Les princes territoriaux étaient-ils couronnés ?
L’exemple des ducs de Lorraine
p. 195-206
Texte intégral
1Les ouvrages sur les sacres et les couronnements, de même que les communications de ce présent colloque, ont jusqu’à présent surtout porté sur les rois et les empereurs, en laissant souvent de côté les princes territoriaux. Nous tenterons d’analyser les modalités d’intronisation de ces derniers à partir d’un exemple qui s’imposait lors de ce colloque nancéien, celui des ducs de Lorraine, dont il est plus souvent question des pompes funèbres, dont les plus connues furent celles de Charles III (1608) particulièrement fastueuses. Mais qu’en était-il de leurs entrées en fonction souvent rapidement évoquées dans les monographies d’histoire de la Lorraine ? Étaient-ils couronnés à la manière des ducs de Bretagne ? La question mérite d’être posée car la couronne faisait partie des emblèmes ducaux sur les sceaux et monnaies à partir du xive siècle, puis les vitraux et tableaux à partir du xvie siècle ? Or, les sources narratives et les procès-verbaux des prises de fonction, conservés depuis le xve siècle, font seulement état d’une entrée solennelle à Nancy, accompagnée d’une prestation de serment et d’une cérémonie religieuse à la collégiale Saint-Georges. Mais comment se déroulait cette intronisation et quelle en était la symbolique dans cette période charnière de la fin du Moyen Âge et du début de l’époque moderne ? Reflétait-elle la conception du pouvoir qui prévalait dans ce duché de Lorraine et la position particulière de celui-ci dans un territoire « d’entre deux » entre France et Empire ? Les souverains lorrains présentaient-ils des points communs avec d’autres ducs, notamment ceux de Bretagne déjà cités, mais aussi ceux de Brabant, de Bourgogne et de Savoie, situés comme la Lorraine, dans l’axe lotharingien ? Pour répondre à ces questions, nous retracerons les étapes de l’instauration du cérémonial, puis en décrirons le déroulement avant d’esquisser quelques comparaisons.
Les étapes de l’instauration d’un cérémonial et d’une emblématique
2En Lorraine les premiers jalons de la cérémonie d’entrée en fonction, telle qu’elle se perpétuera, sont posés lorsque le duc Raoul a créé le 27 mai 1339 à Nancy la collégiale ducale Saint-Georges contiguë à son palais1 :
« Encor volons que nos successours dus de Loherraine et marchis sitost comme ils enterront en la dicte ville de Nancey en lour première venue, vaillent droit à la dicte englize et facent solempnei sarment qu’ils tanront et warderont les liberteis et les franchizes données a la dicte église par nous ou par aultres et toutes les autres chouzes dessuis dicte sens nulle entrainte. Et voulons aussi que li chevaulx suis quoy li duc soira en sa première venue, quant il enterrat en ville de Nancey soit acquis à la dicte englise et aulz chanoinnes2. »
3Ce passage fait pour la première fois clairement état d’une cérémonie de prise de fonction, même s’il est possible qu’elle ait existé auparavant. Mais par cette charte Raoul la mettait en forme, en exigeant que ses successeurs faisant leur première entrée dans la ville se rendent désormais dans cette église pour y prêter le serment de garder les libertés de celle-ci et remettent aux chanoines un cheval. Une entrée de ce type a sans doute eu lieu sous les premiers successeurs de Raoul († 1346), mais les procès-verbaux des cérémonies n’ont pas été conservés et on n’en trouve pas de traces non plus dans les sources narratives. C’est cependant à cette période qu’apparaissent les premiers emblèmes ducaux, notamment la couronne ouverte qui se présente sous la forme d’un heaume couronné sur le sceau de Ferry IV (1312-1328) et d’une couronne à fleurons sur les monnaies de Jean Ier (1346-1390), puis sur celles de Charles II (1390-1431)3.
4Mais les aléas de l’histoire ont apporté d’autres changements : Charles II n’a eu que deux filles légitimes ; l’aînée Isabelle épousa en 1420 à Nancy René d’Anjou héritier du duché de Bar4. Pressentant les contestations à venir, le duc fit prêter un serment à son gendre, puis le lui fit renouveler en 1425, 4 mois après qu’Isabelle ait donné le jour à un héritier mâle, le futur Jean de Calabre. Par testament, Charles II demanda qu’après sa mort René fasse un nouveau serment en prenant possession du duché. Ces dispositions furent respectées : René, qui séjournait à Paris lors du décès, revint rapidement en Lorraine pour faire son entrée à Nancy et prêter serment à la collégiale Saint-Georges en suivant le cérémonial institué par Raoul comme le relate la Chronique de Lorraine5. L’historien Henri Lepage considère que le simple serment demandé en 1346 prit à partir de René Ier une forme plus solennelle, celle d’une investiture ducale afin d’affirmer sa légitimité6. Toutefois, les précautions prises par Charles II n’empêchèrent pas Antoine de Vaudémont, soutenu par le duc de Bourgogne, de revendiquer le duché de Lorraine. Vaincu à Bulgnéville en 1431, René fut emprisonné à Dijon avant de recouvrir la liberté en 14377. D’autres changements survinrent lorsque ce dernier, héritant de son frère Louis III et de la reine Jeanne de Naples, obtint le comté de Provence et les titres de roi de Sicile et de Jérusalem, même s’il dut renoncer au royaume de Naples : la couronne faisait désormais partie de ses emblèmes, ce qui changea la perspective par rapport à son statut de duc de Lorraine. Il apparaît ainsi couronné sur l’enluminure de l’aveu rendu par Jean de Sainte-Maure pour sa baronnie de la Haye-Joulain (15 février 1469), sur le vitrail des Cordeliers d’Angers connu par un dessin de la collection Gaignières et sur son grand sceau en majesté8. Une couronne fut encore placée à côté de son corps lorsqu’il fut inhumé dans la cathédrale d’Angers et retrouvée lors de l’ouverture du tombeau en 1895-18969. Son fils Jean de Calabre hérita à la mort d’Isabelle (1453) du duché de Lorraine qui revint son petit-fils Nicolas qui mourut prématurément en 1473, puis à son autre petit-fils, René II. Ce dernier hérita des titres de roi de Jérusalem et de Sicile qu’il revendiqua dans sa titulature en ajoutant la formule « par la grâce de Dieu » et utilisa l’emblématique pour appuyer la construction d’un État lorrain et s’affirmer vis-à-vis du roi de France. La couronne figure sur le vitrail du chevet (1510) de la grande église de Saint-Nicolas-de-Port réalisé dans l’atelier de Georges le verrier : protégé par saint Nicolas, le duc couronné est agenouillé en prières, revêtu du manteau de brocard doré doublé d’une fourrure d’hermine mouchetée. Il était également couronné dans le vitrail du chevet de la collégiale Saint-Georges aujourd’hui disparu, tandis que celui du chœur de la cathédrale de Metz, œuvre de Valentin Bousch (vers 1521), montre la couronne posée sur le prie-Dieu. Cette couronne est aussi visible sur ses monnaies. Lors de ses funérailles une « couronne royalle à haus fleurons » fut posée sur la tête de son effigie placée sur son cercueil. Enfin, le groupe sculpté aujourd’hui disparu qui ornait son tombeau dans l’enfeu de la chapelle des Cordeliers le montrait agenouillé devant un prie-Dieu surmonté d’une couronne à fleurons10.
5Si son fils Antoine conserva la formule « par la grâce de Dieu », il fit disparaître le titre de roi de Jérusalem pour ne pas déplaire au roi de France. La couronne ducale ne figure pas sur ses portraits et statues, mais reste présente sur ses sceaux, ses monnaies et son lit de parade11. Il en est de même de ses successeurs12. La pompe funèbre de Charles III fit intervenir quatre insignes du pouvoir – l’épée, la couronne ouverte, la main de justice et le sceptre – qui se rattachaient nettement au modèle royal, mais sans l’exprimer. Toutefois, le titre roi de Jérusalem, ainsi que la couronne, ne réapparurent véritablement que sous Léopold lorsque ce dernier reprit en 1700 le titre de roi de Jérusalem et obtint de l’empereur Léopold, son oncle, le titre d’Altesse royale. Après la rupture mémorielle liée à la guerre de Trente Ans et aux occupations par les troupes françaises au xviie siècle, le pouvoir ducal entendait renouer avec son passé et s’affirmer par rapport à la France en arborant une couronne, non plus ouverte, mais fermée, signe d’une souveraineté absolue13. Cette couronne fermée figure ainsi en bonne place dans les tableaux officiels de Léopold, comme sur celui bien connu de Nicolas Dupuy (1703), sur des images de dévotion, tel un petit bas-relief en bois de Sainte-Lucie où le duc Léopold consacre sa famille à Notre-Dame de Bonsecours et s’abrite sous son manteau, et sur des objets plus quotidiens comme ses carrosses et sa vaisselle d’argent14. Cette couronne fermée sera reprise par Stanislas à titre symbolique, ceci d’autant plus qu’il était aussi roi de Pologne15.
Le déroulement de la cérémonie d’intronisation
6Si la couronne ouverte, puis fermée, fait partie des insignes depuis le xive siècle, elle n’intervient pas dans la cérémonie d’intronisation. Mais celle-ci n’arrive pas brutalement : elle est précédée de plusieurs rites destinés à mettre en évidence l’héritier.
7Comme à la cour de Savoie, le baptême de ce dernier était entouré de davantage de solennité que pour les autres enfants, afin de le présenter aux corps constitués, de manifester la pérennité de la Maison de Lorraine et d’impressionner les autres cours par le faste déployé. Pourtant les rites étaient moins marqués qu’en Savoie car, hormis le baptême du prince Jean de Calabre à Saint-Georges le 5 août 1424, les cérémonies avaient, du xve au xviie siècle, rarement lieu à Nancy, capitale administrative du duché, mais à Bar-le-Duc où les duchesses avaient coutume d’accoucher. De plus, la Lorraine ne dispose pas de sources aussi abondantes qu’en Savoie où foisonnent imprimés commémoratifs, panégyriques, schémas de processions, récits détaillés des événements et notes prises par les organisateurs des cérémonies16. Certes Nicolas Volcyr relate les fêtes données le 10 novembre 1524 au château de Bar pour le baptême du prince Nicolas, mais celui-ci n’était pas le successeur en puissance : troisième enfant du duc Antoine, il était destiné à l’Église17. Toutefois, plus tard, en 1704, le récit du baptême à Lunéville du prince Louis, fils de Léopold et son héritier présomptif, décrit une grandiose cérémonie, tant à l’église paroissiale Saint-Jacques, qu’au château où fut offert un somptueux repas de 80 couverts, suivi d’un feu d’artifice et d’un bal. Mais le contexte était différent : il s’agissait de montrer l’avenir de la dynastie qui devait s’imposer face au royaume de France18.
8Comme dans d’autres cours, le mariage contribuait également à mettre en scène l’héritier, même si en Lorraine les ducs étaient fréquemment déjà en fonction lorsqu’ils convolaient en justes noces et si les cérémonies avaient lieu la plupart du temps hors de Lorraine. Ainsi l’union d’Antoine et de Renée de Bourbon fut célébrée le 15 mai 1515 à Ambroise alors qu’Antoine était déjà duc. Il en était de même pour François Ier lorsqu’il épousa Chrétienne de Danemark nièce de l’empereur Charles Quint à Bruxelles le 10 juillet 154119.
9Les funérailles du prédécesseur étaient davantage signifiantes, puisqu’elles se présentaient comme un spectacle de propagande célébrant la grandeur et la continuité de la Maison ducale en préparant la succession. Elles intégraient un rituel de passation de pouvoir, dont on a la première trace dans le récit de la pompe funèbre de René II (1508) et qui s’est perpétué jusqu’au xviiie siècle : après un premier service religieux dans la collégiale Saint-Georges, le cortège funèbre conduisait le défunt jusqu’aux Cordeliers où il était placé dans la fosse ; le grand écuyer y descendait, en rapportait l’épée de parement, la levait et proclamait le nouveau souverain par ces mots : « Vive notre souverain seigneur et maître le duc de Lorraine, vive le duc. Vive le duc20. »
10Cette désignation du successeur lors des funérailles était suivie de l’intronisation correspondant à une entrée dans la ville de Nancy qui s’est imposée comme capitale administrative du duché depuis le xive siècle. Quatre cérémonies sont connues par la Chronique de Lorraine. Dix procès-verbaux sont conservés de Jean II (1453) à François III (1730) : il ne s’agit pas de récits détaillés ou de livrets commémoratifs comme Thalia Brero a pu en trouver pour la cour de Savoie au xve siècle, mais de comptes rendus succincts, à la tonalité très juridique, qui comportent peu ou pas d’éléments narratifs. Il s’y ajoute quelques relations plus développées mais plus tardives : La vie et le trépas de deux princes de paix, le bon duc Anthoine, et saige duc Francoys d’Edmond du Boulay décrit l’entrée de François Ier, la Pompe funèbre de Charles III, celle d’Henri II son successeur, les mémoires de Solera chanoine de Saint-Georges, celle de Charles IV en 1663 et la Relation de ce qui s’est passé à l’entrée de leurs Altesses Royales dans leur ville capitale de Nancy, celle de Léopold21. Nous ne disposons que d’une seule source iconographique, tardive elle aussi : les planches de l’entrée d’Henri II réalisées par Friedrich Brentel qui suivent celles de la pompe funèbre de Charles III22 (tableau p. suivante).
Tableau des intronisations des ducs de Lorraine de Jean II de Calabre à François III.
Nom du duc de Lorraine | Date de l’intronisation | Porte d’entrée dans la ville | Sources |
Jean II de Calabre (1453-1470) | Dimanche 22 mai 1453 à 14 h | Porte de la Craffe | Procès-verbala |
Nicolas (1470-1473) | Lundi 7 août 1470 à 17 h | Porte de la Craffe | Chronique de Lorraine et procès-verbalb |
René II (1473-1508) | Lundi 4 août 1473 à 10 h | Porte Saint-Nicolas | Chronique de Lorraine et procès-verbalc |
Charles le Téméraire | Samedi 18 décembre 1475 à 8 h | Porte de la Craffe | Chronique de Lorrained |
Antoine (1508-1544) | Vendredi 19 février 1509 à 16 h | Porte Saint-Nicolas | Procès-verbal et Chronique de Lorrainee |
François Ier (1544-1545) | Lundi 16 avril 1545 à 10 h | Porte de la Craffe | Procès-verbal et La Vie et trespas, des deux princes de paixf |
Charles III (1545-1608) | Vendredi 18 mai 1562 à 16 h | Porte Saint-Nicolas | Procès-verbalg |
Henri II (1608-1624) | Mardi 20 avril 1610 à 16 h | Porte neuve Saint-Nicolas | Procès-verbal et Pompe funèbre de Charles IIIh |
Charles IV (1625-1634 ; 1641 ; 1661-1670) | Jeudi Ier mars 1626 à 16 h 6 septembre 1663 à 16 h | Bretèche de l’enceinte Porte Saint-Nicolas | Procès-verbali Journal du chanoine Soleraj |
Léopold (1698-1729) | Dimanche 9 novembre 1698 | Porte Saint-Nicolas | Procès-verbalk |
François III (1729-1737) | Mardi 3 janvier 1730 | Porte Saint-Nicolas | Procès-verball |
a. BM Nancy, M. 602 (456), p. 167 ; b. Ibid., p. 189-194 ; c. Ibid., p. 202-209 ; d. Ibid., p. 210-211 ; e. Ibid., p. 247 ; f. Ibid., p. 271-278, et Du Boullay Edmond, La Vie et trespas, op. cit., passim ; g. Ibid., p. 316-324 ; h. Ibid., p. 356-376 ; i. Lepage Henri, « L’insigne église », art. cité, pièces justificatives, p. xxxviii-xliv ; j. Lionnois Jean-Jacques, Histoire, op. cit, p. 38-44 ; k. Édition donnée par Bourgon Dieudonné, « Procès-verbal de l’entrée de Léopold à Nancy », Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1856, p. 105-107 ; l. BM Nancy, M. 602 (456), p. 423.
11La cérémonie pouvait avoir lieu rapidement après la mort du prédécesseur, lorsqu’il y avait des enjeux comme ce fut le cas pour René II le 4 août 1473, huit jours après la mort subite et sans descendance de son cousin Nicolas le 27 juillet. Mais le plus souvent elle était légèrement différée lorsque la succession était bien assurée : ainsi, près d’un an s’est écoulé entre la mort d’Antoine le 14 juin 1544 et l’entrée de son fils François le 16 avril. Il ne s’agit jamais d’une fête religieuse, ni d’un anniversaire, à l’exception de l’entrée, plus tardive, de François III l’avant-veille du jour où l’on commémorait la bataille de Nancy (5 janvier), véritable fête nationale lorraine qui donnait lieu des festivités importantes. Le jour de la semaine est variable, même si à plusieurs reprises, on relève un dimanche, un vendredi ou un lundi. Lorsque l’heure est indiquée, c’est souvent en milieu d’après-midi. Les mois d’avril, mai et août sont privilégiés. Le trajet menait le nouveau duc jusqu’à la collégiale Saint-Georges depuis l’une des portes de la ville, la Porte de la Craffe ou la Porte Saint-Nicolas qui finit par s’imposer. Dans les deux cas le trajet était assez court, 300 m environ, mais permettait au jeune souverain de traverser la ville, d’en prendre possession et de se montrer à ses sujets. Deux cas sont particuliers : le premier concerne l’entrée du bourguignon Charles le Téméraire comme duc de Lorraine lors des guerres entre Lorraine et Bourgogne. La Chronique de Lorraine rapporte qu’il entra dans Nancy le 30 novembre 1475, jour où l’on fête saint André, saint patron des Bourguignons, puis suivit le rituel d’intronisation des ducs de Lorraine le 18 décembre. Plus matinal que les souverains lorrains, il franchit dès 8 h du matin la Porte de la Craffe pour aller prêter serment à Saint-Georges, puis convoqua les États de Lorraine le 27 décembre. Mais René II, vainqueur de la bataille de Nancy le dimanche 5 janvier 1477, fit une entrée solennelle dans la ville dans la soirée, même s’il ne prêta pas un nouveau serment23. Il suivit le même trajet que le Téméraire : il entra par la porte de Craffe pour se rendre à Saint-Georges et y remercier Dieu, mais aussi pour effacer symboliquement l’entrée du duc de Bourgogne et reprendre en main sa ville et son pouvoir. L’autre cas particulier est celui, plus tardif, de Charles IV au règne agité, qui abdiqua deux fois puis revint au pouvoir : il fit ainsi deux entrées dans Nancy, l’une en 1626, l’autre en 1663.
12En ce qui concerne les détails de la cérémonie, le duc était accueilli à la porte de la ville par le clergé portant croix, bannières et reliques avec, en tête, le prévôt de Saint-Georges qui fut éclipsé par le primat de Lorraine au xviie siècle. Les hommes d’Église étaient suivis des nobles et des bourgeois. Le duc descendait de son cheval qu’il remettait à un délégué du chapitre Saint-Georges, embrassait les reliques, puis, à partir de René II prononçait un premier serment par lequel il jurait de respecter les franchises de Lorraine. Le duc demandait qu’on lui prête son cheval sur lequel il remontait pour gagner Saint-Georges. L’ordre du cortège est rappelé sur les planches de l’entrée d’Henri II qui y ajoutent de nombreux décors, en l’occurrence des statues allégoriques de Charles III et des vertus attendues de son successeur. Puis le bailli de Nancy guidait les représentants des États de Lorraine, avec en tête la chevalerie, suivie par les grands prélats, les nobles de Nancy et de Lorraine, les gens de justice, le président, les conseillers et auditeurs de la Cour des comptes, le clergé régulier (capucins, minimes, cordeliers), le clergé des églises paroissiales de Nancy, les chanoines de la Primatiale, puis de Saint-Georges, les représentants de villes, le grand écuyer présentant l’épée, précédant Henri II, les princes de Lorraine, les gentilshommes de la maison ducale, trompettes, archers et gardes du corps24.
13Arrivé à Saint-Georges, jouxtant le Palais ducal, le duc descendait de son cheval et le remettait au prévôt. Il entrait en procession dans l’église au chant du Veni Creator, puis prêtait à genoux le serment de respecter les franchises de la collégiale. La récitation d’oraisons particulières et le chant du Te Deum furent mentionnés au milieu du xvie siècle25. On notera que nulle part, il n’était question de remise d’insignes et de vêtements particuliers, ni avant les planches d’Henri II de description de décors ou de jeux de mystères26. Un élément original : l’insistance sur le cheval, mentionné par Raoul et repris par ses successeurs : cette spécificité est n’est pas sans rappeler la présence de quatre chevaux « de service, de secours, de bataille et d’honneur » dans le déroulement des funérailles ducales27. Signe de l’importance qu’ils accordaient à leur cheval, Charles III, Henri II et Léopold le rachetèrent le lendemain28.
Le duc de Lorraine diffère-t-il des autres princes territoriaux ?
14Le rituel d’intronisation ainsi décrit a pris forme à la charnière du Moyen Âge et de la Renaissance, peu après l’évolution vers un faste accru des sacres et des entrées royales françaises aux xive et xve siècles, montrée dans l’ouvrage fondateur de Bernard Guénée29. Ce rituel lorrain rejoint celui que mettent en place d’autres princes territoriaux à la tête de petits États qui, se sentant menacés, cherchaient à développer un cérémonial et une symbolique pour tenir leur rang et manifester leur puissance. Thalia Brero a ainsi montré que des innovations importantes furent introduites au xve siècle à la cour de Savoie : Amédée VIII (1391-1451) obtint le titre ducal, développa les Joyeuses Entrées et utilisa de nouveaux insignes comme le dais et le chapeau ducal. Charles II (1504-1553), qui accéda au pouvoir après une série de princes faibles, se présenta comme le restaurateur de la dignité ducale : il organisa des festivités soignées pour son mariage et le baptême de ses enfants et institua en 1521 le rituel de l’investiture30. En Bretagne, l’évolution est similaire. La dynastie des Montfort développa au xive siècle une politique d’indépendance : elle revendiqua le titre de « duc par la grâce de Dieu », rappela ses origines troyennes mythiques et celles, plus réelles, des anciens rois de Bretagne, tout en jouant sur les symboles héraldiques et numismatiques31. La couronne ducale, simplement mentionnée en 988 – sous l’appellation de diadema – et apparue dans l’iconographie au milieu du xive siècle, devint au xve siècle était l’attribut régulier du prince. La Bretagne se différenciait surtout par un véritable couronnement, bien documenté à partir du xve siècle pour Jean V (22 mars 1401), François Ier (9 décembre 1442), Anne (10 février 1489) et le dauphin François (14 août 1532), même si cette dernière cérémonie était particulière, puisqu’il s’agissait de faire passer en douceur la disparition effective du duché rattaché à la France. Un récit détaillé du cérémonial figure dans le superbe manuscrit du missel pontifical de Michel Guibé, évêque de Rennes de 1482 à 1502. Après une nuit de prières à la cathédrale Saint-Pierre avait lieu le couronnement proprement dit qui s’inspirait du rituel français, mais sans l’onction : le duc revêtait les habits d’hermine et recevait ses insignes dont la couronne, appelée cercle ducal, mais qui était bien une véritable couronne d’or ouverte à huit fleurons32.
15Les ducs de Bourgogne, connus pour leur magnificence, cherchèrent aussi à se donner une allure royale. Charles le Téméraire, qui a vainement tenté d’obtenir de l’empereur Frédéric III une couronne royale à Trèves en octobre 1473, allait jusqu’à arborer des couvre-chefs qui en donnaient l’illusion33. Lors de son entrée à Dijon en 1474, il portait ainsi un « chapeau de drap d’or taillé en forme de couronne » et, à Nancy, en 1475, « un chapeau rehaussé de pierres précieuses qui brillaient dans l’obscurité et de loin faisaient penser à une couronne », comme le notait l’ambassadeur Panigarola dans une lettre adressée au duc Galéas Sforza le 19 décembre 147534. L’un de ses chapeaux fut saisi par les confédérés à la bataille de Grandson en 1476 et vendu par les Bâlois en 1504 pour la somme élevée de 47 000 florins : une estampe du xve siècle conservée à la Bibliothèque nationale de France en donne une idée35.
16Si des différences existent au niveau de la couronne, le rituel d’entrée dans la ville et les serments en usage en Lorraine se retrouvent dans les intronisations des ducs de Bretagne36, mais aussi de ceux de Bourgogne et de Brabant : le bourguignon Jean sans Peur fut ainsi reçu le 17 juillet 1404 à la porte de Dijon par les représentants des villes et du clergé qui lui donnèrent les reliques à embrasser ; il gagna ensuite à cheval Saint-Bénigne où il prêta le serment de respecter les privilèges de l’Église37. En Savoie, le rituel de passation de pouvoir commençait, comme en Lorraine lors des funérailles du prédécesseur qui servaient à désigner son héritier, lequel manifestait ensuite sa souveraineté lors d’une joyeuse entrée38. Mais dans ces deux duchés, la différence avec la Lorraine résidait dans le fait qu’en Bourgogne un anneau était passé au doigt du nouveau duc par l’abbé de Saint-Bénigne pour lui signifier qu’il épousait son peuple. Cet anneau d’or orné d’un rubis est notamment représenté sur le portrait anonyme de Jean sans Peur peint sans doute pour son avènement en 1404 et appartenant aujourd’hui au musée du Louvre39. L’équivalent savoyard est l’anneau de saint Maurice, qui depuis Amédée VIII (1391-1451) au moins, est considéré comme le symbole de l’État ducal, à la fois relique du saint éponyme et talisman par la vertu protectrice des pierres40. À la cour de Lorraine, où il n’y a pas d’anneau, ce serait l’épée qui tiendrait le rôle de cet objet, emblème de transmission.
17Pour conclure, on peut dire que le rituel lorrain d’intronisation était proche de celui des autres cours ducales de la même période et qu’il était révélateur des petits États des périphéries qui, se sentant menacés à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne, cherchaient à se maintenir par la symbolique et se moderniser en se dotant d’un cérémonial de cour. Ce cérémonial s’inspirait du modèle royal, en en reprenant certains usages, mais, exception faite de la Bretagne, sans oser aller jusqu’au couronnement qui garde une force spécifique car il « fait le roi ». En Lorraine ce rituel d’intronisation est moins avancé que dans d’autres principautés, ce qui est aussi le reflet des structures d’un duché encore féodal au xvie siècle, où la noblesse très présente reste attaché à ses prérogatives et privilèges. Il était également moins fastueux et moins spectaculaire que les pompes funèbres des ducs de Lorraine, ce qui explique pourquoi ce sont ces dernières qui sont passées à la postérité.
Notes de bas de page
1 Les archives départementales de Meurthe-et-Moselle étant fermées depuis trois ans nous n’avons pu recourir aux originaux et, pour ce présent article, avons dû utiliser des registres de copies de la Bibliothèque municipale de Nancy et des éditions anciennes de chartes et de procès-verbaux. Sur la collégiale Saint-Georges, il existe une bonne bibliographie : Lepage Henri, « L’insigne église Saint-Georges de Nancy », Bulletin de la Société d’archéologie lorraine, 1849, p. 157-284 ; Pfister Christian, Histoire de Nancy, t. I, Paris, Berger Levrault, 1902-1909, p. 215-258, Fray Jean-Luc, Nancy-le-Duc, Essor d’une capitale princière dans les derniers siècles du Moyen Âge, Nancy, Société Thierry Alix, 1986, p. 97-112, et Guyon Catherine, « L’avènement de la cité ducale », in Françoise Boquillon, Catherine Guyon, François Roth et Jean-Marie Simon, Nancy des origines à la métropole du xxie siècle, une histoire millénaire, nouvelle édition, Nancy, Gérard Louis, 2019, p. 43-46.
2 Original sur parchemin : Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, G 342. Édition donnée par Lepage Henri, « L’insigne église Saint-Georges de Nancy », art. cité, annexe V.
3 Sceau de Ferry IV : AN J 391. Il est possible que Ferry IV, petit-fils, par sa mère Marguerite de Champagne, de Thibaut IV comte de Champagne et roi de Navarre ait voulu affirmer son ascendance : Blanchard Jean-Christophe, « Les sceaux des ducs de Lorraine Ferry III, Thiébaut II, Ferry IV et Raoul (1251-1346) : la construction d’une identité princière », in Écrits et transferts culturels : pratiques et gouvernances princières (Lotharingie, France, Empire, xiiie-début xve siècle), colloque de l’ANR Transscript, octobre 2017, Nancy, p. 5, [https://hal.univ-lorraine.fr/hal-02130400/document], consulté le 17 mars 2020. Toutefois, Dominique Flon considère que ces monnaies de Ferry IV seraient surtout une imitation de l’esterlin du roi d’Angleterre Édouard II (1307-1327) en vogue dans les principautés frontalières de la France : Flon Dominique, Histoire monétaire de la Lorraine et des Trois Évêchés, Nancy, Nancy, Société Thierry Alix, 2002, t. II, p. 395 et 396. Un siècle plus tôt Max Werly avait trouvé des monnaies barroises frappées à Saint-Mihiel présentant aussi la couronne qui, comme celle de Gaucher comte de Châtillon, imitaient le monnayage anglais : Maxe Verly Léon, « Histoire numismatique du Barrois », Revue belge de numismaique, t. 50, 1894, p. 205. Pour les monnaies de Jean Ier et de Charles II : Calmet dom Augustin, Histoire ecclésiastique et civile de Lorraine, Nancy, 1728, t. II, p. LVIII et LIX.
4 Cf. Guyon Catherine, « Le mariage de René d’Anjou et d’Isabelle de Lorraine », in Pauly Michel (dir.), Johann und Elisabeth. Jean et Elisabeth, Die Erbtochter, der fremde Fürst und das Land, L’héritière, le prince étranger et le pays, actes du colloque international organisé par le Musée d’histoire de la ville de Luxembourg et l’université de Luxembourg (30 septembre et 1er octobre 2010), Luxembourg, CLUDEM, t. 38, 2013, p. 225-239.
5 B. M. Nancy, ms. 602 (456), p. 154-155 et 160-161. Le procès-verbal n’est pas conservé.
6 Lepage Henri, « L’insigne église Saint-Georges », art. cité, p. 160.
7 Cf. Schnerb Bertrand, Bulgnéville (1431), l’État bourguignon prend pied en Lorraine, Paris, Economica, 1993.
8 Archives départementales du Maine-et-Loire, E 3909 ; BnF, Département des estampes, réserve, OB-10-FOL, et AN, J 939.
9 Urseau Charles, « Les restes du roi René et d’Isabelle de Lorraine et le tombeau d’Ulger à la cathédrale d’Angers », Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques, 1897, p. 513. La couronne en cuivre repoussé et doré de 60 cm de circonférence présentait une alternance de fleurons : De Mérindol Christian, Le roi René et la seconde maison d’Anjou. Emblématique, Art et Histoire, Paris, 1987, pl. XLIX.
10 Meyer Guillaume, « René II et les regalia de la principauté lorraine », in Hélène Say et Hélène Schneider (dir.), Le duc de Lorraine René II et la construction d’un État princier, actes de la journée d’étude organisée à l’occasion du 500e anniversaire de la mort de René II, Nancy (12 décembre 2008), Lotharingia, t. VI, 2010, p. 76. Sur ce tombeau, voir Choné Paulette, « Le tombeau de René II aux Cordeliers », in ibid., p. 81-106.
11 « Lit du duc Antoine et de Renée de Bourbon », Catalogue numérique de l’exposition « La Lorraine pour horizon », Laurent Jalabert et Pierre-Hippolyte Pénet (dir.), op. cit.
12 Les 49 portraits des ducs de Lorraine qui se trouvent aujourd’hui à la galerie des Offices, datent du xviie siècle et ont été apportés avec le mobilier de François III à Florence en 1737, ne montrent aucune couronne.
13 Chautard Jules, « Imitations des monnaies lorraines », Bulletin de la Société d’archéologie lorraine, 1872, p. 226, et Briard Emmanuel et Lepage Henri, « Des titres et prétentions des ducs héréditaires de Lorraine », Mémoires de la Société d’archéologie lorraine, 1885, p. 430.
14 Franz Thierry, « Nicolas Dupuy, portrait de Léopold duc de Lorraine et de Bar », catalogue numérique de l’exposition « La Lorraine pour horizon », op. cit. ; Pénet Pierre-Hyppolite, « Le duc Léopold consacrant sa famille à Notre-Dame de Bonsecours », in Adrian Anne, Guyon Catherine et Tixier Frédéric, Splendeurs du christianisme, art et dévotions, de Liège à Turin, xe-xviiie siècle, catalogue de l’exposition du musée de la Cour d’or à Metz, Paris, Mare et Martin, no 5, p. 30-31.
15 Elle apparaît sur les portraits officiels comme celui de Girardet : Pénet Pierre-Hyppolite, « Attribué à Jean Girardet, portrait de Stanislas en costume d’apparat », catalogue numérique de l’exposition « La Lorraine pour horizon », op. cit.
16 Bréro Thalia, « Le baptême des enfants princiers (xve et xvie siècles) », in Paola Bianchi et Andrea Merlotti (dir.), Le strategie dell’apparanza. Ceremoniali, politica e società alia corte dei Savoia in età moderna, Turin, Zamorani, 2010, p. 18.
17 Digot Auguste, « Notice biographique et littéraire sur Nicolas Volcyr historiographe et secrétaire du duc Antoine », Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1848, p. 20.
18 Le prince a vu le jour après le décès de son frère Léopold décédé à l’âge d’un an en 1700 et la naissance de trois sœurs. Le récit est donné dans la Lettre d’un officier françois à un de ses amis contenant la relation de la cérémonie du batême de Monseigneur le prince royal de Lorraine, Paris, 1704. Le texte est suivi d’une description des devises, emblèmes et inscriptions avec leurs explications. Plusieurs représentations iconographiques montrent le prince Louis en tenue d’apparat authentifiant son statut d’héritier, tel est le cas du tableau de Van Schuppen (vers 1710) conservé au Musée lorrain : Franz Thierry, « Attribué à Van Schuppen, portrait du prince Louis de Lorraine », catalogue numérique de l’exposition « La Lorraine pour horizon », op. cit. Le prince figure aussi en positon centrale à côté de la couronne fermée sur le bas-relief déjà cité du duc Léopold consacrant sa famille à Notre-Dame de Bonsecours : Pénet Pierre-Hyppolite, « Le duc Léopold consacrant sa famille à Notre-Dame de Bonsecours », art. cité, p. 30. Le prince Louis fut hélas emporté par la variole en mai 1711. Il y eut ensuite deux autres princes héritiers, Léopold Clément qui décéda lui aussi de la variole en 1722, et François III qui succéda à son père en 1729 avant de renoncer au duché de Lorraine.
19 Poull Georges, La Maison ducale de Lorraine devenue la Maison impériale et royale d’Autriche, de Hongrie et de Bohême, Nancy, PUN, 1991, p. 203 et 209.
20 Marot Pierre, La Lorraine et la mort, Nancy, PUN, 1991, passim, et Pénet Pierre-Hyppolite et Prévot Dominique, « L’épée de grand écuyer du duc Léopold insigne témoignage de la souveraineté ducale », Le Pays lorrain, 2017, p. 108-109. L’épée portée en 1729 par Marc de Beauvau-Craon, grand écuyer de Lorraine, pour les funérailles du duc Léopold a pu être achetée en 2017 par le Musée lorrain avec l’aide de la Fonds du patrimoine du ministère de la culture, la Région Grand Est, la Ville de Nancy et la Société d’histoire de la Lorraine et du Musée lorrain.
21 Du Boullay Edmond, La Vie et trespas, des deux princes de paix, le bon duc Anthoine, et saige duc Francoys premiers de leurs noms (par la grâce de Dieu) ducz de Lorraine, Marchis, Paris, Jehan l’Allier et Lazare Grenet, 1550 ; Mémoire depuis que je suis chanoine, et de ce qui s’est passé depuis ma prise de possession qui fut le 29 août 1661 : extraits donnés par Lionnois Jean-Jacques, Histoire des villes vielle et neuve de Nancy depuis leur fondation jusqu’en 1788, Nancy, Haener, 1811, t. III, p. 38-44, et Relation de ce qui s’est passé à l’entrée de leurs Altesses Royales dans leur ville capitale de Nancy, 10 novembre 1698, s. l., 1698.
22 Cf. reproductions, in Martin Philippe, La pompe funèbre de Charles III, 1608, Metz, Serpenoise, 2008, et [http://archives.meurthe-et-moselle.fr/pompe-funèbre], consulté le 4 avril 2020.
23 Ibid., p. 610-613.
24 Martin Philippe, Pompe funèbre, op. cit., passim.
25 C’est le cas lors de l’entrée de François Ier décrite par Edmond du Boulay, La Vie et trespas, des deux princes de paix, le bon duc Anthoine, t saige duc Francoys premiers de leurs noms (par la grace de Dieu) ducz de Lorraine, Marchis, Paris, Jehan d’Allier et Lazare Grenier, 1550. cf. Lepage Henri, « L’insigne église », art. cité, pièces justificatives p. xxxiv.
26 La couronne ducale n’est que symbolique ; celle de la pompe funèbre de Charles III n’est qu’un décor de théâtre, ce que confirme l’inventaire du château de Lunéville dressé en 1732 récemment découvert dans les archives de Florence par Isabelle Brian : parmi les ornements funéraires figure une « grande couronne en fer blanc peinte ». En ce qui concerne les décors, le récit de la seconde entrée de Charles IV que donne le chanoine Solera mentionne des tapisseries tendues sur la place de l’Hôtel de Ville de Nancy et aux quatre angles des arcs de triomphe accompagnées de fontaines allégoriques œuvres de Jacques Deruet : Lionnois Jean-Jacques, Histoire des villes neuves et vieilles de Nancy depuis leur fondation jusqu’en 1788, Nancy, Haener, 1811, t. I, p. 38.
27 Martin Philippe, Pompe funèbre, op. cit., p. 96.
28 Charles III racheta son cheval d’Espagne pour 100 écus d’or, Henri II le sien pour 100 écus et Léopold pour 300 livres : Lepage Henri, « L’insigne église », art. cité, p. xxxiii.
29 Guenée Bernard et Lehoux Françoise, Les entrées royales françaises de 1328 à 1515, Paris, CNRS Éditions, 1968.
30 Bréro Thalia, Rituels dynastiques et mises en scène du pouvoir. Le cérémonial princier à la cour de Savoie (1450-1550), Florence, Sismel-Edizioni del Galluzzo, « Micrologus’ Library, 84 », 2017, et Bréro Thalia, « Chroniques d’un seul jour, récit de cérémonies à la cour de Savoie », in Bernard Andenmatten, Panayota Badinou, Michel Fuchs Michel et Jean-Claude Mühlethaler (dir.), Lieux de mémoire antiques et médiévaux, texte, image, histoire : la question des sources, Paris, coll. « A contrario tempus », 2012, p. 77-95.
31 Yeurc’h Bertrand, « Les cérémonies d’intronisation en Bretagne ducale », version papier de la communication donnée le 22 avril 2016 au pôle Pierre-Jakez Hélias de Quimper de l’université de Bretagne Occidentale, dans le cadre de la journée d’étude : « Jour de fête ! Arts et éphémère de l’Antiquité aux Nouveaux Réalistes », [https://www.academia.edu/27163212/Les_cérémonies_dintronisation_en_Bretagne_ducale_-_publication_papier], consulté le 5 avril 2020.
32 Fery-Hue Françoise, « Le cérémonial du couronnement des ducs de Bretagne au xve siècle », in André Chedeville et al. (dir.), Missel pontifical de Michel Guibé, xve siècle, cérémonial du couronnement des ducs de Bretagne, Rennes, éditions Ouest-France, 2001, p 35 ; et Minois Georges, Anne de Bretagne, Paris, Fayard, 2014, p. 45.
33 Lecuppre-Desjardins Élodie, Le royaume inachevé des ducs de Bourgogne (xie-xve siècle), Paris, Belin, 2016, p. 183-185 et p. 190.
34 Traduction de Paul Perdrizet, in Pfister Christian, Histoire de Nancy, Nancy/Paris, Berger/Levrault, 1902, t. I, p. 698, et réédition par Jean Schneider, Lorraine et Bourgogne (1473-1478), choix de documents, Nancy, PUN, 1982, no 41, p. 119-122.
35 [http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb41499358g]. Des tentatives de reconstitution de ce chapeau d’or couvert de perles ont été faites lors de l’exposition « Charles le Téméraire » au musée de Berne en 2008, [https://www.swissinfo.ch/fre/charles-le-téméraire-s-expose-à-berne/6641950]. On en trouvera une photographie sur [https://mapio.net/pic/p-3464776], consulté le 5 avril 2020.
36 L’ordonnancement du cérémonial se caractérise par une certaine plasticité et évolue avec chaque règne avec des éléments variables comme le second serment. Le couronnement était précédé, la veille, d’une entrée dans la ville de Rennes à la porte Moredelaise (puis celle des Foulons) où le duc prêtait serment devant l’évêque le chapitre les bourgeois de maintenir les franchises du duché : Fery-Hue Françoise, « Le cérémonial du couronnement », art. cité, p. 38.
37 Schnerb Bertrand, Jean sans peur, le prince meurtrier, Paris, Payot, 2005, p. 139-140.
38 Brero Thalia, « Chroniques d’un seul jour », art. cité, p. 86.
39 Ce rubis, acheté par Philipe le Hardi en 1397, était conservé à Saint-Bénigne et remis par l’abbé à tout nouveau duc.
40 Ripart Laurent, « L’anneau de saint Maurice », in Andenmatten Bernard, Vadon Annick et Paravicini Bagliani Agostino (dir.), Héraldique et emblématique de la Maison de Savoie (xie-xve siècle), Lausanne, Cahiers Lausannois d’histoire médiévale, 10, 1994, p. 45-91.
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