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    Plan détaillé Texte intégral La forme des disputes Les enjeux des disputes Disputer ? Épilogue : les débats et la lassitude de la dispute ? Notes de bas de page Auteur

    Les disputes et la conversion religieuse de l’Antiquité au xviie siècle

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Phénoménologie des disputes à l’époque du Grand Schisme

    Bénédicte Sère

    p. 91-106

    Texte intégral La forme des disputes Le genre des disputes Les supports codicologiques et archivistiques des disputes Les espaces polémiques et les réseaux de leurs acteurs Les enjeux des disputes Convaincre ? S’imposer ? Disputer ? Épilogue : les débats et la lassitude de la dispute ? Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Temps exceptionnel de débats parce que temps exceptionnel de crise, le Grand Schisme d’Occident (1378-1417) est une période d’intense événementialité, marquée par la sismicité de l’actualité : les rebondissements y sont fréquents, la réactivité des écrits intense, l’écriture rapide1. Nous nous proposons de décrire au plus près les pratiques discursives des débats en cours dans ce contexte très rythmé, telle une description phénoménologique qui vise à cerner la forme ainsi que les enjeux des disputes, délaissant sciemment leur contenu doctrinal et ecclésiologique.

    La forme des disputes

    Le genre des disputes

    2Les genres de la dispute revêtent plusieurs formes : des actes officiels (lettres, requêtes, circulaires, appels), des discours oraux, des traités polémiques. Ces derniers, les plus massivement présents, sont dits Tractatus. Le latin dit mieux la discussion qui s’y love, ce maniement (tractatio) de l’argumentation dans lequel les scolastiques sont passés maîtres. Les traités, qu’ils soient neutres apparemment ou polémiques ouvertement, sont tous écrits en écho d’un contexte de polémicité. Ils sont tous inscrits dans des volets de polémique, soit en forme de réfutation, soit à un niveau d’exposé qui ne prend sens qu’en ayant restitué l’intertextualité discursive et polémique du temps. Comment comprendre le texte de Gerson à la fin de l’été 1395, le Super quaestionibus novem ou De substractione schismatis (selon le titre donné dans l’édition de Glorieux), sans avoir restitué le point de départ de la polémique, les Neuf questions adressées par l’université de Paris au pape Benoît XIII, l’accusant d’être schismatique et de refuser la voie de cession ? Ce texte ne s’entend qu’en ayant recomposé la sphère de polémicité qui l’engendre, le porte et l’éclaire2.

    3Les tractatus se caractérisent par la rapidité de leur écriture. Ils sont écrits à la hâte, dans le feu de l’actualité pour répondre rapidement à un débat, à une attaque, à un danger. Ils peuvent être écrits en quelques jours, voire en quelques heures. Élie de Lestrange se plaint d’avoir eu à écrire ses Allegationes en six ou sept heures, sine aliqua provisione et in librorum absentia3. Vite copiés, ils sont également vite diffusés. Ils circulent avec fluidité4. Hélène Millet propose de traduire tractatus par tracts5. Les titres peuvent être neutres, d’une neutralité qui ne doit cependant pas leurrer.

    4L’affrontement disputationnel se joue également dans les débats publics, minutieusement organisés, orchestrés par le chancelier du roi, comme le débat de 1406 qui opposaient la partie du pape à la partie de l’université avec les meilleurs orateurs du temps commandités pour chacune des parties. Par leur contexte et leur solennité, les échanges restent courtois, à l’occasion flagorneurs. « Traitons notre matiere honnêtement et paisiblement in vinculo pacis », dit Pierre d’Ailly et il ajoute : « Je n’entends riens dire en injure d’aucun6. » Les injures sont interdites, mais l’ironie, sinon l’insolence, affleure7. Ce qu’on peut y lire, au-delà de l’affrontement des arguments, c’est le débat public devant le roi ou son représentant, le dauphin. Les répliques sont prises sur le vif. Les captationes benevolencie implorent la clémence et la bienveillance des auditeurs8. On pose des questions et les orateurs interpellés répondent. Un modérateur, le chancelier du roi Arnaud de Corbie, régule les temps de parole. « C’est assez leu ! », doit-il interrompre parfois9. Il distribue la parole : « Il m’est enjoint que je parle maintenant contre Monsieur de Tours, et contre le Deen de Reims et que je responde à leurs raisons10. » Il coupe la parole : « Cette matiere a esté assés démenée, il est temps de conclure11. » Au terme de certaines longueurs, les princes s’ennuient : « Il anuie à nosseigneurs, maitre Pierre, avés-vous guere à dire12 ? » Ce qui domine cependant, c’est la nécessité du débat pour le discernement, d’où l’importance d’avoir demandé les conseils des experts pour prendre alors la décision. Parfois, les orateurs sont aux prises. La disputatio devient dispute : « Laissiés me dire. Ne m’empêchez point : et je me garderai, si Dieu plest, aussi bien que vous fairés de dire injure au roy ni au roiaume13. »

    5Les débats se débusquent enfin dans les annotations manuscrites. Gloses marginales ou gloses encadrantes, les auteurs dialoguent avec leurs adversaires à coups de griffes marginales : « Argument sophistique et non concluant » ; « invectives et injures » ; « Réfutation puérile », écrit l’annotateur parisien au texte oxonien de 139514. Lorsqu’un auteur stigmatise l’adversaire d’être le complice d’un pseudo papa, l’annotateur marginal répond : « Toi-même ! » Le débat se love ainsi dans les marges des manuscrits.

    Les supports codicologiques et archivistiques des disputes

    6Les textes à l’époque du Grand Schisme circulent sous la forme de recueils De Schismate dont l’habitude des conservateurs fut de distinguer les Libri de Schismate conservés à la Bibliothèque vaticane et les Tractatus de Schismate conservés à la Bibliothèque nationale de Paris. Outre plusieurs autres manuscrits notamment l’un à Oxford, trois à Rouen et d’autres ailleurs, ceux de Vatican et de Paris sont les mieux connus, bien qu’encore mal connus. C’est peut-être Michael Seidlmayer qui, en 1940 et 1941, dans deux articles programmatiques, a le plus approché la complexité de ces recueils, du moins ceux conservés dans les fonds de l’Archivio Segreto Vaticano15. À partir de la liste établie par Francesco de Rovira en 1404, un an après la mort de Martin de Zalba, évêque de Pampelune et éminence grise de Benoît XIII, Michael Seidlmayer retrouve la série des 24 volumes du cardinal de Zalba, c’est-à-dire 24 dossiers sur le schisme conservés dans l’Armarium LIV de l’Archivio, dits Libri de scismate pour les distinguer des volumes conservés à la Bibliothèque nationale de France à Paris, dits Tractatus de scismate. Les volumes sont abondamment annotés de la main de Martin de Zalba, une écriture difficile à lire voire illisible.

    7Pour ma part, j’ai étudié le manuscrit parisien BnF, lat. 14643. Ce recueil, vraisemblablement compilé, corrigé et annoté par Guillaume de Longueil et non pas par Jean Gerson, comme l’a autrefois pensé Gilbert Ouy, serait le fruit d’une vision ecclésiologique particulière du schisme, celle des universitaires parisiens de type cessionniste et surtout le reflet d’un milieu, celui du Parlement de Paris, dont Guillaume de Longueil est, par son frère, un proche. Pour ne prendre que ce seul exemple, il s’agit d’un recueil colportant des traités ecclésiologiques et polémiques majeurs, du premier temps du schisme notamment (Henri de Langestein, Conrad de Gelnhausen, Giovanni da Legnano, Jacques de Sèves, Pierre Bohier, Honoré Bonet, Bernard Alaman) mais aussi du second âge (G. Ronacensis, cardinal de la Grange…). Le compilateur amasse même plusieurs versions d’un même texte : c’est ainsi que nous avons trois collations du De fletu Ecclesie de Giovanni da Legnano. Ensuite, les pièces sont annotées pour être travaillées, critiquées, contestées ou méditées. Ainsi le correcteur-annotateur commente abondamment l’épître d’Oxford, réponse à l’épître de Paris. Transparaissent dans ces marges densément remplies, l’animosité anti-anglaise de leur auteur, le ton virulent, la plume acerbe et le style enlevé des cessionnistes du temps. Le recueil contient aussi de nombreux documents officiels (lettres de l’université à d’autres universités, lettres diplomatiques des papes avignonnais, lettres aux cardinaux, au roi de France, au roi de Castille, aux ambassadeurs divers…). Le recueil fonctionne par dossiers, le décompte et le repérage des cahiers le montrent bien. Les recueils de dossiers polémiques rassemblent des pièces des deux parties en présence, toutes méditées par les controversistes du temps. Concluons également que ce recueil, proche des milieux du pouvoir, en l’occurrence parlementaires, reflète par sa facture, son agencement et ses annotations, une conception de l’ecclésiologie du temps partagée par le monde parlementaire dont on sait la collusion avec l’Université. Le recueil ainsi constitué de liasses de dossiers polémiques s’avère un outil dans la construction des réfutations et des controverses. Comme en un cliché photographique, l’état archivistique dit ainsi la vision ecclésiologique d’un parti au sein des sphères de polémicité.

    Les espaces polémiques et les réseaux de leurs acteurs

    8Les débats résonnent dans des espaces de polémicité dont l’historien se doit de reconstituer l’intertextualité sous peine de sous-déterminer les enjeux et les ressorts discursifs des polémiques. Ainsi, les textes reprennent leur dimension controversiale lorsqu’ils sont réinsérés dans l’espace de la polémique : ils en sont les points de départ, les réfutations ou quelque volets de la polémique. Les espaces de polémicité s’emboîtent. L’on repère des polémiques majeures, centrales, dominantes et des polémiques secondaires, annexes, adventices. L’on identifie des lignes de force et des chemins de traverse. L’on observe des échelles de la polémique : l’Université, le royaume de France, l’Occident latin. Surtout, il y a des moments d’intensité où la concentration textuelle est maximale : l’été 1395 (fin août), l’année 1402, l’année 1409, etc. Les sphères périphériques peuvent devenir centrales en l’espace de quelques années. Ainsi du thème de la réforme, mineur jusqu’à 1408, central en 1414-1418. Les ressorts d’une polémique peuvent se déployer à des degrés de profondeur, invisibles à l’œil nu, visibles après reconstitution de l’intertextualité. À titre d’exemple, le thème de l’epikie, centrale dans l’identification des programmes réformateurs de chaque camp, permet de baliser des strates polémiques inenvisagées dont les profondeurs révèlent de nouveaux clivages, autres que politiques et sociaux, autres que controversiaux. Ces profondeurs travaillent souterrainement les conditions de possibilité des débats dans l’espace public par-delà les alliances obédientielles visibles et connues. Ainsi d’autres alliances sous-jacentes stimulent plus fondamentalement les discours, révélant ainsi des oppositions immergées qui ne se donnent pas immédiatement à voir.

    9Derrière les débats, il y a les hommes. Mieux, les réseaux. Non seulement se dessinent des réseaux d’attaques et de contre-attaques, mais l’espace des débats est lui-même producteur de nouvelles formes de solidarités et de sociabilités. Décrivons le fonctionnement d’une polémique. Au point de départ, un auteur – en son nom ou en celui d’une institution – choisit de rédiger un texte sur un thème en vue de le publier. Dirigé contre des personnes ou contre des mesures, ce premier texte est aussitôt attaqué par un ou plusieurs auteurs favorables à ces mesures et investis pour les défendre. Au vu de l’ampleur de la riposte, un troisième volet se constitue : un ou des nouveaux théoriciens se lancent à leur tour dans le débat pour contre-attaquer les réfutations du deuxième volet et soutenir la première position. Ensuite, un quatrième voire un cinquième volet du débat viennent s’ajouter, dont l’historien retrace les sinuosités, les ramifications et les embranchements. La structure est bien celle d’un noyau, le texte de base, autour duquel gravitent un ensemble de textes satellites. L’image pourrait aussi être celle d’un épicentre et d’ondes concentriques.

    10Au départ, les camps se vérifient par la virulence des positions. En effet, dire que Simon de Cramaud est fermement cessionniste-soustractionniste sonne comme un truisme. De même, pour l’épître de Paris, pour Pierre Le Roy ou Pierre Plaoul : leurs convictions sont affirmées et assumées. La position d’un Bernard Alaman relève des plus extrémistes16. Ses invectives sont violentes contre le pape, non Romanus pontifex sed potius fex Romana17. Il récuse l’expression Vicarius Christi et ouvre une nouvelle voie à la critique de cette expression18. De son côté, la posture qu’adopte Jean de Varennes est claire lorsqu’il prétend n’être affilié à aucun parti. De son propre chef, il prend la parole publique, dans la région de Reims, et envoie lui-même ses lettres à l’université de Paris et au pontife. Parce qu’il choisit d’emprunter la voix du prophète, il n’est d’aucune allégeance. Certes, il se sait dans l’obédience avignonnaise et reconnaît en Benoît XIII le « vrai pape » et même un pape juste, sal terrae veritatisque assertor19, mais cela ne l’empêche pas d’interpeller le pontife pour lui reprocher ses tiédeurs et ses lenteurs, les vices de ses cardinaux et de ses curialistes, avec, au fil des lettres, un crescendo d’insistance. Il suit Paul qui invective Pierre en posant la question fondatrice de toute résistance : Cur ita facis20 ? Il pointe les manquements du pape et lui demande des comptes : Ubi enim sunt processiones quas pro pace almae sponse tuae per orbem ad hoc fieri mandaris ? Ubi namque sunt indulgentiae… ? Ubi veri sunt orationes ecclesiae, fusae lacrymae…21 ? Indépendant, libre, inaffilié, il se veut cette « instance correctrice », celle du prophète qui rappelle aux dirigeants leur devoir de moralité, aux puissants leurs vices, au peuple ses abus et ses fautes22. De son côté, Jean Gerson évolue beaucoup dans ses positions au point qu’il faille préciser l’année, voire le mois, d’un texte pour savoir d’où il parle et quel est, à la date considérée, le stade de son évolution. De même pour Pierre d’Ailly, dont l’évolution est symptomatique de ces parcours de prélats qui fluctuent au rythme du temps et des carrières.

    11Puis, au fil des ans et avec la stratification de la polémique en volets, les fronts se durcissent et l’évolution vers la bipolarité condamne désormais l’existence des neutres, des solitaires et ou des indécis. Qui n’est pas avec moi est contre moi. C’est l’heure des ralliements aux partis, car il faut appartenir à un camp ou à l’autre, faute d’être attaqué par les deux ou de disparaître. C’est ainsi que Gerson, après son basculement de 1404 et son éloignement de Benoît XIII, alors qu’il n’est ni cessionniste, ni soustractionniste, se voit attaqué par ceux qui ne supportent pas ses non-appartenances. Il se justifie auprès du duc d’Orléans, d’une part, auprès de Pierre d’Ailly, d’autre part23. En 1408, il reste en retrait dans son sermon Bonus Pastor24. Le cadre se veut celui d’un concile provincial axé sur la réforme du clergé, et notamment le rôle pastoral des évêques et leur portrait idéal25. Devant Guy de Roye, archevêque papaliste opposé aux positions gallicanes du clergé et du conseil royal, Gerson opte pour une rhétorique réformatrice traditionnelle quant à l’imitation des modèles, mais qui n’est pas nécessairement du goût de l’évêque26. Volontairement, il la décharge et la dépolémise. Le geste, à lui seul, dit la volonté de ne pas rallier de camp. C’est seulement en 1409, avec les promesses offertes par le concile de Pise, que Gerson se rapproche des partisans du concile27. Pourtant, il faut attendre 1417 pour qu’il se prononce clairement contre Pedro de Luna28. Comme lui, les cavaliers solitaires se rangent dans les partis, tant ils suscitent la suspicion et l’inconfort. Au fil des mois et des années, des reprises et des réemplois, des vulgarisations et des durcissements, la cohésion s’intensifie au sein d’un parti ; les signaux de ralliement se multiplient et les appartenances se renforcent. La bipolarité des pour et des contre se radicalise29.

    Les enjeux des disputes

    Convaincre ?

    12Sises aux fondements des débats, les mœurs disputationnelles régissent les controverses. Parce qu’elles sont universelles chez les polémiqueurs, les auteurs, les controversistes. Parce qu’elles sont universitaires aussi et que les universitaires en sont les principaux protagonistes. La disputatio, on le sait grâce aux travaux d’Olga Weijers, est tout à la fois une méthode d’enseignement et une démarche de recherche, une technique d’examen et une forme d’exercice scolaire, dont l’omniprésence déborde largement le cadre médiéval pour pénétrer très avant dans l’époque moderne30. C’est un débat oral entre deux ou plusieurs interlocuteurs, lequel se tient devant un auditoire. Un opponens vient présenter des arguments à la question proposée en faveur du oui ou du non (sic et non) et prendre position en faveur de l’une des deux thèses ; puis un respondens est chargé d’opposer des contre-arguments aux arguments avancés pour défendre la thèse adverse. Techniquement, la disputatio est donc débat d’arguments plus que débat d’opinions. Dialogique, elle porte pourtant en elle une tension agonistique. Seul le cadre déterminé de l’université et le rituel scolastique de la rencontre vident cette charge agonistique de tout passage à l’acte. Pourtant, si la disputatio n’est à proprement parler ni dispute ni conflit, elle tend à façonner les mœurs intellectuelles dans le sens de l’affrontement. À tout moment, l’affrontement scolastique peut glisser dans le débat polémique, l’heuristique verser dans l’éristique, le rationnel être submergé par le passionnel. Pour Abélard déjà, dans le prologue du Sic et non, la dialectique, plus qu’une méthode, est une attitude d’esprit, une posture de combat, un art de convaincre et de confondre31. À l’issue de la joute dialectique, le maître tranche le débat en une solution argumentée, la determinatio, laquelle loin d’être une juxtaposition d’arguments contraires, s’avère un dépassement des positions par une synthèse plus haute32. Il s’agit moins d’un accord ou d’une unanimité que d’un découvrement aléthique. Le produit de la confrontation réciproque est moins une harmonisation que l’avènement d’une pensée, issue des débats eux-mêmes, comme si les débats n’engendraient pas tant des solutions qu’une opinion.

    13Qu’il passe par la technicité juridique ou les déploiements exégétiques, à coup d’auctoritates, l’art de convaincre fonctionne par reprise du matériau discuté : les arguments adverses sont intégrés à la réfutation pour mieux y être réduits. Ils sont donc assimilés avant d’être broyés. On réfute en commentant l’ineptie ou l’incohérence, l’exagération ou l’utopie du propos. C’est donc le ton de l’invective et du dénigrement qui préside à cette tactique, tant il est vrai que le contenu textuel peut s’avérer le même. Lorsque Guillaume d’Ortolan réplique au De novo subschismate de Benoît XIII, il en reproduit presque intégralement le texte pour suivre pas à pas l’argumentation qu’il pourfend. Quelle meilleure manière de diffuser le traité de Benoît XIII33 ?

    14Convaincre, c’est donc persuader et accuser, vaincre et condamner, comme l’Inquisition visait à convaincre d’hérésie. Il s’agit de « convaincre d’erreur », écrit Zabarella34. Il s’agit d’amener à reconnaître la vérité d’une proposition et d’amener à reconnaître la culpabilité de quelqu’un. Convaincre, c’est avoir raison. Les polémistes cherchent, en effet, à avoir raison. Ou plutôt à avoir raison de l’autre. Convaincre et avoir raison : les orateurs veulent avoir raison parce qu’ils sont convaincus de la supériorité de leurs idées. En outre, de l’action de convaincre à l’action de convertir, il n’y a qu’un pas. Convertir à la vérité de ce que l’on croit. Les outils scolastiques et la rationalité philosophique héritée de la logique aristotélicienne n’ont pas d’autres fonctions : démontrer rationnellement la justesse de sa propre position, la vérité de son camp.

    S’imposer ?

    15Il ne suffit pas de convaincre. Souvent, en effet, le débat n’est pas là où on l’attend. Les vrais enjeux du débat sont tus. Il y a les non-dits du débat, là se lovent la dissimulation et la manipulation, celles de l’opinion publique. Car détenir le monopole de former l’opinion publique, de l’orienter, de l’influencer, de la manipuler, tel pourrait être le vrai enjeu des débats. Entre débat et opinion publique, le nœud de l’articulation est celui d’une opportunité : les débats du Grand Schisme seraient le moment d’une sortie des disputes du sein de la sphère interne de l’université vers l’espace public. Ce qui se joue serait un enjeu autour de la fonction sociale de l’Université plus que de son identité intellectuelle ou doctrinale. Penser le débat, c’est penser les conditions sociales du débat, en l’occurrence à l’heure du Grand Schisme. L’opportunité de s’emparer du contrôle des esprits, de la formation d’une opinion publique.

    16À côté d’une prétention à l’autonomie doctrinale, la volonté de participation au pouvoir politique reste un des éléments majeurs dans la redéfinition de la place sociale de l’université, telle qu’elle ressort de l’ensemble des débats à l’échelle du deuxième âge du Schisme et telle qu’on peut en percevoir l’intuition sous le socle des discours. Dès les Requeste de l’Université adressées au roi en août 1395, la participation au pouvoir est postulée. La tertia requesta en réclamant la réunion d’un concile – national – suggère une forte implication de l’Université dans les affaires à traiter :

    « Parce qu’elle a réuni les princes, les grands prélats des Églises, les hommes de savoir, les réputés et les dévots, les hommes religieux de son royaume, pour voir par quel mode procéder ensuite à ladite union, dans ce concile, l’université aura à faire des propositions grandes et difficiles touchant le statut de cette affaire selon le bon plaisir de notre seigneur le roi35. »

    17Que l’Université ait une place de choix dans le débat, dans la direction des affaires et dans la politique ecclésiale du royaume. Dans ce programme, le roi n’est pas celui qui remédie à la crise, mais il délègue à l’Université la gestion du dossier, en autorisant la réunion d’un concile des sages et des savants. Depuis le début des années 1390, l’Université avait dressé, progressivement, un véritable programme politique pour sortir de la crise ecclésiale. Par là, et par la multiplicité des textes qu’elle publie – lettres, ordonnances, requêtes, gravamina, etc., elle entend occuper le devant de la scène en ces heures critiques pour le pape mais aussi pour le roi Charles VI, à partir d’août 1392. Ce qu’elle avance comme atout incomparable, c’est la force de son expertise. Telle est la participation à laquelle elle prétend avec légitimité. Aussi son rôle s’avère-t-il sensiblement modifié : l’Université ne serait plus l’instance de détermination, comme traditionnellement, mais l’instance de conseil. Ce que dit Pierre d’Ailly à la IVe assemblée du clergé, au détour d’un propos : « Que ce qui seroit proposé de par l’Université, ne fust pas proposé par maniere de détermination, mais seulement par maniere d’avisement36. » Ce rôle d’expert, Pierre d’Ailly entend l’exercer pleinement au concile de Constance. Il l’exerce sur les consultations et au sein des commissions. Surtout, il l’exerce en rappelant que pour autant les débats ne doivent pas être empêchés. L’expertise des prélats et des universitaires ne vient pas interférer dans le libre-jeu des débats.

    18Cette fonction de conseil et d’avisement se lit fondamentalement dans le Vivat rex de Gerson37. Il insiste sur la nécessité d’un conseil de savants, sans lequel le roi tomberait dans la tyrannie38. Par ailleurs, l’Université de Paris intervient volontiers en tant que conseillère du roi dans de nombreuses séances du Parlement en conseil. Les registres du Parlement confirment que les interventions universitaires restent le monopole des théologiens, et non pas des décrétistes, comme s’il devait y avoir complémentarité, au sein du Parlement, entre les conseils de théologiens et ceux de parlementaires rompus aux compétences juridiques. Serge Lusignan parle d’un « dédoublement institutionnel de la fonction conseillère39 ». L’Université ne se prive pas de se prononcer sur tout ce qui touche à la vie publique. Surtout, pour Gerson, le théologien est installé comme conseiller naturel du pouvoir et garde-fou de ses dérives, parce qu’il est devenu un professionnel et que la théologie est devenue une profession40. Par là, le théologien est un expert, devenu ainsi homme prudent. Il est un sage, celui que les conciles doivent convoquer, bref l’epieikeas41.

    19Dans la redéfinition de son identité et de la « conscience de soi », l’Université prétend, sans le dire délibérément, au monopole d’un contrôle de l’opinion publique. Tel pourrait être la fine pointe des enjeux et des débats. Cette ambition de monopole rendrait compte de la virulence des violences, masquées ou avouées. D’où le soin des orateurs à chercher à convaincre et à persuader en usant de tous les ressorts de la rhétorique et de la logique, du pathos et de l’ethos. Les maîtres sont devenus des figures publiques, des intellectuels dans la sphère publique (Public Intellectual), pour reprendre le mot de Daniel Hobbins42.

    Disputer ?

    20Comme l’écrivait Pierre Colin à propos de la crise moderniste, « au fond de la modernité politique, il y a la constitution d’un espace public de discussion ». Et il ajoute : « L’Église a peine à accepter les règles du débat public. Surtout quand ce débat porte sur les réalités mêmes de la foi. » Dans les textes de l’époque du Grand Schisme, le terme de veritas sature les recueils. D’emblée, saute aux yeux le fait que la veritas est confisquée par la rhétorique pontificale et, plus profondément, par l’épistémè pontificaliste. Ce régime de vérité, c’est-à-dire de construction et de signification du terme, est élaboré par le pape et ses juristes qui, fondamentalement, pensent le Schisme en terme de vérité ou de fausseté d’un des deux papes. Une logique d’ensemble gouverne leurs réactions, leurs discours, leurs pensées. Or, la vérité ainsi entendue reste une arme de combat, celui de la génération antérieure. Surtout d’un combat sans discussion. L’épistémè d’un discours sur la vérité exclut, par son dogmatisme, tout débat. La vérité, comme le salut, est imposée. Il convient de s’y soumettre. Comment mieux dire le tropisme du modèle inquisitoire chez les défenseurs du pape avignonnais, campés dans une logique du vrai et du faux et hors de laquelle aucune autre voie n’est envisageable, ni viable ? Par un paradoxe qui n’est qu’apparent, si la discussion mène à la vérité et à la lumière, le dogmatisme de la vérité bloque l’ouverture à l’alternative et ferme le débat. Pour les polémistes pontificalistes, de la discussion jaillit le scandale et non la lumière.

    « Ils suspectent en effet que de la discussion naisse le scandale. Ils craignent que de la vérité soient engendrés des dommages, préférant plutôt que l’Église soit divisée que d’être eux-mêmes confondus43. »

    21Le dogmatisme ferme les possibilités de discussion. Dans cet espace public doctrinal, la vérité est imposée comme une transcendance normative qui risquerait de ruiner toute possibilité de libre jeu de la discussion et de la critique44. Les positions sont rigides. Pour autant, le dogmatisme n’est pas l’apanage d’un camp – en l’occurrence le camp pontificaliste dans lequel on le repère le mieux, il est vrai. L’attitude dogmatique est partout diffuse : elle relève des extrémismes présents dans tous les camps, tant chez les universitaires parisiens que chez les canonistes pontificaux, tant chez les théologiens que chez les juristes, tant dans l’obédience romaine que dans l’obédience avignonnaise. Foncièrement, le dogmatisme de la vérité exclut les débats en les neutralisant. C’est l’atmosphère d’une violence latente, symbolique et ambiante qui l’explique.

    22D’emblée et sans conteste, émerge dans les débats une atmosphère de violence. Violences symboliques, censures, non-dits, intimidations, les textes parlent autant par leurs mots que par leurs silences45. Ce silence des sources duquel sourd la violence ambiante en dit plus long sur les passions des hommes que les textes eux-mêmes. Il révèle des textes les contraintes qui leur sont imposées. Il trahit les pressions ambiantes. Il dévoile les instrumentalisations à l’œuvre entre partis et selon les rapports de force du moment. Le silence des sources les fait parler autrement. À condition que l’historien soit à l’écoute. Précisément parce qu’elle est symbolique, la violence ambiante se meut dans ces silences et ces non-dits. Furtive, elle ne se laisse pas démasquer. Les auteurs la taisent d’autant plus qu’elle leur est pesante. Lorsqu’ils en parlent, c’est qu’elle est déjà maîtrisée.

    23La violence circule et l’atmosphère reste, de part et d’autre des camps, lourde de pressions. Par-delà les revirements de tendance politique, avec la note bourguignonne particulièrement violente, ce qui prédomine, ce sont les couleurs du sectarisme. Noël Valois parle de « fanatisme46 ». Hélène Millet préfère rester dans l’euphémisme en parlant de « l’âpreté des discussions47 ». Dans les sources, la thématique du zèle (zelus) propre à l’apôtre, domine. Dans un zèle dont on sait qu’il peut virer au sectarisme, à l’intolérance et à toutes formes de violences symboliques48. De la ferveur au zèle et du zèle à l’intransigeance voire à l’extrémisme, les frontières sont poreuses49. L’auteur d’un mémoire contre la soustraction en 1397, choisit de rester anonyme pour pouvoir dénoncer cet excès de ferveur chez les adversaires du pape. L’image d’un zèle tumultueux reste un euphémisme, chez lui, pour dire cet exclusivisme du parti soustractionniste50, comme si le zèle devenait instrument de censure et source de violence, zèle que les auteurs modernes préféreront nommer frénésie, rage ou déchaînement51. Y a-t-il alors de la place pour une libre discussion ? Les disputes ne seraient-elles pas contrôlées sous les apparences du débat ? H. Kaminsky avance l’hypothèse d’une illusion de controverse52.

    Épilogue : les débats et la lassitude de la dispute ?

    24Parce qu’elle se laisse assez bien approcher par les sources, la figure de Gerson offre à l’historien une intéressante complexité. Au sein du monde des débats et dans l’atmosphère passionnée du temps, comment se positionne Gerson ? Si paradoxal que ceci puisse paraître, alors que la vulgate historiographique enseignait la figure d’un Gerson « miroir de son temps53 », il nous semble aujourd’hui plus juste d’envisager Gerson à contre-courant de son temps54. En effet, sa posture, teintée d’un mélange de retrait discret et de présence doctrinale forte, invite à le situer dans l’atmosphère des débats et des violences symboliques que nous avons retracés. Dans ce contexte, il apparaît comme un frein des tendances par ses refus : refus de l’éristique et de la violence.

    25Le refus de l’éristique est très net chez Gerson. L’éristique, telle qu’Aristote la définit, se situe entre la dialectique et la sophistique, c’est-à-dire entre le débat pour s’instruire et le débat pour tromper. Dans l’éristique, il s’agit plutôt de s’exercer, de s’entraîner : c’est le domaine du débat pour le débat, de l’exercice de réfutation et du jeu de la mise en contradiction, bref de l’entraînement indépendamment du vrai et du faux. C’est le jeu intellectuel gratuit, dira Pierre Bourdieu55. C’est le champ des conflits personnels, de l’argument ad hominem, le champ de l’agonistique, le champ des coups bas et des règlements de compte, le champ de l’a-moralité. Dans l’atmosphère passionnée du moment, entre polémique, violence et silence, Gerson refuse cette modalité du débat, coupée de ses racines disputationnelles et de son ancrage aléthique, fondée sur la malveillance et l’agressivité. Pour ce faire, il convient de conserver la partie disputationnelle de la discussion sans pour autant trancher sur une détermination, avisari et discuti sed non determinari56. D’une certaine manière, les débats ont fini par lasser. Les discussions fatiguent. C’est l’heure de passer aux actes, comme celui de la réunion du concile de Pise. En 1409, Gerson invite à retrouver l’unité absque alia discussione57. Gerson retraverse les décennies de débat, centrées sur quelques points forts, pour demander que les polémiques cessent. Arrêtons de discuter ! Finalement, le temps présent montre que les débats et les disputes n’auront fait que nourrir l’esprit de division. Quelques années plus tard, Pierre d’Ailly insiste à son tour sur l’inutilité des controverses théologiques. Elles indisposent les simples et elles divisent les érudits58.

    Notes de bas de page

    1 Pour un rappel de l’événementialité du Grand Schisme, voir, entre autres exemples, Millet Hélène, « La France et le Grand Schisme d’Occident : chronologie », Le Midi et le Grand Schisme d’Occident, Cahiers de Fanjeaux, 39, 2004, p. 39-46.

    2 Pour des développements plus approfondis, nous nous permettons de renvoyer à Sère Bénédicte, Les débats d’opinion à l’heure du Grand Schisme. Ecclésiologie et politique, Turnhout, Brepols, 2016.

    3 Elie de Lestrange, Allegationes reprobantes viam cessionis solius domini pape Benedicti per quosdam aperta scilicet quod pro unione sue obediencie cederet et certo modo, Paris, BnF, lat. l475, fo 57 ro-63 vo, inc. : « Pro bono unionis expeditius et brevius habende… », fo 62 vo, 6e ligne, pour la citation sine aliqua provisione et in librorum absentia. Voir Valois Noël, La France et le Grand Schisme d’Occident, Paris, Picard, 1902, III, p. 237-238, note 5 : « Ce sont les Allégations composées, en six ou sept heures. »

    4 Hobbins Daniel, Authorship and Publicity Before Print. Jean Gerson and the Transformation of Late Medieval Learning, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2009, p. 136 : « The schoolman could use it as a kind of “rapid-response” opinion piece, not unlike our editorial. It could be produced “hastily” (cursim) and “on the fly” (in transcursu), then quickly copied and circulated. »

    5 Millet Hélène, « Un bouillon de culture pour l’opinion publique : le temps du Grand Schisme d’Occident », in Un Moyen Âge pour aujourd’hui. Mélanges offerts à Claude Gauvard, éd. J. Claustre, O. Mattéoni et N. Offenstadt, Paris, Puf, 2010, p. 347-355, ici p. 349, note 6 : « Le français “traité” rend mal le terme générique de tractatus, qui ne peut cependant être traduit par “tract”. »

    6 Pierre d’Ailly, Discours à la IVe assemblée de Paris, inc. : « Pax Dei que exuperat omnem sensum… » (11 décembre 1406), éd. Bourgeois du Chastenet, Preuves, p. 149-164.

    7 Voir Jean Petit, Discours à la IVe assemblée de Paris, avant le 25 décembre 1406, éd. Bourgeois du Chastenet, Preuves, p. 222-229bis, ici p. 223bis : « Il ne me chaut des autres ; au mains n’aurés-vous mie cest cy pour vous. Et quant d’aller veoir les autres docteurs, ce qu’en dient, nous ne parlés mie si subtilement en cette matiere, que l’en n’entende bien ce que vous dites […]. Laissiés me dire. Ne m’empechiés point : je me garderai, se Dieu plest, aussi bien que vous fairés de dire injure au roy, ne au roiaume. » Martin Porée n’a cessé de se moquer de Gerson et de ses amis au cours de la polémique qui les opposa au concile de Constance, si l’on en croit Fillastre Guillaume, Gesta concilii Constantiensis, éd. Heinrich Finke, Acta concilii Constantiensis, II, p. 59 : « Dixit eciam insuper multa cum verbis irrisoniis contra magistrum Johannem de Gersonio », (4 mai 1416).

    8 Voir Pierre Le Roy, Discours à la IVe assemblée de Paris, 6 décembre 1406, éd. Bourgeois du Chastenet, Preuves, p. 164 : « Et aussi je suis craintif & ne suis point bien seur à parler : je vous supplie que vous preniés mes deffauts en patience, & que vous me supportiés. »

    9 Pierre Plaoul, Discours à la IVe assemblée de Paris, op. cit., p. 184.

    10 Simon de Cramaud, Discours à la IVe assemblée de Paris, op. cit., p. 211.

    11 Ameilh du Breuil, Discours à la IVe assemblée de Paris, p. 218 bis.

    12 Pierre Plaoul, Discours à la IVe assemblée de Paris, op. cit., p. 188. Et Pierre Plaoul de répondre au Chancelier : « Je ne aurai pas sitost fait ; j’ai encore beaucoup de matiere, s’il vous plest je finirai demain. »

    13 Jean Petit, Discours à la IVe assemblée de Paris…, p. 223 bis. Jean Petit répond à Ameilh du Breuil, cité par Coville Alfred, Jean Petit, p. 77.

    14 Voir le manuscrit Paris, BnF, lat. 14643, fo 285 ro-289 ro ; éd. Glorieux, X, § 533, p. 324-345 ; Ouy Gilbert, « Gerson et l’Angleterre : à propos d’un texte polémique retrouvé du Chancelier de Paris contre l’université d’Oxford, 1396 », in Levi Anthony H. T. (éd.), Humanism in France at the End of the Middle Ages and the Early Renaissance, Manchester, Manchester University Press, 1970, p. 43-81 (l’édition est aux p. 56-79).

    15 Seidlmayer Michael, « Die Libri de Schismate und die spanischen Zeugenverhöre », in Seidlmayer Michael (éd.), Die Anfänge des grossen Abendländischen Schismas, Münster, Aschendorff, 1940, p. 197-228 et id., « Die spanischen Libri de Schismate des Vatikanischen Archivs », Gesammelte Aufsätze zur Kulturgeschichte Spaniens, 8 (1941), p. 200-262.

    16 Cf. Barraclough Geoffrey, « Un document inédit sur la soustraction d’obédience de 1398 », Revue d’histoire ecelésiastique, XXX, 1934, 101-115, cit. p. 103. L’auteur parle de « partisan fanatique de la soustraction d’obédience » : « il adhérait à la faction extrême, mais peu nombreuse, de ceux qui soutenaient que le pape avait déjà perdu ipso facto, à raison des ses actes illégaux, tout droit à l’obéissance de ses subordonnés ».

    17 Bernard Alaman, Tractatus, Paris, BnF lat. 14644, fo 46 ro.

    18 Sur l’expression Vicarius Christi, voir Maccarrone Michele, Vicarius Christi, storia del titolo papale, Rome, 1952 et Paravicini Bagliani Agostino, Le Corps du pape, Paris, Seuil, 1997, p. 76-77.

    19 Jean de Varennes, Epistolae, Paris, BnF, lat. 14643, fo 295 ro-304 ro, éd. Martène, Amplissima collectio, VII, c. 559-591, ici c. 565.

    20 Ibid., c. 573. Cf. infra chapitre 3.

    21 Ibid., c. 576.

    22 Cf. Vauchez André (dir.), Prophètes et prophétisme, Paris, Seuil, 2012, p. 43.

    23 Jean Gerson, Lettre au duc d’Orléans, inc. : « Multa hactenus scripsi… » (5 janvier 1404), éd. Glorieux, II, § 16, p. 71-72 ; id., Lettre à Pierre d’Ailly, inc. : « Decreveram… » (1405), éd. Glorieux, II, § 20, p. 78-80.

    24 Jean Gerson, Sermo de officio pastoris ou Sermon dit Bonus Pastor, inc. : « Bonus pastor animam suam dat pro ovibus suis. Originaliter Joann. x… » (29 avril 1408, Reims), éd. Glorieux, V, § 215, p. 123-144.

    25 Sur le concile de Reims comme archétype du concile provincial, voir Barralis Christine, « Les conciles provinciaux dans le Nord de la France au xve siècle, à la croisée de la politique royale et de la réforme interne de l’Église », In Barralis Christine, Boudet Jean-Patrice, Delivré Fabrice et Genet Jean-Philippe (éd.), Église et État, Église ou État ? Les clercs et la genèse de l’État moderne, Paris/Rome, Éditions de la Sorbonne, 2014, p. 333-344, ici p. 343.

    26 Sur Guy de Roye, voir Tabbagh Vincent, « Guy de Roye, un évêque au temps du Grand Schisme », Revue historique, 296 (1996), p. 29-58.

    27 Jean Gerson, De auctoritate concilii, inc. : « In sequenti opere ad videndum de auctoritate congregationis fidelium… » (entre 15 novembre et 25 mars 1409), éd. Glorieux, VI, § 269, p. 114-123.

    28 Jean Gerson, Libellus articulorum contra Petrum de Luna, inc. : « Libellus articulorum theologicorum et scholastice compositorum contra Petrum de Luna… » (26 avril 1417), éd. Glorieux, VI, § 286, p. 265-277.

    29 Voir Robert Valérie, « Polémiques entre intellectuels : pratiques et fonctions », in Robert Valérie (éd.), Intellectuels et polémiques : dans l’espace germanophone, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2003, p. 11-59, ici p. 31.

    30 Sur la disputatio, voir l’ensemble des travaux sur la disputatio de Weijers Olga, A Scholar’s Paradise. Teaching and Debating in Medieval Paris, Turnhout, Brepols, 2015 et id., In Search of the Truth. A History of Disputation Techniques from Antiquity to Early Modern Times, Turnhout, Brepols, 2014 ainsi que id., Queritur utrum. Recherches sur la « disputatio » dans les universités médiévales, Turnhout, 2009 pour les trois facultés supérieures ; id., « Quelques observations sur les divers emplois du terme disputatio », in Meirinhos José Francisco (éd.), Itinéraires de la Raison. Études de philosophie médiévale offertes à Maria Cândida Pacheco, Louvain-la-Neuve, FIDEM, 2005, p. 35-48 ; id., La « disputatio » dans les Facultés des arts au Moyen Âge, Turnhout, Brepols, 2002 ; id., « De la joute dialectique à la dispute scolastique », Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Comptes-rendus des séances de l’année 1999, Paris, 1999 (2000), p. 509-518.

    31 Abélard, Prologue du Sic et non, éd. Blanche Boyer, McKeon Richard, Chicago/Londres, 1976, p. 89-104, ici p. 92-93. Dans la traduction de J. Jolivet : « J’entends […] recueillir divers dits des Pères saints, […] qui suscitent la question à cause de quelque dissonance qui paraît s’y trouver : ils forceront les lecteurs novices à un grand exercice pour chercher la vérité et cette recherche les rendra plus pénétrants. »

    32 Sur le lien entre la naissance de la pensée individuelle et la pratique de la disputatio, voir l’article de Verger Jacques, « À la naissance de l’individualisme et de la pensée individuelle : la contribution des universités médiévales », in Coleman James S. (dir.), L’Individu dans la théorie et dans la pratique, Paris, 1996, p. 71-90.

    33 Guillaume d’Ortolan, Réplique au De novo Subschismate, inc. : « Licet tractatus iste ab homine litterato subtili et ingenioso compilatus… », Paris, BnF, lat. 1474, fo 43 vo-56 ro.

    34 Francesco Zabarella, Tractatus de schismate…, p. 703 : « Nam ex hoc convinceretur errare. »

    35 Université de Paris, Requeste Universitatis facte Regi Francie…, fo 52 vo : « Quod congreget principes, prelatos majores ecclesiarum, viros litteratos, famosos, devotos, homines religiosos regni sui ad videndum modum alterius procedendi in facto praefatae unionis, in quo quidem concilio, Universitas habebit aliqua magna et ardua statum huiusmodi negotii tangentia proponere secundum beneplacitum domini regis. »

    36 Pierre d’Ailly, Discours à la IVe assemblée du clergé, p. 155.

    37 Sur Gerson, voir Lusignan Serge, « “Vérité garde le roy” : La construction d’une identité universitaire en France (xiiie-xve siècle) », Paris, Éditions de la Sorbonne, 1999, p. 261 sq.

    38 Jean Gerson, Vivat rex ou Pour la réforme du royaume, inc. : « Vivat rex… » (7 novembre 1405), éd. Glorieux, VII/2, § 398, p. 1137-1185, ici p. 1159 : « Si fault a merveille grant discrecion, prudence et attrampance a bouter hors tyrannie. Pour tant doivent estre oys et creus les saiges, philosophes, juristes, legistes, theologiens et gens de bonne vie et de bonne prudence naturelle et grande experience », et p. 1158 : « Le tyran opprime le peuple par gens d’armez estranges, par taillez, corveez, par exactions, par murtirseurs secrez. Il empesche estudes pour science non acquerir. »

    39 Voir Lusignan Serge, « Vérité garde le roy », art. cité, p. 213.

    40 Hobbins Daniel, Authorship and Publicity Before Print, op. cit., p. 58.

    41 Jean Gerson, Tractatus de unitate Ecclesiae, inc. : « Unitatis ecclesiasticae tractatorbus unus… » (29 jan. 1409), éd. Glorieux, VI, § 272, p. 136-145, ici p. 144-145.

    42 Hobbins Daniel, Authorship and Publicity Before Print, op. cit., chap. 5 : « The Schoolman as Public Intellectual », p. 128-151. Voir aussi pour l’époque moderne, Small Helen H. (dir.), The Public Intellectual, Oxford, Oxford University Press, 2002, notamment la contribution de Copeland Rita, « Pre-modern Intellectual Biography », p. 40-61. Voir aussi ead., Pedagogy, Intellectuals and Dissent in the Later Middle Ages. Lollardy and Ideas of Learning, Cambridge, Cambrige University Press, 2002.

    43 Université d’Oxford, Epistola Oxoniense, p. 343 : « Suscipantur enim sibi per discussionem scandalum nasci. Verentur ex veritate sibi dispendium generari, praeeligentes magis Ecclesiam scindi quam se confundi. »

    44 Leveleux-Teixeira Corinne, pour la sphère des juristes, parle d’un désarmement herméneutique lié au rapprochement entre la scientia et la potestas du pape, voir « Controverses juridiques et désarmement herméneutique, ou la brève histoire d’une espace public doctrinal chez les juristes (xiie-xiiie siècles) », in Boucheron Patrick et Offenstadt Nicolas (dir.), L’Espace public au Moyen Âge. Débats autour de Jürgen Habermas, Paris, 2011, p. 263-275, notamment p. 271.

    45 Sur les différentes modalités de la violence intellectuelle, voir Azoulay Vincent et Boucheron Patrick (dir.), Le mot qui tue. Une histoire des violences intellectuelles de l’Antiquité à nos jours, Seyssel, 2009, avec la remarque de Dominique Iogna-Prat, dans ce même volume, sur la terminologie inadéquate de « violence intellectuelle » (« La formation d’un paradigme ecclésial de la violence intellectuelle dans l’Occident latin aux xie et xiie siècles », p. 322 : « En toute rigueur de terme, l’historien ne devrait parler de “violence intellectuelle” qu’avec l’émergence de la figure de l’“intellectuel”, au xiiie siècle, c’est-à-dire au moment de la naissance de l’Université et d’un troisième pouvoir, le Studium, aux côtés des deux fonctions traditionnelles de régulation de la société, les clercs (Sacerdocium) et les laïcs tenants du pouvoir d’État (Regnum, Imperium) »).

    46 Valois Noël, La France, op. cit., III, p. 457-458 : « Le fanatisme de la majorité se refusait à tolérer la moindre contradiction. »

    47 Millet Hélène, Le Concile de Pise. Qui travaillait à l’union de l’Église d’Occident en 1409 ?, Turnhout, Brepols (« Ecclesia militans »), 2010, p. 296, note 36.

    48 D’un autre côté, Nicolas de Clamanges, commentant Joh. 2, 17 qui reprend Ps 68, 10, souhaitait voir dans le pape et les cardinaux un peu plus de zèle, ce bon zèle qui est mû par la ferveur, voir Lettre à Gerson, Avignon, (janvier-février 1398), inc. : « Tuae pridie litteras… », éd. Glorieux, II, § g, p. 10-12, p. 12.

    49 Critique du zèle. Fidélités et radicalités confessionnelles, France, xvie-xviiie siècle, éd. Ch. Bernat, F. Gabriel (dir.), Paris, Beauchesne, 2013, ici p. 16 : la troisième dimension sous-jacente évoquée par les auteurs pour définir le zèle est « la radicalité dans la détermination mais aussi l’outrance, l’outrage et le pervertissement qu’il peut charrier ».

    50 Anon. universitaire parisien, Mémoire contre la soustraction (1397), inc. : « Quia ad quemlibet… », Paris, BnF, lat. 1481, fo 135 ro-150 ro, fo 140 ro : « In futurum possent mali (corr. malim) homines tumultuosam facere violenciam. »

    51 Voir respectivement Gabriel Frédéric, « Le zèle des saints : lieux, vie et parole efficaces dans l’ascétisme et l’hagiographie », in Bernat Chrystel et Gabriel Frédéric (éd.), Critique du zèle…, coll. « Théologie historique, 22 », 2013, p. 142-190, ici p. 148 : « Zèle et violence radicale paraissent intimement liés » et Ménand Julie, « Le zèle polémique du Père Garasse : de l’excès de zèle au “zèle inconsidéré” », in Critique du zèle, op. cit., p. 47-63, ici p. 60.

    52 Kaminsky Howard, Simon de Cramaud and the Great Schism, New Brunswick, Rutgers University Press, 1983, p. 177 : « Simon carried the Paris principle of non-judgement intro his every argument, creating the image of a controversy whose substance was so out of reach as to be irrelevant. » Et ibid., p. 213 : « Bearing in mind what we have seen of Simon de Cramaud’s methods of the First Paris Council, and anticipating what we shall see of his management of the Fourth (1406-1407) and of the Council of Pisa, we can imagine him planning this current production accordingly: a preliminary layout of the issues in a tightly controlled form allowing no room for the free play of controversy, a digest of the officially provided alternatives in the form on concise written “schedules” (cedule), and voting on these without further discussion. » Ailleurs, il écrit, p. 125 qu’il s’agit de « prefabricated debate ».

    53 Voir Delaruelle Etienne, Labande Edmond-René et Ourliac Paul, L’Église au temps du Grand Schisme et de la crise conciliaire, 1378-1449, in Fliche Augustin et Martin Victor (dir.), Histoire de l’Église, XIV/2, Paris, 1962 ; pour l’expression « Miroir de son temps », voir « Le siècle de Gerson », p. 837-879, ici p. 837-838. Voir aussi Kaluza Zénon, Les querelles doctrinales à Paris. Nominalistes et réalistes aux confins du xive et du xve siècles, Bergame, P. Lubrina, 1988, p. 35-86 : « Gerson et les querelles doctrinales ».

    54 Voir par exemple Vial Marc, Jean Gerson, théoricien de la théologie mystique, Paris, Vrin, 2006, p. 15 : « Gerson est peut-être le “miroir de son temps”, mais c’est un miroir déformant ». Pour Kaluza, Gerson est à côté de son temps.

    55 Bourdieu Pierre, Méditations pascaliennes, Paris, Seuil, 1997, p. 35.

    56 Jean Gerson, De concilio unius obedientiae, inc. : « Daturus occasionem sapientibus ut sapientiores fiant… » (v. 15 avril 1402), éd. Glorieux, VI, § 260, p. 51-58, ici p. 53.

    57 Jean Gerson, Tractatus de unitate Ecclesiae…, p. 140 : « Et juxta rationes pro via cessionis et practicam ejus alias pluries ostensam procedatur, auferendo processus factos, et justificando vel ratificando aut etiam tolerando praeterita prout rerum qualitas patietur, aut plurima ad statum quo prius erant ante schisma praesens absque alia discussione reponendo. »

    58 Capitula agendorum (février 1412), éd. Finke, IV, p. 548-583, ici p. 551, pour la version du manuscrit B (coté Elstravianus II, anno 1416 par Finke, p. 545).

    Auteur

    • Bénédicte Sère
      Bénédicte Sère est actuellement maître de conférences HDR à l’université de Paris Nanterre, membre associé du CéSor/EHESS, et membre senior de l’IUF. Elle est spécialiste d’histoire des doctrines savantes, d’ecclésiologie et d’anthropologie scolastique (xiiie-xve siècle), notamment à l’époque du Grand Schisme. Elle a publié une série d’ouvrages dont les plus récents sont L’invention de l’Église (2019), Les Régimes de polémicité au Moyen Âge (2019), Les débats d’opinion à l’époque du Grand Schisme (2016).
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    1 Pour un rappel de l’événementialité du Grand Schisme, voir, entre autres exemples, Millet Hélène, « La France et le Grand Schisme d’Occident : chronologie », Le Midi et le Grand Schisme d’Occident, Cahiers de Fanjeaux, 39, 2004, p. 39-46.

    2 Pour des développements plus approfondis, nous nous permettons de renvoyer à Sère Bénédicte, Les débats d’opinion à l’heure du Grand Schisme. Ecclésiologie et politique, Turnhout, Brepols, 2016.

    3 Elie de Lestrange, Allegationes reprobantes viam cessionis solius domini pape Benedicti per quosdam aperta scilicet quod pro unione sue obediencie cederet et certo modo, Paris, BnF, lat. l475, fo 57 ro-63 vo, inc. : « Pro bono unionis expeditius et brevius habende… », fo 62 vo, 6e ligne, pour la citation sine aliqua provisione et in librorum absentia. Voir Valois Noël, La France et le Grand Schisme d’Occident, Paris, Picard, 1902, III, p. 237-238, note 5 : « Ce sont les Allégations composées, en six ou sept heures. »

    4 Hobbins Daniel, Authorship and Publicity Before Print. Jean Gerson and the Transformation of Late Medieval Learning, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2009, p. 136 : « The schoolman could use it as a kind of “rapid-response” opinion piece, not unlike our editorial. It could be produced “hastily” (cursim) and “on the fly” (in transcursu), then quickly copied and circulated. »

    5 Millet Hélène, « Un bouillon de culture pour l’opinion publique : le temps du Grand Schisme d’Occident », in Un Moyen Âge pour aujourd’hui. Mélanges offerts à Claude Gauvard, éd. J. Claustre, O. Mattéoni et N. Offenstadt, Paris, Puf, 2010, p. 347-355, ici p. 349, note 6 : « Le français “traité” rend mal le terme générique de tractatus, qui ne peut cependant être traduit par “tract”. »

    6 Pierre d’Ailly, Discours à la IVe assemblée de Paris, inc. : « Pax Dei que exuperat omnem sensum… » (11 décembre 1406), éd. Bourgeois du Chastenet, Preuves, p. 149-164.

    7 Voir Jean Petit, Discours à la IVe assemblée de Paris, avant le 25 décembre 1406, éd. Bourgeois du Chastenet, Preuves, p. 222-229bis, ici p. 223bis : « Il ne me chaut des autres ; au mains n’aurés-vous mie cest cy pour vous. Et quant d’aller veoir les autres docteurs, ce qu’en dient, nous ne parlés mie si subtilement en cette matiere, que l’en n’entende bien ce que vous dites […]. Laissiés me dire. Ne m’empechiés point : je me garderai, se Dieu plest, aussi bien que vous fairés de dire injure au roy, ne au roiaume. » Martin Porée n’a cessé de se moquer de Gerson et de ses amis au cours de la polémique qui les opposa au concile de Constance, si l’on en croit Fillastre Guillaume, Gesta concilii Constantiensis, éd. Heinrich Finke, Acta concilii Constantiensis, II, p. 59 : « Dixit eciam insuper multa cum verbis irrisoniis contra magistrum Johannem de Gersonio », (4 mai 1416).

    8 Voir Pierre Le Roy, Discours à la IVe assemblée de Paris, 6 décembre 1406, éd. Bourgeois du Chastenet, Preuves, p. 164 : « Et aussi je suis craintif & ne suis point bien seur à parler : je vous supplie que vous preniés mes deffauts en patience, & que vous me supportiés. »

    9 Pierre Plaoul, Discours à la IVe assemblée de Paris, op. cit., p. 184.

    10 Simon de Cramaud, Discours à la IVe assemblée de Paris, op. cit., p. 211.

    11 Ameilh du Breuil, Discours à la IVe assemblée de Paris, p. 218 bis.

    12 Pierre Plaoul, Discours à la IVe assemblée de Paris, op. cit., p. 188. Et Pierre Plaoul de répondre au Chancelier : « Je ne aurai pas sitost fait ; j’ai encore beaucoup de matiere, s’il vous plest je finirai demain. »

    13 Jean Petit, Discours à la IVe assemblée de Paris…, p. 223 bis. Jean Petit répond à Ameilh du Breuil, cité par Coville Alfred, Jean Petit, p. 77.

    14 Voir le manuscrit Paris, BnF, lat. 14643, fo 285 ro-289 ro ; éd. Glorieux, X, § 533, p. 324-345 ; Ouy Gilbert, « Gerson et l’Angleterre : à propos d’un texte polémique retrouvé du Chancelier de Paris contre l’université d’Oxford, 1396 », in Levi Anthony H. T. (éd.), Humanism in France at the End of the Middle Ages and the Early Renaissance, Manchester, Manchester University Press, 1970, p. 43-81 (l’édition est aux p. 56-79).

    15 Seidlmayer Michael, « Die Libri de Schismate und die spanischen Zeugenverhöre », in Seidlmayer Michael (éd.), Die Anfänge des grossen Abendländischen Schismas, Münster, Aschendorff, 1940, p. 197-228 et id., « Die spanischen Libri de Schismate des Vatikanischen Archivs », Gesammelte Aufsätze zur Kulturgeschichte Spaniens, 8 (1941), p. 200-262.

    16 Cf. Barraclough Geoffrey, « Un document inédit sur la soustraction d’obédience de 1398 », Revue d’histoire ecelésiastique, XXX, 1934, 101-115, cit. p. 103. L’auteur parle de « partisan fanatique de la soustraction d’obédience » : « il adhérait à la faction extrême, mais peu nombreuse, de ceux qui soutenaient que le pape avait déjà perdu ipso facto, à raison des ses actes illégaux, tout droit à l’obéissance de ses subordonnés ».

    17 Bernard Alaman, Tractatus, Paris, BnF lat. 14644, fo 46 ro.

    18 Sur l’expression Vicarius Christi, voir Maccarrone Michele, Vicarius Christi, storia del titolo papale, Rome, 1952 et Paravicini Bagliani Agostino, Le Corps du pape, Paris, Seuil, 1997, p. 76-77.

    19 Jean de Varennes, Epistolae, Paris, BnF, lat. 14643, fo 295 ro-304 ro, éd. Martène, Amplissima collectio, VII, c. 559-591, ici c. 565.

    20 Ibid., c. 573. Cf. infra chapitre 3.

    21 Ibid., c. 576.

    22 Cf. Vauchez André (dir.), Prophètes et prophétisme, Paris, Seuil, 2012, p. 43.

    23 Jean Gerson, Lettre au duc d’Orléans, inc. : « Multa hactenus scripsi… » (5 janvier 1404), éd. Glorieux, II, § 16, p. 71-72 ; id., Lettre à Pierre d’Ailly, inc. : « Decreveram… » (1405), éd. Glorieux, II, § 20, p. 78-80.

    24 Jean Gerson, Sermo de officio pastoris ou Sermon dit Bonus Pastor, inc. : « Bonus pastor animam suam dat pro ovibus suis. Originaliter Joann. x… » (29 avril 1408, Reims), éd. Glorieux, V, § 215, p. 123-144.

    25 Sur le concile de Reims comme archétype du concile provincial, voir Barralis Christine, « Les conciles provinciaux dans le Nord de la France au xve siècle, à la croisée de la politique royale et de la réforme interne de l’Église », In Barralis Christine, Boudet Jean-Patrice, Delivré Fabrice et Genet Jean-Philippe (éd.), Église et État, Église ou État ? Les clercs et la genèse de l’État moderne, Paris/Rome, Éditions de la Sorbonne, 2014, p. 333-344, ici p. 343.

    26 Sur Guy de Roye, voir Tabbagh Vincent, « Guy de Roye, un évêque au temps du Grand Schisme », Revue historique, 296 (1996), p. 29-58.

    27 Jean Gerson, De auctoritate concilii, inc. : « In sequenti opere ad videndum de auctoritate congregationis fidelium… » (entre 15 novembre et 25 mars 1409), éd. Glorieux, VI, § 269, p. 114-123.

    28 Jean Gerson, Libellus articulorum contra Petrum de Luna, inc. : « Libellus articulorum theologicorum et scholastice compositorum contra Petrum de Luna… » (26 avril 1417), éd. Glorieux, VI, § 286, p. 265-277.

    29 Voir Robert Valérie, « Polémiques entre intellectuels : pratiques et fonctions », in Robert Valérie (éd.), Intellectuels et polémiques : dans l’espace germanophone, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2003, p. 11-59, ici p. 31.

    30 Sur la disputatio, voir l’ensemble des travaux sur la disputatio de Weijers Olga, A Scholar’s Paradise. Teaching and Debating in Medieval Paris, Turnhout, Brepols, 2015 et id., In Search of the Truth. A History of Disputation Techniques from Antiquity to Early Modern Times, Turnhout, Brepols, 2014 ainsi que id., Queritur utrum. Recherches sur la « disputatio » dans les universités médiévales, Turnhout, 2009 pour les trois facultés supérieures ; id., « Quelques observations sur les divers emplois du terme disputatio », in Meirinhos José Francisco (éd.), Itinéraires de la Raison. Études de philosophie médiévale offertes à Maria Cândida Pacheco, Louvain-la-Neuve, FIDEM, 2005, p. 35-48 ; id., La « disputatio » dans les Facultés des arts au Moyen Âge, Turnhout, Brepols, 2002 ; id., « De la joute dialectique à la dispute scolastique », Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Comptes-rendus des séances de l’année 1999, Paris, 1999 (2000), p. 509-518.

    31 Abélard, Prologue du Sic et non, éd. Blanche Boyer, McKeon Richard, Chicago/Londres, 1976, p. 89-104, ici p. 92-93. Dans la traduction de J. Jolivet : « J’entends […] recueillir divers dits des Pères saints, […] qui suscitent la question à cause de quelque dissonance qui paraît s’y trouver : ils forceront les lecteurs novices à un grand exercice pour chercher la vérité et cette recherche les rendra plus pénétrants. »

    32 Sur le lien entre la naissance de la pensée individuelle et la pratique de la disputatio, voir l’article de Verger Jacques, « À la naissance de l’individualisme et de la pensée individuelle : la contribution des universités médiévales », in Coleman James S. (dir.), L’Individu dans la théorie et dans la pratique, Paris, 1996, p. 71-90.

    33 Guillaume d’Ortolan, Réplique au De novo Subschismate, inc. : « Licet tractatus iste ab homine litterato subtili et ingenioso compilatus… », Paris, BnF, lat. 1474, fo 43 vo-56 ro.

    34 Francesco Zabarella, Tractatus de schismate…, p. 703 : « Nam ex hoc convinceretur errare. »

    35 Université de Paris, Requeste Universitatis facte Regi Francie…, fo 52 vo : « Quod congreget principes, prelatos majores ecclesiarum, viros litteratos, famosos, devotos, homines religiosos regni sui ad videndum modum alterius procedendi in facto praefatae unionis, in quo quidem concilio, Universitas habebit aliqua magna et ardua statum huiusmodi negotii tangentia proponere secundum beneplacitum domini regis. »

    36 Pierre d’Ailly, Discours à la IVe assemblée du clergé, p. 155.

    37 Sur Gerson, voir Lusignan Serge, « “Vérité garde le roy” : La construction d’une identité universitaire en France (xiiie-xve siècle) », Paris, Éditions de la Sorbonne, 1999, p. 261 sq.

    38 Jean Gerson, Vivat rex ou Pour la réforme du royaume, inc. : « Vivat rex… » (7 novembre 1405), éd. Glorieux, VII/2, § 398, p. 1137-1185, ici p. 1159 : « Si fault a merveille grant discrecion, prudence et attrampance a bouter hors tyrannie. Pour tant doivent estre oys et creus les saiges, philosophes, juristes, legistes, theologiens et gens de bonne vie et de bonne prudence naturelle et grande experience », et p. 1158 : « Le tyran opprime le peuple par gens d’armez estranges, par taillez, corveez, par exactions, par murtirseurs secrez. Il empesche estudes pour science non acquerir. »

    39 Voir Lusignan Serge, « Vérité garde le roy », art. cité, p. 213.

    40 Hobbins Daniel, Authorship and Publicity Before Print, op. cit., p. 58.

    41 Jean Gerson, Tractatus de unitate Ecclesiae, inc. : « Unitatis ecclesiasticae tractatorbus unus… » (29 jan. 1409), éd. Glorieux, VI, § 272, p. 136-145, ici p. 144-145.

    42 Hobbins Daniel, Authorship and Publicity Before Print, op. cit., chap. 5 : « The Schoolman as Public Intellectual », p. 128-151. Voir aussi pour l’époque moderne, Small Helen H. (dir.), The Public Intellectual, Oxford, Oxford University Press, 2002, notamment la contribution de Copeland Rita, « Pre-modern Intellectual Biography », p. 40-61. Voir aussi ead., Pedagogy, Intellectuals and Dissent in the Later Middle Ages. Lollardy and Ideas of Learning, Cambridge, Cambrige University Press, 2002.

    43 Université d’Oxford, Epistola Oxoniense, p. 343 : « Suscipantur enim sibi per discussionem scandalum nasci. Verentur ex veritate sibi dispendium generari, praeeligentes magis Ecclesiam scindi quam se confundi. »

    44 Leveleux-Teixeira Corinne, pour la sphère des juristes, parle d’un désarmement herméneutique lié au rapprochement entre la scientia et la potestas du pape, voir « Controverses juridiques et désarmement herméneutique, ou la brève histoire d’une espace public doctrinal chez les juristes (xiie-xiiie siècles) », in Boucheron Patrick et Offenstadt Nicolas (dir.), L’Espace public au Moyen Âge. Débats autour de Jürgen Habermas, Paris, 2011, p. 263-275, notamment p. 271.

    45 Sur les différentes modalités de la violence intellectuelle, voir Azoulay Vincent et Boucheron Patrick (dir.), Le mot qui tue. Une histoire des violences intellectuelles de l’Antiquité à nos jours, Seyssel, 2009, avec la remarque de Dominique Iogna-Prat, dans ce même volume, sur la terminologie inadéquate de « violence intellectuelle » (« La formation d’un paradigme ecclésial de la violence intellectuelle dans l’Occident latin aux xie et xiie siècles », p. 322 : « En toute rigueur de terme, l’historien ne devrait parler de “violence intellectuelle” qu’avec l’émergence de la figure de l’“intellectuel”, au xiiie siècle, c’est-à-dire au moment de la naissance de l’Université et d’un troisième pouvoir, le Studium, aux côtés des deux fonctions traditionnelles de régulation de la société, les clercs (Sacerdocium) et les laïcs tenants du pouvoir d’État (Regnum, Imperium) »).

    46 Valois Noël, La France, op. cit., III, p. 457-458 : « Le fanatisme de la majorité se refusait à tolérer la moindre contradiction. »

    47 Millet Hélène, Le Concile de Pise. Qui travaillait à l’union de l’Église d’Occident en 1409 ?, Turnhout, Brepols (« Ecclesia militans »), 2010, p. 296, note 36.

    48 D’un autre côté, Nicolas de Clamanges, commentant Joh. 2, 17 qui reprend Ps 68, 10, souhaitait voir dans le pape et les cardinaux un peu plus de zèle, ce bon zèle qui est mû par la ferveur, voir Lettre à Gerson, Avignon, (janvier-février 1398), inc. : « Tuae pridie litteras… », éd. Glorieux, II, § g, p. 10-12, p. 12.

    49 Critique du zèle. Fidélités et radicalités confessionnelles, France, xvie-xviiie siècle, éd. Ch. Bernat, F. Gabriel (dir.), Paris, Beauchesne, 2013, ici p. 16 : la troisième dimension sous-jacente évoquée par les auteurs pour définir le zèle est « la radicalité dans la détermination mais aussi l’outrance, l’outrage et le pervertissement qu’il peut charrier ».

    50 Anon. universitaire parisien, Mémoire contre la soustraction (1397), inc. : « Quia ad quemlibet… », Paris, BnF, lat. 1481, fo 135 ro-150 ro, fo 140 ro : « In futurum possent mali (corr. malim) homines tumultuosam facere violenciam. »

    51 Voir respectivement Gabriel Frédéric, « Le zèle des saints : lieux, vie et parole efficaces dans l’ascétisme et l’hagiographie », in Bernat Chrystel et Gabriel Frédéric (éd.), Critique du zèle…, coll. « Théologie historique, 22 », 2013, p. 142-190, ici p. 148 : « Zèle et violence radicale paraissent intimement liés » et Ménand Julie, « Le zèle polémique du Père Garasse : de l’excès de zèle au “zèle inconsidéré” », in Critique du zèle, op. cit., p. 47-63, ici p. 60.

    52 Kaminsky Howard, Simon de Cramaud and the Great Schism, New Brunswick, Rutgers University Press, 1983, p. 177 : « Simon carried the Paris principle of non-judgement intro his every argument, creating the image of a controversy whose substance was so out of reach as to be irrelevant. » Et ibid., p. 213 : « Bearing in mind what we have seen of Simon de Cramaud’s methods of the First Paris Council, and anticipating what we shall see of his management of the Fourth (1406-1407) and of the Council of Pisa, we can imagine him planning this current production accordingly: a preliminary layout of the issues in a tightly controlled form allowing no room for the free play of controversy, a digest of the officially provided alternatives in the form on concise written “schedules” (cedule), and voting on these without further discussion. » Ailleurs, il écrit, p. 125 qu’il s’agit de « prefabricated debate ».

    53 Voir Delaruelle Etienne, Labande Edmond-René et Ourliac Paul, L’Église au temps du Grand Schisme et de la crise conciliaire, 1378-1449, in Fliche Augustin et Martin Victor (dir.), Histoire de l’Église, XIV/2, Paris, 1962 ; pour l’expression « Miroir de son temps », voir « Le siècle de Gerson », p. 837-879, ici p. 837-838. Voir aussi Kaluza Zénon, Les querelles doctrinales à Paris. Nominalistes et réalistes aux confins du xive et du xve siècles, Bergame, P. Lubrina, 1988, p. 35-86 : « Gerson et les querelles doctrinales ».

    54 Voir par exemple Vial Marc, Jean Gerson, théoricien de la théologie mystique, Paris, Vrin, 2006, p. 15 : « Gerson est peut-être le “miroir de son temps”, mais c’est un miroir déformant ». Pour Kaluza, Gerson est à côté de son temps.

    55 Bourdieu Pierre, Méditations pascaliennes, Paris, Seuil, 1997, p. 35.

    56 Jean Gerson, De concilio unius obedientiae, inc. : « Daturus occasionem sapientibus ut sapientiores fiant… » (v. 15 avril 1402), éd. Glorieux, VI, § 260, p. 51-58, ici p. 53.

    57 Jean Gerson, Tractatus de unitate Ecclesiae…, p. 140 : « Et juxta rationes pro via cessionis et practicam ejus alias pluries ostensam procedatur, auferendo processus factos, et justificando vel ratificando aut etiam tolerando praeterita prout rerum qualitas patietur, aut plurima ad statum quo prius erant ante schisma praesens absque alia discussione reponendo. »

    58 Capitula agendorum (février 1412), éd. Finke, IV, p. 548-583, ici p. 551, pour la version du manuscrit B (coté Elstravianus II, anno 1416 par Finke, p. 545).

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    Sère, Bénédicte. « Phénoménologie des disputes à l’époque du Grand Schisme ». In Les disputes et la conversion religieuse de l’Antiquité au xviie siècle, édité par Pierre Antoine Fabre et Jérémie Foa. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2022. https://doi.org/10.4000/books.pur.182841.
    Sère, Bénédicte. « Phénoménologie des disputes à l’époque du Grand Schisme ». Les disputes et la conversion religieuse de l’Antiquité au xviie siècle, édité par Pierre Antoine Fabre et Jérémie Foa, Presses universitaires de Rennes, 2022, https://doi.org/10.4000/books.pur.182841.

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    Fabre, P. A., & Foa, J. (éds.). (2022). Les disputes et la conversion religieuse de l’Antiquité au xviie siècle (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.182787
    Fabre, Pierre Antoine, et Jérémie Foa, éd. Les disputes et la conversion religieuse de l’Antiquité au xviie siècle. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2022. https://doi.org/10.4000/books.pur.182787.
    Fabre, Pierre Antoine, et Jérémie Foa, éditeurs. Les disputes et la conversion religieuse de l’Antiquité au xviie siècle. Presses universitaires de Rennes, 2022, https://doi.org/10.4000/books.pur.182787.
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