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Ville fermée, ville surveillée

 | 
Gérald Billard
, 
Jacques Chevalier
, 
François Madoré

Partie 2. Les logiques de l’enfermement résidentiel

Introduction à la partie 2

Texte intégral

1Les logiques qui président au développement de l’autoenfermement résidentiel sont multiples. Cette partie n’a aucunement l’ambition de toutes les explorer, car l’œuvre risquerait d’être trop réductrice de la réalité. En effet, à la fois parce que la fermeture résidentielle interroge le mode de fonctionnement sociétal, mais aussi parce que la déclinaison d’un même registre peut renvoyer à des réalités ou à des représentations fort dissemblables d’un contexte géographique à l’autre, l’exhaustivité en la matière est un exercice difficile, voire périlleux. De façon plus modeste mais aussi plus objective, trois logiques vont être questionnées, en lien principalement avec les situations étudiées en France et en Amérique du Nord, plus précisément aux États-Unis.

2La logique sécuritaire (chapitre 4) est souvent évoquée en premier parmi les processus explicatifs de l’autoenfermement résidentiel. La récurrence de ce registre va être soulignée à propos de divers contextes géographiques, avant de porter plus spécifiquement sur le cas français. Deux autres logiques susceptibles de rendre compte, au moins partiellement, de l’essor des enclaves résidentielles fermées vont être analysées, à partir du cas états-tunien, à savoir le registre de la socialisation ou la quête de l’entre-soi (chapitre 5) et celui de la gouvernance privée (chapitre 6).

3Le choix de faire porter l’analyse tantôt sur le cas français, mais pas exclusivement, tantôt sur le cas nord-américain n’est pas fortuit. Il renvoie aux processus à l’œuvre dans ces deux contextes. En France, la multiplication des complexes résidentiels clôturés semble guidée par une forte logique sécuritaire, la fermeture ayant d’abord pour finalité première d’offrir un habitat à l’accès protégé. En revanche, la construction de l’entre-soi et la gouvernance privée demeurent encore à l’état d’hypothèses, contrairement aux États-Unis où le matériau semble beaucoup plus consistant. De fait, dans ce pays, on perçoit désormais relativement bien comment se construit l’entre-soi à travers la fermeture résidentielle, ou encore comment l’autoenfermement participe d’une tendance au renforcement des formes de gouvernance qui accompagnent l’existence de tout espace résidentiel collectif privé.

© Presses universitaires de Rennes, 2005

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