François Mitterrand et la Nièvre
p. 29-44
Texte intégral
1François Dubasque et Anne-Laure Ollivier, en introduction de cet ouvrage, ont insisté sur l’importance de « l’ancrage territorial », sur la « relation de François Mitterrand au territoire » tant dans ses dimensions politique, sociale, que culturelle, voire esthétique, du fait de son « attachement bien connu aux sites et aux paysages ». Ses promenades en forêt, sur le mont Beuvray, ou encore pour ramasser des cèpes entre Montsauche et Planchez qui ont donné lieu à des récits variés et parfois illustrés, invitent à prendre en considération ce rapport au local, aux territoires, mais aussi aux liens avec la nature. Dans son œuvre littéraire, François Mitterrand décrit avec passion la forêt morvandelle :
« J’ai vu disparaître en trente ans la forêt celte du Morvan. Je représente ce pays. Je n’ai rien pu faire pour le défendre. Que faire contre la coalition de la loi, de l’administration et de l’indifférence ? Pour éveiller l’opinion, j’ai multiplié les débats, les colloques, pris part aux rares groupes et comités qui tentaient l’impossible… Paris n’a jamais répondu que par des bordées d’axiomes. Économie, économie d’abord ! À quoi bon ces chênes qui exigent un siècle pour la maturité, ces hêtres dont la fibre refuse de s’intégrer aux techniques rentables de la cellulose, ces frênes, ces charmes, ces trembles, ces bouleaux ? Chaque semaine, par centaines d’hectares, la forêt de lumière tombe sous l’assaut des scrapers. Place aux résineux. Que dire aux petits propriétaires du cru ? De 1946 à 1973, le fonds forestier a réservé ses primes et ses prêts aux plants qui poussent vite. Vite, vite, la terre et la sève et le bois doivent plier le cycle des mûrissements au rythme de l’homme pressé. Les grandes compagnies achètent nos collines, rasent nos horizons1. »
2Un tel constat, qui est d’une actualité criante, invite aussi à penser l’univers sensible ou la sensibilité de François Mitterrand. Même si la forêt celte relève sans doute d’un mythe, car la forêt morvandelle est assez récente et entièrement liée à l’activité économique humaine, il est vrai que la forêt de feuillus est remplacée progressivement par la forêt résineuse.
3L’historien dispose dorénavant d’une source remarquable pour envisager cette question du rapport au territoire : les Lettres à Anne (1962-1995) et le Journal pour Anne (1964-1970)2. Ces deux ouvrages complétés par d’utiles index, permettant de retrouver les lieux, offrent un éclairage particulier complétant l’œuvre littéraire déjà connue de François Mitterrand. Amoureux des paysages, initié très tôt à la lecture des classiques, il garde une certaine sensibilité à la beauté des lieux. La géographie, l’histoire et l’histoire des arts sont sans cesse mobilisées avec la littérature, non seulement comme l’expression d’un capital culturel important, mais aussi comme la volonté de faire partager ces moments « d’osmose de la géographie et de la littérature », selon les mots de François Hourmant3.
4Avec ses Lettres à Anne et le Journal pour Anne, on peut saisir au mieux le rapport intime au territoire avec la richesse des adjectifs employés, des expressions ou du vocabulaire ciselé donnant à comprendre « l’habitus mitterrandien », ou si l’on préfère, sa culture intime. Afin de prendre en compte cette dimension, le Journal a bénéficié d’un dépouillement informatique à la Maison des sciences de l’homme de Dijon au sein de sa plateforme « Archives Documentation Numérisation4 » (ADN).
5Au-delà de cet attachement certain, il me semble utile de revenir sur son parachutage réussi dans la Nièvre et surtout de ses « temporalités » nivernaises de 1946 aux années 1980, et même après5. Comment François Mitterrand a-t-il appris à « composer et recomposer », pour reprendre la formulation de Michel Hastings, « les modalités de légitimation », « à négocier les ressources entre exigences locales et aspirations nationales6 » ?
6Son « entrée en politique7 » se fait à Nevers, puis il quittera « les sables de la Loire » pour le granit du Morvan, comme le mentionne la journaliste Valérie Mazerolle : « le Morvan, c’est le granit, le Val de Loire, c’est le marais. Les Neversois sont aussi mouvants que les sables de la Loire. Il avait une grande méfiance pour le Val de Loire, par rapport à ses élus, à ses comportements électoraux8 » ; alors que le granit du Morvan, une fois la confiance gagnée, offre des bases solides, acquises pour de bon…
7Analyser ce rapport particulier avec la Nièvre, c’est comprendre ces mots de François Mitterrand, prononcés devant le conseil général de la Nièvre, le 24 mars 1995 : « D’une certaine façon, je suis devenu Nivernais. »
Un parachutage réussi
L’arrivée d’un homme de droite dans la Nièvre ?
8François Mitterrand arrive à trente ans dans la Nièvre, pour les élections législatives du 10 novembre 1946 – alors qu’il avait tenté en vain une implantation dans le cinquième secteur de la Seine (Boulogne-Billancourt, le 2 juin) – et réussit son « parachutage ». Ce sont Henri Queuille, chargé des questions électorales au Parti radical, et Edmond Barrachin, principal fondateur du Parti républicain de la liberté (PRL), qui lui ont préparé le terrain. Ce dernier souhaite voir ce jeune homme talentueux quitter « ses terres électorales », comme l’a judicieusement souligné son biographe Éric Duhamel9. Selon la légende, ils lui auraient proposé la Vienne ou la Nièvre. La Nièvre est choisie : Mitterrand aurait dit « mais je ne connais personne dans la Nièvre » ; à quoi Queuille aurait rétorqué : « tant mieux, vous n’avez pas d’ennemi ». Aidé par ses deux mentors et par son réseau de l’organisation des anciens prisonniers de guerre, il arrive à ses fins en extrême urgence : selon les Renseignements généraux, il aurait déposé sa candidature seulement quelques heures avant la clôture, le 20 octobre 194610. D’ailleurs, les fiches ou rapports élaborés par les services de renseignement de l’État orthographient mal son nom, devenant « Mitterant » ou « Mitterand ». Les services de la préfecture, qui enregistrent sa candidature, font la même erreur sur son patronyme : l’oubli d’un « r » rend alors sa prononciation plus courte ; une marque d’hostilité qui perdure de la part de ses adversaires de droite, voire du Parti communiste français (PCF).
9Peu connu des fonctionnaires du renseignement, il est signalé comme « socialiste indépendant », hostile au tripartisme. Sa liste, orientée politiquement au centre-droit, développe une culture politique marquée par un anticommunisme prononcé et affiche son opposition ferme au tripartisme, que l’on peut redécouvrir dans sa profession de foi11. Cette déclaration, réalisée par le candidat François Mitterrand, proclame haut et fort la défense des libertés menacées par le nouveau régime et souligne son refus des nationalisations. Il se veut aussi le protecteur avec force et vigueur de l’enseignement libre et de l’économie libérale : c’est un projet politique qui est en décalage avec le programme du Conseil national de la Résistance.
10Élu député de la Nièvre, il milite à l’Union démocratique et socialiste de la résistance (UDSR) et devient ensuite conseiller général du canton de Montsauche en 1949 et ce, jusqu’en 1981. Cette longévité politique, sans doute plus conforme au modèle du notable républicain sous la IVe République, ne doit pas occulter des périodes plus difficiles et un repli sur la partie morvandelle du département. Son repositionnement à gauche a facilité cette élection en terre morvandelle.
Au fil des élections, l’ancrage se confirme
11Député, conseiller municipal, conseiller général, François Mitterrand devient un élu reconnu dans le département poursuivant un cursus honorum classique, celui du « notable de province » qui, cependant, habite et vit à Paris : on comprend au mieux alors ses récits de voyages, ses « expéditions » en voiture et surtout sa gestion si particulière du temps, racontés avec délices dans le Journal pour Anne12.
12Candidat à Nevers en 1947, aux élections municipales, il échoue dans sa conquête de la Préfecture et siège comme conseiller municipal d’opposition. Toutefois, François Mitterrand ne participe pas souvent aux réunions du conseil municipal, d’autant plus qu’il est pris par ses fonctions de ministre13 ; séjournant à Paris, il délaisse quelque peu la ville, n’assistant qu’à six conseils municipaux sur cinquante entre 1947 et 1959.
13En revanche, il est présent avec plus de régularité dans le canton de Montsauche gagné en 1949. « M. Mitterrand est en effet jusqu’à présent le seul membre du gouvernement qui affronte la lutte contre un conseiller sortant communiste ; il se présente dans le canton de Montsauche, dans la Nièvre14 ».
14Quatre candidats s’affrontent au premier tour ; le conseiller général communiste, Jules Bigot ; un candidat socialiste, Octave Roullier, élu maire-adjoint à Ouroux ; Constant Taboureau, candidat de l’Union républicaine, maire de Gouloux, et François Mitterrand pour l’UDSR. Au cœur de la guerre froide, il s’agit d’une campagne haute en couleur. Selon la mémoire locale, les échanges ont été vifs entre le conseiller général sortant, le communiste Jules Bigot, et son challenger François Mitterrand :
« Pour l’instant, môssieur Mitrand, vous avez une grande gueule, mais quand les Russes seront à Toulon, vous la fermerez !
— Je me présente dans un canton très dur, je le sais, répond Mitterrand. Je l’ai choisi pour battre un communiste. Cela en fera un de moins !
— Je passerai comme une lettre à la poste !
— La poste est fermée le dimanche ! »
15Au-delà de cette anecdote, François Mitterrand est perçu comme un homme neuf et volontaire, un ministre qui ne rechigne pas à venir au village, à rencontrer, écouter et discuter avec le peuple de France. Surtout, au cours de cette campagne électorale, François Mitterrand dénonce l’inaction du conseiller général sortant qui n’a pas fait grand-chose pour la reconstruction du village martyr de Montsauche et pour le désenclavement du canton. Ses critiques portent et amplifient le climat de guerre froide à l’échelle locale, où le PCF apparaît comme le parti uniquement pro-soviétique. Le Monde évoque le décalage entre le discours du PCF et la réalité locale : « Dans ce pays ravagé par la guerre (Montsauche a été incendiée par l’ennemi), aux chemins défoncés, aux bourgs mal desservis et mal éclairés, les orateurs communistes parlent surtout de la Grèce, de la Corée et des méfaits du plan Marshall : ce n’est pas le caractère le moins curieux de cette campagne15. »
16Ainsi, le candidat communiste perd plus de 40 % des suffrages par rapport à 1945 et les deux autres candidats perdent également de nombreuses voix : dans cette dynamique, François Mitterrand est élu dès le 1er tour, avec 1 653 voix (52,26 % des suffrages exprimés) contre 819 voix à Jules Bigot, 423 voix à Constant Taboureau et 246 voix à Octave Roullier16.
17Conseiller général de Montsauche jusqu’en 1981, sans discontinuité, il peut alors travailler à la reconstruction des villages brûlés et pillés en 1944, Montsauche et Planchez, mais aussi au développement économique du canton, ainsi qu’à l’électrification et l’adduction en eau potable. Il suit également de près la reconstruction du village de Dun-les-Places, détruit en juin 1944, dans le canton limitrophe17. Les travaux de réhabilitation ont débuté trois ans après le drame, dès 1948-1949, et se sont achevés à la fin des années 1950 ; il y a une étroite coopération entre le conseil municipal, le député et les représentants de l’État.
18C’est en ce sens que l’on peut véritablement évoquer un ancrage politique durable et lié au territoire du Morvan nivernais18.
Comprendre cet ancrage
Les réseaux et la presse
19Dans la poursuite des travaux pionniers de Frédéric Sawicki19, cet ancrage bénéficie de la mise en place de réseaux multiples aux effets cumulatifs. En premier lieu, François Mitterrand a su utiliser dans la Nièvre ses réseaux issus du monde des anciens combattants, des prisonniers de guerre et de la Résistance. Dans cette veine, les usages de la mémoire de la guerre encore vive dans la région avec les villages martyrs, ont joué un rôle important. En témoigne, entre autres, l’attachement de François Mitterrand à la cérémonie du 26 juin pour commémorer les massacres de Dun-les-Places.
20Paradoxalement, si la mémoire de la Résistance et des victimes de l’occupant est un ciment essentiel de sa réussite, il n’oublie pas non plus d’autres amitiés solides20. Faisant sans doute la distinction entre Pétain et Laval, il garde auprès de lui d’anciens fonctionnaires qui ont participé activement à l’œuvre de l’État français, comme Pierre Saury, ancien commissaire nommé par René Bousquet, intendant de police à Lyon en 1943, révoqué cependant par les « ultras » de la collaboration, et qui a fui en Haute-Savoie. Cet itinéraire souligne bien la complexité du moment et les évolutions de nombreux fonctionnaires entre 1942 et 1944. Selon la biographie d’André Balent pour le « Maitron21 », Saury « ne devint résistant qu’en avril 1944 lorsqu’il se fit immatriculer au réseau “Mabro” du BCRA comme agent P1 sous le pseudonyme de “Paule” ». Révoqué à nouveau à la Libération, il reste libre et participe activement à l’administration civile des forces françaises en Allemagne. Dès 1950, il est récupéré par François Mitterrand dans son cabinet ministériel de la France d’outre-mer comme chargé de mission, devenant l’un de ses fidèles lieutenants. C’est ici l’un des points cruciaux de la personnalité de François Mitterrand qui a noué des amitiés paradoxales, comme celle avec René Bousquet, tout en étant « Morland » et résistant dès 1942 : ces amitiés « garderont une odeur de soufre » selon les mots de Michel Winock22.
21Mais au-delà des réseaux liés à la guerre, il faut aussi mentionner les amitiés qui se forgent dans la région. La rencontre avec Camille Marchand, sabotier du village de Gouloux, puis maire du village, est fondamentale. Grâce à Camille Marchand, il arpente les communes morvandelles et en 1959, peu de temps après son échec aux élections législatives de 1958, il redevient parlementaire au Sénat. Dans cette dynamique de réseaux multiples, les associations ont aussi un rôle important ; ainsi l’Académie du Morvan, société savante, lui permet également d’élargir son rayonnement local. À Château-Chinon, à l’Hôtel de ville, est fondée le 15 juillet 1967 l’Académie du Morvan sous l’égide de François Mitterrand, devenu député-maire de la ville, Joseph Pasquet (ancien professeur et écrivain régionaliste) et Henri Perruchot (critique d’art et homme de lettres). Il s’agit, pour les fondateurs de cette société savante, de « combattre le complexe d’infériorité du Morvan » et de défendre une culture morvandelle avec comme maxime « Tout ce qui intéresse le Morvan est nôtre ». Les amis, sa connaissance intime des hommes, des femmes et des territoires morvandiaux expliquent en partie cet ancrage23. Effectivement, François Mitterrand, homme de lettres et de plume, utilise un autre vecteur, celui de la presse écrite.
22Dans cette optique, il utilise ses qualités de journaliste pour reprendre en 1948 le titre d’un ancien périodique nivernais disparu depuis 1883, Le Courrier de la Nièvre (qu’il dirige officiellement à partir de septembre 1951 jusqu’en 1981). Ce journal reflète non seulement ses talents de journaliste, mais surtout sa volonté de créer un lien quasi permanent avec les Nivernais. Véritable diffuseur de sa pensée politique, de ses évolutions, ce journal lui permet d’être au contact des élus nivernais pendant plus de 33 ans24. Il sait aussi utiliser Le Journal du Centre afin de contrôler au mieux l’opinion publique nivernaise. Jouissant d’une véritable aura, l’ancrage est confirmé par la réussite de ses mandats.
Les mandats
23Jamais auparavant, dans la Ve République, l’identification d’un président à sa terre d’élection – député de 1946 à 1958, puis de 1962 à mai 1981, conseiller général du canton de Montsauche (1949-1981), sénateur (1959-1962), maire de Château-Chinon (1959-1981), président du conseil général (1964-1981) et chose que l’on oublie souvent, conseiller municipal de Château-Chinon entre 1981 et 1983 – n’a peut-être été aussi forte. Mandats multiples aux effets induits qui s’ajoutent à un moment où l’on ne se pose pas encore la question du cumul des mandats…
24Pour comprendre au mieux la proximité et la connivence d’un homme et d’un territoire, on peut prendre l’exemple de sa visite, en août 1956, au comice agricole de Montsauche où il déclare devant la presse :
« Puisque vous étiez parmi nous, Messieurs, il y a six ans, vous avez pu observer à quel point ce village, détruit pendant la guerre, a revécu. Maintenant, les maisons sont là pour vous accueillir, les routes et les rues sont en bon état, et surtout, vous pouvez l’observer, la population reprend goût à l’existence et en même temps au travail. Le Comice Agricole de Montsauche a peu d’importance en soi, sans doute, mais c’est pourtant la preuve de volonté d’un pays pauvre. Car le Morvan est un pays qui souffre, des difficultés à la fois d’une terre rude et aussi des crises économiques qui, par les guerres, c’est le pays où seul le bois, quelques céréales et la pomme de terre sont les bases de notre économie. Ici même, au cours de la journée, vous aurez l’occasion de rencontrer beaucoup de maires, de conseillers fédéraux, de notables du Morvan, vous vous rendrez compte que si l’on s’en tient à leur exemple, la France agricole est un pays qui tient bon25 ! »
25C’est non seulement la valorisation de son travail d’élu local qui est ici présente, mais cela souligne la place des rites et rituels politiques anciens qui perdurent dans la France rurale. Les comices agricoles, les fêtes patronales, mais aussi les foires et les marchés offrent des moments privilégiés de sociabilité rurale, où toutes les catégories sociales se réunissent. Ils constituent alors des moments de rencontre, de conversation et d’échanges précieux, rappelant avec force la plume de Gustave Flaubert26. François Mitterrand a saisi l’importance de ces moments, de ces fêtes qui participent au processus classique de politisation du monde rural.
26Cette passion du territoire, voire du terroir, se lit également au fil des pages de sa correspondance avec Anne Pingeot. Si l’amour est au cœur de ses lettres27, on peut aussi comprendre au mieux comment il apprécie son territoire et ses habitants. La connaissance intime des paysages et des lieux qu’il apprécie, comme le site du mont Beuvray qu’il fait partager à Anne Pingeot : « à Autun nous avons déjeuné plutôt mal que bien mais nous étions si contents de vivre que tout nous a paru délicieux. Une clairière morvandelle du côté de Saint-Prix, le mont Beuvray et la route du bonheur s’est achevée sur un voyage dans la nuit jusqu’à Clermont-Ferrand28 » ou encore, il évoque avec bonheur ses repas « au Vieux-Morvan avec [ses] amis morvandiaux29 ». Tout son univers et ses réseaux peuvent alors être mis à jour montrant avec force une histoire sociale du politique, voire une anthropologie politique, ancrée dans un territoire qu’il connaît finement.
27Enfin, ses déplacements en voiture dans tout le département jalonnent ses lettres. Si parfois, loin de la femme qu’il aime, il se laisse aller à des confidences – « le week-end nivernais avec ses rites culinaires m’a rompu30 » – c’est surtout son affection pour ce territoire qui transparaît. Ainsi, la somme totale des occurrences de la Nièvre et au Morvan (avec plus de 300 références) peut se lire sur la carte suivante reconstituant un nuage de mots31 :

La Nièvre, un laboratoire
28Le département de la Nièvre a constitué un véritable laboratoire pour François Mitterrand : un lieu d’expérimentations politiques qui seront reprises à une autre échelle. En premier lieu, il a su garder un espace politique au centre gauche contre la SFIO locale avec laquelle il entretenait des rapports tendus, conflictuels ; entre autres, avec son rival dans le Sud Morvan, le docteur Daniel Benoist de Luzy. Puis, avec la fin de la IVe République et le retour du général de Gaulle au pouvoir, il s’est agi de réaliser l’union de la gauche face au gaullisme, bien avant sa prise du parti socialiste au congrès d’Épinay-sur-Seine en 1971.
29Dans ce processus, il s’allie dès 1958 avec les communistes dans le département. Tout au long de cette période, François Mitterrand dénonce « l’homme qui a tourné le dos aux idéaux de la Résistance ». Ainsi, dans ses prises de positions publiques, jusque dans sa profession de foi aux élections de 1958, il déclare ne pas admettre « de leçons sur [son] patriotisme » et d’ajouter « j’ai servi sous les ordres du général de Gaulle quand il s’agissait de se battre pour la Libération de la France. J’étais à ses côtés, à l’Arc de Triomphe, le 27 août 194432 ». Cette posture d’opposant au régime personnel et personnalisé du Général le conduit à discuter avec les communistes, qui ont été mis à l’écart de la vie politique nationale, dans le cadre de la guerre froide.
30Au second tour de l’élection législative de 1958, même s’il est battu par le candidat gaulliste Jehan Faulquier qu’il affrontait dans une triangulaire face au socialiste Daniel Benoist, il obtient le soutien sans faille des communistes. Ce rapprochement passe également par la mémoire de la Résistance.
31François Mitterrand, ayant un passif assez grand avec le PCF, s’évertue à composer avec les communistes nivernais, et ce dès 1956. Roger Gillot – ancien déporté à Buchenwald, élu député communiste de la Nièvre en 1946 – m’a confié qu’en décembre 1955, au cours de la campagne des législatives de janvier 1956 marquées encore par la culture d’affrontement de la guerre froide, François Mitterrand était venu à Brassy lui faire ses excuses, car il avait dit quelques jours plus tôt – comme toute la gauche non communiste le disait à l’époque – que le « PCF n’était pas français33 ». Généralement, on disait que le PCF n’était « ni à gauche, ni à droite, mais à l’Est » (selon les mots d’Édouard Depreux, popularisés par Guy Mollet). François Mitterrand lui assura son respect : « M. Gillot, je sais que vous êtes un martyr de la Résistance. » Il vouait une sincère admiration à l’ancien déporté. Deux ans après cette rencontre, il noua d’autres liens avec les communistes nivernais.
32En se rapprochant des communistes, François Mitterrand commémore alors toute la Résistance, effaçant les logiques de 1946-1949, ce qu’il confirme plus tard par son alliance avec Waldeck Rochet en 1964-1965. Mais en 1958, face à cette alliance, la SFIO de la Nièvre reste très perplexe et hostile, l’hebdomadaire socialiste nivernais titre entre les deux tours, le 27 novembre 1958 : « De la francisque à l’extrême-gauche, buvant le calice jusqu’à la lie, Mitterrand le Déloyal va au comble de l’abjection. » Une telle situation se vérifie lors des élections municipales de Château-Chinon en mars 1959, lorsque François Mitterrand mène une liste d’union des forces de gauche avec les communistes à la victoire contre la liste SFIO.
33Après les communistes, il rallie enfin la SFIO de la Nièvre, puisque le docteur Daniel Benoist quitte le Morvan pour Nevers. François Mitterrand devient ainsi, en 1964, président du conseil général de la Nièvre. Commence alors un long processus de recomposition de la gauche non communiste avec la Convention des institutions républicaines (CIR), mais aussi avec l’appui du SNI (Syndicat national des instituteurs), dirigé à partir de 1963 par Jean Battut, qui s’emploie à fédérer les mécontentements au sein de l’Éducation nationale. Dans cette dynamique, on assiste le 4 mai 1966, à la naissance de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) de la Nièvre, avec comme bureau : Mitterrand (président), Dr Benoist et Merlan (VP), Pesson (secrétaire). La raison l’emporte, même si la rivalité avec le socialiste Benoist n’est pas complètement enterrée34…
34Ses « amis » morvandiaux, ses réseaux lui assurent non seulement des réélections faciles, mais surtout des moments de réflexion sur la place d’un département enclavé, d’une région parfois loin des décisions politiques menées par l’État et ses préfets. Devenu président du conseil général du département, il peut mettre en œuvre son projet politique à une plus grande échelle, mais il faut composer avec l’État.
35La Nièvre dépend, comme les autres départements, du bon vouloir du préfet et de l’État. François Mitterrand n’aura de cesse de dénoncer cette injustice. Il innove à la tête du département et impose son point de vue. Il souhaite développer la Nièvre, en particulier en la sortant de son enclavement. Toutefois, il regrette à plusieurs reprises les « aides restreintes » de l’État. Face à cette pénurie, il prend exemple sur le département du Lot géré par Maurice Faure et s’emploie à faire de la Nièvre un laboratoire d’une décentralisation, en avance sur la loi des années 1980. Pour lui et sa majorité départementale, il faut plus de pouvoirs aux élus face à la toute-puissance du préfet, qui gère l’ordre du jour du conseil général, établit le budget du département et le met en application sans contre-pouvoir. François Mitterrand demande que « rien de ce qui touche au département de la Nièvre ne puisse échapper à l’attention du Conseil général35 ». Dans cette optique, dès la séance du 12 mai 1964, deux mois après son élection à la tête de l’institution départementale, il demande la mise en place d’une cellule administrative au sein du conseil général. Le préfet Gerbod considère qu’il s’agit d’une marque de défiance, mais le vote du conseil général suit son président dans une large majorité. Pour compléter cette prise d’autonomie, François Mitterrand désigne lui-même son secrétaire général, Michel Rocagel, alors que cette désignation ne faisait pas partie du protocole habituel.
36S’appuyant sur son fidèle secrétaire général, il récupère certaines prérogatives dans un souci démocratique et de proximité, afin que les élus participent au processus décisionnel. Lors de la session du 26 octobre 1971, qui commémore la loi de 1871 sur les rapports des conseils généraux et des administrations, il déclare : « Nous estimons quels que soient les très grands services rendus par l’administration que les élus pourraient, eux aussi, être capables de faire des choix… Chacun d’entre nous a, certes, ses idées sur un meilleur fonctionnement des conseils généraux, certains pensent que les assemblées communales et départementales pourraient échapper davantage à la tutelle préfectorale. L’État a colonisé la province. » Ainsi, en 1976, la Nièvre met en place le fonds départemental des équipements des communes. Véritable prise d’autonomie par rapport à l’État, cette initiative n’est pas remise en cause et témoigne d’une volonté décentralisatrice avant l’heure. Un tel laboratoire se lit aussi avec le choix d’être rattaché à la Bourgogne. Depuis 1964, il participe à la CODER (commission de développement économique régional36), mais avec la mise en place des Régions, la Nièvre est tiraillée entre la région Centre et la Bourgogne. Il se méfie de Dijon37 et réaffirme la place de la Nièvre : « Je suis opposé à toute forme de démantèlement du nivernais, province héritière d’une longue histoire, au cours de laquelle il n’a jamais été réuni à une autre province, pas même à la couronne de France. La Nièvre est un département rebelle à tout rattachement […]. » Il exprime la défense de l’identité de son département, lors d’une séance de la CODER à Dijon en 1970 : « La Nièvre n’est pas bien avec vous38 ! »
37Pourtant, c’est bien lui et les élus morvandiaux de la Nièvre qui votent en 1973 pour le rattachement de la Nièvre à la Bourgogne, contre l’avis de ses amis de Nevers, qui préféraient la région Centre. Cette prise de décision est liée à sa volonté que le Morvan reste uni – sur ses quatre départements – au cœur de la région Bourgogne.
⁂
38C’est un lien particulier que François Mitterrand a tissé avec ce département où il n’a jamais véritablement habité, même si la chambre 15 de l’hôtel « Au vieux Morvan », à Château-Chinon, reste un lieu mythique attaché à son nom. Il était devenu le plus fidèle client et ami de la famille qui tenait l’hôtel, Jean et Ginette Chevrier, accompagnés de Bernard et Raymonde Menuel.
39La Nièvre a également constitué pour François Mitterrand un laboratoire politique pour réaliser localement l’union de la gauche. Après avoir incarné le recours face à de Gaulle en 1965, puis engagé l’union de la gauche à l’échelle nationale, François Mitterrand, qui refonde le parti socialiste en 1971, devient président de la République le 10 mai 1981. Dans ce rapport particulier au territoire nivernais, l’affiche de sa campagne électorale intitulée « la force tranquille » devant un village de France, où l’on distingue la petite église du village de Sermages – que d’aucuns ont souvent interprétée comme la France éternelle des terroirs de Vichy – est avant tout un clin d’œil à son département et au Front populaire, en reprenant les mots de Léon Blum, lors de son discours radiodiffusé du 5 juin 1936 : « Un grand avenir s’ouvre devant la démocratie française. J’adjure, comme chef du gouvernement, de s’y engager avec cette force tranquille qui est garantie de victoires nouvelles. » Il les insère dans la cellule de base de la République, la « petite patrie » ou la commune, sans négliger, il est vrai, l’esprit de clocher. Il fallait rassurer les Français face à la campagne du président sortant qui insistait sur les dangers de l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir, évoquant également la mémoire des droites du Front populaire, d’autant que les « 110 propositions » s’inspiraient de cet esprit du « bonheur pour tous ».
40Sa fidélité à la Nièvre se lit par de nombreuses réalisations dans le département, dès lors qu’il devient président de la République ; citons entre autres les implantations « économiques » pour rééquilibrer un territoire (le circuit de Magny-Cours et la scierie de Sougy), mais aussi les améliorations sensibles des transports ferrés et routiers.
41Ce rapport fusionnel avec la Nièvre atteint en 1995 son paroxysme, par un scandale sans précédent, suite à l’achat d’une portion de terre sur le mont Beuvray pour y être enterré. Ce projet, tenu secret par les acteurs de l’époque, éclate au grand jour dans la presse39. Il faut alors renoncer. Mais cet épisode éclaire sa formule « la Nièvre, le pays de ma vie » : il aurait souhaité y être enterré comme un « vieux Gaulois » dans un lieu prestigieux.
Annexe
Annexe 1. Profession de foi, 1946 (Archives départementales de la Nièvre)

Annexe 2. Le rituel de Dun-les-Places
Fig. 1. – 26 juin 1948, collection musée de la Résistance en Morvan. DR.

Fig. 2. – 26 juin 1983, collection musée de la Résistance en Morvan. DR.

Notes de bas de page
1 François Mitterrand, L’abeille et l’architecte, Paris, Flammarion, 1978, p. 294.
2 Sur cette source, il est utile d’écouter l’émission d’Emmanuel Laurentin, « La Fabrique de l’histoire » sur France-Culture, qui a reçu les historiennes Clémentine Vidal-Naquet et Anne-Laure Ollivier, le 14 novembre 2016 : à écouter : [https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/lhistoire-de-lannee-1916-14-1916-naissance-de-francois-mitterrand].
3 Voir son entretien dans la revue de philosophie et littérature Philitt : [https://philitt.fr/2017/09/22/francois-hourmant-il-y-a-chez-francois-mitterrand-un-lien-fusionnel-entre-la-geographie-et-la-litterature/].
4 Je tiens à remercier vivement Hedi Maazaoui, responsable du service de numérisation et bases de données de la MSH Dijon, pour son aide précieuse.
5 Voir François Charmont, François Mitterrand et la Nièvre. Géopolitique de la Nièvre, 1945-1995, Paris, L’Harmattan, 2001 ; Marion Cormier, François Mitterrand et la Nièvre 1946-1971, mémoire de master 1 Recherche, université de Bourgogne, 2006 ; Stéphane Jean-Baptiste et Sylvie Anibal, « La Nièvre, le pays de ma vie… », François Mitterrand, histoire de Nièvre 1946-1996, Nevers, La Fabrique, 2006 ; Jean Battut, François Mitterrand le Nivernais 1946-1971. La conquête d’un fief, Paris, L’Harmattan, 2011 ; Jean Vigreux, François Mitterrand, la Nièvre et le Morvan, Dijon, EUD, 2017.
6 Bernard Dolez et Michel Hastings (dir.), Le parachutage en politique, Paris, L’Harmattan, 2003, p. 17.
7 Politix, no 35, 1996.
8 Valérie Mazerolle, « François Mitterrand et Nevers, l’histoire d’un désamour », Mon Nevers secret, novembre 2013, p. 34-37.
9 Éric Duhamel, Mitterrand, l’unité d’un homme, Paris, Flammarion, 1998.
10 Archives départementales de la Nièvre (Arch. dép. Nièvre), 3 W 67 : enregistrement de candidature, « 20 octobre 1946 à 9 h 20 ».
11 Voir annexe 1.
12 Citons par exemple : « À toute allure j’ai touché Dijon : en 3 heures 15 ! Mais que la route était belle sous un ciel peint à grands coups de pinceau et qui laissait au soleil d’immenses champs de gloire ! » (p. 390), ou lorsqu’il prend le temps, flânant dans la région et profitant des visites : « Nous avons pris la route de Dijon en passant par Corbigny (où nous avons traversé la foire) Chaumot et Chitry où nous avons cherché la trace de Jules Renard. Par Saulieu enfin où nous avons d’abord déjeuné à l’Hôtel de la Côte d’Or (Oh ! les écrevisses et l’entrecôte !) avant de visiter l’église Saint-Andoche. Là, merveille. Tu as tout de suite admiré les chapiteaux dans le meilleur esprit Pradel. Nous nous sommes cassé le nez sur le bréviaire de Charlemagne et nous avons découvert un délicieux vieillard de 89 ans qui nous a montré ses trésors avec amour. Nous reviendrons » (p. 429).
13 Onze fois ministre entre 1947 et 1957 : ministre des Anciens combattants et victimes de guerre dans le cabinet Paul Ramadier en 1947, puis dans le cabinet Robert Schuman 1947-1948 ; secrétaire d’État à l’Information dans le cabinet André Marie en 1948 ; secrétaire d’État à la vice-présidence du Conseil dans le cabinet Robert Schuman en 1948 ; secrétaire d’État à la présidence du Conseil dans le cabinet Henri Queuille en 1948-1949 ; ministre de la France d’Outre-Mer dans le cabinet René Pleven en 1950-1951, puis dans le cabinet Henri Queuille en 1951 ; ministre d’État dans le cabinet Edgar Faure en 1952 ; ministre d’État délégué au Conseil de l’Europe cabinet Joseph Laniel en 1953 ; ministre de l’Intérieur dans le cabinet Pierre Mendès France en 1954-1955 ; ministre d’État de la Justice dans le cabinet Guy Mollet en 1956-1957.
14 Le Monde, 14 mars 1949.
15 Le Monde, 19 mars 1949.
16 Arch. dép. Nièvre, 159 W 106.
17 Voir Marcel Vigreux, La mémoire de Dun-les-Places, 1944-1989, Nevers, Éditions SIN Phobos, 1990 (réédition 2006) ; Jean Vigreux, « Dun-les-Places, village martyr du Nivernais-Morvan (1944-2009) », dans David El Kenz et François-Xavier Nérard (dir.), Commémorer les victimes en Europe, xvie-xxie siècles, Paris, Champ Vallon, 2011, p. 91-100 et annexe 2.
18 Sur la notion d’ancrage, voir François Dubasque et Éric Kocher-Marboeuf (dir.), Terres d’élections. Les dynamiques de l’ancrage politique, 1750-2009, Rennes, PUR, 2014.
19 Frédéric Sawicki, Les Réseaux du parti socialiste. Sociologie d’un milieu partisan, Paris, Belin, 1997.
20 Voir Pierre Péan, Une jeunesse française. François Mitterrand 1934-1947, Paris, Fayard, 1994.
21 [https://maitron.fr/spip.php?article23934], notice Saury Pierre, Germain par André Balent, version mise en ligne le 17 décembre 2008, dernière modification le 2 juillet 2016.
22 Michel Winock, François Mitterrand, Paris, Gallimard, 2015, p. 79.
23 Sylvain Barone et Aurélia Troupe (dir.), Battre la campagne ; élections et pouvoir municipal en milieu rural, Paris, L’Harmattan, 2010.
24 Pierre Saury aide méticuleusement François Mitterrand dans la réalisation de ce journal qui est tiré à plus de 4 000 exemplaires et pouvant atteindre les 30 000 lors des élections.
25 Reportage RTF, 12 août 1956 : [http://fresques.ina.fr/mitterrand/fiche-media/Mitter00168/visite-du-comice-agricole-de-montsauche.html].
26 Gustave Flaubert assista le 19 juillet 1852 au comice agricole de Grand-Couronne. Il écrit à Louis Bouilhet dans la nuit du 17 au 18 juillet 1852 : « Tout bien réfléchi, il faut vraiment que je voie un comice agricole » (Correspondance, éd. Jean Bruneau, Bibl. de la Pléiade, t. II, p. 133). Il sut décrire avec finesse cette cérémonie rurale dans le chapitre huit de Madame Bovary publié en 1857.
27 L’analyse lexicale souligne ô combien le verbe « aimer » et le mot « amour » constituent la base de ce registre épistolaire si particulier, celui de la passion. On retrouve dans le corpus 561 fois le verbe « aimer » sous ses différentes « formes lemmatisées » et le mot « amour » (amour, amoureux, amoureuse, amours) revient 266 fois. Dans ce registre des sentiments, le « bonheur » est aussi présent (60 occurrences). L’auteur confie qu’il est « heureux » (134 occurrences) ; sans oublier les 94 occurrences de « merveilleuse, merveilleux, merveille, merveilleusement, merveilles, merveilleuse(s) ».
28 François Mitterrand, Journal pour Anne (1964-1970), Paris, Gallimard, 2016, p. 14.
29 Ibid., p. 545.
30 Ibid., p. 181.
31 On décompte 334 occurrences. Le comptage s’est fait à partir de la liste des communes de la Nièvre et des adjectifs liés à cet espace géographique avec le logiciel de textométrie TXM 0.78. Le nuage de mots a été généré directement en ligne sur le site : [https://www.nuagesdemots.fr/].
32 Archives dép. Nièvre, profession de foi de François Mitterrand pour les élections législatives de novembre 1958, premier tour.
33 Entretien réalisé en avril 1992 dans le cadre de mes recherches pour ma thèse de doctorat sur Waldeck Rochet.
34 Sur cette recomposition, voir Jean Battut, François Mitterrand le Nivernais 1946-1971, op. cit.
35 Arch. dép. Nièvre, procès-verbal du conseil général, 9 PER 23 (1964).
36 Voir la contribution de François Dubasque dans cet ouvrage.
37 « Repas classique, ambiance classique d’une société qui n’a pas bougé, semblable à celle que peignait David (Mme Sériziat, à la campagne). Bourgeoisie de Dijon », dans Journal pour Anne, op. cit., p. 418.
38 Journal du Centre, 2 décembre 1970.
39 Voir « Le tombeau de Mitterrand », L’événement du Jeudi, no 563, 17 août 1995 ; « Le dernier songe de Mitterrand », La Croix, 18 août 1995 ; François Came, « Mitterrand aurait choisi sa sépulture dans le parc naturel du Morvan », Libération, 17 août 1995 ; François Came, « Mitterrand une tombe au mont Beuvray. L’ancien Président a acheté une parcelle sur ce site gaulois. Pour un franc », Libération, 9 septembre 1995.
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