Lexique historique
p. 325-328
Texte intégral
1 On n’accordera pas un crédit trop absolu aux définitions proposées. Il faut tenir compte de l’évolution naturelle des institutions, de l’écart entre les textes et la pratique, des juridictions complexes, des conflits de compétences et des dispositions contradictoires qui caractérisent alors les institutions du royaume.
2 amiral de France : lieutenant-général du roi pour le fait de la marine (navigation, pêche et commerce maritimes, défense côtière, etc.). En fait, il ne commande pas l’armée de mer et ses attributions en face des amiraux de Bretagne, Guyenne et Provence sont mal définies.
3 anoblissement : faveur que le roi accorde à ses bons serviteurs. Au xvie siècle, les lettres de noblesse se vendent aux roturiers ayant acheté un fief (tenure ou droit immobilier concédés contre hommage et services par un suzerain à son vassal). De cette pratique, la royauté tire d’importants revenus. Mais la noblesse d’épée, à partir de 1560, réagit de plus en plus vivement contre l’entrée dans ses rangs de bourgeois qui profitent de l’hérédité des offices.
4aumônier (grand-) : dirige, dans la maison du roi, le service divin.
5 avocat : appartient au corps de Parlement. Il plaide et conduit les procès, mais dans les différents actes de la procédure, le client est représenté par un procureur (d’un rang social inférieur).
6 bailli (sénéchal, dans le Sud) : homme d’épée commandant dans un bailliage (sénéchaussée) et soumis à l’autorité du gouverneur. Son pouvoir, en recul, tend à devenir honorifique. Dessaisi de la justice, il veille à la police des métiers, aux travaux publics.
7 basoche : communauté formée par les clercs des avocats et procureurs au Parlement de Paris.
8 bénéfice : revenu attaché à une fonction ecclésiastique.
9 bourgeoisie : historiquement, communauté d’habitants jouissant de libertés et privilèges. En fait, elle réunit les habitants résidant dans une ville depuis quelque temps, qui paient impôt (« droit de bourgeoisie ») et servent dans la milice.
10 censure : l’ouvrage pour lequel est demandé un privilège (voir ce mot) est soumis à la censure préalable de l’Université. Mais le Chancelier peut aussi, à la suite de plaintes, censurer l’ouvrage déjà publié.
11 Chambre ardente : juridiction d’exception (1547-1 550) créée par Henri II pour instruire les procès d’hérésie.
12 chancelier : chef de la magistrature, il est comme un Premier ministre et préside le Conseil en l’absence du roi.
13 chapitre : assemblée des chanoines desservant une église cathédrale (ils partagent alors l’autorité avec l’évêque) ou collégiale.
14 Châtelet : siège du tribunal de la Prévôté de Paris.
15 clergé : premier ordre du royaume, il rassemble ceux qui ont reçu les ordres majeurs (ou sacrés) : sous-diaconat, diaconat, prêtrise. La tonsure est préalable à l’entrée dans les ordres et à l’obtention de bénéfices. Privilèges des clercs : ils sont dispensés d’obligations militaires, exempts d’impositions royales (ils paient toutefois des décimes), ne relèvent que des tribunaux d’Église (« for ecclésiastique »), sauf dans le « cas privilégié », qui les soumet à un juge royal.
16 collèges : établissements d’abord destinés à des boursiers (étudiants ou professeurs), dirigés par un principal, et dont la réunion compose la Faculté des Arts d’une Université.
17 Collège de France : d’abord « Collège des lecteurs royaux », que François Ier fonde en 1529-1530 pour soutenir l’humanisme contre l’hostilité de la Sorbonne.
18 concordat : François Ier et Jules II signent en 1516 un concordat remplaçant la Pragmatique Sanction (1438), tombée en désuétude. Désormais, le roi nomme les titulaires des évêchés et des abbayes, le pape accordant ensuite l’investiture canonique. Il rend l’Église de France plus indépendante de Rome, mais l’expose aux pressions du pouvoir politique qui contrôle ainsi les revenus du clergé.
19 connétable : lieutenant-général du roi pour les affaires militaires et chef des armées après lui. Puissant et redoutable : quand Charles de Bourbon trahit (1523), il n’est remplacé qu’en 1538 (Montmorency).
20 conseil du roi : d’abord instance unique où se prenaient collégialement (en principe) les grandes décisions concernant le royaume, il se subdivise progressivement en :
- Grand Conseil : cour de justice autonome, souveraine, sédentaire ;
- Conseil secret (ou étroit, ou des Affaires) : petit groupe d’intimes du roi où se prennent les plus hautes décisions ;
- Conseil proprement dit, instance plus technique (administration et finances) que politique.
21 duel : interdit par Henri II après celui qui opposa Jarnac et La Châtaigneraie (1547). Mais après 1560, les affaires d’honneur sont portées devant certains hauts dignitaires (connétable, maréchaux, gouverneurs) qui peuvent l’autoriser. Quiconque brave leur sentence s’expose à la peine capitale.
22 échevins : représentants élus exerçant le pouvoir municipal. Appelés aussi consuls dans le Midi (à Toulouse, capitouls ; à Bordeaux, jurats).
23 édit : cf. ordonnance.
24 épices : frais de justice collectés par les greffiers et perçus personnellement par les magistrats. Compensation à la vénalité des offices, la pratique des épices, source de multiples excès, se maintiendra en dépit des velléités des souverains, qui ne parviendront pas à l’abolir.
25 états provinciaux : (dans les grandes provinces, « états généraux ») : réunion des représentants des trois ordres d’une province en assemblée régulière et périodique, chargée notamment d’établir l’impôt.
26 états généraux du royaume : réunion (à l’initiative du roi) des représentants des trois ordres du royaume, qui présentent des cahiers de doléances. Ils ne sont guère convoqués qu’en période de crise (financière ou dynastique).
27 gendarmerie : créée par Charles VII, elle est composée de gentilshommes s’engageant au service du roi (ouverte en 1584 aux roturiers ayant servi dans l’infanterie). Force permanente à la solde du souverain, elle est organisée en compagnies d’ordonnances formées chacune de plusieurs lances (réunion de quelques combattants autour d’un homme d’armes à cheval, armé d’une lance). La gendarmerie joua un grand rôle dans les succès militaires de Louis XII et de François Ier.
28 gouverneur : représentant du roi dans une province. En principe illimitée, son autorité est toutefois restreinte par les pouvoirs des parlements et par les ordonnances royales.
29 Grand-Maître (de la Maison ou de l’Hôtel du Roi, de France) : il gouverne la Maison du Roi, ensemble des personnels attachés au service de la personne royale, qu’on ne distingue guère du service de l’État. Il nomme à tous les emplois, ce qui fait de lui un des personnages les plus considérables du royaume.
30 Grands-Jours : juridiction extraordinaire, en matière civile et criminelle, convocation par le roi des représentants d’un Parlement qui se réunissent dans une ville de son ressort. Ils répondent à des situations exceptionnelles et, d’autre part, s’efforcent de rapprocher les justiciables de la juridiction d’appel.
31 Inquisition : instituée au xiiie siècle pour combattre l’hérésie cathare, son rôle est très réduit dans la France du xvie siècle, où elle n’entend que des affaires de sorcellerie, les causes d’hérésie étant alors, à partir de 1540, du ressort des Parlements. Elle ne peut agir qu’avec l’autorité royale.
32 intendant : à l’origine, homme de robe longue, commissaire extraordinaire représentant le Conseil du roi dans une province ; il devient peu à peu un instrument du pouvoir monarchique cumulant pouvoirs de justice, de police, de finances.
33 juge-mage : suppléant du bailli dans les provinces du midi.
34 jésuites : ordre à vocation missionnaire, dépendant directement de Rome, fondé par Ignace de Loyola en 1534 (approbation pontificale de 1540). À partir de 1550, ils implantent en France des collèges dont la réputation s’établit vite et dont l’enseignement sera unifié par le ratio studiorum de 1598.
35 lansquenets : fantassins d’origine allemande (Landsknecht) utilisés surtout en rase campagne, braves, mais indisciplinés,
36 libraire : les professions de libraire (qui vend les livres) et d’imprimeur-éditeur (qui les produit) sont souvent confondues au xvie siècle.
37 lieutenant-civil : officier royal exerçant dans une prévôté les pouvoirs de police, il est assisté de commissaires-enquêteurs et de sergents.
38 lieutenant-criminel : office créé par François Ier (1523) dans chaque bailliage pour y rendre la justice civile et criminelle. De fréquents conflits de compétence l’opposent au prévôt et au bailli (ou à son lieutenant).
39 lieutenant-général : exerce temporairement et exceptionnellement les pouvoirs du roi dans une province.
40 lit de justice : voir remontrances.
41 lois fondamentales : dispositions supérieures à la personne du souverain. Elles lui interdisent d’aliéner son royaume, en tout ou en partie (apanage) et excluent les femmes de la succession (loi salique).
42 maréchal de France : office honorifique accordé par le roi. Les maréchaux (au nombre de deux à sept) veillent à la discipline des armées sans les commander ordinairement. Adjoints du connétable, ils envoient auprès des troupes (en campagne ou en garnison) des prévôts des maréchaux.
43 mercuriale : jusqu’en 1559, séance se tenant à l’origine le mercredi (d’où son nom) au cours de laquelle, une ou deux fois par an, le Parlement entend les observations du roi et examine lui-même son propre mode de fonctionnement.
44 office : « dignité avec fonction publique » (Loyseau, 1609). Louis XII attribue contre argent des offices de finances. Achetés, ils peuvent aussi se vendre ou devenir héréditaires. La vénalité des offices s’étend progressivement à toutes les fonctions, même celles de justice. En 1604, la transmission héréditaire est soumise à une taxe annuelle (1/60e de la valeur de l’office) appelée la paulette (du nom du financier Paulet, qui en avait la ferme). Les officiers de robe courte sont des nobles, engagés d’abord dans la carrière des armes ; les officiers de robe longue, des bourgeois gradués de l’Université. Les juges sont recrutés exclusivement parmi les seconds, les baillis et sénéchaux parmi les premiers.
45 monnaie : la livre (appelée encore franc) est de vingt sols, dont chacun vaut douze deniers. Un écu = trois livres.
46 noblesse : qualité acquise par naissance ou par anoblissement (voir ce mot). S’il cesse de « vivre noblement » en exerçant un art mécanique ou un emploi inférieur, le noble déroge (temporairement). La noblesse jouit de privilèges honorifiques (armoiries, chasse, etc.), fiscaux (exemption de la taille), judiciaires (elle relève des tribunaux de bailliage), de droit civil (succession régie par droit d’aînesse).
47 ordonnances : terme général désignant les actes par lesquels légifère le roi (appelés aussi constitutions, lois, déclarations). Couramment désignées du nom d’édits lorsqu’elles concernent une seule matière, souvent religieuse.
48 page : un jeune gentilhomme est d’abord page, puis archer et homme d’armes (voir gendarmerie). L’éducation des pages (ils sont une centaine), aux frais du roi, comporte surtout l’équitation, assurée par la Petite écurie. Ronsard fut « hors de page » à quinze ans.
49 pair de France : dignité à laquelle peut être élevé un duc (ou un comte). Les ducs et pairs viennent immédiatement après les princes du sang et siègent de droit au Parlement de Paris.
50 parlements : au nombre de huit (Paris, Aix, Bordeaux, Dijon, Grenoble, Rennes, Rouen, Toulouse), ils sont organisés sur le modèle de celui de Paris, qui compte quatre chambres permanentes : la Grand’Chambre (cinq présidents, dont le premier avec mortier), deux chambres des Enquêteurs, une chambre des Requêtes. La juridiction criminelle, émanation de la Grand’Chambre, siège à la Tournelle. Le total théorique des conseillers est de cent, comme celui du Sénat romain primitif, référence à laquelle sont attachés les parlementaires français, qui protestent contre les créations de nouveaux offices (vénaux) réduisant le pouvoir des conseillers en place. Le Parlement juge en première instance et en appel. L’autorité de ses arrêts est équivalente à celle des édits royaux. Il a des compétences administratives, tend à réduire celles des tribunaux ecclésiastiques, tout en veillant à l’orthodoxie religieuse et à la discipline des monastères. Il se fait contre Rome le champion des libertés gallicanes (= de l’Église de France). Il revendique un droit de contrôle (voir remontrances) des actes politiques de la royauté : source permanente de conflits.
51 prévôt : nommé par le roi, il rend en son nom dans un bailliage la justice civile et criminelle.
52 privilège : apparu à Lyon à la fin du xve siècle, il est obligatoire depuis l’ordonnance de Moulins (1566). Accordé par le roi, le chancelier ou le Parlement, il protège pour une durée de six mois à dix ans, à l’intérieur du royaume, l’ouvrage contre toute contrefaçon. Il est à la fois permis d’imprimer, monopole temporaire et instrument de censure préventive.
53 procureur : cf. avocat.
54 reîtres : cavaliers d’origine allemande (Reiter), engagés dans les guerres de religion, pillards et indisciplinés.
55 remontrances : actes par lesquels le Parlement exprime ses réserves (ou son opposition) à l’enregistrement d’un acte royal, ou propose des amendements. Le roi peut passer outre par des lettres de jussion. Si le Parlement s’obstine, le roi tient un lit de justice : il dicte alors solennellement ses volontés au Parlement, toutes chambres assemblées.
56 robe courte, robe longue : voir offices,
57 secrétaires d’état : au nombre de quatre, ils remplacent sous Henri II les secrétaires des finances. Ils contresignent les actes royaux, expédient les affaires de l’État, sont à la tête de départements ministériels organisés géographiquement ou par matières,
58 sergents : agents de police au service des prévôts et des baillis.
59 servage : n’existe plus que dans quelques provinces du Centre et de l’Est. Souhaités par François Ier et Henri II, les affranchissements seront de plus en plus nombreux lors des guerres civiles.
60 somptuaires (lois) : ordonnances royales contre le luxe, périodiquement renouvelées et peu suivies d’effet. Elles réglementent notamment le port de certaines étoffes, qu’elles interdisent aux roturiers.
61 Surintendant des finances : véritable ministre des finances, qui remplace après 1550 les trésoriers de l’épargne et généraux des finances.
62 synode : assemblée (provinciale ou nationale) des délégués élus des églises protestantes de France.
63 Université : composée de la Faculté des arts et des trois Facultés supérieures (théologie, droit, médecine). La Sorbonne est la Faculté de théologie de l’Université de Paris. On entre à la Faculté des arts vers quinze ans (programmes correspondant plus ou moins à la fin de nos études secondaires et au début de l’enseignement supérieur).
64 valet de chambre du Roi : titre porté par certains hommes de lettres agréés du roi. Cette dignité, qui n’est pas un emploi, ne fait pas toujours appartenir son titulaire à la Maison du roi.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Histoire de la littérature française du XVIe siècle
2e édition actualisée
Michel Bideaux, Hélène Moreau, Gilles Polizzi et al.
2004
Histoire de la littérature française du XVIIIe siècle
Deuxième édition actualisée
Béatrice Didier
2003
Histoire de la littérature française du XXe siècle, t. I
1898-1940
Jean-Yves Debreuille, Francine Dugast-Portes et Christine Hamon-Siréjols Michèle Touret (dir.)
2000
Histoire de la littérature française du XXe siècle, t. II
Après 1940
Bruno Blanckeman, Jean-Yves Debreuille, Francine Dugast-Portes et al. Michèle Touret (dir.)
2008
Histoire de la littérature française du XIXe siècle
2e édition actualisée
Alain Vaillant, Jean-Pierre Bertrand et Philippe Régnier
2007