Chapitre 2. Chateaubriand

p. 33-40


Texte intégral

1François-René de Chateaubriand fait partie de ces auteurs faussement familiers, dont on a croisé, au détour d’une anthologie scolaire, quelques-uns des morceaux de bravoure : une description de ruine ou de paysage, une envolée lyrique de René (« Levez-vous, orages désirés... »), un tableau historique. À force de commentaires admiratifs, on s’est habitué à faire, de leur auteur la dernière incarnation de la belle prose française, oubliant parfois que son œuvre, méditée et presque toujours mûrie dans une sorte d’exil intérieur, a tiré sa force d’éloquence d’une réflexion continuée dans les vicissitudes de l’Histoire et de la vie personnelle.

2Sa réception dut aussi suivre les modes et l’évolution des idées. Chateaubriand fut d’abord, avec Le Génie du christianisme, le grand écrivain chrétien – le restaurateur de la foi et l’inventeur d’une nouvelle forme d’apologétique. Puis, hors de tout contexte catholique, il fut considéré comme le génial créateur de René, précurseur des rêveurs mélancoliques du romantisme, tous atteints du mal du siècle. Mais l’image du sombre Breton, les cheveux au vent et le regard fixé sur l’océan, a perdu de sa puissance d’enchantement. La réédition et la relecture des Mémoires d’outre-tombe furent cette fois l’occasion de souligner la profondeur de la réflexion historique, le subtil enchevêtrement textuel de l’autobiographie et du destin collectif. Plus récemment encore, une critique décidément en mal de renouvellement a pensé voir dans La Vie de Rance, austère travail hagiographique imposé par un directeur de conscience, le sommet et la clé de l’œuvre.

3Chateaubriand n’est certes pas Protée. Mais il est, comme le dieu Janus, un être bifrons – à deux visages –, à l’exacte jointure de deux univers et de deux siècles. « Ce siècle avait deux ans », écrit avec orgueil Hugo, à propos de sa date de naissance. Mais, en cette même année 1802, paraît Le Génie du christianisme, dont Hauteur tire les leçons d’un siècle de scepticisme philosophique en même temps qu’il s’efforce de jeter les bases d’un spiritualisme moderne : il figure aussi bien la tradition d’examen critique, si nette dans son Essai sur les révolutions (1797), que le désir d’enthousiasme et d’admiration que porte en elle la littérature nouvelle. Mieux que le produit du xixe siècle. Chateaubriand, à la fois Voltaire et Hugo, a voulu en être le père tutélaire.

4Aussi est-il sans doute celui qui, en France, a assigné les plus hautes ambitions à l’écrivain : non pas à l’intellectuel ou au philosophe, ni au poète, ni à l’artiste, mais à l’écrivain, c’est-à-dire à celui qui, par sa maîtrise supérieure de la pensée et de l’écriture, acquiert le droit et le devoir de contribuer à inventer l’Histoire. Chateaubriand fut admiré (« Chateaubriand ou rien », se promet Hugo), mais il ne fit pas école : une ambition si démesurée, qui passa souvent pour de la fatuité, ne pouvait trouver à s’incarner qu’une seule fois, grâce à un exceptionnel concours de circonstances.

De Combourg à la rue du Bac

Le temps des rêves et des aventures

5Né en 1768 dans une famille appartenant à la vieille noblesse malouine, Chateaubriand connut une jeunesse triste et solitaire, entre un père très austère, attaché exclusivement à relever la fortune patrimoniale, et une mère qui s’ennuie. Lorsqu’il ne poursuit pas d’études dans quelque collège de Bretagne, il passe de fréquents séjours au château de Combourg, où il retrouve sa sœur Lucile à qui Punissent des liens de tendre complicité, peut-être teintée d’amoureuse amitié. Au cours de ses promenades dans les landes sauvages ou de ses longues stations au cœur des forêts, il rêve de femmes idéales, d’aventures lointaines et, déjà, d’inspirations poétiques et de succès littéraires. Ce n’était là, somme toute, sous une forme exacerbée, que le lot commun de bien des adolescences, et il serait peut-être devenu officier de métier ou médiocre versificateur, si la Révolution n’était venue déjouer tous les plans imaginables, sous l’Ancien Régime, par un cadet de famille désargenté.

6Apres deux années de joyeuse oisiveté à Paris, il s’embarque en 1791 vers l’Amérique, pour un périple de plusieurs mois consacré à l’exploration et, surtout, à la préparation de l’œuvre sur le Nouveau Monde qui doit, espère-t-il, revivifier la littérature. Revenu en France l’année suivante, il n’y reste que le temps d’un mariage de raison – financière – ; il part s’engager dans l’armée des Princes et, blessé, doit s’exiler.

7Il reste huit ans hors de France, de 1792 à 1800 à Jersey puis en Angleterre. Il connaît alors la vie précaire des exilés, mais fréquente les milieux littéraires de l’émigration et songe de plus en plus à s’y faire un nom, travaillant aussi bien à l’Essai sur les révolutions qu’à ce qui deviendra Le Génie du christianisme. Chateaubriand ne fut pas écrivain par accident. Dès sa jeunesse, il a recherché le succès et les moyens de l’obtenir ; du point de vue formel, il a déterminé la voie qu’il entendait ouvrir. Bien avant Balzac, il fut un Rastignac des Lettres et eut à lutter, de fait, avec une impécuniosité chronique. Notons aussi, au passage, qu’il figura, toujours comme l’amoureux comblé de belles femmes : son écriture et sa vie révèlent une propension à l’enthousiasme sensible et une volupté gourmande qui viennent d’une même source.

Assomption d’un grand écrivain

8En 1799, Bonaparte est Premier consul et Chateaubriand sait qu’il peut bénéficier de la protection de son ami d’exil Fontanes. Il revient donc en France et publie Atala en 1801 pour préparer le public au Génie. Un vieil Indien, Chactas, y raconte son impossible amour pour la jeune chrétienne Atala, qui préfère se suicider plutôt que d’enfreindre le vœu de virginité que sa mère mourante lui a fait promettre de respecter : elle ne sait pas que son évêque peut la relever de son vœu pour une union légitime. L’histoire, aussi émouvante qu’édifiante, oppose à une religion cruelle et autoritaire le vrai message du christianisme, qui rétablit l’harmonie entre l’homme, la nature et le Dieu d’amour.

9La réputation littéraire de Chateaubriand est définitivement établie par la publication du Génie du christianisme, en 1802. L’ouvrage, vaste et ambitieux, se fixe pour objectif de prouver l’excellence morale et esthétique du christianisme et, à cette fin, passe en revue dans des discours mi-argumentatifs mi-poétiques les dogmes, les beaux-arts, les rites. En marge du traité, il public René où il fait, le récit autobiographique, à peine déguisé, de sa jeunesse et de sa relation privilégiée avec sa sœur, prénommée Amélie dans la fiction. Or, Bonaparte vient de signer le Concordat avec le pape Pie VII : le Génie vient à point nommé pour faire de son auteur l’idéologue du nouveau régime. Le Premier consul, pour marquer sa faveur, commence par nommer Chateaubriand dans la diplomatie et l’envoie à Rome.

10Mais ce dernier, qui reste fidèle à ses convictions monarchiques et qu’inquiète l’autoritarisme croissant du pouvoir, est pressé de prendre ses distances et démissionne dès l’annonce, en mars 1804, de l’assassinat du duc d’Enghien. Rendu à la littérature, il part en 1806 pour un long voyage en Orient, d’où il revient avec des connaissances géographiques et archéologiques, des images et des émotions. Après deux années de travail dans sa retraite de la Vallée-aux-Loups, il publie le poème en prose (ou roman poétique ?) Les Martyrs qui, en vingt-quatre livres comme L’Iliade ou L’Odyssée, chante le martyre du chrétien Eudore, en conflit avec l’empereur Dioclétien et son cruel conseiller Hiéraclès. Il jugeait dans Le Génie du christianisme qu’« il n’y [avait] dans les temps modernes que deux beaux sujets de poème épique : les Croisades et la découverte du Nouveau Monde ». Mais il ne lui déplaît sans doute pas de remontrer au général-dictateur, en train d’écrire les pages triomphales de ses campagnes militaires, que la plus grande épopée est celle du martyre et de la paix des âmes. De même, il achèvera son Itinéraire de Paris à Jérusalem, récit de voyage qu’il publie en 1811, par le tableau très édifiant de la mort du bon roi Louis IX, pendant sa dernière croisade.

11Dans son Examen des « Martyrs », Chateaubriand affirmait – et il le répéta à la fin de l’Itinéraire – vouloir renoncer à produire une œuvre nouvelle : « J’ai passé l’âge des chimères, et je sais à quoi m’en tenir sur la plupart des choses de la vie. » Si l’on excepte les écrits testimoniaux de la vieillesse, il tint à peu près parole : le cycle chrétien – d’Atala à l’Itinéraire – constitue bien, à ses yeux, le cœur de son entreprise littéraire et le soubassement du travail politique que veut désormais accomplir l’homme mûr, dans le respect et en application de ses convictions.

Dans l’arène politique

12Précisément, l’abdication de Napoléon Ier lui offre, pense-t-il, l’occasion de faire triompher ses idées sur le terrain de l’action. En avril 1814, il publie un pamphlet éblouissant de violence partisane, De Buonaparte et des Bourbons. Le grand opposant est enfin honoré, nommé pair de France et ministre d’État, il est alors le hérault de l’aile dure du parti royaliste et ne veut pas du réalisme et de l’esprit pondéré dont fait preuve Louis XVIII. En 1816, faisant paraître La Monarchie selon la Charte, il retourne avec éclat dans le camp des contestataires et, à la tête du journal Le Conservateur, il mène le combat contre les ministères modérés qui se succèdent jusqu’à l’assassinat du duc de Berry. Son temps paraît alors venu. Les ultras accèdent au pouvoir et le vieux lutteur peut enfin rêver de mettre en application ses vastes conceptions géostratégiques. Il est ambassadeur à Londres, négociateur français au congrès de Vérone avant d’être nommé, en décembre 1822, au ministère des Affaires étrangères. À ce poste, il sera l’âme de la guerre d’Espagne victorieuse de 1824 – « ma guerre d’Espagne », écrira-t-il avec une fierté sans doute excessive, en souvenir de la guerre perdue par Napoléon Ier.

13Mais le personnage est encombrant et trop peu maniable. Il est brutalement destitué en juin 1824. À l’exception d’une pause pendant le bref ministère libéral de Martignac, il ne cesse de clamer son hostilité au pouvoir répressif et cauteleux de Charles X. En particulier, non sans courage ni hauteur de vue, il n’a de cesse de réclamer, au nom du vrai royalisme, la liberté d’expression et l’abolition de la censure. Son retrait des affaires lui laisse aussi quelque loisir. À partir de 1826, il revoit et publie ses œuvres complètes, faisant paraître des textes inédits : Le Voyage en Amérique, Les Natchez – vaste fresque épique dont on ne connaissait que René et Atala –, Les Aventures du dernier Abencérage, récit espagnol écrit en marge de l’Itinéraire.

La vieillesse d’un grand seigneur des Lettres

14La chute de Charles X termine la carrière du défenseur de la monarchie. Privé de pouvoir et d’une grande part de son influence, il reste une très haute figure de l’histoire littéraire et politique française et jouit, dans les cercles aristocratiques, d’admirations respectueuses. Entouré des tendres attentions de sa vieille amie Juliette Récamier, il occupe la première place dans le salon qu’elle tient à l’Abbaye-aux-Bois, rue du Bac : c’est là qu’il lira, à des fidèles choisis, les premiers extraits des Mémoires d’outre-tombe. Cette œuvre est en effet celle à laquelle il consacre ses derniers efforts, hormis La Vie de Rancé (1844). Projetée dès 1803, elle est tout entière conçue comme un face-à-face grandiose et héroïque entre le siècle et Chateaubriand, l’Histoire et la littérature. À la suite d’une tractation commerciale qu’il, ne put éviter malgré ses efforts, le grand œuvre dévertébré commença à paraître en feuilleton dès octobre 1848, quinze semaines après sa mort. Son auteur, lui, avait été solennellement enseveli, selon son vœu, dans l’îlot du Grand-Bé, devant Saint-Malo.

L’art de la grandeur

L’écrivain face à l’Histoire

15Avec une orgueilleuse simplicité, Chateaubriand écrit dans l’avant-propos des Mémoires d’outre-tombe. : « Il est bien temps que je quitte un monde qui me quitte. » Le temps et l’homme paraissent un vieux couple où chacun n’a cessé de dialoguer avec l’autre. Sur la tabula rasa que la Révolution met violemment à nu, l’Histoire en gestation semble devoir, dans le même effort d’invention, se faire et s’écrire, si bien que Chateaubriand est toujours partagé entre le désir de composer l’épopée nouvelle du monde et celui d’en être le principal protagoniste. D’où les tournants et les évolutions d’une œuvre qui, sans être guidée par aucun opportunisme, manifeste le souci de l’écrivain de faire coïncider sa pensée avec les exigences du présent.

16Sous la Révolution, le vieux monde s’écroule, l’antique cycle révolutionnaire semble revenu pour mettre à bas la monarchie. L’Essai sur les révolutions, rédigé pendant l’exil anglais, est rempli de cette incertitude du lendemain. Chateaubriand ne croit guère à l’avenir, pense que l’Histoire bégaie et condamne le christianisme, impuissant à prévenir l’effondrement.

17Or, quelques années plus tard, l’Histoire frémit d’une vie moins sombré ; l’auteur du Génie du christianisme est intimement persuadé que cette reviviscence exige des convictions et des idéaux originaux, qui concilient le désir d’harmonie et de bonheur révélé par la crise révolutionnaire, et l’indispensable reconnaissance des traditions séculaires. Il recourt alors à un christianisme épuré et humanisé pour rédiger le poème du Nouveau Monde, qui est comme là métaphore, spatiale et naturelle, de l’ère nouvelle à construire, et dont on mesurera l’étendue à la publication des Natchez.

18Mais les faits résistent au bonheur entrevu, si bien que le retour à l’antique traduit une sorte de renoncement serein, Les Martyrs marquent, on l’a vu, cette rupture entre le temporel et le spirituel et, dans l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, le pèlerinage paisible de l’écrivain sur les lieux de la sagesse ancienne, païenne ou chrétienne, a valeur de profession de foi, au moment où l’Europe résonne des intrusions violentes des armées impériales. Ce voyage en Orient est aussi le premier d’une longue série où s’illustreront notamment Lamartine, Gautier, Nerval, Fromentin.

19Bientôt vient le temps des nostalgies et des bilans. Il est bien possible que Chateaubriand se soit imaginé sous les traits de Rancé, cet abbé mondain du xviie siècle qui, au milieu de ses succès, fait le choix d’abandonner le monde et de se retirer à la Trappe. Surtout, dans les Mémoires d’outre-tombe, il instruit le jugement de son siècle. Si Hugo s’est évertué, tout au long de sa carrière d’écrivain, à deviner et à précéder le progrès des temps, Chateaubriand a consacré l’imposant monument de ses mémoires, après l’évocation émue de l’adolescence bretonne, à vouloir prouver que, si l’Histoire n’avait pas été au rendez-vous, ce n’était pas de son fait.

Une œuvre vouée à l’autocontemplation

20Bien sûr, cette relation forte et profonde à l’événement ne lui est possible que parce qu’elle s’accompagne d’une constante réflexion sur soi, d’un retour presque fasciné, à la fois rétrospectif et prospectif sur son passé et son devenir. Chez Chateaubriand, le plaisir de la mémoire est inséparable du désir d’être. C’est pourquoi les pages consacrées à la jeunesse de René ont marqué, plus qu’aucune autre, le romantisme. René n’est pas seulement rêveur et mélancolique. Mais, dans les « délires » de ses longues errances, il est désespéré par son irrépressible désir de triompher, où tout le xixe siècle a vu la préfiguration de sa volonté de se réaliser : l’émotion de se savoir fort ne va pas sans un troublant sentiment de faiblesse.

21C’est par ce même souci d’approfondissement de soi qu’il convient d’interpréter chez Chateaubriand la référence chrétienne, quelles que soient la nature et la vigueur des convictions religieuses. Pour lui, il faut sortir d’un mauvais dilemme : exercer sa raison au mépris de l’émotion, ou renoncer, à penser et à examiner pour un sentimentalisme dénué de toute vertu critique. Au contraire, le salut – de l’âme, mais aussi de l’esprit et de l’Histoire – passe, par l’alliance, librement consentie, de la pensée et de l’enthousiasme que suscite la beauté du monde. Le christianisme constitue, dans le contexte idéologique de l’après-Révolution, la forme que prend, pour ce noble émigré, l’intime adhésion de l’intelligence à la passion et le moyen d’échapper enfin à l’esthétique néoclassique où piétine depuis si longtemps la littérature : « Il est temps de montrer que, loin de rapetisser la pensée, il [le christianisme] se prête merveilleusement aux élans de l’âme, et peut enchanter l’esprit aussi divinement que les dieux de Virgile et d’Homère » (Le Génie du christianisme, I, I, 1).

L’art d’écrire

22Il n’y a donc pas, à la différence des romantiques à venir, d’abandon de l’écriture à la violence de l’inspiration ou de l’émotion. Chateaubriand scripteur, toujours maître de sa plume et de son style, rédige ses livres avec un soin ostensible. De même, il ne cesse de citer et de critiquer ses sources, de montrer son érudition, comme pour prouver à son lecteur que son ouvrage est le fruit du travail et de la méditation. Mais, cette retenue révèle d’autant mieux, lorsque le texte s’attarde sur une scène ou une description remarquable, l’art d’écrire, la volupté presque physique de la poièsis artistique, À la manière d’un classique. Chateaubriand choisit alors ses mots et ses tournures, puis compose avec soin ses immenses tableaux : il y a là une démesure dont il éprouve, dans toute sa plénitude et avec jubilation, le vertige.

23On a parfois voulu voir dans ces outrances et ce sens de l’effet jamais pris en défaut de l’affectation et de l’insincérité. On a sans doute eu tort, d’un point de vue littéraire. Fait pour comprendre toute force d’émotion, l’esprit de l’écrivain est voué d’abord à exprimer, avec ses moyens propres, la beauté des choses et des événements : l’art, comme le christianisme, « sera-t-il moins vrai quand il paraîtra plus beau ? » (Le Génie du christianisme, I, I, 1). Aussi les paysages jouent-ils un rôle central dans la poétique de Chateaubriand, parce qu’ils sont comme les justifications naturelles, humaines ou divines du Sentiment esthétique, et les lieux sublimes où l’être intime de l’artiste éprouve son existence hors de lui-même. Celui-ci est pareil au navigateur pour qui « l’espace n’[est] plus tendu que du double azur de la mer et du ciel, comme une toile préparée pour recevoir les futures créations de quelque grand peintre » (Le Génie du christianisme, I, V, 12). On devine que, pour dérouler le texte magnifique du double infini de la nature et de l’Histoire, de soi et du monde, il fallait que ce peintre fût un écrivain.

Bibliographie

• Éditions

Essai sur les révolutions et Génie du christianisme, M. Regard éd., Paris, Gallimard, 1978.

Œuvres romanesques et voyages, M. Regard éd., Paris. Gallimard, 1969, 2 vol.

Mémoires d’outre-tombe, M. Levaillant et G. Moulinicr éds, Paris, Gallimard, 1976, 2 vol.

La Vie de Rancé, M.-F. Guyard éd., Paris, Garnier-Flammarion, 1969.

Correspondance générale, P. Riberette éd., Paris, Gallimard, 1977-1986, 5 vol. parus.

• Biographies

H. Guillemin, L’Homme des « Mémoires d’outre-tombe », Paris, Gallimard, 1965.

A. Maurois, René ou la vie de Chateaubriand, Paris, Grasset, 1956.

G. D. Painter, Chateaubriand, une biographie, t. I : 1768-1793, Paris, Gallimard, 1979.

• Études d’ensemble et ouvrages de synthèse

P. Barbéris, Chateaubriand. Une réaction au monde moderne, Paris, Larousse, 1976.

M. Fumaroli, Chateaubriand, poésie et terreur, Gallimard, coll. « Tel », 2005.

P Moreau, Chateaubriand. L’homme et l’œuvre, Paris, Hatier, 1967.

V.-L. Tapié, Chateaubriand par lui-même, Paris, Le Seuil, 1965.

• Sélection de travaux critiques

M. De Dieguez, Chateaubriand et le poète face à l’histoire, Paris, Plon, 1963.

P. Mourot, Le Génie d’un style. Rythme et sonorité dans les « Mémoires d’outre-tombe », Paris, A. Golin, 1969.

J -P. Richard, Paysage de Chateaubriand, Paris, Le Seuil, 1967.

J.-M. Roulin, Chateaubriand. L’exil et la gloire, Paris, Champion, 1994.

Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littéraire sous l’Empire, Paris, Garnier, 1861.

E. Tabet, Chateaubriand et le xviie siècle : Mémoire et création littéraire, Paris, Champion, 2002.

A. Vial, Chateaubriand et le temps perdu, Paris, Julliard, 1963.

• Périodique spécialisé

Bulletin de la Société Chateaubriand.


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