Quelques données relatives au système éducatif japonais
p. 21-24
Texte intégral
1Le système scolaire japonais actuel1 est, dans sa structure et son organisation générales, issu des réformes des années 1945-1947, lorsque le Japon était occupé sous commandement américain, ainsi que des réformes ou contre-réformes des années 1955-1958, lorsque, le pays ayant recouvré sa souveraineté, a débuté la longue domination politique (toujours d’actualité) du Parti libéral démocrate.
2Il est placé sous l’autorité d’un ministère de l’Éducation, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie (Monbu kagaku shô), dénomination que l’on réduira dans cet ouvrage à « ministère de l’Éducation ».
3Le système éducatif japonais repose sur un découpage dit en 6-3-3-4, soit 6 années d’école élémentaire (shôgakkô), 3 années de collège (chûgakkô), 3 années de lycée (kôtôgakkô) et 4 années d’université (daigaku). Ces différents types d’établissements scolarisent les enfants aux mêmes âges que leurs équivalents français.
4L’enseignement préélémentaire ne fait pas complètement partie du système éducatif proprement dit et les établissements qui en ont la charge relèvent soit du ministère de l’Éducation soit du ministère de la Santé, et sont majoritairement privés.
5L’école élémentaire et le collège (soit en tout 9 ans) constituent l’« éducation obligatoire » (gimu kyôiku). Toutefois plus que d’éducation obligatoire, il convient de parler de « scolarisation » obligatoire (shûgaku), soit, littéralement, l’obligation pour tous de « se rendre à l’école ». C’est notamment pour cette raison que l’offre éducative que proposent les entreprises parascolaires, les fameux juku, ne peut que s’ajouter à l’éducation scolaire officielle (qu’elle soit privée ou publique) et non s’y substituer.
6Concernant l’éducation obligatoire et le lycée, le nombre des élèves, enseignants à temps complet et établissements était respectivement, en 2018, de : 6 427 867 / 420 659 / 19 892 pour le niveau élémentaire ; 3 251 670/ 247 229/10 270 pour le niveau du collège ; 3 235 661/232 802/ 4 897 pour le niveau du lycée2.
7L’éducation est mixte et l’année scolaire commence le 1er avril pour se terminer au mois de mars de l’année suivante, au terme de 35 semaines d’enseignement. Ces 35 semaines constituent la base de calcul des programmes annuels, soit, respectivement (directives de 2017), 850, 910 et 980 unités horaires (de 45 min) annuelles pour les 1re, 2e et 3e années et 1 015 pour les trois dernières années de l’école élémentaire ; entre 30 et 35 unités horaires (de 50 min) hebdomadaires pour les trois années de collège et de lycée. Le nombre d’élèves par classe ne peut dépasser 35 pour la première année de l’école élémentaire et 40 pour tous les autres niveaux.
8Quel que soit le niveau du système scolaire considéré, celui-ci est composé de trois types d’établissements distincts : des établissements nationaux (kokuritsu) dépendant directement de l’État, des établissements « publics » (kôritsu) dépendant des municipalités et des départements – ces deux types d’établissement correspondant au « public » dans le sens français du terme –, et des établissements privés (shiritsu). Contrairement à l’idée que l’on en a souvent, la quasi-totalité (98, 85 %) des écoles élémentaires, plus de 92 % des collèges et plus de 73 % des lycées relèvent du national ou du public, le privé ne dominant qu’au niveau de l’université (avec plus de 75 % des établissements).
9Les établissements publics relevant de l’enseignement obligatoire sont « gratuits ». Le caractère « gratuit » de l’éducation obligatoire au Japon doit cependant être relativisé, notamment au regard des habitudes françaises en la matière : une scolarité entière dans le système public de l’école préélémentaire à l’université coûte aujourd’hui environ 7,7 millions de yens (± 63 000 €3) par enfant ; une scolarité entière dans le privé revient en moyenne à 22 millions de yens (± 180 000 €). Les parcours scolaires panachant le plus souvent scolarité dans le public et scolarité dans le privé en fonction des objectifs et des stratégies familiales, voire des capacités des élèves, le coût global par enfant se situe pour les parents entre les deux branches de cette fourchette. L’université seule revient pour les familles à ± 2 700 000 yens (± 22 200 €) dans un établissement national ou public et, en moyenne, ± 5 300 000 yens (± 43 500 €) dans le privé4.
10L’accès au lycée et aux universités se fait le plus souvent sur concours, même si, concernant ces dernières, la baisse démographique a considérablement modifié la donne – il y a aujourd’hui autant sinon plus de places dans l’enseignement supérieur que de jeunes de 18 ans souhaitant y accéder –, et ce système d’accès sélectif ne perdure plus véritablement que pour les universités les plus prestigieuses. Dans le cas des autres universités moins bien cotées, et notamment dans la quasi-totalité des privées, ce sont les équipes dirigeantes qui sont aujourd’hui à la poursuite des étudiants : elles doivent en effet s’assurer du recrutement d’un nombre suffisant d’« étudiants-clients » afin de rester viables sur le plan financier. Une révision des procédures d’accès à l’enseignement supérieur est actuellement en cours d’élaboration.
11Contrairement à l’idée que l’on en a généralement, le système de gestion des établissements éducatifs est extrêmement décentralisé sur le plan administratif. Il n’y a pas de structure équivalente à nos rectorats ou à nos académies, qui serviraient de relais direct du ministère de l’Éducation sur le terrain. Les écoles élémentaires et les collèges sont administrés par les municipalités et les départements via des « comités d’éducation locaux » (kyôiku iinkai) relativement indépendants et qui ont tout pouvoir pour ouvrir et fermer des établissements, recruter, former, évaluer et déplacer les enseignants, ou encore faire respecter (ou pas) la carte scolaire. Le ministère conserve en revanche un contrôle total sur les contenus scolaires à l’aide de directives officielles d’enseignement (gakushû shidô yôryô) qui définissent les matières à enseigner, leur contenu et leurs horaires, et ont valeur de loi, ainsi que de l’obligation faite aux enseignants d’utiliser les seuls « manuels scolaires autorisés » (kentei kyôkasho).
12Le recrutement des enseignants aux niveaux élémentaire et secondaire appartient aux comités d’éducation locaux et se fait à l’aide de concours ouverts aux Japonaises et Japonais titulaires d’un certificat d’aptitude pédagogique général ou spécialisé décerné par les universités. L’augmentation du nombre de certifiés issus des universités et la baisse du nombre des élèves qui a entraîné une réduction du nombre des postes offerts au concours rendent ceux-ci de plus en plus sélectifs.
13Depuis 2008, le ministère de l’Éducation a mis en place une évaluation nationale du niveau des élèves de 6e année de l’école élémentaire et de 3e année du collège, dont le but officiel est de mieux identifier les problèmes que pourrait connaître le système éducatif et d’améliorer sur le terrain les enseignements dispensés. D’aucuns voient cependant également dans ces tests le moyen détourné de renforcer la hiérarchisation des établissements.
14Si l’on s’en tient aux résultats des enquêtes internationales, dans lesquelles le Japon occupe en général les plus hautes places, le système éducatif de ce pays est plutôt performant. Dans l’enquête PISA 2018, par exemple, il était ainsi classé, sur les 79 pays de l’OCDE et économies participants : 15e en lecture, 6e en mathématiques et 5e en sciences5.
Notes de bas de page
1 Seuls les aspects les plus pertinents au regard de l’objet de notre ouvrage ont été retenus.
2 [Http://www.mext.go.jp/component/b_menu/other/__icsFiles/afieldfile/2019/05/23/1417059_01.xls], consulté en avril 2019.
3 Le taux de change retenu dans cet ouvrage est le taux moyen mensuel pour l’année 2019, soit 1 € = ± 122 yens, [https://www.banque-france.fr/statistiques/taux-et-cours/les-taux-de-change-salle-des-marches/parites-moyenne-mensuelle], consulté en avril 2020. Les sommes indiquées ont par ailleurs été le plus souvent arrondies.
4 Monkashô (ministère de l’Éducation), Gakusei e no keizaiteki shien no arikata ni tsuite (au sujet des types d’aide financière offerts aux étudiants), 2014, [http://www.mext.go.jp/b_menu/shingi/chousa/koutou/057/gaiyou/1352044.htm], consulté en septembre 2016.
5 OCDE, Résultats du PISA 2018, résumés, vol. 1, 2 et 3, [https://www.oecd.org/pisa/PISA2018%20_Resum%C3%A9s_I-II-III.pdf], consulté en novembre 2019.
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