Annexe III. Chronologie de la Ligue à Paris 1589-1594
p. 347-349
Texte intégral
1La Ligue, ou Sainte Ligue ou Sainte Union, est une confédération du parti catholique formée en 1576 en réaction à un traité de paix très favorable aux protestants (la « paix de Monsieur »). Les chefs de la maison de Guise (Henri, duc de Guise et son frère le cardinal de Lorraine) sont les têtes de file de ce mouvement qui prétend défendre la religion catholique contre les hérétiques et les modérés. Depuis la mort du duc d’Anjou, dernier fils d’Henri II et Catherine de Médicis (1584), se pose le problème de la succession d’Henri III, qui est demeuré sans enfant. Il reconnaît Henri de Bourbon, roi de Navarre, comme son successeur alors qu’il est protestant. En décembre 1584, les Guise, chefs du parti catholique intransigeant, signent avec Philippe II, roi d’Espagne, le traité de Joinville, approuvé par le pape Grégoire XIII, par lequel ils s’engagent à ne pas accepter sur le trône de France un prince qui ne soit pas catholique. Plusieurs villes passent sous le contrôle de ligueurs (Lyon, Bourges, Orléans…). Après avoir cherché à s’allier avec la Ligue (1585), Henri III, haï des catholiques, est chassé de Paris (journée des Barricades, 12 mai 1588). Il tente une dernière fois de desserrer l’étau de la Ligue en faisant exécuter ses chefs, les Guise, le 23 décembre 1588, à Blois. Loin de calmer le jeu, ce double assassinat entraîne des soulèvements dans de nombreuses régions, qui échappent à l’autorité royale. À Paris, les ligueurs prononcent la déchéance du roi. Henri III doit se rapprocher d’Henri de Navarre et les deux rois mettent le siège devant Paris. À la mort d’Henri III, Philippe II, époux en troisièmes noces d’Élisabeth de France, fille d’Henri II et de Catherine de Médicis, se trouve bien placé dans l’ordre de succession, n’était la loi salique qui interdit aux filles de France l’accès à la couronne. Charles, cardinal de Bourbon, est l’héritier reconnu par le parlement de Paris, le conseil de l’Union et Philippe II, sous le nom de Charles X. Il est cependant prisonnier d’Henri de Navarre son neveu. Henri de Navarre de son côté est reconnu par Élisabeth d’Angleterre, puis Venise, Mantoue, Ferrare et le sultan.
1589 | |
février | Le frère du duc de Guise assassiné, le duc de Mayenne, est proclamé chef de la Ligue et lieutenant général du royaume. |
2 août | Assassinat d’Henri III par Jacques Clément. Huit jours après la mort d’Henri III, Henri de Navarre lève le siège de Paris, faute d’argent pour payer ses troupes. |
novembre | Henri IV installe son gouvernement à Tours. |
1590 | |
22 février | Exposition au collège de Clermont en l’honneur d’Henri Cajetan. |
14 mars | Bataille d’Ivry. Victoire d’Henri de Navarre contre Mayenne et les ligueurs, poursuivis jusqu’aux portes de Mantes. La Normandie est aux mains d’Henri de Navarre, ce qui assure les communications avec l’Angleterre. |
9 mai | Mort de Charles X (le cardinal de Bourbon), le roi de la Ligue, à 68 ans. |
31 mai | Grande procession à Notre-Dame de Paris pour l’Ascension. Serment des Parisiens de continuer la lutte. |
3 juin | Procession plus grande encore : 1300 moines, prêtres et étudiants casqués et cuirassés. Le légat Cajetan est présent. |
1er juillet | Le prévôt et les échevins font vœu d’offrandes à Notre-Dame de Lorette en Italie en cas de victoire de la Ligue. Messe et enrôlement complet des bourgeois. |
9 juillet | Henri de Navarre prend Saint-Denis. |
24 juillet | Offensive générale des troupes royales contre les faubourgs de Paris : foule de réfugiés dans Paris. Famine. |
8 août | Émeute dite « du pain ou la paix » des Politiques, dont le président Brisson. Échec. |
30 août | Après l’arrivée des renforts espagnols menés par le duc de Parme le 22 août, levée du blocus de Paris. On apprend la mort de Sixte V. |
9-10 septembre | Ultime tentative d’Henri IV contre les faubourgs Saint-Jacques et Saint-Marcel. Échec. |
fin de l’année | Les Espagnols quittent Paris. Divisions parmi les ligueurs. Pasquier distingue trois courants : les « zélés » (Acarie, Bussi-Leclerc…), les « espagnolisés », et les « ligueurs clos et couverts » (Brisson)1. |
1591 | |
janvier | Journée dite des farines : dissimulés en paysans conduisant des chevaux chargés de farine, des gentilshommes cuirassés du parti d’Henri IV arrivent jusqu’à la porte Saint-Honoré. |
24 février | Les Seize écrivent au pape, Grégoire XIV, qui promet d’envoyer son neveu Sfondrati duc de Monte Marciano avec d’importants renforts. |
24 mars | Projet de conversion d’Henri IV révélé : les prédicateurs parisiens se déchaînent. |
1er avril | Épuration du parlement et de la chambre des comptes. Proscription de partisans réels ou supposés d’Henri IV. |
18 avril | Procession de 500 garçons et filles implorant la victoire. |
19 avril | Prise de Chartres, grenier à blé de Paris. Tensions et suspicions montent. Le père Commolet : « la mort des Politiques, c’est la vie des catholiques2 ». |
mai | Les Seize demandent le remplacement de l’évêque de Paris, Gondi, considéré comme traître, une épuration de la justice, la mise en quarantaine de ceux qui veulent réintégrer l’union après avoir servi l’ennemi, etc.3. |
juin | Fermeture du parlement pendant huit jours sous prétexte que le roi de Navarre se rapproche de Paris. Mesures d’expulsion contre des membres du parlement. |
été | On évoque officiellement la candidature de l’infante au trône de France. |
juillet | Édit de Mantes de Henri de Navarre promettant de maintenir la religion catholique et les libertés de l’Église gallicane. |
6 août | Arrestation de François Bigard, procureur de la ville de Paris, proche de Mayenne, accusé de trahison. |
30 octobre | Le président Brisson remet en liberté Bigard. |
9 novembre | Institution du conseil secret des Dix. |
15 novembre | Arrestation et exécution de Brisson, premier président du parlement de Paris, et des conseillers Larcher et Tardif, après un procès clandestin. |
28 novembre | Arrivée de Mayenne à Paris. |
4 décembre | Arrestation et pendaison des chefs de la Ligue impliqués dans l’exécution de Brisson et de ses confrères. Dissolution du conseil général de l’Union par Mayenne qui interdit « même à ceux qui se sont ci-devant voulu nommer le Conseil des Seize, de faire plus aucunes assemblées pour délibérer ou traiter d’affaires quelconques4 ». |
décembre | Siège de Rouen par les troupes d’Henri de Navarre. Échec. |
1592 | |
septembre | Henri de Navarre à nouveau aux portes de Paris. Son camp est à Saint-Denis. Mayenne tente un rapprochement avec les extrémistes de la Ligue, pour surveiller les modérés. Fortes divisions dans le Paris ligueur. Situation difficile pour Mayenne, tiraillé entre Seize et Politiques. |
octobre | Exposition au collège de Clermont en l’honneur de Filippo Sega. |
27 octobre | La chambre des comptes vote l’envoi d’une députation à Henri IV pour le « semondre » de se faire catholique. |
30 octobre | L’avocat Dorléans accuse devant Mayenne les Seize d’être vendus à l’Espagne et les prédicateurs de les encourager. Mayenne refuse de recevoir les Seize qui demandent une épuration du parlement et l’interdiction des assemblées des Politiques. |
1593 | |
26 janvier | Ouverture des États généraux de la Ligue. |
25 juillet | Henri IV abjure et entend la messe à Saint-Denis. |
1594 | |
27 février | Sacre d’Henri IV à Chartres. |
22 mars | Entrée d’Henri IV dans Paris. |
27 décembre | Attentat de Jean Chastel contre Henri IV. Chastel est exécuté le 30 décembre. |
2 Le duc de Mayenne se rallie à Henri IV le 24 janvier 1596 mais la guerre se poursuit contre l’Espagne et les ligueurs jusqu’en 1598. L’édit de Nantes et le traité de Vervins (13 avril-2 mai 1598) mettent un terme à trente-six années de guerres de Religion.
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