dégagement de Moscou par l’Armée rouge ne pouvait qu’accroître la crédibilité des pronostics contenus dans la note venue d’Ankara. Un impact d’autant plus fort qu’à la même époque, les informations rapportant une évolution de la situation favorable aux Allemands restent limitées.

    30Ces sources, qui se situent pour l’essentiel à Budapest, n’annoncent en aucun cas un effondrement prochain des forces armées soviétiques, mais elles présentent l’avantage pris par la Wehrmacht comme décisif et appelé à s’accroître dans les mois suivants. Le 3 août, se fondant sur des sources allemandes sérieuses, l’attaché militaire en Hongrie informe Paris de l’avancée rapide des troupes allemandes au rythme de 20 km/jour et de l’épuisement de l’Armée rouge qui a déjà perdu ses meilleures troupes et commence à manquer d’armes. Les pertes de la Wehrmacht restent modérées, en particulier les officiers mis hors de combat ne représentent que 50 % des pertes subies au cours de la campagne de France53. Quelques jours plus tard, suite à un entretien avec le chef du 2e bureau hongrois, il fournit des renseignements de meilleure qualité sur les pertes respectives des belligérants54. Le 14 octobre, toujours en relation avec le chef du 2e bureau hongrois, l’attaché militaire en Hongrie apprend que les Soviétiques n’ont plus que 50 divisions opérationnelles, des réserves très limitées, et que Moscou et Leningrad vont rapidement tomber. En outre, les Allemands préparent une offensive sur Bakou et prévoient une offensive sur l’Iran au cours de l’hiver55 ! Fin novembre, l’attaché militaire à Berne recueille les impressions de son homologue allemand qui rentre de Berlin après s’être rendu sur le front de Leningrad. Selon ce dernier, le haut commandement de la Wehrmacht a été surpris par la capacité de l’état-major soviétique à monter des contre-offensives. Maintenant, les chefs militaires allemands savent que la guerre sera longue mais restent cependant optimistes56.

    31À partir de ces diverses sources contradictoires, comment les militaires français analysent-ils la situation à l’Est ? En octobre, Louis Rivet écrit dans son Carnet :

    « Nos renseignements, qui notent les lourdes pertes allemandes et les mauvaises perspectives que se forment sur l’issue de la guerre les Allemands et les gens informés, nous font maintenir ferme notre point de vue : l’Allemagne ne peut espérer amener la Russie à s’avouer vaincue et le front russe demeurera57. »

    32Le seul document de synthèse, établi dans cette période été-automne 1941 et qui ait été conservé, date de novembre. Il s’agit d’une note sur l’Armée rouge, vraisemblablement élaborée par le 2e bureau, car l’absence d’en-tête ne permet pas d’identifier précisément l’origine de cette étude. L’essentiel de ce document de 100 pages détaille les effectifs, les unités, les forces et l’organisation de l’armée soviétique, ces données semblant d’ailleurs remonter à 1940. Toutefois, une courte introduction dresse un tableau général du conflit depuis le 22 juin qui fait ressortir avant tout le succès défensif des Soviétiques :

    « L’armée allemande avait pour elle les deux avantages de l’initiative des opérations et de l’offensive. Malgré cela, ses succès à ce jour, ne sont pas décisifs : l’armée russe s’était préparée aux méthodes de guerre qui furent employées contre elle. Certes, elle perdit des batailles et une grande partie de ses forces de première ligne fut annihilée, mais les pertes allemandes furent énormes et, à l’entrée de l’hiver, ils n’ont pas atteint leurs objectifs. La puissance militaire russe est loin d’être hors de cause. Il faut considérer entre autres les deux points suivants :
    1) La Russie a des réserves énormes d’effectifs partiellement entraînés. En temps de paix, elle n’a pris sous les drapeaux qu’une partie infime du contingent annuel, mais elle n’a pas négligé d’en instruire le reste, et de plus ses formations paramilitaires, troupes de sécurité, gardes-frontières, etc. comportent des effectifs importants capables de former une nouvelle armée de taille respectable.
    2) Des unités en nombre important, notamment en Extrême-Orient, au Caucase et au Turkestan, n’ont pas encore été jetées dans la bataille. Elles auront à intervenir un jour.
    La doctrine de l’état-major russe s’est par ailleurs révélée efficace58. »

    33Mais le rédacteur de la note ne s’arrête pas à ce seul bilan de près de cinq mois de guerre. Envisageant l’avenir, il évoque la résurrection de l’alliance franco-soviétique dans une lutte commune contre l’Allemagne :

    « En connaissant mieux organisation et doctrine, on sera à même de mieux apprécier l’effort fourni contre l’ennemi commun et peut être se débarrassera-t-on de certains préjugés. On sera mieux à même, si cette éventualité devient nécessaire, de combattre efficacement côte à côte. »

    34La perspective ainsi posée est clairement la reprise de la guerre aux côtés des alliés, Soviétiques compris. Quelques semaines auparavant, le général Niessel publiait dans La France militaire un article dans lequel il se montrait sceptique sur les capacités de résistance de l’URSS face à l’invasion et ne croyait pas que les Anglo-Saxons puissent apporter une aide efficace à leur allié soviétique59.

    35Ces deux perceptions contradictoires de l’évolution des combats sur le front de l’Est montrent que le fossé continue de se creuser au sein de l’armée entre ceux qui souhaitent la victoire allemande en Russie et ceux qui espèrent une résistance victorieuse des Soviétiques, parce qu’elle permettrait de hâter la victoire des alliés et, éventuellement, de fournir à la France l’opportunité de reprendre le combat aux côtés des alliés. De ce point de vue, la note de novembre du 2e bureau marque une évolution sensible puisqu’elle envisage de faire de l’URSS un allié à part entière, ce qui impliquerait, au minimum, de composer sur le plan intérieur avec la résistance communiste. Toutefois, ce point de vue paraît encore isolé, car il ne semble pas avoir été relayé à cette époque par quelque personnalité militaire et n’apparaît dans aucun document du contre-espionnage militaire. Cette note tend à confirmer que le colonel Baril se trouve en pointe de la frange antiallemande la plus radicale de l’armée.

    36En effet, dans l’armée de Vichy, tant pour les partisans de la collaboration que pour ses adversaires, le communisme demeure foncièrement un ennemi naturel et l’URSS n’a pas encore une crédibilité militaire suffisante pour être considérée comme un allié potentiel ou une menace immédiate pour le continent européen. Il semble toutefois qu’à la veille de la bataille de Moscou, l’éventualité d’une stratégie de contre-offensive menée par l’Armée rouge au cours de l’hiver commence à être prise en compte. À la même époque, l’activité communiste dans l’Europe occupée semble progresser, en particulier en France et en Allemagne. Le communisme apparaît dans l’ensemble comme un facteur qui prend de l’importance dans le déroulement de la guerre. S’adressant fin novembre à son homologue allemand, l’attaché militaire à Berne exprime cette prise de conscience : « Faute d’un accord généreux et libéral avec la France, l’Allemagne malgré toutes ses victoires, conduirait l’Europe à la misère et à l’anarchie. » Il ajoute néanmoins « qu’elle méritait la reconnaissance de l’Europe pour sa lutte contre le bolchevisme60. » Ces propos traduisent fidèlement les intentions de Vichy qui persiste à lier étroitement lutte antibolchevique et collaboration, espérant que cette association ne pourra qu’être bénéfique au relèvement de la puissance française en Europe, tout en permettant de combattre efficacement le bolchevisme61. Ce raisonnement exprime aussi l’inquiétude provoquée par la constatation que les premiers mois de la guerre à l’Est ont plutôt contribué à renforcer le communisme en France et de façon générale dans l’Europe occupée.

    La guerre en Russie accroît le risque révolutionnaire en Europe

    37Dès l’été 1941, il apparaît clairement qu’au sein de l’opinion publique, la guerre en Russie est d’abord perçue comme un échec de l’Allemagne qui s’est heurtée à une résistance résolue, efficace et apte à durer. La surévaluation des succès défensifs de l’Armée rouge profite directement au communisme qui en six mois a acquis le statut d’ennemi numéro un du nazisme, gagnant ainsi en crédibilité et en prestige. En outre, l’éventualité d’une victoire finale de l’État soviétique sur le Reich commence à être timidement évoquée, et par là même l’hypothèse d’une extension du communisme en Europe orientale et, peut-être, au-delà. Début décembre, avant même la victoire des Soviétiques devant Moscou, la « note sur la situation en URSS » venue d’Ankara envisage explicitement cette éventualité à propos des divisions polonaises, yougoslaves et tchécoslovaques qui seraient en voie de formation au sein de l’Armée rouge :

    « Dans l’esprit des dirigeants soviétiques, même si elles ne présentent pas une grande valeur militaire, ces divisions serviront de noyaux aux futurs États polonais, yougoslave et tchécoslovaque, qu’ils formeront dans le cas où ils gagneraient la guerre. Bien que Staline ait reconnu à chaque peuple le droit de se donner l’organisation sociale qui lui convient, il en résultera, vraisemblablement, une recrudescence dangereuse de l’agitation bolchevique dans toute l’Europe62. »

    38Sur un plan plus immédiat, dès juillet, TR est informé de « bonne source » des répercussions du conflit germano-soviétique dans les milieux ouvriers : « L’entrée en lutte de la Russie aux côtés des alliés a redonné à l’action communiste le prestige que l’attitude de cette puissance au début de la guerre lui avait enlevé63. » Quatre mois plus tard, ces effets paraissent démultipliés :

    « Ce qui frappe surtout les masses, comme d’ailleurs l’ensemble des Français, c’est l’énergie avec laquelle l’Armée rouge résiste à la pression allemande. Il faut bien dire que, dans toute la France, dans les milieux ouvriers et même chez les communistes, on ne trouvait qu’une confiance très limitée dans l’Armée rouge. Les propagandistes communistes eux-mêmes, qui vantaient la valeur de l’Armée rouge pour obéir aux consignes de leurs chefs, n’étaient pas extrêmement rassurés sur ses capacités de résistance64. »

    39Ainsi, en dépit de l’avancée de la Wehrmacht sur le territoire soviétique, la mouvance communiste se montre confiante et fait preuve d’un moral élevé :

    « Les premiers succès allemands en Russie n’ont étonné personne. Sauf quelques fanatiques, tout le monde sait qu’au point de vue organisation et commandement, les Allemands sont très supérieurs, mais l’immensité du territoire de la Russie et ses ressources lui donnent une capacité de résistance illimitée si le gouvernement ne cède pas65. »

    40Moins nuancée, la gendarmerie va jusqu’à évoquer le « mouvement d’enthousiasme » que l’entrée en guerre de l’URSS a provoqué chez les communistes « qui ont affiché publiquement la grande confiance qu’ils placent dans la valeur de l’Armée rouge66 ».

    41En outre, le constat que les forces armées soviétiques parviennent à résister dans des conditions très difficiles contraste avec les échecs successifs des Britanniques en Méditerranée :

    « L’on se demande si l’Angleterre pourra profiter de cette situation inespérée pour inquiéter l’Allemagne à l’Ouest par des attaques de grande envergure sur terre et sur mer. À ce sujet, les revers essuyés par les troupes anglaises toutes les fois qu’elles se sont trouvées en face des troupes allemandes, la lenteur militairement inexplicable de l’avance de leurs colonnes, motorisées ou non, en Syrie contre un adversaire numériquement bien inférieur, mal armé et ravitaillé, ne donnent pas une très haute idée de leurs possibilités sur terre67. »

    42À l’évidence, ce contraste est également perçu dans les milieux anglophiles dont les espoirs ne peuvent que se tourner désormais, même partiellement, vers l’URSS et, éventuellement, le communisme. Face au nouveau contexte créé par la guerre à l’Est, l’évolution de la politique et de l’activité du PCF est suivie de près par le contre-espionnage militaire et demeure un sujet de préoccupation pour le haut commandement.

    43Début juillet, deux officiers TR, de retour de zone occupée, rédigent un rapport sur l’état d’esprit de la population qui fournit une ébauche d’enquête d’opinion. Les estimations sont les suivantes : partisans du gouvernement, 10 % ; favorables au RNP et nettement proallemands, 6 % ; antigouvernementaux, antiallemands, proanglais et gaullistes, 80 % ; communistes (variable suivant les régions), 4 %68. Ainsi, l’influence communiste paraît dérisoire, surtout en comparaison de la masse des anglophiles et gaullistes. Pourtant, le contre-espionnage militaire estime que, tant en zone occupée qu’en zone libre, le contexte sociopolitique est devenu particulièrement favorable pour le PCF et qu’il peut connaître assez rapidement une progression sensible de son influence. Les deux officiers constatent que l’impopularité du gouvernement a atteint des sommets, la politique de Darlan étant jugée encore plus néfaste que celle de Laval69.

    44Un mois plus tard, un officier TR rend compte du séjour qu’il vient d’effectuer en Haute-Loire pour évaluer l’état de l’opinion. Il estime que « l’état d’esprit des paysans […] est très mauvais » et fournit un terrain réceptif à la propagande communiste. Les propos, tenus par un notable, lui paraissent bien rendre compte de cette réalité :

    « La propagande communiste est comme une puissante vague de fond qui entraîne tout sur son passage […] Que de bruits ne colporte-t-on pas depuis la guerre germano-russe ? On sent que le boche est fichu et les passions politiques commencent à renaître70. »

    45Il ressort donc de cette note que dans certaines zones rurales le communisme a le vent en poupe. À la même époque, TR reçoit le compte rendu du séjour effectué en Seine-et-Marne par le contrôleur général Roussel qui décrit une ambiance de contestation généralisée, réceptive à la propagande communiste : dans l’ensemble, les « nationaux » sont très minoritaires et objet de brimades de la part des gaullistes ; « les institutrices, principalement, manifestent une activité gaulliste et communiste vraiment fâcheuse. » Dans certaines communes, elles « font une propagande acharnée et font chanter aux enfants des chansons communistes. » Au collège de Fontainebleau, des photos du Maréchal auraient été déchirées. Dans cette atmosphère délétère, Roussel a constaté que parmi les magistrats et les médecins régnait la « hantise » d’un coup de force communiste au cours de l’hiver71. De bonne source, TR apprend également que, dans les queues d’attente devant les magasins de la région parisienne, on entend parler « des 200 familles, alliées des nazis, qui affament le pays […] On rencontre beaucoup d’anciens biens pensants, répétant qu’il est préférable de manger sous le Front populaire que de crever de faim sous les nazis72. » Enfin, un sous-officier de retour de permission à Paris confirme « le mauvais esprit » qui règne dans la capitale, surtout dans les quartiers ouvriers73. De même, un officier de passage en zone occupée à son retour de Syrie évoque « les gens [qui] font le salut gaulliste et communiste » et « les murs couverts de “Vive la RAF”74 ».

    46Dans ces conditions politiques et sociales devenues plus favorables pour lui, de multiples renseignements montrent que le PCF développe son action et ses organisations en dépit des coups que lui porte la répression. Outre ses sources habituelles d’informations sur le PCF, le contre-espionnage militaire dispose au cours de l’été et jusqu’à l’automne d’une source exceptionnelle qui fournit des renseignements à la Direction des services de l’armistice qui les reporte dans le Bulletin hebdomadaire qu’elle diffuse aux différents échelons de la hiérarchie militaire. Cet informateur, qui possède une solide expérience politique et semble être un bon connaisseur des milieux communistes et résistants, fournit des analyses originales et argumentées. Leur contenu montre qu’il s’agit d’un homme politiquement très à gauche, non communiste, mais vraisemblablement ancien membre du PCF au sein duquel il a conservé des contacts à un niveau élevé75. En raison de leur large diffusion au sein de l’institution militaire, ces documents fournissent un bon aperçu de l’information sur le communisme dont disposent les officiers supérieurs de l’armée d’armistice.

    47Les rapports de l’informateur font ressortir quatre grandes tendances qui sont corroborées par d’autres sources : en dépit de l’avance allemande en Russie et de la répression, l’appareil du PCF connaît un développement rapide et le moral des militants et des dirigeants est élevé ; l’influence du Parti communiste allemand, tant en Allemagne qu’au sein de la Wehrmacht, est devenue très supérieure à ce que l’on croit habituellement ; le PCF est responsable des attentats commis à partir du mois d’août contre des militaires allemands ; sa propagande combine une double orientation, l’une de caractère prolétarien, l’autre de nature nationale, une combinaison complexe qui est révélatrice de la stratégie ambitieuse suivie par le Komintern en Europe.

    48Le tableau qu’il dresse de la progression du PCF est impressionnant et sans nuance :

    « L’immense machine montée en France par le communisme, sous l’œil indifférent des gouvernements français successifs et mise au point ensuite sous le regard complaisant à l’époque des autorités d’occupation […], marche actuellement à toute vitesse et à plein rendement […] Les incidents se sont multipliés sur tout le territoire français, bien que la répression soit devenue impitoyable76. »

    49Les autres sources de renseignements rendent également compte d’un accroissement sensible et d’une diversification de l’activité communiste : baisses de production et sabotages dans les usines77 ; propagande tous azimuts, surtout en région parisienne78 ; grèves ouvrières dans le Nord et en Lorraine79. Il est vrai que certains renseignements nuancent ce tableau, avec des cas de recul d’activité là où la répression a très durement frappé80.

    50La posture offensive adoptée par le PCF comporte aussi un effort d’infiltration que le contre-espionnage militaire juge, à tort, important81 : des directives ont été données aux cadres communistes pour pénétrer les administrations, en particulier les municipalités, et pour faire postuler aux emplois dans la police des militants non repérés82 ; le noyautage du RNP aurait atteint une telle échelle que, dans la seule région parisienne, 5 000 communistes y seraient inscrits et nombre d’entre eux occuperaient d’ores et déjà des postes importants83 ; il en serait de même au sein de la Légion des combattants, avec un réel succès à Lyon, Marseille, Toulouse, Valence, Saint-Étienne, Clermont et Limoges84. En outre, des renseignements en provenance d’Ankara indiquent que les Soviétiques préparent l’envoi en France d’agents de propagande85. Mais cette accumulation de faits rapportés, qui montrent que l’action d’infiltration communiste connaît un net succès, est jugée beaucoup moins grave que le déclenchement de l’action armée.

    51Les attentats commis contre les Allemands à partir de la fin août constituent l’aspect le plus spectaculaire et le plus radical de l’action communiste depuis juin. Dans la première quinzaine de septembre, l’informateur de la délégation à la commission d’armistice les attribue aux communistes : « Des exécutions ont été ordonnées par la Guépéou. Un certain nombre d’officiers et de soldats de l’armée occupante en ont été les victimes, ainsi que Marcel Gitton86. » Une semaine plus tard, il précise :

    « Les meurtres d’officiers ou de soldats de l’armée occupante sont imputables à la propagande communiste directe. Il semble que les communistes, aidés en cela par des éléments antiallemands, aient cherché à effectuer dans un désordre apparent quelques exécutions types […] [Ainsi,] il est certain qu’une partie des meurtres […] sont des meurtres d’imitation87. »

    52Ainsi, assez tôt, le haut commandement français est informé de l’origine des attentats, alors qu’au même moment les autorités allemandes estiment encore qu’ils sont « l’œuvre de tueurs professionnels payés », probablement par les Anglais ou les gaullistes, afin de provoquer des représailles qui aggraveraient l’impopularité de l’occupant88. Au même moment, le BMA suppose que « quelques communistes fanatiques ont mis en pratique les conseils qu’ils recevaient », mais il juge improbable que le PCF soit directement responsable, puisque les communistes condamnent le principe des attentats individuels et qu’en raison de la répression, ils tendent à adopter des formes d’action plus modérées que dans les premières semaines de la guerre à l’Est89.

    53Or, les auteurs des attaques contre les Allemands n’ont pas été arrêtés, ainsi que le remarque l’informateur de la délégation à la commission d’armistice qui en conclut que le PCF n’est pas vraiment affaibli par les coups qui lui sont portés. Selon lui, les résultats insuffisants de la répression, en dépit des moyens et des efforts déployés, sont pour une part imputables au noyautage des forces d’occupation par les communistes allemands :

    « On prétend que d’une part l’impunité des chefs communistes comme Maurice Thorez et Duclos ne peuvent être assurés que par les concours extrêmement actifs qu’ils trouvent dans l’armée et chez les civils de l’occupation, dans tous les étages de la hiérarchie. On prétend que le nombre des communistes dissimulés, possédant des places de choix dans les cadres allemands, est relativement important. On dit que c’est sous la couverture de l’uniforme ou de pièces allemandes authentiques que les instructions transmises par les sections du Komintern de Suède et de Suisse parviendraient aux communistes français. On affirme que des tracts imprimés le sont en grande partie en Allemagne même et qu’un certain nombre de tracts ronéotypés émaneraient des machines réquisitionnées par l’occupant. Nous avons d’ailleurs eu l’occasion à ce sujet d’indiquer, il y a plusieurs mois déjà, que des tracts et des papillons dans certaines communes de banlieue, avaient été collés effectivement sur les murs par des soldats allemands en uniforme opérant deux par deux90. »

    54On peut interpréter l’énumération de ces faits comme un condensé de rumeurs qui circulent au sein de la mouvance communiste et vraisemblablement au-delà. Ce qui est certain, c’est qu’à la même époque, les renseignements d’une teneur semblable sont devenus si nombreux qu’ils font apparaître l’Allemagne comme le maillon faible de l’Europe !

    55Si en août, TR se borne à signaler que le « Komintern a donné l’ordre de lancer des tracts communistes en allemand et en français près des troupes d’occupation91 », d’autres renseignements sont d’une plus grande portée : de sources officielles allemandes, la propagande communiste outre-Rhin a des effets sensibles sur les ouvriers, surtout en Westphalie92, une tendance confirmée par ailleurs93 ; la délégation française à Wiesbaden estime que l’aggravation des pénuries dans le pays constitue le « talon d’Achille » du Reich, à tel point que, selon un Lorrain qui vivait en Allemagne pendant le premier conflit mondial et qui est considéré comme un témoin fiable, « on commence à respirer la même atmosphère qu’en 191794 » ; Paul Ker affirme que le parti communiste allemand est beaucoup plus important qu’on ne le croit95 et TR considère que cette influence s’explique en partie par sa capacité à faire dispenser ses militants d’incorporation dans l’armée, ce qui suppose d’importantes complicités dans l’administration civile et militaire allemande96.

    56Ainsi, à partir de l’été et jusqu’au début de l’hiver, ces signes de craquements et d’accroissement de l’influence communiste en Allemagne sont interprétés comme les prémices d’une crise politique grave au sein du IIIe Reich97. Si la croyance dans la fragilisation du régime nazi est forte à cette époque, il faut cependant se garder de généraliser puisqu’au sein du haut commandement, c’est l’opinion inverse qui prévaut. Ainsi, le général Revers estime en septembre que « l’emprise du parti [nazi] s’accroît et l’armature du régime est solide », tandis que « les pays alliés ou occupés paraissent solidement tenus98 ». De source diplomatique, l’ambassadeur de France à Madrid rapporte le point de vue de son homologue bulgare, récemment en poste à Berlin, qui estime « absurde » de croire possible une révolution en Allemagne. En particulier, il n’y a constaté aucun des symptômes de crise politique et morale semblables à ceux qu’il avait connus à la fin de la Grande Guerre, « lorsque la discipline se relâchait partout ouvertement et que les soldats se cachaient à l’expiration de leur permission au lieu de rejoindre leur unité99. »

    57La prise en compte du risque révolutionnaire joue également pour la France mais dans un registre différent. Ainsi, l’informateur de la délégation à la commission d’armistice le prend très au sérieux. Il insiste sur la double orientation suivie, selon lui, par la propagande du PCF : d’une part, elle a un contenu national lorsque les communistes s’adressent au pays et ils le font dans ce cas sous couvert du Front national ; d’autre part, elle est « révolutionnaire et prolétarienne pour l’ancienne clientèle communiste », c’est-à-dire essentiellement les ouvriers100. Le découplage de ces deux propagandes est assez finement décrit :

    « Il est curieux de constater que la position des communistes dans les directives données aux cellules d’usines diffère assez sensiblement de celle qui transparaît dans les directives données aux cellules régionales et locales. Dans les circonscriptions géographiques, tout ce qui présente un caractère national prime dans la propagande sur ce qui présente un caractère prolétarien. Le communiste se cache derrière le patriote, ce qui est d’autant plus logique qu’il cherche à entraîner dans son sillage des Français de toutes conditions. À l’usine, au contraire, la propagande, tout en comprenant une dimension patriotique, est plus strictement prolétarienne et en même temps plus utilitaire101. »

    58Selon l’informateur, cette stratégie duelle de libération nationale à finalité révolutionnaire remporte un succès fulgurant. Ceci se vérifie d’abord dans la classe ouvrière :

    « Quoi qu’il dise et fasse, l’ouvrier français est resté patriote, et c’est avec joie qu’il peut reprendre aujourd’hui la Marseillaise et le drapeau tricolore, qu’il peut se dire “communiste” et “patriote”, et cet état d’esprit rendra de plus en plus difficile la tâche du gouvernement français actuel qui va avoir contre lui toutes les masses ouvrières102. »

    59Sur la base de ce constat, l’informateur, extrapolant quelque peu, affirme qu’on assiste à un véritable mouvement de fond en faveur du communisme, particulièrement accentué en zone occupée et qui s’étend bien au-delà des zones d’influence traditionnelle du PCF. Il rapporte que la propagande communiste dans les usines s’est « considérablement amplifiée », mais surtout que des mécanismes socio-politiques puissants se sont mis en branle pour modifier en profondeur les équilibres et les rapports de force au profit des communistes :

    « L’entrée en guerre de la Russie a levé les doutes qui subsistaient entre ouvriers communistes et non-communistes. C’est à la fois sur un plan national et révolutionnaire […] que le prolétariat français suivi par une grande partie du peuple pense et prépare l’avenir actuellement […] On se trouve devant un très vaste mouvement d’opinion qui englobe certainement plus de 80 % de la population, car les campagnes longtemps inertes réagissent maintenant comme les villes. Ce mouvement ne peut être comparé […] qu’au mouvement d’enthousiasme de 1792 qui conduisit à Valmy et au mouvement désespéré de la Commune de Paris. Seules, les mitrailleuses de l’occupant pourront retarder le mouvement, car, sur le plan intérieur, une fois les Allemands partis, rien ne pourra l’arrêter103. »

    60Cette description d’une opinion publique en phase avec la politique communiste dès les lendemains du déclenchement de la guerre en Russie est très exagérée, voire fantasmatique104. Pourtant, elle correspond assez largement à la perception qu’a le contre-espionnage militaire de la situation politique en zone libre et plus encore dans la zone occupée. En effet, outre les renseignements amassés sur l’extension des réseaux communistes à travers les institutions et dans des milieux sociaux jusque-là peu réceptifs aux idées révolutionnaires, il estime que la ligne patriotique suivie désormais par les communistes démultiplie leur audience parce qu’elle répond aux aspirations profondes de la masse des Français. L’hypothèse de la révolution se trouve donc clairement posée, de manière d’autant plus évidente que le contre-espionnage apprend que les Allemands la considèrent comme une des menaces avec laquelle ils doivent compter.

    61Le BMA est en effet informé des conséquences de l’action du PCF contre les forces d’occupation. Dès juillet, TR indique que le SRA demande à ses informateurs de zone libre d’étudier la possibilité d’un soulèvement communiste en France. TR remarque à ce sujet que « cette question est une des plus fréquentes et les représentants du SR allemand en France se plaignent du grand nombre d’actes de sabotage commis en zone occupée105 ». Au même moment, le SR italien « considère que la situation en France est très grave » et recherche « les indices d’une révolution communiste106 ». En août, TR apprend de « bonne source » que les Allemands s’inquiètent suffisamment de l’impact de la propagande communiste dans les milieux ouvriers pour que le général von Stülpnagel ait ordonné de recruter de préférence des employés allemands et italiens plutôt que français, afin d’éviter d’introduire des communistes dans les divers organismes des forces d’occupation. De même, les stocks de farine sont soigneusement contrôlés pour éviter les empoisonnements107.

    62En septembre, à la suite des attentats contre des militaires de la Wehrmacht, TR apprend que les autorités allemandes les interprètent comme « les signes précurseurs d’une révolte de la population », d’où leur décision d’appliquer des mesures dissuasives impitoyables avec des prises d’otages et des exécutions en masse108. À Toulouse, le BMA reçoit un rapport de police qui détaille précisément l’inquiétude des Allemands : « Depuis le meurtre d’un officier supérieur allemand à Paris, les membres des commissions allemandes semblent inquiets […] Les sorties en ville […] sont devenues moins fréquentes depuis quelques jours. » Puis, sont rapportés les propos d’un parachutiste allemand attaché à la commission de l’Air :

    « Nous nous attendons à une émeute communiste pour la nuit du 30 au 31 août […] Même en civil, nous devons être armés. La Wehrmacht a mis en réserve plusieurs divisions pour intervenir le cas échéant contre les communistes109. »

    63Côté français, la radicalisation et le renforcement du PCF posent des problèmes plus nombreux et complexes que pour l’armée d’occupation : alors que les autorités allemandes les envisagent essentiellement sous l’angle militaire et du maintien de l’ordre, les autorités françaises doivent en outre les considérer comme des questions politiques majeures qui jouent défavorablement contre le régime de Vichy, alors que son assise intérieure et sa position internationale ne cessent de s’affaiblir. Il ne peut donc y avoir équivalence d’attitude face au communisme de la part de l’occupant et de l’État français.

    64Ainsi, à la différence des forces d’occupation, il ne semble pas que les autorités civiles et militaires françaises croient possible une insurrection en France au cours du second semestre 1941. Le seul pays cité durant cette période par le contre-espionnage militaire comme susceptible de connaître à brève échéance un soulèvement communiste est la Yougoslavie110. Des informations précises sont cependant recueillies sur les préparatifs entrepris par le PCF à plus long terme. Ainsi, les manifestations de rue organisées par les communistes au cours de l’été sont perçues comme l’expérimentation d’une future action révolutionnaire de grande ampleur :

    « On a nettement l’impression […] qu’ils ont cherché à faire une sorte de répétition générale pour se rendre compte des conditions dans lesquelles ils pourraient, le cas échéant, tenir le pavé parisien avec le concours de la population ouvrière et sous le regard indifférent ou bienveillant de la plupart des habitants de Paris. D’après les indications que nous avons pu recueillir, des observateurs ont été chargés de rédiger des rapports détaillés sur les conditions dans lesquelles les chocs se sont produits entre la police soutenue par les forces d’occupation et la foule parisienne. Nous croyons savoir que leurs rapports sont assez optimistes en ce qui concerne le point de vue communiste […] La tâche principale de la propagande va être de maintenir en état d’alerte les populations, tout en ne les engageant pas dans des actions trop importantes111. »

    65Rien n’indique que les rumeurs insistantes sur un coup de force du PCF au cours de l’hiver retiennent l’attention de TR et du BMA. Il est plus probable que le contre-espionnage militaire, et vraisemblablement le haut commandement, focalisent à cette époque leur attention sur la dialectique communisme-patriotisme, dont la dynamique est de plus en plus perçue comme un grave problème politique porteur à moyen terme de risques de déstabilisation et de révolution.

    La collaboration favorise le PCF

    66Il apparaît de manière évidente que l’anticommunisme n’est plus assez vigoureux au sein de l’opinion publique pour isoler le PCF, car l’hostilité à l’occupation et à la collaboration est devenue la grande force montante au cours de l’année 1941, une évolution accentuée par le déclenchement de la guerre en Russie, dont l’impact dans le pays a été précisément analysé par Pierre Laborie112. Dans les semaines précédant le début de ce conflit, un officier TR de retour de la région Centre (Dijon) décrivait une opinion publique médiocrement patriote, très divisée par les clivages politiques, et de plus en plus hostile au gouvernement et à la collaboration. Il constatait que la majorité de la population souhaite le départ des Allemands, mais que

    « très rares sont ceux qui seraient disposés à les refouler les armes à la main […] Pour la masse des Français du Centre, il ne s’agit pas d’être “collaborationniste” ou “anticollaborationniste”. L’égoïsme domine le sens national […] Une grande majorité des Français […] estime le Maréchal en tant qu’homme. En tant que chef de gouvernement, […] il ne jouit d’aucune considération. […] Si un vote était émis dans le Centre sur sa politique, il ne recueillerait que 10 % des voix ».

    67Selon l’officier TR, l’attitude de la plupart des gens face à l’occupation reste largement déterminée par leur sensibilité politique : l’immense majorité des gens de gauche, communistes compris, souhaite la victoire anglaise,

    « non pas dans l’intérêt du pays, mais pour retrouver l’ambiance Front populaire […] Ce qui est national, […] ne souhaite pas à proprement parler la victoire allemande [mais est convaincu que pour ses] ennemis politiques […] la victoire anglaise est synonyme de Front populaire […] Beaucoup d’entre eux se demandent actuellement si une victoire allemande ne serait pas préférable au point de vue intérieur à une victoire anglaise. Un certain nombre en est convaincu113 ».

    68L’officier TR pense d’ailleurs que ce point de vue progresse, ce qui marque une aggravation du clivage entre les Français favorables à la collaboration et ceux qui y sont hostiles114.

    69En juillet, le rapport fait par deux officiers TR à la suite de leur séjour en zone occupée marque une évolution : l’hostilité envers les Allemands s’est sensiblement accrue et, par contrecoup, le gouvernement est critiqué violemment pour sa « servilité » vis-à-vis de l’occupant. Alors qu’il y a quelques mois encore, « sans être la majorité, une partie de la population faisait confiance au gouvernement, […] cette partie a fondu115 ». À la même époque, la gendarmerie fournit une analyse moins tranchée, estimant que « l’opinion publique […] reste flottante et indécise », et ne donne aucune précision sur l’attitude vis-à-vis du gouvernement, mais souligne plutôt l’accentuation du fossé entre « les éléments de droite redoutant qu’une victoire russe amène une recrudescence du communisme en France », et « celle de beaucoup de gens qui se reprennent à espérer en une victoire anglaise116 ». Plus explicite encore, TR estime un mois plus tard qu’en région parisienne, « beaucoup de Français désirent la défaite de la Russie, d’autres, la majorité, désirent le contraire. Le déroulement du conflit envenime les rapports117 ».

    70Cette puissante poussée patriotique antiallemande est perçue comme un danger, non seulement parce qu’elle affaiblit encore d’avantage l’autorité de l’État français, qui est assimilée à la collaboration, mais également parce qu’elle fait le jeu du communisme. Cette dynamique favorable au PCF est analysée sur différents plans par TR. D’abord sur le plan socio-économique, à cause de la dégradation des conditions de vie provoquées par l’augmentation des pénuries, alors que beaucoup d’entreprises prospèrent en travaillant pour les Allemands. Un renseignement de « bonne source », qui concerne le Nord où les tensions sont particulièrement vives, relève la dialectique patriotisme-lutte de classe à l’œuvre dans les catégories populaires :

    « Les patrons du textile du Nord […] “collaborent” mais à leur manière. Plusieurs ont des commandes importantes […] Pour eux tout est bien […] mais l’ouvrier, lui, se rend compte de la vie des patrons […] et ils pensent que rien n’est changé, que c’est toujours “l’argent roi”, que les patrons sont d’accord avec les Allemands et Vichy. Comment l’activité communiste ne profiterait-elle pas de ce malaise, qui peut amener les pires désordres sociaux118 ? »

    71Cependant, plus que le facteur social, ce sont les exécutions de communistes qui donnent une véritable aura patriotique au PCF119 et catalysent l’hostilité contre les Allemands et Vichy.

    72L’informateur de la délégation française à Wiesbaden fournit une analyse précise de l’impact des exécutions sur la situation politique française :

    « Le caractère de la répression côté français apparaît sous un jour odieux, non seulement aux masses, mais à tous les cadres de la population française. Le fait que ce soit un ministre de l’Intérieur, représentant de la haute industrie, qui le premier en France rétablisse la peine de mort et installe la guillotine pour punir les délits politiques, provoque une unanime protestation dans les deux zones. On admet même dans les milieux ouvriers comme naturel que les autorités allemandes fusillent des communistes. On admet généralement moins facilement que les autorités françaises le fassent […] La question de la guillotine apparaît monstrueuse aux Français de toutes catégories. Elle est d’ailleurs considérée comme une maladresse, même dans les milieux pro-allemands. On fait remarquer que ces exécutions annoncent de terribles lendemains, quelle que soit l’évolution de la situation. Elles n’ont par ailleurs aucun caractère d’intimidation mais provoquent une colère qui ne pourra se résoudre au minimum que dans une émeute élargie. On doit prévoir, dès maintenant, que le flot de sang n’est pas près de s’arrêter120. »

    73Dans les mois suivants, le contre-espionnage militaire constate qu’au sein de la classe ouvrière, le patriotisme se fortifie au fur et à mesure que la situation du pays s’aggrave. Ainsi, à la suite du bombardement meurtrier des usines Renault par l’aviation alliée, un informateur, qualifié de « digne de confiance, tendance gauche », rapporte les réactions dans la région de Bordeaux :

    « Les ouvriers ont dit : “Il fallait bien qu’il le fasse. Nous nous y attendions” […] Un jeune médecin des environs de Paris a vu arriver dans sa campagne une famille d’ouvriers de l’usine Renault, dénuée de tout. Ces ouvriers disaient : “Ce bombardement était nécessaire et nous sommes prêts à mourir pour la libération de la patrie”121. »

    74Vers la fin de l’année, des renseignements feront état du rejet massif des offres d’embauche, pourtant avantageuses, dans les usines d’Allemagne122.

    75Tous ces événements et les réactions qu’ils entraînent ont pour conséquence de banaliser le communisme, désormais considéré comme le fer de lance de la lutte contre l’occupant123. Ainsi, TR remarque que les jeunes qui passent de la zone occupée à la zone libre, « viennent ici dans la proportion de 80 % pour partir chez de Gaulle, […] ne veulent pas croire au péril communiste en zone libre et prétendent que les communistes sont à présent les plus patriotes de tous les nordistes124. » Tendance encore plus grave, le PCF attire « les éléments nationalistes qui ne trouvent pas de refuge dans un parti répondant à leurs aspirations125. » Dès septembre, La France militaire publie un article, intitulé « L’escroquerie au patriotisme », qui traduit la volonté du haut commandement de combattre cette dérive. Son contenu est sans ambiguïté :

    « On peut s’étonner de voir certains Français s’imaginer de bonne foi que la Russie peut être le rempart de la civilisation et que les communistes sont frappés aujourd’hui parce qu’ils défendent la France, son sol, ses traditions […] [Depuis l’invasion de URSS,] ils ressortent leurs plumes tricolores défraîchies depuis 1938 (il s’agit de celle de l’époque du Front populaire) et entendent donner des leçons de patriotisme au maréchal Pétain […] En attendant, par une propagande occulte et par des attentats répétés, ils mettent en danger la sécurité française126. »

    76Approuvant ostensiblement la répression anticommuniste, le journal militaire énumère les condamnations prononcées par les tribunaux français et précise, laconique, que les 10 otages récemment fusillés par les Allemands étaient des juifs et des communistes. Sans la moindre nuance de désapprobation, il ajoute que, si d’autres attentats survenaient, un nombre croissant d’otages serait exécuté127. Par la suite, La France militaire rend compte dans chaque numéro des jugements rendus contre des membres du PCF.

    77Ce type d’argumentation est d’ailleurs vivement critiqué par un « excellent » informateur de TR :

    « Les condamnés ne sont généralement pas communistes. Ce sont de bons Français, un peu trop excités ou quelquefois très sages, mais dénoncés […] Les proclamer communistes, c’est fournir gratuitement au communisme un martyrologue auquel il n’a pas droit. C’est collaborer à la propagande qui présente en zone occupée les communistes comme les seuls défenseurs de l’indépendance française. C’est enfin proprement injurier les innombrables français non communistes qui ne désarment pas128. »

    78Les articles parus dans La France militaire ne reflètent probablement qu’une part de l’inquiétude du haut commandement face à la progression du communisme dans le pays, car il est aussi certainement conscient que le prestige acquis par le PCF n’est pas sans effet dans l’armée. Ainsi, en janvier 1941, Jacques Britsch, officier du 2e bureau, écrivait dans son journal qu’en cas de guerre germano-soviétique, il souhaiterait la victoire de l’Allemagne, car « elle seule peut délivrer l’Europe du Komintern ». Le 6 octobre 1941, il note dans son journal : « Les communistes fusillés à Châteaubriant n’ont pas poussé un cri. Ils sont partis en chantant La Marseillaise. La France est sous le joug allemand et nous sommes dans le même bain que tous ceux qui sont opprimés par cet ennemi majeur129. » De même, le ton des rapports rédigés par des officiers TR au cours du 2e semestre 1941 laisse deviner qu’ils partagent au moins une partie des critiques, voire des attaques, contre la politique de collaboration du gouvernement qu’ils citent tout au long de leurs comptes rendus130. Ces exemples, auxquels s’ajoutent d’autres indices, tendent à indiquer qu’il existe probablement de sérieux doutes au sein du gouvernement et du haut commandement sur la solidité de l’armée et sa capacité à défendre le régime et à maintenir l’ordre.

    La solidité de l’armée française en question

    79Sur ce point, l’informateur de la délégation à la commission d’armistice se montre particulièrement pessimiste : « Il est certain que le gouvernement ne peut compter ni sur la police, ni sur la troupe, pour maintenir l’ordre. Quant à la garde mobile, elle est profondément travaillée par les milieux communistes131. » Cette affirmation, tout au moins à propos de l’armée, n’est nullement fantaisiste. En effet, tous les documents, sans exception, conservés dans les archives du SMA et qui concernent l’armée de métropole, révèlent de manière spectaculaire une profonde démoralisation de la troupe et plus encore du corps des officiers. Ainsi, sont rapportés des cas d’indiscipline, des exemples de tensions internes liées au contexte politique et l’exaspération d’officiers déplorant la sclérose qui, selon eux, frappe la totalité de l’institution militaire. La liberté de ton de la plupart de ces documents en dit d’ailleurs long sur l’ambiance qui règne au sein de l’armée de métropole.

    80Seule note positive, mais relevant des marges de l’institution militaire, les chantiers de jeunesse ont été repris en main et font désormais bonne impression, ainsi que le constate la gendarmerie :

    « Les propagandes communiste ou gaulliste semblent avoir cessé de s’exercer dans les groupements de jeunesse. Le comportement des jeunes, leur attitude et leur tenue sont satisfaisants dans l’ensemble, et marquent un immense progrès sur les premiers chantiers de l’automne 1940132. »

    81Par contre, les comptes rendus sur l’état du moral dans l’armée, établis par le SMA en mai et juin 1941, donnent un bon aperçu de la situation calamiteuse des unités de l’armée de métropole. En mai, le compte rendu souligne le déficit de confiance assez général, en particulier « le manque de confiance dans l’intellectualisme militaire » [sic]. Estimant que le problème de l’armée est d’abord un problème de commandement, il critique la haute hiérarchie et demande des sanctions contre les officiers quand des erreurs sont commises133. En juin, le tableau s’obscurcit davantage :

    « Tout le monde est morne, abattu […] Les homme sont bons s’ils ont des chefs […] Ils ne demandent qu’à être commandés […] Mais partout se répète que dans l’armée, comme avant, on n’y fait rien, on y est mal ou pas commandé, on s’y ennuie parce qu’on ne travaille pas, on n’a pas de chefs qui vous fassent honneur et vous entraînent […] L’armée est veule parce qu’elle n’a pas d’idéal. Elle n’a pas d’idéal, parce que depuis 20 ans la majorité de ses cadres n’en a pas134. »

    82Cette vision très sombre traduit une immense déception face à une armée qui est restée semblable à celle de la IIIe République, une continuité qui démontre que « la leçon de la guerre paraît perdue135 » et que le renouveau promis par la Révolution nationale n’a même pas connu un début d’accomplissement. Ces propos sévères et amers se retrouvent dans la lettre d’un capitaine, interceptée par le contrôle postal, dans laquelle il commente les trois semaines de manœuvres qu’il vient d’effectuer :

    « Ici, on en est encore à la guerre de 1939 et c’est assez pénible pour nous qui, tout de même, […] n’en avons pas moins compris la leçon de 1940 […] Il est curieux de voir l’honorable souci qu’on a de faire sans cesse un peu plus moche et un peu plus inutilisable. »

    83Suit une violente attaque contre le gouvernement136.

    84Faisant preuve de sa retenue traditionnelle, la gendarmerie estime que l’attitude des permissionnaires ou des militaires de sortie est en général « très bonne », mais avec des restrictions qui relativisent largement cette appréciation positive :

    « Des personnes venues de la zone occupée ont manifesté leurs regrets de constater la différence entre les troupes d’occupation et l’armée français de ce point de vue. Il est malheureusement exact que le souci du détail paraît manquer encore trop souvent dans beaucoup d’unités : salut donné ou rendu avec mollesse et négligence, même par des officiers ; petits détachements circulant en désordre ; sous-officiers et troupiers circulant avec des femmes au bras, attelages mal tenus, chevaux non toilettés, voitures de corvées sales et aux peintures délavées137. »

    85Plus grave, une série de faits montre que les troupes ne sont pas sûres, ainsi que le révèle l’envoi de renforts pour le Levant, avant ou pendant les combats de Syrie. Ainsi, en février 1941, dans une unité en instance de départ, un groupe de tirailleurs indigènes se mutine, s’empare d’armes et de munitions, attaque un poste de police, tire sur la gendarmerie pour la neutraliser puis sur des fenêtres éclairées et des habitants du quartier. L’intervention de l’armée entraîne la fuite des mutins dans la campagne environnante et une véritable « opération de nettoyage » doit être menée pour les appréhender. Le 3e bureau de la 19e région n’explique nullement cette mutinerie par un quelconque complot, mais par les négligences de l’encadrement, car « des faits d’une telle gravité ne peuvent s’expliquer que par une carence du commandement de la troupe et de ses organes de renseignements138. » En juin, le BMA de la 7e division militaire signale que des soldats de l’infanterie coloniale en partance pour la Syrie déclaraient qu’ils passeraient du côté des Anglais pour rejoindre les troupes de la France libre139.

    86Les prisonniers de guerre rapatriés sont également une source d’inquiétude, à tel point que les bureaux MA ont pour directive d’obtenir des « renseignements précis sur l’état d’esprit des militaires rentrant de captivité » et de repérer « les individus dangereux140 ». Parmi ces prisonniers, les marins sont considérés comme les plus problématiques, car leur moral est encore plus bas que celui des rapatriés de l’armée de Terre. Il paraît en conséquence difficile de les réaffecter dans des unités : « La majorité est composée de braves gens, […] mais très inquiets, […] certains prêts à réagir violemment », car ils s’attendent à être rembarqués au profit des Allemands « qu’ils haïssent foncièrement141 ». En raison de l’attitude de ces hommes, le BMA de la 7e division recommande d’éviter qu’ils puissent entrer en contact avec des troupes d’active, en particulier celles partant en Syrie142.

    87Les symptômes de divisions politiques dans les unités sont rarement rapportés, les seuls cas mentionnés par les sources concernant la Légion étrangère. Ainsi, au 6e régiment étranger de Fès, un tiers des hommes souhaite la victoire de l’Allemagne, soit tous les Allemands, un tiers des Espagnols, la moitié des Belges, surtout Flamands, et la plupart des Suisses alémaniques ; tous les autres souhaitent « ardemment » la victoire de l’URSS143. À Mogador, une altercation est signalée entre des officiers du 2e régiment de la Légion et des membres de la Légion française des combattants. Les officiers étaient en compagnie d’un partisan notoire du Front populaire, ex-président de l’association des Officiers de réserve républicains, franc-maçon, gaulliste avéré, considéré comme « suspect » pendant la guerre144.

    88Cette affaire à connotation politique, qui va faire l’objet d’une enquête à la demande du ministère, est exceptionnelle au vu de la documentation disponible. Les tensions politiques dans les unités ne sont jamais mentionnées par le SMA, qui ne semble d’ailleurs pas considérer les communistes comme une menace dans l’armée145. Compte tenu du contexte marqué à cette époque par la perception d’une poussée du communisme, cette abstention est difficilement compréhensible puisqu’entre la moitié des années 1930 et la débâcle, les périodes de graves difficultés avaient toujours entraîné la résurgence de la peur du noyautage de l’armée par les communistes. Peut-être qu’une documentation moins lacunaire conduirait à nuancer cette impression. Il paraît en tout cas probable que l’absence d’effort de propagande du PCF en direction de l’institution militaire depuis l’été 1940 a pour une bonne part contribué à limiter les craintes du commandement, des BMA et du corps des officiers sur la pénétration communiste dans l’armée. Cependant quelques cellules de soldats semblent subsister, puisque l’une d’entre elles est démantelée à Tarbes à la suite d’une manifestation collective d’indiscipline146. Au 92e RI et 4e RA de Clermont-Ferrand, des distributions de tracts au sein de la caserne entraînent l’arrestation de deux engagés volontaires, d’un appelé de la classe 1939 et de deux employés civils147. Le seul incident notable mentionné se situe dans le contexte particulier des événements de Syrie, lorsque des soldats en partance pour le Levant sont insultés par des cheminots, qualifiés de communistes dans le rapport de gendarmerie148.

    89Fin 1941-début 1942, le problème militaire en métropole est d’autant plus préoccupant pour le haut commandement et le gouvernement que les rumeurs d’une évacuation de la zone occupée font un retour en force en raison des nouveaux développements de la guerre à l’Est.

    Vers la victoire du communisme ? (décembre 1941-novembre 1942)

    90L’échec de la Wehrmacht devant Moscou accentue les tendances à l’œuvre durant les mois précédents, c’est-à-dire une surestimation des succès soviétiques et par conséquent une sous-évaluation des capacités allemandes à reprendre l’initiative. Plus significative encore, la multiplication des rumeurs durant cette période montre que l’échec allemand de décembre constitue un tournant psychologique dans la perception de la guerre. Cette rupture est particulièrement nette dans les milieux militaires français.

    La bataille de Moscou, tournant psychologique

    91En décembre, la plupart des informations d’origine diplomatique analyse correctement la victoire de l’Armée rouge, insistant sur l’effet de surprise obtenu par son haut commandement149, sur sa remarquable adaptation aux méthodes de guerre allemande150 et sur l’importance des pertes subies par la Wehrmacht en raison du caractère atroce des combats151. Cet échec de la Blitzkrieg contre les Russes aurait provoqué en Allemagne un « mouvement de découragement152 ».

    92L’impact de la victoire soviétique sur les militaires français est relativement fort puisque le 2e bureau estime qu’en novembre et décembre, les Allemands auraient perdu 1,5 million d’hommes contre seulement 300 000 côté soviétique153 ! Au total, le 2e bureau estime que depuis le début de la guerre, la Wehrmacht a eu un million de tués, disparus ou prisonniers, auxquels s’ajoutent deux millions de blessés graves et de malades, dont un bon tiers serait définitivement inapte au service armé154. Fin décembre-début janvier, plusieurs sources indiquent que, depuis environ un mois, les Soviétiques conservent l’initiative stratégique et poursuivent leur poussée vers le Sud et l’Ouest155. TR rapporte que Paul Ker est très optimiste quant aux effets de la contre-offensive soviétique puisqu’il estime que l’armée allemande pourrait être écrasée d’ici la fin de l’année156. Même le général Niessel est obligé de reconnaître les difficultés allemandes, dues surtout, selon lui, aux graves problèmes logistiques de la Wehrmacht et à l’extrême rigueur du froid157. Seul l’attaché militaire à Budapest fait exception en transmettant les renseignements du 2e bureau hongrois qui minimise l’échec des Allemands, estimant qu’ils auraient surtout perdu du matériel dans la bataille, alors que leurs pertes en hommes seraient peu élevées158.

    93Tirant un bilan de l’année 1941, le colonel Baril fournit le 4 janvier au haut commandement une longue note de synthèse sur l’évolution et les perspectives de la guerre mondiale dont une bonne partie est consacrée au front russe. Tenant compte de l’entrée en guerre des États-Unis, de la résistance des Anglais en Afrique du Nord et des difficultés allemandes face aux Soviétiques, le chef du 2e bureau avance le pronostic suivant :

    « Lorsque l’année 1941 s’est ouverte, il était encore permis de penser que l’issue du conflit pourrait être favorable à l’Allemagne. En 1942, des trois solutions qui peuvent mettre fin à la guerre : victoire de l’Axe, paix de compromis, victoire anglo-saxonne, la première peut être résolument écartée. Le conflit peut traîner en longueur ; le bloc anglo-saxon ne peut plus être vaincu. Pour les solutions qui subsistent : compromis ou défaite, seul l’avenir élucidera le mystère qui les entoure. Un proche avenir, sans doute, car la clef de l’énigme repose entre les mains des Russes. La campagne d’hiver […] peut amorcer la désagrégation de la puissance militaire de l’Axe. Si dans le courant de l’été, l’Allemagne se révèle incapable de briser définitivement la résistance soviétique et d’atteindre le pétrole du Caucase, il ne fera plus de doute que l’Axe aura irrémédiablement perdu la guerre. Qu’elle réussisse et le conflit s’éternisera, indécis jusqu’à ce que les peuples lassés se résignent à trouver un terrain de compromis159. »

    94Cette note rédigée à partir des renseignements recueillis dans les mois précédents marque discrètement un tournant dans l’appréciation faite de l’évolution de la guerre : une victoire de l’URSS devient une hypothèse, sinon la plus probable, tout au moins envisageable. Baril écrit en effet qu’en plein hiver, « la retraite allemande, déjà amorcée, peut se transformer en désastre160 », que « le moral allemand peut brusquement s’effondrer sous les coups conjugués des armées russes et des bombardements de l’aviation anglo-saxonne161. » À l’inverse, si une défaite de l’Armée rouge n’est pas exclue, son effondrement brutal n’est même pas envisagé. En janvier 1942, le 2e bureau continue donc de privilégier l’hypothèse de l’enlisement allemand en Russie, mais quelle que soit l’issue de l’affrontement germano-soviétique, le colonel Baril admet que le front russe est devenu le front principal de la guerre. Ce glissement montre un début de remise en cause des conceptions d’avant-guerre sur un conflit généralisé en Europe. La doctrine de guerre française participait en effet d’un système intellectuel dans lequel le premier conflit mondial était considéré comme le paradigme stratégique d’un futur conflit européen, c’est-à-dire que la décision se jouerait à l’Ouest, le front oriental ne tenant qu’un rôle secondaire. Cette réévaluation argumentée des rapports de force dans le conflit en cours et la reconfiguration des nouvelles tendances stratégiques qui en découlent se heurtent à la politique de Vichy162.

    95La conviction qu’une victoire de l’Allemagne est désormais impossible est en effet contraire au point de vue du gouvernement, dont la politique est marquée, il est vrai, par un net flottement au cours du premier trimestre, mais qui poursuit cependant la politique d’alliance étroite avec l’Allemagne163. Pour cette raison, le général Bridoux, ministre de la Guerre, rejette l’analyse de Baril qu’il juge biaisée par un antigermanisme viscéral. Pourtant dans les mois qui suivent, le point de vue de Baril est conforté par l’évolution des événements. En particulier, l’affaiblissement de l’armée allemande paraît considérable et durable.

    96En mars 1942, les renseignements confirment l’avantage conservé par les Soviétiques, en particulier au Sud où Timochenko se montre un chef militaire de valeur164. L’attaché militaire à Stockholm transmet l’estimation des effectifs de l’Armée rouge effectuée par le haut commandement de la Wehrmacht et que son collègue japonais lui a fourni : 250 divisions d’infanterie, 35 divisions de cavalerie, 50 brigades de chars et une réserve stratégique de 90 à 100 divisions, soit un potentiel considérable qui montre que les Soviétiques peuvent combattre efficacement encore longtemps. D’autres renseignements en provenance de Suède indiquent que la Wehrmacht, ayant perdu 50 % de ses effectifs pendant la campagne d’hiver, lancerait une offensive de printemps avec une armée totalement renouvelée, dont la qualité serait de moitié inférieure à celle de 1941. En conséquence, les Allemands pourraient encore remporter des succès tactiques mais non stratégiques165. Aux informations de valeur inégale sur la situation militaire difficile de l’Allemagne s’ajoutent des rumeurs sur les divisions internes qui affecteraient désormais le régime nazi.

    97Fin janvier, le lieutenant-colonel Chauvin, attaché militaire en Suisse, adresse au 2e bureau un rapport pour rendre compte des différents « bruits » dont il a pris connaissance sur les conséquences politiques en Allemagne du tournant militaire de décembre. Son compte rendu est à la fois prudent et détaillé :

    « S’il s’agissait de vous adresser des renseignements, je me garderais de vous communiquer ce qui suit, mais je crois indispensable de vous rendre compte, à titre d’information, des bruits qui courent ici avec insistance, des échos qui nous viennent d’Outre-Rhin, des assurances même que donnent certains voyageurs de retour d’Allemagne et qui sont, de tout évidence, de bonne foi […] [Ceux-ci, aussi incertains qu’ils soient, sont révélateurs] d’un trouble qui semble profond, généralisé, d’un affaiblissement du moral collectif allemand, toutes choses qui ne sont pas sans analogie avec le chancellement de la foi qui a si gravement marqué en France les semaines qui ont suivi notre échec de 1917166. Ce parallèle est d’autant plus à faire que notre rapide retour à la santé morale prouve que de pareilles situations ne sont pas toujours sans espoir. »

    98L’attaché militaire rapporte ensuite les rumeurs d’un profond désaccord entre Hitler et le haut-commandement de la Wehrmacht qui aurait débouché sur une crise politique au cœur même du Reich au cours du mois de novembre. Le Grand Quartier général et les commandants d’armée auraient voulu

    « instaurer une dictature militaire disposée à sauver l’essentiel en composant avec l’Angleterre. La grosse industrie, les catholiques, le “parti Hess” auraient vu cette réaction avec une grande faveur. Des mises à pied, des arrestations, voire des exécutions […] auraient eu brutalement raison de cette menace167 ».

    99Hitler aurait alors pris directement le commandement de l’ensemble de l’armée et des opérations. Mais le succès de la contre-offensive de Moscou aurait obligé le Chancelier à rappeler les chefs militaires limogés. Néanmoins, la tension resterait forte entre Hitler et ses généraux168.

    100La tournure prise par la guerre à l’Est et, secondairement, les difficultés supposées du régime nazi ont pour la France deux conséquences directes qui concernent au premier chef l’armée : début 1942, l’apparition de rumeurs d’évacuation de la zone occupée par les Allemands qui récupéreraient ainsi des troupes supplémentaires pour le front ; au printemps, l’hypothèse d’un débarquement allié sur la côte méditerranéenne qui se renforce au fil des mois. Or, ces deux éventualités sont étroitement liées à la question du communisme et au problème du maintien de l’ordre.

    La question du maintien de l’ordre revient au premier plan

    101En raison des renseignements recueillis, TR estime probable que le départ des troupes allemandes provoquerait le déclenchement d’une insurrection communiste pour prendre le contrôle de la zone occupée, mais vraisemblablement aussi pour faciliter un débarquement des Anglo-Saxons. Ainsi, l’agent double Fochlot, bien placé au sein du SRA, est « convaincu qu’il y aurait un mouvement insurrectionnel si les Allemands venaient à partir brusquement de la capitale169 ». Un autre informateur, d’une qualité moindre, indique qu’à Nevers et à Cosne, des équipes armées ont été constituées par le PCF pour prendre le contrôle de la ville en cas de départ des Allemands170. Il paraît donc vraisemblable que des préparatifs équivalents ont été effectués dans d’autres villes.

    102Tous ces renseignements sont pris très au sérieux par le 2e bureau puisque dans sa note du 4 janvier, Baril accrédite cette menace. Évoquant l’éventualité d’une défaite allemande à l’Est, il écrit en effet :

    « La France peut être, tout à coup, évacuée par les soldats allemands rejoignant en désordre leurs foyers. Sans doute, la Russie rouge a-t-elle d’ores et déjà suffisamment souffert pour que son ingérence dans les questions intérieures des pays de l’Europe occidentale soit moins à redouter que par le passé. Mais chacun des États occidentaux porte en lui-même, à l’état latent, un microbe communiste qui, à la faveur du mauvais état général consécutif à la guerre, peut prendre une soudaine virulence. La crainte de l’Allemand disparue, des troubles graves peuvent éclater dans la zone précédemment occupée.
    Le problème du maintien de l’ordre ne pourra être résolu que si les problèmes corollaires qui en découlent, recrutement, armement, répartition, transport des unités coopérant avec la police des territoires récupérés, ont été étudiés dans le détail, à la manière d’un plan de mobilisation et de concentration et, si, à côté de la préparation de l’instrument répressif, on s’est également soucié de prévenir, dans la mesure du possible, les troubles par l’aménagement d’un plan de ravitaillement et de chômage. Alors même que les chances de les voir se poser à bref délai pourraient être jugées minimes, ces problèmes méritent d’être étudiés sans retard, si l’on ne veut courir le risque de la surprise171. »

    103En conséquence, Vichy prend des mesures pour s’opposer à une possible mainmise du PCF sur la zone occupée. En provenance du ministère de l’Intérieur, TR reçoit en février 1942 un renseignement d’« excellente » source selon lequel « le ministre Pucheu aurait dit à Deloncle qu’il était indispensable que les divers mouvements actuellement existants en ZO se groupent pour éviter la révolution au moment du départ des Allemands172 ». D’importantes sommes auraient été versées à cette fin aux organisations activistes d’extrême droite. C’est d’ailleurs dans le but de contrer les communistes et de rompre avec Vichy que Pierre Pucheu aurait, selon une autre très bonne source de TR, organisé un complot pour former un gouvernement à Paris en cas de départ des Allemands173. De son côté, le 3e bureau de l’EMA peaufine les préparatifs contre-insurrectionnels établis en 1941 pour s’assurer le contrôle de la zone occupée dès le retrait des Allemands, afin de prendre les communistes de vitesse et d’écraser toute tentative de soulèvement.

    104Ces travaux débouchent en mai 1942 sur la rédaction de deux documents complémentaires, une Notice provisoire sur l’emploi des forces mobiles et une Instruction sur l’articulation des forces en vue du maintien de l’ordre174. Le premier concerne à la fois la question du maintien de l’ordre et les « actions de force nécessitées par la défense du pays ou de l’Empire » contre un débarquement allié. Le second, moins ambitieux, fait plutôt figure de mémento centré sur des aspects techniques. Ces deux documents mettent en avant le rôle essentiel que doit jouer « l’articulation des forces » dans les opérations de contre-insurrection. Il est ainsi prévu que chaque division militaire comprenne des éléments statiques, destinés à la défense de points ou zones sensibles, et un groupe mobile renforcé (GMR) constitué de forces diverses, dont six bataillons d’infanterie et trois groupes d’artillerie. Les unités statiques restent à la disposition des généraux de division, par contre les GMR peuvent être mis à la disposition du ministre s’ils doivent intervenir hors de la circonscription de la division militaire. Les GMR sont obligatoirement organisés en une colonne rapide, qui regroupe tous les éléments motorisés dont au moins un bataillon d’infanterie et les unités cyclistes, et en deux colonnes légères qui comprennent chacune deux bataillons d’infanterie et une brigade de cavalerie. Les forces restantes sont gardées en réserve. Par ailleurs, le ministre dispose d’une réserve générale constituée de deux brigades de cavalerie. En août 1942, la répartition des effectifs est la suivante : groupes mobiles renforcés immédiatement disponibles, sans rappel des permissionnaires, 1 236 officiers et 39 148 hommes de troupe ; forces statiques immédiatement disponibles, sans rappel des permissionnaires, 745 officiers et 24 472 hommes de troupe175. Ces chiffres montrent que la majeure partie des unités de métropole est concernée par ces dispositions prévues pour le maintien de l’ordre.

    105Parallèlement, l’éventualité d’un débarquement allié commence à être prise en compte, ce qui oblige, comme dans l’hypothèse du départ des Allemands de zone occupée, d’envisager des mesures de contre-insurrection face au soulèvement que les communistes ne manqueraient pas de déclencher pour appuyer les opérations de débarquement. Déjà, en septembre, TR apprenait de « très bonne source » que communistes et gaullistes préparaient de concert « un soulèvement général en France » pour appuyer un débarquement britannique. Le plan établi prévoit que « les communistes représenteraient la masse, la troupe avec les éléments actifs, les gaullistes » et les Anglais se chargeraient des livraisons d’armes176. Après une longue éclipse de plusieurs mois, un risque de débarquement est à nouveau pris au sérieux au cours du printemps. Ainsi, en avril 1942, des renseignements similaires à ceux de septembre sont à nouveau recueillis : l’un concernant le Nord-Pas-de-Calais177, l’autre l’ensemble de la France et l’Afrique du Nord. Selon ce dernier, obtenu dans les milieux PPF d’Algérie, les Allemands auraient décidé d’obtenir le retour de Laval au pouvoir pour assurer leur arrière avant leur grande offensive de printemps en Russie, car ils auraient la certitude qu’un putsch communiste se prépare en France et en Afrique du Nord, afin que les alliés profitent des troubles pour débarquer178.

    106En l’absence de documentation, on peut supposer que des plans d’opérations contre-insurrectionnelles, semblables à ceux élaborés en prévision d’un retrait allemand de zone occupée, ont été établis pour que l’armée puisse agir contre les insurgés communistes au moment d’un débarquement. Il est vrai que pour l’armée d’armistice les perspectives à cette époque apparaissent particulièrement brouillées puisqu’antérieurement des plans avaient été établis pour mener des actions offensives en appui d’un débarquement allié, alors qu’avec la désignation du général Bridoux comme ministre de la Guerre en avril 1942, l’action militaire aux côtés de l’Axe est désormais clairement privilégiée par le gouvernement179.

    107La crainte d’un soulèvement communiste en liaison avec les alliés, que ce soit à l’occasion de l’évacuation de la zone occupée par la Wehrmacht ou en cas de débarquement, s’explique par l’évolution générale de la guerre et la nouvelle donne stratégique qui s’annonce au début de 1942, mais également par la perception d’un renforcement continu du communisme en France et par le constat que ses liens avec les Anglo-Saxons et les gaullistes ne cessent de se resserrer180.

    La collusion soviéto-anglo-saxonne contre la France

    108Au printemps 1942, l’accentuation des tendances repérées depuis l’été précédent est signalée par TR. Une note du mois d’avril résume l’évolution générale : « L’état d’esprit est de plus en plus mauvais en zone occupée à mesure que l’on va vers le Nord pour atteindre dans cette région un état prérévolutionnaire181. » Les Allemands suivent aussi avec inquiétude cette progression. Ainsi, Fochlot informe TR que « la propagande communiste dans la région parisienne est intense et donne beaucoup de soucis aux autorités d’occupation », d’autant plus qu’elle touche également les troupes allemandes. La détermination des militants face à la répression les impressionne particulièrement : « 48 heures au maximum après les exécutions d’otages, les familles des victimes communistes sont visitées, secourues, réconfortées par des membres du Parti communiste182. »

    109Un informateur estime que l’anglophilie recule sensiblement à la suite des défaites en Afrique du Nord et parce que « les Anglais ont fait tuer jusqu’ici de l’Australien, du Zélandais, de l’Hindou, du Chinois ». À l’inverse, la crédibilité acquise par l’Armée rouge joue de plus en plus nettement en faveur du PCF, à tel point que la possibilité d’une victoire des Soviétiques n’effraie plus des milieux traditionnellement anticommunistes :

    « Ne comptant plus sur les Anglais, tout l’espoir se reporte sur les Russes. Même dans les milieux conservateurs, on envisage sans trop de crainte une victoire russe qu’atténuerait […] l’alliance américaine […] On veut la victoire, de quelque côté qu’elle vienne. Il est évident que les communistes profitent de ces sympathies183. »

    110Mais plus que le prestige acquis par l’URSS, ce sont les relations étroites que l’URSS et le PCF sont parvenus à nouer avec les alliés, et secondairement les gaullistes, qui sont désormais considérées comme le facteur décisif, et le plus dangereux, de la montée inexorable du communisme en Europe et tout particulièrement en France. Comme précédemment, la réalité du resserrement de ces relations est très exagérée, ce qui montre la persistance d’une perception hypertrophiée de l’influence communiste. Ainsi, à la suite de la rencontre entre Antony Éden et Staline, le 16 décembre, et alors que des rumeurs circulent sur la conclusion d’accords secrets entre Britanniques et Soviétiques, TR apprend que Paul Ker a déclaré qu’un partage du continent en zone d’influence avait été convenu entre les deux puissances. Ainsi, passeraient sous régime soviétique, la Finlande, la Roumanie, le Danemark, la Hongrie, la Pologne et une partie de l’Allemagne, tandis qu’en France, dès la fin de la guerre, serait instauré un régime socialo-communiste. Paul Ker aurait même ajouté que, si les Soviétiques battaient les Allemands, non seulement ces accords ne seraient pas respectés, mais qu’il ne serait pas étonnant que l’Armée rouge débarque en Angleterre184.

    111Par ailleurs, selon diverses sources, Londres donne des facilités aux services spéciaux soviétiques pour agir contre la France. Ainsi, au printemps 1942, les renseignements généraux estiment que la « Guépéou » utilise le territoire britannique comme base arrière pour organiser une campagne d’attentats terroristes en Occident, y compris dans des pays neutres comme l’Espagne185. En janvier, selon une note de police, le SR soviétique à Istanbul cherche à se procurer auprès des Britanniques des passeports français pour introduire des agents de propagande en France186.

    112En parallèle, le resserrement des contacts entre le PCF et les Britanniques est suivi par le contre-espionnage depuis plusieurs mois. Dès le début de la guerre germano-soviétique, TR estime que les communistes français ont reçu de Moscou la directive de collaborer avec les services spéciaux anglais187. Sur le plan militaire, de multiples renseignements portent sur les préparatifs d’actions coordonnées entre l’armée britannique et la résistance communiste en vue d’un débarquement en France188. Cet objectif commun ne peut qu’accentuer le rapprochement entre PCF et gaullistes, constaté dès 1940 et suivi attentivement du fait de ses implications politiques intérieures, surtout en zone occupée.

    113Selon les renseignements collectés, la guerre à l’Est a provoqué au cours de l’été 1941 un rapprochement étroit entre gaullistes de métropole et communistes. Le contrôleur général Roussel le constate lors de son séjour en zone occupée, en particulier chez les instituteurs189 et la police toulousaine rapporte, suite à l’interrogatoire d’un aspirant arrêté pour activité gaulliste, qu’« il a été question de la fusion du parti communiste avec le parti gaulliste190 ». En mars 1942, TR signale l’existence d’une « organisation spéciale » dont les membres seraient recrutés parmi les communistes et les gaullistes191. Cette collusion gaullistes-communistes retient suffisamment l’attention du haut commandement pour que La France militaire publie la version écrite d’une conférence prononcée par Paul Marion et intitulée « Le Maréchal Pétain contre le gaullisme et le communisme192 ». Une note de TR analyse le danger de ce rapprochement :

    « Une alliance de fait entre républicains [largement assimilables ici aux gaullistes] et communistes est possible […] Dans ce cas, on peut craindre que les plus violents, c’est-à-dire les communistes, n’en prennent la tête […] [et] que les patriotes ne se laissent entraîner193. »

    114À noter toutefois, qu’en dépit de la guerre germano-soviétique et de la répression impitoyable que le PCF a subie, il subsiste des renseignements rapportant l’attitude bienveillante des Allemands à son égard, voire le maintien d’une collusion entre les forces d’occupation et les communistes. En juillet 1941, TR constate qu’en zone occupée, les Allemands continuent de chercher à favoriser les divisions entre français en aidant le RNP, en favorisant discrètement la propagande communiste, tout en combattant énergiquement celle des gaullistes194. L’occupant chercherait ainsi à ne pas trop affaiblir le PCF afin qu’il conserve la capacité de déclencher la guerre civile en cas de retrait des troupes allemandes de la zone occupée. En 1942, des faits allant dans le même sens sont rapportés : des « chefs communistes connus » auraient été reçus à l’ambassade d’Allemagne à Paris et bénéficieraient d’une immunité de fait dans leurs activités195 ; les Allemands auraient organisé à Nevers et Cosme des groupes armés recrutés parmi les communistes pour qu’ils prennent le contrôle des deux agglomérations en cas de retrait des troupes d’occupation196. Ce type de renseignements ne peut que contribuer, plus que jamais, à faire du communisme une menace tous azimuts.

    115Pourtant, le contre-espionnage militaire ne semble pas s’être vraiment intéressé à l’activité du SR soviétique en France. Une seule affaire d’espionnage impliquant les Soviétiques est mentionnée dans les archives des services spéciaux français. Les faits se sont déroulés au cours de l’été 1941, lorsque les prénommés Joseph Stern et Édouard Boisserie sont arrêtés pour avoir tenté de dérober les plans du Dewoitine 550 sur instruction venue de l’ambassade d’URSS197. Quant au mystérieux Paul Ker, qui passe pour être, à son insu, une importante source de renseignements pour TR, rien n’indique qu’il ait fait l’objet d’une tentative de surveillance étroite, et encore moins de neutralisation. Il est probable que TR veut conserver cette précieuse source qui permet d’obtenir des renseignements de valeur sur l’URSS, le Komintern et le PCF, mais également sur les forces d’occupation. Ainsi, en juillet 1941, Ker est censé posséder le plan complet des batteries à longue portée allemandes sur les côtes du Pas-de-Calais et de la Manche198 ; en janvier 1942, il est très bien renseigné sur les activités allemandes de zone occupée, spécialement celles dirigées contre les communistes, à tel point qu’il aurait décidé la liquidation de certains informateurs du SRA199. TR reconnaît d’autant plus volontiers la valeur du service de contre-espionnage du Komintern que Ker cite à plusieurs reprises le nom d’informateurs du SR français, en particulier du SR Air200 ! Il est probable que l’absence de mesures de contre-espionnage impliquant les Soviétiques ou le Komintern s’explique d’abord par leur faible activité dirigée contre la France, un désintérêt qui s’explique par l’effondrement de la puissance française et la concentration de leurs efforts contre les Allemands.

    116Quoi qu’il en soit, on constate que, dans l’ensemble, l’armée cherche à se désengager de l’activité répressive contre le communisme. Rien n’indique qu’après juin 1941, le SMA ait cherché à renforcer son action contre le PCF. De même, la justice militaire, avec le soutien constant du haut commandement, s’est efforcée d’être déchargée de la répression anticommuniste201. En juillet 1941, le général Huntziger, ministre secrétaire à la Guerre, en accord avec l’EMA, s’oppose à la mise en place des sections spéciales militaires202. Il invoque les risques d’erreurs ou de sentences excessives de ces tribunaux, constitués de militaires « étrangers à la chose judiciaire », qui contribueraient à jeter le discrédit sur l’armée203. Ces protestations étant restées sans effet, en avril 1942, le général Bridoux, Secrétaire d’État à la Guerre, revient à la charge en réclamant à l’amiral Darlan la suppression des sections spéciales militaires. Le général estime que, même si après six mois d’application de la loi il n’y a pas eu « d’incidents tragiques », aux yeux de l’opinion « l’armée est responsable de la répression, dure et sévère » et que « son prestige en est certainement très atteint. » Les généraux Huntziger et Bridoux soutiennent les mêmes arguments défendus par la direction de la justice militaire :

    « 1) Les officiers ne sont pas aptes à exercer la fonction de juge.
    2) Les tribunaux militaires sont détournés de leur mission normale (répression de l’espionnage et de la trahison)204. »

    117Mais, les ministères de la Justice et de l’Intérieur rejettent l’intégralité de cette argumentation et se montrent favorables au maintien des sections spéciales militaires. En découle une polémique entre ces deux départements et celui de la Guerre, qui laisse transparaître de la part des militaires, une remise en cause du principe même de la loi du 14 août 1941. Les principales objections de la Justice et de l’Intérieur à la suppression des sections spéciales militaires et les réponses de la Guerre tiennent en trois points :

    1.  « Le texte de la loi instaurant les sections spéciales n’est pas de ceux qui peuvent être aisément appliqués par des magistrats civils. Des résistances se sont déjà manifestées à cet égard en zone occupée. »
      Réponse : « Le texte a été élaboré par le département de la Justice. S’il présente des imperfections, le département de la Guerre n’en est pas responsable. Toujours est-il qu’il constitue sans aucun doute une arme terrible et qu’il déroge aux principes traditionnels du droit pénal205. »

    2.  « La répression du communisme est une chose grave qui fait courir des risques. Le département de la Justice assure cette répression […] pour les deux tiers du territoire métropolitain. L’armée doit accepter sa part de difficultés et ne pas chercher à se dérober. »
      Réponse : « À chacun ses attributions. L’armée a d’autres missions à remplir. La justice militaire assume une tâche particulièrement lourde qui ne va pas non plus sans dangers et qui revêt dans les circonstances actuelles une importance considérable pour le maintien de l’unité nationale, à savoir la répression des crimes de trahison et d’espionnage. Même en zone occupée, les tribunaux de droit commun n’ont pas à connaître de cette catégorie d’infraction. »

    3.  « Les policiers sont accablés de lettres de menaces. Ils n’accompliraient leur tâche très épineuse qu’avec réticence, s’ils voyaient l’armée se dérober. Cela ne serait pas fait pour leur remonter le moral. »
      Réponse : « L’armée ne se dérobe à aucun de ses devoirs. En cas de troubles, elle serait aux côtés de la police […] Elle répugne à appliquer un texte contraire aux traditions les plus anciennes de la justice militaire et qui ne fait plus de cette dernière qu’une caricature de la justice tout court. La loi du 14 août 1941 […] ne devrait dans tous les cas être appliquée que par des magistrats professionnels, habitués à doser les sanctions pénales et à en mesurer la portée individuelle et sociale. Les errements actuels dressent contre l’armée une partie de l’opinion publique qui ne manque pas de l’accuser de se livrer à une répression partiale et arbitraire. Est-il convenable […] de lui faire remplir […] une besogne d’épuration politique pour laquelle elle est manifestement incompétente […]206 ?

    118Ce vigoureux plaidoyer ne signifie pas que la direction de la justice militaire répugne à contribuer à la répression du communisme. Au contraire, elle défend dans son intégralité l’application du décret-loi du 29 juillet 1939 face à la demande exprimée par certains généraux commandant de division de voir les poursuites pour propagande gaulliste relever désormais des tribunaux civils207. On peut considérer que la vive opposition manifestée au principe même des sections spéciales militaires s’explique surtout par le lien indiscutable entre la loi du 14 août 1941 et la politique d’étroite collaboration dans laquelle s’engage Vichy dès le début de la guerre en Russie. La justice militaire ne veut pas apparaître comme l’auxiliaire impitoyable et zélé des Allemands dans leur lutte contre la résistance communiste, alors que la crédibilité et le prestige de cette dernière ne cessent de croître dans la majeure partie de l’opinion publique. Par ailleurs, la question des sections spéciales est révélatrice des luttes d’influences et des enjeux politiques qui s’exacerbent au sein du régime de Vichy au début de l’année 1942 et dont le contre-espionnage militaire va faire les frais.

    119Déjà attaqué en 1941 pour son hostilité envers l’Allemagne et pour ses relations supposées avec le SR britannique, le contre-espionnage militaire demeure la cible privilégiée du gouvernement, ministère de la Guerre compris, et des milieux collaborateurs qui mènent des campagnes de presse contre le « 2e bureau », expression générique qui inclut les services spéciaux208. Au printemps 1942, les autorités d’occupation demandent la disparition du service MA, qui est officiellement dissout le 24 août 1942 et remplacé par le Service de sécurité militaire (SSM). Cette nouvelle mouture du contre-espionnage, qui garde une existence secrète et conserve un personnel issu du SMA, dispose de moyens inférieurs à ses prédécesseurs et reste sous la surveillance étroite du gouvernement. La motivation politique des mesures prises contre le contre-espionnage militaire est évidente et marque un nouveau succès de la police contre les services spéciaux.

    120En effet, les archives montrent qu’au cours du premier semestre 1942, l’antagonisme contre-espionnage militaire-services de police s’aggrave, prenant une tournure nettement politique liée à la lutte contre le communisme209. La méfiance est telle que TR, soupçonnant le ministre de l’Intérieur de menées conspiratives, cherche des renseignements sur les contacts entre Pucheu et les partis collaborationnistes210. De même, un dossier est monté sur le commandant Rollin, directeur général adjoint au secrétariat général de la police et chargé de la direction du contre-espionnage civil211. Ainsi, le contre-espionnage militaire sait que des gaullistes ou des Français, liés au SR britannique et arrêtés par la sûreté du Territoire, sont en toute illégalité relâchés s’ils acceptent de devenir ses informateurs212. Il apparaît en filigrane que les services spéciaux reprochent au ministère de l’Intérieur de concentrer ses forces contre le PCF et de négliger la lutte contre le gaullisme. La défiance de TR vis-à-vis de l’Intérieur est encore accrue par les renseignements fournis par Fochlot sur la collaboration entre la police et les services allemands. Selon l’agent double,

    « la servilité de la police française à Paris est un sujet d’étonnement dans les milieux allemands. Certains sont même écœurés des dénonciations dues à l’initiative de policiers parisiens […] Jamais après la guerre de 1918, un policier allemand n’aurait été assez lâche pour faire envers ses compatriotes ce que certains policiers français font actuellement213 ».

    121Dans le resserrement de la coopération franco-allemande en matière de répression, c’est d’abord l’intensification de la lutte anticommuniste qui inquiète le contre-espionnage militaire à cause de la mise en place de services de police parallèles qui agissent en marge de la légalité et sont largement noyautés par le PPF214. Antérieurement, TR s’efforçait de repérer les organisations secrètes, qui émanaient de la mouvance vichyste, pour contribuer à leur démantèlement215. Cette action, destinée à préserver l’autorité de l’État, est également menée contre les réseaux anticommunistes qui commencent à se mettre en place dans les semaines qui suivent le début de la guerre germano-soviétique. Mais c’est le collaborationnisme militant de ces officines qui constitue pour le contre-espionnage militaire le principal motif de surveillance, à défaut de pouvoir les mettre hors d’état de nuire en raison des appuis dont ils bénéficient de la part des Allemands et des milieux vichyssois les plus engagés dans la collaboration, à commencer par le ministère de l’Intérieur.

    122Ainsi, début septembre 1941, TR reçoit des informations précises sur l’organisation armée que le docteur Martin, « germanophile convaincu », est en train de mettre en place, avec l’appui du gouvernement, « pour lutter contre tout mouvement susceptible d’organiser des troubles, […] la police et la gendarmerie n’étant pas très sûres216 ». À la fin de l’année 1941, TR repère la mise en place dans la région de Bordeaux d’une organisation secrète, « Les Volontaires de l’ordre public », créée à la demande de la préfecture et destinée à agir en liaison avec la police afin de recueillir des renseignements sur les ennemis du régime, en premier lieu les communistes, et d’aider au maintien de l’ordre lors de cérémonies officielles, en cas de troubles ou lors de circonstances nécessitant des mesures de protection importantes217. Pour les mêmes raisons, la création, par un arrêté du 6 octobre 1941, du Service de police anticommuniste (SPAC) suscite la très vive hostilité du contre-espionnage militaire, qui s’efforce au cours de l’année 1942 de se renseigner sur cette nouvelle police politique218.

    123TR apprend que ce nouvel organisme, qui est rattaché à la police nationale, est un instrument politique entre les mains du ministre de l’Intérieur, puisque son chef, Charles Detmare, ex-PPF, est « un ami de Doriot et de Pucheu » et que son second, Jurquet de Lasalle, est « un ancien cagoulard », tout comme le commissaire Richard, qui commande l’une des cinq brigades du service, transmet à Vichy des renseignements collectés par le MSR et semble jouer un rôle éminent au sein du SPAC. En outre, une bonne partie des inspecteurs affectés au service sont des sympathisants PPF. Enfin, bien que compétent pour agir contre les gaullistes, le SPAC a « automatiquement étouffé » toutes les affaires les concernant, un laxisme qui montre que Pucheu entretient des contacts secrets avec le gaullisme219.

    124Par ailleurs, TR sait de source certaine que l’Inspecteur général Blanc des renseignements généraux fait surveiller le SPAC : « Il voudrait, paraît-il, recueillir la preuve que le véritable but de cette police serait de créer un organisme parapolitique au service particulier de Pucheu. » TR estime cette opinion tout à fait fondée, car la création du SPAC semble liée au projet, soutenu par le ministre de l’intérieur, de former un parti unique en zone occupée. Pour TR, ces deux démarches parallèles rendent crédibles les rumeurs sur la mise en place en zone occupée d’un gouvernement dirigé par Pucheu220.

    125D’autres renseignements confirment non seulement l’étroite proximité entre le SPAC et les mouvements d’extrême droite collaborationnistes221, mais donnent aussi des précisions sur ses liens avec les Allemands. En janvier, TR est informé que des policiers sont en relation directe avec les Allemands dans la lutte contre le PCF, sans que le contre-espionnage civil et militaire en soit informé. Ainsi, un certain inspecteur Béranger, disposant d’une source appartenant au cabinet Brinon, remettrait régulièrement des listes de communistes à la Gestapo. Il serait également chargé de recruter dans la police des informateurs pour le SRA222. Par ailleurs, TR apprend qu’un agent du SR espagnol, par ailleurs responsable de la Phalange, a été envoyé en France, avec l’accord du SRA, pour recruter des informateurs. Entré en contact avec le SPAC, il lui aurait livré un réseau de communistes espagnols organisé dans le sud de la France. TR estime cette situation dangereuse, car non seulement le contre-espionnage militaire a été tenu dans l’ignorance de cette opération, mais le maniement d’un informateur étranger ne relève pas de l’Intérieur, ce qui risque d’entraîner une manipulation du SPAC par le SR espagnol et le SRA223. Plus grave encore, selon une autre source, dès le début de l’année 1942, le SPAC aurait été noyauté par la Gestapo224.

    126Cette vive hostilité contre le SPAC montre que le contre-espionnage militaire est à cette époque conscient que la lutte anticommuniste est devenue la voie royale de la collaboration sur le plan intérieur et que désormais les groupes collaborationnistes infiltrés dans les rouages de l’appareil répressif de Vichy constituent une menace plus grave que l’action communiste tournée pour l’essentiel contre l’occupant. L’évolution de la guerre à l’Est et le durcissement de la domination allemande sur l’Europe occupée ne peuvent qu’accentuer cette prise de conscience.

    Le désastre annoncé du Reich sur le front de l’Est

    127Pour la période du printemps et de l’été 1942, la documentation produite par le haut commandement sur l’évolution de la situation à l’Est ne prévoit pas d’évolution décisive pour les mois à venir225. Bien qu’elles soient de qualité, ces analyses sous-évaluent pourtant les succès de la Wehrmacht au cours de cette période puisqu’elles concluent à l’absence de redressement allemand226. Dans l’ensemble, les différentes sources d’informations vont dans le même sens. En mars, Fochlot, de retour d’Allemagne, indique que le moral de la population est en baisse227. De Bucarest, l’ambassadeur de France rapporte de source militaire roumaine que les troupes qui ont tenu le front durant l’hiver, ont « mauvais moral et mauvais esprit » et qu’elles connaissent de nombreux « cas de grave relâchement de la discipline, voire de tendance révolutionnaire dans certaines unités particulièrement éprouvées et exaspérées par la souffrance228. » L’ambassadeur a eu l’occasion de converser avec des officiers d’état-major roumains qui se sont montrés sceptiques sur les chances de succès de la grande offensive allemande en cours de préparation. L’un d’eux lui a même déclaré que « l’armée allemande ne se battait plus pour gagner la guerre, mais pour ne pas la perdre229 ».

    128Dans les mois qui suivent, le succès de l’offensive d’été de la Wehrmacht n’inverse pas vraiment la tendance au pessimisme sur les chances de l’Allemagne de gagner la guerre en Russie. En septembre, l’attaché militaire à Sofia transmet les renseignements que lui a communiqués un officier supérieur neutre de retour d’un long séjour à Kuibyshev230. Il estime les forces russes à 290 DI, 40 DC et 70 brigades blindées, sans compter les unités stationnées en Extrême Orient, ce qui signifie que, depuis la fin de 1941, l’Armée rouge a continué d’accroître le nombre de ses unités, en dépit de ses énormes pertes, évaluées à six millions de tués, blessés graves et prisonniers sur un total de 18 millions de mobilisés231. L’interlocuteur de l’attaché militaire affirme également qu’à l’arrière, les usines ont des rendements élevés, que la récolte a été bonne et que l’autorité du régime reste intacte. Au terme de ce bilan d’ensemble, l’officier conclut que « les Allemands n’arriveront pas à bout de l’Armée rouge cette année232 », un avis partagé par le général Revers, chef d’état-major de l’armée, qui estime que « la résistance acharnée de Stalingrad […] permet maintenant de considérer comme invraisemblable l’hypothèse de la destruction des forces russes avant la campagne de 1943233. ».

    129À la même époque, parvient de Stockholm une analyse de la situation militaire, au moment où la bataille de Stalingrad fait rage et focalise l’attention de toute la planète. Dans les milieux militaires suédois, les points de vue se sont complètement inversés depuis un an : en octobre 1941, la victoire allemande paraissait probable dans les prochains mois ; en octobre 1942, c’est la capacité de résistance russe qui frappe les esprits au vu des gains limités des Allemands plusieurs mois après le déclenchement de leur grande offensive d’été. Pour les Suédois, la victoire a changé de camp, car il est douteux qu’en 1943, la Wehrmacht ait la force de relancer de grandes opérations offensives en raison de la pression des Anglo-Saxons, qui s’accentuera inévitablement et obligera les Allemands à éparpiller leurs forces et à adopter une posture défensive. Seul le général Thörnell, commandant en chef de l’armée suédoise, pense que la guerre va durer encore longtemps à l’avantage des Allemands234.

    130À l’occasion d’un récent séjour dans son pays, l’attaché militaire suédois à Moscou, qui est considéré dans les milieux autorisés de Stockholm comme un très bon connaisseur du monde soviétique, a rapporté de précieuses indications sur la situation en URSS. Il s’est montré convaincu que le moral des Soviétiques, civils comme militaires, est « excellent » et que, contrairement à des rumeurs circulant en Europe, le régime n’est nullement fragilisé par des divisions internes. Sur le plan militaire, il a exprimé sa confiance dans l’Armée rouge :

    « Les troupes rencontrées sont bien équipées, bien armées, bien nourries et sont disciplinées. L’armement en moyens mécaniques est considérable. On parle d’une production mensuelle de 3 000 chars […] Quant à la population civile, son ravitaillement paraît assuré. En ce qui concerne enfin les carburants, ceux-ci ont été évacués en temps utile par la Volga et les stocks constitués paraissent suffisants pour au moins un an encore. En conclusion, cet expert militaire estime que la situation de l’URSS reste très forte et que l’armée allemande est plus éloignée que jamais d’avoir abattu son adversaire235. »

    131Vers la même époque, une source d’origine allemande indique que la Wehrmacht piétine devant Stalingrad et que ses perspectives de succès restent précaires :

    « Stalingrad est le seul point où au cours de cette guerre se soit usée l’armée allemande […] et c’est là maintenant que toutes les unités de choc viennent perdre les meilleurs de leurs combattants et de leur confiance. Mais le fait symptomatique, c’est que l’état-major allemand manifeste la crainte d’être tourné pendant son attaque sur Stalingrad par des forces russes opérant au Sud […]236. »

    132De Budapest, l’attaché militaire rapporte que, selon un général allemand de passage en Hongrie, la Wehrmacht aurait déjà perdu 350 000 hommes dans son offensive contre Stalingrad237. Toutefois, l’attaché militaire ne se prononce pas sur l’état du rapport des forces et les perspectives militaires, car après avoir évoqué les résultats médiocres des Allemands depuis le début de l’année 1942 et la conviction très répandue dans l’opinion publique hongroise que la résistance soviétique peut se maintenir encore très longtemps, il cite son homologue bulgare qui exprime un point de vue contraire :

    « Son collègue de Moscou lui a décrit l’extrême misère de la Russie intérieure, la famine et la maladie de l’arrière. Tout est mis en œuvre pour le front, mais les réserves ne sont pas inépuisables […] L’écroulement par épuisement du front russe peut […] être envisagé, sinon en hiver, saison favorable aux Russes, mais peut-être au cours de l’été prochain238. »

    133Par ses commentaires, l’attaché militaire français semble plutôt pencher en faveur de ce dernier pronostic.

    134Au vu des renseignements recueillis à l’automne 1942, le haut commandement français sait que la position allemande en Russie est sérieusement compromise et que, dans des milieux militaires neutres disposant de bonnes sources de renseignements en URSS et en Allemagne, la possibilité d’une victoire soviétique est de plus en plus envisagée. Lorsque survient le débarquement en Afrique du Nord et l’occupation de la zone libre, le communisme n’apparaît pas clairement comme la seule force susceptible à moyen terme de défaire l’Allemagne, mais cette perspective fait maintenant partie des hypothèses à prendre en compte : les Anglo-Saxons sont hors du continent et la faiblesse de leurs forces terrestres ne permet pas d’envisager un débarquement imminent en Europe. Ainsi, en une année, la vision du communisme par les militaires français s’est pour une bonne part inversée.

    135Pour ceux, qui souhaitent la victoire des occidentaux, la probabilité d’un schéma 14-18 s’éloigne davantage : l’enlisement de la Wehrmacht en Russie, facilitant la victoire des Anglo-Saxons à l’Ouest, laisse la place à un scénario dans lequel l’issue de la guerre se décide à l’Est, avec l’éventualité d’une victoire des Soviétiques seuls en cas d’effondrement allemand. Cette hypothèse ne peut que convaincre ces militaires proalliés de tout faire pour renforcer le camp anglo-saxon, afin de hâter le moment où ils seront en mesure de jouer un rôle décisif pour défaire l’Allemagne et, par là même, de faire barrage au communisme. Quant aux militaires qui souhaitent la victoire de l’Allemagne, l’évolution des événements ne peut que les conforter dans leur conviction que la collaboration est la seule voie possible pour empêcher le triomphe du communisme en France et secondairement en Europe. Mais quelle stratégie choisir : faut-il partir sur le front russe affronter l’Armée rouge ou rester en France combattre l’ennemi intérieur ? Le débarquement des alliés en Afrique du Nord, le 8 novembre, et l’occupation de la zone libre qui en découle accélèrent l’affirmation des alternatives qui caractérisent la période.

    136Lorsque le 27 novembre survient la dissolution de l’armée d’armistice, le communisme se pose alors comme une des questions centrales, voire pour certains la principale, dans les choix qu’ils doivent faire. Une minorité, lorsqu’elle en a l’opportunité, gagne l’Afrique du Nord pour rejoindre l’armée de Giraud. Dans ce cas, il est peu probable que l’anticommunisme ait été l’une des motivations directes de cet engagement. Lorsque le colonel Desazard de Montgaillard, commandant le 2e régiment de hussards, laisse à ses officiers une lettre datée du 28 novembre dans laquelle il justifie son départ pour l’Algérie, il n’exprime qu’un motif patriotique, même si le détour d’une phrase laisse transparaître un sous-entendu lorsqu’il écrit que « l’Allemand demeure pour le moment l’ennemi qu’il faut vaincre239 ». Parmi ceux qui vont s’engager dans la voie de la résistance, la majorité rejoint l’Organisation métropolitaine de l’Armée (OMA), fondée par le général Frère dès les lendemains de la dissolution de l’armée d’armistice240. Si la raison d’être de cette organisation est d’abord de combattre les Allemands, il est aussi probable que s’opposer à l’influence du PCF et être en mesure de faire échec à sa tentative de prise du pouvoir a été une préoccupation plus grande, tout au moins lors de sa création, que l’historiographie ne le laisse paraître241.

    137Quant aux militaires restés fidèles à Vichy, l’engagement aux côtés des Allemands pour faire la guerre à l’URSS reste très limité. En juillet 1943, la tentative d’enrôlement massif dans la LVF des ex-militaires de l’armée d’armistice est un fiasco spectaculaire : sur 2 629 lettres adressées aux anciens de la 9e division militaire, 26, chiffre dérisoire, reçoivent une réponse, toutes négatives, qui sont envoyées par deux officiers, six sous-officiers et 18 soldats ; dans la région toulousaine, sur 7 000 lettres, une centaine de réponses sont reçues. Au plan national, 90 % des lettres recommandées envoyées aux ex-officiers et sous-officiers seraient revenues avec la mention « refusée242 ». La lettre écrite par un capitaine est vraisemblablement représentative du sentiment de la majorité des officiers restés dévoués à Vichy. Après avoir exprimé le refus catégorique de s’engager dans la LVF, car son honneur lui interdit de servir sous uniforme étranger, il précise ensuite sa pensée : « Personnellement, je suis convaincu pour mon pays et l’Europe du péril rouge. Mais, croyez-vous […] que quelques milliers de volontaires français modifieront le cours des opérations. Le sang français est trop précieux. Gardons-le pour museler une agitation communiste presque certaine à l’intérieur. De durs combats nous attendent en France, point n’est besoin de se faire trouer la peau sur le Donetz ou même sur la Vistule243. »

    138La question du maintien de l’ordre ne disparaît pas avec la dissolution de l’armée de métropole. Ainsi, après que Pierre Laval ait obtenu l’accord de Hitler le 19 décembre 1942, le général Bridoux s’attelle à la formation d’une nouvelle armée du maintien de l’ordre qui devrait atteindre un effectif de 50 000 hommes, par l’addition de la garde mobile qui en constituerait le noyau dur, de la DAT avec 14 530 hommes, de la Phalange africaine avec 18 000, auxquels s’ajouteraient 8 000 « civils possédant une solide instruction militaire244 ». La création en 1943 du 1re régiment de France participe de la mise en œuvre de ce projet245. Le communisme reste bien l’ennemi principal pour le régime de Vichy et pour les quelques forces militaires qu’il a pu conserver. Anecdote significative du fossé qui s’est inexorablement creusé dans le corps des officiers en raison de l’évolution de la situation militaire en URSS et de la consolidation de l’alliance germano-vichyste, le colonel Rivet rapporte que, lors de sa dernière entrevue avec le général Dentz en novembre 1942, ce dernier lui avait demandé : « Comment, vous préférez le bolchevisme à l’Allemand ? » « Bien sûr » lui avait-il répondu246 !

    139Ainsi, la perspective de l’alliance avec le communisme jusqu’à la victoire est désormais posée aux militaires issus de l’armée de Vichy qui vont reprendre le combat contre l’Allemagne. Du côté des militaires de la France libre, cette question a déjà été tranchée depuis plus d’un an.

    Notes de bas de page

    1 Rapport présenté à la séance solennelle du soviet des députés et des travailleurs de Moscou, 6 novembre 1941.

    2 SHD-DAT, 3P 102, d. 4, note pour le commandement : la situation militaire à la fin de 1941, perspectives pour 1942, 4 janvier 1942, p. 3.

    3 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, extrait du compte rendu mensuel d’un officier MA, état d’esprit, 25 mai 1941, p. 535-536.

    4 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, rapport établi le 23 juillet sur l’état d’esprit à Paris devant les problèmes actuels de la politique intérieure et extérieure, 4 août 1941, p. 468-469.

    5 Eismann Gaël, « Maintenir l’ordre. Le MBF et la sécurité locale en France occupée », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2/2008 (no 98), p. 125-139. Solchany Jean, « Le commandement militaire allemand en France face au fait résistant : logiques d’identification et stratégie d’éradication », dans Douzou Laurent, Frank Robert, Peschanski Denis et Veillon Dominique (dir.), La Résistance et les Français : villes, centre et logiques de décision, Paris, 1995, p. 518.

    6 MAE, P 02855/d. 138, État français, vice-présidence du Conseil, note, 25 juin 1941, p. 43.

    7 « Un avertissement du commandement allemand aux agitateurs communistes », La France militaire, 20 août 1941, p. 1 ; « Le gouvernement combattra avec une implacable volonté toutes les entreprises d’agitation communiste ou terroriste », La France militaire, 27 août 1941, p. 1 (il s’agit du compte rendu d’une conférence prononcée par Pierre Pucheu).

    8 En août, le SMA donne pour consigne de faire preuve de souplesse envers les « patriotes » liés au SR gaulliste, une formule qui désigne en particulier le mouvement Liberté (SHD-DAT, 7NN 3034, compte rendu, 29 août 1941, p. 389-390).

    9 Abzac-Epezy Claude d’, L’Armée de l’Air des années noires, op. cit., p. 310 et 356-358. Sur la question du contre-espionnage dans la politique de Vichy et les relations difficiles et compliquées entre les services spéciaux et le gouvernement, cf. Laurent Sébastien, « Les temps des incertitudes », dans Rivet Louis (général), Carnets, op. cit., p. 419-434. Kitson Simon, Vichy et la chasse aux espions nazis, op. cit., p. 69-104 et 170-201.

    10 « La légion française contre le bolchevisme », La France militaire, 13 septembre 1941, p. 1 ; « nouvelles sur la LVF », 17 septembre 1941, p. 3 ; « Deux messages du maréchal Pétain à la légion des volontaires contre le bolchevisme », 6 novembre 1941, p. 1.

    11 Burrin Philippe, La France à l’heure allemande, Le Seuil, Paris, 1994, p. 439 ; Giolitto Pierre, Volontaires français sous l’uniforme allemand, Paris, Perrin, 2007, p. 82. Burrin évalue le reste des engagements à un tiers de militants politiques et un tiers d’aventuriers. Les Allemands estiment qu’à ses débuts, la LVF incorpore 60 % d’aventuriers et de chômeurs.

    12 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, p. 468-471, renseignement, rapport établi le 23 juillet sur l’état d’esprit à Paris devant les problèmes actuels de la politique intérieure et extérieure, 4 août 1941, p. 468-469 ; rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 12 au 18 août 1941 inclus, 18 août 1941, p. 436.

    13 Paxton Robert, L’Armée de Vichy, op. cit., p. 269-271. Chez les Britanniques, la plupart des observateurs se montrent très pessimistes. Ainsi, le Joint Intelligence Comitee, l’équivalent du 2e bureau, pense que les Allemands atteindront Moscou en six semaines. Churchill, Éden et le Foreign Office sont toutefois moins pessimistes. Chez les Américains, le pessimisme prédomine également.

    14 Rivet Louis (général), Carnets, op. cit., p. 464-465.

    15 SHD-DAT, 3P 102, d. 4, note pour le commandement : la situation militaire à la fin de 1941, perspectives pour 1942, 4 janvier 1942, p. 23. Ce résumé de la note du 27 juin 1941 figure dans le rapport rédigé par le colonel Barril le 4 janvier 1942.

    16 Colonel Louis Baril, le conflit germano-russe, ses incidences et ses conséquences sur la conduite de la politique française, 27 juin 1941 [www.aassdn.org, 2015].

    17 Ibid. Cette note n’a donc pas un caractère aussi prophétique que l’affirme Paul Paillole, même s’il est incontestable qu’elle démontre que le 2e bureau a fait preuve d’une relative perspicacité en juin 1941 (Paillole Paul, L’Homme des services secrets, Paris, Julliard, 1995, p. 175).

    18 Tournoux Jean-Raymond, Pétain et la France, Paris, Plon, 1980, p. 286 (cité par Soutou Georges-Henri, « Vichy et la place de l’URSS dans le système européen », dans Soutou Georges-Henri et Robin Hivert Émilia [dir.], L’URSS et l’Europe de 1941 à 1957, op. cit., p. 88).

    19 Soutou Georges-Henri, « Vichy et la place de l’URSS dans le système européen », dans Soutou Georges-Henri et Robin Hivert Émilia (dir.), L’URSS et l’Europe de 1941 à 1957, op. cit., p. 99.

    20 En juillet, Weygand avait déclaré à Murphy que l’Armée rouge combattait vaillamment et qu’il se félicitait de l’épuisement réciproque des deux belligérants. Il n’avait cependant pas envisagé une défaite allemande en URSS (cité par Smirnov Vladislav P., « L’agression allemande contre l’Union soviétique et l’opinion publique française », dans Soutou Georges-Henri et Robin Hivert Émilia [dir.], L’URSS et l’Europe de 1941 à 1957, op. cit., p. 109).

    21 Colonel Louis Baril, le conflit germano-russe, ses incidences et ses conséquences sur la conduite de la politique française, 27 juin 1941 [www.aassdn.org].

    22 La Délégation française auprès de la commission allemande d’armistice, t. IV, Paris, Imprimerie nationale, 1947, p. 648. Le général Doyen affirme que la Blitzkrieg a échoué et que l’Allemagne perdra la guerre si la résistance soviétique dure.

    23 Soutou Georges-Henri, « Vichy et la place de l’URSS dans le système européen », op. cit., p. 99-100.

    24 Radio Moscou n’émet que des marches militaires, car l’agression demeure secrète jusqu’à 12h30, lorsque Molotov annonce au pays l’invasion allemande.

    25 MAE, P 02608/d. 836, 23 juin 1941, p. 30. À noter que dans ce document, Nac fournit son propre point de vue, très précis et réfléchi, sur l’attitude des différentes populations de l’URSS, russes et minorités nationales, face à l’invasion allemande. En résumé, il estime qu’excepté dans le Caucase, les populations préfèrent encore le bolchevisme, que pourtant elles détestent le plus souvent, aux Allemands et aux Russes blancs.

    26 Ibid., p. 33-34.

    27 MAE, P 02608/d. 836, télég. 372-373, 28 juin 1941, p. 74.

    28 MAE, P 02608/d. 836, délégation française auprès de la commission d’armistice, la guerre germano-russe : le bilan d’une semaine, 30 juin 1941, p. 82.

    29 Ibid., p. 83.

    30 SHD-DAT, 7NN 2017, d. 1779, renseignements, source Paul Ker par HC sûr, 7 juillet 1941, p. 86. Ces renseignements, recueillis le 26 juin, paraissent surtout être une synthèse de rumeurs, exception faite de la description de la stratégie de « la terre brulée ».

    31 MAE, P 02608/d. 836, note, 8 juillet 1941, p. 94-95.

    32 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, renseignement, 15 juillet 1941, p. 333.

    33 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse des rapports mensuels des commandants des légions de gendarmerie, juin 1941, p. 393 (de nombreux témoignages sont rapportés sur le mauvais moral des soldats partant pour le front russe).

    34 MAE, P 02855/d. 138, la situation politique et sociale en zone occupée, 17 juillet 1941, p. 57. Cette note décrit les sentiments mêlés de la majorité de la population : d’une part, elle se réjouit de voir les soldats partir pour le front russe ; d’autre part, elle les plaint en imaginant les souffrances qu’ils vont endurer.

    35 MAE, P 02608/d. 836, attaché de l’Air près l’Ambassade de France en Suisse, opérations germano-russes, 9 juillet 1941, p. 107-108.

    36 MAE, P 02608/d. 836, 23 juillet 1941, p. 140. Ce document précise : « On fixait à quinze le nombre des divisions blindées de l’armée russe. C’est de 18 divisions blindées que l’armée disposerait. On prétendait d’autre part que les officiers d’artillerie russe connaissaient mal leur métier ; ils valent mieux que leur réputation, savent tirer parti de leur matériel et ne sont pas de mauvais pointeurs. »

    37 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source excellente, 29 août 1941, p. 391.

    38 MAE, P 02608/d. 837, Consulat général de France à Genève, note susceptible d’intéresser nos services, 15 septembre 1941, p. 29-30.

    39 MAE, P 02608/d. 836, délégation française auprès de la commission d’armistice, après un mois de campagne en Russie, 25 juillet 1941, p. 143. Comparé aux rapports précédents, celui-ci apporte comme élément nouveau que les pertes sont surtout lourdes pour l’élite de l’armée, en particulier parmi les officiers des chars et de l’aviation.

    40 MAE, P 02608/d. 836, Consulat général de France à Genève, note susceptible d’intéresser nos services, 11 août 1941, p. 181-183. Cette source est la plus précise pour cette période. De Stockholm, il n’existe pas l’équivalent (Ibid., Affaires étrangères, télég. 432, 11 août 1941, p. 179.

    41 Entre le 22 juin et la fin août, les Allemands ont perdu 266 352 hommes, dont 71 555 tués et disparus, un millier de chars et d’avions ; l’Armée rouge a laissé 1,2 millions d’hommes derrière elle et environ 9 000 chars et 8 000 avions (Lopez Jean, Otkmezuri Lasha, Joukov…, op. cit., p. 303).

    42 MAE, P 02608/d. 837, entretien du 30 octobre 1941 avec le commandant Gouyou (sans en-tête), p. 106. Ces chiffres sont très éloignés de la réalité, car l’aide anglo-saxonne reste très limitée à cette époque (Dunajewski Henryk, « Le lend-lease américain pour l’Union soviétique », Revue d’études comparatives Est-Ouest. Vol. 15, 1984, no 3, p. 21-89).

    43 MAE, P 02616/d. 839, télég. no 1125, 7 novembre 1942, p. 217.

    44 MAE, P 02608/d. 837, direction politique, télég. no 914-915, 5 novembre 1941, p. 118.

    45 MAE, P 02608/d. 837, télég. no 640 à 643, 13 novembre 1941.

    46 MAE, P 02608/d. 837, télég. no 1632-1637, 25 novembre 1941, p. 150. L’historien anglo-saxon David Stahel estime que dès les premières semaines qui suivent le déclenchement de Barbarossa, les facteurs d’échec de l’invasion sont déjà en place et qu’au cours de l’automne nombre de chefs militaires allemands en prennent conscience (Stahel David, Operation Barbarossa and Germany’s Defeat in the East, Cambridge University Press, 2009, 483 p.).

    47 De juin 1941 à la fin de l’année, l’Armée rouge forme 285 divisions d’infanterie, 12 divisions blindées, 88 divisions de cavalerie, 174 brigades de fusiliers et 93 brigades blindées (Bernard Nicolas, La guerre Germano-soviétique (1941-1945), Paris, Tallandier, 2013, op. cit., p. 137).

    48 En décembre, les pertes allemandes depuis le 22 juin s’élevaient à 750 000 hommes (tués, blessés graves, disparus, prisonniers) ; en mars 1942, elles atteignaient le chiffres d’un million, dont 440 000 tués (Bartov Omer, L’Armée de Hitler, Paris, Hachette, 2003, p. 66 ; Bernard Nicolas, La guerre Germano-soviétique, op. cit., p. 186). Le total des pertes soviétiques s’élevait au même moment à 6 millions. Concernant les Allemands, on est donc très loin des chiffres donnés pas ce document.

    49 Même si ce bilan chiffré est loin de la réalité, il rend quand même bien compte du rapport de force à l’approche de l’hiver russe. David Glantz l’a résumé en une image : « À la fin octobre, la Wehrmacht et l’Armée rouge ressemblaient à deux boxeurs ivres, en équilibre précaire et perdant rapidement les moyens de frapper l’autre » (Glantz David, House Jonathan, When Titans clashed : how the Red Army stopped Hitler, Lawrence, University Press of Kansas, 1995, p. 81).

    50 La note décrit la mobilisation intégrale des moscovites pour la défense de la ville, précisant qu’elle s’effectue dans l’ordre et a permis la mise en place d’un système de fortifications et d’obstacles antichars considérables ; les troupes de l’Armée rouge donnent une impression de discipline stricte et sont bien équipées.

    51 MAE, P 02608/d. 837, note sur la situation en URSS, 3 décembre 1941, p. 167.

    52 Ibid., p. 174.

    53 MAE, P 02608/d. 836, l’attaché militaire en Hongrie, no 85/S, renseignements sur les opérations germano-soviétiques, 3 août 1941, p. 156.

    54 MAE, P 02608/d. 836, télég. no 87, communication du télégramme de l’attaché militaire à Budapest, 5 août 1941, p. 159. Selon cette source, les Soviétiques ont engagé environ 200 divisions, 30 ont été anéanties, 50 très éprouvées, et il ne resterait plus que 7 à 8 divisions en réserve à l’Ouest du Dniepr ; les pertes allemandes équivaudraient entre 25 et 20 % des pertes soviétiques. Ces estimations sont assez correctes, même si elles surévaluent sensiblement les pertes allemandes en proportion de celles des Russes.

    55 MAE, P 02608/d. 837, télég. no 100, Guerre à Affaires étrangères de la part de l’attaché militaire à Budapest, 14 octobre 1941, p. 96.

    56 MAE, P 02608/d. 837, ambassade de France à Berne, direction politique, no 552, conversation avec l’attaché militaire allemand à Berne, 24 novembre 1941, p. 146.

    57 Cité par Soutou Georges-Henri, « Vichy et la place de l’URSS dans le système européen », op. cit., p. 99.

    58 SHD-DAT, 7N 3138, note sur l’armée russe, novembre 1941, p. 1 et 2. Cette étude détaillée, faite à partir de données anciennes, est justifiée par le maintien de l’architecture générale de l’Armée rouge et le remplacement des divisions détruites par de nouvelles divisions aux caractéristiques semblables.

    59 Général Niessel, « L’océan Glacial arctique et la guerre germano-russe », La France militaire, 17 septembre 1941, p. 1. Niessel a toujours défendu depuis les années 1930 la thèse de l’inconsistance de l’Armée rouge, comme d’ailleurs de l’URSS sur un plan général.

    60 MAE, P 02608/d. 837, ambassade de France à Berne, direction politique, no 552, conversation avec l’attaché militaire allemand à Berne, 24 novembre 1941, p. 146.

    61 La note du 14 juillet 1941 est un condensé de cette politique souhaitée par Vichy (Smirnov Vladislav P., « L’agression allemande contre l’Union soviétique et l’opinion publique française », dans Soutou Georges-Henri et Robin Hivert Émilia (dir.), L’URSS et l’Europe de 1941 à 1957, op. cit., p. 107.

    62 MAE, P 02608/d. 837, note sur la situation en URSS, 3 décembre 1941, p. 172. Telle est bien la raison d’être de ces unités intégrées à l’Armée rouge qui seront engagées sur le front de manière limitée afin de leur éviter de trop fortes pertes.

    63 MAE, P 02855/d. 138, l’opinion communiste, juillet 1941, p. 47.

    64 MAE, P 02855/d. 138, l’action communiste, 18 septembre 1941, p. 74.

    65 MAE, P 02855/d. 138, l’opinion communiste, juillet, p. 46.

    66 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse des rapports mensuels des commandants des légions de gendarmerie, juillet 1941, p. 204 sq. ; 7NN 3034, d. 1452, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 20 au 26 janvier 1942 inclus, p. 422.

    67 MAE, P 02855/d. 138, l’opinion communiste, juillet 1941, p. 45-46.

    68 SHD-DAT, 7NN 2017, d. 1779, rapport concernant l’état d’esprit en zone occupée, 9 juillet 1941, p. 80.

    69 Ibid., p. 76.

    70 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, note, 30 août 1941, p. 189-191.

    71 SHD-DAT, 7NN 3304, d. 1891, impressions recueillies en zone occupée, source contrôleur général Roussel, 5 septembre 1941, p. 165.

    72 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source excellente et confirmée, 8 septembre 1941, p. 361.

    73 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, renseignement, source sous-officier de l’Aviation de retour de permission dans la région parisienne, 5 août 1941, p. 289.

    74 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, extrait d’une lettre interceptée, 14 août 1941, p. 256.

    75 MAE, P 02855/d. 138, direction des services de l’armistice, renseignement puisé à des sources communistes par un informateur sérieux, 1er août 1941, p. 45. Ce bordereau d’envoi comprend quelques précisions sur l’informateur avec cette appréciation du général Koeltz, directeur des services de l’Armistice : « Ces documents donnent des aperçus d’un réel intérêt sur la mentalité actuelle et les intentions du parti communiste en zone occupée. »

    76 MAE, P 02855/d. 138, l’activité communiste, 25 septembre 1941, p. 85.

    77 SHD-DAT, 7NN 2017, d. 1779, renseignements, source Paul Ker par HC sûr, 7 juillet 1941, p. 86.

    78 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse des rapports mensuels des commandants des légions de gendarmerie, juillet 1941, p. 204 sq. ; 1re légion de gendarmerie(Nord), rapport du lieutenant-colonel Pierron, commandant la 1re légion de gendarmerie, sur la situation générale au cours du mois de juillet 1941, 23 juillet 1941, p. 68 ; synthèse mensuelle des interceptions des contrôles postaux, télégraphiques et téléphoniques (7 août-7 septembre 1941), p. 164 ; forces de gendarmerie de Paris-Est, rapport du colonel Jolivet sur la physionomie du mois de juin, 19 juillet 1941, p. 3 ; forces de gendarmerie de Paris-Ouest, rapport du colonel Martin sur la physionomie du mois de juin 1941, p. 3 ; renseignement, source très bonne, 22 août 1941, p. 199.

    79 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, renseignement, 15 juillet 1941, p. 333.

    80 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse des rapports mensuels des commandants des légions de gendarmerie, juillet 1941, p. 204 sq. ; 8e légion (Bourgogne), synthèse des rapports mensuels des commandants de compagnie et territoires rattachés pour le mois de juin 1941, p. 95 et 96.

    81 L’ensemble de ces renseignements surestime fortement les capacités du PCF à cette époque (Courtois Stéphane, Le PCF dans la guerre…, op. cit., p. 203-248). Il manque toutefois une étude détaillée de la stratégie et de l’action communiste dans la période de l’occupation, mais l’effort de noyautage décrit ici par le renseignement militaire est très probablement fictif, relevant une fois encore d’une logique explicative par le complot. Le PCF, dans une situation particulièrement difficile, a en effet d’autres priorités.

    82 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse mensuelle des interceptions des contrôles postaux, télégraphiques et téléphoniques (7 août-7 septembre 1941), p. 164.

    83 SHD-DAT, 7NN 2017, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 24 au 30 juin 1941 inclus, p. 159.

    84 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse mensuelle des interceptions des contrôles postaux, télégraphiques et téléphoniques (7 août-7 septembre 1941), p. 164. TR confirme l’existence de directives du PCF en ce sens (7NN 3034, d. 1451, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 21 au 27 octobre 1941 inclus, 27 octobre 1941, p. 191).

    85 MAE, P 02609/d. 830, direction générale de la police nationale, note de renseignement, source assez bonne, 23 janvier 1942, p. 59.

    86 MAE, P 02855/d. 138, l’action communiste, 15 septembre 1941, p. 73.

    87 MAE, P 02855/d. 138, l’activité communiste, 25 septembre 1941, p. 85.

    88 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, a/s d’attentats à Paris contre des membres de l’armée d’occupation, 11 septembre 1941, p. 146. Ce document rend probablement bien compte du flottement des autorités allemandes dans l’interprétation des attentats. Il faut attendre le 16 septembre pour que Berlin désigne les communistes comme seuls responsables des attentats (Besse Jean-Pierre et Pouty Thomas, Les Fusillés. Répression et exécutions pendant l’Occupation [1940-1944], Éditions de l’Atelier, 2006, p. 80).

    89 Ibid. Il n’est pas avéré que les attentats contre les militaires allemands aient été décidés par la direction du PCF (Bourderon Roger, « Le PCF dans la lutte armée » dans Marcot François, Ponty Janine, Vigreux Marcel et Wolikow Serge [dir.], La Résistance et les Français : lutte armée et maquis, op. cit., p. 130-132).

    90 MAE, P 02855/d. 138, l’activité communiste, 25 septembre 1941, p. 85.

    91 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 12 au 18 août 1941 inclus, 18 août 1941, p. 433-436.

    92 MAE, P 02608/d. 836, télég., Rome, 20 juillet 1941, p. 104.

    93 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 12 au 18 août 1941 inclus, 18 août 1941, p. 433-436. Puis à nouveau en janvier 1942 (ibid., d. 1452, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 20 au 26 janvier 1942 inclus, p. 422).

    94 MAE, P 02608/d. 836, délégation française auprès de la commission d’armistice, après un mois de campagne en Russie, 25 juillet 1941, p. 143.

    95 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source excellente, 27 décembre 1941, p. 31.

    96 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 12 au 18 août 1941 inclus, 18 août 1941, p. 433-436.

    97 Dans les mois suivants, des renseignements alimentent cette impression que le communisme progresse régulièrement en Allemagne : MAE, P 02616/d. 839, attaché militaire à Budapest, étude sur le degré d’épuisement du Reich et de l’URSS, 26 octobre 1942, p. 207 (ce document insiste surtout sur le danger représenté par la concentration croissante d’ouvriers étrangers dans le pays) ; SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, compte rendu, M. Perrier a vu, le 17 mars 1942, le W. Fochlot, 18 mars 1942, p. 155 (l’agent double rapporte que des membres du SRA lui ont dit que la propagande communiste est importante en Autriche « où la plupart des communistes sont armés »).

    98 SHD-DAT, 1P 46, situation générale en septembre 1942, signé du général Revers, chef d’état-major, 6 octobre 1942. Au cours de l’été, le général Roux a exprimé le même point de vue (SHD-DAT, 1P 46, situation générale en juin 1942, par le général de division Roux, chef du CI).

    99 MAE, P 02616/d. 839, télég. no 1125, 7 novembre 1942, p. 217.

    100 MAE, P 02855/d. 138, l’activité communiste, 25 septembre 1941, p. 85. L’informateur signale toutefois la mise en circulation de « tracts mixtes » au contenu national et portant la signature des organisations communistes et celles « des amis du général de Gaulle ».

    101 MAE, P 02855/d. 138, l’action communiste, 18 septembre 1941, p. 73.

    102 MAE, P 02855/d. 138, l’opinion communiste, juillet, p. 47 (souligné par l’auteur du document).

    103 MAE, P 02855/d. 138, l’action communiste, 15 juillet 1941, p. 49. Cette dynamique, bien perçue par l’informateur quoique avec exagération, touche la résistance non-communiste qui à cette époque se gauchise sensiblement (Belot Robert, « La résistance française non-communiste et l’image de l’URSS », art. cité, p. 260-261).

    104 De juin 1941 à la fin de 1942, Pierre Laborie considère que l’attentisme continue de caractériser l’attitude de la masse de l’opinion publique, même si le rejet de la collaboration et la haine de l’occupant de cesse de croître. S’il relève des différenciations au sein de l’opinion, il ne mentionne pas de poussée sensible de l’influence communiste (Laborie Pierre, L’Opinion française sous Vichy, op. cit., p. 254-284).

    105 SHD-DAT, 7NN 2017, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 22 au 28 juillet 1941 inclus, p. 8.

    106 SHD-DAT, 7NN 2017, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 15 au 21 juillet 1941 inclus, p. 48.

    107 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, renseignement, source très bonne, 22 août 1941, p. 199.

    108 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, a/s d’attentats à Paris contre des membres de l’armée d’occupation, 11 septembre 1941, p. 146 (sans en-tête).

    109 SHD-DAT, 7NN 3304 d. 1891, le Commissaire principal de police spéciale à Monsieur le Préfet régional (Toulouse), 2 septembre 1941, p. 155.

    110 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 12 au 18 août 1941 inclus, 18 août 1941, p. 433-436.

    111 MAE, P 02855/d. 138, l’action communiste, 18 septembre 1941, p. 73.

    112 Laborie Pierre, L’Opinion française sous Vichy, op. cit., p. 253-261. Pierre Laborie estime que « la deuxième partie de l’année 1941 […] est une étape déterminante dans l’orientation générale du mouvement de l’opinion. Les fissures ne sont pas spectaculaires, parfois à peine perceptibles, mais elles permettent en profondeur […] des mutations fondamentales » (p. 258).

    113 SHD-DAT, 7NN 2017, d. 1779, renseignement, 29 mai 1941, p. 248-251.

    114 À noter toutefois qu’une note de renseignement concernant la région nantaise rend compte d’une attitude nettement plus antiallemande de la majorité de la population : « Le moral est excellent et les anglophiles ont repris le terrain perdu […] Partout la population manifeste son hostilité contre l’occupant » (7NN 2017, d. 1779, renseignement, source très bonne, situation dans la région nantaise, 18 avril 1941, p. 316).

    115 SHD-DAT, 7NN 2017, d. 1779, rapport concernant l’état d’esprit en zone occupée, 9 juillet 1941, p. 76. Ces deux officiers ont séjourné à Paris, dans le Sud-Ouest, la Sarthe et en Bretagne.

    116 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, 8e légion (Bourgogne), synthèse des rapports mensuels des commandants de compagnie et territoires rattachés pour le mois de juin 1941, p. 95-96.

    117 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, rapport établi le 23 juillet sur l’état d’esprit à Paris devant les problèmes actuels de la politique intérieure et extérieure, 4 août 1941, p. 468.

    118 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source bonne, 19 septembre 1941, p. 338.

    119 Ceci est également vrai pour la France libre au sein de laquelle l’anticommunisme connaît un recul sensible. Cf. « attentats communistes contre les Allemands », dans Broche François, Caïtucoli Georges, Muracciole Jean-François (dir.), Dictionnaire de la France libre, op. cit., p. 103-104.

    120 MAE, P 02855/d. 138, l’activité communiste, 25 septembre 1941, p. 86. Cette analyse est proche des conclusions auxquelles a abouties Pierre Laborie à propos des effets sur l’opinion publique des exécutions consécutives aux attentats de l’été et de l’automne 1941 (L’Opinion française sous Vichy, p. 258-260).

    121 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, état de l’opinion – Bordeaux, source informateur digne de confiance, tendance gauche, 7 avril 1942, p. 104.

    122 SHD-DAT, 7NN 2714, renseignement, 6 novembre 1942, p. 5 ; renseignement, 6 novembre 1942, p. 6.

    123 À Londres, le BCRAM considère à la même époque que le communisme fait en France d’énormes progrès. Ainsi, il surestime dans des proportions considérables le nombre de combattants organisés par les organisations communistes, puisqu’il l’évalue début 1942 à 160 000 ! (Albertelli Sébastien, Les Services secrets du général de Gaulle, op. cit., p. 181-182). Il semble probable que ces analyses reflètent une perception assez générale de la progression communiste dans le pays.

    124 Ibid.

    125 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, rapport établi le 23 juillet sur l’état d’esprit à Paris devant les problèmes actuels de la politique intérieure et extérieure, 4 août 1941, p. 468-471.

    126 « L’escroquerie au patriotisme », La France militaire, 3 septembre 1941, p. 1.

    127 « La répression des menées communistes », La France militaire, 20 septembre 1941, p. 1.

    128 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source excellente, 27 octobre 1941, p. 198. Henri Frenay s’inquiète à la même époque des effets de cette propagande (Belot Robert, « La résistance française non-communiste et l’image de l’URSS », op. cit., p. 259). La grande majorité des otages fusillés au deuxième semestre 1941 sont communistes : 154 sur 253 fusillés, une bonne partie d’entre eux étant également juifs (Jean-Besse Jean-Pierre et Pouty Thomas, Les Fusillés…, op. cit., p. 92).

    129 Cité par Kitson Simon, Vichy et la chasse aux espions nazis, op. cit., p. 71.

    130 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, rapport établi le 23 juillet sur l’état d’esprit à Paris devant les problèmes actuels de la politique intérieure et extérieure, 4 août 1941, p. 468-471. L’hostilité à la politique de collaboration apparaît nettement dans ce rapport.

    131 MAE, P 02855/d. 138, l’action communiste, 15 juillet 1941, p. 49.

    132 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse des rapports mensuels des commandants des légions de gendarmerie, juin 1941, p. 394.

    133 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, extrait du compte rendu mensuel d’un officier MA, 25 mai 1941, état d’esprit, p. 532 sq.

    134 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, compte rendu mensuel sur l’état du moral, 20 juin 1941, p. 419-422.

    135 Ibid., p. 418.

    136 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, extrait d’une lettre interceptée du capitaine H. Clair du 8e RTM, 12 juin 1941, p. 256.

    137 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse des rapports mensuels des commandants des légions de gendarmerie, juin 1941, p. 393.

    138 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1744, 19e division, EMA, 3e bureau, note de service, objet : service intérieur des corps de troupes indigènes, 5 février 1941, p. 107. Cette accusation contre le commandement mérite d’autant plus d’être soulignée que la propagande communiste parmi les troupes coloniales était considérée comme importante en octobre 1939. Ainsi, dans la région de Montpellier, la gendarmerie signalait « l’esprit révolutionnaire » des soldats indigènes, « capables de tout s’ils étaient armés » (SHD-DAT, 7NN 2321, d. 1225, note sur l’activité antinationale auprès des indigènes nord-africains, 21 octobre 1939, p. 52).

    139 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, 7e division militaire, EM, bureau MA, renseignement, 30 juin 1941, p. 398.

    140 SHD-DAT, 7NN 3304, d. 1890, directive pour les officiers et correspondants MA chargés de la surveillance de l’état d’esprit des militaires rapatriés d’Allemagne, juillet 1941, p. 147 ; 17e division militaire (Toulouse), bureau MA, note de service, 13 juillet 1941, p. 146.

    141 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source autorités militaires, 8 juillet 1941, p. 246.

    142 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, 7e division militaire, EM, bureau MA, renseignement, 30 juin 1941, p. 398.

    143 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, 6e régiment étranger (Fès), officier MA du corps, 26 août 1941, p. 243.

    144 SHD-DAT, 7NN 2017, d. 1768, renseignement, suite à la demande verbale du SSM du 9 septembre, 10 septembre 1942, p. 368.

    145 Le « mauvais esprit » des marins rapatriés d’Allemagne est pour une part attribué à la présence de communistes parmi eux (SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source autorités militaires, 8 juillet 1941, p. 246). Le seul incident consigné dans les archives concerne le chant d’un couplet de L’Internationale en juillet 1941 par des militaires de l’aviation, la plupart secrétaires au ministère de l’Air, qui ont ensuite entonné Tipperary ! L’enquête menée par un officier MA conclut au caractère véniel de l’affaire, causée par des hommes qui étaient « en gaité » (SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, 13e division militaire [Clermont-Ferrand], EM, bureau MA, note, 24 juillet 1941, p. 296).

    146 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1744, synthèse des rapports mensuels des commandants de légion de Gendarmerie, février 1941, p. 63-65. Les précédents de l’entre-deux-guerres obligent à considérer très prudemment le qualificatif de « cellule » employée à la suite d’une action communiste repérée dans un régiment. L’existence d’une cellule de soldats implique une activité organisée d’une durée d’au moins quelques mois, réalité souvent difficile à démontrer (Vidal Georges, « Implantation et activité communistes dans l’armée française de 1926 à 1939 », dans Apzac-Epezy Claude d’ (dir.), Histoire socio-culturelle des armées III, Cahiers du CEHD, no 30, 2007, p. 151-184).

    147 SHD-DAT, 7NN 2696, BMA, no 2107, sur cinq suspects d’avoir diffusé des tracts au 92e RI et 4e RA de Clermont-Ferrand, le 7 février 1942.

    148 SHD-DAT, 7NN 2052, 8e légion (Bourgogne), synthèse des rapports mensuels des commandants de compagnie et territoires rattachés pour le mois de juin 1941, p. 95 et 96.

    149 MAE, P 02608/d. 837, télég. no 994, 13 décembre 1941, p. 202 (en provenance de Budapest).

    150 MAE, P 02616/d. 838, Monsieur Jacques Truelle, ministre de France en Roumanie, à son Excellence Monsieur l’Amiral de la Flotte, vice-président du Conseil, ministre Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, méthodes de guerre russes et allemandes, 11 février 1942, p. 135.

    151 MAE, P 02616/d. 838, note, 21 janvier 1942, p. 89-95.

    152 MAE, P 02616/d. 838, direction politique, l’appel du docteur Dietrich et la situation allemande, 7 janvier 1942, p. 14.

    153 MAE, P 02616/d. 838, EMA, la guerre germano-russe, semaine du 11 au 17 janvier, 19 janvier 1942, p. 73. En réalité, les pertes allemandes en novembre-décembre ont été de 67 000 tués. Au total, les Allemands perdent 116 000 hommes dans la bataille de Moscou et au cours de la retraite qui suit ; les Soviétique perdent 371 000 hommes, dont 140 000 sont des pertes définitives (Lopez Jean et Otkmezuri Lasha, Joukov…, op. cit., p. 373). Il est vrai qu’une semaine plus tard, les estimations allemandes sont données : depuis juin 1941, les Soviétiques auraient perdu 10 millions d’hommes, soit 400 divisions et 20 brigades blindées ! En réalité, 4,5 million d’hommes ont été mis hors de combat, dont plus de 3 millions tués, disparus ou prisonniers (Glantz David, Colossus…, op. cit., p. 624).

    154 SHD-DAT, 3P 102, d. 4, note pour le commandement : la situation militaire à la fin de 1941, perspectives pour 1942, 4 janvier 1942, p. 4. Ces évaluations multiplient par trois les pertes allemandes qui, de juin à décembre, s’élèvent à 310 000 tués et disparus. Au total, un million d’hommes a été perdu, 3 000 chars, plus de 4 000 avions.

    155 MAE, P 02616/d. 838, télég., l’attaché militaire à Helsinki à Guerre, 3 janvier 1942, p. 3 ; P 02608/d. 837, EMA, la guerre germano-russe, 13 décembre 1941, p. 206-208.

    156 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source excellente, 7 janvier 1942 ; d. 1451, renseignement, source excellente, 27 décembre 1941, p. 31.

    157 Général Niessel, « Problèmes allemands en URSS. Ravitaillement et évacuation », La France militaire, 24 décembre 1941, p. 1.

    158 MAE, P 02608/d. 837, le colonel de Mierry, attaché militaire à Budapest, à Monsieur le Secrétaire d’État à la Guerre, EMA, 2e bureau, no 176/S, situation des armées allemandes en Russie, 27 décembre 1941, p. 227 ; MAE, P 02608/d. 837, EMA, la guerre germano-russe, 13 décembre 1941, p. 206-208. Ces documents ne contiennent pas de données chiffrées.

    159 SHD-DAT, 3P 102, d. 4, note pour le commandement : la situation militaire à la fin de 1941, perspectives pour 1942, 4 janvier 1942, p. 23.

    160 Ibid., p. 10. Cette hypothèse est alors partagée par les belligérants : Staline est convaincu qu’un effondrement allemand est probable ; quant à Hitler, le 18 février, à la suite de la stabilisation du front, il déclare à ses généraux : « Nous avons éliminé le danger d’une panique du style 1812. »

    161 Ibid., p. 27.

    162 En conséquence, Baril est sanctionné en avril par une mutation dans le sud algérien.

    163 Soutou Georges-Henri, « Vichy et la place de l’URSS dans le système européen », dans Soutou Georges-Henri et Robin Hivert Émilia (dir.), L’URSS et l’Europe de 1941 à 1957, op. cit., p. 100-101.

    164 MAE, P 02616/d. 838, télég. no 149, 5 mars 1942, p. 174 (ce document en provenance de Bucarest souligne toutefois l’efficacité de la stratégie défensive appliquée par les Allemands) ; télég. no 89, 12 mars 1942, p. 188 (L’ambassadeur en Suède informe Vichy que son homologue soviétique lui a affirmé que les Allemands n’avaient plus les moyens de lancer une offensive de printemps, alors que, grâce à une industrie de guerre en pleine croissance, l’Armée rouge pourrait lancer assez prochainement une opération de grande envergure).

    165 MAE, P 02616/d. 838, télég. no 121, 31 mars 1942, p. 202.

    166 Cette crise du moral n’est pas imaginaire. Elle frappe particulièrement les troupes sur le front russe (Bernard Nicolas, La Guerre germano-soviétique, op. cit., p. 184-186).

    167 MAE, P 02616/d. 838, Le lieutenant-colonel Chauvin, attaché militaire en Suisse à Monsieur l’Amiral de la Flotte, ministre de la Défense nationale, Secrétaire d’État à la Guerre par intérim, État-major de l’Armée, 2e bureau, 25 janvier 1942, p. 106-107. À la même époque, le chef du département politique fédéral affirme à l’ambassadeur de France que l’Allemagne devrait connaître des troubles graves au cours du printemps (MAE, P 02616/d. 838, télég. no 240, 9 février 1942, p. 132).

    168 Cette crise de régime au cours de l’automne 1941 est fictive, même si une crise du commandement va résulter de la défaite de Moscou (Ian Kershaw, Hitler, tome 2 : 1936-1945, Paris, Flammarion, 2000, p. 661-668) ; Bernard Nicolas, La Guerre germano-soviétique, op. cit., p. 178-179.

    169 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, compte rendu, M. Perrier a vu, le 17 mars 1942, le W. Fochlot, 18 mars 1942, p. 154-155.

    170 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source deuxième main par informateur bien placé, 16 février 1942, p. 302.

    171 SHD-DAT, 3P 102, d. 4, note pour le commandement : la situation militaire à la fin de 1941, perspectives pour 1942, 4 janvier 1942, p. 26.

    172 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source excellente et généralement bien informée, 17 février 1942, p. 299.

    173 Ibid. SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source très bonne, police spéciale anticommuniste, 17 février 1942, p. 300-301. Ces notes n’établissent pas de lien entre ce complot et le départ des Allemands, mais, si ce renseignement est fondé, il paraît probable, si ce projet a existé, qu’il aurait été conçu dans la perspective du départ des Allemands et se serait appuyé sur les forces de police, en particulier le SPAC, et les mouvements d’extrême droite collaborationnistes.

    174 SHD-DAT, 3P 124, Secrétariat d’État à la Guerre, EMA, 3e bureau, instruction sur l’articulation des forces en vue du maintien de l’ordre, mai 1942 ; Secrétariat d’État à la Guerre, notice provisoire sur l’emploi des forces mobiles, 10 mai 1942.

    175 SHD-DAT, 3P 124, situation des effectifs des GMR et éléments statiques à la date du 15 août 1942. Ces unités ne doivent pas être confondues avec les groupes mobiles de réserve qui relèvent de la police.

    176 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source très bonne, informateur confirmé, 12 septembre 1941, p. 347-348.

    177 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, activité communiste dans le Nord de la France, 3 avril 1942, source de seconde main, p. 111.

    178 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, 24 avril 1942, source milieu PPF d’Algérie, p. 2.

    179 Paxton Robert, L’Armée de Vichy, op. cit., p. 279. Bridoux veut améliorer les capacités de combat de l’armée, en particulier pour faire face à des débarquements de commandos britanniques. Cet objectif conduira en juillet à la création de la légion tricolore. Sur les plans conçus pour appuyer un débarquement, cf. Vernet Jacques, L’Armée d’armistice. Une petite armée pour une grande revanche, Vincennes, SHAT, 1983, 14 p.

    180 Cette perception reste pour l’essentiel fantasmatique, puisque la capacité d’action des communistes reste à cette époque très réduite. Ainsi, en avril 1942, on ne compte que 40 combattants dans trois des six régions FTP de la région parisienne (Franck Liaigre, Les FTP, Nouvelle histoire d’une résistance, Paris, Perrin, 2015, p. 77).

    181 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source bon agent confirmé, 4 avril 1942, p. 108. D’autres renseignements vont dans ce sens (ibid., renseignement, activité communiste dans le Nord de la France, source seconde main, 3 avril 1942, p. 111). L’ambassade à Lisbonne informe Vichy que le gouvernement portugais a reçu des renseignements indiquant que le PCF déclencherait des émeutes au printemps afin d’obliger les Allemands à augmenter les effectifs des forces d’occupation (MAE, P 02855/d. 138, télég. no 431, 10 mars 1942, p. 103).

    182 SHD-DAT, 7NN 3034, d 1452, compte rendu, M. Perrier a vu, le 17 mars 1942, le W. Fochlot, 18 mars 1942, p. 155.

    183 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, état de l’opinion – Bordeaux, source informateur digne de confiance, tendance gauche, 7 avril 1942, p. 105.

    184 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source excellente, 7 janvier 1942, p. 508. Les discussions de Moscou n’ont rien à voir avec ces renseignements parfaitement fictifs. Cf. Narinski Mikhaïl, « La politique soviétique à l’égard des pays de l’Europe Occidentale de 1941 à 1945 », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 37/38, janvier-juin 1995, p. 2.

    185 MAE, P 02855/d. 138, Service des renseignements généraux, note de renseignement, no 1047/I, activité de la Guépéou en Europe occidentale, source très sérieuse, 6 mars 1942, p. 106. Ces renseignements sont ensuite largement démentis.

    186 MAE, P 02609/d. 830, direction générale de la police nationale, note de renseignement, source assez bonne, 23 janvier 1942, p. 59.

    187 SHD-DAT, 7NN 2017, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 24 au 30 juin 1941 inclus, p. 158.

    188 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source très bonne, informateur confirmé, 12 septembre 1941, p. 347-348 ; d. 1452, renseignement, activité communiste dans le Nord de la France, 3 avril 1942, source seconde main, p. 111 ; renseignement, 24 avril 1942, source milieu PPF d’Algérie, p. 2.

    189 SHD-DAT, 7NN 3304 d. 1891, impressions recueillies en zone occupée, source Contrôleur général Roussel, 5 septembre 1941, p. 165.

    190 SHD-DAT, 7NN 3304, d. 1891, 8e brigade régionale de police mobile, propagande gaulliste, déclaration de l’aspirant Espiard du 23e RI de Toulouse, 11 août 1941, p. 418.

    191 SHD-DAT, 7NN 3034, d 1452, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 10 au 16 mars 1942 inclus, p. 163.

    192 « Le Maréchal Pétain contre le gaullisme et le communisme. Une conférence de M. Paul Marion », La France militaire, 6 août 1941, p. 1.

    193 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, état de l’opinion – Bordeaux, source informateur digne de confiance, tendance gauche, 7 avril 1942, p. 105.

    194 SHD-DAT, 7NN 2017, rapport concernant l’état d’esprit en ZO, 9 juillet 1941, p. 176. Cette note fournit quelques exemples, tel que la libération de communistes arrêtés à la suite du sabotage de la centrale électrique de Pessac, une action menée conjointement par la France libre et le SOE. Ces faits, comme ceux du même ordre rapportés par la suite, sont invraisemblables après le 22 juin 1941. À noter toutefois qu’à cette époque, Marcel Gitton, ex-dirigeant communiste ayant rompu avec le PCF, fait libérer des communistes internés à Chateaubriand, Aincourt et Clairvaux pour les rallier au parti qu’il a récemment créé, le POPF.

    195 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source nouvelle sincère, 11 mars 1942, p. 181.

    196 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source deuxième main par informateur bien placé, 16 février 1942, p. 302. Prudemment, le rédacteur de la note précise : « affaire signalée sous toute réserve ».

    197 7NN 3304 d. 1890, le Commissaire de la Surveillance du Territoire à Monsieur le Général Commandant la 17e division militaire à Toulouse, 4 juillet 1941, p. 265.

    198 SHD-DAT, 7NN 2017, d. 1779, renseignements, source Paul Ker par HC sûr, 7 juillet 1941, p. 86.

    199 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 20 au 26 janvier 1942 inclus, p. 422.

    200 SHD-DAT, 7NN 3034, d 1452, renseignement, source excellente, 21 janvier 1942, p. 428. Ce constat figure dans une annotation manuscrite rajoutée sur cette note.

    201 Virginie Sansico signale que la 14e région militaire se préoccupe tôt de la répression du gaullisme alors que les autorités civiles restent focalisées sur le communisme (Sansico Virginie, La Justice déshonorée, op. cit., p. 274).

    202 SHD-DAT, 2P 21, le général Huntziger, ministre Secrétaire d’État à la Guerre, à Monsieur l’Amiral de la Flotte, ministre secrétaire d’État à l’Intérieur, 18 juillet 1941. Toutefois, le ministre demande quelques semaines plus tard que la loi sur l’instauration des sections spéciales des tribunaux militaires soit étendue à l’empire colonial (2P 21, le général Huntziger, ministre Secrétaire d’État à la Guerre, à Monsieur l’Amiral Darlan, vice-président du Conseil, 29 août 1941).

    203 SHD-DAT, 2P 21, Secrétaire d’État à la Guerre, direction générale de l’administration de la Guerre et du Contrôle, note pour le cabinet du ministre, 30 juillet 1941.

    204 SHD-DAT, 2P 21, Secrétaire d’État à la Guerre, Cabinet du ministre, fiche : sections spéciales des tribunaux militaires, 30 avril 1942. Ce document contient un projet de lettre au chef du gouvernement qui sera effectivement envoyé le 1er mai sous la signature de Bridoux. Au 17 juin, cette lettre n’avait toujours pas reçu de réponse.

    205 SHD-DAT, 2P 21, réponses aux objections faites par le département de la Justice et de l’Intérieur aux arguments du secrétariat d’État à la Guerre, tendant à la suppression des Sections spéciales militaires (non daté, printemps 1942).

    206 Ibid.

    207 SHD-DAT, 2P 21, ministère de la Défense nationale et de la Guerre, Cabinet du directeur, note pour le cabinet du ministre, 2 février 1942.

    208 Kitson Simon, Vichy et la chasse aux espions nazis, op. cit., p. 72-74.

    209 Le colonel Rivet évoque à plusieurs reprises à la fin de l’été et au cours de l’automne 1941 les pressions et manœuvres de la police contre les services spéciaux (Carnets, op. cit., p. 477, 482, 485). Au premier semestre 1942, il accorde une place importante à cette offensive qui se poursuit (p. 493 et 510-512).

    210 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source excellente et généralement bien informée, 17 février 1942, p. 299 ; renseignement, source très bonne, police spéciale anticommuniste, 17 février 1942, p. 300-301.

    211 SHD-DAT, 7NN 3055, d. 4599, AD, note de renseignement sur le commandant Rollin, 3 octobre 1942, p. 2. Ce dossier donne des renseignements sur Rollin jusqu’en 1928. Il est présenté durant les années 1920 comme un agent d’influence des soviets, très lié à la famille Finaly. Rollin, officier de Marine, homme de confiance de Darlan, est issu du SR Marine. Très hostile à Rollin, le contre-espionnage militaire ignore qu’il travaille depuis l’été 1940 pour le MI 6.

    212 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, compte rendu, 17 février 1942, p. 296. Sont ainsi cités François de Menthon et Henri Fresnay. Cette note rapporte de manière erronée les contacts et conversations de Pucheu et de ses collaborateurs avec des responsables résistants durant cette période (cf. Peschanski Denis et Douzou Laurent, « La résistance française face à l’hypothèque Vichy », dans Bidussa David et Peschanski Denis [dir.], La France de Vichy. Archives inédits d’Angelo Tasca, Milan, Fondazione Feltrinelli, 1996, p. 3-42).

    213 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, compte rendu, M. Perrier (pseudonyme de Paillole) a vu, le 17 mars 1942, le W. Fochlot, 18 mars 1942, p. 154-155. Le colonel Rivet estime en note manuscrite en marge du document que ce témoignage est très important.

    214 Sur cette multiplication de services et officines diverses, cf. Berlière Jean-Marc, « Les “Polices” de l’État français : genèse et construction d’un appareil répressif », dans Garnier Bernard, Leleu Jean-Luc et Quellien Jean (dir.), La Répression en France (1940-1945), Caen, Éditions du CRHQ, 2007, p. 107-127.

    215 SHD-DAT, 7NN 2017, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 17 au 23 juin 1941 inclus, p. 174 (TR demande la dissolution de l’organisation de Groussard, parfaitement connue par le contre-espionnage militaire) ; note, source excellente, 23 juin 1941, p. 184 (il s’agit d’un renseignement sur une organisation regroupant 400 officiers d’active qui se donnent pour but d’instaurer une dictature si Pétain abandonnait le pouvoir afin d’assurer la continuité de la politique du maréchal).

    216 SHD-DAT, 7NN 3304 d. 1891, docteur Martin à Vichy, 7 septembre 1941, p. 27 (document sans en-tête).

    217 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, un service de renseignements sur les adversaires du nouveau régime, s. d., p. 24-30. Ce document sans en-tête date vraisemblablement de la fin de l’année 1941.

    218 L’étude la plus exhaustive sur le SPAC, Berlière Jean-Marc, Polices des temps noirs (1939-1945), Paris, Perrin, 2018, p. 1146-1165.

    219 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source très bonne, police spéciale anticommuniste, 17 février 1942, p. 300-301.

    220 Ibid.

    221 SHD-DAT, 7NN 2678, d. 17734, renseignement, très bonne source, 17 février 1942, p. 3-4.

    222 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source excellente, 21 janvier 1942, p. 428. Aucune précision n’est donnée sur cet inspecteur qui ne semble pas appartenir au SPAC. La Surveillance du territoire s’inquiète elle aussi de ces pratiques. Une procédure est ainsi engagée contre un certain Raymond Pauly pour avoir dénoncé quatre militants communistes aux Allemands. Il lui est reproché de ne pas les avoir dénoncés aux autorités françaises, car ces arrestations « peuvent avoir entraîné des représailles peut-être excessivement graves vis-à-vis de Français » (SHD-DAT, 7NN 2666, d. 14510, ministère de l’Intérieur, Toulouse, le commissaire principal de la Surveillance du Territoire à Monsieur le Général commandant la 17e division militaire, 20 novembre 1941).

    223 SHD-DAT, 7NN 2678, d. 17734, renseignement, bonne source, 17 août 1942, p. 5.

    224 SHD-DAT, 7NN 2678, d. 17734, renseignement, informateur intelligent, sérieux et paraissant sincère, 2 mars 1942, p. 10. Cette note signale toutefois que le SPAC comprend aussi des éléments germanophobes.

    225 SHD-DAT, 1P 46, situation générale en avril 1942 ; situation générale en juin 1942.

    226 Sur le « printemps des désastres » pour les Soviétiques, Lopez Jean, Otkmezuri Lasha, Joukov, op. cit., p. 389-403.

    227 SHD-DAT, 7NN 3034, d 1452, compte rendu, M. Perrier a vu, le 17 mars 1942, le W. Fochlot, 18 mars 1942, p. 154-155.

    228 MAE, P 02616/d. 838, Monsieur Jacques Truelle, ministre de France en Roumanie, à son Excellence Monsieur l’Amiral de la Flotte, vice-président du Conseil, ministre Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, préparatifs pour la campagne de printemps, 2 avril 1942, p. 220.

    229 MAE, P 02616/d. 838, télég. 197, Bucarest, 2 avril 1942, p. 213.

    230 Ville sur la Volga, où le gouvernement soviétique s’est installé depuis octobre 1941, suivi des ambassades alliés et neutres.

    231 Ces chiffres sont en réalité sensiblement inférieurs aux forces dont dispose l’Armée rouge à cette époque, soit globalement 436 divisions, 27 corps blindés et 202 brigades de chars (Dunn Walter S., Hitler’s Nemesis, The Red Army [1930-1945], op. cit., p. 39). Le total des pertes, bien que sous-évalué, n’est pas fantaisiste puisque depuis juin 1941, l’Armée rouge a perdu 5,8 millions hommes, tués ou prisonniers (Glantz David, Colossus…, op. cit., p. 624).

    232 MAE, P 02616/d. 839, télég. no 626-627, 30 septembre 1942, p. 157.

    233 SHD-DAT, 1P 46, situation générale en septembre 1942, signé du général Revers, chef d’état-major, 6 octobre 1942.

    234 MAE, P 02616/d. Monsieur de Vaux-Saint-Cyr, ministre de France à Stockholm, à Monsieur le Chef du gouvernement, ministre Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, l’opinion suédoise et la guerre en Russie, 26 octobre 1942, p. 203-204 ; télég. no 362, 30 septembre 1942, p. 159.

    235 MAE, P 02616/d. 839, télég. no 394-396, Stockholm, 11 octobre 1942, p. 183.

    236 MAE, P 02616/d. 839, situation générale des forces allemandes sur le front russe vue par un Allemand, 15 octobre 1942, p. 185.

    237 Chiffre presque dix fois supérieur aux pertes effectives, puisqu’entre le 21 août et le 14 octobre 1942, la Wehrmacht perd 40 000 hommes sur le front de Stalingrad (Bernard Nicolas, La Guerre germano-soviétique, op. cit., p. 275).

    238 MAE, P 02616/d. 839, attaché militaire à Budapest, étude sur le degré d’épuisement du Reich et de l’URSS, 26 octobre 1942, p. 207.

    239 Cité par Gubian Julien, Les Analyses de la défaite de 1940 par les officiers de l’armée d’armistice, op. cit., p. 77-78.

    240 Delmas Jean, « À la recherche des officiers de carrière dans la résistance métropolitaine », dans Les Armes et la toge (mélanges offerts à André Martel), Montpellier, université Paul Valéry, 1997, p. 460-467. L’auteur souligne le statut problématique de l’officier résistant et l’impossibilité d’établir un recensement fiable.

    241 Christian Bachelier, « L’Organisation de résistance de l’Armée et la lutte armée », dans Marcot François, Ponty Janine, Vigreux Marcel et Wolikow Serge (dir.), La Résistance et les Français : lutte armée et maquis, op. cit., p. 117-128.

    242 Giolitto Pierre, Volontaires français sous l’uniforme allemand, op. cit., p. 332-333.

    243 Ibid.

    244 Abzac-Epezy Claude d’, L’Armée de l’Air des années noires, op. cit., p. 433-434.

    245 Naud Philippe, « La mise sur pied du 1re régiment de France. avril-octobre 1943 », Guerres mondiales et conflits contemporains, 2/2001 (no 202-203), p. 33-53.

    246 Rivet Louis (général), Carnets, note, p. 911.

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    1 Rapport présenté à la séance solennelle du soviet des députés et des travailleurs de Moscou, 6 novembre 1941.

    2 SHD-DAT, 3P 102, d. 4, note pour le commandement : la situation militaire à la fin de 1941, perspectives pour 1942, 4 janvier 1942, p. 3.

    3 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, extrait du compte rendu mensuel d’un officier MA, état d’esprit, 25 mai 1941, p. 535-536.

    4 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, rapport établi le 23 juillet sur l’état d’esprit à Paris devant les problèmes actuels de la politique intérieure et extérieure, 4 août 1941, p. 468-469.

    5 Eismann Gaël, « Maintenir l’ordre. Le MBF et la sécurité locale en France occupée », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2/2008 (no 98), p. 125-139. Solchany Jean, « Le commandement militaire allemand en France face au fait résistant : logiques d’identification et stratégie d’éradication », dans Douzou Laurent, Frank Robert, Peschanski Denis et Veillon Dominique (dir.), La Résistance et les Français : villes, centre et logiques de décision, Paris, 1995, p. 518.

    6 MAE, P 02855/d. 138, État français, vice-présidence du Conseil, note, 25 juin 1941, p. 43.

    7 « Un avertissement du commandement allemand aux agitateurs communistes », La France militaire, 20 août 1941, p. 1 ; « Le gouvernement combattra avec une implacable volonté toutes les entreprises d’agitation communiste ou terroriste », La France militaire, 27 août 1941, p. 1 (il s’agit du compte rendu d’une conférence prononcée par Pierre Pucheu).

    8 En août, le SMA donne pour consigne de faire preuve de souplesse envers les « patriotes » liés au SR gaulliste, une formule qui désigne en particulier le mouvement Liberté (SHD-DAT, 7NN 3034, compte rendu, 29 août 1941, p. 389-390).

    9 Abzac-Epezy Claude d’, L’Armée de l’Air des années noires, op. cit., p. 310 et 356-358. Sur la question du contre-espionnage dans la politique de Vichy et les relations difficiles et compliquées entre les services spéciaux et le gouvernement, cf. Laurent Sébastien, « Les temps des incertitudes », dans Rivet Louis (général), Carnets, op. cit., p. 419-434. Kitson Simon, Vichy et la chasse aux espions nazis, op. cit., p. 69-104 et 170-201.

    10 « La légion française contre le bolchevisme », La France militaire, 13 septembre 1941, p. 1 ; « nouvelles sur la LVF », 17 septembre 1941, p. 3 ; « Deux messages du maréchal Pétain à la légion des volontaires contre le bolchevisme », 6 novembre 1941, p. 1.

    11 Burrin Philippe, La France à l’heure allemande, Le Seuil, Paris, 1994, p. 439 ; Giolitto Pierre, Volontaires français sous l’uniforme allemand, Paris, Perrin, 2007, p. 82. Burrin évalue le reste des engagements à un tiers de militants politiques et un tiers d’aventuriers. Les Allemands estiment qu’à ses débuts, la LVF incorpore 60 % d’aventuriers et de chômeurs.

    12 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, p. 468-471, renseignement, rapport établi le 23 juillet sur l’état d’esprit à Paris devant les problèmes actuels de la politique intérieure et extérieure, 4 août 1941, p. 468-469 ; rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 12 au 18 août 1941 inclus, 18 août 1941, p. 436.

    13 Paxton Robert, L’Armée de Vichy, op. cit., p. 269-271. Chez les Britanniques, la plupart des observateurs se montrent très pessimistes. Ainsi, le Joint Intelligence Comitee, l’équivalent du 2e bureau, pense que les Allemands atteindront Moscou en six semaines. Churchill, Éden et le Foreign Office sont toutefois moins pessimistes. Chez les Américains, le pessimisme prédomine également.

    14 Rivet Louis (général), Carnets, op. cit., p. 464-465.

    15 SHD-DAT, 3P 102, d. 4, note pour le commandement : la situation militaire à la fin de 1941, perspectives pour 1942, 4 janvier 1942, p. 23. Ce résumé de la note du 27 juin 1941 figure dans le rapport rédigé par le colonel Barril le 4 janvier 1942.

    16 Colonel Louis Baril, le conflit germano-russe, ses incidences et ses conséquences sur la conduite de la politique française, 27 juin 1941 [www.aassdn.org, 2015].

    17 Ibid. Cette note n’a donc pas un caractère aussi prophétique que l’affirme Paul Paillole, même s’il est incontestable qu’elle démontre que le 2e bureau a fait preuve d’une relative perspicacité en juin 1941 (Paillole Paul, L’Homme des services secrets, Paris, Julliard, 1995, p. 175).

    18 Tournoux Jean-Raymond, Pétain et la France, Paris, Plon, 1980, p. 286 (cité par Soutou Georges-Henri, « Vichy et la place de l’URSS dans le système européen », dans Soutou Georges-Henri et Robin Hivert Émilia [dir.], L’URSS et l’Europe de 1941 à 1957, op. cit., p. 88).

    19 Soutou Georges-Henri, « Vichy et la place de l’URSS dans le système européen », dans Soutou Georges-Henri et Robin Hivert Émilia (dir.), L’URSS et l’Europe de 1941 à 1957, op. cit., p. 99.

    20 En juillet, Weygand avait déclaré à Murphy que l’Armée rouge combattait vaillamment et qu’il se félicitait de l’épuisement réciproque des deux belligérants. Il n’avait cependant pas envisagé une défaite allemande en URSS (cité par Smirnov Vladislav P., « L’agression allemande contre l’Union soviétique et l’opinion publique française », dans Soutou Georges-Henri et Robin Hivert Émilia [dir.], L’URSS et l’Europe de 1941 à 1957, op. cit., p. 109).

    21 Colonel Louis Baril, le conflit germano-russe, ses incidences et ses conséquences sur la conduite de la politique française, 27 juin 1941 [www.aassdn.org].

    22 La Délégation française auprès de la commission allemande d’armistice, t. IV, Paris, Imprimerie nationale, 1947, p. 648. Le général Doyen affirme que la Blitzkrieg a échoué et que l’Allemagne perdra la guerre si la résistance soviétique dure.

    23 Soutou Georges-Henri, « Vichy et la place de l’URSS dans le système européen », op. cit., p. 99-100.

    24 Radio Moscou n’émet que des marches militaires, car l’agression demeure secrète jusqu’à 12h30, lorsque Molotov annonce au pays l’invasion allemande.

    25 MAE, P 02608/d. 836, 23 juin 1941, p. 30. À noter que dans ce document, Nac fournit son propre point de vue, très précis et réfléchi, sur l’attitude des différentes populations de l’URSS, russes et minorités nationales, face à l’invasion allemande. En résumé, il estime qu’excepté dans le Caucase, les populations préfèrent encore le bolchevisme, que pourtant elles détestent le plus souvent, aux Allemands et aux Russes blancs.

    26 Ibid., p. 33-34.

    27 MAE, P 02608/d. 836, télég. 372-373, 28 juin 1941, p. 74.

    28 MAE, P 02608/d. 836, délégation française auprès de la commission d’armistice, la guerre germano-russe : le bilan d’une semaine, 30 juin 1941, p. 82.

    29 Ibid., p. 83.

    30 SHD-DAT, 7NN 2017, d. 1779, renseignements, source Paul Ker par HC sûr, 7 juillet 1941, p. 86. Ces renseignements, recueillis le 26 juin, paraissent surtout être une synthèse de rumeurs, exception faite de la description de la stratégie de « la terre brulée ».

    31 MAE, P 02608/d. 836, note, 8 juillet 1941, p. 94-95.

    32 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, renseignement, 15 juillet 1941, p. 333.

    33 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse des rapports mensuels des commandants des légions de gendarmerie, juin 1941, p. 393 (de nombreux témoignages sont rapportés sur le mauvais moral des soldats partant pour le front russe).

    34 MAE, P 02855/d. 138, la situation politique et sociale en zone occupée, 17 juillet 1941, p. 57. Cette note décrit les sentiments mêlés de la majorité de la population : d’une part, elle se réjouit de voir les soldats partir pour le front russe ; d’autre part, elle les plaint en imaginant les souffrances qu’ils vont endurer.

    35 MAE, P 02608/d. 836, attaché de l’Air près l’Ambassade de France en Suisse, opérations germano-russes, 9 juillet 1941, p. 107-108.

    36 MAE, P 02608/d. 836, 23 juillet 1941, p. 140. Ce document précise : « On fixait à quinze le nombre des divisions blindées de l’armée russe. C’est de 18 divisions blindées que l’armée disposerait. On prétendait d’autre part que les officiers d’artillerie russe connaissaient mal leur métier ; ils valent mieux que leur réputation, savent tirer parti de leur matériel et ne sont pas de mauvais pointeurs. »

    37 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source excellente, 29 août 1941, p. 391.

    38 MAE, P 02608/d. 837, Consulat général de France à Genève, note susceptible d’intéresser nos services, 15 septembre 1941, p. 29-30.

    39 MAE, P 02608/d. 836, délégation française auprès de la commission d’armistice, après un mois de campagne en Russie, 25 juillet 1941, p. 143. Comparé aux rapports précédents, celui-ci apporte comme élément nouveau que les pertes sont surtout lourdes pour l’élite de l’armée, en particulier parmi les officiers des chars et de l’aviation.

    40 MAE, P 02608/d. 836, Consulat général de France à Genève, note susceptible d’intéresser nos services, 11 août 1941, p. 181-183. Cette source est la plus précise pour cette période. De Stockholm, il n’existe pas l’équivalent (Ibid., Affaires étrangères, télég. 432, 11 août 1941, p. 179.

    41 Entre le 22 juin et la fin août, les Allemands ont perdu 266 352 hommes, dont 71 555 tués et disparus, un millier de chars et d’avions ; l’Armée rouge a laissé 1,2 millions d’hommes derrière elle et environ 9 000 chars et 8 000 avions (Lopez Jean, Otkmezuri Lasha, Joukov…, op. cit., p. 303).

    42 MAE, P 02608/d. 837, entretien du 30 octobre 1941 avec le commandant Gouyou (sans en-tête), p. 106. Ces chiffres sont très éloignés de la réalité, car l’aide anglo-saxonne reste très limitée à cette époque (Dunajewski Henryk, « Le lend-lease américain pour l’Union soviétique », Revue d’études comparatives Est-Ouest. Vol. 15, 1984, no 3, p. 21-89).

    43 MAE, P 02616/d. 839, télég. no 1125, 7 novembre 1942, p. 217.

    44 MAE, P 02608/d. 837, direction politique, télég. no 914-915, 5 novembre 1941, p. 118.

    45 MAE, P 02608/d. 837, télég. no 640 à 643, 13 novembre 1941.

    46 MAE, P 02608/d. 837, télég. no 1632-1637, 25 novembre 1941, p. 150. L’historien anglo-saxon David Stahel estime que dès les premières semaines qui suivent le déclenchement de Barbarossa, les facteurs d’échec de l’invasion sont déjà en place et qu’au cours de l’automne nombre de chefs militaires allemands en prennent conscience (Stahel David, Operation Barbarossa and Germany’s Defeat in the East, Cambridge University Press, 2009, 483 p.).

    47 De juin 1941 à la fin de l’année, l’Armée rouge forme 285 divisions d’infanterie, 12 divisions blindées, 88 divisions de cavalerie, 174 brigades de fusiliers et 93 brigades blindées (Bernard Nicolas, La guerre Germano-soviétique (1941-1945), Paris, Tallandier, 2013, op. cit., p. 137).

    48 En décembre, les pertes allemandes depuis le 22 juin s’élevaient à 750 000 hommes (tués, blessés graves, disparus, prisonniers) ; en mars 1942, elles atteignaient le chiffres d’un million, dont 440 000 tués (Bartov Omer, L’Armée de Hitler, Paris, Hachette, 2003, p. 66 ; Bernard Nicolas, La guerre Germano-soviétique, op. cit., p. 186). Le total des pertes soviétiques s’élevait au même moment à 6 millions. Concernant les Allemands, on est donc très loin des chiffres donnés pas ce document.

    49 Même si ce bilan chiffré est loin de la réalité, il rend quand même bien compte du rapport de force à l’approche de l’hiver russe. David Glantz l’a résumé en une image : « À la fin octobre, la Wehrmacht et l’Armée rouge ressemblaient à deux boxeurs ivres, en équilibre précaire et perdant rapidement les moyens de frapper l’autre » (Glantz David, House Jonathan, When Titans clashed : how the Red Army stopped Hitler, Lawrence, University Press of Kansas, 1995, p. 81).

    50 La note décrit la mobilisation intégrale des moscovites pour la défense de la ville, précisant qu’elle s’effectue dans l’ordre et a permis la mise en place d’un système de fortifications et d’obstacles antichars considérables ; les troupes de l’Armée rouge donnent une impression de discipline stricte et sont bien équipées.

    51 MAE, P 02608/d. 837, note sur la situation en URSS, 3 décembre 1941, p. 167.

    52 Ibid., p. 174.

    53 MAE, P 02608/d. 836, l’attaché militaire en Hongrie, no 85/S, renseignements sur les opérations germano-soviétiques, 3 août 1941, p. 156.

    54 MAE, P 02608/d. 836, télég. no 87, communication du télégramme de l’attaché militaire à Budapest, 5 août 1941, p. 159. Selon cette source, les Soviétiques ont engagé environ 200 divisions, 30 ont été anéanties, 50 très éprouvées, et il ne resterait plus que 7 à 8 divisions en réserve à l’Ouest du Dniepr ; les pertes allemandes équivaudraient entre 25 et 20 % des pertes soviétiques. Ces estimations sont assez correctes, même si elles surévaluent sensiblement les pertes allemandes en proportion de celles des Russes.

    55 MAE, P 02608/d. 837, télég. no 100, Guerre à Affaires étrangères de la part de l’attaché militaire à Budapest, 14 octobre 1941, p. 96.

    56 MAE, P 02608/d. 837, ambassade de France à Berne, direction politique, no 552, conversation avec l’attaché militaire allemand à Berne, 24 novembre 1941, p. 146.

    57 Cité par Soutou Georges-Henri, « Vichy et la place de l’URSS dans le système européen », op. cit., p. 99.

    58 SHD-DAT, 7N 3138, note sur l’armée russe, novembre 1941, p. 1 et 2. Cette étude détaillée, faite à partir de données anciennes, est justifiée par le maintien de l’architecture générale de l’Armée rouge et le remplacement des divisions détruites par de nouvelles divisions aux caractéristiques semblables.

    59 Général Niessel, « L’océan Glacial arctique et la guerre germano-russe », La France militaire, 17 septembre 1941, p. 1. Niessel a toujours défendu depuis les années 1930 la thèse de l’inconsistance de l’Armée rouge, comme d’ailleurs de l’URSS sur un plan général.

    60 MAE, P 02608/d. 837, ambassade de France à Berne, direction politique, no 552, conversation avec l’attaché militaire allemand à Berne, 24 novembre 1941, p. 146.

    61 La note du 14 juillet 1941 est un condensé de cette politique souhaitée par Vichy (Smirnov Vladislav P., « L’agression allemande contre l’Union soviétique et l’opinion publique française », dans Soutou Georges-Henri et Robin Hivert Émilia (dir.), L’URSS et l’Europe de 1941 à 1957, op. cit., p. 107.

    62 MAE, P 02608/d. 837, note sur la situation en URSS, 3 décembre 1941, p. 172. Telle est bien la raison d’être de ces unités intégrées à l’Armée rouge qui seront engagées sur le front de manière limitée afin de leur éviter de trop fortes pertes.

    63 MAE, P 02855/d. 138, l’opinion communiste, juillet 1941, p. 47.

    64 MAE, P 02855/d. 138, l’action communiste, 18 septembre 1941, p. 74.

    65 MAE, P 02855/d. 138, l’opinion communiste, juillet, p. 46.

    66 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse des rapports mensuels des commandants des légions de gendarmerie, juillet 1941, p. 204 sq. ; 7NN 3034, d. 1452, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 20 au 26 janvier 1942 inclus, p. 422.

    67 MAE, P 02855/d. 138, l’opinion communiste, juillet 1941, p. 45-46.

    68 SHD-DAT, 7NN 2017, d. 1779, rapport concernant l’état d’esprit en zone occupée, 9 juillet 1941, p. 80.

    69 Ibid., p. 76.

    70 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, note, 30 août 1941, p. 189-191.

    71 SHD-DAT, 7NN 3304, d. 1891, impressions recueillies en zone occupée, source contrôleur général Roussel, 5 septembre 1941, p. 165.

    72 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source excellente et confirmée, 8 septembre 1941, p. 361.

    73 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, renseignement, source sous-officier de l’Aviation de retour de permission dans la région parisienne, 5 août 1941, p. 289.

    74 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, extrait d’une lettre interceptée, 14 août 1941, p. 256.

    75 MAE, P 02855/d. 138, direction des services de l’armistice, renseignement puisé à des sources communistes par un informateur sérieux, 1er août 1941, p. 45. Ce bordereau d’envoi comprend quelques précisions sur l’informateur avec cette appréciation du général Koeltz, directeur des services de l’Armistice : « Ces documents donnent des aperçus d’un réel intérêt sur la mentalité actuelle et les intentions du parti communiste en zone occupée. »

    76 MAE, P 02855/d. 138, l’activité communiste, 25 septembre 1941, p. 85.

    77 SHD-DAT, 7NN 2017, d. 1779, renseignements, source Paul Ker par HC sûr, 7 juillet 1941, p. 86.

    78 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse des rapports mensuels des commandants des légions de gendarmerie, juillet 1941, p. 204 sq. ; 1re légion de gendarmerie(Nord), rapport du lieutenant-colonel Pierron, commandant la 1re légion de gendarmerie, sur la situation générale au cours du mois de juillet 1941, 23 juillet 1941, p. 68 ; synthèse mensuelle des interceptions des contrôles postaux, télégraphiques et téléphoniques (7 août-7 septembre 1941), p. 164 ; forces de gendarmerie de Paris-Est, rapport du colonel Jolivet sur la physionomie du mois de juin, 19 juillet 1941, p. 3 ; forces de gendarmerie de Paris-Ouest, rapport du colonel Martin sur la physionomie du mois de juin 1941, p. 3 ; renseignement, source très bonne, 22 août 1941, p. 199.

    79 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, renseignement, 15 juillet 1941, p. 333.

    80 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse des rapports mensuels des commandants des légions de gendarmerie, juillet 1941, p. 204 sq. ; 8e légion (Bourgogne), synthèse des rapports mensuels des commandants de compagnie et territoires rattachés pour le mois de juin 1941, p. 95 et 96.

    81 L’ensemble de ces renseignements surestime fortement les capacités du PCF à cette époque (Courtois Stéphane, Le PCF dans la guerre…, op. cit., p. 203-248). Il manque toutefois une étude détaillée de la stratégie et de l’action communiste dans la période de l’occupation, mais l’effort de noyautage décrit ici par le renseignement militaire est très probablement fictif, relevant une fois encore d’une logique explicative par le complot. Le PCF, dans une situation particulièrement difficile, a en effet d’autres priorités.

    82 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse mensuelle des interceptions des contrôles postaux, télégraphiques et téléphoniques (7 août-7 septembre 1941), p. 164.

    83 SHD-DAT, 7NN 2017, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 24 au 30 juin 1941 inclus, p. 159.

    84 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse mensuelle des interceptions des contrôles postaux, télégraphiques et téléphoniques (7 août-7 septembre 1941), p. 164. TR confirme l’existence de directives du PCF en ce sens (7NN 3034, d. 1451, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 21 au 27 octobre 1941 inclus, 27 octobre 1941, p. 191).

    85 MAE, P 02609/d. 830, direction générale de la police nationale, note de renseignement, source assez bonne, 23 janvier 1942, p. 59.

    86 MAE, P 02855/d. 138, l’action communiste, 15 septembre 1941, p. 73.

    87 MAE, P 02855/d. 138, l’activité communiste, 25 septembre 1941, p. 85.

    88 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, a/s d’attentats à Paris contre des membres de l’armée d’occupation, 11 septembre 1941, p. 146. Ce document rend probablement bien compte du flottement des autorités allemandes dans l’interprétation des attentats. Il faut attendre le 16 septembre pour que Berlin désigne les communistes comme seuls responsables des attentats (Besse Jean-Pierre et Pouty Thomas, Les Fusillés. Répression et exécutions pendant l’Occupation [1940-1944], Éditions de l’Atelier, 2006, p. 80).

    89 Ibid. Il n’est pas avéré que les attentats contre les militaires allemands aient été décidés par la direction du PCF (Bourderon Roger, « Le PCF dans la lutte armée » dans Marcot François, Ponty Janine, Vigreux Marcel et Wolikow Serge [dir.], La Résistance et les Français : lutte armée et maquis, op. cit., p. 130-132).

    90 MAE, P 02855/d. 138, l’activité communiste, 25 septembre 1941, p. 85.

    91 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 12 au 18 août 1941 inclus, 18 août 1941, p. 433-436.

    92 MAE, P 02608/d. 836, télég., Rome, 20 juillet 1941, p. 104.

    93 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 12 au 18 août 1941 inclus, 18 août 1941, p. 433-436. Puis à nouveau en janvier 1942 (ibid., d. 1452, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 20 au 26 janvier 1942 inclus, p. 422).

    94 MAE, P 02608/d. 836, délégation française auprès de la commission d’armistice, après un mois de campagne en Russie, 25 juillet 1941, p. 143.

    95 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source excellente, 27 décembre 1941, p. 31.

    96 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 12 au 18 août 1941 inclus, 18 août 1941, p. 433-436.

    97 Dans les mois suivants, des renseignements alimentent cette impression que le communisme progresse régulièrement en Allemagne : MAE, P 02616/d. 839, attaché militaire à Budapest, étude sur le degré d’épuisement du Reich et de l’URSS, 26 octobre 1942, p. 207 (ce document insiste surtout sur le danger représenté par la concentration croissante d’ouvriers étrangers dans le pays) ; SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, compte rendu, M. Perrier a vu, le 17 mars 1942, le W. Fochlot, 18 mars 1942, p. 155 (l’agent double rapporte que des membres du SRA lui ont dit que la propagande communiste est importante en Autriche « où la plupart des communistes sont armés »).

    98 SHD-DAT, 1P 46, situation générale en septembre 1942, signé du général Revers, chef d’état-major, 6 octobre 1942. Au cours de l’été, le général Roux a exprimé le même point de vue (SHD-DAT, 1P 46, situation générale en juin 1942, par le général de division Roux, chef du CI).

    99 MAE, P 02616/d. 839, télég. no 1125, 7 novembre 1942, p. 217.

    100 MAE, P 02855/d. 138, l’activité communiste, 25 septembre 1941, p. 85. L’informateur signale toutefois la mise en circulation de « tracts mixtes » au contenu national et portant la signature des organisations communistes et celles « des amis du général de Gaulle ».

    101 MAE, P 02855/d. 138, l’action communiste, 18 septembre 1941, p. 73.

    102 MAE, P 02855/d. 138, l’opinion communiste, juillet, p. 47 (souligné par l’auteur du document).

    103 MAE, P 02855/d. 138, l’action communiste, 15 juillet 1941, p. 49. Cette dynamique, bien perçue par l’informateur quoique avec exagération, touche la résistance non-communiste qui à cette époque se gauchise sensiblement (Belot Robert, « La résistance française non-communiste et l’image de l’URSS », art. cité, p. 260-261).

    104 De juin 1941 à la fin de 1942, Pierre Laborie considère que l’attentisme continue de caractériser l’attitude de la masse de l’opinion publique, même si le rejet de la collaboration et la haine de l’occupant de cesse de croître. S’il relève des différenciations au sein de l’opinion, il ne mentionne pas de poussée sensible de l’influence communiste (Laborie Pierre, L’Opinion française sous Vichy, op. cit., p. 254-284).

    105 SHD-DAT, 7NN 2017, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 22 au 28 juillet 1941 inclus, p. 8.

    106 SHD-DAT, 7NN 2017, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 15 au 21 juillet 1941 inclus, p. 48.

    107 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, renseignement, source très bonne, 22 août 1941, p. 199.

    108 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, a/s d’attentats à Paris contre des membres de l’armée d’occupation, 11 septembre 1941, p. 146 (sans en-tête).

    109 SHD-DAT, 7NN 3304 d. 1891, le Commissaire principal de police spéciale à Monsieur le Préfet régional (Toulouse), 2 septembre 1941, p. 155.

    110 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 12 au 18 août 1941 inclus, 18 août 1941, p. 433-436.

    111 MAE, P 02855/d. 138, l’action communiste, 18 septembre 1941, p. 73.

    112 Laborie Pierre, L’Opinion française sous Vichy, op. cit., p. 253-261. Pierre Laborie estime que « la deuxième partie de l’année 1941 […] est une étape déterminante dans l’orientation générale du mouvement de l’opinion. Les fissures ne sont pas spectaculaires, parfois à peine perceptibles, mais elles permettent en profondeur […] des mutations fondamentales » (p. 258).

    113 SHD-DAT, 7NN 2017, d. 1779, renseignement, 29 mai 1941, p. 248-251.

    114 À noter toutefois qu’une note de renseignement concernant la région nantaise rend compte d’une attitude nettement plus antiallemande de la majorité de la population : « Le moral est excellent et les anglophiles ont repris le terrain perdu […] Partout la population manifeste son hostilité contre l’occupant » (7NN 2017, d. 1779, renseignement, source très bonne, situation dans la région nantaise, 18 avril 1941, p. 316).

    115 SHD-DAT, 7NN 2017, d. 1779, rapport concernant l’état d’esprit en zone occupée, 9 juillet 1941, p. 76. Ces deux officiers ont séjourné à Paris, dans le Sud-Ouest, la Sarthe et en Bretagne.

    116 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, 8e légion (Bourgogne), synthèse des rapports mensuels des commandants de compagnie et territoires rattachés pour le mois de juin 1941, p. 95-96.

    117 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, rapport établi le 23 juillet sur l’état d’esprit à Paris devant les problèmes actuels de la politique intérieure et extérieure, 4 août 1941, p. 468.

    118 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source bonne, 19 septembre 1941, p. 338.

    119 Ceci est également vrai pour la France libre au sein de laquelle l’anticommunisme connaît un recul sensible. Cf. « attentats communistes contre les Allemands », dans Broche François, Caïtucoli Georges, Muracciole Jean-François (dir.), Dictionnaire de la France libre, op. cit., p. 103-104.

    120 MAE, P 02855/d. 138, l’activité communiste, 25 septembre 1941, p. 86. Cette analyse est proche des conclusions auxquelles a abouties Pierre Laborie à propos des effets sur l’opinion publique des exécutions consécutives aux attentats de l’été et de l’automne 1941 (L’Opinion française sous Vichy, p. 258-260).

    121 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, état de l’opinion – Bordeaux, source informateur digne de confiance, tendance gauche, 7 avril 1942, p. 104.

    122 SHD-DAT, 7NN 2714, renseignement, 6 novembre 1942, p. 5 ; renseignement, 6 novembre 1942, p. 6.

    123 À Londres, le BCRAM considère à la même époque que le communisme fait en France d’énormes progrès. Ainsi, il surestime dans des proportions considérables le nombre de combattants organisés par les organisations communistes, puisqu’il l’évalue début 1942 à 160 000 ! (Albertelli Sébastien, Les Services secrets du général de Gaulle, op. cit., p. 181-182). Il semble probable que ces analyses reflètent une perception assez générale de la progression communiste dans le pays.

    124 Ibid.

    125 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, rapport établi le 23 juillet sur l’état d’esprit à Paris devant les problèmes actuels de la politique intérieure et extérieure, 4 août 1941, p. 468-471.

    126 « L’escroquerie au patriotisme », La France militaire, 3 septembre 1941, p. 1.

    127 « La répression des menées communistes », La France militaire, 20 septembre 1941, p. 1.

    128 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source excellente, 27 octobre 1941, p. 198. Henri Frenay s’inquiète à la même époque des effets de cette propagande (Belot Robert, « La résistance française non-communiste et l’image de l’URSS », op. cit., p. 259). La grande majorité des otages fusillés au deuxième semestre 1941 sont communistes : 154 sur 253 fusillés, une bonne partie d’entre eux étant également juifs (Jean-Besse Jean-Pierre et Pouty Thomas, Les Fusillés…, op. cit., p. 92).

    129 Cité par Kitson Simon, Vichy et la chasse aux espions nazis, op. cit., p. 71.

    130 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, rapport établi le 23 juillet sur l’état d’esprit à Paris devant les problèmes actuels de la politique intérieure et extérieure, 4 août 1941, p. 468-471. L’hostilité à la politique de collaboration apparaît nettement dans ce rapport.

    131 MAE, P 02855/d. 138, l’action communiste, 15 juillet 1941, p. 49.

    132 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse des rapports mensuels des commandants des légions de gendarmerie, juin 1941, p. 394.

    133 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, extrait du compte rendu mensuel d’un officier MA, 25 mai 1941, état d’esprit, p. 532 sq.

    134 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, compte rendu mensuel sur l’état du moral, 20 juin 1941, p. 419-422.

    135 Ibid., p. 418.

    136 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, extrait d’une lettre interceptée du capitaine H. Clair du 8e RTM, 12 juin 1941, p. 256.

    137 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, synthèse des rapports mensuels des commandants des légions de gendarmerie, juin 1941, p. 393.

    138 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1744, 19e division, EMA, 3e bureau, note de service, objet : service intérieur des corps de troupes indigènes, 5 février 1941, p. 107. Cette accusation contre le commandement mérite d’autant plus d’être soulignée que la propagande communiste parmi les troupes coloniales était considérée comme importante en octobre 1939. Ainsi, dans la région de Montpellier, la gendarmerie signalait « l’esprit révolutionnaire » des soldats indigènes, « capables de tout s’ils étaient armés » (SHD-DAT, 7NN 2321, d. 1225, note sur l’activité antinationale auprès des indigènes nord-africains, 21 octobre 1939, p. 52).

    139 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, 7e division militaire, EM, bureau MA, renseignement, 30 juin 1941, p. 398.

    140 SHD-DAT, 7NN 3304, d. 1890, directive pour les officiers et correspondants MA chargés de la surveillance de l’état d’esprit des militaires rapatriés d’Allemagne, juillet 1941, p. 147 ; 17e division militaire (Toulouse), bureau MA, note de service, 13 juillet 1941, p. 146.

    141 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source autorités militaires, 8 juillet 1941, p. 246.

    142 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, 7e division militaire, EM, bureau MA, renseignement, 30 juin 1941, p. 398.

    143 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, 6e régiment étranger (Fès), officier MA du corps, 26 août 1941, p. 243.

    144 SHD-DAT, 7NN 2017, d. 1768, renseignement, suite à la demande verbale du SSM du 9 septembre, 10 septembre 1942, p. 368.

    145 Le « mauvais esprit » des marins rapatriés d’Allemagne est pour une part attribué à la présence de communistes parmi eux (SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source autorités militaires, 8 juillet 1941, p. 246). Le seul incident consigné dans les archives concerne le chant d’un couplet de L’Internationale en juillet 1941 par des militaires de l’aviation, la plupart secrétaires au ministère de l’Air, qui ont ensuite entonné Tipperary ! L’enquête menée par un officier MA conclut au caractère véniel de l’affaire, causée par des hommes qui étaient « en gaité » (SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1745, 13e division militaire [Clermont-Ferrand], EM, bureau MA, note, 24 juillet 1941, p. 296).

    146 SHD-DAT, 7NN 2052, d. 1744, synthèse des rapports mensuels des commandants de légion de Gendarmerie, février 1941, p. 63-65. Les précédents de l’entre-deux-guerres obligent à considérer très prudemment le qualificatif de « cellule » employée à la suite d’une action communiste repérée dans un régiment. L’existence d’une cellule de soldats implique une activité organisée d’une durée d’au moins quelques mois, réalité souvent difficile à démontrer (Vidal Georges, « Implantation et activité communistes dans l’armée française de 1926 à 1939 », dans Apzac-Epezy Claude d’ (dir.), Histoire socio-culturelle des armées III, Cahiers du CEHD, no 30, 2007, p. 151-184).

    147 SHD-DAT, 7NN 2696, BMA, no 2107, sur cinq suspects d’avoir diffusé des tracts au 92e RI et 4e RA de Clermont-Ferrand, le 7 février 1942.

    148 SHD-DAT, 7NN 2052, 8e légion (Bourgogne), synthèse des rapports mensuels des commandants de compagnie et territoires rattachés pour le mois de juin 1941, p. 95 et 96.

    149 MAE, P 02608/d. 837, télég. no 994, 13 décembre 1941, p. 202 (en provenance de Budapest).

    150 MAE, P 02616/d. 838, Monsieur Jacques Truelle, ministre de France en Roumanie, à son Excellence Monsieur l’Amiral de la Flotte, vice-président du Conseil, ministre Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, méthodes de guerre russes et allemandes, 11 février 1942, p. 135.

    151 MAE, P 02616/d. 838, note, 21 janvier 1942, p. 89-95.

    152 MAE, P 02616/d. 838, direction politique, l’appel du docteur Dietrich et la situation allemande, 7 janvier 1942, p. 14.

    153 MAE, P 02616/d. 838, EMA, la guerre germano-russe, semaine du 11 au 17 janvier, 19 janvier 1942, p. 73. En réalité, les pertes allemandes en novembre-décembre ont été de 67 000 tués. Au total, les Allemands perdent 116 000 hommes dans la bataille de Moscou et au cours de la retraite qui suit ; les Soviétique perdent 371 000 hommes, dont 140 000 sont des pertes définitives (Lopez Jean et Otkmezuri Lasha, Joukov…, op. cit., p. 373). Il est vrai qu’une semaine plus tard, les estimations allemandes sont données : depuis juin 1941, les Soviétiques auraient perdu 10 millions d’hommes, soit 400 divisions et 20 brigades blindées ! En réalité, 4,5 million d’hommes ont été mis hors de combat, dont plus de 3 millions tués, disparus ou prisonniers (Glantz David, Colossus…, op. cit., p. 624).

    154 SHD-DAT, 3P 102, d. 4, note pour le commandement : la situation militaire à la fin de 1941, perspectives pour 1942, 4 janvier 1942, p. 4. Ces évaluations multiplient par trois les pertes allemandes qui, de juin à décembre, s’élèvent à 310 000 tués et disparus. Au total, un million d’hommes a été perdu, 3 000 chars, plus de 4 000 avions.

    155 MAE, P 02616/d. 838, télég., l’attaché militaire à Helsinki à Guerre, 3 janvier 1942, p. 3 ; P 02608/d. 837, EMA, la guerre germano-russe, 13 décembre 1941, p. 206-208.

    156 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source excellente, 7 janvier 1942 ; d. 1451, renseignement, source excellente, 27 décembre 1941, p. 31.

    157 Général Niessel, « Problèmes allemands en URSS. Ravitaillement et évacuation », La France militaire, 24 décembre 1941, p. 1.

    158 MAE, P 02608/d. 837, le colonel de Mierry, attaché militaire à Budapest, à Monsieur le Secrétaire d’État à la Guerre, EMA, 2e bureau, no 176/S, situation des armées allemandes en Russie, 27 décembre 1941, p. 227 ; MAE, P 02608/d. 837, EMA, la guerre germano-russe, 13 décembre 1941, p. 206-208. Ces documents ne contiennent pas de données chiffrées.

    159 SHD-DAT, 3P 102, d. 4, note pour le commandement : la situation militaire à la fin de 1941, perspectives pour 1942, 4 janvier 1942, p. 23.

    160 Ibid., p. 10. Cette hypothèse est alors partagée par les belligérants : Staline est convaincu qu’un effondrement allemand est probable ; quant à Hitler, le 18 février, à la suite de la stabilisation du front, il déclare à ses généraux : « Nous avons éliminé le danger d’une panique du style 1812. »

    161 Ibid., p. 27.

    162 En conséquence, Baril est sanctionné en avril par une mutation dans le sud algérien.

    163 Soutou Georges-Henri, « Vichy et la place de l’URSS dans le système européen », dans Soutou Georges-Henri et Robin Hivert Émilia (dir.), L’URSS et l’Europe de 1941 à 1957, op. cit., p. 100-101.

    164 MAE, P 02616/d. 838, télég. no 149, 5 mars 1942, p. 174 (ce document en provenance de Bucarest souligne toutefois l’efficacité de la stratégie défensive appliquée par les Allemands) ; télég. no 89, 12 mars 1942, p. 188 (L’ambassadeur en Suède informe Vichy que son homologue soviétique lui a affirmé que les Allemands n’avaient plus les moyens de lancer une offensive de printemps, alors que, grâce à une industrie de guerre en pleine croissance, l’Armée rouge pourrait lancer assez prochainement une opération de grande envergure).

    165 MAE, P 02616/d. 838, télég. no 121, 31 mars 1942, p. 202.

    166 Cette crise du moral n’est pas imaginaire. Elle frappe particulièrement les troupes sur le front russe (Bernard Nicolas, La Guerre germano-soviétique, op. cit., p. 184-186).

    167 MAE, P 02616/d. 838, Le lieutenant-colonel Chauvin, attaché militaire en Suisse à Monsieur l’Amiral de la Flotte, ministre de la Défense nationale, Secrétaire d’État à la Guerre par intérim, État-major de l’Armée, 2e bureau, 25 janvier 1942, p. 106-107. À la même époque, le chef du département politique fédéral affirme à l’ambassadeur de France que l’Allemagne devrait connaître des troubles graves au cours du printemps (MAE, P 02616/d. 838, télég. no 240, 9 février 1942, p. 132).

    168 Cette crise de régime au cours de l’automne 1941 est fictive, même si une crise du commandement va résulter de la défaite de Moscou (Ian Kershaw, Hitler, tome 2 : 1936-1945, Paris, Flammarion, 2000, p. 661-668) ; Bernard Nicolas, La Guerre germano-soviétique, op. cit., p. 178-179.

    169 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, compte rendu, M. Perrier a vu, le 17 mars 1942, le W. Fochlot, 18 mars 1942, p. 154-155.

    170 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source deuxième main par informateur bien placé, 16 février 1942, p. 302.

    171 SHD-DAT, 3P 102, d. 4, note pour le commandement : la situation militaire à la fin de 1941, perspectives pour 1942, 4 janvier 1942, p. 26.

    172 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source excellente et généralement bien informée, 17 février 1942, p. 299.

    173 Ibid. SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source très bonne, police spéciale anticommuniste, 17 février 1942, p. 300-301. Ces notes n’établissent pas de lien entre ce complot et le départ des Allemands, mais, si ce renseignement est fondé, il paraît probable, si ce projet a existé, qu’il aurait été conçu dans la perspective du départ des Allemands et se serait appuyé sur les forces de police, en particulier le SPAC, et les mouvements d’extrême droite collaborationnistes.

    174 SHD-DAT, 3P 124, Secrétariat d’État à la Guerre, EMA, 3e bureau, instruction sur l’articulation des forces en vue du maintien de l’ordre, mai 1942 ; Secrétariat d’État à la Guerre, notice provisoire sur l’emploi des forces mobiles, 10 mai 1942.

    175 SHD-DAT, 3P 124, situation des effectifs des GMR et éléments statiques à la date du 15 août 1942. Ces unités ne doivent pas être confondues avec les groupes mobiles de réserve qui relèvent de la police.

    176 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source très bonne, informateur confirmé, 12 septembre 1941, p. 347-348.

    177 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, activité communiste dans le Nord de la France, 3 avril 1942, source de seconde main, p. 111.

    178 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, 24 avril 1942, source milieu PPF d’Algérie, p. 2.

    179 Paxton Robert, L’Armée de Vichy, op. cit., p. 279. Bridoux veut améliorer les capacités de combat de l’armée, en particulier pour faire face à des débarquements de commandos britanniques. Cet objectif conduira en juillet à la création de la légion tricolore. Sur les plans conçus pour appuyer un débarquement, cf. Vernet Jacques, L’Armée d’armistice. Une petite armée pour une grande revanche, Vincennes, SHAT, 1983, 14 p.

    180 Cette perception reste pour l’essentiel fantasmatique, puisque la capacité d’action des communistes reste à cette époque très réduite. Ainsi, en avril 1942, on ne compte que 40 combattants dans trois des six régions FTP de la région parisienne (Franck Liaigre, Les FTP, Nouvelle histoire d’une résistance, Paris, Perrin, 2015, p. 77).

    181 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source bon agent confirmé, 4 avril 1942, p. 108. D’autres renseignements vont dans ce sens (ibid., renseignement, activité communiste dans le Nord de la France, source seconde main, 3 avril 1942, p. 111). L’ambassade à Lisbonne informe Vichy que le gouvernement portugais a reçu des renseignements indiquant que le PCF déclencherait des émeutes au printemps afin d’obliger les Allemands à augmenter les effectifs des forces d’occupation (MAE, P 02855/d. 138, télég. no 431, 10 mars 1942, p. 103).

    182 SHD-DAT, 7NN 3034, d 1452, compte rendu, M. Perrier a vu, le 17 mars 1942, le W. Fochlot, 18 mars 1942, p. 155.

    183 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, état de l’opinion – Bordeaux, source informateur digne de confiance, tendance gauche, 7 avril 1942, p. 105.

    184 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source excellente, 7 janvier 1942, p. 508. Les discussions de Moscou n’ont rien à voir avec ces renseignements parfaitement fictifs. Cf. Narinski Mikhaïl, « La politique soviétique à l’égard des pays de l’Europe Occidentale de 1941 à 1945 », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 37/38, janvier-juin 1995, p. 2.

    185 MAE, P 02855/d. 138, Service des renseignements généraux, note de renseignement, no 1047/I, activité de la Guépéou en Europe occidentale, source très sérieuse, 6 mars 1942, p. 106. Ces renseignements sont ensuite largement démentis.

    186 MAE, P 02609/d. 830, direction générale de la police nationale, note de renseignement, source assez bonne, 23 janvier 1942, p. 59.

    187 SHD-DAT, 7NN 2017, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 24 au 30 juin 1941 inclus, p. 158.

    188 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, renseignement, source très bonne, informateur confirmé, 12 septembre 1941, p. 347-348 ; d. 1452, renseignement, activité communiste dans le Nord de la France, 3 avril 1942, source seconde main, p. 111 ; renseignement, 24 avril 1942, source milieu PPF d’Algérie, p. 2.

    189 SHD-DAT, 7NN 3304 d. 1891, impressions recueillies en zone occupée, source Contrôleur général Roussel, 5 septembre 1941, p. 165.

    190 SHD-DAT, 7NN 3304, d. 1891, 8e brigade régionale de police mobile, propagande gaulliste, déclaration de l’aspirant Espiard du 23e RI de Toulouse, 11 août 1941, p. 418.

    191 SHD-DAT, 7NN 3034, d 1452, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 10 au 16 mars 1942 inclus, p. 163.

    192 « Le Maréchal Pétain contre le gaullisme et le communisme. Une conférence de M. Paul Marion », La France militaire, 6 août 1941, p. 1.

    193 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, état de l’opinion – Bordeaux, source informateur digne de confiance, tendance gauche, 7 avril 1942, p. 105.

    194 SHD-DAT, 7NN 2017, rapport concernant l’état d’esprit en ZO, 9 juillet 1941, p. 176. Cette note fournit quelques exemples, tel que la libération de communistes arrêtés à la suite du sabotage de la centrale électrique de Pessac, une action menée conjointement par la France libre et le SOE. Ces faits, comme ceux du même ordre rapportés par la suite, sont invraisemblables après le 22 juin 1941. À noter toutefois qu’à cette époque, Marcel Gitton, ex-dirigeant communiste ayant rompu avec le PCF, fait libérer des communistes internés à Chateaubriand, Aincourt et Clairvaux pour les rallier au parti qu’il a récemment créé, le POPF.

    195 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source nouvelle sincère, 11 mars 1942, p. 181.

    196 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source deuxième main par informateur bien placé, 16 février 1942, p. 302. Prudemment, le rédacteur de la note précise : « affaire signalée sous toute réserve ».

    197 7NN 3304 d. 1890, le Commissaire de la Surveillance du Territoire à Monsieur le Général Commandant la 17e division militaire à Toulouse, 4 juillet 1941, p. 265.

    198 SHD-DAT, 7NN 2017, d. 1779, renseignements, source Paul Ker par HC sûr, 7 juillet 1941, p. 86.

    199 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 20 au 26 janvier 1942 inclus, p. 422.

    200 SHD-DAT, 7NN 3034, d 1452, renseignement, source excellente, 21 janvier 1942, p. 428. Ce constat figure dans une annotation manuscrite rajoutée sur cette note.

    201 Virginie Sansico signale que la 14e région militaire se préoccupe tôt de la répression du gaullisme alors que les autorités civiles restent focalisées sur le communisme (Sansico Virginie, La Justice déshonorée, op. cit., p. 274).

    202 SHD-DAT, 2P 21, le général Huntziger, ministre Secrétaire d’État à la Guerre, à Monsieur l’Amiral de la Flotte, ministre secrétaire d’État à l’Intérieur, 18 juillet 1941. Toutefois, le ministre demande quelques semaines plus tard que la loi sur l’instauration des sections spéciales des tribunaux militaires soit étendue à l’empire colonial (2P 21, le général Huntziger, ministre Secrétaire d’État à la Guerre, à Monsieur l’Amiral Darlan, vice-président du Conseil, 29 août 1941).

    203 SHD-DAT, 2P 21, Secrétaire d’État à la Guerre, direction générale de l’administration de la Guerre et du Contrôle, note pour le cabinet du ministre, 30 juillet 1941.

    204 SHD-DAT, 2P 21, Secrétaire d’État à la Guerre, Cabinet du ministre, fiche : sections spéciales des tribunaux militaires, 30 avril 1942. Ce document contient un projet de lettre au chef du gouvernement qui sera effectivement envoyé le 1er mai sous la signature de Bridoux. Au 17 juin, cette lettre n’avait toujours pas reçu de réponse.

    205 SHD-DAT, 2P 21, réponses aux objections faites par le département de la Justice et de l’Intérieur aux arguments du secrétariat d’État à la Guerre, tendant à la suppression des Sections spéciales militaires (non daté, printemps 1942).

    206 Ibid.

    207 SHD-DAT, 2P 21, ministère de la Défense nationale et de la Guerre, Cabinet du directeur, note pour le cabinet du ministre, 2 février 1942.

    208 Kitson Simon, Vichy et la chasse aux espions nazis, op. cit., p. 72-74.

    209 Le colonel Rivet évoque à plusieurs reprises à la fin de l’été et au cours de l’automne 1941 les pressions et manœuvres de la police contre les services spéciaux (Carnets, op. cit., p. 477, 482, 485). Au premier semestre 1942, il accorde une place importante à cette offensive qui se poursuit (p. 493 et 510-512).

    210 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source excellente et généralement bien informée, 17 février 1942, p. 299 ; renseignement, source très bonne, police spéciale anticommuniste, 17 février 1942, p. 300-301.

    211 SHD-DAT, 7NN 3055, d. 4599, AD, note de renseignement sur le commandant Rollin, 3 octobre 1942, p. 2. Ce dossier donne des renseignements sur Rollin jusqu’en 1928. Il est présenté durant les années 1920 comme un agent d’influence des soviets, très lié à la famille Finaly. Rollin, officier de Marine, homme de confiance de Darlan, est issu du SR Marine. Très hostile à Rollin, le contre-espionnage militaire ignore qu’il travaille depuis l’été 1940 pour le MI 6.

    212 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, compte rendu, 17 février 1942, p. 296. Sont ainsi cités François de Menthon et Henri Fresnay. Cette note rapporte de manière erronée les contacts et conversations de Pucheu et de ses collaborateurs avec des responsables résistants durant cette période (cf. Peschanski Denis et Douzou Laurent, « La résistance française face à l’hypothèque Vichy », dans Bidussa David et Peschanski Denis [dir.], La France de Vichy. Archives inédits d’Angelo Tasca, Milan, Fondazione Feltrinelli, 1996, p. 3-42).

    213 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, compte rendu, M. Perrier (pseudonyme de Paillole) a vu, le 17 mars 1942, le W. Fochlot, 18 mars 1942, p. 154-155. Le colonel Rivet estime en note manuscrite en marge du document que ce témoignage est très important.

    214 Sur cette multiplication de services et officines diverses, cf. Berlière Jean-Marc, « Les “Polices” de l’État français : genèse et construction d’un appareil répressif », dans Garnier Bernard, Leleu Jean-Luc et Quellien Jean (dir.), La Répression en France (1940-1945), Caen, Éditions du CRHQ, 2007, p. 107-127.

    215 SHD-DAT, 7NN 2017, rapport hebdomadaire sur l’activité des SR étrangers pendant la période du 17 au 23 juin 1941 inclus, p. 174 (TR demande la dissolution de l’organisation de Groussard, parfaitement connue par le contre-espionnage militaire) ; note, source excellente, 23 juin 1941, p. 184 (il s’agit d’un renseignement sur une organisation regroupant 400 officiers d’active qui se donnent pour but d’instaurer une dictature si Pétain abandonnait le pouvoir afin d’assurer la continuité de la politique du maréchal).

    216 SHD-DAT, 7NN 3304 d. 1891, docteur Martin à Vichy, 7 septembre 1941, p. 27 (document sans en-tête).

    217 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1451, un service de renseignements sur les adversaires du nouveau régime, s. d., p. 24-30. Ce document sans en-tête date vraisemblablement de la fin de l’année 1941.

    218 L’étude la plus exhaustive sur le SPAC, Berlière Jean-Marc, Polices des temps noirs (1939-1945), Paris, Perrin, 2018, p. 1146-1165.

    219 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source très bonne, police spéciale anticommuniste, 17 février 1942, p. 300-301.

    220 Ibid.

    221 SHD-DAT, 7NN 2678, d. 17734, renseignement, très bonne source, 17 février 1942, p. 3-4.

    222 SHD-DAT, 7NN 3034, d. 1452, renseignement, source excellente, 21 janvier 1942, p. 428. Aucune précision n’est donnée sur cet inspecteur qui ne semble pas appartenir au SPAC. La Surveillance du territoire s’inquiète elle aussi de ces pratiques. Une procédure est ainsi engagée contre un certain Raymond Pauly pour avoir dénoncé quatre militants communistes aux Allemands. Il lui est reproché de ne pas les avoir dénoncés aux autorités françaises, car ces arrestations « peuvent avoir entraîné des représailles peut-être excessivement graves vis-à-vis de Français » (SHD-DAT, 7NN 2666, d. 14510, ministère de l’Intérieur, Toulouse, le commissaire principal de la Surveillance du Territoire à Monsieur le Général commandant la 17e division militaire, 20 novembre 1941).

    223 SHD-DAT, 7NN 2678, d. 17734, renseignement, bonne source, 17 août 1942, p. 5.

    224 SHD-DAT, 7NN 2678, d. 17734, renseignement, informateur intelligent, sérieux et paraissant sincère, 2 mars 1942, p. 10. Cette note signale toutefois que le SPAC comprend aussi des éléments germanophobes.

    225 SHD-DAT, 1P 46, situation générale en avril 1942 ; situation générale en juin 1942.

    226 Sur le « printemps des désastres » pour les Soviétiques, Lopez Jean, Otkmezuri Lasha, Joukov, op. cit., p. 389-403.

    227 SHD-DAT, 7NN 3034, d 1452, compte rendu, M. Perrier a vu, le 17 mars 1942, le W. Fochlot, 18 mars 1942, p. 154-155.

    228 MAE, P 02616/d. 838, Monsieur Jacques Truelle, ministre de France en Roumanie, à son Excellence Monsieur l’Amiral de la Flotte, vice-président du Conseil, ministre Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, préparatifs pour la campagne de printemps, 2 avril 1942, p. 220.

    229 MAE, P 02616/d. 838, télég. 197, Bucarest, 2 avril 1942, p. 213.

    230 Ville sur la Volga, où le gouvernement soviétique s’est installé depuis octobre 1941, suivi des ambassades alliés et neutres.

    231 Ces chiffres sont en réalité sensiblement inférieurs aux forces dont dispose l’Armée rouge à cette époque, soit globalement 436 divisions, 27 corps blindés et 202 brigades de chars (Dunn Walter S., Hitler’s Nemesis, The Red Army [1930-1945], op. cit., p. 39). Le total des pertes, bien que sous-évalué, n’est pas fantaisiste puisque depuis juin 1941, l’Armée rouge a perdu 5,8 millions hommes, tués ou prisonniers (Glantz David, Colossus…, op. cit., p. 624).

    232 MAE, P 02616/d. 839, télég. no 626-627, 30 septembre 1942, p. 157.

    233 SHD-DAT, 1P 46, situation générale en septembre 1942, signé du général Revers, chef d’état-major, 6 octobre 1942.

    234 MAE, P 02616/d. Monsieur de Vaux-Saint-Cyr, ministre de France à Stockholm, à Monsieur le Chef du gouvernement, ministre Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, l’opinion suédoise et la guerre en Russie, 26 octobre 1942, p. 203-204 ; télég. no 362, 30 septembre 1942, p. 159.

    235 MAE, P 02616/d. 839, télég. no 394-396, Stockholm, 11 octobre 1942, p. 183.

    236 MAE, P 02616/d. 839, situation générale des forces allemandes sur le front russe vue par un Allemand, 15 octobre 1942, p. 185.

    237 Chiffre presque dix fois supérieur aux pertes effectives, puisqu’entre le 21 août et le 14 octobre 1942, la Wehrmacht perd 40 000 hommes sur le front de Stalingrad (Bernard Nicolas, La Guerre germano-soviétique, op. cit., p. 275).

    238 MAE, P 02616/d. 839, attaché militaire à Budapest, étude sur le degré d’épuisement du Reich et de l’URSS, 26 octobre 1942, p. 207.

    239 Cité par Gubian Julien, Les Analyses de la défaite de 1940 par les officiers de l’armée d’armistice, op. cit., p. 77-78.

    240 Delmas Jean, « À la recherche des officiers de carrière dans la résistance métropolitaine », dans Les Armes et la toge (mélanges offerts à André Martel), Montpellier, université Paul Valéry, 1997, p. 460-467. L’auteur souligne le statut problématique de l’officier résistant et l’impossibilité d’établir un recensement fiable.

    241 Christian Bachelier, « L’Organisation de résistance de l’Armée et la lutte armée », dans Marcot François, Ponty Janine, Vigreux Marcel et Wolikow Serge (dir.), La Résistance et les Français : lutte armée et maquis, op. cit., p. 117-128.

    242 Giolitto Pierre, Volontaires français sous l’uniforme allemand, op. cit., p. 332-333.

    243 Ibid.

    244 Abzac-Epezy Claude d’, L’Armée de l’Air des années noires, op. cit., p. 433-434.

    245 Naud Philippe, « La mise sur pied du 1re régiment de France. avril-octobre 1943 », Guerres mondiales et conflits contemporains, 2/2001 (no 202-203), p. 33-53.

    246 Rivet Louis (général), Carnets, note, p. 911.

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