Les transformations du clos Saint-Lazare durant la période moderne
p. 15-37
Texte intégral
1Évoquer les transformations du clos Saint-Lazare durant la période moderne1 relève de la gageure car sur ce vaste domaine le temps semble figé durant tout l’Ancien Régime. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un coup d’œil sur les plans généraux de Paris depuis le milieu du xvie siècle jusqu’à la fin du xviiie qui montrent ce grand quadrilatère pratiquement inchangé. Pas d’ouvertures de rues ni de lotissements avant le dernier tiers du xviiie siècle. Les chiffres sont également parlants : entre l’arpentage fait à la demande de Vincent de Paul en 16472 et la déclaration faite au terrier de Saint-Lazare en 17803 la superficie a peu varié. Entre ces deux dates interviennent plusieurs aliénations ou acquisitions de terrains qui vont être détaillées ci-après, mais avec une très faible urbanisation hormis une mince frange de maisons le long de la rue du Faubourg Saint-Denis. Si l’implantation d’une léproserie loin des centres urbains était la règle, cet isolement n’était plus de mise après la cession du clos à la Congrégation des Prêtres de la Mission en 1632, dont les fonctions impliquaient au contraire une large ouverture sur la ville et l’accueil de personnes de toutes conditions et en grand nombre. Cette frilosité urbanistique s’explique mal et contraste avec l’exceptionnelle vitalité et le dynamisme de la jeune Congrégation de la Mission. Les accidents du terrain et la qualité du sol sont peut-être un élément d’explication, une butte naturelle s’élevait sur le clos et des carrières de plâtre avaient été exploitées au nord, mais ailleurs dans Paris on avait su surmonter ce genre d’obstacle, des terres avaient été drainées, des buttes aplanies4. Il faut bien sûr rappeler les Déclarations royales de 1724 et 1726 destinées à limiter l’expansion de la ville dans les faubourgs, mais les interdictions de bâtir ne concernaient que les maisons à portes cochères ou charretières, la construction des maisons à petite porte destinées aux commerçants ou artisans restait autorisée5.
Le clos Saint-Lazare avant 1632
2Rappelons que les bâtiments de Saint-Lazare ouvraient sur la rue du Faubourg Saint-Denis et que le clos qui l’entourait était limité au sud par le chemin, puis rue de Paradis, à l’ouest par la rue Poissonnière (aujourd’hui du Faubourg Poissonnière), à l’est par la rue du Faubourg Saint-Denis ; la limite nord était plus floue et a varié au cours du temps, on la situe approximativement, dans sa plus large extension, au boulevard de la Chapelle.
3Dès le début du xvie siècle, la lèpre avait pratiquement disparu à Paris. Le voisinage avec Saint-Lazare ne présentait plus d’inconvénients et l’opportunité s’offrait au prieuré d’améliorer ses revenus. Entre 1538 et 1569, les religieux aliènent plusieurs parcelles au nord de leurs bâtiments, le long de la rue du Faubourg Saint-Denis, sous forme de baux à cens et rentes foncières. Une trentaine de parcelles sont ainsi cédées à divers particuliers, essentiellement des artisans6. Outre le paiement du cens et de la rente foncière, annuelle et perpétuelle, les preneurs s’engageaient à bâtir et clore de murs leurs parcelles, à leurs seuls frais et d’en assurer l’entretien. Toutes ces parcelles aboutissaient au clos sur lequel elles ne devaient pas avoir de vues. Le plan terrier de 17587 (fig. 1) nous montre ces parcelles exiguës, toutes égales en profondeur mais de largeurs variables, ce qui ne permet pas d’y voir un véritable lotissement. Les plus petites des parcelles ne dépassaient pas 2 toises, la plus grande 12 toises, les plus nombreuses étant de 6 toises. Le montant de la rente s’échelonnait de 50 sols à 17 livres. Les textes ne nous permettent pas de connaître la nature des bâtiments construits au xvie siècle, en revanche les déclarations au terrier de la fin du xviiie siècle8 donnent une description de ces maisons qui sont toutes en bordure de rue et où l’on retrouve toutes les typologies : un seul corps de logis ; deux corps de logis séparés par une cour ; un corps de logis sur rue, un autre en aile ; les élévations variant d’un à quatre étages, une ou plusieurs boutiques, parfois une porte charretière, une cour et souvent un jardin de manière à laisser un espace entre les bâtiments et le mur de clôture du clos, conformément aux conditions des baux.

Fig. 1. – Plan terrier de 1758, rectifié après 1775, plan 1, Paris, Archives nationales (S 6731). © Mairie de Paris/CHVP/J.-M. Moser.
4Contrairement à ce qui se voit dans d’autres faubourgs de Paris, par exemple à la Courtille du Temple ou aux Porcherons, toutes ces maisons appartiennent à des artisans et on n’y trouve pas de jardiniers. C’est une des particularités du clos de ne pas être mis en cultures maraîchères mais d’être exploité en terres labourables (céréales) et arbres fruitiers, ce que montre avec assez d’exactitude le plan de Jaillot (1774) [fig. 2]. La nature du sol en est la cause probable : situé un peu au nord de l’ancien cours de la Seine, le clos Saint-Lazare ne bénéficiait pas des terres alluvionnaires propices à ces cultures9. Dans l’une de leurs déclarations de biens les religieux confirment que leurs terres « ne peuvent être mises en cultures maraîchères faute d’arrosage ». Pour leur usage domestique, les religieux recevaient les eaux du Pré Saint-Gervais par un aqueduc souterrain.

Fig. 2. – Jaillot, Nouveau plan de la Ville et faubourgs de Paris (détail), 1774, Bibliothèque historique de la Ville de Paris (A 1027 – 23). © Mairie de Paris/BHVP.
5Ce début d’urbanisation reste sans suite puisque les religieux ne consentent aucune cession de terrain sur la rue de Paradis ou la rue Poissonnière, qui restent vierges de toutes constructions. En cœur d’îlot, la situation est mal connue. Le clos vers le nord était moins étendu qu’il ne le sera à la fin de l’Ancien Régime car une partie de ces terrains était encore exploitée en carrières de plâtre. On sait par ailleurs que divers particuliers possédaient des enclaves dans le clos, sur plusieurs desquelles s’élevaient des moulins à vent. En 1556, le prieur Jean Goudequin donne à bail à rente à Jean Heruy, à condition d’y bâtir un moulin, un quartier de terre situé entre le moulin de Rolin, boulanger, et celui de Vincent Defurnet. En 1613, le dénommé Paul Charpentier passe titre nouvel pour une maison, un moulin et 3 quartiers de terre, tenant de toutes parts aux terres de Saint-Lazare. En 1616, le prieur Adrien Le Bon cède un arpent de terre à François Hamel10. Et le même, le 24 septembre 1624, délaisse encore à François Prat, maçon, un arpent de terre « sur lequel est assis une maison et moullin » donnant sur la chaussée conduisant à Saint-Denis11. Toutes ces pièces de terre restent évidemment impossibles à situer avec précision.
Vincent de Paul au clos Saint-Lazare
6On connaît les différentes étapes qui ont conduit à l’installation des prêtres de la Mission à Saint-Lazare, depuis l’acte de fondation par Philippe Emmanuel de Gondi et son épouse le 17 avril 1625, jusqu’au Concordat du 7 janvier 163212. Par ce contrat, Adrien Le Bon cédait à Vincent de Paul tous les biens de Saint-Lazare tout en se réservant un certain nombre d’avantages : la jouissance de son appartement sa vie durant, les revenus de la terre de Rougemont qui appartenait à Saint-Lazare, une pension viagère, l’accès à l’église et la promesse d’y être inhumé.
7Le clos, lorsque Vincent de Paul en prend possession, est un tissu troué qu’il va s’empresser de reconstituer dans son intégrité. Le 21 mars 1635, les héritiers Hamel rétrocèdent à Saint-Lazare un arpent et un demi-quartier de terre avec une petite maison et un moulin, situés derrière le prieuré, du côté du chemin de Paradis, qu’Adrien Le Bon avait vendu à leur père en 161613. Le 6 juin 1637, Saint-Lazare devient propriétaire par sentence d’adjudication du Châtelet d’une petite maison sur la chaussée de Saint-Denis, d’un moulin et de 4 arpents et demi de terre dans le clos14. Le 19 décembre 164215, les héritiers de François Prat se désistent du bail à rente que leur avait fait Adrien Le Bon en 1624 pour un arpent de terre, maison et moulin. Le 1er octobre 1643, ce sont 5 quartiers de terre que Vincent de Paul acquiert d’Edme Ravière moyennant 541 livres 11 sols. Le 20 juillet 164416 une sentence du Châtelet adjuge à Saint-Lazare 4 arpents de terre, une grande maison, un moulin et un jardin, le tout assis sur la chaussée allant à Saint-Denis, saisis à la demande des créanciers de Nicolas Caron, « meusnier et charpentier », pour le prix de 11550 livres. Cette acquisition est particulièrement intéressante car c’est sur ce terrain que va être établi le séminaire Saint-Charles. Toute cette partie va devenir l’arrière clos ou clos Saint-Charles.
8Le 17 mai 164517, deux contrats sont passés devant le notaire Gaultier par Vincent de Paul, l’un avec Henry Sionnière, avocat au Parlement, pour 2 arpents et demi, moyennant le prix de 3000 livres, l’autre avec Jean Bazouin, marchand apothicaire, pour 5 quartiers de terre, au prix de 1500 livres. Ces deux pièces de terre qui sont dites situées « derrière la grange dudit St Lazare », et pour celle de Bazouin « tenant au chemin de Poissonnier », étaient mitoyennes de celle acquise de Ravière en 1643. Le même jour, Vincent de Paul s’engageait à dédommager les agriculteurs qui exploitaient ces terres labourables déjà ensemencées. Le 8 août 1648, Saint-Lazare acquiert encore de Pierre Doublet la moitié d’un moulin et un quartier de terre dont le prieuré possédait déjà l’autre moitié18. Un mémoire daté de 1691 indique que tous les bâtiments qui se trouvaient sur les terres acquises depuis 1632 ont été détruits19 ; le prieuré ne semble avoir conservé que le moulin situé à proximité des bâtiments conventuels.
9Parallèlement à cette politique d’acquisitions et de remembrement territorial, Vincent de Paul demande l’autorisation d’élever un mur de clôture sur tout le périmètre du clos, qui lui est accordée par Lettres patentes du 20 février 1644. L’alignement donné par le Bureau de finances est du 16 janvier 164520. À la lecture de ce document on constate que seuls quelques tronçons étaient alors clos de murs, et que les limites du domaine comportaient de nombreux coudes et chicanes que le nouvel alignement s’efforce de régulariser. Le nouveau mur laissait un passage entre le grand clos et le clos Saint-Charles, passage lui-même bordé de murs d’une longueur de 308 toises entre la rue Poissonnière et la rue du Faubourg Saint-Denis. Toujours à la requête de Vincent de Paul, un arpentage du clos est réalisé le 2 août 1647, qui donne la superficie de 117 arpents et 3 quartiers21.
10On sait peu de choses des bâtiments du prieuré dans la première moitié du xviiie siècle. Germain Brice déclarait dans son édition de 1752 qu’il ne restait rien « des vestiges de l’ancienne maison de saint Lazare… qui étoit très petite et menaçoit ruine de tous côtez », à l’exception de l’église « une gothique assez grossière, de la moitié trop petite22. » Le plan de Gomboust (1652) [fig. 3] montre des bâtiments déjà assez développés, mais trop petits en effet pour contenir la nouvelle communauté et peu adaptés aux diverses missions qu’elle devait assurer : accueil pour les retraites spirituelles, institution hospitalière, maison d’éducation pour les étudiants en théologie, maison de force pour les dévoyés et les libertins ; plus les bâtiments de service pour assurer l’entretien et la subsistance d’un aussi grand nombre de personnes. L’intervention de Vincent de Paul dans la construction de nouveaux bâtiments est mal connue. On peut néanmoins lui attribuer celle du séminaire Saint-Charles en 1644 sur les terrains acquis la même année de Nicolas Caron. Ce bâtiment destiné à abriter les étudiants en théologie fonctionna comme tel jusqu’en 1681, et après cette date ne servit plus qu’à héberger les prêtres convalescents ou âgés avant d’être mis en location puis vendu au siècle suivant. C’est encore Vincent de Paul qui achète le 6 août 1659 une grande maison à porte cochère, attenante au prieuré, qui devait servir comme bâtiment des pensionnaires23. Il meurt l’année suivante.
11C’est à Edme Jolly, troisième supérieur de la Congrégation, que revient l’initiative de la reconstruction des bâtiments (cf. ci-après l’article de Léonore Losserand). Dans le même temps, la communauté achète trois maisons mitoyennes situées sur la rue du Faubourg Saint-Denis, touchant au nord les bâtiments du prieuré. La première, à l’enseigne du Sauvage, est acquise le 8 juin 1671 de Pierre Guerrier, marchand gantier parfumeur, pour le prix de 4100 livres24 ; la seconde qui porte pour enseigne La Cloche est adjugée au Châtelet le 26 juin 1683, au profit de la Congrégation sur la succession de François Richon, moyennant 4500 livres25 ; la dernière, L’Annonciation, est une grande maison à trois corps de logis vendue à Saint-Lazare le 10 septembre 1687 par les héritiers Hardivilliers, au prix de 5600 livres26. Ces trois maisons ne figurent plus individuellement sur le plan terrier de 1758, mais sont englobées dans le plan masse des bâtiments du prieuré ; on peut supposer qu’elles ont servi d’annexe en attendant la reconstruction.

Fig. 3. – Jacques Gomboust, Lutetia (détail), 1652, Bibliothèque historique de la Ville de Paris (A 1027 – 18bis). © Mairie de Paris/BHVP.
Le xviiie siècle : une urbanisation ébauchée
12La confrontation du plan de Gomboust (1652) avec celui de 168227 (ill. 2)28, puis celui de Turgot (1734-1739) [fig. 4] permet de mesurer les développements successifs de la Maison Saint-Lazare. À la fin du siècle, les religieux faisaient déclaration pour une « maison et manoir seigneurial… composé de l’église, du cimetière, des bâtiments et logements pour la communauté, colombier à pied, grange, écurie, moulin tournant travaillant faisant de bled farine, réservoir d’eau venant du Pré Saint-Gervais, plusieurs cours, basse-cours, logement à l’usage des pensionnaires, plusieurs parterres et jardin potagers… » Et Germain Brice notait : « Il est à propos de remarquer que cette maison occupe un terrain fort vaste dont l’étendue s’avance bien loin dans les campagnes voisines, et plus grand qu’aucun autre qu’il y ait dans Paris, dans lequel il y a plusieurs terres labourées, un moulin et toutes les autres choses nécessaires à une grande et nombreuse communauté comme celle-ci, qui passe pour la plus riche du royaume, quoique l’établissement en soit fort nouveau comme on l’a marqué ailleurs. Les jardins particuliers sont très agréables ; le parterre est entre deux grandes terrasses qui ont vue sur la ville et sur les campagnes voisines29. »
13Mais l’activité déployée par la Congrégation pour sa maison prieurale ne s’étend guère le long du clos. Pourtant, le 1er décembre 1702, Françoise Thomassin vend à Saint-Lazare une maison sur la rue du Faubourg Saint-Denis30, appelée La Cornemuse (n° 12 de la planche I du plan de 1758). Un état des lieux de Jean Beausire en date du 1er septembre suivant révèle le très mauvais état des bâtiments et les religieux préfèrent une reconstruction à neuf plutôt que des réparations coûteuses. Les marchés et devis sont passés sous seing privé le 20 août 1710 avec Nicolas Desmaisons pour la maçonnerie, François Arnoult pour la charpenterie, et les menuisiers Gilles, Claude et Pierre Damours. Le coût de la construction s’élevait à 12000 livres31. La maison présentait un corps de logis sur rue de cinq travées, percé au centre d’une porte cochère, élevé de deux étages carrés au-dessus du rez-de-chaussée et d’un étage dans le comble ; derrière dans la cour s’étendait d’un côté une galerie en aile élevée d’un étage carré, de l’autre un petit cabinet (fig. 5 et ill. 3). Le parti de distribution en beaux appartements, deux dans le corps de logis sur rue, un dans l’aile, indique que cette maison s’adressait à un occupant d’une condition sociale plus élevée que celle des occupants des maisons environnantes, ce que confirme le bail à vie fait par Saint-Lazare à Humbert Ancelin, ancien évêque de Tulle, le 11 février 1711, moyennant 600 livres de loyer annuel. L’évêque jouissait du privilège exceptionnel d’avoir une petite porte lui permettant d’accéder de son jardin au clos La chapelle mentionnée dans le devis de maçonnerie et figurée sur le plan au bout de la galerie, ce qui permet de penser que l’évêque avait été consulté dès l’élaboration du projet. Cette maison sera désignée sous le nom d’hôtel de Tulle jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.

Fig. 4. – Plan dit de Turgot (Plan de Paris, commencé l’année 1734, dessiné et gravé sous les ordres de messire Michel-Étienne Turgot… achevé de graver en 1739… levé et dessiné par Louis Bretez, gravé par Claude Lucas, et écrit par Aubin), 1734-1739, Bibliothèque historique de la Ville de Paris (A 1027 – 27 (4). © Mairie de Paris/BHVP.

Fig. 5. – Hôtel de Tulle, plan, Paris, Archives nationales (S 5696). © Mairie de Paris/CHVP/J.-M. Moser.
14Au nord du clos, au-dessus du séminaire Saint-Charles, les religieux aliènent deux parcelles de terre labourable. La première de 30 perches, par bail à rente du 14 septembre 1718 au profit de Jean Binet, la seconde de 66 perches 2/3 par bail à rente du 19 avril 1721 à Jean Chalumet32. Ce dernier contrat précise que le mur de la clôture du côté de la rue du Faubourg Saint-Denis est soutenu par cinq arcs boutants, ce qui révèle une différence de niveau entre le terrain et le chemin. Les preneurs s’engageaient l’un et l’autre à faire construire « sans emprunt » une maison d’au moins deux étages avec leurs dépendances, mais avaient interdiction d’y établir « cabarets, traiteurs, aubergistes et hostellerie, marchands de bierre et liqueurs » sous peine d’être déchus de leur propriété. La parcelle de Chalumet est adjugée en 1753 à Louis Boullé33, celle de Binet passe en 1776 à Louis Antoine de Grouvelle, marchand orfèvre, qui fait reconstruire la maison en 1777. Ces parcelles portent les numéros 22, 23 et 24 sur le plan du terrier de 1758 (fig. 6) ; la parcelle numérotée 25, contenant 7 arpents et 58 perches avait été donnée à Louis Boullé « en dédommagement de pareille quantité prise par Saint-Lazare, pour l’établissement du chemin neuf conduisant aux moulins des Couronnes, par sentence des Trésoriers de France du 15 janvier 175134. »
15Le séminaire Saint-Charles était tombé en désuétude (parcelles 21 et 21bis du plan de 1758). Par bail du 25 novembre 1702, une partie des bâtiments est louée à Simon Pierre Malissé, maître boulanger, et Marie-Anne Piochard sa femme moyennant 700 livres de loyer annuel35. En 1756, les bâtiments sont dits « occupés verbalement par les RP Jésuites de la pension Louis Le Grand pour y serrer leurs grains36. » Un autre contrat de location est fait le 23 février 1771 au profit de Richard Lancake, artiste anglais, pour la totalité des bâtiments, cours et jardin du séminaire, pour un loyer annuel de 3000 livres37. Enfin, le 31 octobre 1778, les religieux se défont du terrain et de la totalité des bâtiments au profit de Jacques-François Dubus, fabricant de galons, et Marie-Geneviève Sauzeau sa femme, moyennant 1200 livres de rente foncière. Les religieux se réservaient le droit de faire détruire les bâtiments et d’en récupérer les matériaux38.

Fig. 6. – Plan terrier de 1758, rectifié après 1775, plan 1, Paris, Archives nationales (S 6731). © Mairie de Paris/CHVP/J.-M. Moser.
16Du même côté, un peu au sud du séminaire Saint-Charles, les prêtres de Saint-Lazare aliènent encore 1 arpent et 186 toises de terrain par bail à rente du 12 octobre 177939 à Anne Sophie Raymond, marquise de Chevriers ; celle-ci avait précédemment acquis de Georges Boudat la parcelle voisine sur laquelle elle avait fait construire sa maison40. Ce sont les parcelles 20 et 20bis du plan terrier de 1758.
17On sait que depuis le xviie siècle beaucoup de congrégations religieuses rentabilisaient leur domaine foncier parisien en y faisant construire des maisons de rapport. Les prêtres de la Mission suivent l’usage en élevant sur la rue du Faubourg Saint-Denis, au sud de leur prieuré, entre l’église et la rue de Paradis, cinq maisons locatives dont quatre subsistent aujourd’hui (n° 99-105) [fig. 7]. Germain Brice en fait l’éloge : « En 1719 et 1720 les Prêtres de la Mission de Saint-Lazare ont fait élever sur la grand route ou le grand chemin qui va à Saint-Denys, une longue suite de maisons doubles à plusieurs étages, construites très solidement toutes de pierre de taille, dans lesquelles plusieurs familles particulières et divers artisans pourront être fort commodément logez et qui rendront des loiers très considérables. » Les devis et marchés sont passés le 7 novembre 1720 pour la maçonnerie, et le 15 juillet 1722 pour la charpenterie41. C’est le maître maçon entrepreneur Claude Plateau qui s’engage à exécuter les travaux dans un délai de deux ans conformément aux devis « profils et élévations portés aux plans qui ont été dressés ». Comme c’est trop souvent le cas, les plans ne sont pas restés annexés à la minute. Signe peut-être de difficultés financières, le devis de charpenterie n’intervient que deux ans plus tard ; le marché est passé avec le maître charpentier Mathurin Baudin, qui s’engageait à exécuter les travaux en un an.
18L’ensemble constitue cinq maisons sur rue et cinq entre cour et jardin, le tout en pierre de taille. Chaque façade sur rue aligne 9 toises sur 6 toises 4 pieds de profondeur, et s’élève de trois étages carrés au-dessus d’un rez-de-chaussée à arcades entresolées. Six croisées éclairent les étages et le rez-de-chaussée est percé au centre d’une porte cochère ornée à la clef d’une agrafe. La ligne continue des façades est rythmée verticalement par des chaînes de pierre qui définissent les séparations entre les maisons, et les discrets éléments de décoration (agrafes, mascarons) personnifient chaque maison en variant les motifs de l’une à l’autre. Les maisons entre cour et jardin ont 8 toises de long sur 4 toises de profondeur ; les rez-de-chaussée abritent des remises et écuries au-dessus desquels sont deux niveaux de chambres. Le devis prévoyait des escaliers de pierre et un puits dans chaque cour. Récemment ravalées, les quatre maisons subsistantes forment un ensemble harmonieux bien représentatif de l’architecture vernaculaire de l’époque et témoignent du soin apporté par Saint-Lazare à ses constructions. La cinquième maison a disparu avec l’élargissement de la rue de Paradis.

Fig. 7. – Charles Lansiaux, 105, rue du Faubourg Saint-Denis, 1919, Paris, Commission du vieux Paris, Casier archéologique. © Mairie de Paris/DHAAP/Ch. Lansiaux.
19En juin 1724, la Congrégation avait fait apposer des affiches publicitaires vantant les mérites de leurs locations42. Les travaux semblent pourtant avoir rencontré des difficultés puisque le premier bail n’est signé que le 25 février 172743. À cette date, le bail précise que deux maisons seulement sont terminées, mais que les trois autres seront livrées et en état d’être louées le 1er juillet suivant. Le preneur est Jean-Baptiste Denis Guyon, sieur de la Jardière, non qualifié, à qui la Congrégation concède un bail en bloc, sa vie durant, moyennant 60000 livres qu’il paye comptant. Dès le 19 septembre suivant, Guyon se désistait de son bail, alléguant que les prêtres de la Mission n’avaient pas rempli leur contrat puisque les maisons n’étaient pas terminées, et encore que ces bâtiments étaient trop éloignés de la ville pour pouvoir être facilement loués. Outre le remboursement des 60000 livres, Guyon obtenait en dédommagement une rente viagère de 6000 livres44.
20Après cet échec, les religieux se chargèrent de la gestion des locations. Certains locataires louèrent une maison entière, d’autres par portions ou appartements45. Il est vrai que ces maisons relativement vastes, construites avec soin, pouvaient convenir à une clientèle exigeante. Beaucoup de ces locataires se sont avérés être des militaires, ce qui est assez naturel quand on se souvient que les maisons des faubourgs étaient soumises au logement des gens de guerre et que les régiments y étaient cantonnés en temps de paix46. Le plus illustre de ces locataires fut Jean-Louis Phélypeaux, comte de Montléry, maître de camp de cavalerie, qui prit à bail la première maison tenant à la cour de l’église, de 1736 jusqu’à sa mort en 176347. L’occupante de cette même maison fut ensuite Élisabeth Jeanne Law, femme de Jean-Louis Xavier Bosserolle48. La troisième maison fut occupée par la Ferme générale qui loua d’abord deux étages, puis la totalité « pour y mettre ses papiers49. » La cinquième maison au coin de la rue de Paradis a été louée le 18 décembre 1763 à Pierre Claude, marquis de Sabrevois, ancien capitaine de carabiniers, gouverneur des ville et château de Dreux50.
21À la même époque, les anciennes maisons Le Sauvage et La Cloche mentionnées plus haut au nord des bâtiments du prieuré, étaient louées à Louis de Cabanne, maréchal général des logis du régiment des Gardes françaises, pour servir de caserne à son régiment51. En 1775, la maison du menuisier Georges Boudat (n° 20) était prise à loyer par René Marie Dumas de Polard, autre maréchal général des logis, là encore pour servir de caserne à une compagnie de Gardes françaises52.
22En 1774, les religieux revinrent à la formule du bail en bloc en passant contrat, le 21 décembre, avec Henry Riboutté, contrôleur des rentes de l’Hôtel de Ville et Angélique Adélaïde Fallavel sa femme, pour la totalité des cinq maisons moyennant un loyer de 13000 livres par an53. Ce Riboutté n’est pas un inconnu au faubourg Poissonnière, c’est un affairiste qui se trouve être le beau-père de l’architecte Samson-Nicolas Lenoir qui l’associe à ses nombreux projets ; il est en outre déjà principal locataire d’une autre maison appartenant à Saint-Lazare, de l’autre côté de la rue, en face du prieuré. Riboutté était encore locataire lorsqu’éclata la Révolution. Une rue portant son nom a été ouverte en 1780.
23Déjà implantée, on l’a vu, rue du Faubourg Saint-Denis, la Ferme générale va s’installer également de l’autre côté du clos, le long de la rue Poissonnière, au moyen de deux transactions assez inhabituelles. Une première convention est passée le 13 avril 1763 entre Jean-Baptiste Noyelle, procureur de la Congrégation et Jean-Jacques Prévost, adjudicataire général des fermes, aux termes de laquelle Saint-Lazare s’engageait à fermer de murs, à ses frais, un terrain de 31 toises sur 18 pris sur le clos, et à y adosser un petit édifice de deux pièces l’une sur l’autre, ayant une fenêtre sur la rue et une sur le côté munies de grilles ; et encore un bâtiment bas divisé en quatre hangars de 12 pieds de face sur 18 pieds de profondeur fermés par des vantaux de menuiserie. Tout le terrain devait être régularisé et un carré de 6 toises serait nivelé et pavé afin de servir à brûler le tabac de contrebande. Le mur de clôture devait avoir 10 pieds de haut et s’ouvrir sur la rue Poissonnière par une porte cochère et un passage en glacis pour rattraper la différence de niveau entre le terrain du clos et le chemin. En contrepartie de ces exigences pointilleuses, la Ferme générale prenait à bail les lieux moyennant 600 livres de loyer annuel54. C’est ce bâtiment qui est figuré sur le plan terrier de 1758 sous le nom de La Pipe royale.
24On comprend mal l’intérêt de Saint-Lazare qui prenait à sa charge tous les frais de construction et d’aménagement en échange d’un loyer relativement modeste. Mais chacun trouvait probablement son intérêt car on retrouve les mêmes protagonistes dans une nouvelle transaction, en date du 11 juillet 1765, par laquelle la Ferme générale prenait en location « une maison rue Poissonnière destinée à loger le receveur et autres employés de la barrière Sainte-Anne, vis-à-vis de la Nouvelle France…, que lesd. sieurs de Saint-Lazare font actuellement construire et édifier. » La maison en question, dont le plan et l’élévation sont joints au bail (fig. 8 et 9, ill. 4), est un édifice tout en longueur, simple en profondeur, élevé de deux étages carrés au-dessus du rez-de-chaussée, chaque niveau étant divisé en quatre pièces égales éclairées chacune par deux fenêtres sur un seul côté, l’une des façades étant aveugle. La distribution, l’absence de cuisine et de pièces de service montre à l’évidence qu’il s’agit d’un immeuble de bureaux. C’est d’ailleurs sous ce nom qu’il figure sur le plan du terrier. Le loyer annuel était de 1000 livres55. En signant le bail, Jean-Jacques Prévost versait à Saint-Lazare la somme de 2750 livres comme avance sur les loyers. Quel était le bénéfice pour Saint-Lazare ? Cette fois encore il semble qu’une partie du contrat nous échappe. Le bail à la Ferme générale sera renouvelé pour neuf ans le 13 janvier 177556.

Fig. 8. – Bureau de la Ferme générale, plan, Paris, Archives nationales (MC, CXV, 770). © Mairie de Paris/CHVP/J.-M. Moser.
25À partir de 1765, deux événements vont modifier la situation et donner une impulsion décisive à l’urbanisation du faubourg. Le premier est l’abrogation de la réglementation de 1724-1728 par la Déclaration du roi du 16 mai 1765 qui libérait la construction dans les faubourgs et autorisait l’ouverture de voies nouvelles. Le second est le couvrement du grand égout en 1766-1767 entre les rues du Faubourg Saint-Denis et Poissonnière qui, en supprimant les nuisances et l’insalubrité, devait donner une réelle plus-value aux terres avoisinantes. Financiers, architectes, spéculateurs vont se précipiter avec frénésie sur ce nouveau terrain d’activité du faubourg Poissonnière57.
26À l’instar des Filles-Dieu et des chanoines de Sainte-Opportune, les prêtres de Saint-Lazare vont lotir une partie de leur clos. Opération bien prudente qui n’affecte qu’une bande de terrain le long de la rue de Paradis.
27Deux nouveaux acteurs étaient entrés en scène. Le premier, François Benoist de Sainte-Paulle, simplement qualifié de bourgeois de Paris, reste mal connu et semble n’avoir servi que d’intermédiaire et de financier. C’est un spéculateur qui gravite dans l’entourage du prince de Conti. Le nom de Benoît de Sainte-Paulle est resté attaché au superbe hôtel qu’il s’est fait construire par l’architecte Samson-Nicolas Lenoir en 1772-1776 et qui subsiste au n° 30 de la rue du Faubourg Poissonnière.
28Le second est Claude Martin Goupy, fils de l’entrepreneur Martin Goupy qui, comme beaucoup de ses confrères, joint à son activité d’architecte entrepreneur celle de spéculateur, avec succès si l’on en juge par la fortune amassée à la fin de sa vie58. Les deux hommes se connaissent et sont régulièrement associés dans les opérations du faubourg Poissonnière.

Fig. 9. – Bureau de la Ferme générale, coupe, Paris, Archives nationales (AN, MC, CXV, 770). © Mairie de Paris/CHVP/J.-M. Moser.
29Par trois contrats des 22 avril, 27 juin, et 18 août 1770, les prêtres de Saint-Lazare délaissent à Benoît de Sainte-Paulle une bande de terrain le long de la rue de Paradis, depuis leur potager jusqu’à l’angle de la rue Poissonnière, sur une profondeur de 31 toises59. Toutes ces cessions sont faites sous forme de bail à rente foncière selon l’habitude de Saint-Lazare, procédure plus avantageuse pour le vendeur que celle du bail emphytéotique privilégiée par les Filles-Dieu à la même époque60. Le premier contrat porte sur 5 arpents moyennant 2000 livres de rente ; le second sur ½ arpent moyennant 205 livres, 1 s, 8 d ; le dernier sur 1040 toises accolées au nord de la première parcelle et donnant sur la rue Poissonnière, moyennant 520 livres de rente. Benoît de Sainte-Paulle s’engageait à élever un mur de clôture entre le clos et les parcelles acquises à ses frais exclusifs et de faire construire des bâtiments d’une valeur au moins égale au prix de ses acquisitions dans un délai de trois ans. Conditions dont il n’aura pas à s’acquitter car il divise son terrain en sept lots qu’il revend immédiatement en dévoilant son habileté de spéculateur. Le 17 juillet 1770, il vend trois parcelles au prix de 20 000 livres l’arpent, soit le double de ce qu’il les avait achetées. Les acquéreurs sont Michel Duval, architecte, pour 2 arpents en deux pièces (nos 1 et 3 du plan terrier) et Louis de Lormel, menuisier, pour ½ arpent (n° 2)61. Les ventes suivantes se font au prix de 37800 livres l’arpent : le 19 juillet le maître maçon Jean-Baptiste Lemoine achète un lot de 562 toises 3 pieds (n° 4)62, le 14 août le maçon Étienne Cliquot et le maître peintre Jean-François Plou sont acquéreurs chacun d’un demi-arpent (nos 5 et 6)63 ; le 24 octobre François Chicot, maître menuisier acquiert un demi-arpent (n° 7)64. Au total, Benoît de Sainte-Paulle a revendu pour 162750 livres, soit en moyenne 30000 livres par arpent, le terrain acquis de Saint-Lazare pour 54111 livres soit une moyenne de 9000 livres65. Le 5 novembre Benoît de Sainte-Paulle revend 732 toises en deux pièces (nos 8 et 9) faisant partie du demi-arpent acquis le 27 juin, au maître charpentier Jean Albouy, pour un prix trois fois supérieur66. Outre les conditions imposées par Saint-Lazare à Benoît de Sainte-Paulle, les nouveaux propriétaires avaient la charge du premier pavé de la rue de Paradis. Le devis fait par Gaillot Aubry, inspecteur du Pavé de Paris, s’élevait à 18138 livres, l’adjudicataire des travaux était Jean-Pierre Penot Lombart, entrepreneur du pavé de Paris67. Tous les acquéreurs sont des artisans du bâtiment qui travaillent régulièrement ou occasionnellement avec Goupy.
30Ce dernier apparaît en son nom l’année suivante. Les 28 mars et 10 mai 1771, il avait racheté les parcelles de Cliquot et de Plou sur la rue de Paradis68. Le 5 juillet 1771, Benoît de Sainte-Paulle lui revend les 1040 toises acquises de Saint-Lazare le 18 août 1770, ayant 26 toises de façade sur la rue Poissonnière69, parcelle sur laquelle Goupy ouvre une voie privée qui va devenir la rue des Messageries. Dès le mois d’avril de cette année, Goupy avait entamé des pourparlers avec Saint-Lazare pour l’acquisition d’un terrain de 5 arpents 374 toises 2/3, contigu au nord aux parcelles de la rue de Paradis et donnant sur la rue Poissonnière, sur lequel il envisageait de construire une caserne pour les Gardes françaises. On a vu au travers des baux mentionnés plus haut que le besoin de casernes se faisait sentir de manière impérieuse. Le roi avait autorisé cette aliénation du domaine de Saint-Lazare par Lettres patentes de juin 1771, et le Parlement a ordonné une visite de commodo et incommodo, faite le 2 avril précédent70.
31La cession eut lieu le 30 août 1772. Les prêtres de Saint-Lazare délaissaient le terrain à Claude Martin Goupy et Marie-Anne Charlotte sa femme, moyennant 2300 livres de rente foncière au principal de 46000 livres71. Comme pour les baux précédents l’acquéreur s’engageait à élever des murs de clôture et à les entretenir à ses seuls frais, avec une clause singulière concernant l’angle nord-ouest du terrain : « cette partie ne pourra être bâtie et restera en jardin tant que le moulin subsistera où il est actuellement pour ne point nuire au vent de ce moulin, et les arbres qui y seront plantés ne pourront avoir plus de 24 pieds de hauteur ». Avant même la signature définitive, en accord avec Saint-Lazare et dès l’obtention des Lettres patentes du roi, Goupy avait commencé les travaux pour la caserne. Le 8 octobre 1771, il présentait son projet et ses plans à la Chambre des Bâtiments72 ; lors d’une seconde visite le 10 septembre 1772, l’expert constatait que le bâtiment sur rue et l’aile gauche étaient entièrement achevés, l’aile droite élevée jusqu’au troisième plancher et que l’ensemble du terrain avait été mis à niveau73. La caserne était terminée en 1773.
32L’ensemble comportait un bâtiment sur rue avec ailes en retour, le tout formant un U. Au fond d’une longue cour s’élevait un autre bâtiment en H, au derrière duquel le long d’une petite cour se situait la salle d’exercice. Le tout s’élevait de trois étages carrés au-dessus du rez-de-chaussée et d’un comble, à l’exception de la salle des exercices qui ne dépassait pas le rez-de-chaussée. La construction, très représentative du style néo-classique, était sobre et élégante, juste animée par des bossages au rez-de-chaussée et des frontons au-dessus des travées centrales74 (fig. 10-14).
33La caserne était prévue pour abriter trois compagnies de Gardes françaises. Construite aux frais de Goupy, elle restait la propriété de l’entrepreneur qui la louait pour 36 ans moyennant 9000 livres de loyer, avec entrée en jouissance le 1er janvier 177375. À la suite de la dissolution des Gardes françaises en juillet 1789, un « comité militaire » vendit toutes les casernes à la Commune de Paris par acte sous seing privé du 27 août, pour le prix de 900000 livres, au mépris du droit des propriétaires véritables des bâtiments, qui manifestèrent leur opposition et furent indemnisés au bout de dix ans de procédure76. La veuve Goupy était encore propriétaire dans les premières années du xixe siècle. Attribuée à l’infanterie, puis à la Garde républicaine (1914), la caserne de Goupy a été détruite en 1926. Le trophée d’armes sculpté qui la décorait a été reposé contre le mur pignon de la maison voisine et est aujourd’hui partiellement occulté par une structure métallique hideuse.
34L’activité de Goupy et Benoît de Sainte-Paulle devait se manifester avec autrement plus d’ampleur à partir de 1771, au sud de la rue de Paradis, sur les terrains des Filles-Dieu. S’estimant lésées par les agissements douteux des deux associés, les religieuses entamèrent une procédure contre les époux Goupy qui s’éternisa jusqu’en 178777. Les religieux de Saint-Lazare pour leur part traiteront encore avec Goupy comme entrepreneur en 1779, pour une extension des bâtiments du prieuré.

Fig. 10. – Caserne de Goupy, plan, Paris, Archives nationales (Z1J 953). © Mairie de Paris/CHVP/ J.-M. Moser.

Fig. 11. – Caserne de Goupy, élévation sur la cour de la caserne du fond, Paris, Archives nationales (Z1J 953). © Mairie de Paris/CHVP/J.-M. Moser.
35Un autre personnage fut tenté de jouer sa partie dans la spéculation immobilière. Il s’agit de Jean Roch Guérin, maître charpentier qui demeure rue de Paradis à l’angle de la rue Poissonnière, dans la maison saisie sur Michel Duval (n° 1) qui lui a été adjugée au Châtelet le 24 septembre 177478. Il connaît bien les religieux de Saint-Lazare pour lesquels il travaille régulièrement et qui sont suffisamment en confiance avec lui pour accepter de lui aliéner, ainsi qu’à Jeanne Nicole Cheron sa femme, une parcelle qui dépasse en importance toutes celles cédées par leurs précédents baux à rente. Le contrat est passé le 13 juillet 177879 pour 9 arpents ½ de terre en culture faisant partie de l’arrière clos (n° 26 du plan terrier), plus le terrain déjà clos de murs sur lequel sont les hangars, l’aire pavée pour brûler le tabac et la maison dite La Pipe royale louées à la Ferme générale, et encore le bâtiment construit par Saint-Lazare pour servir de bureaux à la Ferme générale qui en est locataire (cf. ci-dessus). Le montant de la rente foncière était de 1200 livres pour le bâtiment à usage de bureaux, 800 livres pour La Pipe royale et 7600 livres pour le terrain en culture soit 800 livres l’arpent, prix très inférieur à celui pratiqué précédemment lors des baux faits à Goupy et Benoît de Sainte Paulle qui était de 9000 livres en moyenne. Derrière cette transaction très avantageuse pour Guérin se cache peut-être une manière de paiement pour des travaux. En outre, Guérin n’était pas tenu de construire dans les deux ans comme l’imposaient les aliénations précédentes. Il s’engageait seulement à poursuivre les locations ou à indemniser la Ferme générale s’il préférait résilier les baux. Enfin, privilège supplémentaire, Saint-Lazare dispensait les époux Guérin des droits de lots et vente.

Fig. 12. – Caserne de Goupy, élévation sur la rue du Faubourg Poissonnière, Paris, Archives nationales (Z1J 953). © Mairie de Paris/CHVP/J.-M. Moser.

Fig. 13. – Façade latérale de la caserne du fond avec celle de la salle d’exercice, Paris, Archives nationales (Z1J 953). © Mairie de Paris/CHVP/J.-M. Moser.

Fig. 14. – Charles Lansiaux, Caserne des gardes françaises, 82, rue du Faubourg Poissonnière, 27 février 1920, Paris, Commission du vieux Paris, Casier archéologique. © Mairie de Paris/ DHAAP/Ch. Lansiaux.
36Avec cette ultime aliénation, les religieux ouvraient de nouvelles possibilités de lotissement sur la rive orientale de la rue Poissonnière, déjà urbanisée sur la rive opposée. Tel était sans doute le projet de Jean Roch Guérin. Pourtant rien ne fut réalisé au cours des années suivantes. Manque de financement ou simplement de savoir-faire ? On ne s’improvise pas promoteur. Nombreux sont les entrepreneurs ou les artisans du bâtiment qui se sont lancés dans des opérations de spéculation immobilière avec plus ou moins de succès. Le projet a pourtant bien existé comme l’atteste un plan (fig. 15) gravé non daté qui montre le côté oriental de la rue Poissonnière divisé en vingt-deux parcelles avec pour légende : « La totalité du terrain entre la ligne A et B est à vendre en tout ou en partie ainsi que le plan l’indique. On peut acquérir avec de très grandes facilités, vu qu’on n’exige pas d’argent comptant, ledit terrain en toute propriété, à rente remboursable ou à vie. Le propriétaire donnera des portions de terrain à vie à peu de redevances, à la charge d’y bâtir sur un plan convenu. Il faudra s’adresser pour les arrangements au sieur Guérin, me Charpentier, et à M. Taraval, architecte demeurant nouvelle église Saint-Philippe du Roule80. » Peut-être est-ce Louis-Gustave Taraval, élève de Boullée ? Ce qui situerait le projet entre l’achèvement de Saint-Philippe du Roule en 1784, et la mort de Taraval en 179481. À la même époque, le plan de Verniquet montre bien le long de la rue Poissonnière une bande de terrain qui n’est plus en culture.

Fig. 11. – Plan de lotissement Roch Guérin, Paris, Archives nationales (S 6593). © Mairie de Paris/ CHVP/J.-M. Moser.
Saint-Lazare dans la tourmente révolutionnaire
37À la veille de la Révolution, la Congrégation des Prêtres de la Mission était l’une des plus riches de France. Outre le clos, son domaine parisien comptait plusieurs maisons dans Paris, notamment autour de Saint-Laurent. Les bâtiments du prieuré et de ses dépendances occupaient 11 arpents, le clos planté en arbres fruitiers et terres labourables couvrait 60 arpents, et l’arrière clos traversé par le nouveau mur des Fermiers généraux 48 arpents. Force est de constater que les aliénations faites à divers particuliers avaient été à peine entamé l’énorme réserve foncière que constituait le clos Saint-Lazare. De 60 hectares au milieu du xviiie siècle, le clos en comptait encore près de 52 en 1789. On s’étonne, encore une fois, que la Congrégation n’ait pas cherché à mieux rentabiliser cet immense terrain. Dans leur déclaration faite à l’administration révolutionnaire le 18 mars 1790, les religieux évaluaient le revenu annuel du clos à 3600 livres, celui de l’arrière clos à 2880 livres, ce qui est faible en regard des loyers perçus sur les maisons dont ils étaient propriétaires et qui s’élevaient à 44732 livres82. On peut objecter que dans les cultures du clos, les religieux trouvaient les subsistances nécessaires à leur maison. Dans sa période la plus faste, le prieuré comptait en effet près de 300 ecclésiastiques et devait subvenir quotidiennement aux besoins de 600 personnes environ (prêtres, pensionnaires, prisonniers, etc.). C’est oublier que la Congrégation possédait encore plusieurs fermes en région parisienne où elle pouvait s’approvisionner en denrées alimentaires.
38Cette opulence affichée devait provoquer la fin prématurée de la Maison Saint-Lazare, brutalement confrontée à la violence révolutionnaire. Dans la nuit du 12 au 13 juillet 1789, et toute la journée suivante, le prieuré fut saccagé par la foule à la recherche de blé et d’armes, les bâtiments pillés et partiellement incendiés. L’épisode a été maintes fois relaté et représenté (ill. 5) ; les auteurs déplorent particulièrement le saccage de la bibliothèque (18000 à 20000 volumes), l’une des plus belles de Paris.
39Les décrets des 4 et 8 août 1792 supprimèrent toutes les congrégations religieuses et ordonnèrent la fermeture des couvents. Les prêtres de la Mission quittèrent le clos Saint-Lazare le 1er septembre 1792. De Nivôse à Thermidor an II (janvier à décembre 1794) les bâtiments devinrent prison révolutionnaire, puis par décret du 25 frimaire an III (14 décembre 1794) maison de détention pour femmes83. En 1930, la Commission du Vieux Paris lors d’une visite à la prison Saint-Lazare, constatait que les anciens bâtiments conventuels étaient encore solides, d’un grand intérêt architectural, et forme un vœu pour leur classement84.
40La ferme, les bâtiments à l’exception de ceux affectés à la prison, le moulin et les terres du clos avaient été loués par bail du 19 décembre 1792 à Hubert Vallée, peintre demeurant rue Saint-Antoine, pour un loyer annuel de 21 000 livres, puis furent vendus le 22 messidor an IV (10 juillet 1796) par le Bureau du Domaine national à Marie Joseph Choart, négociant rue des Petits-Champs en indivis avec le journaliste Cretot85, pour le prix de 300300 livres. Aujourd’hui, seule la toponymie avec la Cour de la ferme Saint-Lazare rappelle le souvenir des bâtiments des Lazaristes.
41Le cadastre de Vasserot, levé pour le faubourg Poissonnière dans la première décennie du xixe siècle (ill. 6)86, montre les terres des Filles-Dieu entièrement loties, de nouvelles rues ouvertes ou prolongées (d’Enghien, de l’Échiquier, Martel, Riboutté, d’Hauteville), des hôtels particuliers et des immeubles de rapports édifiés. Plus à l’est, les constructions se sont densifiées autour de Saint-Laurent ; à l’ouest le quartier de la Nouvelle France a pris son essor. Contraste saisissant, le clos Saint-Lazare est toujours vide, vierge de toutes constructions, inchangé depuis les dernières décennies du xviiie siècle. Sur ce vaste territoire où tout reste à faire, banquiers, affairistes, architectes et entrepreneurs vont, à partir de 1820 unir leurs ambitions et leurs talents pour créer le Nouveau quartier Poissonnière, belle opération d’urbanisme organisée autour de l’église Saint-Vincent de Paul érigée sur la butte du clos Saint-Lazare.
Notes de bas de page
1 Ce texte doit beaucoup au cours donné par Jeanne Pronteau à l’EPHE. IVe section en 1967-1968 qui portait sur le lotissement des grands domaines ecclésiastiques. Les archives de Jeanne Pronteau sont déposées au Centre de topographie parisienne des Archives nationales (AN).
2 AN, S 6593, dossier 3.
3 AN, S 6731, déclarations au terrier de Saint-Lazare 1770-1780.
4 Voir Dion Roger, « Le site de Paris dans ses rapports avec le développement de la ville », in Paris, croissance d’une capitale, Paris, Hachette, 1961, p. 17-37.
5 Voir Pronteau Jeanne, achevée et mise au point par Dérens Isabelle, Introduction générale au « Travail des Limites de la ville et faubourgs de Paris » (1724-1729), Paris, Commission des travaux historiques, Paris Musées, 1998.
6 La plupart des baux ont été passés devant le notaire Guillaume Delarche (étude LXI) dont les minutes ne sont pas conservées ; plusieurs expéditions sur parchemin dans les cartons S 6597-6612.
7 AN, S 6731 : plan parcellaire de 1758, rectifié après 1775, pl. 1.
8 AN, S 6731.
9 Voir à ce sujet Kleindienst Thérèse, « La topographie et l’exploitation des marais de Paris, du xiie au xviie siècle », in Paris et Île-de-France. Mémoire de la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Île-de-France, t. XIV, 1963, p. 7-167.
10 AN, S 6590, copie informe de quelques titres. AN, MC VIII, 591, 14 avril 1616.
11 L’acte passé devant le notaire Paisant est en déficit.
12 Ces deux actes passés dans l’étude LXVI, devant Me Paisant, sont trop dégradés pour être lus. On en trouve une copie dans MM 534 avec les Lettres patentes de Louis XIII de mai 1627, la bulle d’Urbain VIII de janvier 1632.
13 AN, MC, LXVI, 71, le nom apparaît dans les terriers sous la forme Du Hamel, mais les intéressés signent Hamel.
14 AN, Y 3037A : biens saisis sur les héritiers de Pierre Bouvier.
15 AN, MC, LXVI, 94.
16 AN, Y 3044.
17 AN, MC, IX, 400.
18 AN, MC, LXVI, 111.
19 AN, S 6590 : Mémoire que donnent les prestres de la Mission de Saint-Lazare de Paris… pour satisfaire à la déclaration de Sa Majesté du 5 juillet 1689.
20 AN, S 6593, dossier 3 : d’autres alignements seront faits en 1695 et 1748.
21 AN, S 6593.
22 Brice Germain, Description de la ville de Paris, Paris, chez les libraires associés, 1752, t. 2, p. 5-15.
23 AN, MC, LXVI, 142 : un copie dans S 6610 porte en note marginale : « à présent partie des bâtimens des pensionnaires. » Le vendeur était Éloi Ruelle, laboureur.
24 AN, MC, LVI, 203 : Contrat du 8 juin 1671.
25 AN, S 6598.
26 AN, MC, LXVI, 259.
27 AN, CP, N III Seine 555 : domaine des Filles-Dieu avec une vue cavalière de Saint-Lazare, 1682.
28 Les illustrations indiquées « ill. » sont à retrouver dans le cahier couleur.
29 Brice Germain, Description de la ville de Paris, Paris, chez les libraires associés, 1752, t. 2, p. 5-15.
30 AN, MC, LXVI, 304.
31 Copies des devis et quittance avec un plan et élévation dans AN, S 5696.
32 AN, MC, LXVI, 367 et 380.
33 AN, Y 3191 : adjudication au Châtelet du 21 février 1753 au prix de 25000 livres.
34 AN, S 6736, fol. 27 : terrier de Saint-Lazare à La Chapelle.
35 AN, MC, LXVI, 539.
36 AN, S 6590 : déclaration de biens du 12 août 1756, à la Chambre ecclésiastique du diocèse de Paris.
37 En déficit dans l’étude de Me Durand. Copie dans S 6618.
38 AN, MC, LXVI, 638.
39 AN, MC, LXVI, 441 : montant de la rente foncière, 1000 livres.
40 AN, MC, XCIV, 425 : contrat du 8 juillet 1777. Prix de la vente : 30000 livres.
41 AN, MC, LXVI, 379 et 384 : prix faits à la toise (documents inédits).
42 Brice Germain, Description de la Ville de Paris, Paris, chez les libraires associés, 1752, t. 2, p. 14.
43 AN, MC, LXVI, 394.
44 AN, MC, LXVI, 395 : désistement du 19 septembre 1727 suivi d’une quittance du 25 septembre 1728.
45 Plusieurs copies des baux dans S 6618.
46 Les casernes, à l’exception de celles des mousquetaires, n’apparaissent à Paris qu’à la fin du xviiie siècle ; les soldats étaient logés dans les maisons des faubourgs, chez les particuliers. Il était habituel que leurs supérieurs s’installent à proximité.
47 AN, MC, XXXVIII, 287 : bail du 28 août 1736. Renouvelé en 1741, 1748, 1756 ; le bail est resté fixé à 1600 livres.
48 AN, MC, LXVI, 619 : bail du 10 janvier 1774, moyennant 1857 livres.
49 Bail sous seing privé du 20 août 1746.
50 AN, MC, LXVI, 543 : 1600 livres de loyer.
51 AN, MC, LXVI, 544 : contrat du 24 février 1764.
52 AN, MC, XC, 464 : contrat du 19 janvier 1775.
53 AN, MC, LXVI, 622.
54 AN, MC, IX, 720.
55 AN, MC, CXV, 770.
56 AN, MC, LXVI, 623.
57 Voir Étienne Pascal, Le faubourg Poissonnière. Architecture, élégance et décor, Paris, Délégation à l’action artistique de la Ville de Paris, 1986.
58 Sur Martin et Claude Martin Goupy voir Gallet Michel, Les architectes parisiens du xviiie siècle. Dictionnaire biographique et critique, Paris, 1995, p. 244-245 ; Étienne Pascal, Le faubourg Poissonnière, op. cit., p. 92-93.
59 AN, MC, LXVI, 605 : les contrats du 22 avril et du 18 août sont en déficit.
60 Ces baux emphytéotiques donneront lieu à une longue procédure entre les Filles-Dieu et Goupy.
61 AN, MC, LXVI, 606.
62 AN, MC, LXVI, 606.
63 Actes en déficit.
64 AN, MC, LXVI, 607.
65 AN, S 4712 : mémoire contradictoire adressé au Parlement par les Filles-Dieu contre Goupy, cité par Étienne Pascal, Le faubourg Poissonnière, op. cit., p. 92.
66 AN, MC, LXVI, 607.
67 AN, MC, LXVI, 606, 7 septembre 1770 : dépôt d’argent fait par les propriétaires pour le pavé.
68 AN, MC, XXXIII, 583 et 584.
69 AN, MC, XXXIII, 585.
70 AN, Z1j 958.
71 AN, MC, XXXIII, 591 : plan du terrain joint.
72 AN, Z1j 953 : Pierre Taboureur architecte expert. Plans, coupe et élévations.
73 AN, Z1j 963.
74 Pour une description plus détaillée et une analyse des bâtiments de la caserne, voir Étienne Pascal, Le faubourg Poissonnière, op. cit., p. 102-103.
75 Voir Fanet Valère, « Paris militaire au xviiie siècle », Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. XXXI, 1904, p. 289-309 : Goupy les années suivantes devait construire dans les mêmes conditions une autre caserne rue de Penthièvre.
76 Fanet Valère, art. cité, p. 298. Renvoi à AN, K 5269 et10.
77 Étienne Pascal, Le faubourg Poissonnière, op. cit., p. 90-101.
78 AN, Y 3280.
79 AN, MC, LXVI, 637.
80 AN, S 6593 : le plan porte la date manuscrite de 1818.
81 Gallet Michel, Les architectes parisiens du xviiie siècle, op. cit., p. 452.
82 AN, S 6590 : déclaration de biens faite en exécution du décret de l’Assemblée nationale du 13 novembre 1789.
83 Archives nationales, Centre de topographie parisienne, archives Jeanne Pronteau, cours EPHE, IVe section, 1967-1968.
84 Champion Pierre, « Communication sur la visite de la prison de Saint-Lazare », Commission du vieux Paris, Procès-verbaux, année 1930, Paris, Imprimerie municipale, 1931, p. 45-49.
85 Monin Henri, Lazard Louis (dir.), Sommier des biens nationaux de la Ville de Paris conservé aux Archives de la Seine, Paris, Commission des travaux historiques, 1920, t. I, p. 457.
86 AN, F31 77. Ernest Coyecque date cette partie du cadastre de 1810-1811.
Auteur
-
Isabelle Dérens
Ancienne responsable du Centre de topographie parisienne des Archives nationales
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