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Le roi en son duché

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Vincent Launay

Deuxième partie. À partir de Philippe III, l’intervention de nouveaux acteurs : ecclésiastiques et officiers royaux

Chapitre IV. Le roi de France et l’Église de Bretagne

Texte intégral

1En ce début de xive siècle, les tensions croissantes entre le roi de France Philippe le Bel et la papauté constituent un tournant dans les relations entre le pouvoir royal et l’Église. Il est vrai que les crises qui scandent la seconde partie du règne du Capétien signent la fin des prétentions du pape à mettre en œuvre le programme de la théocratie pontificale dessiné par les pères de la Réforme puis par Innocent III. Au-delà de l’Église, il y a les églises. Celles-ci sont autant d’établissements particuliers et de centres de pouvoirs locaux sur lesquels le roi entend exercer un regard toujours plus acéré. Les institutions ecclésiastiques sont également incarnées par des hommes. Entre service de Dieu et service du roi, certains n’hésitent pas et s’engagent auprès du second.

2Dès lors, le roi de France fait de l’Église un vecteur de pénétration dans la principauté bretonne. Si quelques prémices de cette politique sont perceptibles dès le règne de Philippe III, c’est surtout à partir de Philippe le Bel que l’action royale se décline à travers des enjeux nouveaux, tels celui de la garde des églises de Bretagne. Les grandes crises au cours desquelles Philippe le Bel et ses légistes viennent à bout du pape Boniface VIII et de l’ordre du Temple constituent les révélateurs du rôle que le roi entend faire jouer aux églises de son royaume, dont il veut gommer les disparités. Pour ce faire, il gagne le soutien de bon nombre d’hommes d’Église, certains venant de provinces fort éloignées, en échange de carrières prometteuses.

La garde royale des églises bretonnes

  • 1 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, Grenoble, Imprimerie Allier Père et Fils, 1927, p. (...)
  • 2 Ibid., p. 165-174.
  • 3 Forcadet P.-A., Conquestus fuit Domino regi. Le recours au roi de France d’après les arrêts du Parl (...)
  • 4 Philippe de Beaumanoir, Coutumes du Beauvaisis, éd. A. Salmon, Paris, Picard, 1900, t. II, p. 243-2 (...)
  • 5 Arch. nat., J 178, no 48 (Coutumes et institutions de l’Anjou et du Maine antérieures au xvie siècl (...)

3La garde constitue un droit de protection exercé sur les églises et leurs possessions par les laïques1. Deux types de garde doivent être distingués : la garde générale et la garde spéciale. Théorisée au xiiie siècle, la première s’applique à toutes les églises du royaume soumises à l’autorité royale2. La seconde est à l’origine celle, particulière, dévolue aux barons, mais aussi au roi. À partir de la fin du règne de Philippe III, les sources désignent celle-ci comme une « garde spéciale3 ». Philippe de Beaumanoir, dans ses coutumes du Beauvaisis recueillies en 1283, lui consacre un chapitre entier4. La garde des églises suppose des contreparties offertes à son détenteur. Parmi celles-ci figure le bénéfice de la régale. En 1292, quand Philippe IV délivre la garde des églises d’Anjou et du Maine à son frère Charles de Valois, il se réserve les églises cathédrales et celles qui sont sous sa garde spéciale, car réputées de fondation royale, sans oublier la régale en cas de vacance du siège épiscopal5.

  • 6 Actes de Jean Ier, duc de Bretagne (1237-1286), éd. citée, p. 215-217. « Et est sciendum quod episc (...)
  • 7 Richard J., Les ducs de Bourgogne et la formation du duché du xie au xive siècle, op. cit., p. 241- (...)
  • 8 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 42-43.
  • 9 Allemand-Gay M.-Th., Le pouvoir des comtes de Bourgogne au xiiie siècle, op. cit., p. 244.
  • 10 Forcadet P.-A., Conquestus fuit Domino regi. Le recours au roi de France d’après les arrêts du Parl (...)
  • 11 Riche D., L’Ordre de Cluny à la fin du Moyen Âge. « Le vieux pays clunisien », xiie-xve siècles, Sa (...)

4Jusqu’à la fin du xiiie siècle, la question de la garde des églises bretonnes ne semble pas se poser : elle incombe au duc de Bretagne. En 1267, à la suite d’un conflit l’opposant à l’évêque et au chapitre de Tréguier, Jean Ier, duc de Bretagne, concède ne pas avoir de droits juridictionnels sur le régaire de l’évêque de Tréguier. Toutefois, à la fin de l’acte, il précise qu’il « faut savoir que l’évêque, le chapitre et les clercs de Tréguier, leurs affaires et leurs biens demeurent sous notre protection et défense contre les injures et les violences, comme les autres évêques, chapitres et clercs de Bretagne6 ». Ce statut de protecteur des églises est alors partagé par de nombreux princes territoriaux. C’est le cas des ducs de Bourgogne qui, même si des tensions existent7, ont la garde de nombreuses abbayes, dont Cîteaux8. Alors qu’en 1258, l’abbaye de Luxeuil juge insuffisante la protection assurée par le comte de Bourgogne, elle s’offre à celle du comte de Champagne9. S’en suit un long conflit armé au terme duquel, en 1271, l’abbé doit se soumettre au Bourguignon. En 1295, le même comte revendique la garde générale des églises de sa principauté. Tout au long du xiiie siècle, nombreux sont les conflits pour savoir qui, du roi ou du seigneur, tant ecclésiastique que laïque, est le détenteur de la garde10. En 1254, Louis IX intervient en faveur de Cluny face au duc de Bourgogne Hugues IV. Le même, en 1258, puis son fils Philippe III, en 1284, placent cette même abbaye sous garde royale11.

  • 12 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 113/1, fo 90, no 78 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., v (...)
  • 13 Le Roy N., L’influence française en Bretagne (1213-1341) et les institutions privées bretonnes, op. (...)
  • 14 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 14-15.
  • 15 « Enquête sur un conflit à Saint-Malo. 1308. Titre au vo Articuli super commiss. contra regem vel e (...)
  • 16 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 250-251 ; Richard J., Les ducs de Bou (...)
  • 17 Anciens évêchés de Bretagne, éd. citée, t. IV, p. 289-290, no XXV.
  • 18 Arch. nat., JJ 60, fo 19-19 vo, no 43 (Registres du Trésor des Chartes, t. II : Règnes des fils de (...)

5La question de la garde des églises bretonnes surgit dans les sources à l’extrême fin du xiiie siècle quand, en janvier 1295, Philippe le Bel ordonne au bailli de Coutances de laisser le duc de Bretagne contraindre au service militaire les hommes de l’abbaye Saint-Méen. Ceux-ci s’en prétendent exempts au titre de la « garde spéciale » du roi12. Sans doute contraint par les enjeux de la guerre qu’il mène alors contre l’Angleterre13 et la nécessité de ne pas contrarier un vassal très proche de son adversaire, le roi de France préfère s’incliner. Mais, cet épisode a le mérite de poser une question centrale : la garde de ces églises relève-t-elle du duc ou du roi ? Conformément à ce qu’observe Noël Didier, le terme récurrent cité dans les sources est celui de garda et exprime l’idée de défense14. Celle-ci se matérialise par des symboles. Pour mieux signifier le statut de l’église de Pleaire Esquent, des panonceaux sont apposés sur ses murs15. Fréquemment mentionnés, ceux-ci sont le plus souvent constitués d’une bande d’étoffe, qui, comme les étendards, sont armoriés, notamment de fleurs de lis16. La garde suppose également la présence d’officiers royaux qui peuvent être sollicités en cas de besoin. Un mandement royal de 1332 demande au bailli de Coutances de les mettre à disposition de l’abbaye Saint-Jacut quand son abbé en exprimera le besoin17. La garde royale implique également l’acceptation au sein de la communauté de clercs nommés par le roi. C’est ce que suggère la plainte déposée devant la justice royale vers 1320 par l’abbé de Saint-Méen. Il s’offusque de la saisie de son temporel par un sergent royal député par le bailli de Coutances après avoir refusé de recevoir pour frère Sevestre de Montauban18. Or, l’instruction de la cause démontre que trente ans plus tôt, le roi y a déjà fait recevoir un clerc. N’est-ce pas, dès lors, le roi qui a voix au chapitre ?

Les débuts d’un conflit aux enjeux multiples : affirmer l’autorité royale face aux princes territoriaux et aux autorités ecclésiastiques

  • 19 Arch. dép. des Côtes-d’Armor, H 420 (1303) (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 8 (...)
  • 20 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/12 (ibid., p. 854, no 18).
  • 21 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 113/1, fo 45 vo-46, no 45 (ibid., p. 862, no 23).
  • 22 Ord., t. I, p. 620-625.
  • 23 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/1 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 864, (...)
  • 24 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/2 (ibid., p. 872, no 29).
  • 25 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/3 (ibid., p. 879, no 33).

6À partir de l’été 1303, des tensions fortes et nombreuses apparaissent entre le duc de Bretagne et certains prieurés bretons dépendants de Marmoutier. Le 31 juillet, Philippe IV place le prieur de Saint-Magloire de Léhon sous sa protection, sans toutefois employer le terme de « garde19 ». Le 12 août, le roi de France s’adresse au bailli de Tours afin que les prieurés de Marmoutier situés en Bretagne soient placés sous la « garde » du duc20. Il répond à Jean II qui se plaint de l’installation d’un sergent envoyé par le bailli, à la demande de l’abbé de Marmoutier. Ce dernier argue de son côté que son abbaye et tous ses membres sont, partout, « sous la garde [du roi] ». Dès lors, jusqu’en 1307, de très nombreux documents démontrent la ténacité des moines de la congrégation de Marmoutier. Le 8 octobre 1305, Philippe IV demande à son bailli d’ajourner devant le Parlement de Paris le cas pendant entre le duc et les religieux de Marmoutier au sujet de la garde du prieuré de Léhon21. Une ordonnance de 1315 laisse entendre qu’avant la mort de Jean II en novembre 1305, des commissaires sont députés par le roi pour enquêter sur la garde de Saint-Magloire de Léhon22. En janvier 1306, Philippe le Bel s’adresse aux baillis de Tours et de Coutances en leur demandant de cesser de s’attaquer à Henri III d’Avaugour dans le « territoire et le district » du duc de Bretagne, et renvoie l’abbé de Marmoutier et ses prieurés de Léhon et de Saint-Malo de Dinan devant le Parlement de Paris23. Le 4 novembre suivant, un acte royal enjoint le bailli de Tours de comparaître au Parlement avec ses commissaires et les religieux de Marmoutier. Le duc se plaint d’une nouvelle intervention des agents royaux bien qu’il ait prouvé ses droits juridictionnels24. Si ce conflit semble s’apaiser, le prieuré de Saint-Martin de Lamballe devient l’objet de tensions nouvelles puisque le 7 septembre 1307, Philippe le Bel reconnaît que la garde de cet établissement appartient au duc de Bretagne25. Les résolutions royales penchent donc plutôt du côté du respect des droits ducaux. En conséquence, en théorie, les procès dans lesquels les dépendances de Marmoutier sont parties doivent être jugés devant les juridictions ducales.

  • 26 Olim, t. III-1, p. 177.
  • 27 Arch. dép. des Côtes-d’Armor, H 423/2, 1312 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p.  (...)
  • 28 Olim, t. III-1, p. 175.
  • 29 Comptes du duché de Bretagne. Les comptes, inventaires et exécution des testaments ducaux, 1262-135 (...)

7Les actes de procédure opposant le duc à Marmoutier sont bien souvent la conséquence de conflits nés entre les prieurés et d’autres nobles. Henri III d’Avaugour, accusé d’avoir enlevé des croix placées sur des maisons de Dinan par le prieur de Saint-Malo de Dinan, est contraint de se défendre devant le Parlement de Paris26. La jouissance de diverses terres est au cœur du différend né entre Saint-Martin de Lamballe et le chevalier Alain du Plessis. C’est parce que ces terres sont situées dans « sa juridiction et son district » que le duc se plaint au roi du non-respect de ses prérogatives judiciaires. L’affaire resurgit cinq ans plus tard quand, le 20 mai 1312, le roi de France enjoint son bailli de Coutances de restituer cette terre au prieuré de Lamballe qu’il reconnaît, cette fois-ci, comme étant sous sa garde spéciale27. Suite à un appel du prieur de Léhon, un arrêt du Parlement de Paris daté du 1er juin 1306 condamne le chevalier Roland de Tréméreuc à demeurer prisonnier du Châtelet tant qu’il ne se sera pas acquitté d’une amende imposée pour des faits de violence sur les sergents royaux28. Or, comme le prouve le compte livré en 1311 par les exécuteurs testamentaires de Jean II, ce même chevalier argue des encouragements que le duc lui aurait prodigué et, à ce titre, obtient 400 livres d’indemnités29. Sans doute le duc ne peut-il pas user lui-même de violence pour résister aux officiers du roi. Toutefois, le soutien qu’il apporte à ceux qui l’exercent démontre sa volonté de conserver ses droits en même temps que ceux des nobles de sa principauté.

  • 30 Forcadet P.-A., Conquestus fuit Domino regi : Étude sur le recours au roi de France d’après les arr (...)
  • 31 Layettes du Trésor des Chartes, t. III : 1247-1260, éd. citée, p. 288b-289a, no 4242.
  • 32 Ibid., t. III, p. 395b-396a, no 4395.
  • 33 Cartulaire blésois de Marmoutier, éd. C. Métais, Blois, E. Moreau et Cie, 1891, p. 271-274, no 289  (...)
  • 34 Gantier O., « Recherches sur les possessions et les prieurés de l’abbaye de Marmoutier du xe au xii (...)
  • 35 Olim, t. II, p. 331-332, no XXI.
  • 36 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 189-190.
  • 37 Ord., I, p. 357. « §1. Volumus et intentionis nostre est sacrosanctas ecclesias, monasteria, prelat (...)
  • 38 Ibid., t. I, p. 358, § 4.
  • 39 Brown E. A. R., « Unctus ad executionem justicie : Philippe le Bel, Boniface VIII et la grande ordo (...)
  • 40 Arch. nat., JJ 35, fo 23-23 vo, no 69 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 851, n(...)
  • 41 Gantier O., « Recherches sur les possessions et les prieurés de l’abbaye de Marmoutier du xe au xii (...)

8Quelles sont les raisons qui motivent l’abbaye de Marmoutier, à travers certains de ses prieurés bretons, à affronter le duc sur le terrain de la garde des églises ? Depuis fort longtemps, l’établissement tourangeau est soucieux de son indépendance vis-à-vis des autorités seigneuriales. Dès 1229, les bourgeois de Châblis en appellent au roi face au comte de Champagne et arguent de la protection due à l’abbaye de Marmoutier dont ils dépendent30. Au début des années 1250, celle-ci engage un bras de fer avec le comte de Blois dont elle relève. Ainsi, en mars 1256 ou 1257, à Vincennes, Alphonse, comte de Poitiers, qui a reçu les droits du comte de Blois, confirme les libertés revendiquées par Marmoutier31. La donation de ces droits de garde et de gîte est étendue aux prieurés en février 125832. En septembre 1258, c’est au tour du roi Louis IX en personne de prendre l’abbaye de Marmoutier sous sa protection, en échange d’un droit de gîte de 60 livres33. Dix ans plus tard, le conflit refait surface quand le comte de Blois revendique la garde du prieuré de Morée, dont le prieur dit qu’elle appartient au roi34. En 1291, quand Marmoutier et la comtesse de Blois s’affrontent devant le Parlement de Paris, le procureur de l’abbaye tourangelle avance que cet établissement est « sous la garde spéciale » du roi35. La question de la garde est donc depuis longtemps au cœur des préoccupations de Marmoutier. Mais, à la fin du xiiie siècle, il est admis que la protection royale accordée à un établissement placé à la tête d’un ordo ne s’étend pas à ses membres36. En conséquence, les droits de garde seigneuriaux sont garantis. Si l’abbaye de Marmoutier ouvre les hostilités en 1303, elle prend acte et profite de l’ordonnance de réformation du royaume édictée le 18 mars par Philippe le Bel. Celui-ci affirme vouloir, comme ses prédécesseurs, « protéger et conserver les églises, monastères, prélats et toutes les personnes ecclésiastiques37 ». À l’article 4, il ajoute que cette disposition doit être également exécutée par les hommes qui se trouvent à la tête des grands fiefs38, et à ce titre, concerne le duc de Bretagne. Or, cette « super-ordonnance de réforme » administrative vise avant tout à traiter les plaintes exprimées par les clercs du royaume39. Le 28 avril, Marmoutier bénéficie d’une protection sur mesure quand le roi de France, s’adressant à tous ses officiers, affirme que « l’abbé et le convent de Marmoutier de Tours, avec tous leurs membres, [sont] en notre garde spéciale40 ». Or, depuis le xie siècle, Marmoutier est devenue un ordo contrôlant des dizaines de dépendances et dont le rayonnement s’étend sur tout le quart nord-ouest du royaume de France41. Ce n’est donc pas un hasard si, en cette année 1303, Marmoutier et ses prieurés entament leur action contre la garde ducale.

  • 42 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 113/1, fo 79 vo-80 vo, no 65 (Launay V., Le roi en son duché…, op (...)
  • 43 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/5 (ibid., p. 887, no 37).
  • 44 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 106-108.

9Malgré les consignes de fermeté données par le roi quant au respect des droits ducaux sur la garde des prieurés dépendant de Marmoutier, le conflit se propage à d’autres établissements monastiques bretons parmi lesquels figurent de prestigieuses abbayes du nord de la principauté. En 1306, le bailli de Coutances se voit dans l’obligation d’annuler un acte du vicomte d’Avranches qui déclare l’abbaye Saint-Aubin des Bois sous la sauvegarde royale et contraint divers sujets du duc à fournir « asseurement » aux religieux42. Deux ans plus tard, ce même bailli reçoit l’ordre de réprimer les usurpations commises au préjudice du duc au sujet de l’exécution des lettres de garde de l’abbaye de Beaulieu43. Or, depuis le début du règne de Philippe le Bel, les abbayes du royaume sont nombreuses à se réclamer de la garde royale, malgré le rôle modérateur joué par le Parlement de Paris qui tend à préserver les droits seigneuriaux44.

  • 45 « Enquête sur un conflit à Saint-Malo. 1308. Titre au vo Articuli super commiss. contra regem vel e (...)
  • 46 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 85-91.
  • 47 « Enquête sur un conflit à Saint-Malo. 1308. Titre au vo Articuli super commiss. contra regem vel e (...)

10La garde royale ne concerne pas uniquement les établissements réguliers. Elle s’attache également aux églises cathédrales et aux églises paroissiales. En septembre 1308, le sergent royal Michel Fourré allègue que l’évêque de Saint-Malo et ses homologues bretons obéissent au seul roi45. Il est alors fréquemment avancé que la garde des églises cathédrales et de leur temporel est une prérogative royale dans la mesure où celles-ci seraient de fondation royale46. Plus loin, il dit avoir ajourné le vicomte du Faou, dans le Léon, car celui-ci a dessaisi un certain Jehan, fils d’Yvenon, chargé au nom du roi de la garde de l’église de Pleure Esquent47.

  • 48 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/10 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 905 (...)

11De plus, le roi se retrouve en position d’arbitre dans tous les différends opposant le duc de Bretagne aux institutions ecclésiastiques. En 1312, Philippe IV demande au bailli de Coutances de se faire représenter à Saint-Pol de Léon au rendez-vous fixé entre le duc et les chanoines de l’église cathédrale pour régler des tensions relatives à diverses dîmes48. L’officier doit assister à l’enquête demandée par le chapitre afin d’en faire le compte rendu devant le Parlement de Paris, lors des jours de Normandie.

  • 49 Bibl. nat. de France, ms. latin 54413, p. 267 (ibid., p. 896, no 41).
  • 50 Arch. dép. des Côtes-d’Armor, H 423/2, 1312 (ibid., p. 906, no 46).
  • 51 Forcadet P.-A., Conquestus fuit Domino regi : Étude sur le recours au roi de France d’après les arr (...)

12Pendant de nombreuses années, le roi reconnaît au duc la possession de la garde des églises et, par conséquent, intime l’ordre à ses agents de les respecter. Toutefois, à chaque fois, l’affaire est portée devant le Parlement de Paris. C’est donc, en dernier ressort, le pouvoir royal qui tranche. Vers la fin de son règne, Philippe le Bel met fin à ce double jeu. Il voit en l’Église, et plus particulièrement dans les prérogatives inhérentes à la garde des églises, un vecteur lui permettant d’étendre son autorité sur l’ensemble de son royaume. D’ailleurs, à partir de 1310, le duc Arthur II semble écarté des affaires portées par les prieurés de Marmoutier. En 1311, il n’est jamais question de lui dans l’acte de Philippe IV par lequel celui-ci indique que la paix doit être faite sans amende entre le prieur de Léhon et un certain Odon Capin49. Il en est de même quand, en 1312, au titre de la garde qu’il exerce sur Saint-Martin de Lamballe, le roi exige de son bailli de Coutances qu’il impose à Alain du Plessis la restitution d’une terre enlevée au prieuré de Marmoutier50. Cette politique est clairement liée à la volonté du pouvoir royal de s’implanter territorialement chez ses barons. D’ailleurs, au xiiie siècle, la localisation des affaires de garde en périphérie du royaume laisse deviner le projet qu’est celui de l’administration royale51.

  • 52 Théry J., « Le pionnier de la théocratie royale. Guillaume de Nogaret et les conflits de Philippe l (...)
  • 53 Histoire du différend d’entre le pape Boniface VIII et Philippes le Bel, roy de France, éd. P. Dupu (...)
  • 54 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 193-196.
  • 55 Bibl. nat. de France, ms. fr. 5512, fo 11 vo-12, no 14 (1307, 1er mars) ; Arch. dép. de Loire-Atlan (...)
  • 56 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 194.
  • 57 Krynen J., L’empire du roi. Idées et croyances politiques en France xiiie-xve siècle, Paris, Gallim (...)
  • 58 Lehugeur P., Histoire de Philippe le Long, roi de France (1316-1322), op. cit., t. I, p. 342-344.

13Elle doit également être mise en rapport avec le conflit qui oppose Philippe IV à la papauté. Ce n’est peut-être pas un hasard si les tensions entourant les prieurés de Marmoutier débutent en 1303, au moment où se cristallise la lutte entreprise par le pouvoir royal contre le pape Boniface VIII. Certes, les conflits de juridiction opposant les rois de France et la papauté ne sont pas nouveaux52. Mais, ils adoptent un visage différent à partir de la seconde partie du règne de Philippe le Bel quand les légistes se placent sur le plan des principes et entament la rédaction de traités affirmant la supériorité des prérogatives du roi de France sur celles du pape. En 1310, Guillaume de Nogaret et Guillaume de Plaisians adressent un rapport au pape Clément V dans lequel ils affirment à l’article 3 que de nombreuses églises du royaume, et en particulier les églises cathédrales, sont en la garde spéciale du roi53. Cette politique touche encore les autorités ecclésiastiques locales à travers le système de l’avouerie54. L’évêque de Nantes doit ainsi faire face à son vassal Olivier de Sesmaisons qui avoue le roi comme son gardien et protecteur55. Il en est de même pour le prieur de Saint-Géréon56. Or, une enquête révèle que les appels de la cour épiscopale doivent être dirigés vers l’archevêque de Tours ou même Rome. Les droits du duc de Bretagne ne sont donc pas les seuls à être visés par le pouvoir royal. Celui-ci entend s’affirmer comme l’ultime échelon juridictionnel, y compris dans les affaires qui jusqu’alors relevaient de la justice pontificale. La question de la garde des églises et de la soustraction de celles-ci à toute autorité intermédiaire s’inscrit donc dans la volonté affichée par Philippe le Bel de s’accaparer ces prérogatives judiciaires, symboles de puissance, auparavant dévolues aux cours seigneuriales et ecclésiastiques57. Ses fils l’ont tout aussi bien compris : une multitude d’églises, situées partout dans le royaume, se placent sous la sauvegarde royale durant le règne de Philippe V58.

L’enquête de 1313 : un défi lancé au duc Jean III

  • 59 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 211.
  • 60 « Enquête sur les droits du roi sur certains établissements ecclésiastiques en Bretagne. 1312 (Arch (...)

14Comme dans bien d’autres domaines, l’enquête est le procédé privilégié pour établir qui est le détenteur de la garde59. Outre celles, ponctuelles, déjà évoquées, une large enquête est menée à partir de février 1313 dans le duché de Bretagne60. Les contours géographiques dessinés par cette enquête restent limités (annexe 1). La liste des vingt-et-un établissements représentés et auditionnés révèle d’ailleurs un certain éclectisme. On recense :

  • des évêques : Tréguier et Saint-Brieuc ;

    • 61 Dans cette enquête, il est fait mention du « prieur du prieuré de Saint-Malo ». Deux possibilités s (...)

    des chapitres cathédraux : Saint-Brieuc, Saint-Malo61 et Dol ;

  • des abbayes appartenant à divers ordres religieux : Cisterciens, Prémontrés, Augustiniens, Bénédictins ;

  • des prieurés dépendants d’abbayes extérieures à la Bretagne : Marmoutier et Saint-Florent de Saumur ;

  • un prieuré appartenant à une abbaye bretonne, Saint-Melaine de Rennes ;

  • une commanderie hospitalière.

  • 62 Arch. dép. des Côtes-d’Armor, H 420 (1308) (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 8 (...)
  • 63 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 67.

15Les établissements entendus dans le cadre de cette enquête n’ont donc pas été choisis en fonction de leur appartenance à telle ou telle obédience. Seul un espace géographique est concerné : des églises des diocèses de Tréguier, Saint-Brieuc, Saint-Malo et Dol témoignent de leur appartenance à la garde royale tandis que celles dépendant des autres évêques bretons sont absentes. Alors que les prieurés de Marmoutier ont un rôle précurseur, tous n’apparaissent pas. La dépendance de Saint-Martin de Josselin, pourtant située dans le diocèse de Saint-Malo, n’est pas citée. La proximité du Vannetais et de Ploërmel, cœur du pouvoir ducal, en est peut-être la raison. Toutefois, la vraie raison semble ailleurs. Comme le prouve un récépissé du versement d’une décime biennale en 1308, le prieuré Saint-Magloire de Léhon constitue la tête d’un réseau secondaire de dépendances qui s’étend jusqu’à Morlaix62. Des chapitres cathédraux apparaissent également pour la première fois. Or, depuis longtemps, le roi prétend disposer de la garde des églises cathédrales63.

  • 64 Dejoux M., Les enquêtes de Saint Louis. Gouverner et sauver son âme, op. cit., p. 167-174.
  • 65 Pouillés de la province de Tours, éd. A. Longnon, Paris, Imprimerie nationale, 1903, p. 339-341 (Tr (...)
  • 66 Lunven A., Du diocèse à la paroisse. Évêchés de Rennes, Dol et Alet/Saint-Malo (ve-xiiie siècle), o (...)
  • 67 Pouillés de la province de Tours, éd. citée, p. 356. Il s’agit des prieurés Saint-Martin de Lamball (...)
  • 68 Ibid., p. 360-361.
  • 69 Ibid., p. 339.
  • 70 Coativy Y., Aux origines de l’État breton, op. cit., p. vi-vii, fig. 7 à 9.
  • 71 Dejoux M., Les enquêtes de Saint Louis. Gouverner et sauver son âme, op. cit., p. 165-167.

16Le cadre diocésain semble donc opérant. Il est déjà celui emprunté par les enquêteurs mandatés par le roi Louis IX lors des grandes tournées d’enquêtes de 1247-124864. Ceux-ci se voient confier une aire comprenant entre trois et cinq diocèses qu’ils quadrillent en fonction des circonscriptions religieuses (archiprêtres, doyennés, paroisses) et/ou civiles (vicomtés en Normandie ; chefs-lieux de prévôtés après 1254). Qu’en est-il pour cette enquête de 1313 ? Il est difficile d’établir une cartographie des divisions territoriales des diocèses pour le début du xive siècle. L’analyse de comptes datés de 133065, cartographiés pour les diocèses de Saint-Malo, Dol et Rennes66, montre que de nombreux prieurés sont évités. Dans certains cas, il est possible que le cadre des archidiaconés ait servi de référence à des enquêteurs qui, ne l’oublions pas, connaissent parfaitement les lieux. Dans le diocèse de Saint-Brieuc, les quatre établissements réguliers de l’archidiaconé de Goëlo sont mentionnés67. Dans le diocèse de Saint-Malo, toutes les dépositions ont lieu dans l’archidiaconé de Dinan. Celui de Porhoët est complètement évité68 : aucun établissement appartenant aux doyennés de Porhoët, de Saint-Malo de Beignon et de Lohéac n’est cité dans l’enquête. Les représentants de l’abbaye Saint-Méen, qui ressort du doyenné de Montfort dans l’archidiaconé de Porhoët, se transportent à Dinan pour y déposer. Toutefois, là encore, il est impossible de plaquer un schéma identique sur tous les diocèses : six prieurés cités dans le compte de 1330 ne sont pas mentionnés dans l’enquête69. Par ailleurs, les enquêteurs ne semblent pas s’être attachés à suivre le ressort des baillies ducales aux xiiie et xive siècles70. Par contre, sans que cela soit exclusif, bon nombre des établissements ayant déposé sont situés dans le domaine ducal, non loin de châteaux ducaux. La spécificité de la Bretagne semble jouer un rôle majeur dans le maintien d’un cadre territorial, sinon diocésain, ecclésiastique. Dans le royaume, la situation est très différente depuis la fin du xiiie siècle. Si les enquêtes de Louis IX adoptent le cadre diocésain, les ressorts administratifs des bailliages et des sénéchaussées constituent plus tard le socle de l’espace de l’enquête générale princière71.

  • 72 « Suite de l’enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 263) », éd. (...)

17L’enquête est menée en quatre temps. Le 27 février, les enquêteurs sont à l’abbaye de Beauport où ils entendent la déposition de l’abbé72. Deux jours plus tard, ils sont à Beaulieu, d’où ils se dirigent vers Dol. Là, ils se rendent dans les divers établissements de la région, remontent vers Saint-Malo avant de se fixer à Dinan du 8 au 11 mars. Ils visitent les deux prieurés de Marmoutier et reçoivent les représentants d’autres établissements. Ainsi, ceux des abbayes bénédictines de Saint-Jacut et de Saint-Méen sont auditionnés dans la demeure des Frères Prêcheurs de Dinan le 10 mars. De là, ils prennent la route de Saint-Brieuc et s’arrêtent, au cours de la même journée, dans les prieurés de Jugon et de Lamballe. Vient ensuite la troisième phase de l’enquête, située cette fois dans le diocèse de Tréguier où, du 23 au 25 mars, sont entendus l’évêque, l’abbé de Bégard et enfin les religieux des établissements guingampais. Enfin, au tournant des mois de mars et avril, les enquêteurs sont à Saint-Brieuc où ils reçoivent les moines de Saint-Aubin des Bois et les Hospitaliers de Quessoy. Certaines auditions se déroulent dans le manoir d’Yves Le Prévôt, chanoine de Saint-Brieuc.

  • 73 Plus de 15 kilomètres à vol d’oiseau séparent les deux établissements. Si l’on considère que l’allu (...)

18La précision du rapport est telle qu’il est possible de reconstituer la journée de ces enquêteurs itinérants. Les auditions menées le samedi 10 mars dans le prieuré de Saint-Magloire de Léhon débutent tôt, avant l’office de prime. Puis, ils s’installent chez les Dominicains de Dinan où ils reçoivent, aux alentours de midi, les représentants de Saint-Jacut et ceux de Saint-Méen. Le lendemain matin, toujours avant prime, les moines de Boquen viennent à leur rencontre avant qu’ils ne prennent la route de Jugon. Ils y arrivent probablement dans l’après-midi car, le 12 mars, c’est très tôt qu’ils entendent la déposition du prieur du lieu, après prime. Ils ne s’attardent pas et, peu après tierce, ils sont à Saint-Martin de Lamballe73.

  • 74 « Enquête sur la garde des églises de Bretagne, 1312 (Arch. nat., J 241, no 26) », éd. citée. Il es (...)
  • 75 Les notaires apostoliques et impériaux tiennent leur investiture du pape. Favier J., « Notaire, anc (...)
  • 76 Glaz M., L’entourage des évêques de Saint-Brieuc du xiiie au début du xvie siècle, op. cit., p. 83 (...)
  • 77 Glaz M., Les évêques de Saint-Brieuc de 1220 à 1525. Étude prosopographique, op. cit., p. 119, no 8

19L’enquête est dirigée par le chanoine de Saint-Brieuc Yves Le Prévôt du Boisboissel qui officie comme procureur et clerc du roi en Bretagne74. Il est assisté de deux clercs, le notaire public impérial Geoffroi Pellion75 et Guillaume Guilloron. Yves Le Prévôt de Boisboissel est même parfois accompagné de son frère, Juhel. Né vers 1280, il est un cadet issu de la famille noble des Le Prévôt, seigneurs du Boisboissel, en Saint-Brieuc76. De génération en génération, ses membres se seraient transmis l’office de prévôt de l’évêque et se seraient vus octroyer la terre du Boisboissel. Or, quelques semaines avant le lancement de cette vaste enquête, un nouvel évêque arrive à la tête du diocèse de Saint-Brieuc : Alain de Lamballe, nommé le 8 janvier 1313 par le pape Clément V, à la demande du roi Philippe le Bel77. Il ne fait guère de doute que cette information sur la garde des églises bretonnes figure parmi les premières tâches dont il doit s’acquitter.

  • 78 « Suite de l’enquête sur la garde des églises de Bretagne, 1312 (Arch. nat., J 241, no 261) », éd. (...)

20Dans la synthèse faite de cette enquête, trois catégories d’églises, abbayes ou prieurés se dessinent78 :

  1. Celles qui soutiennent que les ducs de Bretagne n’ont conservé aucun droit sur eux. Pour le prouver, elles présentent des lettres émanant des ducs de Bretagne ;

  2. Un second groupe qui affirme n’avoir jamais prêté l’hommage au duc et revendique la garde royale ;

    • 79 « Suite de l’enquête sur la garde des églises de Bretagne, 1312 (Arch. nat., J 241, no 261) », éd. (...)

    Un cas particulier : l’abbé de Saint-Jacut dit avoir été injustement contraint d’obéir au duc suite à une enquête menée vingt ans plus tôt, alors que son établissement était sous la garde royale79.

  • 80 Il n’existe donc pas de logique d’appartenance à tel ou tel ordo dans les déclarations qui sont fai (...)
  • 81 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 196 et p. 213.
  • 82 Ibid., p. 175.
  • 83 « Suite de l’enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 263) », éd. (...)
  • 84 Cette abbaye a ensuite été absorbée par Beauport au moment de sa fondation en 1202 (Morin S., Trégo (...)

21Revenons sur les catégories 1 et 2. La première regroupe l’abbaye de Beauport, le prieuré de Combourg, l’abbaye Sainte-Croix de Guingamp, les Hospitaliers et l’évêque de Saint-Brieuc80. Ceux-ci apportent, ou font référence, à des documents transcrits quand cela est possible par le notaire Geoffroi Pellion, censés justifier des droits et libertés concédés par les comtes et ducs de Bretagne. Là encore, la pratique est courante81. Toutefois, aucun déposant ne livre de lettres de garde royale qui auraient été octroyées par le pouvoir capétien. Pourtant, depuis le règne de Philippe Auguste, elles ne manquent pas82. Quand il est conservé, l’acte de fondation figure dans les pièces présentées. Ainsi, l’abbé de Beauport présente un vidimus de celle célébrant la fondation de son établissement par le comte Alain de Goëlo en 120283. La troisième et dernière lettre est la confirmation par le duc Jean Ier de toutes les concessions faites précédemment à l’abbaye et l’abandon de tous les droits, seigneurie, haute et basse justice qui sont les siens. Mais le premier document transcrit pose problème. Il s’agit à l’origine d’un acte de 1189 par lequel Alain de Goëlo confirme les donations faites à l’abbaye Saint-Rion84 et déclare les prendre sous sa protection. Or, la version copiée par Geoffroi Pellion ne correspond pas à celle-ci. Les mentions de Notre-Dame de Beauport sont ajoutées à celles de Saint-Rion et, surtout, la date de l’acte a été modifiée pour désormais décrire des faits qui se seraient déroulés en 1202, après la fondation de Beauport. Il est probable que le document présenté au notaire soit apocryphe. Cela dénote probablement le souhait, pour les moines de Beauport, d’inclure l’ensemble des biens et dépendances de la fondation primitive sous la garde royale.

Vidimus de juillet 1219 par Rainaud, évêque de Quimper, lors d’une visite effectuée à l’abbaye de Beauport
(édité par dom Morice, « pris sur l’original, à Beauport », Preuves, éd. citée, t. I, col. 843-844).

Enquête de 1313
(Arch. nat., J 241, no 263)
(éditée par É. Lalou et X. Hélary)
En gras : les ajouts apportés à l’original

R. Dei gratia Corisopitensis episcopus, omnibus S. Matris Ecclesie filiis presens scriptum visuris vel audituris, salutem. Noverit universitas vestra quod, cum per Goloiam transitum facientes ad dilectam nobis valde S. Marie de Belloportu abbatiam descendissemus, tractatis quibusdam ejusdem domus negotiis, inter alia scripta donationum et confirmationum instrumenta, vidimus, tenuimus, et diligenter inspeximus et legimus quamdam paginam sigillo nobis quondam viri Alani filii Comitis firmiter et decenter herentem et tenentem, in hec verba :

Notum sit omnibus, tam presentibus quam futuris, quod ego Alanus Henrici Comitis filius recepi in protectione mea omnia que ad S. Rionem spectare noscuntur, terram, homines, alia jura sua et dona que ab antecessoribus meis et ab aliis hominibus in elemosinam predicto S. Rioni et fratribus illius loci data sunt et danda, et concessi eisdem homines quos aliunde adduxerint. Preterea donavi S. Rioni et concessi, amore Dei et caritatis intuitu, quantum terre remanet post maris retractationem circa insulam S. Rionis pro territorio, prestito Dei ad Evangelia Sacramento quod pro posse meo insulam et totum territorium defenderem, et hoc primus juravi. Alanus filius Urvoi Rufi, Herveus Clericus, Willelmus de Filgeriis, Boferus filius Johannis, Henricus filius Alani, Teren prepositus, prepositus de Lanvolon et Glemarec filius Walteri Dimanac, et Oliverius filius Radulphi, Gaufredus filius Alfredi, Domina Petronilla uxor Domini Alani, Alienor sponsa domini Conani, et alii multi juraverunt. Et ut hoc donum ratum permaneat, illud nostri sigilli munimine roboravimus et nostro scripto confirmavimus. Carta ista facta fuit opido eo anno quo Rex Ricardus promotus fuit in Regem.

Cum autem quidam frater predictam cartam coram nobis deferet integram cum impressione sigilli pargameno fideliter adherentis, accidit ut predictum sigillum frangeretur, et hoc vobis presentium testimonio duximus declarandum. Hoc autem vidit B. camerarius P. ducis Britannie tunc temporis in Trecoria senescallus, et sigillum suum apposuit huic carte. Insuper A., magister scholarum Corisopitensis sigillum suum in testimonium hujus rei apposuit. Hoc et viderunt plures alii, tam clerici mei illius loci, quam extranei. Actum est hoc anno Dom. mccxix, mense Julii.

Forma vero prime littere talis est ut sequitur :

Notum sit omnibus, tam presentibus quam futuris quod ego Alanus Henrici comes filius recepi in protectione mea omnia que ad Sanctum Rionem et ad Sanctam Mariam de Belloportu spectare noscuntur, terram et homines et alia jura sua et dona que ab antecessoribus meis et ab aliis hominibus in elemosina predictis locis et fratribus eorundem locorum data sunt et danda. Et concessi eisdem homines quos aliunde aduxerint. Preterea donavi eis et concessi, amore Dei et caritatis intuitu, quantum terre remanet post maris retractationem circa insulam Beati Rionis pro territorio, prestito Dei ad evangelia sacramento quod pro posse meo hec omnia suprascripta defenderem et manutenerem. Et hec primus juravi. Et Alanus filius Urvey Rufi, et Herveus Clericus et Guillelmus de Fulgeriis et Boserus filius Johannis et Henricus filius Alani, et Teren prepositus et prepositus de Lanvolon et Glemarec filius Galteri Dimanac, et Oliverius filius Radulphi et Gaufredus filius Aufredi, et domina Petronilla, uxor mea, et Alienor sponsa domini Conani, et alii multi juraverunt et in hoc donum ratum permaneat et inviolabile illud mei sigilli munimine roboravi et presenti scripto confirmavi. Actum hoc anno ab Incarnatione Domini MoCCoIIo.

  • 85 « Enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 26) », éd. citée.
  • 86 « Chartes de Conan IV, duc de Bretagne, relatives aux biens de l’Ordre du Temple et de l’Ordre de S (...)
  • 87 Colin F., « Quand l’historien doit faire confiance à des faux : les chartes confirmatives de Conan  (...)
  • 88 « Enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 26) », éd. citée.
  • 89 Actes de Jean Ier, duc de Bretagne (1237-1286), éd. citée.

22Cette enquête livre d’autres exemples de textes apocryphes volontairement présentés comme des preuves. Le frère Geoffroi Beit-Liau justifie l’exemption de la juridiction ducale dont auraient bénéficié les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem en Bretagne par une charte du duc Conan IV donnée en 1160. Mais, malgré la promesse de présenter plusieurs chartes, il n’offre à la plume de Geoffroi Pellion qu’un seul et unique document. Il s’agit d’un vidimus, rédigé le 13 février 1312 par l’official de Saint-Brieuc, lui-même transcrit à partir d’un autre vidimus, cette fois-ci écrit au nom de l’évêque de Dol Jean Mahé en 127785. Or, il s’avère que la confirmation effectuée par Conan IV est un faux dont le caractère apocryphe n’est plus à prouver86. Si Anatole de Barthélemy situe la forgerie à la fin du xiiie siècle, il convient probablement de la repousser à 1312, à un moment où les Hospitaliers espèrent bénéficier de la sauvegarde royale87. Ailleurs, l’abbé de Sainte-Croix de Guingamp présente un acte donné par le duc Jean Ier en septembre 1254 que le notaire recopie partiellement88. Or, il n’en est fait aucune mention dans la récente édition des actes de ce prince89. Ces quelques exemples démontrent que les représentants des églises auditionnées n’hésitent pas à produire des faux pour justifier de leurs prétentions.

  • 90 « Suite de l’enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 261) », éd. (...)
  • 91 « Enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 26) », éd. citée ; voir (...)
  • 92 « Enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 26) », éd. citée.
  • 93 Ibid. « religiosus vir prior prioratus de Lehon juxta Dinannum ordinis Majoris Monasterii Turonensi (...)
  • 94 Annales ordinis Sancti Benedicti, éd. J. Mabillon, Paris, 1706, vol. III, p. 720-721. Pour le comme (...)
  • 95 Recueil des actes de Philippe Auguste, roi de France, t. I, 1er novembre 1179-31 octobre 1194, éd. (...)

23La seconde catégorie regroupe des établissements qui, comme les précédents, assurent être exempts depuis toujours de toute juridiction ducale et ne jamais être entrés dans la fidélité et l’hommage du duc. Surtout, ils affirment être en la garde du roi, parfois depuis toujours, en « avouant » la suzeraineté de ce dernier90. L’abbaye de Beaulieu présente trois lettres complètes justifiant des libertés que lui auraient concédées Geoffroi Plantagenêt puis la duchesse Constance avant de citer un acte de Conan IV91. Puis, usant du système de l’avouerie, l’abbé assure que son établissement appartient à la garde royale92. La plupart des établissements prétendent être sous la garde royale, sans toutefois en apporter la preuve formelle. L’abbé de La Vieuville, citant des lettres du roi qu’il ne montre pas, argue de la protection royale accordée à l’ordo cistercien. Le prétexte de la fondation royale est également employé. Ainsi, le prieur de Saint-Magloire de Léhon prétend que son établissement « a été fondé, entretenu et doté par le roi et que le territorium de son prieuré a, de toute antiquité, été totalement exempt de la juridiction du duc de Bretagne et des barons93 », avant de promettre, lui aussi, de montrer les lettres prouvant ses dires et d’en établir une copie en temps voulu. Les moines de Saint-Magloire se sont peut-être souvenus des faits relatés dans les Annales bénédictines selon lesquelles, au début du xie siècle, le comte Bérenger se serait rendu à Paris pour y rencontrer le roi Robert II le Pieux qui aurait émis le vœu que l’ancienne abbaye carolingienne, ruinée par les Normands, soit restaurée94. Ils ont plus sûrement fait référence à l’acte par lequel Philippe Auguste reconnaissait la soumission de Saint-Magloire de Léhon à Marmoutier en 118195.

  • 96 Forcadet P.-A., Conquestus fuit Domino regi : Étude sur le recours au roi de France d’après les arr (...)

24Cette enquête révèle donc l’existence d’un maillage d’églises qui se placent sous la protection du roi. Au-delà des pôles ecclésiastiques, une multitude de terres et de biens qui en dépendent entrent dans un champ juridictionnel au sein duquel les agents royaux ont toute latitude pour intervenir96. Cette enquête constitue donc un véritable défi lancé au duc Jean III qui voit les autorités ecclésiastiques du nord du duché échapper à sa juridiction.

Les suites de l’enquête de 1313 : la garde des églises, une question qui demeure au cœur du conflit juridictionnel opposant duc de Bretagne et pouvoir royal

  • 97 Anciens évêchés de Bretagne, éd. citée, t. III, p. 315, no V. Cet acte, non daté, est situé à l’ann (...)

25À court terme, le contexte se veut favorable aux prétentions du duc Jean III. Rompu aux joutes judiciaires, il entend poursuivre le combat sur le terrain du droit et entame, semble-t-il, des négociations avec des établissements cités dans l’enquête. Sa réaction est rapide : dans les semaines qui suivent, il réaffirme devant l’abbé de Saint-Aubin-des-Bois la primauté de la cour ducale97. Les deux parties conviennent que les moines doivent obéissance au duc pour tous les biens acquis de lui et, qu’en cas de litige, le conflit soit porté devant la justice ducale. L’abbaye reste libre pour ses biens acquis de longue date comme les bâtiments conventuels, les granges et la forêt de Lanmeur. Mais, elle s’engage à ce que les éventuels procès qui auraient lieu autour de ces biens soient portés devant une cour d’église, et non devant la justice royale qui n’est même pas mentionnée.

  • 98 Le contexte de ces années a d’ailleurs semblé propice à des faussaires du milieu du xve siècle pour (...)
  • 99 Ord., t. I, p. 620-625 ; Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., (...)
  • 100 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 113/1, fo 19 vo, no 15 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit.(...)

26La mort de Philippe le Bel en octobre 1314 et les difficultés rencontrées par son fils Louis X offrent à Jean III l’opportunité d’exposer la totalité de ses griefs à l’encontre du pouvoir royal98. Le roi lui répond, en mars 1315, par une ordonnance touchant principalement aux privilèges judiciaires du duc qu’il promet de respecter. Face à l’affirmation assénée par le duc selon laquelle la garde est de son ressort, le souverain lui annonce qu’une nouvelle enquête sera diligentée99. Mais, l’usage réitéré du procédé de l’information montre que le roi n’entend pas abandonner ces droits aussi facilement que le souhaiterait le duc. Une enquête est ordonnée le 4 mai suivant100, sans que ses suites ne soient connues.

  • 101 Arch. dép. des Côtes-d’Armor, H 423/2, no 44 (ibid., p. 928, no 55).
  • 102 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 113/1, fo 92, no 82 (ibid., p. 872, no 29).
  • 103 Bibl. nat. de France, ms. fr. 22322, p. 221 (ibid., p. 954, no 69).
  • 104 Bibl. nat. de France, ms. fr. 22322, p. 221 (ibid., p. 980, no 81).
  • 105 Bibl. nat. de France, ms. fr. 22322, p. 220 (ibid., p. 981, no 82).
  • 106 Olim, t. II, p. 657-658, no XI.
  • 107 Gantier O., « Recherches sur les possessions et les prieurés de l’abbaye de Marmoutier du xe au xii (...)

27Toutefois, rapidement, tout indique que rien ne change et que la question de la garde des églises demeure au cœur du conflit juridictionnel opposant duc de Bretagne et pouvoir royal. Dès le 29 mai, Louis X assigne Jean III devant le Parlement afin qu’il s’explique sur ses prétentions à forcer le prieur de Saint-Martin de Lamballe à lui rendre l’hommage de la terre du Petit-Carlem, alors que le prieuré est sous la garde spéciale du roi101. En novembre 1316, suite à une plainte de Jean III, le bailli de Tours est chargé d’ajourner au prochain parlement les religieux de Saint-Malo de Dinan102. En 1319, le prieur de Saint-Magloire de Léhon obtient l’ajournement de Geoffroi de Montfort en l’assise d’Avranches car son établissement est « en la speciale garde du Roy103 ». Cinq ans plus tard, à la requête du prieur de Léhon, le recteur de Plourhan, dans le diocèse de Saint-Brieuc, doit répondre devant le bailli de Coutances104. En 1325, parce que ce dernier n’assure pas correctement la défense du prieuré de Saint-Malo de Dinan, le roi Charles IV ordonne au bailli de Tours de faire cesser les attaques dont le prieur se plaint105. Ni le roi ni Marmoutier n’abandonnent l’idée de placer les prieurés bretons du monastère tourangeau sous la garde royale. D’ailleurs, au-delà du cas breton, la question reste au cœur des préoccupations de l’ordo de Marmoutier. En 1318, quand le comte de La Marche prétend exercer les prérogatives de la garde sur le prieuré de La Celle-en-Brie106, situé dans le diocèse de Meaux, l’affaire est portée devant le Parlement de Paris qui maintient cette dépendance sous la protection royale107.

  • 108 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 59/2 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 829, (...)
  • 109 Études et documents sur l’histoire de Bretagne (xiiie-xvie siècles), éd. G. Mollat, Paris, Champion (...)
  • 110 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 113/1, fo 89, no 77 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., v (...)
  • 111 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 79/1, fo 11 vo, no 15 (Histoire de l’abbaye de Sainte-Croix de Qu (...)
  • 112 Quaghebeur J., « Institutions, société, vie quotidienne », in Cartulaire de Sainte-Croix de Quimper (...)
  • 113 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 79/1, fo 11 vo, no 15 (Histoire de l’abbaye de Sainte-Croix de Qu (...)
  • 114 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 79/1, fo 10 vo, no 13 (ibid., p. 622, no XXXVII). « Philippus Dei (...)
  • 115 Anciens évêchés de Bretagne, éd. citée, t. IV, p. 289-290, no XXV. Le conflit autour de Saint-Jacut (...)
  • 116 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 59/1 (Preuves, t. I, col. 1367).
  • 117 Le 20 novembre 1346, le roi Philippe VI s’adresse au bailli de Coutances et au vicomte d’Avranches (...)

28Pour mieux convaincre le roi du bienfondé des revendications, la chancellerie ducale n’hésite pas à forger une charte apocryphe qu’elle fait vidimer en 1323 par le garde de la prévôté de Paris afin de lui conférer une réelle autorité : en 1279, un privilège aurait été octroyé à Jean Ier par le roi Philippe III, par lequel il l’assure ne pas vouloir lui ôter « la seigneurie et obéissance » des prélats et du clergé breton dans la mesure où « la garde des églises cathedrales, et autres de son dit pays » lui appartient108. Malgré de tels procédés, les conflits de juridiction demeurent. En 1322, le roi Philippe V et le duc Jean III s’adressent tous deux au pape Jean XXII et prennent le parti de l’abbesse de Saint-Sulpice, chassée de son monastère par les moines et les moniales de l’établissement109. En 1324, le procureur du duc se plaint, une nouvelle fois, des prétentions royales sur l’abbaye de Beaulieu110. L’avènement de Philippe de Valois ne règle en rien la question, ni ne freine le zèle des officiers royaux. En 1329, l’abbé de Sainte-Croix de Quimperlé, se plaint au roi des efforts de certains d’entre eux qui lui ont imposé la réception d’un moine au sein de leur communauté111. Pour justifier sa colère, il argue que son établissement n’est pas en la garde spéciale du roi. Or, cet établissement a été fondé au xie siècle par le comte de Cornouaille, Alain Canhiart, le père du duc Hoël112. Le roi n’en reste pas là et enjoint à son bailli de Coutances et au vicomte d’Avranches de vérifier si l’un de ses prédécesseurs ne serait pas à l’origine de Sainte-Croix de Quimperlé et, à ce titre, s’il n’aurait pas des droits de garde113. Sans doute a-t-il pu s’appuyer sur la lettre adressée en octobre 1310 par Philippe IV à son gendre le roi d’Angleterre dénonçant les dommages subis par les moines de Quimperlé à Belle-Île à la suite d’attaques anglaises. Le roi de France y dit clairement que l’établissement est « en sa garde spéciale114 ». En 1332, Philippe VI s’adresse aux mêmes et leur commande de placer l’abbaye Saint-Jacut sous la protection royale115. En 1333, un conflit opposant l’évêque et le chapitre de Saint-Malo contraint le roi de France à reconnaître que la garde de l’église appartient au duc tout en concédant avoir accordé des lettres de garde au prélat116. La politique royale offensive sur la question de la garde des églises est désormais bien assumée par le nouveau roi Philippe VI et tout indique que les péripéties juridiques se poursuivent durant de très longues années117.

L’Église de Bretagne, le duc de Bretagne et les grandes crises du règne de Philippe le Bel

  • 118 Théry J., « Une hérésie d’État. Philippe le Bel, le procès des “perfides templiers” et la pontifica (...)
  • 119 Théry J., « Le gouvernement romain de la Chrétienté autour de 1206 : Innocent III et les débuts de (...)

29À partir de 1301, trois grandes affaires formant une « même séquence » opposent Philippe le Bel à la papauté118. La première voit le roi de France faire arrêter l’évêque de Pamiers, Bernard Saisset, nommé peu de temps auparavant par le pape Boniface VIII. Le conflit prend un tour nouveau par la violence des mesures mises en œuvre contre ce même pape. Enfin, en 1307, Philippe le Bel et ses conseillers s’emploient, avec succès, à détruire l’ordre des Templiers. Les points communs entre ces trois affaires sont nombreux. Ainsi, la même accusation d’hérésie est portée contre tous les mis en cause. Le dessein du roi de France est alors limpide : prouver la supériorité de la juridiction royale sur la juridiction pontificale dans son royaume et, au-delà, incarner la fonction de protecteur de la foi chrétienne, en lieu et place du pape. Cette stratégie aboutit à désintégrer l’idéologie et les instruments de la théocratie pontificale patiemment mis en place depuis le début du xiiie siècle119.

L’Église de Bretagne dans le conflit opposant Philippe le Bel à Boniface VIII

  • 120 Sur cette assemblée, voir Decoster C., « La convocation à l’assemblée de 1302, instrument juridique (...)
  • 121 Documents relatifs aux états généraux et assemblées réunies sous Philippe le Bel, éd. G. Picot, Par (...)
  • 122 Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 354.
  • 123 Histoire du différend d’entre le pape Boniface VIII et Philippes le Bel, roy de France, éd. citée, (...)

30Depuis quelques années, notamment grâce aux travaux de Julien Théry, le conflit opposant Philippe le Bel et ses conseillers au pape Boniface VIII fait l’objet d’une profonde relecture à la lumière de laquelle il convient d’observer la façon dont le duc et l’Église de Bretagne s’y inscrivent. L’année 1302 offre le visage de clerc bretons réticents à condamner le pape, et celui d’un duc dont la médiation, voulue par le pontife, ne rencontre guère d’écho auprès du roi. Afin de répondre à la bulle Ausculta Filii et à la convocation par le pape d’un concile à Rome prévu pour la fin de l’année 1302, Philippe le Bel réunit une assemblée à Notre-Dame de Paris lors de la Semaine Sainte120. C’est ainsi que le 8 avril 1302, les évêques de Nantes, de Saint-Malo, de Quimper et de Saint-Brieuc accompagnent ceux d’Angers et du Mans et l’archevêque de Tours à Paris pour être consultés par le roi. Le lendemain, ils lui font part de leurs réserves dans la mesure où, si ils sont prêts à « défendre les droits, le gouvernement et l’honneur du roi », ils souhaitent avant tout préserver « les droits et libertés de leurs Églises », mais aussi et surtout, « le salut de leur âme121 ». Ces réticences, partagées par la majorité des prélats présents, n’arrêtent pas Philippe le Bel qui les contraint à l’assurer de leur fidélité122. Le duc de Bretagne Jean II se rend également à cette réunion. Comme les nombreux barons présents, il appose son sceau à l’acte par lequel la fine fleur de l’aristocratie laïque du royaume apporte son soutien à Philippe le Bel123.

  • 124 Ibid., p. 78.
  • 125 Digard G., « Boniface VIII et les recteurs de Bretagne », Mélanges d’archéologie et d’histoire, t.  (...)
  • 126 Histoire du différend d’entre le pape Boniface VIII et Philippes le Bel, roy de France, éd. citée, (...)
  • 127 Ibid., p. 95-96.

31Pourtant, le pape publie un manifeste par lequel il justifie la conduite qui est la sienne face au roi de France. Il s’y plaint notamment de la mauvaise foi des ambassadeurs que lui a adressés Philippe le Bel et réclame de s’entretenir avec les « personnes d’honneur et de probité » que sont, à ses yeux, les ducs de Bourgogne et de Bretagne124. Sans doute espère-t-il que Jean II saura se souvenir des privilèges qu’il lui a accordés quelques mois plus tôt quand il a aboli le past nuptial et le tierçage, ces coutumes perçues par le clergé breton dont le duc voulait la suppression125. Dans sa réponse, le roi accorde bien volontiers un rôle de conseil aux princes breton et bourguignon126. Pourtant, la bulle adressée en avril 1303 par Boniface VIII à son légat le cardinal Jean le Moine laisse entendre que cette médiation reste en suspens127.

  • 128 Arch. nat., JJ 35, fo 34 vo-35, no 65 ; JJ 36, fo 23, no 62. « Hec sunt nomina prelatorum de regno (...)
  • 129 « Actes et preuves des demelez de Boniface VIII avec Philippe le Bel qui ne se trouvent point dans (...)
  • 130 Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 359.
  • 131 Digard G., Philippe le Bel et le Saint-Siège de 1285 à 1304, ouvrage posthume publié par F. Lehoux, (...)
  • 132 Strayer J. R., The reign of Philip the Fair, op. cit., p. 273-274.
  • 133 Ibid. ; Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 360-363.

32Preuve s’il en faut de l’intérêt que porte l’administration royale à l’attitude des clercs, les registres de la chancellerie royale renferment une liste des prélats du royaume qui assistent au concile de Rome débuté en novembre 1302128. Malgré l’interdiction de s’y rendre formulée le 21 octobre par le roi129, plus de la moitié d’entre eux font le déplacement130, parmi lesquels figurent les évêques de Nantes, Vannes, Quimper, Saint-Pol de Léon, Saint-Brieuc et Rennes. Georges Digard estime que Philippe le Bel a finalement donné son aval aux prélats qui se sont rendus à Rome131. Ceux-ci sont à la tête de diocèses périphériques situés en Bretagne, Aquitaine, Languedoc et Bourgogne. Les évêques du vieux domaine capétien sont pour la plupart absents et seuls quatre diocèses où le roi dispose de la régale sont représentés132. À l’occasion de ce concile, le pape promulgue la bulle Unam Sanctam par laquelle il définit clairement ce que représente, à ses yeux, la théocratie pontificale, à savoir la soumission du pouvoir temporel au pouvoir spirituel et, au-delà, celle de tout homme au pape133. Pour cette raison, celui-ci dispose du droit de juger tous les fidèles, y compris le roi de France.

  • 134 Arch. nat., JJ 36, no 41 (Documents relatifs aux états généraux et assemblées réunies sous Philippe (...)
  • 135 Documents relatifs aux états généraux et assemblées réunies sous Philippe le Bel, éd. citée, p. xiv(...)
  • 136 Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 369 ; Dejoux M., Gouverner par l’enquête au xiiie siècle. (...)
  • 137 Strayer J. R., The reign of Philip the Fair, op. cit., p. 275 ; Histoire du différend d’entre le pa (...)
  • 138 Sur les détails de cette assemblée et la convocation au concile, voir Digard G., Philippe le Bel et (...)
  • 139 Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 373.
  • 140 Strayer J. R., The reign of Philip the Fair, op. cit., p. 275-276 ; Favier J., Philippe le Bel, op. (...)

33Rapidement, Philippe le Bel et ses conseillers préparent leur riposte. Le 22 décembre, le roi convoque à Paris l’évêque de Rennes afin qu’il se joigne le 9 février 1303 aux barons et prélats pour délibérer des libertés et défense du royaume, mais aussi des églises et des personnes ecclésiastiques134. Le roi réunit deux assemblées notables au cours du premier semestre de l’année 1303. Celle du 9 février est finalement repoussée au 12 mars135. Pendant que la majorité des prélats et barons présents s’attellent à discuter des termes de l’ordonnance de réformation du royaume promulguée le 18 mars136, une dizaine de personnes se pressent autour de Guillaume de Nogaret pour souscrire à ses thèses selon lesquelles le pape a été élu frauduleusement et s’est rendu coupable d’hérésie137. Trois mois plus tard, les 13 et 14 juin 1303, une autre assemblée est réunie au Louvre138. Là encore, les prélats du Midi, de Bourgogne et de Bretagne sont absents139. Les accusations portées cette fois-ci par Guillaume de Plaisians convainquent Philippe le Bel de convoquer un concile dont un seul point serait à l’ordre du jour : déposer Boniface VIII140. Pour ce faire, Philippe le Bel doit obtenir l’adhésion des clercs.

  • 141 Arch. nat., J 490, no 715 (Dol) ; J 490, no 723 (Saint-Pol de Léon); J 490, no 739 (Nantes) ; J 490 (...)
  • 142 Arch. nat., J 490, no 714 (Dol) ; J 490, no 737 (Saint-Pol de Léon) ; J 490, no 724 (Nantes) ; J 49 (...)
  • 143 Histoire du différend d’entre le pape Boniface VIII et Philippes le Bel, roy de France, éd. citée, (...)
  • 144 L’évêque de Tréguier adhère à la convocation par un acte spécial, aujourd’hui en déficit (Documents (...)

34Dès la fin du mois de juin, le roi envoie à travers le royaume des hommes sûrs chargés d’obtenir leur soutien. La venue dans les diocèses bretons du chanoine de Dol Raoul Rousselet est annoncée dans deux séries de lettres écrites le 27 juin141, puis le 30 juillet142. Alors que les premières sont adressées aux « doyens et chapitres des collèges des églises cathédrales, aux prieurs des Prêcheurs, des Frères Mineurs et des autres religieux, aux convents, aux nobles, aux citoyens et autres personnes ecclésiastiques et séculaires », les secondes sont adressées aux évêques et aux abbés. Comment ces demandes sont-elles reçues par les clercs de Bretagne ? Si l’on en croit l’inventaire livré par Georges Picot, les diocèses du duché sont les seuls à être les destinataires d’une seconde série de lettres, qui plus est adressées cette fois-ci aux plus hautes autorités ecclésiastiques. Leurs réticences deviennent flagrantes à la lecture de l’acte daté du 27 août par lequel, malgré les injonctions du roi, les évêques de Dol, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Tréguier, Saint-Pol de Léon et Vannes déclarent vouloir prendre l’avis de l’archevêque de Tours et du duc de Bretagne143. Ce n’est finalement que le dimanche 20 octobre qu’ils adhèrent à la convocation de ce concile. Et encore, si l’évêque de Nantes vient s’ajouter à la liste, ceux de Tréguier et de Dol n’y figurent plus144.

  • 145 Arch. nat., J 482, no 183 (ibid., p. 367, no CCCLXXV).
  • 146 Arch. nat., J 481, no 105 (ibid., p. 383, no CCCCVII).

35Le mouvement des adhésions au concile est désormais lancé. Elles se multiplient jusqu’à la fin de l’année (annexe 10). Seuls les frères prêcheurs de Nantes font exception en adhérant dès le 17 août145. Ils ne font que suivre leur provincial qui, dès le 22 juillet, enjoignait les couvents dominicains de France à adhérer pour éviter l’indignation royale146. Mais, si l’on observe le rythme des adhésions à l’échelle du royaume, les établissements des diocèses bretons sont clairement les derniers à s’incliner devant la volonté royale, qui plus est très tardivement. Très affaibli à la suite de l’outrage subi à Anagni, Boniface VIII meurt le 11 octobre. Le temps que la nouvelle se répande, le flot des adhésions se tarit rapidement, sauf en Bretagne où, on l’a dit, il débute le 20 octobre et s’accélère vraiment à la fin du mois de novembre. Les ecclésiastiques bretons estiment probablement que la disparition du pape entraînera l’extinction des poursuites engagées par Philippe le Bel et ses conseillers. Il n’en sera rien.

  • 147 Arch. nat., J 485, no 310 ; J 489, no 626 ; J 489, no 642 ; J 488, no 582 ; J 485, no 347 (ibid., p (...)
  • 148 Arch. nat., J 490, no 704 (ibid., p. 298-301, no CCXVI).
  • 149 Le Livre de Guillaume le Maire, éd. C. Port, Paris, Imprimerie nationale, 1874, p. 169-186. Voir ég (...)

36Reste à s’interroger sur les raisons de ce qui s’apparente à une résistance passive de la part des ecclésiastiques bretons. Peut-être le duc de Bretagne voit-il d’un mauvais œil la politique royale à l’égard de la papauté. Rappelons qu’il doit beaucoup à Boniface VIII et qu’il est sollicité pour ses conseils, tant par ce dernier que par les évêques des diocèses bretons. Au-delà des églises bretonnes, le dilemme de l’adhésion se pose également à toutes celles dépendant de l’archevêché de Tours. Si les églises mancelles n’ont pas su, ou voulu, résister aux pressions royales147, nombreux sont les ecclésiastiques angevins qui préfèrent ne pas se prononcer. Déjà, le 30 septembre, le chapitre d’Angers déclare vouloir attendre la tenue d’une réunion organisée à Vitré par l’archevêque de Tours dont l’ordre du jour est l’adoption d’une position commune avec ses suffragants148. D’autres, comme les moines de Saint-Nicolas d’Angers, arguent de l’absence de l’abbé et du prieur pour laisser leur réponse en suspens. La question de l’adhésion se pose donc à l’échelle de l’archevêché de Tours. Un gradiant centre-périphérie peut même être observé : plus le diocèse est proche du pouvoir central, plus les adhésions sont franches et massives. Or, les prélats dépendants de la métropole tourangelle expriment depuis plusieurs années leur opposition à la pression fiscale exercée par le pouvoir royal sur les ecclésiastiques. Leur chef de file n’est autre que l’évêque d’Angers Guillaume Le Maire qui déjà, en 1299, n’hésite pas à écrire au roi de France et lui exprimer tout le mal qu’il pense, entre autres, de l’action des officiers royaux contre les libertés ecclésiastiques149.

La garde des biens des Templiers en Bretagne au cœur du conflit juridictionnel opposant duc de Bretagne et roi de France

  • 150 Josserand Ph., « Les Templiers en Bretagne au Moyen Âge : mythes et réalités », Annales de Bretagne (...)
  • 151 Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 437-439 ; Demurger A., Vie et mort de l’ordre du Temple 11 (...)
  • 152 Colin F., Templiers et Hospitaliers en Bretagne du xiie au début du xive siècle. Histoire, histori (...)

37Né à Jérusalem en 1120, l’ordre du Temple bénéficie rapidement du soutien de l’aristocratie de l’Occident chrétien, y compris en Bretagne où, dès 1128, il s’implante avec le soutien de la famille ducale150. Malgré les changements dynastiques, les liens qui unissent les ducs de Bretagne aux Templiers restent étroits jusqu’à leur extinction. Pourtant, le 13 octobre 1307, à l’aube, les commanderies templières du duché de Bretagne comme celles de l’ensemble du royaume de France sont investies par des officiers royaux et tout un personnel recruté pour l’occasion151. Cette opération de police, décidée un mois plus tôt par le roi Philippe IV, organisée dans le plus grand secret et coordonnée à l’échelle du royaume, signe le début de la longue agonie de l’ordre du Temple. Même si les sources bretonnes restent muettes sur l’arrestation des Templiers bretons, il ne fait guère de doute qu’ils ont subi le même sort que leurs frères vivant ailleurs dans le royaume et qui, comme eux, figurent dans les minutes du procès152.

  • 153 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/7 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 883, (...)
  • 154 Demurger A., Vie et mort de l’ordre du Temple 1118-1314, op. cit., p. 338 ; Barber M., Le Procès de (...)
  • 155 Théry J., « Une hérésie d’État. Philippe le Bel, le procès des « perfides templiers » et la pontifi (...)
  • 156 Barber M., Le Procès des Templiers, op. cit., p. 134.
  • 157 Le dossier de l’affaire des Templiers, éd. G. Lizerand, Paris, Honoré Champion, 1923, p. 60-61, no  (...)
  • 158 Ibid., p. 60-63. « Septimo, si forsan ex jure vel devocione principum Terre Sancte negocio applicen (...)
  • 159 Ibid., p. 68-69. « De garda autem nobis videtur ordinandum secundum quod magis expedit dicto fini.  (...)

38Le 6 mars 1308, Philippe le Bel adresse aux chevaliers Pierre de Bayeux et Jean Robert un mandement par lesquels il les charge « de lever, de collecter, d’exiger et de recevoir tous les biens mobiliers et immobiliers qui ont été ou étaient aux Templiers dans le pays de Bretagne, où qu’ils se trouvent, et, pour préserver les maisons et biens du Temple de ce pays, et pour concéder ces maisons, leurs fruits, revenus en bail à ferme153 ». La question de la garde et de la gestion des biens des Templiers est donc au cœur de ce mandement et, plus globalement, des préoccupations de Philippe le Bel154. Plutôt que de remplir les caisses du Trésor royal, Philippe le Bel aurait eu pour objectif de faire pression sur le pape et d’obtenir la poursuite du procès155. Or, en février, ce dernier a suspendu les inquisiteurs, obligeant Philippe IV et ses conseillers à faire preuve d’imagination pour parvenir à leurs fins156. Pour ce faire, ils posent une série de sept questions aux maîtres en théologie de l’université de Paris. Les deux dernières s’attachent à la dévolution des biens des Templiers : « § 6. Les biens possédés par les Templiers doivent-ils être confisqués au profit du prince dans la juridiction de qui ils sont constitués ou bien être attribués soit à l’Église, soit à la Terre Sainte, en considération desquelles ils ont été acquis ou recherchés par eux157 ? § 7. S’il arrivait qu’en vertu du droit ou par suite de la dévotion des princes, on les attribuât à la Terre Sainte, à qui la disposition, le règlement ou l’administration de ces biens doivent-ils revenir : à l’Église ou aux princes, surtout dans le royaume de France, où l’on sait que tous les biens des Templiers ont été depuis une date ancienne sous la garde et la surveillance spéciale du seigneur roi et de ses prédécesseurs158 ? » Si les maîtres de l’Université apportent une réponse claire à la question 6 – les biens des Templiers doivent être consacrés à la Terre Sainte –, ils se montrent beaucoup plus évasifs quant à la dernière : « Il nous paraît qu’en ce qui concerne leur garde, il en doit être ordonné selon ce qui convient le mieux159. » À la lecture des arguments et vocabulaire adoptés par le pouvoir royal, l’offensive juridictionnelle menée sur la question de la garde des églises prend tout son sens. La réponse des théologiens laisse, quant à elle, le roi libre de ses décisions en attendant un compromis avec le pape et Philippe le Bel ne se prive pas d’envoyer ses commissaires en Bretagne.

  • 160 Demurger A., Vie et mort de l’ordre du Temple 1118-1314, op. cit., p. 303-312 ; Barber M., Le Procè(...)
  • 161 Lizerand G., Clément V et Philippe IV le Bel, Paris, Hachette, 1910, p. 442, no 11.
  • 162 Ibid., p. 444-446, no 14.
  • 163 Arch. nat., J 414, no 8 (Documents relatifs aux états généraux et assemblées réunies sous Philippe (...)
  • 164 Arch. nat., J 414, no 14 (Recueil des actes des vicomtes de Limoges (xe-xive siècle), éd. citée, p. (...)
  • 165 Arch. nat., J 414, no 60 (Documents relatifs aux états généraux et assemblées réunies sous Philippe (...)
  • 166 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/7 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 883, (...)

39Pourtant, Pierre de Bayeux ne se présente à Nantes qu’aux aurores du samedi 10 août, soit plus de cinq mois après la rédaction du mandement royal. Ce délai exceptionnellement long pour l’exécution d’un ordre royal doit être analysé. Il peut éventuellement s’expliquer par la mobilisation de l’opinion par la convocation des « états », au cours du printemps, et les pressions exercées par le pouvoir royal sur Clément V160. Celles-ci aboutissent au début de l’été, après que ce dernier ait pu interroger pas moins de soixante-douze frères templiers, sélectionnés avec soin par leurs geôliers. Le 27 juin, comme en témoigne une lettre de Philippe le Bel, les deux hommes parviennent à un compromis au sujet des biens appartenant aux Templiers : ceux-ci, tenus jusqu’alors par le roi, doivent être placés sous la responsabilité de curateurs nommés par les évêques de chaque diocèse, mais aussi par Philippe le Bel161. Puis, le 9 juillet suivant, le pape autorise le roi à désigner ces administrateurs et surtout à conserver les revenus générés par ces biens en attendant qu’ils soient employés à une expédition en Terre Sainte162. Les autorités royales ont donc peut-être voulu attendre le blanc-seing pontifical pour mettre à exécution le mandement. De plus, il est fort probable que le duc Arthur II ait fait valoir ses droits juridictionnels. La formulation de la sixième question posée par le roi en février 1308 aux théologiens de l’université ne mentionne-t-elle pas, au sujet des biens des Templiers, « le profit du prince dans la juridiction de qui ils sont constitués » ? Or, l’affaire des Templiers débute alors que le conflit opposant le duc de Bretagne au pouvoir royal sur la garde des églises bretonnes connaît de nombreux développements. Ni le duc Arthur II163, ni son fils et héritier Jean164, n’honorent les convocations adressées par le roi les invitant à se joindre aux « états » réunis à Tours. De son côté, l’évêque de Dol, il est vrai vieillissant, argue de son infirmité pour se faire excuser165. De plus, au dos de l’acte du notaire transcrivant le mandement royal et relatant la venue des commissaires à Nantes en août, une main anonyme du début du xve siècle a ajouté que les habitants les ont « chacez et boutez » hors de la ville, en raison de l’absence de droits possédés par le roi sur les biens des Templiers qui « apartenoient e estoient confisquez au duc de Bretaigne leur Prince e Seigneur, e non a autre166 ». Si ces actes sont avérés, il ne fait guère de doute que les officiers ducaux, pour calmer les esprits, n’ont rien tenté. Par le droit, mais aussi par la force, Arthur II entend faire respecter ses prérogatives juridictionnelles.

  • 167 Demurger A., Vie et mort de l’ordre du Temple 1118-1314, op. cit., p. 319-320 ; Barber M., Le Procè (...)
  • 168 Demurger A., Vie et mort de l’ordre du Temple 1118-1314, op. cit., p. 324-325 ; Barber M., Le Procè (...)

40Réunis à Vienne à partir du 16 octobre 1311, les prélats siégeant au concile présidé par le pape Clément V n’entendent pas condamner si facilement les Templiers167. D’âpres négociations menées en février et mars 1312 entre le pape et les conseillers du roi de France, Guillaume de Nogaret, Guillaume de Plaisians et Enguerran de Marigny, n’aboutissent pas. Seule l’arrivée de Philippe le Bel le 20 mars, à la tête d’une imposante armée, contraint le concile à accéder aux demandes du pape et à se résigner à la suppression de l’ordre. Celle-ci est officielle le 22 mars lorsque la bulle Vox in excelso est promulguée. Clément V n’est toutefois pas au bout de ses peines : la remise des biens des Templiers aux Hospitaliers suscite une large désapprobation parmi les membres du concile. Une nouvelle fois, le pape choisit la voie de l’arbitraire et fait connaître sa décision le 2 mai par la bulle Ad providam168.

  • 169 Barber M., Le Procès des Templiers, op. cit., p. 376.
  • 170 Olim, t. II, p. 580-582, no XIII.
  • 171 Arch. nat., M1, dossier no 2, pièce 14 (Roger J.-M., « La prise de possession par l’Hôpital des mai (...)

41Reste maintenant aux Hospitaliers à entrer en possession de ces biens. Le mouvement s’enclenche après le 21 mars 1313 quand le prieur de l’Hôpital à Venise, représentant du grand maître de l’ordre, accepte de remettre au roi de France la somme de 200 000 livres tournois169. Une semaine plus tard, le 28 mars, le Parlement de Paris édicte un arrêt par lequel il ordonne aux baillis et sénéchaux du royaume de délivrer ces biens aux Hospitaliers170. Le jour même, Philippe le Bel adresse un mandement à son bailli de Tours Jean de Vaucelles171. Cette lettre reprend, presque mot pour mot, l’arrêt du Parlement de Paris. Elle parvient tardivement à l’officier royal, le mercredi 25 avril, soit près d’un mois après sa rédaction. Aussitôt, le bailli députe deux sergents royaux, Jocelin de Tanlay et Geoffroi Bretoneau, « ès ressort de ladite baillie ès parties de Bretaigne » qui ont pour mission de « baillez et délivrez as dits maître et frères ou aus procurours provinciaux, ministrators ou procuratours d’iceux selon la formule dudit mandement, et les en faites joir si comme les dits Templiers en joissoient en la manière et selon la forme contenuë as lettres notre sire le Roy dessus dites ».

  • 172 Com. Plédran (22, Côtes-d’Armor).
  • 173 Demurger A., Vie et mort de l’ordre du Temple 1118-1314, op. cit., p. 325 ; id., Les Templiers. Une (...)
  • 174 Com. La Feuillée (29, Finistère).
  • 175 Com. Plurien (22, Côtes-d’Armor). Morel A., La commanderie rurale de la Caillibotière, un établisse (...)
  • 176 Com. Yvignac (22, Côtes-d’Armor).
  • 177 Il était déjà question de l’affermage des biens des Templiers situés en Bretagne dans le mandement (...)

42Le mardi 22 mai, en fin d’après-midi, les deux hommes se présentent devant la maison et la chapelle du Créac’h172, dans le diocèse de Saint-Brieuc. Ce délai de deux mois entre le mandement royal et son exécution tend à confirmer la mauvaise volonté manifestée par le pouvoir royal dans la mise en œuvre de l’accord noué avec les Hospitaliers173. Ils y donnent lecture de la lettre que Jean de Vaucelles leur a adressée puis, devant plusieurs témoins, remettent la commanderie à Jean de Châlons, représentant des Hospitaliers venus de l’établissement de La Feuillée174, accompagné de Guillaume de Jamart, maître des Hospitaliers de Quimper et d’Yves Breton, leur procureur. Le lendemain, les mêmes sont à La Caillibotière175. Ils y retrouvent Fraval, à qui le bail à ferme des lieux avait été délégué. Mais, celui-ci est ajourné devant le bailli de Tours pour s’être opposé à la remise des biens aux Hospitaliers. Puis, ils se rendent le jeudi 24 mai à La Nouée176 où Alain Lebrun, le fermier de la commanderie, précautionneux, ne trouve rien à redire au mandement royal, et obtient la prolongation de son bail par Jean de Châlons177.

  • 178 Arch. nat. M1, dossier no 2, pièce 14 (Roger J.-M., « La prise de possession par l’Hôpital des mais (...)
  • 179 Anciens évêchés de Bretagne, éd. citée, t. VI, p. 218-221, no CLXXIX.
  • 180 Procès-verbal de remise de maisons diverses des templiers aux chevaliers hospitaliers de Saint-Jean (...)
  • 181 Com. Cloué (86, Vienne).

43Parmi les personnes présentes à La Nouée, la figure de Jean Le Ver, sergent royal au ressort de Bretagne, témoigne de l’intérêt porté par le pouvoir royal à ces opérations178. Un autre acteur, déjà rencontré lors de l’enquête menée sur la garde des églises, est cité : Geoffroi Pellion, ce clerc briochin, notaire public, qui certifie le procès-verbal des deux sergents royaux. Même s’il faut se méfier des effets de source, cette opération s’inscrit donc à la fois dans un cadre global – celui de la liquidation des biens des Templiers du royaume de France – et dans un cadre régional, toujours le même : le nord de la principauté bretonne. Le Nantais est également concerné par la transmission de ces biens aux Hospitaliers. Le mardi 5 juin 1313, le garde du sceau royal à Poitiers livre au maître de l’Hôpital de La Rochelle le fruit des investigations du notaire Guillaume Hervé envoyé à Ancenis pour y dresser l’inventaire des biens qui ont appartenus aux Templiers179. Or, comme le révèle un procès-verbal similaire établi pour le Poitou, ces mêmes officiers agissent sur ordre du sénéchal de Poitou180. L’avant-veille, Guillaume Hervé se charge de la remise des biens de la maison des Roches et de Toffou, situées non loin de Lusignan181, avant de remonter vers Ancenis. Les informations sont donc parcellaires. Certains biens templiers ont peut-être été détournés par des fermiers peu scrupuleux. Mais, ces quelques documents suggèrent que la remise de leurs biens aux Hospitaliers est effectuée par plusieurs agents royaux, dépendants du bailli de Tours ou du sénéchal de Poitou.

  • 182 Arch. nat. M1, dossier no 2, pièce 14 (Roger J.-M., « La prise de possession par l’Hôpital des mais (...)
  • 183 Études et documents sur l’histoire de Bretagne (xiiie-xvie siècles), éd. citée, p. 223, no XXI.
  • 184 Ibid., p. 42, no III. Le pape fait preuve d’une grande prudence car le duc Jean III n’a jamais pris (...)
  • 185 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 110/17 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 983 (...)
  • 186 Demurger A., Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, op. cit., p. 321-322.
  • 187 Carraz D., L’Ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône (1124-1312). Ordres militaires, croisade (...)
  • 188 Demurger A., Vie et mort de l’ordre du Temple 1118-1314, op. cit., p. 325 ; Barber M., Le Procès de (...)

44Même si les sources sont ténues, le pouvoir ducal ne semble avoir d’autre choix que de s’incliner face à un accord qui engage le roi, mais également et surtout le pape. Raoul, « prévôt du duc de Bretagne préposé à ces parties182 », est présent quand les sergents royaux remettent la commanderie de Créac’h à Jean de Châlons. Toutefois, quelques indices laissent à penser que Jean III observe ces Hospitaliers avec réticence. Il n’hésite pas, par la suite, à leur exprimer de nombreux reproches. En 1321, il se plaint au pape Jean XXII de l’arrêt d’une aumône instituée par un don d’une duchesse : trois fois par semaine, les pauvres pouvaient recevoir l’aumône, en pain ou en argent, et pour une valeur d’une obole, dans la maison templière de Clisson183. En 1324, le duc se voit opposer une fin de non-recevoir par le pape à plusieurs de ses demandes, dont celle de percevoir les revenus des biens de l’ordre du Temple du duché de Bretagne184. En 1325, il obtient du roi Charles IV que les Hospitaliers ne puissent plus agir en Bretagne et y obtenir le règlement de leurs dettes185. Malgré tout, la dévolution des biens des Templiers en Bretagne s’opère dans le même calendrier que dans la majeure partie du royaume, bien avant, par exemple, que le comte d’Auxerre ne confirme leur possession à l’Hôpital, en janvier 1317186. Dans la vallée du Bas-Rhône, la situation est contrastée entre, d’un côté, la sénéchaussée de Beaucaire où les Hospitaliers peuvent rapidement se rendre maître de ces biens, et de l’autre Nîmes, où le pape Jean XXII institue en 1318 une commission chargée de les leur remettre187. Même les rois de France font preuve de mauvaise volonté, à l’image de Louis X qui se refuse à rendre l’enclos du Temple de Paris188.

Des clercs bretons au service du roi

  • 189 Lémeillat M., Les gens de savoir en Bretagne à la fin du Moyen Âge fin xiiie-xve siècle, op. cit., (...)
  • 190 Chédeville A., « L’immigration bretonne dans le royaume de France du xie au début du xive siècle », (...)
  • 191 Jacques de Vitry, Histoire occidentale, traduit par Gaston Duchet-Suchaux, Paris, CERF, 1997, p. 84 (...)
  • 192 Chédeville A., « L’immigration bretonne dans le royaume de France du xie au début du xive siècle », (...)

45Faute d’université bretonne, les jeunes bretons désireux d’étudier doivent s’exiler à Angers, Orléans et, plus encore, Paris189. Depuis le xiie siècle, certains se distinguent et acquièrent le titre de maître190. Ces étudiants forment une communauté nombreuse, dont Jacques de Vitry a dépeint au xiiie siècle le caractère « inconsistant et instable », ce qui n’est peut-être rien au regard des traits dont il affuble les autres « nations » venues s’édifier au cours de disputationes : Anglais, Français, Teutoniques, Normands, Poitevins, Flamands et autres Siciliens191… Cet exil subi ouvre des horizons que certains saisissent sans hésiter. À cet égard, si les clercs d’origine bretonne officient dans le grand ouest depuis le xie siècle, ils sont désormais nombreux à résider à Paris à partir de la seconde moitié du xiiie siècle192.

Les clercs bretons dans les instances royales

  • 193 Coativy Y., Aux origines de l’État breton, op. cit., p. 70-75.
  • 194 Fleuriot L., « Quelques gloses bretonnes d’un chapelain de Philippe Auguste », in Bretagne et pays (...)
  • 195 Archives de l’Hôtel-Dieu de Paris (1157-1300), éd. L. Brièle, Paris, Impr. nationale, 1894, p. 148, (...)
  • 196 « Vie de saint Louis, par le confesseur de la reine Marguerite », Recueil des Historiens des Gaules (...)
  • 197 Ibid.

46Dès le règne de Philippe Auguste, les clercs bretons ayant servi le roi de France toute ou partie de leur vie sont nombreux193. La figure de Guillaume Le Breton vient tout de suite à l’esprit. Connu pour son œuvre littéraire rédigée à la gloire de Philippe Auguste, dont il a été le chapelain, il est né en 1166 dans le Léon, avant d’arriver à Mantes vers l’âge de douze ans194. Moins connu, Jacques Le Breton est doyen de Saint-Quentin et clerc de Louis VIII puis de Louis IX195. À la fin du règne de ce roi, deux clercs originaires du diocèse de Nantes officient à ses côtés : Guillaume Le Breton de Neuf-Chastel est valet en la chambre du roi196 tandis que Guillaume Le Breton de Chambrilles est son huissier197. L’âge vénérable des deux hommes laisse d’ailleurs penser qu’ils exercent ces fonctions depuis de nombreuses années. Quoi qu’il en soit, ces quelques mentions offrent le visage de clercs dont les principales fonctions restent de l’ordre de la spiritualité et du service personnel du roi.

  • 198 Arch. nat., J 614, no 38 (Collection de sceaux, éd. M. Douët d’Arcq, Paris, Henri Plon, 1863-1868, (...)
  • 199 Deuffic J.-L., « Un logicien renommé, proviseur de Sorbonne au xive siècle : Raoul le Breton de Plo (...)
  • 200 Le parcours exceptionnel de Thibaud de Pouancé a fait l’objet de plusieurs présentations convaincan (...)
  • 201 En 1263, le pape Urbain IV lui octroie une dispense de résidence (Ut per litteras apostolicas, Urba (...)
  • 202 Olim, t. II, p. 55, no VI.
  • 203 Preuves du livre IV de l’histoire généalogique de la maison de Béthune, éd. A. Du Chesne, Paris, Sé (...)
  • 204 Guillaume de Nangis, Gesta Philippi regis Francie/Listoire du roy Phelippe, Recueil des Historiens (...)
  • 205 Sivéry G., Philippe III le Hardi, op. cit., p. 172.
  • 206 Actes du Parlement de Paris. Première série : de l’an 1254 à l’an 1328, éd. citée, t. I, p. 382-383 (...)
  • 207 Ibid., t. I, p. 388-389, no 537.
  • 208 Arch. nat., J 457, no 2 et no 2bis (indiqué : Itinéraire de Philippe IV le Bel (1285-1314), éd. cit (...)
  • 209 Arch. nat., J 677, no 1 (indiqué : Inventaire chronologique des documents relatifs à l’histoire d’É (...)
  • 210 Olim, t. II, p. 397-398, no II.
  • 211 Arch. nat., J 543, no 4 (Codex diplomaticus Flandriae inde ab anno 1296 ad usque 1325 ou recueil de (...)
  • 212 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 146.
  • 213 Conklin George, « Les Capétiens et l’affaire de Dol de Bretagne, 1179-1199 », Revue d’histoire de l (...)
  • 214 Ut per litteras apostolicas, Boniface VIII, no 34.
  • 215 Ibid., Boniface VIII, no 3087.
  • 216 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 147-148.
  • 217 Ut per litteras apostolicas, Boniface VIII, no 3032.

47Une nouvelle génération de clercs apparaît sous Philippe III. Si un certain Yves Le Breton est encore son valet de chambre en 1277198, un juriste nommé Yves Le Petit dit lui avoir rendu maints services199. Thibaud de Pouancé fait figure de précurseur200. De simple chanoine, il atteint les sommets du gouvernement royal. Fils de Geoffroi II de Pouancé, seigneur de La Guerche-Pouancé, il débute sa carrière à Dol201 puis à Reims où il est chantre de la cathédrale202. C’est à ce titre que le 25 novembre 1275, il témoigne d’un hommage fait en la faveur de Pierre de La Broce dont il est un proche à ses débuts203. Son nom réapparaît dans l’entourage royal en 1276 quand Philippe III lui confie une bien sombre mission. Dévasté par la mort de son fils aîné et héritier Louis, le roi fait siennes les rumeurs d’empoisonnement et entend découvrir la vérité en demandant l’avis d’une devineresse. Après le sabotage d’une première mission dont se rend coupable l’évêque de Bayeux, un cousin de Pierre de La Broce, Philippe III envoie Thibaud de Pouancé, accompagné d’un templier. Les deux hommes reviennent auprès du souverain et mettent la reine hors de cause204, contribuant ainsi à la chute du chambellan de Philippe III205. En 1283, il est mandaté pour enquêter en Bourgogne et dans la région de Meaux206 et siège lors du Parlement de la Toussaint207. La mort de Philippe III et l’intronisation de son fils ne l’éloignent pas des cercles du pouvoir. Le 22 octobre 1295, il appose son sceau à l’acte célébrant l’alliance conclue entre Philippe le Bel et le roi de Norvège208. Le lendemain, il est encore présent quand le roi reçoit les émissaires du roi d’Écosse venus, eux aussi, établir un traité de paix209. Un an plus tard, il est le témoin d’un arrangement conclu entre Philippe IV et un envoyé du pape au sujet de la garde de l’argent des décimes et du centième210. Le 21 janvier 1297, il est présent au Louvre quand Pierre Flote fait la lecture devant le roi et tant d’autres des lettres de défi du comte de Flandre211. Fort de sa stature d’homme de pouvoir, Thibaud de Pouancé a sans doute souhaité être élu archevêque de Tours212. Déçu, il entend bien rester maître de son diocèse. Pour ce faire, il veut redonner au siège dolois son lustre d’antan et relance la querelle métropolitaine, pourtant éteinte depuis 1199213. Il argue du non-respect par l’archevêque de Tours de la préséance due à son rang vis-à-vis des autres suffragants bretons pour ouvrir les hostilités en 1293. L’exercice concomitant par le métropolitain tourangeau de son droit de visitatio à Dol suscite la colère de l’évêque et de la population qui le reçoivent sans aucun égard. Furieux, l’archevêque de Tours excommunie les Dolois avant que Thibaud de Pouancé en appelle au pape. Une des premières décisions prises par Boniface VIII après son intronisation sur le siège de Saint-Pierre en janvier 1295 est de rattacher à lui l’évêque de Dol, mais également la cité et le peuple dolois, jusqu’à la fin de l’épiscopat de Thibaud de Pouancé214. Quatre ans plus tard, il tranche le débat et donne raison à ce dernier : les évêques de Dol ne peuvent faire l’objet d’une convocation que par mandement spécial, ou alors par lettre commune, mais avec leur nom inscrit avant celui des autres suffragants215. La convergence de vue est alors grande entre le prélat breton et le pape. Boniface VIII multiplie les gestes en sa faveur216 et le fait même commissaire apostolique dans le diocèse de Reims en 1299, où il retrouve Pierre Flote217.

  • 218 Bibl. nat. de France, ms. fr. 22325, p. 725.
  • 219 Bibl. nat. de France, ms. fr. 22329, fo 15 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 8 (...)
  • 220 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 145 et p. 148-149.
  • 221 Recueil des Historiens des Gaules et de la France, éd. citée, t. XXII, p. 652 ; Duine F., Histoire (...)
  • 222 Le Boulc’h A.-C., La cathédrale de Dol, Rennes, PUR, 1999, p. 208-209. L’autrice ajoute que Thibaud (...)

48En Bretagne, Thibaud de Pouancé gouverne son diocèse avec fermeté et apporte un soin particulier à la définition et au respect de ses limites territoriales comme de ses prérogatives juridictionnelles. Le 16 juin 1287, il s’accorde avec l’évêque de Saint-Malo pour qu’une enquête établisse avec précision quelles sont les limites de paroisses frontalières218. Il en est question en 1291 dans le conflit, porté devant la justice royale, qui l’oppose au vicomte de Donges Guillaume de Rochefort219. Il prend la tête des évêques bretons qui revendiquent leur droit au past nuptial et au tierçage contre le duc Jean II220. Mais, amené à se déplacer souvent pour le service du roi, Thibaud de Pouancé est un évêque absent. Le compte qu’il présente à la Toussaint 1285 témoigne qu’il reste auprès du roi du 24 mars au 20 juillet221. Puis, il quitte le souverain, alors à Girone, pour se rendre à Paris qu’il atteint le 15 août. L’affaire doit être urgente car cinq chevaux meurent lors de la chevauchée du prélat dolois. Son inclination pour le pouvoir royal s’affiche encore dans le « paysage » visuel de sa cathédrale. Les grisailles des fenêtres hautes du transept auraient été peintes à partir de 1285222. Les motifs dessinés en bordure de ces vitraux sont constitués de châteaux et de fleurs de lis et s’inspirent du milieu artistique parisien dont le succès ne se dément pas depuis la réalisation de la Sainte-Chapelle. Sans aucun doute faut-il y voir un témoignage des rapports privilégiés entretenus par Thibaud de Pouancé et le roi de France, mais aussi l’affirmation des droits juridictionnels et temporels de l’évêque sur sa cité face aux prétentions du duc de Bretagne.

  • 223 Je tiens ici à remercier Emmanuel Grelois qui m’a généreusement transmis ces références. Au moment (...)
  • 224 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 G 281/1, « Livre Rouge », fo 16 vo.
  • 225 Ibid., fo 45 vo.
  • 226 Le fragment d’un compte établi par Jean d’Ays, contenant le détail de livraisons faites en matières (...)
  • 227 Duine F., « Un évêque de Dol dans un sermon du Moyen Âge », Annales de Bretagne, 1902, t. 18, no 4, (...)

49Au terme d’un épiscopat long de plus de vingt ans, Thibaud de Pouancé prend le temps de penser à la préservation de sa mémoire. Il investit cette-fois-ci le « paysage » sonore de sa cathédrale. Confectionné peu après 1312223, l’obituaire de Dol le dit remettre 7 livres à son chapitre afin qu’après sa mort, celui-ci célèbre des messes en même temps que sa mémoire224. Par ailleurs, son attachement au roi Philippe III s’y observe par des messes dites en mémoire du roi et de la reine Isabelle d’Aragon225. Il prépare également sa succession. Élu à sa suite, Thibaud de Moréac n’est autre que son neveu226. Pourtant, trait sans doute commun aux hommes de pouvoir, Thibaud de Pouancé doit faire face à de nombreux ennemis au moment de sa mort le 29 septembre 1301. Comme le suggère un exemplum rédigé par un détracteur du prélat dolois, celui-ci se serait rendu coupable de pratiques condamnables communes aux personnes du « monde227 ».

  • 228 Com. Persquen (56, Morbihan).
  • 229 Lalou É., « Le roman de Fauvel à la chancellerie royale », Bibliothèque de l’École des chartes, t.  (...)
  • 230 Com. Sévignac (22, Côtes-d’Armor). Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 1077, cata (...)
  • 231 Comptes royaux (1314-1328), éd. citée, première partie, p. 97, no 13256.
  • 232 Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 1048, catalogue prosopographique, no 5.
  • 233 Com. Beaussais-sur-Mer (22, Côtes-d’Armor).
  • 234 Glaz M., L’entourage des évêques de Saint-Brieuc du xiiie au début du xvie siècle, op. cit., p. 82 (...)
  • 235 Com. Pommerit-le-Vicomte (22, Côtes-d’Armor). id., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 1063, (...)
  • 236 Ut per litteras apostolicas, Jean XXII, lettres communes, no 118.
  • 237 Com. Saint-Nic (29, Finistère). Paroisse issue du démembrement de celle de Plomodiern.
  • 238 Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 1038, catalogue prosopographique, no 3.

50La proximité de Thibaud de Pouancé avec les rois de France suscite l’émergence d’une filière de recrutement parmi les clercs dolois. De nombreux serviteurs du pouvoir royal portent, au début de leur carrière au moins, le titre de chanoine de Dol. Le siège de Dol apparaît ainsi comme l’antichambre où se recrutent des serviteurs de la cause royale. Originaire de Persquen228, Geoffroi Engelor dit Chalop y est probablement formé avant d’entamer sa carrière en 1287 comme clerc du diocèse de Dol229. Le nom de Guillaume de Dol ne laisse guère de doute sur son origine. La figure la plus emblématique est celle de Raoul Rousselet. Celui-ci appartient à la famille des Limolëan, dans la paroisse de Sévignac, et a suivi des études de droit à Orléans230. En 1315, dans un compte de dépenses dressé dans le bailliage de Coutances, au sujet de la levée de subsides pour l’ost de Flandre, un clerc nommé Hemon de Dol est indemnisé pour ses activités de notaire relatives aux « escriptures d’enquestes et de imposicions231 ». Plus globalement, la plupart des clercs bretons ayant servi le roi et dont l’origine est connue sont issus des diocèses du nord de la principauté bretonne, auquel il faut ajouter celui de Quimper. Geoffroi du Plessis232 est issu du Plessix-Balisson, dans le diocèse de Saint-Malo233. Dans celui de Saint-Brieuc, Alain de Lamballe vient très probablement de cette cité. Yves Le Prévôt appartient à la riche famille briochine des Boisboissel234. Originaire de celui de Tréguier, Guillaume de Coëtmohan vient de Pommerit-le-Vicomte235. Rilic de Léon, clerc de Philippe V au moment de la régence, vient sans doute du diocèse léonard236. Éven Phily de Saint-Nicaise est originaire, quant à lui, de Saint-Nic237, au nord du diocèse de Quimper238.

  • 239 Ibid., vol. 2, p. 1077, catalogue prosopographique, no 4.
  • 240 Langlois C.-V., « Geoffroi du Plessis, protonotaire de France », Revue historique, t. 67, 1898, p.  (...)
  • 241 Olim, t. III-2, p. 1147-1148, no LX.
  • 242 Arch. nat., X1A 5, fo 335 (Guilhiermoz P., Enquêtes et procès. Étude sur la procédure et le fonctio (...)
  • 243 Lalou É., « Le roman de Fauvel à la chancellerie royale », art. cité, p. 503-509 ; Lalou É., « La c (...)
  • 244 Canteaut O., Gouvernement et hommes de gouvernement sous les derniers Capétiens (1313-1328), op. ci (...)
  • 245 Canteaut O., « Du notaire au clerc du secret : le personnel de la chancellerie des derniers Capétie (...)
  • 246 Inventaire d’anciens comptes royaux dressé par Robert Mignon sous le règne de Philippe de Valois, é (...)
  • 247 Essai de restitution des plus anciens mémoriaux de la chambre des comptes de Paris, éd. J. Petit, P (...)
  • 248 Ut per litteras apostolicas, Boniface VIII, no 2978 ; Actes du Saint-Siège concernant les évêchés d (...)
  • 249 Les journaux du trésor de Philippe IV le Bel, éd. J. Viard, Paris, Imprimerie nationale, 1940, col. (...)
  • 250 Inventaire d’anciens comptes royaux dressé par Robert Mignon sous le règne de Philippe de Valois, é (...)
  • 251 Ibid., p. 57.
  • 252 Barbiche B., « Les procureurs des rois de France à la cour pontificale d’Avignon », in Aux origines (...)
  • 253 Inventaire d’anciens comptes royaux dressé par Robert Mignon sous le règne de Philippe de Valois, é (...)
  • 254 Ibid., p. 360.
  • 255 Actes du Parlement de Paris, éd. citée, no 4435 ; Olim, t. III-2 (1312-1318), 1848, p. 1012-1014. I (...)
  • 256 Histoire de Bretagne, éd. citée, t. II, col. 468 ; Preuves, t. I, col. 1245 ; Pocquet du Haut-Jussé(...)
  • 257 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 151/9 (Preuves, t. I, col. 1258).
  • 258 Actes du Parlement de Paris, éd. citée, t. II, p. 147, no 4490 B.
  • 259 Ibid., t. II, p. 297, no 5899 A.
  • 260 Le passage de la cléricature à la chevalerie est loin d’être un acte exceptionnel. Voir Richard J., (...)
  • 261 Actes du Parlement de Paris, éd. citée, t. II, p. 181, no 4832.
  • 262 Les journaux du Trésor de Charles IV le Bel, éd. J. Viard, Paris, Imprimerie nationale, 1917, col.  (...)
  • 263 Ibid., col. 899-900, no 5396.
  • 264 Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 81-82.

51Ces clercs bretons connaissent de brillantes carrières à la chancellerie. La plupart commence comme simple notaire. Certains d’entre eux apparaissent avec constance dans les grands procès menés par Philippe le Bel. Au cours de l’été 1303, Geoffroi Engelor dit Chalop parcourt le Poitou afin d’obtenir l’adhésion à l’appel au concile239. Le notaire Éven Phily de Saint-Nicaise rédige une multitude d’actes de la procédure opposant Philippe le Bel à Boniface VIII. En 1304, Geoffroi du Plessis se voit gratifier de la charge de protonotaire de France, spécialement créée pour lui240. D’ailleurs, ces hommes collaborent volontiers entre eux, à l’image de Geoffroi du Plessis qui délègue Raoul Rousselet à Toulouse en 1304. De son côté, Yves Le Prévôt de Boisboissel acquiert une expertise dans le domaine de la garde des églises reconnue par le roi. En 1317, ce dernier en fait son rapporteur d’un procès l’opposant au comte de Boulogne qui est finalement débouté, malgré son argumentation tendant à démontrer que la coutume veut que la garde des églises d’une baronnie appartient à ses fondateurs241. En 1323, il est commissaire du roi dans un procès opposant les moniales de Notre-Dame de Saintes, qui reconnaissent la garde royale, face au duc d’Aquitaine242. Certains achèvent leur carrière en évoluant vers les plus hautes sphères du pouvoir. Au Parlement de Paris, Geoffroi Engelor dit Chalop devient greffier et refonde les Olim243. Raoul Rousselet devient évêque et proche du roi Philippe V, au point de siéger au conseil de régence244. Raoul Souvain de Joué est l’archétype de l’aristocrate issu de la petite noblesse provinciale245 qui gravit tous les échelons du pouvoir central pour devenir bailli à la fin de sa carrière. Il apparaît dans les sources royales en 1296 et en 1300 lors de la vente de biens d’un juif de Rouen dont il a fait l’inventaire avec Pierre de Bourges246. Il est chanoine de Quimper en 1298247 et déjà, sa proximité avec le pouvoir royal lui octroie de substantiels revenus puisqu’il bénéficie d’une grâce expectative de prébende dans toutes les églises cathédrales et collégiales du royaume de France248. Il acquiert le titre de magister en 1307 au plus tard alors qu’il est chargé de la collecte d’argent sur les biens des juifs249. Il est par la suite amené à se déplacer souvent et dans l’ensemble du royaume. En 1311, on le voit à Vienne en compagnie de Guillaume de Nogaret250 ou chargé de lever la régale de l’évêché de Beauvais durant la vacance du siège épicopal251. Cette même année, il est procureur de Philippe le Bel à la cour pontificale d’Avignon252. En 1314, il est en Bretagne afin de lever les subventions pour l’armée de Flandre253 avant d’être envoyé deux ans plus tard à Toulouse254. En 1314, il apparaît en tant que clerc du roi dans un acte du Parlement de Paris alors qu’il reçoit pour mission d’enquêter en Bretagne en compagnie du bailli de Tours dans un procès opposant deux nobles bretons255. Ces années 1314-1315 le voient souvent présent en Bretagne puisque le lundi 17 novembre 1315, il est à Quimperlé, probablement lors d’un Parlement256, où il accepte le changement de la coutume du bail en rachat proposé par le duc de Bretagne257. Sous Philippe V, il figure au rang des notaires du Parlement de Paris258 puis parmi les huit lais jugeurs de la Chambre des enquêtes en 1319259. Sans doute pour poursuivre son ascension à la cour, il change d’état et devient chevalier260 quand il lui est mandé d’enquêter dans une cause d’appel entre le duc de Guyenne et le sire de Montclar261. Il conserve cette fonction de juge au sein de cette même Chambre des enquêtes et porte le titre de miles en 1322262. Sa carrière est couronnée du titre de dominus et de la fonction de bailli263 quand il prend la tête du prestigieux bailliage de Sens264. Il est depuis longtemps un agent au service d’un seul maître : le roi. Comme le rappelle Jean Favier, pour les baillis du nord de la France, « le lien régional est rompu » car « ces serviteurs à tout prix n’attendent rien que du roi ».

  • 265 Cassard J.-Ch., « Les premiers émigrés. Heurts et malheurs de quelques Bretons dans le Paris de sai (...)
  • 266 Couffon R., « Le collège de Cornouaille à Paris », Bulletin de la Société archéologique du Finistèr (...)
  • 267 Com. Pommerit-le-Vicomte (22, Côtes-d’Armor).
  • 268 Couffon R., « Le collège de Tréguier à Paris », Bulletin et mémoires de la Société d’émulation des (...)
  • 269 Deuffic J.-L., « Un logicien renommé, proviseur de Sorbonne au xive siècle : Raoul le Breton de Plo (...)
  • 270 Ibid., p. 49-50 ; Leguay J.-P. et Martin H., Fastes et malheurs de la Bretagne ducale, op. cit., p. (...)

52Loin des miséreux du temps de saint Louis265, ces clercs bretons à la carrière bien établie sous Philippe le Bel et ses fils créent de grandes maisons chargées d’accueillir les jeunes bretons venus faire leur instruction à l’université. Quatre de ces collèges retiennent l’attention. Celui de Cornouaille, fondé en 1317 à l’initiative de Galéran Nicolas, est destiné à l’accueil de cinq étudiants venus de ce diocèse266. Huit ans plus tard, Guillaume de Coëtmohan, originaire de Pommerit-le-Vicomte267, ordonne dans son testament la création du collège de Tréguier ouvert à huit étudiants268. Dans le même temps, Éven de Kerberz, archidiacre de Léon, fonde le collège du même nom269 tandis que Geoffroi du Plessis-Balisson ouvre un établissement accueillant les clercs de l’évêché de Saint-Malo270. Une telle floraison de collèges dans une ville peuplée de clercs symbolise la place désormais occupée par ces expatriés bretons qui, loin de leur région natale du nord et de l’ouest de la péninsule, peuvent espérer faire carrière dans les plus hautes sphères universitaires, ecclésiastiques et administratives.

Entre octroi de bénéfices ecclésiastiques et nomination aux sièges épiscopaux

  • 271 Strayer J. R., The reign of Philip the Fair, op. cit., p. 259.
  • 272 Ut per litteras apostolicas, Boniface VIII, no 2356.
  • 273 Strayer J. R., The reign of Philip the Fair, op. cit., p. 259, n. 62.
  • 274 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 160-162 et p. 183-184.
  • 275 Ut per litteras apostolicas, Boniface VIII, no 2978 ; Actes du Saint-Siège concernant les évêchés d (...)
  • 276 Mollat G., La collation des bénéfices ecclésiastiques à l’époque des papes d’Avignon (1305-1378), P (...)
  • 277 Ut per litteras apostolicas, Clément V, no 4613.
  • 278 Ibid., Jean XXII, lettres communes, no 89.
  • 279 Ibid., Jean XXII, lettres communes, no 118.
  • 280 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 183-184.

53L’un des motifs de discorde entre Philippe le Bel et Boniface VIII réside dans la question de la collation des bénéfices ecclésiastiques du royaume271. Face au mécontentement du roi, le pontife lui laisse en 1297 la possibilité de disposer d’un bénéfice dans chaque église cathédrale ou collégiale du royaume272. Neuf ans plus tard, Clément V renouvelle cette grâce si stratégique pour le roi de France : ce ne sont pas moins de cent quatre-vingt-six prébendes qui sont décernées273. Dès lors, en Bretagne comme ailleurs, des clercs nommés par le roi se voient octroyer d’importants bénéfices274. Cette situation nouvelle n’est toutefois pas sans créer des tensions275: à la mort d’Hervé de Daoulas, chanoine et archidiacre de Poher dans le diocèse de Quimper, l’évêque remet ces bénéfices à Alain Le Gall qui en jouit durant un certain temps. Mais, on l’a évoqué, survient en 1298 Raoul Souvain de Joué. Celui-ci prétend qu’avant la vacance de ce bénéfice, il a été pourvu d’une grâce expectative de prébende276 dans toutes les églises cathédrales et collégiales du royaume, par la faveur de Philippe IV, et conteste dès lors la nomination d’Alain Le Gall, qui n’ose pas trop se défendre contre un adversaire qui se revendique du roi. Le pape n’a d’autre choix que de prier Alain de céder la prébende de Quimper, tout en lui promettant une autre prébende vacante. En 1309, Philippe le Bel obtient du pape un canonicat et une prébende en l’Église de Saint-Brieuc pour son clerc Raoul Rousselet277. Le 6 septembre 1316, son second fils et successeur, Philippe de Poitiers, obtient un canonicat à Dol pour Geoffroi Chalop278 et un autre à Guérande pour son clerc Rilic de Léon279. Ces pratiques se poursuivent encore longtemps, y compris sous le règne de Philippe VI de Valois280.

  • 281 Ibid., p. 157-160.
  • 282 Ut per litteras apostolicas, Clément V, no 1436 (24 janvier 1306).
  • 283 Ibid., Clément V, no 1571 (7 mars 1307).
  • 284 Ibid., Clément V, no 1740 (4 avril 1307).
  • 285 Ibid., Clément V, no 1592 (14 février 1307).
  • 286 Ibid., Clément V, no 1780 (4 avril 1307).
  • 287 Mollat G., La collation des bénéfices ecclésiastiques à l’époque des papes d’Avignon (1305-1378), o (...)

54Le roi est loin d’être le seul à profiter des opportunités de gratifier un proche sans obérer son propre Trésor. Le duc ou les membres de sa famille en usent abondamment281. En 1306, Arthur II obtient la nomination de deux clercs à Vannes et à Quimper282. L’année suivante, Clément V confirme celle d’un prêtre, par Pierre de Bretagne, à un canonicat et une prébende au sein de l’Église de Dol283. Le futur Jean III, vicomte de Limoges en 1307, désigne un chanoine de Saint-Brieuc284. Le duc peut même nommer un clerc à une prébende vacante du diocèse d’Angers285. À un échelon inférieur, le chevalier Guillaume Le Borgne dispose comme il l’entend d’un canonicat et d’une prébende dans l’église de Guérande286. À vrai dire, les évêques n’ont guère la main sur la collation des bénéfices ecclésiastiques287. Les papes entendent se les réserver. À l’image de Clément V et de Jean XXII, certains satisfont aux sollicitations toujours plus nombreuses émanant de clercs et de laïques de toute condition.

  • 288 En 1264, Gilbert de Moréac, père de Thibaud, est exécuteur testamentaire de Geoffroi de Pouancé (Ca (...)
  • 289 Arch. nat., J 414, no 60 (Documents relatifs aux États généraux et assemblées sous Philippe le Bel, (...)
  • 290 Olim, t. II, p. 278, no XIV.
  • 291 Olim, t. III-1, p. 32-33, no XLI.
  • 292 Cf. infra, p. 224-226.

55La disparition de Thibaud de Pouancé en 1301 est loin d’éteindre la présence de prélats fidèles au roi de France (annexe 11). Reproduisant des pratiques népotiques pourtant combattues par l’Église, son successeur sur le siège dolois n’est autre que son neveu, Thibaud de Moréac288. Il se dit même chapelain du roi quand il se fait excuser pour son absence lors des états généraux convoqués en 1308 à Tours par Philippe le Bel289. Pourtant, à la fin du xiiie siècle et en ce début de xive siècle, les tensions sont nombreuses et les évêques bretons font preuve de leur insoumission. En 1288, le Parlement de Paris ordonne de saisir le temporel des prélats de Bretagne qui y sont ajournés et refusent de comparaître290. Vers 1300, des agents du bailli de Coutances sont chargés de mettre le temporel de l’évêque de Saint-Brieuc sous la main du roi291. Les prélats affichent une mauvaise volonté évidente au moment de contribuer aux prélèvements exigés par la fiscalité royale292. De plus, rappelons-le, ils ne montrent guère d’entrain à soutenir l’appel au concile lancé par Philippe le Bel en juin 1303.

  • 293 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 160-163.
  • 294 Fasti Ecclesiae Gallicanae, vol. 7 : diocèse d’Angers, éd. F. Comte, J.-M. Matz, Turnhout, Brepols, (...)
  • 295 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 161 ; Glaz M., « Les é (...)
  • 296 Ut per litteras apostolicas, Jean XXII, lettres secrètes et curiales, no 161.
  • 297 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 180 ; Glaz M., Les évê (...)
  • 298 Id., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 182-183.
  • 299 Ut per litteras apostolicas, Jean XXII, lettres secrètes et curiales, no 161.
  • 300 Rémy C., Les rois de France en Limousin et Périgord de Philippe Auguste aux derniers Capétiens, op. (...)

56Le roi profite des vacances épiscopales pour placer ses hommes à la tête d’évêchés stratégiques. Il lui faut être patient : les sièges à vaquer durant la première décennie du xive siècle sont rares. Mais, à partir des années 1310, certains diocèses voient systématiquement arriver à leur tête des « clients du roi293 ». En 1311, Raoul Rousselet devient évêque de Saint-Malo. L’année suivante, l’évêché de Dol revient à Jean du Bois, ancien chanoine d’Angers et avocat du roi au Parlement de Paris294. Depuis le 6 janvier 1313, l’évêque de Saint-Brieuc n’est autre qu’Alain de Lamballe, fidèle serviteur du roi qui le recommande auprès du pape Clément V295. Le mouvement se poursuit au cours des règnes des trois fils de Philippe IV. Quand, en février 1317, à la demande de Philippe V, le pape transfère Raoul Rousselet sur le siège de Pampelune, c’est pour le remplacer par Alain Gonthier, un Cornouaillais docteur en théologie, chanoine de Nantes et surtout clerc du roi296. Quand Alain de Lamballe disparaît en 1319, le pape lui choisit comme successeur Jean d’Avaugour. Dans ses lettres, Jean XXII ne manque pas de rappeler que ce fils cadet d’Henri II d’Avaugour, également frère d’un Henri III alors très proche de Philippe V, est un cousin de la reine Jeanne de Bourgogne297. Le pape prend d’ailleurs l’habitude de notifier ses nominations tant au duc qu’au roi de France. B.-A. Pocquet du Haut-Jussé est sans doute dans le vrai quand il y voit une simple marque de courtoisie envers le premier, et la preuve du pouvoir décisionnaire du roi en la matière298. Quand Jean XXII nomme Alain Gonthier sur le siège de Saint-Malo, n’écrit-il pas à Philippe V qu’il a bien compris la volonté du roi « d’avoir en Bretagne des prélats prudents, fidèles et inébranlables299 » ? Toutefois, si le contrôle du roi est indéniable sur les sièges du nord du duché, cette analyse doit être nuancée pour le sud. Une part importante des évêques de ces diocèses n’ont pas servi les rois. À Rennes, Alain de Châteaugiron est un proche du duc Jean III. À Nantes, Daniel Vigier se bat contre le pouvoir royal pour sauvegarder ses propres intérêts. Le pape sait, lui aussi, placer des hommes qui lui sont fidèles, à l’image de Jean Rigaud et de Pierre de Belle-Isle à Tréguier. La Bretagne n’est pas un cas unique. Cette proximité entre le pouvoir royal et une grande partie des évêques s’observe également ailleurs. En Limousin, par exemple, les trois prélats qui se succèdent à la tête de l’évêché de Limoges entre 1294 et 1328 sont des proches du pouvoir royal300. Si les empiètements du pouvoir royal sur les droits de l’évêque de Périgueux sont légion à la fin du xiiie siècle, Philippe le Bel demande en 1300 à ses officiers de les respecter car le prélat est alors à son service. Mais, à partir de 1314, l’épiscopat de Raimond de Durfort, qui s’achève en 1341, est rythmé par de nombreux conflits avec le pouvoir royal. Le temporel de son diocèse périgourdin est même saisi en la main du roi pendant dix ans.

  • 301 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 158-160.
  • 302 Théry J., « Une hérésie d’État. Philippe le Bel, le procès des “perfides templiers” et la pontifica (...)
  • 303 Ibid., p. 214.

57L’Église apparaît donc comme une alliée précieuse dans l’entreprise de développement de l’autorité royale mise en œuvre par les derniers Capétiens. Si les églises gagnent un protecteur actif, capable de traduire devant la justice royale tout contrevenant, le roi voit dans les institutions ecclésiastiques du royaume un atout majeur dans sa lutte contre ce qui subsiste du système féodal, mais également contre la papauté301. En effet, Philippe le Bel se prétend le « garant suprême de la foi, au-dessus du pape302 ». Défenseur de l’Église, il se doit d’être le défenseur des églises. La question de leur garde constitue donc un pan, ou peut-être une conséquence pratique, du projet de « théocratie royale » mené par Philippe le Bel et ses conseillers303. Bénéficiant de la protection royale depuis le règne de saint Louis, l’abbaye de Marmoutier relève uniquement de la justice royale. La puissante abbaye ligérienne profite de ce privilège pour tenter, au début du xive siècle, de soustraire ses prieurés bretons à la juridiction du duc de Bretagne. D’autres établissements lui emboîtent le pas, créant, en conséquence, une opportunité pour le roi de France d’intervenir dans les affaires de la principauté bretonne. La garde joue donc un rôle notable dans la constitution territoriale du royaume de France.

58Malgré les difficultés et les affronts subis, les ducs successifs n’entendent pas abandonner aux rois ce qu’ils estiment être leurs prérogatives. Ils adoptent les pratiques royales quand il s’agit de pourvoir aux prébendes et autres charges ecclésiastiques, tout en maintenant une diplomatie avec la papauté. Mais, bien souvent, cette résistance ne suffit pas. L’enquête de 1313 est en ce sens symptomatique : elle dessine une géographie de la contestation du pouvoir ducal. Outre son diocèse briochin, le procureur du roi visite ceux de Tréguier, Dol et Saint-Malo. Or, le nord de la Bretagne est historiquement une terre rétive à l’autorité des ducs. Il s’agit ici de tensions d’une dimension nouvelle car la plupart des établissements religieux ont jusqu’alors bénéficié des largesses ducales. Dès lors, peut-on encore parler d’Église de Bretagne ? La question mérite d’être posée à partir de la fin du règne de Philippe le Bel tant ses représentants siégeant dans le nord du duché tendent à se fondre dans le moule capétien. Par définition, l’Église est une. N’est-ce pas là le rêve caressé par Philippe le Bel pour son royaume ?

Notes

1 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, Grenoble, Imprimerie Allier Père et Fils, 1927, p. 9.

2 Ibid., p. 165-174.

3 Forcadet P.-A., Conquestus fuit Domino regi. Le recours au roi de France d’après les arrêts du Parlement de Paris (1223-1285), Paris, De Boccard, 2018, p. 147-148.

4 Philippe de Beaumanoir, Coutumes du Beauvaisis, éd. A. Salmon, Paris, Picard, 1900, t. II, p. 243-248, chap. xlvi.

5 Arch. nat., J 178, no 48 (Coutumes et institutions de l’Anjou et du Maine antérieures au xvie siècle : textes et documents, avec notes et dissertations, éd. citée, t. II4, p. 26).

6 Actes de Jean Ier, duc de Bretagne (1237-1286), éd. citée, p. 215-217. « Et est sciendum quod episcopus et capitulum et clerici Trecorenses, res et bona eorumdem permanent in custodio nostra et defensione ab injuriis et violentiis, sicut alii episcopi, et capitula et clerici Britannie. »

7 Richard J., Les ducs de Bourgogne et la formation du duché du xie au xive siècle, op. cit., p. 241-246.

8 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 42-43.

9 Allemand-Gay M.-Th., Le pouvoir des comtes de Bourgogne au xiiie siècle, op. cit., p. 244.

10 Forcadet P.-A., Conquestus fuit Domino regi. Le recours au roi de France d’après les arrêts du Parlement de Paris (1223-1285), op. cit., p. 144-145.

11 Riche D., L’Ordre de Cluny à la fin du Moyen Âge. « Le vieux pays clunisien », xiie-xve siècles, Saint-Étienne, Publications de l’université de Saint-Étienne, 2000, p. 317-318.

12 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 113/1, fo 90, no 78 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 840, no 8).

13 Le Roy N., L’influence française en Bretagne (1213-1341) et les institutions privées bretonnes, op. cit., p. 97. Cf. infra, p. 237.

14 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 14-15.

15 « Enquête sur un conflit à Saint-Malo. 1308. Titre au vo Articuli super commiss. contra regem vel ejus prejudicium in Britannia. MIIIc VIII. (Arch. nat., J 240, no 41) », éd. citée. La localisation de cette église pose problème. Selon Arthur de La Borderie, il s’agit de l’église paroissiale de Plouescat, située sur la côte nord du Léon. Au premier abord, cette localisation paraît peu probable dans la mesure où Bernard Tanguy ne retient pas la forme Pleure Esquent parmi celles qui jalonnent les sources écrites disponibles, que ce soit pour Plouescat ou pour les autres localités finistériennes (Tanguy B., Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses du Finistère. Origine et signification, Douarnenez, ArMen/Le Chasse-Marée, 1990). De plus, le vicomte du Faou paraît loin de ses terres. Toutefois, ce n’est pas impossible, même si la référence est très tardive : Joseph Marc Marie Kersauson de Pennendreff indique que vers 1567, Hervé de Kersauson épouse Catherine du Faou, qui lui apporte la seigneurie de Mesguen située dans la paroisse de Plouescat (Kersauson J.-M. de, Histoire généalogique de la Maison de Kersauson, Nantes, Imp. de Vincent Forest et Émile Grimaud, 1886, p. 105-107). Une autre mention de cette même église de Pleure Esquent par ce même sergent indique qu’elle relève de la juridiction de l’évêque de Saint-Pol de Léon.

16 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 250-251 ; Richard J., Les ducs de Bourgogne et la formation du duché du xie au xive siècle, op. cit., p. 245. Cette pratique est également adoptée par les princes territoriaux, à l’image du duc de Bretagne Jean III, en 1331, dont les officiers apposent des panonceaux à ses armes sur les maisons des chanoines de Nantes (Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 180).

17 Anciens évêchés de Bretagne, éd. citée, t. IV, p. 289-290, no XXV.

18 Arch. nat., JJ 60, fo 19-19 vo, no 43 (Registres du Trésor des Chartes, t. II : Règnes des fils de Philippe le Bel. Première partie : règnes de Louis X le Hutin et de Philippe V le Long. Inventaire analytique, éd. citée, p. 703, no 3412).

19 Arch. dép. des Côtes-d’Armor, H 420 (1303) (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 853, no 17).

20 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/12 (ibid., p. 854, no 18).

21 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 113/1, fo 45 vo-46, no 45 (ibid., p. 862, no 23).

22 Ord., t. I, p. 620-625.

23 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/1 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 864, no 24).

24 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/2 (ibid., p. 872, no 29).

25 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/3 (ibid., p. 879, no 33).

26 Olim, t. III-1, p. 177.

27 Arch. dép. des Côtes-d’Armor, H 423/2, 1312 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 906, no 46).

28 Olim, t. III-1, p. 175.

29 Comptes du duché de Bretagne. Les comptes, inventaires et exécution des testaments ducaux, 1262-1352, éd. citée, p. 306, no 42.

30 Forcadet P.-A., Conquestus fuit Domino regi : Étude sur le recours au roi de France d’après les arrêts du Parlement (1223-1285), op. cit., p. 143.

31 Layettes du Trésor des Chartes, t. III : 1247-1260, éd. citée, p. 288b-289a, no 4242.

32 Ibid., t. III, p. 395b-396a, no 4395.

33 Cartulaire blésois de Marmoutier, éd. C. Métais, Blois, E. Moreau et Cie, 1891, p. 271-274, no 289 ; Martène dom E., Histoire de l’abbaye de Marmoutier, Tours, 1875, t. II 1104-1792, p. 227 ; Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 185-186.

34 Gantier O., « Recherches sur les possessions et les prieurés de l’abbaye de Marmoutier du xe au xiiie siècle », Revue Mabillon, vol. 54, 1964, p. 18.

35 Olim, t. II, p. 331-332, no XXI.

36 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 189-190.

37 Ord., I, p. 357. « §1. Volumus et intentionis nostre est sacrosanctas ecclesias, monasteria, prelatos et quascumque personas ecclesiasticas, cujuscumque status, aut conditionis existant, et quibuscumque nominibus censeantur, ob Dei reverentiam et amorel tenere, custodire et conservare in favore et gratia, et auxilio condecenti, quibus predecessoris nostri retroactis temporibus tenuerunt, foverunt, et etiam servaverunt. »

38 Ibid., t. I, p. 358, § 4.

39 Brown E. A. R., « Unctus ad executionem justicie : Philippe le Bel, Boniface VIII et la grande ordonnance pour la réforme du royaume (du 18 mars 1303) », in S. Menegaldo et B. Ribémont (dir.), Le roi fontaine de justice. Pouvoir justicier et pouvoir royal au Moyen Âge et à la Renaissance, Paris, Klincksieck, 2012, p. 165-166.

40 Arch. nat., JJ 35, fo 23-23 vo, no 69 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 851, no 16).

41 Gantier O., « Recherches sur les possessions et les prieurés de l’abbaye de Marmoutier du xe au xiiie siècle », Revue Mabillon, vol. 53, 1963, p. 93-110 et 161-167 ; vol. 54, 1964, p. 15-24, 56-67 et 125-135 ; vol. 55, 1965, p. 32-44 et 65-79. Pour la Bretagne, voir Pichot D., « Les prieurés bretons de Marmoutier (xie-xiie siècle) », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 119-3, 2012, p. 153-175.

42 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 113/1, fo 79 vo-80 vo, no 65 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 869, no 27).

43 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/5 (ibid., p. 887, no 37).

44 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 106-108.

45 « Enquête sur un conflit à Saint-Malo. 1308. Titre au vo Articuli super commiss. contra regem vel ejus prejudicium in Britannia. MIIIc VIII. (Arch. nat., J 240, no 41) », éd. citée.

46 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 85-91.

47 « Enquête sur un conflit à Saint-Malo. 1308. Titre au vo Articuli super commiss. contra regem vel ejus prejudicium in Britannia. MIIIc VIII. (Arch. nat., J 240, no 41) », éd. citée.

48 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/10 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 905, no 45).

49 Bibl. nat. de France, ms. latin 54413, p. 267 (ibid., p. 896, no 41).

50 Arch. dép. des Côtes-d’Armor, H 423/2, 1312 (ibid., p. 906, no 46).

51 Forcadet P.-A., Conquestus fuit Domino regi : Étude sur le recours au roi de France d’après les arrêts du Parlement (1223-1285), op. cit., p. 149.

52 Théry J., « Le pionnier de la théocratie royale. Guillaume de Nogaret et les conflits de Philippe le Bel avec la papauté », in B. Moreau (dir.), Guillaume de Nogaret. Un languedocien au service de la monarchie capétienne, Nîmes, Lucie Éditions, 2012, p. 105-106.

53 Histoire du différend d’entre le pape Boniface VIII et Philippes le Bel, roy de France, éd. P. Dupuy, J. Savaron, S. Vigor, Paris, 1655, p. 317-318, § IV.

54 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 193-196.

55 Bibl. nat. de France, ms. fr. 5512, fo 11 vo-12, no 14 (1307, 1er mars) ; Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/14, 1314, 3 avril (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 922, no 53).

56 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 194.

57 Krynen J., L’empire du roi. Idées et croyances politiques en France xiiie-xve siècle, Paris, Gallimard, 1993, p. 253.

58 Lehugeur P., Histoire de Philippe le Long, roi de France (1316-1322), op. cit., t. I, p. 342-344.

59 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 211.

60 « Enquête sur les droits du roi sur certains établissements ecclésiastiques en Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 26) », éd. É. Lalou, X. Hélary, in Enquêtes menées sous les derniers capétiens, éd. É. Lalou et Ch. Jacobs, Paris, Centre de ressources numériques TELMA, 2007. (Ædilis, Publications scientifiques, 4), [http://www.cn-telma.fr/enquetes/enquete8/enquete8/], consulté le 27 décembre 2020 ; « Suite de l’enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 261) », éd. É. Lalou et X. Hélary, dans Enquêtes menées sous les derniers capétiens, éd. É. Lalou et Ch. Jacobs, Paris, Centre de ressources numériques TELMA, 2007. (Ædilis, Publications scientifiques, 4), [http://www.cn-telma.fr//enquetes/enquete9/enquete9/], consulté le 27 décembre 2020 ; « Suite de l’enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 263) », éd. É. Lalou, X. Hélary, in Belli Portus, éd. É. Lalou et Ch. Jacobs, Paris, Centre de ressources numériques TELMA, 2007. (Ædilis, Publications scientifiques, 4) [http://telma.irht.cnrs.fr//outils/enquetes/enquete10/enquete10/], consulté le 27 décembre 2020 ; voir également J 246, no 128.

61 Dans cette enquête, il est fait mention du « prieur du prieuré de Saint-Malo ». Deux possibilités sont susceptibles d’éclairer à quelle institution il appartient : 1) Marmoutier possède un prieuré à Saint-Malo (Pichot D., « Les prieurés bretons de Marmoutier (xie-xiie siècle) », art. cité, p. 173). Ici, il n’est pas précisé son appartenance à l’ordre de Marmoutier, comme c’est le cas pour les autres dépendances de l’établissement tourangeau citées dans l’enquête. 2) Ce prieur est à la tête du chapitre de Saint-Malo, comme le révèle un arrêt du Parlement de Paris (Olim, t. III-1, p. 79, no XVII : « a curia seculari prioris et capituli Sancti Maclovei… »). Le rapport du sergent Michel Fourré rendu en 1308 mentionne également l’évêque, le prieur et le chapitre de Saint-Malo. (« Enquête sur un conflit à Saint-Malo. 1308. Titre au vo Articuli super commiss. contra regem vel ejus prejudicium in Britannia. MIIIc VIII. (Arch. nat., J 240, no 41) », éd. citée : « l’evesque, par le prieur et par le chapitre de ladite ville… »). C’est donc cette dernière hypothèse qu’il faut privilégier, comme le fait d’ailleurs B.-A. Pocquet du Haut-Jussé (« Les ducs de Bretagne et le Saint-Siège », Annales de Bretagne, 1928, no 38-4, p. 696).

62 Arch. dép. des Côtes-d’Armor, H 420 (1308) (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 886, no 36).

63 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 67.

64 Dejoux M., Les enquêtes de Saint Louis. Gouverner et sauver son âme, op. cit., p. 167-174.

65 Pouillés de la province de Tours, éd. A. Longnon, Paris, Imprimerie nationale, 1903, p. 339-341 (Tréguier), p. 353 (Saint-Brieuc), p. 357 (Saint-Malo), p. 375 (Dol).

66 Lunven A., Du diocèse à la paroisse. Évêchés de Rennes, Dol et Alet/Saint-Malo (ve-xiiie siècle), op. cit., p. 309.

67 Pouillés de la province de Tours, éd. citée, p. 356. Il s’agit des prieurés Saint-Martin de Lamballe et Jugon, et des abbayes de Boquen et de Saint-Aubin-la-Forêt.

68 Ibid., p. 360-361.

69 Ibid., p. 339.

70 Coativy Y., Aux origines de l’État breton, op. cit., p. vi-vii, fig. 7 à 9.

71 Dejoux M., Les enquêtes de Saint Louis. Gouverner et sauver son âme, op. cit., p. 165-167.

72 « Suite de l’enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 263) », éd. citée.

73 Plus de 15 kilomètres à vol d’oiseau séparent les deux établissements. Si l’on considère que l’allure moyenne d’un cheval au pas est de 7 km/h et d’un cheval au trot est de 14 km/h, les faits sont plausibles. Un cheval au galop ateint une vitesse moyenne de 21 km/h avec un maximum de 55 km/h. Cela implique toutefois que les enquêteurs ne se soient pas attardés auprès des moines du prieuré de Jugon, [http://www.hippologie.fr/les-allures-du-cheval], consulté le 27 décembre 2020.

74 « Enquête sur la garde des églises de Bretagne, 1312 (Arch. nat., J 241, no 26) », éd. citée. Il est également couramment dénommé Eudes dans l’enquête.

75 Les notaires apostoliques et impériaux tiennent leur investiture du pape. Favier J., « Notaire, ancien régime », Encyclopædia universalis, [https://www.universalis.fr/encyclopedie/notaire-ancien-regime/], consulté le 27 décembre 2020.

76 Glaz M., L’entourage des évêques de Saint-Brieuc du xiiie au début du xvie siècle, op. cit., p. 83-86 et p. 222, no 37 ; Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 188-189 ; Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 1118, catalogue prosopographique, no 14.

77 Glaz M., Les évêques de Saint-Brieuc de 1220 à 1525. Étude prosopographique, op. cit., p. 119, no 8.

78 « Suite de l’enquête sur la garde des églises de Bretagne, 1312 (Arch. nat., J 241, no 261) », éd. citée ; Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 190, chap. v, no XIV.

79 « Suite de l’enquête sur la garde des églises de Bretagne, 1312 (Arch. nat., J 241, no 261) », éd. citée.

80 Il n’existe donc pas de logique d’appartenance à tel ou tel ordo dans les déclarations qui sont faites aux enquêteurs.

81 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 196 et p. 213.

82 Ibid., p. 175.

83 « Suite de l’enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 263) », éd. citée.

84 Cette abbaye a ensuite été absorbée par Beauport au moment de sa fondation en 1202 (Morin S., Trégor, Goëlo, Penthièvre. Le pouvoir des Comtes de Bretagne du xie au xiiie siècle, op. cit., p. 312-313).

85 « Enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 26) », éd. citée.

86 « Chartes de Conan IV, duc de Bretagne, relatives aux biens de l’Ordre du Temple et de l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem », éd. A. de Barthélemy, Bibliothèque de l’école des chartes, 1872, t. 33, p. 453-454.

87 Colin F., « Quand l’historien doit faire confiance à des faux : les chartes confirmatives de Conan IV, duc de Bretagne, aux Templiers et aux Hospitaliers », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 115-3, 2008, p. 43-45.

88 « Enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 26) », éd. citée.

89 Actes de Jean Ier, duc de Bretagne (1237-1286), éd. citée.

90 « Suite de l’enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 261) », éd. citée.

91 « Enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 26) », éd. citée ; voir The charters of Duchess Constance of Brittany and her family, 1171-1221, éd. citée, p. 23, Ge20 ; p. 51-52, C15 ; p. 68, C38. La première est la confirmation entre 1184 et 1186, par le duc Geoffroi, de la fondation de l’abbaye de Beaulieu par Roland et Alain de Dinan. La seconde est une autre confirmation de cette fondation, offerte cette fois-ci par la duchesse Constance, peu après Pâques 1187. La troisième est celle par laquelle cette même duchesse Constance donne à Beaulieu la chapelle Saint-Denis dans l’église Notre-Dame de Guingamp et confirme les donations précédentes faites par son mari Geoffroi.

92 « Enquête sur la garde des églises de Bretagne. 1312 (Arch. nat., J 241, no 26) », éd. citée.

93 Ibid. « religiosus vir prior prioratus de Lehon juxta Dinannum ordinis Majoris Monasterii Turonensis confessus fuit prioratum suum predictum fundatum, curatum et dotatum fuisse a rege Francorum qui tunc erat, ut credebat, cujus prioratus territorium fuit ab antiquo et est a juridicione ducis Britannie et baronum, ut dicebat, totaliter exemptum ».

94 Annales ordinis Sancti Benedicti, éd. J. Mabillon, Paris, 1706, vol. III, p. 720-721. Pour le commentaire, voir Anciens évêchés de Bretagne, éd. citée, t. IV, p. 313.

95 Recueil des actes de Philippe Auguste, roi de France, t. I, 1er novembre 1179-31 octobre 1194, éd. citée, p. 78-79, no 58.

96 Forcadet P.-A., Conquestus fuit Domino regi : Étude sur le recours au roi de France d’après les arrêts du Parlement (1223-1285), op. cit., p. 143.

97 Anciens évêchés de Bretagne, éd. citée, t. III, p. 315, no V. Cet acte, non daté, est situé à l’année 1313 par A. Geslin de Bourgogne. Il s’agit très certainement de celui dont il est question dans le mandement de Charles de Blois, donné en 1359, par lequel il ordonne au sénéchal de Penthièvre de maintenir les droits de l’abbaye de Saint-Aubin des Bois donnés en 1313 par le duc Jean III, contre les fermiers des moulins foulerets de Pontneuf (Actes de Charles de Blois et de Jeanne de Penthièvre, duc et duchesse de Bretagne, 1341-1364, éd. citée, no 233).

98 Le contexte de ces années a d’ailleurs semblé propice à des faussaires du milieu du xve siècle pour établir la tenue d’États de Bretagne en 1315 au cours desquels les neuf évêques de Bretagne auraient reconnu la souveraineté exercée sur eux par le duc (Pocquet du Haut-Jussé B.-A., « Les faux États de Bretagne de 1315 et les premiers États de Bretagne », Bibliothèque de l’école des chartes, 1925, t. 86, p. 388-406).

99 Ord., t. I, p. 620-625 ; Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 198-199.

100 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 113/1, fo 19 vo, no 15 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 924, no 54).

101 Arch. dép. des Côtes-d’Armor, H 423/2, no 44 (ibid., p. 928, no 55).

102 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 113/1, fo 92, no 82 (ibid., p. 872, no 29).

103 Bibl. nat. de France, ms. fr. 22322, p. 221 (ibid., p. 954, no 69).

104 Bibl. nat. de France, ms. fr. 22322, p. 221 (ibid., p. 980, no 81).

105 Bibl. nat. de France, ms. fr. 22322, p. 220 (ibid., p. 981, no 82).

106 Olim, t. II, p. 657-658, no XI.

107 Gantier O., « Recherches sur les possessions et les prieurés de l’abbaye de Marmoutier du xe au xiiie siècle », art. cité, vol. 55, p. 74.

108 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 59/2 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 829, no 3).

109 Études et documents sur l’histoire de Bretagne (xiiie-xvie siècles), éd. G. Mollat, Paris, Champion, 1907, p. 161-162.

110 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 113/1, fo 89, no 77 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 974, no 78).

111 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 79/1, fo 11 vo, no 15 (Histoire de l’abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, éd. dom P. Le Duc, R. F. Le Men, Quimperlé, Th. Clairet, 1881, p. 623, no XXXVIII).

112 Quaghebeur J., « Institutions, société, vie quotidienne », in Cartulaire de Sainte-Croix de Quimperlé, éd. citée, p. 55-56.

113 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 79/1, fo 11 vo, no 15 (Histoire de l’abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, éd. citée, p. 623, no XXXVIII).

114 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 79/1, fo 10 vo, no 13 (ibid., p. 622, no XXXVII). « Philippus Dei gratia Francorum rex, magnifico principi, charissimo filio Edwardo eadem gratia regi Angliae illustri duci Acquitaniae fideli nostro salutem et prosperos ad vota successus. Cum prout ex parte dilectorum nostrorum abbatis et conventus monasteris Sanctae Crucis de Kemperelle Corisopitensis diocesis nostra speciali gardia existentium accepimus conquerendo […]. »

115 Anciens évêchés de Bretagne, éd. citée, t. IV, p. 289-290, no XXV. Le conflit autour de Saint-Jacut se poursuit longtemps et voit s’affronter de nombreux acteurs. En 1334, le duc Jean III déclare que l’abbaye ne relève que de lui et que les officiers de Penthièvre n’y disposent d’aucun droit. Il recommande à son sénéchal de Rennes de « faire garder et défendre lesdits religieux et leurs sujets demeurans en laditte exemption et ne souffrir que sur ce soient troublez induement, et si aucune chose est faite a lencontre de faire renvoiement et mettre a etat den apppeler ce que ettre devra et justicier ceux religieux et leurs sujets a plaintes de parties selon quil sera a faire de raison » (Bibl. nat. de France, ms. fr. 22325, p. 660 ; indiqué dans Anciens évêchés de Bretagne, éd. citée, t. IV, p. 290, no XXVII). En 1346, le roi de France Philippe VI mande à son bailli de Coutances de répondre aux plaintes de l’abbé de Saint-Jacut qui est gêné par Pierre de Montfort, seigneur de Plancoët, Etienne Gouyon, Etienne et Geoffroi, enfants de Brice de la Roche, Alain de Pontual, Jean Boterel, Roland de Dinan, malgré la protection royale qui lui est due (Bibl. nat. de France, ms. fr. 22325, p. 652 ; Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 497).

116 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 59/1 (Preuves, t. I, col. 1367).

117 Le 20 novembre 1346, le roi Philippe VI s’adresse au bailli de Coutances et au vicomte d’Avranches au sujet d’un conflit dans lequel sont opposés le chapitre de Dol, qui est en sa garde spéciale, et Raoul de Montferrand, au sujet de la dîme de la Ville Arthur. Il leur donne commission de juger l’affaire et de s’assurer de l’exécution du jugement (Bibl. nat. de France, ms. fr. 22329, p. 78-79). En 1391, le roi Charles V fait référence à la garde accordée à l’évêque et au chapitre de Tréguier (Ord., t. V, p. 443-444). Quatre ans plus tard, le roi Charles V accorde un privilège à l’évêque, au chapitre et aux habitants de Saint-Malo, « desquels et de la dicte cité, la souveraineté, seignorie et ressors nous appartient, on esté de touz temps et sont encore en nostre proteccion et sauvegarde » (Ord., t. VIII, p. 6-8). En 1399, l’Église et le chapitre de Dol obtiennent des lettres de sauvegarde (Ord., t. VIII, p. 360-361). En 1465, le roi Louis XI livre une ordonnance au sujet des régales des évêchés vacants en Bretagne, de la garde des églises et du serment de fidélité des évêques (Ord., t. XVI, p. 405-407).

118 Théry J., « Une hérésie d’État. Philippe le Bel, le procès des “perfides templiers” et la pontificalisation de la royauté française », art. cité, p. 194-195.

119 Théry J., « Le gouvernement romain de la Chrétienté autour de 1206 : Innocent III et les débuts de la théocratie pontificale », Mémoire dominicaine, 21, 2007, p. 33-37.

120 Sur cette assemblée, voir Decoster C., « La convocation à l’assemblée de 1302, instrument juridique au service de la propagande royale », Parlements, États et représentations, no 22, 2002, p. 17-36. Voir également Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 343-354 ; Boniface VIII en procès. Articles d’accusation et dépositions des témoins (1303-1311), éd. J. Coste, Rome, «L’Erma» di Bretschneider, 1995, p. 73-75.

121 Documents relatifs aux états généraux et assemblées réunies sous Philippe le Bel, éd. G. Picot, Paris, Imprimerie nationale, 1901, p. 4-5, no IV.

122 Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 354.

123 Histoire du différend d’entre le pape Boniface VIII et Philippes le Bel, roy de France, éd. citée, p. 59-62.

124 Ibid., p. 78.

125 Digard G., « Boniface VIII et les recteurs de Bretagne », Mélanges d’archéologie et d’histoire, t. III, 1883, p. 290-311 ; Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 148-149.

126 Histoire du différend d’entre le pape Boniface VIII et Philippes le Bel, roy de France, éd. citée, p. 95.

127 Ibid., p. 95-96.

128 Arch. nat., JJ 35, fo 34 vo-35, no 65 ; JJ 36, fo 23, no 62. « Hec sunt nomina prelatorum de regno Franciae qui fuerunt in festo Omnium Sanctorum apud Romam, anno Domini mo ccco secundo. […] Nannetensis, Venetensis, Redonensis, Corisopitensis, Leonensis […] Briocensis episcopi […]. »

129 « Actes et preuves des demelez de Boniface VIII avec Philippe le Bel qui ne se trouvent point dans le recueil de M. Dupuy », éd. A. Baillet, Histoire des démeslez du pape Boniface VIII avec Philippe le Bel, roy de France, Paris, Florentin Delaulne, 1718, p. 26-27.

130 Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 359.

131 Digard G., Philippe le Bel et le Saint-Siège de 1285 à 1304, ouvrage posthume publié par F. Lehoux, Paris, Sirey, 1936, t. II, p. 132.

132 Strayer J. R., The reign of Philip the Fair, op. cit., p. 273-274.

133 Ibid. ; Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 360-363.

134 Arch. nat., JJ 36, no 41 (Documents relatifs aux états généraux et assemblées réunies sous Philippe le Bel, éd. citée, p. 6, no X). Comme le fait remarquer G. Picot, cette lettre adressée à l’évêque de Rennes n’est que le modèle choisi par le scribe d’une convocation adressée à tous les prélats du royaume.

135 Documents relatifs aux états généraux et assemblées réunies sous Philippe le Bel, éd. citée, p. xiv.

136 Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 369 ; Dejoux M., Gouverner par l’enquête au xiiie siècle. Les restitutions de Louis IX (1247-1270), op. cit., vol. 1, p. 633-635.

137 Strayer J. R., The reign of Philip the Fair, op. cit., p. 275 ; Histoire du différend d’entre le pape Boniface VIII et Philippes le Bel, roy de France, éd. citée, p. 59.

138 Sur les détails de cette assemblée et la convocation au concile, voir Digard G., Philippe le Bel et le Saint-Siège de 1285 à 1304, op. cit., t. II, p. 136 et suivantes.

139 Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 373.

140 Strayer J. R., The reign of Philip the Fair, op. cit., p. 275-276 ; Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 373-376.

141 Arch. nat., J 490, no 715 (Dol) ; J 490, no 723 (Saint-Pol de Léon); J 490, no 739 (Nantes) ; J 490 no 711 (Quimper) ; J 490, no 716 (Rennes) ; J 490, no 718 (Saint-Brieuc) ; J 490, no 732 (Tréguier) ; J 490, no 736 (Vannes) [Documents relatifs aux états généraux et assemblées réunies sous Philippe le Bel, éd. citée, p. 96-97].

142 Arch. nat., J 490, no 714 (Dol) ; J 490, no 737 (Saint-Pol de Léon) ; J 490, no 724 (Nantes) ; J 490 no 735 (Quimper) ; J 490, no 734 (Rennes) ; J 490, no 717 (Saint-Brieuc) ; J 490, no 713 (Tréguier) ; J 490, no 738 (Vannes) ; J 490, no 712 (Saint-Malo) [ibid., p. 96-97].

143 Histoire du différend d’entre le pape Boniface VIII et Philippes le Bel, roy de France, éd. citée, p. 172 ; Documents relatifs aux états généraux et assemblées réunies sous Philippe le Bel, éd. citée, p. 365, no CCCLXXIV.

144 L’évêque de Tréguier adhère à la convocation par un acte spécial, aujourd’hui en déficit (Documents relatifs aux états généraux et assemblées réunies sous Philippe le Bel, éd. citée, p. 366).

145 Arch. nat., J 482, no 183 (ibid., p. 367, no CCCLXXV).

146 Arch. nat., J 481, no 105 (ibid., p. 383, no CCCCVII).

147 Arch. nat., J 485, no 310 ; J 489, no 626 ; J 489, no 642 ; J 488, no 582 ; J 485, no 347 (ibid., p. 358-360, no CCCLII à CCCLVI). Les Franciscains et les Dominicains du Mans, et les abbayes de Beaulieu, de Saint-Pierre de la Couture du Mans et de La Pelice, adhèrent au concile dans des lettres datées des 5, 6 et 8 octobre.

148 Arch. nat., J 490, no 704 (ibid., p. 298-301, no CCXVI).

149 Le Livre de Guillaume le Maire, éd. C. Port, Paris, Imprimerie nationale, 1874, p. 169-186. Voir également Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 196 ; Krynen J., L’empire du roi. Idées et croyances politiques en France xiiie-xve siècle, op. cit., p. 254-256.

150 Josserand Ph., « Les Templiers en Bretagne au Moyen Âge : mythes et réalités », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 119-4, 2012, p. 9-113.

151 Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 437-439 ; Demurger A., Vie et mort de l’ordre du Temple 1118-1314, Paris, Seuil, 1989, p. 298-300 ; Barber M., Le Procès des Templiers, Paris, Taillandier, 2007, p. 83 et suivantes ; Théry J., « Le procès des Templiers », in N. Bériou et Ph. Josserand (dir.), Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires, Paris, Fayard, 2009, p. 744-745 ; Josserand Ph., « Les Templiers en Bretagne au Moyen Âge : mythes et réalités », art. cité, p. 14.

152 Colin F., Templiers et Hospitaliers en Bretagne du xiie au début du xive siècle. Histoire, historiographie et mythe, op. cit., p. 38-39 ; Josserand Ph., « Les Templiers en Bretagne au Moyen Âge : mythes et réalités », art. cité, p. 15.

153 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/7 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 883, no 35).

154 Demurger A., Vie et mort de l’ordre du Temple 1118-1314, op. cit., p. 338 ; Barber M., Le Procès des Templiers, op. cit., p. 141.

155 Théry J., « Une hérésie d’État. Philippe le Bel, le procès des « perfides templiers » et la pontificalisation de la royauté française », art. cité, p. 194.

156 Barber M., Le Procès des Templiers, op. cit., p. 134.

157 Le dossier de l’affaire des Templiers, éd. G. Lizerand, Paris, Honoré Champion, 1923, p. 60-61, no V. « In prosecutione negocci Templariorum tam quo ad personas quam ad bona occurrunt dubia, que sequntur : […] Sexto, queritur de bonis que dicti Templarii in communi tanquam sua propria possidebant, ex causa hujusmodi debeant principi confiscari, in cujus jurisdictione constituta sunt, an ecclesie, an Terre Sancte negocio, cujus contemplacione bona illa illis collata vel alias quesita fuere, sint pocius applicanda ? »

158 Ibid., p. 60-63. « Septimo, si forsan ex jure vel devocione principum Terre Sancte negocio applicentur, ad quem disposicio, regimen bonorum talium vel administracio, debeat pertinere : an ad ecclesiam, an ad principes, maxime in regno Francie, ubi omnia bona Templariorum ab antiquo in speciali domini et predecessorum suorum garda et custodia fuisse noscuntur ? »

159 Ibid., p. 68-69. « De garda autem nobis videtur ordinandum secundum quod magis expedit dicto fini. »

160 Demurger A., Vie et mort de l’ordre du Temple 1118-1314, op. cit., p. 303-312 ; Barber M., Le Procès des Templiers, op. cit., p. 125 et suivantes ; Théry J., « Le procès des Templiers », art. cité, p. 746.

161 Lizerand G., Clément V et Philippe IV le Bel, Paris, Hachette, 1910, p. 442, no 11.

162 Ibid., p. 444-446, no 14.

163 Arch. nat., J 414, no 8 (Documents relatifs aux états généraux et assemblées réunies sous Philippe le Bel, éd. citée, p. 575, no DCCXCII).

164 Arch. nat., J 414, no 14 (Recueil des actes des vicomtes de Limoges (xe-xive siècle), éd. citée, p. 342-343, no 192).

165 Arch. nat., J 414, no 60 (Documents relatifs aux états généraux et assemblées réunies sous Philippe le Bel, éd. citée, p. 524-525, no DCCVII).

166 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 111/7 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 883, no 35).

167 Demurger A., Vie et mort de l’ordre du Temple 1118-1314, op. cit., p. 319-320 ; Barber M., Le Procès des Templiers, op. cit., p. 359 et suivantes ; Théry J., « Le procès des Templiers », art. cité, p. 749.

168 Demurger A., Vie et mort de l’ordre du Temple 1118-1314, op. cit., p. 324-325 ; Barber M., Le Procès des Templiers, op. cit., p. 376 ; Théry J., « Le procès des Templiers », art. cité, p. 749.

169 Barber M., Le Procès des Templiers, op. cit., p. 376.

170 Olim, t. II, p. 580-582, no XIII.

171 Arch. nat., M1, dossier no 2, pièce 14 (Roger J.-M., « La prise de possession par l’Hôpital des maisons du Temple en Poitou et en Bretagne (mai 1313) », art. cité, p. 240-243, doc. 2).

172 Com. Plédran (22, Côtes-d’Armor).

173 Demurger A., Vie et mort de l’ordre du Temple 1118-1314, op. cit., p. 325 ; id., Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, Paris, Seuil, 2005, p. 321 ; Barber M., Le Procès des Templiers, op. cit., p. 377.

174 Com. La Feuillée (29, Finistère).

175 Com. Plurien (22, Côtes-d’Armor). Morel A., La commanderie rurale de la Caillibotière, un établissement templier, puis hospitalier en Bretagne. Étude bibliographique, historiographique et historique., mémoire de master 1, dir. Pierre-Yves Laffont, université Rennes 2, 2015.

176 Com. Yvignac (22, Côtes-d’Armor).

177 Il était déjà question de l’affermage des biens des Templiers situés en Bretagne dans le mandement de 1308 évoqué précédemment. Pourtant, le système de gestion directe n’est abandonné au profit de la ferme qu’à partir du printemps 1309. Voir Demurger A., Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, op. cit., p. 318-319.

178 Arch. nat. M1, dossier no 2, pièce 14 (Roger J.-M., « La prise de possession par l’Hôpital des maisons du Temple en Poitou et en Bretagne (mai 1313) », art. cité, p. 240-243, doc. 2).

179 Anciens évêchés de Bretagne, éd. citée, t. VI, p. 218-221, no CLXXIX.

180 Procès-verbal de remise de maisons diverses des templiers aux chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dans le Poitou (20 mai de l’année 1313), éd. C. Tranchant, Poitiers, Imprimerie Tolmer et Cie, 1882, p. 6-11.

181 Com. Cloué (86, Vienne).

182 Arch. nat. M1, dossier no 2, pièce 14 (Roger J.-M., « La prise de possession par l’Hôpital des maisons du Temple en Poitou et en Bretagne (mai 1313) », art. cité, p. 240-243, doc. 2).

183 Études et documents sur l’histoire de Bretagne (xiiie-xvie siècles), éd. citée, p. 223, no XXI.

184 Ibid., p. 42, no III. Le pape fait preuve d’une grande prudence car le duc Jean III n’a jamais pris formellement l’engagement de se croiser. Guillaume Mollat le suspecte même de ne voir dans ces demandes qu’une volonté de « se procurer des subsides aux dépens du clergé » (ibid., p. 37).

185 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 110/17 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 983, no 83).

186 Demurger A., Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, op. cit., p. 321-322.

187 Carraz D., L’Ordre du Temple dans la basse vallée du Rhône (1124-1312). Ordres militaires, croisades et sociétés méridionales, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2005, p. 535.

188 Demurger A., Vie et mort de l’ordre du Temple 1118-1314, op. cit., p. 325 ; Barber M., Le Procès des Templiers, op. cit., p. 377-378.

189 Lémeillat M., Les gens de savoir en Bretagne à la fin du Moyen Âge fin xiiie-xve siècle, op. cit., p. 41-47.

190 Chédeville A., « L’immigration bretonne dans le royaume de France du xie au début du xive siècle », Annales de Bretagne, t. XXXI, 1974, p. 334.

191 Jacques de Vitry, Histoire occidentale, traduit par Gaston Duchet-Suchaux, Paris, CERF, 1997, p. 84-87.

192 Chédeville A., « L’immigration bretonne dans le royaume de France du xie au début du xive siècle », art. cité, p. 332-334.

193 Coativy Y., Aux origines de l’État breton, op. cit., p. 70-75.

194 Fleuriot L., « Quelques gloses bretonnes d’un chapelain de Philippe Auguste », in Bretagne et pays celtiques. Mélanges offerts à la mémoire de Léon Fleuriot, Saint-Brieuc/Rennes, Skol/PUR, 1992, p. 315-316 ; Chédeville A., « L’immigration bretonne dans le royaume de France du xie au début du xive siècle », art. cité, p. 334 ; Cassard J.-Ch., « Un possédé du démon et deux spectres en Léon en 1198 », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 59, 1982, p. 317-328 ; Krynen J., L’empire du roi. Idées et croyances politiques en France xiiie-xve siècle, op. cit., p. 51-64 ; Bourgès A.-Y., « Guillaume le Breton et l’hagiographie bretonne aux xiie et xiiie siècles », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 102/1, 1995. p. 35-45 ; Deuffic J.-L., « Un logicien renommé, proviseur de Sorbonne au xive siècle : Raoul le Breton de Ploudiry. Notes bio-bibliographiques », Pecia, vol. 1, 2002, p. 48, n. 13.

195 Archives de l’Hôtel-Dieu de Paris (1157-1300), éd. L. Brièle, Paris, Impr. nationale, 1894, p. 148, no 324. En octobre 1234, il fait don d’une maison à Paris à l’Hôtel-Dieu de la ville contre l’entretien de son neveu Yves durant ses études et celui d’un chapelain breton chargé d’accueillir les pauvres bretons infirmes. Jacques Le Breton souhaite sans doute offrir à ses compatriotes bretons la possibilité de se confesser en langue bretonne. Voir également Deuffic J.-L., « Un logicien renommé, proviseur de Sorbonne au xive siècle : Raoul le Breton de Ploudiry. Notes bio-bibliographique », art. cité, p. 48, n. 13.

196 « Vie de saint Louis, par le confesseur de la reine Marguerite », Recueil des Historiens des Gaules et de la France, t. XX, p. 61.

197 Ibid.

198 Arch. nat., J 614, no 38 (Collection de sceaux, éd. M. Douët d’Arcq, Paris, Henri Plon, 1863-1868, t. II, no 5426).

199 Deuffic J.-L., « Un logicien renommé, proviseur de Sorbonne au xive siècle : Raoul le Breton de Ploudiry. Notes bio-bibliographiques », art. cité, p. 49, n. 13.

200 Le parcours exceptionnel de Thibaud de Pouancé a fait l’objet de plusieurs présentations convaincantes : Guillotin de Corson A., Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, Rennes/Paris, 1880, vol. 1, p. 406-407, no XXXVIII ; Duine F., La métropole de Bretagne. Chronique de Dol, composée au xie siècle, et catalogues des dignitaires jusqu’à la Révolution, Paris, 1916, p. 143-144, no 47 ; Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 145-148 ; Amiot P., Dol-de-Bretagne d’hier à aujourd’hui., Dinan, 1990, t. III : Regard sur son histoire à travers son évêché, p. 86-89 ; Nédellec M., Les évêques de Dol de 1199 à 1521. Étude prosopographique, op. cit., p. 179-185 ; Coativy Y., Aux origines de l’État breton, op. cit., p. 72-74.

201 En 1263, le pape Urbain IV lui octroie une dispense de résidence (Ut per litteras apostolicas, Urbain IV, no 361).

202 Olim, t. II, p. 55, no VI.

203 Preuves du livre IV de l’histoire généalogique de la maison de Béthune, éd. A. Du Chesne, Paris, Sébastien Cramoisy, 1639, p. 174-175. Thibaud de Pouancé n’est pas le premier clerc breton à être cité dans l’entourage de l’archevêque de Reims. En 1245, Enisan, persona de l’église de Couëron, dans le diocèse de Nantes et clerc de l’archevêque de Reims, obtient du pape Innocent IV la confirmation d’une dispense sur plusieurs bénéfices (Ut per litteras apostolicas, Innocent IV, no 1436. « Hanisano persone ecclesie de Choyron., Nannetensis diocesis, venerabilis fratris nostri archiepiscopi Remensis clerico. Justis petentium »). Geoffroi du Plessis est également chanoine de Reims en 1299 avant de devenir notaire aposolique (Ut per litteras apostolicas, Boniface VIII, no 2897. « Ac Gaufrido de Plesseio, Remensis canonicis ecclesiarum »).

204 Guillaume de Nangis, Gesta Philippi regis Francie/Listoire du roy Phelippe, Recueil des Historiens des Gaules et de la France, 1840, t. XX, p. 503 ; « Chronique anonyme des rois de France finissant en m.cc.lxxxvi. », Recueil des Historiens des Gaules et de la France, éd. citée, t. XXI, p. 94-95. Voir également Duine F., Histoire civile et politique de Dol jusqu’en 1789, Marseille, Laffitte reprints, 1975, rééd. 1911, p. 34.

205 Sivéry G., Philippe III le Hardi, op. cit., p. 172.

206 Actes du Parlement de Paris. Première série : de l’an 1254 à l’an 1328, éd. citée, t. I, p. 382-383, no 518 ; p. 383-384, no 519 ; p. 385-386, no 525.

207 Ibid., t. I, p. 388-389, no 537.

208 Arch. nat., J 457, no 2 et no 2bis (indiqué : Itinéraire de Philippe IV le Bel (1285-1314), éd. citée, t. 2 : Routes et résidences, p. 117).

209 Arch. nat., J 677, no 1 (indiqué : Inventaire chronologique des documents relatifs à l’histoire d’Écosse conservés aux archives du royaume à Paris, éd. A. Teulet, Édimbourg, Abbotsford, 1839, p. 7).

210 Olim, t. II, p. 397-398, no II.

211 Arch. nat., J 543, no 4 (Codex diplomaticus Flandriae inde ab anno 1296 ad usque 1325 ou recueil de documents relatifs aux guerres et dissensions suscitées par Philippe-le-Bel, roi de France, contre Gui de Dampierre, Comte de Flandre, éd. T. de Limburg/Stirum, Bruges, de Plancke, 1879, t. I, p. 146-147, no 42).

212 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 146.

213 Conklin George, « Les Capétiens et l’affaire de Dol de Bretagne, 1179-1199 », Revue d’histoire de l’Église de France, t. 78, no 201, 1992, p. 241-263 ; Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 1, p. 59-66.

214 Ut per litteras apostolicas, Boniface VIII, no 34.

215 Ibid., Boniface VIII, no 3087.

216 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 147-148.

217 Ut per litteras apostolicas, Boniface VIII, no 3032.

218 Bibl. nat. de France, ms. fr. 22325, p. 725.

219 Bibl. nat. de France, ms. fr. 22329, fo 15 (Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 835, no 6). L’affaire est conclue en mai suivant, sous l’égide de l’évêque de Rennes (Preuves, t. I, col. 1095).

220 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 145 et p. 148-149.

221 Recueil des Historiens des Gaules et de la France, éd. citée, t. XXII, p. 652 ; Duine F., Histoire civile et politique de Dol jusqu’en 1789, op. cit., p. 35.

222 Le Boulc’h A.-C., La cathédrale de Dol, Rennes, PUR, 1999, p. 208-209. L’autrice ajoute que Thibaud de Pouancé fait également figurer ses armes (« De gueules à deux léopards d’argent à la cotice d’azur ») dans la lancette centrale placée sous l’oculus de la grande verrière ajourant le bras-sud du transept.

223 Je tiens ici à remercier Emmanuel Grelois qui m’a généreusement transmis ces références. Au moment où ces lignes sont rédigées, il prépare une édition des obituaires de Rennes et de Dol à paraître dans la collection des Sources médiévales de l’histoire de Bretagne, aux PUR.

224 Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 1 G 281/1, « Livre Rouge », fo 16 vo.

225 Ibid., fo 45 vo.

226 Le fragment d’un compte établi par Jean d’Ays, contenant le détail de livraisons faites en matières et en argent pendant l’expédition d’Aragon en 1285, mentionne les « choses baillies à monseigneur Alain de Moriac, neveu de l’évesque de Dol » (Recueil des Historiens des Gaules et de la France, éd. citée, t. XXII, p. 712). Alain et Thibaud de Moréac sont très probablement frères. Moréac (56, Moréac). Pour une étude d’une autre famille d’ecclésiastiques au service du roi au cours de la seconde partie du xive siècle, voir la famille Molins, étudiée par Vincent Tabbagh (Tabbagh V., Gens d’Église, gens de pouvoir (France, xiiie-xve siècles), op. cit., p. 54-85).

227 Duine F., « Un évêque de Dol dans un sermon du Moyen Âge », Annales de Bretagne, 1902, t. 18, no 4, p. 596-598. Traduction française : Coativy Y., Aux origines de l’État breton, op. cit., p. 74. Y. Coativy n’exclut pas que ce texte ait été rédigé par un membre de l’entourage ducal.

228 Com. Persquen (56, Morbihan).

229 Lalou É., « Le roman de Fauvel à la chancellerie royale », Bibliothèque de l’École des chartes, t. 152, 1994, p. 505 ; Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 1077, catalogue prosopographique, no 4.

230 Com. Sévignac (22, Côtes-d’Armor). Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 1077, catalogue prosopographique, no 10.

231 Comptes royaux (1314-1328), éd. citée, première partie, p. 97, no 13256.

232 Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 1048, catalogue prosopographique, no 5.

233 Com. Beaussais-sur-Mer (22, Côtes-d’Armor).

234 Glaz M., L’entourage des évêques de Saint-Brieuc du xiiie au début du xvie siècle, op. cit., p. 82-86 ; Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 1118, catalogue prosopographique, no 14.

235 Com. Pommerit-le-Vicomte (22, Côtes-d’Armor). id., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 1063, catalogue prosopographique, no 6.

236 Ut per litteras apostolicas, Jean XXII, lettres communes, no 118.

237 Com. Saint-Nic (29, Finistère). Paroisse issue du démembrement de celle de Plomodiern.

238 Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 1038, catalogue prosopographique, no 3.

239 Ibid., vol. 2, p. 1077, catalogue prosopographique, no 4.

240 Langlois C.-V., « Geoffroi du Plessis, protonotaire de France », Revue historique, t. 67, 1898, p. 73-74.

241 Olim, t. III-2, p. 1147-1148, no LX.

242 Arch. nat., X1A 5, fo 335 (Guilhiermoz P., Enquêtes et procès. Étude sur la procédure et le fonctionnement du Parlement au xive siècle, Paris, 1892, p. 399-401, no XXV).

243 Lalou É., « Le roman de Fauvel à la chancellerie royale », art. cité, p. 503-509 ; Lalou É., « La chancellerie royale à la fin du règne de Philippe IV le Bel », in M. Bent et A. Wathey (dir.), Fauvel studies. Allegory, chronicle, music and image in Paris, Bibliothèque Nationale de France, MS français 146, Oxford, Clarendon Press, 1998, p. 309.

244 Canteaut O., Gouvernement et hommes de gouvernement sous les derniers Capétiens (1313-1328), op. cit., t. II, p. 532-533.

245 Canteaut O., « Du notaire au clerc du secret : le personnel de la chancellerie des derniers Capétiens directs dans les rouages du pouvoir », in G. Castelnuovo et O. Mattéoni (dir.), Chancelleries et chanceliers des princes à la fin du Moyen Âge, Chambéry, université de Savoie, 2011, p. 248, n. 77.

246 Inventaire d’anciens comptes royaux dressé par Robert Mignon sous le règne de Philippe de Valois, éd. citée, p. 267, nos 2142 et 2143.

247 Essai de restitution des plus anciens mémoriaux de la chambre des comptes de Paris, éd. J. Petit, Paris, Félix Alcan, 1899, p. 152.

248 Ut per litteras apostolicas, Boniface VIII, no 2978 ; Actes du Saint-Siège concernant les évêchés de Quimper et de Léon des xiiie, xive et xve siècles, éd. chanoine Peyron, Quimper, Imprimerie de l’évêché, 1915, p. 13.

249 Les journaux du trésor de Philippe IV le Bel, éd. J. Viard, Paris, Imprimerie nationale, 1940, col. 843, no 5823.

250 Inventaire d’anciens comptes royaux dressé par Robert Mignon sous le règne de Philippe de Valois, éd. citée, p. 358.

251 Ibid., p. 57.

252 Barbiche B., « Les procureurs des rois de France à la cour pontificale d’Avignon », in Aux origines de l’État moderne. Le fonctionnement administratif de la papauté d’Avignon. Actes de la table ronde d’Avignon (23/24 janvier 1988), Rome, École française de Rome, 1990, p. 109.

253 Inventaire d’anciens comptes royaux dressé par Robert Mignon sous le règne de Philippe de Valois, éd. citée, p. 359.

254 Ibid., p. 360.

255 Actes du Parlement de Paris, éd. citée, no 4435 ; Olim, t. III-2 (1312-1318), 1848, p. 1012-1014. Il multiplie les enquêtes à partir de 1313 (Canteaut O., « Du notaire au clerc du secret : le personnel de la chancellerie des derniers Capétiens directs dans les rouages du pouvoir », art. cité, p. 252, n. 87).

256 Histoire de Bretagne, éd. citée, t. II, col. 468 ; Preuves, t. I, col. 1245 ; Pocquet du Haut-Jussé B.-A., « Les faux États de Bretagne de 1315 et les premiers États de Bretagne », art. cité, p. 400.

257 Arch. dép. de Loire-Atlantique, E 151/9 (Preuves, t. I, col. 1258).

258 Actes du Parlement de Paris, éd. citée, t. II, p. 147, no 4490 B.

259 Ibid., t. II, p. 297, no 5899 A.

260 Le passage de la cléricature à la chevalerie est loin d’être un acte exceptionnel. Voir Richard J., « Les conseillers de Saint Louis. Des grands barons aux premiers légistes : au point de rencontre de deux droits », art. cité, p. 143.

261 Actes du Parlement de Paris, éd. citée, t. II, p. 181, no 4832.

262 Les journaux du Trésor de Charles IV le Bel, éd. J. Viard, Paris, Imprimerie nationale, 1917, col. 55, no 243 ; col. 1454, no 9059.

263 Ibid., col. 899-900, no 5396.

264 Favier J., Philippe le Bel, op. cit., p. 81-82.

265 Cassard J.-Ch., « Les premiers émigrés. Heurts et malheurs de quelques Bretons dans le Paris de saint Louis », Médiévales, t. 6, 1984, p. 85-94.

266 Couffon R., « Le collège de Cornouaille à Paris », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. LXVIII, 1940, p. 32-71.

267 Com. Pommerit-le-Vicomte (22, Côtes-d’Armor).

268 Couffon R., « Le collège de Tréguier à Paris », Bulletin et mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, t. LXII, 1931, p. 61-81.

269 Deuffic J.-L., « Un logicien renommé, proviseur de Sorbonne au xive siècle : Raoul le Breton de Ploudiry. Notes bio-bibliographique », art. cité, p. 50, n. 17.

270 Ibid., p. 49-50 ; Leguay J.-P. et Martin H., Fastes et malheurs de la Bretagne ducale, op. cit., p. 38.

271 Strayer J. R., The reign of Philip the Fair, op. cit., p. 259.

272 Ut per litteras apostolicas, Boniface VIII, no 2356.

273 Strayer J. R., The reign of Philip the Fair, op. cit., p. 259, n. 62.

274 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 160-162 et p. 183-184.

275 Ut per litteras apostolicas, Boniface VIII, no 2978 ; Actes du Saint-Siège concernant les évêchés de Quimper et de Léon des xiiie, xive et xve siècles, éd. citée, p. 13, no 65.

276 Mollat G., La collation des bénéfices ecclésiastiques à l’époque des papes d’Avignon (1305-1378), Paris, De Boccard, 1921, p. 31. Une grâce s’apparente à un don gratuit. Elle est dite expectative quand elle consiste en l’espérance qu’a une personne de posséder un bénéfice, mais également dans le cas où un clerc obtient le droit de recevoir une charge ecclésiastique non encore vacante, mais qui est amenée à l’être dans un avenir plus ou moins proche.

277 Ut per litteras apostolicas, Clément V, no 4613.

278 Ibid., Jean XXII, lettres communes, no 89.

279 Ibid., Jean XXII, lettres communes, no 118.

280 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 183-184.

281 Ibid., p. 157-160.

282 Ut per litteras apostolicas, Clément V, no 1436 (24 janvier 1306).

283 Ibid., Clément V, no 1571 (7 mars 1307).

284 Ibid., Clément V, no 1740 (4 avril 1307).

285 Ibid., Clément V, no 1592 (14 février 1307).

286 Ibid., Clément V, no 1780 (4 avril 1307).

287 Mollat G., La collation des bénéfices ecclésiastiques à l’époque des papes d’Avignon (1305-1378), op. cit., p. 31-32.

288 En 1264, Gilbert de Moréac, père de Thibaud, est exécuteur testamentaire de Geoffroi de Pouancé (Cartulaire des sires de Rays, 1160-1449, éd. citée t. I, p. 110-117, no XLV ; Launay V., Le roi en son duché…, op. cit., vol. 2, p. 1103, catalogue prosopographique, no 12.)

289 Arch. nat., J 414, no 60 (Documents relatifs aux États généraux et assemblées sous Philippe le Bel, éd. citée, p. 524, no DCCVII).

290 Olim, t. II, p. 278, no XIV.

291 Olim, t. III-1, p. 32-33, no XLI.

292 Cf. infra, p. 224-226.

293 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 160-163.

294 Fasti Ecclesiae Gallicanae, vol. 7 : diocèse d’Angers, éd. F. Comte, J.-M. Matz, Turnhout, Brepols, 2003, p. 300.

295 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 161 ; Glaz M., « Les évêques de Saint-Brieuc au xive siècle », Bulletin de la Société d’émulation des Côtes-d’Armor, t. CXL, 2012, p. 31.

296 Ut per litteras apostolicas, Jean XXII, lettres secrètes et curiales, no 161.

297 Pocquet du Haut-Jussé B.-A., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 180 ; Glaz M., Les évêques de Saint-Brieuc de 1220 à 1525. Étude prosopographique, op. cit., p. 120.

298 Id., Les papes et les ducs de Bretagne, op. cit., p. 182-183.

299 Ut per litteras apostolicas, Jean XXII, lettres secrètes et curiales, no 161.

300 Rémy C., Les rois de France en Limousin et Périgord de Philippe Auguste aux derniers Capétiens, op. cit., t. I, p. 269-270.

301 Didier N., La garde des églises au xiiie siècle, op. cit., p. 158-160.

302 Théry J., « Une hérésie d’État. Philippe le Bel, le procès des “perfides templiers” et la pontificalisation de la royauté française », art. cité, p. 195.

303 Ibid., p. 214.

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