Chapitre III. À partir des années 1910, généralisation
p. 97-120
Texte intégral
1En Mayenne, la loi du 1er juillet 1901 sur les associations n’a pas d’impact immédiat, ni sur le nombre de créations ni sur leur nature. Jusqu’à la Grande Guerre, les autorités préfectorales, interpellées pour des demandes d’approbation de statuts associatifs, ont fréquemment à renvoyer à la procédure mise en place au début du siècle, preuve s’il en est que la liberté associative n’est pas encore entrée dans les mœurs. L’Union musicale, dite l’Espérance, se forme dans la commune du Genest en 1911. Le 22 novembre, dans un courrier, son secrétaire, chef mécanicien aux mines de la Lucette, « prie […] Monsieur le préfet, de bien vouloir […] autoriser [les sociétaires] à fonder cette société et à faire publiquement [leur] premier concert qui aura lieu le 4 décembre prochain pour la fête de la Sainte-Barbe1 ». Ce à quoi la préfecture répond, en date du 6 décembre, « qu’aux termes de l’article 2 de la loi du 1er juillet 1901, les associations de personnes peuvent se former librement sans autorisation ».
2Un autre exemple, plus tardif, en mai 1914, est celui de la société de jeux de la Gaîté à Saint-Jean-sur-Erve. Son président reçoit du préfet le courrier suivant2 : « depuis la promulgation de la loi du 1er juillet 1901, mon administration n’a pas à approuver les statuts des sociétés, celles-ci pouvant se former librement sans autorisation préalable ».
3La liberté associative offerte par la loi de 1901 n’est véritablement saisie par la population rurale mayennaise qu’à partir des années 1910. Se multiplient alors les sociétés sportives, mais aussi les amicales, qu’elles soient d’anciennes et d’anciens élèves, et, après la Grande Guerre, d’anciens combattants. Ce dynamisme contraste avec l’usure des anciens types d’associations.
Foisonnement des associations sportives
Les véloce-clubs, « fers de lance » de la pratique sportive3
4En matière de sociétés sportives, « point n’est besoin d’attendre la loi de juillet 1901 pour qu’un foisonnement associatif, d’abord essentiellement cycliste, puis progressivement diversifié apparaisse », constate Alex Poyer4.
5Le premier véloce-club français est fondé en 1868, à Valence, dans la Drôme. Un temps perturbé par la défaite de 1870, le mouvement de créations reprend à la fin des années 18805 : c’est alors l’« âge d’or de la vélocipédie6 ». Il existe de grandes disparités régionales : si le Centre-Ouest et la région parisienne sont des bastions de la pratique vélocipédique, la Bretagne reste en retrait7. En France, les premières courses cyclistes sont organisées à Paris en 18888. Cependant, les sociétés vélocipédiques connaissent un déclin rapide auprès du grand public, du fait de la banalisation de l’engin, qui devient avant tout un moyen de locomotion.
6En Mayenne, le premier véloce-club est fondé à Laval en 18699, soit seulement un an après celui de Valence. Il faut cependant attendre 1891 et la seconde vague de l’engouement vélocipédique en France pour qu’apparaisse le premier véloce-club rural mayennais, à Craon. Cette création inaugure une période de quinze années, où, au total, neuf sociétés vélocipédiques rurales sont formées en Mayenne à Craon, Ernée (1896), Gorron (1896), Évron (1898), Renazé (1899), la Pôoté (1902), Villaines-la-Juhel (1902), Pré-en-Pail (1903) et Quelaines (1906). Entre Bassin parisien et Bretagne, le département de la Mayenne compte un nombre de sociétés vélocipédiques et un taux de bicyclettes par habitants inférieurs à ceux de la Sarthe et du Maine-et-Loire, mais supérieurs à ceux de l’Ille-et-Vilaine10.
7Un courant de créations provient une nouvelle fois d’Angers. Le premier véloce-club angevin est créé en 1875, d’autres naissent à Segré et Pouancé, respectivement en 1880 et 189311. On peut y rattacher la fondation de la société vélocipédique craonnaise en juin 1891.
8La création de sociétés vélocipédiques dans le nord du département est à mettre en lien avec le passage de la course Paris-Brest et retour. La première édition de cette épreuve est organisée en septembre 1891. L’itinéraire suivi, venant, à l’aller d’Alençon, avant de gagner la Bretagne, passe par Pré-en-Pail et Laval, où deux points de contrôle officiel sont installés. Cette course, lancée le dimanche 6 septembre avec plus de 200 participants, est remportée par Charles Terront, en moins de soixante-douze heures, mais s’étire en réalité sur plus d’une dizaine de jours. L’engouement local, à Pré-en-Pail, est au rendez-vous, comme en témoignent les dépêches publiées dans Le Petit Journal12. La deuxième édition, en août 1901, se joue, au retour de Brest, de nuit, sur les routes mayennaises13. Nul doute que les créations de sociétés vélocipédiques à la Pôoté et à Villaines-la-Juhel en 1902, puis à Pré-en-Pail en 1903 soient des conséquences directes de l’enthousiasme suscité localement en 1901 par Paris-Brest et retour.
9Cependant, comme l’indiquent les statuts de la société vélocipédique de Villaines-la-Juhel, ce n’est pas la compétition qui est recherchée par ses membres. L’objectif est « de développer le goût, l’usage et le progrès de la bicyclette », « de fournir aux cyclistes tous les renseignements qui seront en son pouvoir et pourraient leur être utiles », « d’avoir à Villaines-la-Juhel un lieu de réunion pour les cyclistes et les personnes sympathiques au sport en question14 ». Ce qui semble intéresser avant tout les sociétaires cyclistes, c’est d’avoir un local pour se retrouver pour le plaisir, un lieu de sociabilité. Les statuts de l’Union vélocipédique ernacéenne, à Ernée, rédigés en 1896, sont assez révélateurs de l’ambition de ses fondateurs. Le vélo y apparaît comme un prétexte pour se réunir dans un local, appelé « cercle », pour jouer et discuter15. Il y a là une filiation évidente avec le cercle de type angevin, et sans doute une manière de renouveler l’attractivité de celui-ci, en proposant une activité à la mode.
10L’effectif moyen d’une société vélocipédique avoisine la vingtaine de membres. Celle de Craon passe de 14 cyclistes, à sa fondation, en 1891, à une cinquantaine en 1900, ce qui en fait une des sociétés les plus importantes du département16. La société d’Évron revendique 51 « membres actifs » en 1898 parmi lesquels peut-être faut-il compter quelques membres honoraires, qui ne pratiquent pas. Le véloce-club de Gorron, créé deux ans plus tôt, distingue ainsi ses 23 membres actifs de ses 22 membres honoraires.
11Fondé le 6 juin 1891, le véloce-club de Craon organise, deux mois plus tard, le 9 août, des courses vélocipédiques. Elles ont lieu sur une piste de 670 mètres de tour, aménagée sur les Promenades. Au fur et à mesure des années, les équipements s’améliorent : en 1893, « la vitesse déployée [est] scrupuleusement chronométrée et inscrite sur un tableau » ; en 1894, la commission d’organisation installe des « barricades » pour délimiter la piste et deux estrades pour le public, dont l’une est réservée aux membres d’honneur du véloce-club et aux autorités locales17. Plusieurs courses se succèdent. En 1891, à Craon, elles sont au nombre de six ; elles se distinguent par la catégorie des coureurs autorisés à courir (course réservée aux membres du véloce-club craonnais, aux coureurs du département, ouverte à tous), par les engins autorisés (bicyclettes, tricycles, tandems), par le but et la distance de l’épreuve (courses de vitesse de 3 500 à 10 000 mètres, course de lenteur sur 250 mètres).
12Avec les années, des « sorties d’entraînement » organisées le dimanche, à la belle saison, sont proposées aux sociétaires. Le 13 mai 1894, l’itinéraire prévu par le véloce-club craonnais est un aller-retour entre Craon et Laval, soit une soixantaine de kilomètres18.
13Le 19 juin 1897, les membres de l’Union vélocipédique d’Ernée sollicitent financièrement le maire car ils disent vouloir inaugurer le 1er août suivant « un vélodrome convenable et durable, le premier créé dans le département », au lieu-dit de Vahais19. Le jour dit, « la ville d’Ernée a inauguré […] son coquet vélodrome de Vahais, situé à un kilomètre à peine, dans un des sites les plus riants du pays. […] La piste est, de l’avis des coureurs que nous avons interrogés, une des meilleures de la région20 […] ».
14En termes associatifs, dans les campagnes mayennaises, comme ailleurs, la pratique sportive vélocipédique en compétition n’est qu’une mode. Passées les années 1890-1900, les courses cyclistes déclinent, les concours de vélos fleuris prospèrent. La bicyclette devient un support de décoration, à l’instar de la composition qu’offrent en septembre 1913, les jeunes sociétaires de l’Étoile de Bierné, société conscriptive, et leurs vélos aux roues ornées21.
15La Grande Guerre accélère le déclin des véloce-clubs ruraux en Mayenne : la société vélocipédique de la Pôoté n’existe plus en 191322 ; celle de Quelaines est suspendue pendant le conflit, sa relance en 1920 est un échec23. D’autres activités prennent le relais de l’essor du sport-association.
Des sociétés conscriptives aux associations sportives
16La pratique se diversifie au sein des sociétés conscriptives. Les théoriciens de l’influente « gymnastique allemande » en ont une conception très élargie, en incluant « l’escrime, la natation, la danse, le patinage, l’équitation et les arts martiaux24 ». En revanche, ils jugent inutiles les jeux en équipes car ceux-ci « impliquent un esprit de compétition, alors même que le patriotisme exige la solidarité ». Le développement des sports collectifs est lié à un second courant d’influence : les collèges britanniques de la seconde moitié du xixe siècle. La fonction des activités physiques y est cependant la même qu’en Allemagne ou en France : endurcir le corps et former la virilité. Progressivement, les concours et les matches s’imposent dans l’ordonnancement du calendrier de l’année. Pour Pierre Bourdieu, la pratique ludique devient sportive à partir du moment où elle s’autonomise des fonctions et occasions traditionnelles qui étaient celles des jeux jusqu’au xixe siècle25.
17Les premières sociétés omnisports émergent au début du xxe siècle. La diversification des activités se poursuit après la Grande Guerre et s’accompagne d’une spécialisation des associations26. Celle-ci se fait au profit quasi exclusif du football, qui est le premier sport collectif pratiqué en France27. La Fédération française de football est fondée dès 1919.
18Ces évolutions du « sport-association » touchent également les patronages catholiques et les conduisent à s’éloigner progressivement de leur identité confessionnelle initiale28.
19L’Union sportive craonnaise, fondée en 1910, et affiliée à l’Union des sociétés françaises des sports athlétiques (USFSA), a pour but le « développement des sports athlétiques et spécialement foot-ball, courses à pied, escrime, tennis, patinage, natation, etc.29 » : on retrouve ici le programme de la « gymnastique » allemande, mâtiné de sport d’équipe. L’influence anglaise, qui se signale en Mayenne dès 1904 avec la création du Stade lavallois section football, se retrouve également dans une Amicale ouvrière, « société sportive de football », créée en 1908 à Ernée.
20Cette première génération d’associations spécifiquement sportives ne s’impose pas dans un paysage associatif rural dominé par les sociétés conscriptives, qui, progressivement, proposent elles aussi la pratique du football. L’Union sportive à Saint-Denis-de-Gastines, fondée en 1910, n’existe plus trois ans plus tard ; l’Union sportive d’Évron, née en 1912, disparaît au cours de la Grande Guerre30.
21La première appellation de « football club » est répertoriée à Champgenéteux, en 1921, avec pour objet : « pratique des sports en général, du football association en particulier31 ». Mais, dès l’année suivante, le titre de l’association devient « club sportif » et l’objet est plus polyvalent : « entraînement physique et pratique des sports ». La spécificité footballistique a disparu. Le terme « entraînement physique » laisse à penser qu’en ce temps d’immédiat après-guerre, on en est revenu aux activités d’une société conscriptive. Dix ans plus tard, en 1932, le « club sportif » redevient « football club ». Le cas du Club athlétique évronnais est également symptomatique. L’association est fondée le 27 janvier 1921 avec pour but « la pratique des exercices physiques et du football », elle dispose d’un terrain et dès 1922, le club aligne trois équipes. Pourtant le CA évronnais suspend son activité en 1925. Au moment de sa renaissance, six ans plus tard, le club repart de zéro, les deux ou trois anciens pratiquants n’étant plus en état de jouer et la vingtaine de nouveaux joueurs devant tout apprendre32.
22Le tennis et la course à pied sont également mentionnés, en 1923, dans la déclaration en préfecture de l’Union sportive de Pré-en-Pail, mais cela vient après le football et apparaît plus comme une déclaration formelle que comme un véritable projet33.
23Dans les années 1930, la troisième génération d’associations sportives permet au sport-loisir de s’imposer dans le paysage rural mayennais. Le football demeure l’activité principale, mais quelques créations, localisées et singulières, laissent entrevoir une pratique sportive plus diversifiée. La natation, avec les « Tritons de la Varenne » à Ambrières et les « Nageurs » d’Ernée au milieu des années 1930, se développe. L’arrière-pensée de préparation militaire n’est toutefois jamais loin : dans le cas de la dernière société, un courrier du ministre de l’Éducation nationale au préfet de la Mayenne signale son agrément par le gouvernement et son placement sous le contrôle des autorités militaires34.
24Une série de sociétés hippiques rurales est créée entre 1934 et 1937, avec pour but de « développer le goût et l’usage du cheval dans les milieux ruraux35 ». Ce sont souvent des associations dont le rayon d’action couvre plusieurs communes : Azé/Châtelain, Cossé/Méral, Saint-Charles/Grez/Le Buret, Loiron sud, Loiron nord, Saint-Saturnin-du-Limet, Argentré et environs. Elles se distinguent des sociétés de course, qui sont attachées à un hippodrome et qui ont un objectif agricole d’amélioration de la race équine.
25Le cyclisme se redéploie. Un « Vélo sport » est créé en 1934 à Renazé, terre ancienne de vélocipédie ; l’année suivante, un « Véloce-club » naît dans la commune proche de Saint-Aignan-sur-Roë36. La même année, est recréée l’Union vélocipédique de Quelaines, disparue depuis la Grande Guerre. Cette renaissance aboutit à la construction d’un vélodrome inauguré en 193837.
26Le basket-ball commence à se faire une place dans les patronages catholiques, à côté de la gymnastique et du tir, comme à l’Alerte d’Évron, où ce sport est pratiqué à partir de 192738.
27Enfin, le premier « ping-pong club » rural mayennais est fondé à Ernée le 3 mars 193339. Ce club, spécifique, joue un rôle pionnier, car la Fédération française de tennis de table n’existe que depuis 1927 et la pratique du ping-pong se fait, à l’époque, majoritairement au sein de clubs omnisports40.
28À partir du milieu des années 1920, on note une conversion marquée des sociétés conscriptives à des activités sportives autres que le tir ou la gymnastique. Celles qui ne le font pas connaissent des difficultés d’existence. L’Avant-Garde de Saint-Brice, fondée en 1921, disparaît un an ou deux après. L’Étoile sportive de Congrier, créée en 1920, est dissoute en 1924 et « rend à la société Jeanne-d’Arc de Congrier [autre société de tir] le matériel de gymnastique, tambours et clairons41 ». En 1938, la société sportive de Saint-Germain-de-Coulamer, « désireuse de pratiquer la gymnastique et de faire partie d’une société de préparation militaire, ne pouvant elle-même trouver de moniteur particulier » demande à « être rattachée à la préparation militaire de Sillé-le-Guillaume (Sarthe), cette ville étant la plus proche […] et d’un accès très facile42 ».
29La conversion des sociétés conscriptives concerne dans une moindre mesure les 23 associations catholiques affiliées à la Fédération sportive des patronages de France dans les années 193043. Le football connaît un véritable essor dans les patronages dans l’entre-deux-guerres44. En 1922, l’Union sportive de Cuillé apparaît encore relativement isolée en annonçant comme objet une laconique « pratique des sports athlétiques45 », qui ne renvoie à aucun objectif militaire explicite. Lors de la création de l’Intrépide de Pré-en-Pail, en 1927, l’objet de l’association reste très orienté : « gymnastique, tir, sports, préparation militaire ». Dix ans plus tard, l’activité, qui concerne 42 adultes et 70 enfants, s’est diversifiée et démilitarisée : la gymnastique reste un pôle important, mais le tir a disparu du bilan de l’association, remplacé par l’équipe de football et ses 16 matches annuels, la section de théâtre et la fanfare, ses cours de solfège et ses concours46.
30Jusqu’à la fin des années 1930, la frontière entre sociétés conscriptives et sociétés sportives reste floue47. On est donc obligé de prendre en compte les deux catégories si on veut avoir une idée de la diffusion du sport associatif entre les années 1910 et les années 1930.
31La carte de répartition montre une grande diffusion du phénomène sportif dans les communes rurales mayennaises (fig. 7). Elles ne sont pas l’apanage des chefs-lieux de canton. On ne note pas d’opposition entre le sud et le nord du département, constatée pour d’autres types d’associations. Cela témoigne d’une diffusion généralisée du fait associatif. En revanche, les trois villes (Laval, Mayenne et Château-Gontier) continuent de faire le vide autour d’elles. La carte montre un maillage très régulier des sociétés sportives portées par les patronages catholiques. Aucun canton n’est laissé au monopole du camp laïc, et réciproquement.
32Enfin, comme pour la musique ou le tir, certaines associations sportives ont partie liée avec un établissement industriel : en 1926, l’Étoile sportive apparaît à Fontaine-Daniel, en lien avec l’usine de tissage ; en 1937, c’est au tour du Club athlétique kabilien, émanation du site d’extraction de la carrière de la Kabilie, sur la commune de Voutré, d’apparaître sur la scène du football local.
Des lieux en construction
33Jusque dans les années 1930, les installations sportives dont bénéficient les associations rurales sont précaires. Les matchs de football se déroulent sur des prairies souvent privées sur lesquelles sont installés, de chaque côté, de larges cadres en bois pour former les buts, comme à Bierné en 191348. Vingt ans plus tard, sur les images tournées par Georges Guenoux à Pré-en-Pail, le terrain est une vaste prairie bosselée où des limites et un point de pénalty ont été tracés à la craie49.
34L’enquête préfectorale de 1936, déjà évoquée pour les sociétés conscriptives, donne une photographie des équipements à la disposition des associations sportives à la fin de la période d’étude. La plupart des sociétés ont recours à des bâtiments et terrains privés, loués avec des baux de plusieurs années (cinq ans pour l’Union sportive de Villaines-la-Juhel, par exemple). Les terrains de football sont de tailles très variables : 95 mètres sur 55 à Montsûrs, 70 sur 45 à Vaiges. Ce sont de petites dimensions, pas toujours réglementaires, attendu qu’un terrain, selon la loi du football établie à la fin du xixe siècle, doit avoir une longueur comprise entre 90 et 120 mètres et une largeur comprise entre 45 et 90 mètres. Les installations municipales de Vaiges offrent également un terrain de basket-ball (27 mètres sur quatre) et un terrain de volley-ball (22 mètres sur 11). L’existence de tels équipements est à mettre en rapport avec le fait que la Fédération française de basket-ball n’existe que depuis 1933 et que celle de volley-ball est fondée en 193650. Mais il n’y a pas encore de piscine, les cours de natation ayant lieu dans la rivière51. En revanche, à Montsûrs, « le club dispose d’un bassin ouvert, en l’occurrence une ancienne carrière, mesurant 100 mètres de longueur, 15 mètres de largeur et 3 à 4 mètres de profondeur52 ». Les notices d’Ambrières et de Cossé-le-Vivien évoquent respectivement l’installation, en 1936, d’une piscine et d’un terrain de tennis.
35Au cours des années 1930, suivant une évolution nationale amorcée cinquante ans plus tôt53, le sport « ponctue » donc le paysage des campagnes mayennaises de ses gymnases, stades, piscines, ou champs de tir.
36De la fin du xixe siècle aux années 1930, la Mayenne rurale se « sportivise ». Elle est dans une relative normalité : les évolutions y sont identiques à celles observées, entre 1860 et 1940, pour le Var54, département opposé à la France de l’Ouest, s’il en est, dans l’historiographie.
Débuts des sociétés amicales
Le succès tardif des associations amicales périscolaires
37À l’échelle de la France, les premières associations amicales à rencontrer un « certain succès » auprès des ruraux sont les amicales d’anciens élèves55. Elles ont « une fonction de sociabilité plus marquée et proposent des activités de loisir à leurs membres56 » : « Faute de patronages, la Ligue de l’enseignement [mouvement fondé en 1864 pour défendre la laïcité] invite à développer les associations d’anciens élèves57. »
38En Mayenne, les premières associations d’anciens élèves se signalent dans la presse par l’annonce de leurs festivités. En juillet 1894, la société amicale des anciens élèves du pensionnat et externat Saint-Joseph de Craon propose une « soirée récréative » lors de laquelle « une quête sera faite pour les travaux de restauration de la chapelle de l’établissement58 ». Cinq prestations théâtrales et musicales sont au programme : une « grande parade » donnée par un intervenant, un dialogue, une comédie en deux actes, une chansonnette comique, une chansonnette rustique et un vaudeville en un acte.
39Les monographies communales de 1899, alors même qu’elles sont rédigées par des instituteurs, mentionnent fort peu d’associations périscolaires. Le mouvement s’intensifie en réalité dans les années qui précèdent 1914. Le contexte est désormais celui d’une rivalité ouverte entre le camp laïc et le camp catholique. L’objet amical des associations d’anciens élèves se teinte d’une visée idéologique assumée. En 1910, l’Association des amis des écoles laïques du canton du Horps a pour but explicite de « soutenir les écoles laïques en lutte contre les écoles libres par des dons aux élèves nécessiteux et à leurs familles59 ». Le même objectif se retrouve à l’Association des amis des écoles laïques de Gorron, fondée la même année. Dans les statuts de l’association, révisés en 1927, il est même question de « donner un appui moral aux instituteurs et institutrices60 ».
40Cette génération d’associations périscolaires laïques connaît le plus souvent une existence courte. Au Horps, en 1913, l’enquête auprès des maires sur les associations, effectuée par la sous-préfecture, fait apparaître que « l’association […] n’a existé que sur le papier. Jamais elle n’a fonctionné. Aucune cotisation n’a été perçue. […]. Le fondateur quittait la commune au lendemain de la fondation et ne s’en est plus occupé61 ». Le surgissement de la Grande Guerre a, de plus, fortement touché l’activité de ces associations naissantes. L’Association des amis des écoles laïques de Gorron a été mise en sommeil pendant une dizaine d’années, jusqu’en 1927, date à laquelle elle est réactivée. L’association périscolaire de l’Ernéenne, créée en 1910 en remplacement de la Laïque d’Ernée, quant à elle, perdure par-delà la Grande Guerre, mais elle connaît une modification de ses statuts en mai 1920 pour se transformer en « société de préparation et de perfectionnement militaires62 ».
41Il faut attendre la seconde moitié des années 1920 et le début des années 1930 pour que les associations d’anciens élèves s’imposent définitivement dans le paysage des campagnes mayennaises.
42Cette seconde génération d’associations périscolaires est à 80 % issue de l’enseignement catholique. La visée idéologique est réaffirmée : « conservation et défense de tous les intérêts intellectuels, matériels et moraux des adhérents et de l’école ». Concrètement, cela se traduit par l’organisation de festivités ou de soirées récréatives, qui génèrent une sociabilité associative, certes plus ou moins intense selon les groupements, mais qui dépasse la simple assemblée générale annuelle. Le 30 avril 1934, le programme de la fête annuelle de l’amicale des anciens élèves de l’école Saint-Joseph de Cossé-le-Vivien comporte, par exemple, des saynètes, des morceaux de musique, qui nécessitent un minimum de répétitions et donc de réunions au cours de l’année63.
43Les amicales périscolaires sont, jusque dans les années 1920, principalement des associations d’anciens élèves, au sens masculin du terme. La société amicale des anciennes élèves de l’école publique de jeunes filles d’Ernée, fondée en 1901, apparaît comme une exception. En revanche, à partir de la fin des années 1920, et encore plus au cours des années 1930, les associations d’anciennes élèves l’emportent largement sur celles d’anciens élèves. Sur les 43 associations périscolaires recensées entre 1928 et 1939, 13 sont masculines, deux sont mixtes et 28 sont féminines. Dans le privé, l’association d’anciennes élèves devient le pendant du patronage, réservé aux garçons. Cela explique le fort déséquilibre de créations entre associations d’anciennes élèves et associations d’anciens élèves.
44L’étude de la répartition des associations périscolaires permet toutefois de modérer leur apparent succès (fig. 8). Des foyers apparaissent, autour d’Évron, entre Ernée et Gorron, autour de Cossé-le-Vivien et de Craon. Au sud de Laval, les associations catholiques sont prédominantes, voire exclusives. Seule l’Association amicale des anciens et anciennes élèves et amis des écoles publiques de la Roë, fondée tardivement, en 1937, se distingue. Ailleurs, comme à Gorron ou Évron, une concurrence entre groupements laïcs et catholiques se signale. Enfin, le nord-est ne compte que des associations périscolaires laïques. Toutefois, on est ici dans un territoire où les patronages catholiques sont forts. Ainsi, l’Intrépide de Pré-en-Pail accueille en son sein des activités à destination des jeunes filles, sans qu’il soit nécessaire de créer une structure associative spécifique supplémentaire.
Figure 8. – Les associations périscolaires dans les communes rurales mayennaises dans l’entre-deux-guerres.


L’essor des groupements d’anciens combattants
45Jean-Claude Farcy affirme que « [le] rôle de l’association dans l’organisation des loisirs au village trouve sa consécration dans les années vingt, puis les années trente, avec les associations d’anciens combattants64 ». Antoine Prost distingue deux grandes catégories : les « associations de mutilés » et les « associations de combattants ». À l’échelle nationale, les premières naissent pendant la guerre, alors que les secondes sont caractéristiques de l’après-guerre. Cependant, dans l’ouest de la France, contrairement au Sud, les structures associatives à destination des mutilés sont relativement absentes jusqu’en 1918, à l’échelle locale comme à l’échelle départementale. Selon Antoine Prost65 :
« Cette géographie, en effet, n’est pas accidentelle. Ce n’est pas un hasard si le mouvement d’association se développe précisément dans des régions républicaines ou radicales : s’associer est un réflexe démocratique, et revendiquer suppose qu’il soit légitime de faire pression sur les autorités, et donc que celles-ci ont des comptes à rendre. Dans les régions conservatrices, l’attitude naturelle est de faire confiance à l’autorité et de lui obéir. D’un côté, les terres de démocratie, d’égalité et de contestation ; de l’autre, les terres de tradition, de hiérarchie et d’obéissance. Il y a là une géographie politique sommaire, ou plutôt une sorte de “socle” d’attitudes fondamentales, souvent inconscientes, et qui commandent aussi bien les opinions politiques que les modalités de la sociabilité locale. »
46On retrouve ici les conceptions portées par Siegfried et Agulhon, opposant Sud sociable et Ouest associable.
47Tant dans la chronologie que dans les objets affichés, il est difficile de distinguer très clairement groupements de mutilés et groupements de combattants. Cela est d’autant plus vrai que les premiers acceptent les combattants et que les seconds sont ouverts aux mutilés66. En termes de sociabilité, la question se pose de savoir si les groupements d’anciens combattants sont avant tout des organisations revendicatives, à l’instar des associations de contribuables, par exemple, ou des associations de sociabilité. Pour trancher, on s’appuiera, là encore, sur les travaux d’Antoine Prost, qui pointe la « dualité » des groupements d’anciens combattants. Ce sont à la fois « des cellules profondément enracinées dans la société rurale […] renouvelant les formes traditionnelles de sociabilité » et « un groupe de pression prodigieusement actif et remarquablement efficace67 ». Une fois le mouvement combattant structuré, à la fin des années 1920, la fonction revendicative joue principalement à l’échelle des dirigeants nationaux. À l’échelle locale, ce qui prévaut, c’est la polyvalence, trait caractéristique des groupements d’anciens combattants en France, à la fois « société de secours mutuel », « comité des fêtes » et « club où l’on puisse parler sereinement de grands problèmes politiques68 ».
48Dans un contexte de vieillissement de la population rurale, l’association d’anciens combattants permet de continuer à animer la commune par des défilés, des cérémonies, des repas, associant les écoles, mais aussi, dans certains villages, la fanfare69.
49Après une première vague de créations, dans l’immédiat après-guerre, les associations d’anciens combattants traversent une crise, à l’échelle française, dans les années 1922-1924. Bâti sur un modèle de « solidarité négative, une solidarité de victimes70 », le mouvement combattant est en crise d’identité. Le décret du 28 juin 1927 vient apporter une solution, en définissant les combattants comme « les militaires qui ont reçu une blessure de guerre, ou qui ont été présents pendant trois mois au moins dans une unité combattante dont la liste est établie ». Une carte du combattant est délivrée pour authentification. Les anciens combattants revendiquent désormais une « fonction morale et nationale ». Cette clarification législative relance le mouvement de créations associatives jusqu’au milieu des années 1930. À l’échelle nationale, deux villages français sur trois sont dotés d’une association ou section d’anciens combattants et 70 % à 80 % des titulaires d’une carte de combattant sont membres d’un groupement d’anciens combattants vers 1933-193571.
50Dans les campagnes mayennaises, les deux mouvements, mutilés et combattants, se construisent de manière concomitante à partir de 1919. La première association de combattants, la Société des poilus de Pré-en-Pail, déclarée le 2 mai 1919, a pour but de « défendre les intérêts des anciens combattants de la Grande guerre » ; la seconde, la Société des combattants et mobilisés de Lignières-la-Doucelle, créée le 8 septembre 1919, de « maintenir la bonne camaraderie et la solidarité entre tous ceux qui ont pris part à la guerre, défendre leurs intérêts et revendiquer leurs droits72 ». De leur côté, l’objectif affiché des groupements mutilés qui apparaissent à l’automne 1919 est de « maintenir entre ses membres des liens de solidarité et de bonne camaraderie, défendre les intérêts des associés et revendiquer leurs droits, les aider à se procurer du travail73 ».
51Au début des années 1920, les célébrations restent réduites. À la Société des poilus de Pré-en-Pail, le dimanche 11 novembre 1923, le programme prévoit une assemblée générale dans une salle de la mairie à 14 h 30, un cortège, un dépôt de gerbe de fleurs au monument au mort et de palmes du souvenir sur les tombes des soldats morts au combat au cimetière, l’après-midi s’achevant par un banquet à 18 h 3074. En avril 1931, c’est un programme enrichi qui attend les anciens combattants du Genest : grand-messe à 9 h 30, dépôt de gerbe au monument aux morts à 10 h 45, conférence à 11 h 45, représentation théâtrale à 15 h 30, banquet à 19 h 30, seconde représentation théâtrale et grand bal avec jazz band à 21 h75. Fin mai de la même année, le programme de la fête des anciens combattants de Port-Brillet est encore plus fourni. Il s’étale du samedi 23 au mercredi 27. Au programme, « deux séances récréatives avec le concours d’artistes amateurs de la localité, chanteurs, acteurs et musiciens », remise de la croix du combattant au « dernier survivant à Port-Brillet de la guerre de 1870-71 », concours de pêche, apéritif et jeu de palet, « bal endiablé » au son du jazz le dimanche 24 au soir, « jusqu’à 3 heures passées76 ».
52Le 11 novembre des anciens combattants s’installe dans le calendrier des festivités communales dans nombre de bourgs ruraux mayennais, mais cette date n’est pas limitative, comme le montre l’exemple de Port-Brillet. Par ailleurs, les congrès départementaux sont l’occasion de démonstrations encore plus ambitieuses, à l’exemple de celui organisé à Ernée, le 24 juin 1934, avec un « défilé historique de l’Armée française à travers les âges77 ».
53Deux dynamiques différentes impulsent le mouvement des groupements d’anciens combattants, conduisant à deux statuts administratifs. Localement, des anciens combattants s’associent et déclarent officiellement leur « association » en préfecture ou sous-préfecture. La pluralité des démarches se lit dans la diversité des appellations : « Société des combattants et mobilisés », « Société des poilus », « Association amicale des mobilisés de la Grande Guerre », « Union des combattants de la guerre 1914-1918 et des anciens combattants de 1870 », « Association des mutilés réformés et anciens combattants », etc. Ces associations, à part entière, s’affilient, dans un second temps, à l’un des réseaux nationaux qui se structurent dès l’après-guerre. En Mayenne, c’est l’Union nationale des combattants (UNC), classée comme conservatrice, qui s’impose78. Déclarée le 11 novembre 1918, l’UNC a la particularité, à la fois, d’agréger à elle des associations locales fondées de manière spontanée, mais aussi de susciter des créations de « sections », directement rattachées au siège parisien de l’association79. Ces sections, cantonales ou communales, fonctionnent de la même manière que les associations : elles sont dotées d’un bureau, d’un président et organisent les cérémonies et festivités locales. La seule différence entre une « association » et une « section » est que la seconde n’est pas déclarée en préfecture. Il arrive cependant qu’une section, quelques années après avoir été créée, se déclare au titre de la loi du 1er juillet 1901, tout en gardant son appellation d’origine, à l’instar de la section des anciens combattants de la commune de Saint-Georges-Buttavent, déclarée en sous-préfecture le 28 novembre 192880.
54Dans les campagnes mayennaises, entre 1919 et 1939, 60 associations et 112 sections ont été répertoriées (fig. 9). Elles concernent environ 60 % des communes rurales, corroborant les chiffres d’Antoine Prost à l’échelle française. En revanche, seuls 48 % des titulaires mayennais d’une carte de combattant sont membres d’un groupement d’anciens combattants vers 1933-193581 : on est loin des 70 à 80 % recensés pour l’ensemble des campagnes françaises82. En moyenne, l’effectif d’une association ou section rurale d’anciens combattants en Mayenne se situe entre 80 et 100 membres83. Les plus petites, comme celles de Couptrain ou Soucé, comptent à peine une vingtaine de membres. À l’opposé, les groupements cantonaux de mutilés peuvent rassembler plus de 200 sociétaires.
Figure 9. – Les groupements d’anciens combattants dans les communes rurales mayennaises dans l’entre-deux-guerres.


Sources : Arch. dép. de la Mayenne, 3 R 389-390.
55Le mouvement associatif des mutilés s’inscrit dès le départ dans une structuration départementale, avec l’Association amicale des blessés, réformés et mutilés de la Mayenne. Les associations ou sections de mutilés sont créées essentiellement à l’échelle cantonale : Argentré, Craon, Ernée, Évron et Meslay-du-Maine à l’automne 1919, Ambrières, Pré-en-Pail/Couptrain et Villaines-la-Juhel en 1921, Renazé en 1923, Gorron en 1926, Loiron en 1933. Au total, 11 groupements de mutilés ont été répertoriés dans les communes rurales mayennaises, soit 6 % du total.
56À l’instar de ce qu’observe Antoine Prost à l’échelle nationale, les groupements de combattants sont créés en deux vagues, qui correspondent, en Mayenne, à deux secteurs géographiques différents. La première vague apparaît entre 1919 et 1923. Une trentaine de groupements est concernée, associations et sections à parts égales. Ces créations touchent presque exclusivement le sud-ouest du département, c’est-à-dire les cantons de Craon, Cossé-le-Vivien, Saint-Aignan-sur-Roë et Château-Gontier. La propension à s’associer de la population de la Mayenne angevine se confirme une fois encore.
57Cette première vague passée, le mouvement s’essouffle vers 1924. Les campagnes mayennaises subissent avec retard la crise qu’Antoine Prost décèle, à l’échelle française, pour les années 1922-1924. Il faut attendre la fin des années 1920 et les effets du décret du 28 juin 1927 pour que la Mayenne se couvre de groupements d’anciens combattants, le nord du département rattrapant son retard sur le sud. Cela se fait à l’avantage très net des sections, ce qui révèle une prédominance de l’impulsion d’en haut sur celle d’en bas. Dans beaucoup de communes, l’association ou section d’anciens combattants est le premier groupement associatif à être fondé. Au vu du rôle joué, c’est un autre tournant important dans l’essor de la sociabilité associative dans les communes rurales mayennaises.
Étiolement des premiers types d’associations
58Alors même que l’association se généralise et touche une grande majorité des communes rurales mayennaises grâce aux amicales, les premiers types d’associations fondés au cours du xixe siècle connaissent un étiolement. Créées ou recréées entre les années 1830 et les années 1880, elles sont confrontées, au tournant du siècle, au difficile renouvellement de leurs membres et de leurs dirigeants, une fois les fondateurs disparus. Par ailleurs, le contexte associatif a changé et fait la part belle aux sports.
59Le mouvement de créations de cercles angevins s’essouffle dès les années 187084. Cette tendance se détecte dans d’autres régions comme le Mâconnais85. De fait, l’une des solutions de survie pour le cercle est de se « sportiviser » : rugby et vélo en Gascogne86, boule en Anjou ou dans le Var87. Ailleurs, à partir des années 1880, le cercle se politise : Raymond Huard décrit la mutation des cercles d’agrément en cercles républicains dans le Languedoc des années 187088. Dans sa description des processus de politisation dans les campagnes françaises entre 1830 et 1914, Laurent Le Gall évoque ces sociétés qui « virent leurs actions dévier de leurs objectifs initiaux et/ou se colorer d’un vernis partisan89 ». Malgré ces mutations, le cercle s’efface devant les nouveaux types d’associations, et ce, même dans des départements, comme le Var, où il était très présent90.
60L’autonomisation des sociétés musicales à partir des années 1880, la multiplication des sociétés conscriptives à partir des années 1910 et le désarmement définitif des sapeurs-pompiers, par le décret du 13 août 1925, semblent rendre moins attractif l’engagement au sein des corps de sapeurs-pompiers91.
61Enfin, l’élan de création des sociétés musicales s’essouffle, lui aussi, au xxe siècle.
Déclin et extinction des cercles angevins
62La société de Ballée, fondée en 1827, est signalée comme dissoute en 187292. À Craon, dans les années 1880, le cercle de la Réunion finit par déménager et rejoindre celui de la Gauvennerie, qui, seul, survit93. Deux enquêtes menées dans l’arrondissement de Château-Gontier en 1885 et dans celui de Mayenne en 188794 montrent qu’il reste peu de chose du mouvement associatif des cercles, qui avait pourtant connu un bel essor dans la dernière décennie du Second Empire. La forte baisse démographique qui commence à frapper les campagnes mayennaises y est sans doute pour beaucoup. Seules les agglomérations rurales les plus peuplées, comme Ernée, Craon, Gorron ou Saint-Denis-d’Anjou, conservent une société active.
63Un processus de « sportivisation », limité, est à l’œuvre. Des challenges de boule de fort entre les membres de différentes sociétés sont organisés à l’échelle régionale dans les années 1900, auxquels participent, notamment, les Amis réunis de Bouère95. Ceux-ci adhèrent, en 1909, à la toute nouvelle Fédération des sociétés des joueurs de boule de fort, créée deux ans plus tôt.
64En revanche, on ne recense aucune politisation de cercle en Mayenne. Les sociétés d’agrément y périclitent et, indépendamment, apparaissent des cercles ou comités « républicains », à Évron et à Gorron dès 1892, à Lassay en 1898, à Couptrain et au Horps en 1906, à Andouillé en 1907, puis des cercles ou comités « républicains radicaux » à Landivy en 1908, à Meslay en 1909 ou à Chailland en 1910. La loi du 1er juillet 1901 apparaît d’ailleurs facilitatrice de ce type de groupement. L’échelle cantonale est systématiquement adoptée, ce qui témoigne d’une volonté de s’assurer un nombre significatif de membres face au camp conservateur. Les groupements républicains sont tous implantés dans la partie nord du département, la fondation, tardive, à Meslay-du-Maine étant la plus méridionale. Le sud du département, terre conservatrice est un terrain défavorable aux cercles républicains.
65La différence entre « comité » et « cercle » tient à la fréquence envisagée des réunions. Dans le premier cas, il s’agit, comme à Gorron, de deux réunions ordinaires annuelles, en janvier et juillet96. Dans le second, la sociabilité est plus intense. Le cercle républicain d’Évron loue ainsi à un particulier, pour neuf ans, une grande salle et une chambre, au premier étage d’une maison donnant sur la place de l’hôtel de ville97. Au cercle républicain radical de Meslay-du-Maine, en mars 1909, le but est clairement énoncé98 : « essayer par des rapports fréquents entre ses membres de soutenir et d’aider dans le canton le gouvernement de la République ». Ces cercles s’apparentent donc à des structures partisanes, ce qui ne les empêche pas d’avoir des projets d’activités assez larges, destinées à entretenir, malgré tout, une certaine sociabilité entre les membres. Le Comité républicain radical du canton de Chailland, dont le siège est à Andouillé, se propose ainsi de faire « circuler des journaux, des brochures », de « soutenir les candidats républicains aux élections », mais aussi d’organiser « des réunions, conférences, banquets, fêtes99 ».
66Le 24 novembre 1918, le cercle de la Gauvennerie, « institution » craonnaise, vieille de 132 ans, disparaît précipitamment100. L’armistice de la Grande Guerre à peine signé, le propriétaire du lieu de réunion du cercle est pressé de récupérer la pleine jouissance de son bien. L’assemblée générale de dissolution se tient, d’ailleurs, alors même que certains membres sont toujours mobilisés sous les drapeaux et sont donc notés absents.
67Trente-deux ans auparavant, en 1886, le commissaire principal du cercle déclarait lors du banquet du centenaire de l’association101 : « Et maintenant, vieux cercle que te souhaiter ? la prospérité tu en es sûr, longue vie, aussi rien ne saurait la menacer ; car nouveau phénix aujourd’hui tu renais de ton passé ! »
68En décembre 1912, le bureau du cercle de la Gauvennerie a fait les démarches nécessaires pour mettre l’association en conformité avec la loi du 1er juillet 1901. L’objet demeure « réunions journalières (jeux, lectures et conversations)102 ». La fin du cercle de la Gauvennerie est la seule à avoir été répertoriée dans les sources. Les autres groupements du même type, qui ont commencé à décliner à la fin du xixe siècle, n’ont pas laissé de traces : la publicité de la naissance d’une association est toujours plus plaisante à faire que celle de sa disparition. Il n’en demeure pas moins que le cercle angevin, très présent dans les sources administratives dans les décennies précédentes, est particulièrement absent à partir du début du xxe siècle. Le cercle de la Gauvennerie est d’ailleurs le seul, en Mayenne, à avoir adopté le statut d’association loi 1901.
69La disparition des cercles angevins peut s’expliquer, bien évidemment, par des difficultés organisationnelles, accentuées, dans le cas de la Gauvennerie, par la Grande Guerre. Au-delà, dans une société rurale en pleine décomposition démographique et sociale, l’heure n’est plus à chercher à se distinguer. Les cercles et sociétés d’hommes, à moins de muter, apparaissent en décalage et sont appelés à disparaître.
Remise en question de la sociabilité catholique
70Créé en 1860, le cercle de Loigné est mentionné comme disparu en 1885103. D’autres sociétés de cure font évoluer leurs statuts. Les membres de la société de l’Union à Ménil, fondée en 1842, qui, à l’origine, déclaraient se réunir quotidiennement, ne le font plus que le dimanche104. À Saint-Denis-d’Anjou, le public ciblé par le cercle de l’Union est élargi. À sa création, en 1874, il était encore question d’« habitants notables » ; en 1898, lors de la révision des statuts, le groupement s’adresse désormais aux « ouvriers de la localité105 ». L’objectif est « de leur permettre de passer agréablement et à peu de frais leurs dimanches et jours de fêtes ». L’Union de Pommerieux, on l’a déjà évoquée, est créée en janvier 1881, et se mue en « société de tir » en 1893106.
71L’ultime preuve de la désuétude dans laquelle sont tombés les cercles en général, et les sociétés de cure en particulier, est l’exemple du cercle Jeanne-d’Arc de Pommerieux. Ce dernier est fondé et organisé en septembre 1909 pour concurrencer la société de l’Union tombée aux mains des laïcs107. Il se présente comme un cercle angevin sous la coupe des catholiques : il a « pour objet le plaisir et la distraction au moyen de jeux en usage dans le pays et non prohibés par les lois108 ». L’article 10 de ses statuts précise : « Seront interdits les jeux de hasard et d’argent, notamment le baccara, le lansquenet, le trente et quarante, la roulette, les dés, le chemin de fer et autres jeux similaires. » Il prend ses quartiers dans le local jusqu’alors occupé par l’Union : cette dernière en a été expulsée par les nouveaux propriétaires. Il y a une cotisation à payer et des heures d’ouverture, comme n’importe quel cercle. Or, dès le mois de juillet suivant, les membres du cercle Jeanne-d’Arc écrivent au sous-préfet pour l’informer de la dissolution de leur société et son remplacement par une société de tir appelée « La Française ». Sans doute le fonctionnement initial de la Jeanne-d’Arc s’est-il trouvé en décalage par rapport aux nouvelles attentes de la population locale. Dans les années 1910, c’est un fait qui s’impose de lui-même : la mode est à la société conscriptive.
72De leur côté, les patronages catholiques qui se développent en nombre proposent bien plus que du sport. Des ateliers théâtraux, destinés d’abord aux adultes, puis aux garçons, et enfin aux jeunes filles, à partir de la fin des années 1920, aboutissent à plusieurs représentations par an et connaissent un grand succès local109. Le cercle Saint-Joseph d’Évron apparaît pionnier en la matière à partir des années 1880. De leur côté, les « Jeunes Gens du Patronage Saint-Nicolas de Craon » offrent, le dimanche 27 décembre 1896, une séance récréative « à leurs Parents, aux Bienfaiteurs et Amis de l’Œuvre ». La partie littéraire de la soirée comprend « deux comédies-vaudevilles » et « quatre monologues dont la note gaie ou patriotique a répondu à toutes les exigences de l’auditoire110 ». La partie artistique, quant à elle, est assurée par la Fanfare. Les nombreuses recensions de « soirées » ou « séances récréatives » théâtrales et musicales dans la presse locale, entre le début du xxe siècle et les années 1930, témoignent de l’intensité de l’activité des associations catholiques.
73Le patronage Saint-Joseph de Cossé-le-Vivien ouvre le premier cinéma catholique mayennais en 1922111. Grâce à un matériel transportable, il essaime dans tout le sud du département dans les années 1930. Cela correspond pleinement à ce que Michel Lagrée appelle le deuxième âge du cinéma de patronage, celui de l’essor, durant l’entre-deux-guerres, entre l’âge des débuts, avant 1914, et celui de l’apogée, dans les années 1950112. Les séances de cinéma viennent agrémenter les soirées organisées par les membres des différents patronages.
74Pour contrer l’influence catholique, le patronage connaît aussi des adaptations laïques, rares, avec, par exemple, des sociétés d’éducation populaire à Pré-en-Pail ou Gorron, dans les années 1930. Leur activité et leur influence semblent, malgré tout, limitées dans des campagnes mayennaises où les patronages catholiques prédominent.
Le repli des sociétés musicales
75Les sociétés musicales connaissent un repli : six nouvelles fondations dans les années 1900, deux dans les années 1910, cinq dans les années 1920 et, enfin, deux dans les années 1930. Le type de l’association musicale évolue. Désormais, ce sont des ensembles spécialisés qui se forment, tout autant que des fanfares : société de trompes à Craon en 1907, société de clairons à Pré-en-Pail en 1920 et à Châtillon-sur-Colmont en 1926, société d’« organisation de représentations théâtrales et musicales » à Cossé-le-Vivien en 1929.
76Au milieu des années 1930, le nombre de sociétés musicales subventionnées par le Conseil général de la Mayenne est divisé par deux par rapport au début du xxe siècle, époque à laquelle une soixantaine de formations musicales sont recensées dans le département. Il ne reste, le plus souvent, qu’une fanfare par canton. L’attractivité des ensembles lavallois a fait le vide autour du chef-lieu départemental, particulièrement à l’ouest.
77Toutefois, il est notable que l’effectif moyen de chaque ensemble augmente. Il est, en 1935, de 42 membres, contre 25 au début du xxe siècle. Si les plus petites formations demeurent à 15 musiciens, la plus grande, la Sainte-Cécile de Meslay-du-Maine, en compte plus de 80.
L’évolution contrastée des sapeurs-pompiers
78De 37 à la fin des années 1900, les corps de sapeurs-pompiers dans les communes rurales mayennaises passent à 47 en 1932. Les créations ou recréations s’équilibrent entre les trois arrondissements. Celui de Château-Gontier demeure toujours, et de loin, le mieux pourvu.
79Par ailleurs, on observe une baisse notable des effectifs. Le plus petit corps recensé est celui de Saint-Charles-la-Forêt (292 habitants au recensement de 1931), avec seulement neuf sapeurs-pompiers, pour un effectif légal s’élevant pourtant à 14113. Les effectifs les plus élevés se repèrent à Quelaines (35), Renazé (35) et Ernée (34). Il est rare que les corps atteignent l’effectif autorisé : en 1932, on compte 968 sapeurs-pompiers ruraux en Mayenne, alors qu’ils pourraient être légalement 1 251. Chaque corps a, en moyenne, une vingtaine de membres, au lieu de la trentaine constatée pour la période 1830-1880. Ces chiffres corroborent ceux établis, à l’échelle de la France, par Hubert Lussier, qui note, lui aussi, une baisse du nombre moyen d’hommes par unité : 32,7 en 1867, 29,8 en 1894, 26 en 1908114.
80Le décret du 10 novembre 1903, en même temps qu’il rappelle les corps de sapeurs-pompiers à leur mission initiale de lutte contre les incendies, permet la création de corps libres de sauveteurs, dans le cadre de la loi du 1er juillet 1901115. Face aux dépenses exigées par la loi pour l’équipement obligatoire d’un corps de sapeurs-pompiers, certains maires optent pour cette solution. Dans les campagnes mayennaises, quatre sociétés libres de sauveteurs sont répertoriées116.
81Le rapport entre sapeurs-pompiers et sauveteurs est difficile à déterminer. Dans le cas du Bourgneuf en 1909 et de Pommerieux en 1926, il s’agit de pallier l’absence de sapeurs-pompiers. À Bierné, en 1907, il s’agit d’un remplacement pur et simple : la subdivision de sapeurs-pompiers est dissoute et, dans le même temps, la société libre de sauvetage, avec pour but le « secours en cas de sinistre et d’incendie », est déclarée au Journal officiel. À Bazouges, en 1911, la situation est moins claire, la société libre établissant son siège dans le « café des sapeurs-pompiers ».
82Toutefois, le faible nombre de créations de sociétés libres de sauvetage en Mayenne tend à montrer que, s’il y a eu concurrence à l’égard des sapeurs-pompiers, elle a été plus que limitée.
Notes de bas de page
1 Arch. départ. de la Mayenne, 1 T 1051.
2 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 174.
3 Tétart Philippe (dir.), Histoire du sport en France, op. cit., p. 25.
4 Ibid., p. 55.
5 Ibid., p. 15.
6 Poyer Alex, Les premiers temps des véloce-clubs. Apparition et diffusion du cyclisme associatif français entre 1867 et 1914, Paris, L’Harmattan, 2003, p. 213.
7 Ibid., annexes.
8 Tétart Philippe (dir.), Histoire du sport en France, op. cit., p. 30.
9 Hiland Stéphane, « Le critérium cycliste de Laval et autres récits vélocipédiques », L’Oribus, no 106, novembre 2019, p. 41.
10 Poyer Alex, Les premiers temps des véloce-clubs, op. cit., annexes.
11 Morenne Agnès, « À bicyclette ! Avec l’Union vélocipédique quelainaise », Graines d’histoire en Haut-Anjou, 2011, p. 120.
12 Le Petit Journal, 9, 12 et septembre 1891.
13 L’Auto-Vélo, 17 et 18 août 1901.
14 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 174.
15 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 169.
16 Ibid.
17 Arch. départ. de la Mayenne, 1 pe 53/4 (Le Journal de Craon), 2 août 1891, 20 août 1893 et 12 août 1894.
18 Arch. départ. de la Mayenne, 1 pe 53/3 (Le Journal de Craon), 13 mai 1894.
19 Arch. municip. d’Ernée, 2 J 8, courrier au maire d’Ernée du 19 juin 1897.
20 L’Avenir de la Mayenne, 8 août 1897.
21 Arch. départ. de la Mayenne, 5 Fi 28/39.
22 Arch. départ. de la Mayenne, 2 Z 77.
23 Morenne Agnès, « À bicyclette ! », op. cit., p. 123.
24 Mosse George L., L’image de l’homme, op. cit., p. 53.
25 Bourdieu Pierre, Questions de sociologie, Paris, Les Éditions de Minuit, 1984/2002, p. 177-178.
26 Dietschy Paul et Clastres Patrick, Sport, société et culture, op. cit., p. 51.
27 Yon Jean-Claude, Histoire culturelle de la France, op. cit., p. 268.
28 Tétart Philippe (dir.), Histoire du sport en France, op. cit., p. 153.
29 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 169.
30 « Évron en fête, 1860-1960 », op. cit., p. 89-98.
31 Arch. départ. de la Mayenne, 2 Z 201.
32 Hubert Dominique, Des loisirs et des jeunes. Cent dix ans de groupements éducatifs et sportifs à Évron, 1860-1970, mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine, sous la direction de Brigitte Wache, université du Maine, juin 1997, p. 56-57.
33 Arch. départ. de la Mayenne, 2 Z 201.
34 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 169.
35 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 165.
36 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 166.
37 Morenne Agnès, « À bicyclette ! », op. cit., p. 123.
38 Arch. assoc. de l’Alerte d’Évron, Histoire de l’Alerte-Évron.
39 Arch. départ. de la Mayenne, 2 Z 201.
40 Proust Jack, Berthe de Ping à Pong ou la petite et la grande histoire du tennis de table, Montrouge, Éditions France tennis de table, 1990, p. 21.
41 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 169.
42 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 174.
43 Fédération gymnastique et sportive des patronages de France, Annuaire 1934, Paris, FGSPF, 1934, p. 486.
44 Cholvy Gérard, Histoire des organisations, op. cit., p. 199.
45 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 169.
46 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 174.
47 Gaugain Jean-Claude, Jeux, gymnastique et sports dans le Var (1860-1940), Paris, L’Harmattan, 2000, p. 375.
48 Arch. départ. de la Mayenne, 5 Fi 28/39.
49 Arch. départ. de la Mayenne, CN 69/18.
50 Tétart Philippe (dir.), Histoire du sport en France, op. cit., p. 85.
51 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 174.
52 Ibid.
53 Tétart Philippe (dir.), Histoire du sport en France, op. cit., p. 285.
54 Gaugain Jean-Claude, Jeux, gymnastique et sports dans le Var, op. cit.
55 Farcy Jean-Claude, « Le temps libre au village », art. cité, p. 335.
56 Grange Annie, L’apprentissage de l’association, op. cit., p. 17.
57 Thierce Agnès, Histoire de l’adolescence (1850-1914), Paris, Belin, 1999, p. 177.
58 Arch. départ. de la Mayenne, 1 pe 53/3 (Le Journal de Craon), 29 juillet 1894.
59 Arch. départ. de la Mayenne, 2 Z 77.
60 Arch. départ. de la Mayenne, 2 Z 201.
61 Arch. départ. de la Mayenne, 2 Z 77.
62 Arch. départ. de la Mayenne, 2 Z 75.
63 Arch. dioc. de Laval, cure de Cossé-le-Vivien, bulletin paroissial, juin 1933, no 6.
64 Farcy Jean-Claude, « Le temps libre au village », op. cit., p. 341.
65 Prost Antoine, Les anciens combattants et la société française…, op. cit., vol. 1, p. 44.
66 Ibid., vol. 1, p. 83.
67 Ibid., vol. 2, p. 259.
68 Ibid., vol. 3, p. 228.
69 Farcy Jean-Claude, « Le temps libre au village », art. cité, p. 341.
70 Prost Antoine, Les anciens combattants et la société française, op. cit., vol. 1, p. 111.
71 Prost Antoine, Les anciens combattants, 1914-1939, Paris, Gallimard/Julliard, 1977, p. 76.
72 Arch. départ. de la Mayenne, 2 Z 75.
73 Ibid.
74 Le Courrier du Maine, 4 novembre 1923.
75 L’Avenir de la Mayenne, 22 mars 1931.
76 Ibid., 7 juin 1931.
77 Arch. dioc. de Laval, cure d’Ernée, Semailles, bulletin paroissial de Notre-Dame d’Ernée, juillet 1934, no 7, p. 4.
78 Prost Antoine, Les anciens combattants et la société française, op. cit., vol. 2 p. 64.
79 Ibid., vol. 1, p. 59.
80 Arch. départ. de la Mayenne, 2 Z 201.
81 Prost Antoine, Les anciens combattants et la société française, op. cit., vol. 2, p. 64-66.
82 Prost Antoine, Les anciens combattants, 1914-1939, op. cit., p. 76.
83 Arch. départ. de la Mayenne, 3 R 389.
84 Marais Jean-Luc, Les sociétés d’hommes, op. cit., p. 117-118.
85 Goujon Pierre, Le vigneron citoyen, op. cit., p. 79.
86 Traimond Bernard, « Cercles et sociabilité en Gascogne », op. cit., p. 167-168.
87 Gaugain Jean-Claude, Jeux, gymnastique et sports dans le Var, op. cit., p. 376.
88 Huard Raymond, Le mouvement républicain en Bas-Languedoc, 1848-1881, Paris, Presse de la Fondation nationale des sciences politiques, 1982, 520 p.
89 Le Gall Laurent, « Des processus de politisation dans les campagnes françaises (1830-1914) : esquisse pour un état des lieux », dans Caron Jean-Claude et Chauvaud Frédéric (dir.), Les campagnes dans les sociétés européennes. France, Allemagne, Espagne, Italie (1830-1930), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, p. 118.
90 Gaugain Jean-Claude, Jeux, gymnastique et sports dans le Var, op. cit., p. 379.
91 Dalmaz Patrick, Histoire des sapeurs-pompiers français, op. cit., p. 49.
92 Arch. départ. de la Mayenne, 1 Z 372.
93 Ernoul Évelyne, « Entre gens de bonne compagnie », Maine découvertes, no 56, mars-avril-mai 2008, p. 54.
94 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 162.
95 Marais Jean-Luc, Les sociétés d’hommes, op. cit., p. 177-180.
96 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 170.
97 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 169.
98 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 163.
99 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 167.
100 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 169.
101 Arch. départ. de la Mayenne, 1 pe 53/1 (Le Journal de Craon), 19 décembre 1886.
102 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 169.
103 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 162.
104 Arch. départ. de la Mayenne, MS 80/24-8.
105 Arch. départ. de la Mayenne, 1 Z 372 ; 4 M 174.
106 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 174.
107 Guioullier Claude, Biographie d’une société de tir, op. cit., p. 33.
108 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 174.
109 « Mémoires d’une famille mayennaise 1870-1970 », art. cité, p. 85.
110 Arch. départ. de la Mayenne, 1 pe 53/4 (Le Journal de Craon), 3 janvier 1897.
111 Glemain Denis, « Le cinéma en Mayenne sous l’occupation », L’Oribus, no 51, juin 2000, p. 11.
112 Lagrée Michel, Religion et modernité, op. cit., p. 194-199.
113 Arch. départ. de la Mayenne, R 1263.
114 Lussier Hubert, Les sapeurs-pompiers, op. cit., p. 27.
115 Dalmaz Patrick, Histoire des sapeurs-pompiers français, op. cit., p. 41-42.
116 Arch. départ. de la Mayenne, 4 M 163 ; 4 M 164 ; 4 M 167 ; 4 M 174.
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