Introduction à la deuxième partie
p. 65-66
Texte intégral
1Recréer le Moyen Âge revient le plus souvent à se situer sur le fil entre deux aspirations parfois complémentaires mais souvent contradictoires : le rêve d’une reproduction fidèle sur le plan historique d’une part et la grande liberté créative qu’offre la période médiévale de l’autre. C’est l’articulation, ou la tension, entre ces deux aspirations qui est au cœur de cette partie. Au cinéma, dans l’animation, dans les jeux de plateau ou encore dans la reconstitution et l’histoire vivante, la dimension ludique régit chaque fois l’utilisation qui est faite de la période médiévale, ce qui n’interdit pas que ces œuvres se fondent sur ou se drapent dans un discours vantant leur fidélité historique. Or, ce sont ces médias et ces pratiques de divertissement qui constituent souvent le premier contact du public avec le Moyen Âge, en le réinventant et en le faisant exister au cœur de notre quotidien. Les processus de (re)création qui y sont déployés influent alors directement sur la façon dont les savoirs historiques sont transmis, parfois mêlés d’idées reçues mises au service du plaisir du divertissement.
2Cette partie s’interroge ainsi sur cette notion de plaisir intrinsèquement contenue dans la relation que l’on entretient avec le Moyen Âge et avec ses recréations – devenues donc des formes de récréation : les médiévalismes contemporains véhiculent une dimension récréative que les créateurs, cinéastes, artistes et reconstituteurs ont bien perçue, et qu’ils utilisent à dessein pour favoriser l’immersion dans la période médiévale. Cet aspect ludique et divertissant du Moyen Âge ne constitue donc pas un frein à son exploration, pas plus qu’il ne réduit la pertinence historique ou didactique de la démarche proposée. À l’inverse, ces pratiques et leur étude par les médiévalistes, toutes disciplines confondues, montrent bien la relation de complémentarité entre plaisir et pédagogie, et entre l’histoire et sa transmission : comme pour n’importe quel jeu, pour jouer avec l’histoire médiévale, encore faut-il en connaître et en comprendre les règles.
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