Deux siècles d’aménagement de l’estran en Saintonge maritime (1680-1880)

Thierry Sauzeau

p. 295-308


Texte intégral

1À l’instar du bassin d’Arcachon, du golfe du Morbihan ou de la baie du Mont-Saint-Michel, la Saintonge maritime regarde vers une mer intérieure : le « coureau ». Abrité par les îles, ce plan d’eau reçoit les eaux de la Charente, de la Seudre et de la Gironde. Ses rivages incertains n’ont pas « la rigueur du granit breton ou de la craie cauchoise1 ». La notion de trait de côte n’y a jamais été très pertinente. Jusqu’au xixe siècle, la zone de balancement des marées, l’estran, couvre une zone élargie. Côté terre, le complexe des salines accueille l’eau salée du flot de mars2. Le chevelu des chenaux fait pénétrer l’eau salée dans les terres. Côté mer, la zone intertidale s’étend aux bancs sablo-vaseux. Les aménagements sont nombreux autour de cette « mer des Pertuis » que les passes de Maumusson et Antioche relient à l’océan. Les côtes sauvages, ces battures naufrageuses du rail de Bordeaux3, ne sont pourtant pas délaissées. Les riverains hérissent ces « banches » d’écluses, sur Ré et Oléron4. Dans sa diversité, l’estran saintongeais se prête aux aménagements les plus variés. Les « pêcheries » colonisent les îles, côtés pile et face, les estuaires et leurs marais.

2Quoi de plus naturel que de cueillir ces fruits que la mer laisse en se retirant ? Les chartes médiévales signalent déjà les pêcheries dans le patrimoine des abbayes5. La seigneurie laïque n’est pas en reste6. L’ordonnance de 1584 évoque le « seigneur qui prétend avoir droict de fief esdits parcz et pescheries7 ». Attaquée sous les premiers Valois, la seigneurie reflue encore durant les guerres de religion, sous la pression des gens du littoral. L’ordonnance évoque encore les « plaintes faictes aux commissaires […] de parcz et pescheries construites de nouveau sur le bord et ès grèves de la mer, baies et emboucheures des rivières contre la forme ancienne8 ». La côte, comme la forêt ou les landes, restait « un bien foncier affecté d’une relative indétermination quant à son appropriation9 ». L’État moderne, quoiqu’affaibli, marque sa détermination à y porter remède. On ordonne que les installations « faictes et construites depuis 40 ans soient démolies ». Celles qui existaient avant 1544 seraient « restablies en leur premier estat10 ». Derrière cette prohibition, se profile déjà l’idée d’un monopole de pêche pour les seuls pêcheurs, d’une exclusion des riverains et d’une répression des pêcheries nuisibles à la navigation.

3À la fin du xvie siècle, le cadre normatif des aménagements halieutiques était posé. L’histoire de ces aménagements n’est ensuite rien d’autre que celle d’une confrontation. Comment le volontarisme d’État s’est-il accommodé des économies concurrentes de la prédation et de la production, avant que n’émerge celle de l’élevage ? La réaffirmation des règles sous Louis XIV peut servir de point de départ11. En Saintonge maritime, l’Amirauté de Marennes a joué un rôle régulateur du jeu entre pouvoir et riverains. La Révolution vient ensuite disperser les pouvoirs sur l’estran, permettant le développement anarchique des installations. Rendant à la seule Marine la haute main sur la côte, le décret de 1853 sur la pêche côtière organise l’espace pour faire une place à l’élevage huîtrier, à côté des activités de cueillette (prédation) et de pêche (production).

Le temps des prédateurs (1680-1792)

4Avant 1789, les fiefs saintongeais sont aux mains de grands feudataires – Rohan, Richelieu – ou de puissantes abbayes – Vendôme, Chancelade, Saintes. Par un effet de « vases communicants », un lent mais constant reflux de la seigneurie laisse place aux progrès de l’État12. Sans être la priorité politique, l’importance des règles d’aménagement de l’estran s’accroît. En 1584, on n’y dédiait que deux articles de l’ordonnance d’Henri III. En 1681, Colbert y consacre treize pages. La monarchie absolue crée alors un embryon de code des pêcheries. On distingue les « hauts et bas parcs, ravoirs, courtines et venets », filets tendus entre des pieux (trois articles), les parcs « dans la construction desquels entrera bois ou pierre » (deux articles), les « parcs appelez bouchots […] construits de bois entrelacez » (deux articles). Suivent des défenses contre les abus des détenteurs, seigneurs ou officiers (trois articles) et les implantations nuisibles à la navigation (cinq articles). Les six derniers articles répriment le braconnage. La monarchie absolue semble ne plus vouloir souffrir d’entreprises sur l’estran domanial. Il revenait à l’Amirauté d’orchestrer prévention et répression, en dialogue permanent avec les riverains.

Subsister grâce à la côte, prolongement du champ

5Le roi, père nourricier de ses sujets, pouvait-il décemment s’attaquer à l’exploitation traditionnelle de l’estran ? L’enquête de l’inspecteur général des pêches Le Masson du Parc éclaire les enjeux de cette question. Les fonds des amirautés et de la correspondance de la Cour avec l’intendant de Marine de Rochefort complètent la vision de l’enquêteur.

6Plutôt qu’une application de la loi dans toute sa rigueur, la monarchie se caractérise par une gestion souple du dossier. Dès 1702, en défenseur de sa généralité, l’intendant Bégon écrit à Pontchartrain :

« Je n’estime pas, Monsieur, que l’on doive détruire les parcs et pescheries qui sont le long des côtes […], attendu que ces sortes de pescheries fournissent à une partie de la subsistance des villages circonvoisins et mesme sont d’un grand secours pour cette ville [La Rochelle]13. »

7Les pêcheries dont dépend la sécurité alimentaire des riverains bénéficient de la tolérance et de l’attention royale envers le menu peuple des rivages.

8En 1727, venu « vérifier l’établissement, la construction et le nombre des parcs, écluses, gords et toutes autres espèces de pescheries14 », Le Masson du Parc trouve un estran aménagé pour la subsistance. Anecdotique, la pittoresque « pêche de la santée ou du salicot » fournit crevettes, crabes et petits poissons aux gens de Saint Palais. Les femmes pêchent à la balance – la « trullotte » – entre les roches, du haut d’un plancher sur pilotis15. Ces frêles aménagements sont les seuls rencontrés en Saintonge girondine. Le littoral ne comptait « aucun gorre ny pescherie comme il s’en trouve dans la coste opposée du Médoc16 ». Les gords [gorres ou gorets], bouchots de la Grande Ordonnance, sont des pêcheries en forme de « grands entonnoirs faits avec des pieux jointifs17 » entre lesquels des clayonnages de branches souples étaient méticuleusement tissés et entretenus.

9Les pêcheries à poisson appartiennent aux familles des écluses et des courtines. Le Masson du Parc recense un ensemble de 102 écluses18, leurs murs de pierres sèches ayant les huîtres pour seul ciment. Au bout du compte, la détention de « titres antérieurs à l’an 1544, […] en bonne forme » n’est exigée que pour « pouvoir lever quoyque ce soit sur la pêche19 ». La monarchie désigne donc l’exploitation seigneuriale banale ou foncière de l’estran à la vigilance et à la sévérité de l’Amirauté. En creux, on lit la tolérance pour les écluses en faire-valoir direct. L’enquêteur signale à 54 reprises l’écluse « occupée par [son propriétaire] qui la fait valoir » seul ou avec des « consorts ». Paysans et artisans, pluriactifs du littoral20 ne sont donc nullement exclus du partage des richesses halieutiques.

10L’enquête relève aussi, sans les dénombrer, trois types de filets tendus entre des pieux fichés dans l’estran sablo-vaseux. Un petit parc fermé, le « faillant » est utilisé en Seudre et dans les chenaux d’Oléron. Très répandue, la « colerette », demi-circulaire ou angulaire, est piquetée à pied sur l’estran et démontée après chaque marée, parfois à l’aide d’un acon, petite embarcation sans quille. Enfin les courtines, gréées avec des rets à sardines, dont les pieux sont robustement fichés dans le sol. Les pieux inventoriés au domicile des gens de mer21, attestent une exclusivité des seuls marins sur ces formes de pièges. Les « petits bateaux pour porter les pieux de courtines22 » échoués dans l’estuaire de la Charente soulignent leur place dans l’approvisionnement de Rochefort. L’activité est ici plus proche de la production – tournée vers la vente – que de la prédation liée à la seule subsistance.

11À côté des pêcheries de poissons, la filière huîtrière est également présente. Elle valorise la pêche sur les bancs de la mer des Pertuis. Par stockage dans les jas des salines, les sauniers font croître des huîtres plates où ils gagnent leur inimitable couleur verte. Une tradition non attestée fait remonter cette méthode au xvie siècle23. En 1688, l’intendant Arnoult décrit le procédé à Châteauneuf, secrétaire d’État en charge de la Religion Prétendue Réformée qui s’inquiétait de voir l’huître des protestants d’Arvert, sur la table de Louis XIV24. En 1727, Le Masson du Parc relève des « claires […] pour y faire verdir les huîtres que l’on pêche sur les roches » et des « parcs et réservoirs libres aux pêcheurs qui s’en servent et qui ne sont pour cela inquiétés de personne25 ». En quelques décennies, l’élevage huîtrier déborde les salines pour mordre sur l’estran. Les pêcheurs entament ainsi le monopole des sauniers sur l’affinage et sa plus-value. Les claires appartiennent déjà au paysage côtier d’Ancien Régime.

12Au xviiie siècle, la Saintonge connaît un aménagement dynamique de son estran. La tolérance à l’égard d’activités de subsistance n’exclue pas le développement d’installations de production de surplus commercialisables. De nécessaires recadrages interviennent régulièrement face aux mutations de ces activités.

L’Amirauté, entre prévention et répression

13L’application de la loi répond surtout aux empiètements sur la domanialité et aux entraves à la navigation. En 1757, au baron de Châtelaillon qui revendique les « droits d’eau, de pescheries et naufrage dans l’étendue de la baronnie », l’Amirauté de La Rochelle rappelle que « ces droits sont essentiellement royaux26 ».

14Le périmètre de sécurité des ports et des rades est une priorité. En 1720, on dénonce les agissements du « seigneur de l’île de Rhé, qui est un marchand et donne des baillettes à tous ceux qui veulent et bâtissent des écluses […] ce qui cause la perte de plusieurs vaisseaux27 ». En revanche, la rade de l’île d’Aix, qui accueille les concentrations de voiles de la Marine, est « sanctuarisée ». En 1739, on constate qu’il n’y a « à Rochefort, ni dans son étendue de parcs ni écluses28 ». Sur le littoral d’Oléron, la situation est différente. Les écluses y présentent des murailles trop élevées au regard de l’ordonnance de 1681. Cependant, outre qu’il eût été « impossible à ceux qui les construisent d’y rien prendre s’ils observaient pour la hauteur la Police », ces pêcheries sont « éloignées […] du passage ordinaire des vaisseaux ». On plaide même pour que « le nombre en fût augmenté de manière [à] servir de digue et rompre les lames qui rongent le terrain29 ». Sur la grande terre, l’écluse du Chapus est tolérée au motif que son exploitant entretient une balise pour empêcher les échouages30. En 1853, le préambule du décret sur la pêche côtière livre la clé de cette attitude variable :

« Un arrêt du conseil du 21 avril 1739 institua une commission pour juger de la validité ou de l’invalidité des titres des possesseurs de pêcheries. Cette commission maintes fois renouvelée ne put jamais procéder qu’équitablement : plusieurs parcs furent détruits mais on en conserva beaucoup plus, quand il fut reconnu qu’ils ne nuisaient pas à la navigation, y compris s’ils étaient de construction récente, et dans le cas d’être démolis. »

15Encouragée sur la grande côte, cette colonisation de l’estran était redoutée sur les rives de la mer des Pertuis, en proie à la déprise salicole31. En 1746, un arrêt du Conseil royal mentionne « les alluvions de la rivière de Seudre [où] depuis près d’un siècle il ne s’y était fait aucun établissement de marais sallant32 ». La productivité des sauniers baisse à mesure que leurs propriétaires renoncent à de coûteux travaux d’entretien33. La mer qui reprend ses droits dans les marais bas favorise la réussite de l’affinage des huîtres. La reconversion des salines en « réservoirs à huîtres » s’y réalise finalement en douceur. À l’avant des marais, l’estran vaseux fait aussi l’objet d’une mise en valeur. En 1762, un arrêt du Conseil d’État ordonne aux « propriétaires et tenanciers […] de faire démolir 52 claires ou réservoirs formés de terre mouvante sur le chenal d’Ors et 90 claires ou petits parcs fermés par des murs de pierres sèches dans les dehors de la citadelle du Château-d’Oléron et généralement toutes les [installations] construites sur les bords, terrains plats, vasards de la rivière de Seudre34 ». Bien qu’exécuté, l’arrêté n’évite pas la récidive. En 1774, l’Amirauté constate « le rétablissement des claires condamnées en maints endroits de la rivière, laquelle est obstruée par ces établissements35 ». Devant la vitalité de cette branche d’activité, l’arrêt du Conseil du 24 août 178436 concède au maréchal de Richelieu « tous les lais de la rive droite, depuis le chenal de Dercie jusqu’à la côte de la Matte ». Les réservoirs doivent s’y cantonner « sur une largeur de 100 toises [150 mètres], à partir de la haute mer des mortes eaux ». L’estran vaseux de la Seudre gagne là un embryon de définition pratique du périmètre dévolu au domaine public maritime.

16Avant 1789, la gestion de l’aménagement de l’estran obéit donc à trois principes. Il faut effacer les vestiges de la seigneurie littorale. La protection de la navigation et des salines détermine les contours du plan d’occupation de la côte. Dans ces limites, les aménagements favorisant la sécurité alimentaire ou la protection des côtes semblent encouragés. Quoique réaffirmée par la Grande Ordonnance de la Marine de 1681, la domination de l’État sur l’estran n’est pas totale. Dominique Guillemet affirme – avec raison – qu’au xviiie siècle, « le roi devint seigneur par un mélange d’intérêts géostratégiques et financiers37 ». Les tâches de ces Messieurs de l’Amirauté sont bien lourdes et leurs moyens matériels et humains, bien légers38. L’enjeu de l’estran reste la subsistance plus que le commerce. La faible croissance de la population riveraine et les blocages de la filière pêche – fiscalité, capital, technique – maintiennent le modèle économique dans un état d’équilibre. Les pêcheurs-producteurs étaient protégés. Les paysans-prédateurs, disposent d’un « droit de vain poissonnage en somme39 ». L’estran est un prolongement du champ, un espace faiblement contraint dont l’occupation est réglée en communauté40 sous l’égide de l’Amirauté41.

Le temps des producteurs (1793-1853)

17Sur l’estran, la Révolution fait sauter les verrous traditionnels. Les correspondances des bureaux des Classes en fournissent un témoignage direct. L’abolition de la seigneurie et de l’Amirauté modifie le rapport à la côte. L’ouverture du marché intérieur inaugure une ère d’expansion commerciale42. Entre État et riverains, les compromis anciens attendent une remise à plat. Arrimés à la croissance du commerce et profitant des hésitations de la puissance publique, les producteurs se préparent à prendre le meilleur sur les prédateurs, les pêcheurs sur les paysans, le commerce sur la subsistance.

Pêcher pour vendre

18De 1789 à 1815, la guerre occupe tout l’espace. Il faut attendre 1824 pour que l’estran réapparaisse dans les dossiers. La dénonciation de l’individualisme révolutionnaire vient appuyer l’action pour une gestion collective des ressources. C’est alors avancer un peu plus sur la voie d’un monopole pour les gens de mer, « populations maritimes, spécialement appelées par leur état, à recueillir les produits de la mer43 ».

19La filière huîtrière dépasse pourtant la seule pêche. Le retour à la paix l’intégre à des réseaux commerciaux. Dopée par une demande bordelaise accessible par bateau-vapeur, la production passe de 22 millions d’huîtres en 1825 à 37 millions en 1857. La pêche locale ne fournit plus que 15 % des apports. La différence provient d’achats extérieurs, que les marchands stockent dans leurs viviers et leurs claires. En 1861, le métier devient un « genre d’industrie très dispendieux » dominé par une catégorie « de spéculateurs qui possèdent jusqu’à 20 ou 30 claires, dont 8 à 10 sont toujours en repos ». La déprise des salines avait favorisé l’expansion. Vers 1820, les 5 000 claires de la Seudre couvraient 250 ha ; en 1860, on en compte 20 000 étendues sur 600 ha44. Les prises de possession anarchiques de l’estran vaseux expliquent cette expansion :

« On a vu des éleveurs rétrécir le lit de la Seudre, obstruer les canaux des marais salants, pour y faire des parcs à huîtres. […] Ils coupent des bandes de gazon, les transportent au moyen d’embarcations […] puis, à la mer basse, ils les arrangent de manière à former de petites digues. Or, on sait que les eaux de la Seudre charrient du limon. […] Retenu ici par les gazons, il se précipite, reste sur place, et le terrain s’exhausse assez en peu de temps pour recevoir des huîtres. C’est ainsi qu’on a vu surgir des terres là où, peu de temps avant, il y avait encore plusieurs pieds d’eau45. »

20Passé le temps de l’initiative individuelle, le phénomène de concentration a joué à plein. La monarchie de Juillet, sacrifiant au libéralisme économique, a refusé d’endosser les fonctions protectrices et nourricières des Bourbons46.

21Ce libéralisme produit les mêmes effets du côté des pêcheries. D’une centaine d’écluses recensées en 1727, on passe à 244 en 185347. La guerre et la crise des activités maritimes avaient exposé les espaces « sanctuarisés » de l’Ancien Régime. Après 1815, on édifie une écluse à la pointe de la Fumée, à Fouras, deux sur l’île Madame et l’île d’Aix en compte désormais six48. D’autre part, le platin de Saint-Trojan, refuge pour les navires passant par Maumusson, accueille quatre gords49. Ces pêcheries améliorent la subsistance des pauvres et elles profitent aussi aux notables comme le « juge de paix à Saint-Pierre d’Oléron50 ». Enfin, faillants, colerettes et courtines continuent d’être tendus sur l’estran de la mer des Pertuis « par plus de 552 hommes dans ces quartiers, dont 352 inscrits51 ».

22Après l’explosion d’individualisme de la Révolution, le virage libéral de la monarchie de Juillet accélère le mouvement en direction d’une colonisation sans précédent de l’estran. Hérissé de pêcheries, de claires et de viviers à huîtres, la côte bascule dans l’économie de marché. On assiste à une concentration entre les mains des notables et marchands. Le tout étant favorisé par une cacophonie administrative, fille de réformes révolutionnaires jamais terminées.

Le temps des appropriations dans la confusion

23À partir de 1792, le pilotage unique qu’exerçait l’Amirauté disparaît. La répression des délits échoit aux tribunaux civils, les autres pouvoirs à une Marine affaiblie. Ses compétences sont encore réduites par la loi du 29 floréal an X (19 mai 1802) sur la grande voirie52. Les Ponts et Chaussées contrôlent bientôt aménagements portuaires et pêcheries. Les municipalités s’impliquent aussi pour défendre l’accès à « leurs » côtes53. Enfin, l’administration des Domaines juge qu’elle a aussi son mot à dire.

24Chaque institution entend intervenir sur l’estran en fonction de ses propres missions. La filière huîtrière a fait de l’estran un petit far west où s’exerce la loi du plus fort. En 1829, le préfet de Charente-Inférieure alerte la Marine sur cette dérive. Le ministre propose à ses homologues des Finances et de l’Intérieur qu’une « commission mixte composée du Maire, du directeur des Domaines, d’un ingénieur des Ponts et Chaussées, du Commissaire à l’Inscription maritime et d’un officier de Marine » examine les demandes de concessions54. Cela n’aboutit pas. La régie des domaines prend alors l’initiative non seulement de distribuer des droits d’usage de l’estran et aussi de prononcer des aliénations. En 1832, l’ingénieur en chef constate les avantages « de l’occupation d’une portion du terrain domanial. Si l’administration soumettait la jouissance des vastes relais de mer […] à des mesures régulières, elle satisferait à la fois les intérêts relatifs 1° à l’ordre et à la police de conservation de la Seudre, 2° aux revenus du Trésor et à l’exploitation même de la pêche des huîtres55 ». Il s’agit d’amodier les relais de mer, zones où « la mer […] a cessé définitivement de couvrir les grèves, [qui] entre[nt] alors dans le Domaine de l’État et devien[nen]t susceptible[s] d’aliénation, aux termes de l’art. 41 de la loi du 16 sept. 180756 ». L’explosion du nombre de claires est le résultat d’une course pour transformer le rivage, domaine public inaliénable, en relais de mer, domaine privé de l’État, et ouvert comme tel aux concessions à bail.

25L’estran relevant du Domaine public est l’espace privilégié des parcs, viviers ou dépôts d’huîtres. Une jurisprudence ancienne en confiait le soin à la Marine57. Comme à Cancale, où ils sont autorisés depuis 181658, il s’agit de « carrés de terrain entourés de pierres plates d’un décimètre au plus de hauteur59 » voire de « clayonnages en tamarin, ou autre bois flexible60 ». Par un règlement de 1841, la Marine lance un vaste mouvement de colonisation. Les bancs d’huîtres ruinés sont lotis et distribués aux demandeurs61. Expérimentale, cette opération révèle de graves lacunes. Une véritable « guerre des huîtres » fait bientôt rage62. Les parcs à huîtres étant régulièrement « dévastés par les pêcheurs à la drague », le commissaire de la Marine doit en appeler à la gendarmerie pour constater les flagrants délits63. D’autre part, chaque commune désire des parcs, au bout de ses champs. En 1846, il faut alors un détachement de troupes de lignes, venues du Château-d’Oléron pour mater « les habitants de Dolus, venus détruire et piller les viviers de leurs voisins du Château64 ». Enfin, le plus grave est peut-être la question sociale qui n’a pas été anticipée. Le constat est dramatique : « les pêcheries appartiennent presque exclusivement à des habitants […] de conditions étrangères à la navigation. […] Ces viviers sont affermés aux pêcheurs et commerçants d’huîtres à des prix excessifs65 ».

26Dans ce contexte, on comprend que les pêcheries à poisson n’occupe pas le devant de la scène. On n’observe guère qu’une seule destruction d’écluse, à Fouras, « dans un passage fréquenté par les barques de passage, tant particulières que de l’État66 ». Hors des rades rochefortaises, ni les naufrages sur Oléron67, ni les écluses établies « là où les pêcheurs mouillaient autrefois [et qui] empêchent les navires d’approcher de la côte68 » n’entraînent de réaction. La Marine est esseulée en 1843. C’est après avoir établi ensemble les gords de Saint-Trojan – qui « entravent l’entrée et la sortie des bâtiments et tendent à l’encombrement des fonds69 » – que Marine et Ponts et Chaussées en décident la destruction.

27Dans la première moitié du xixe siècle, la Saintonge côtière connaît un mode de développement libéral. Sous le regard d’institutions concurrentes, les aménagements se multiplient sans plan concerté. Au début du Second Empire, les déséquilibres écologiques, économiques et sociaux sont tels que la crise est inévitable et la remise à plat, urgente. Entre 1793 et 1853, l’estran saintongeais a connu une exploitation débridée de ses ressources. Face à la déprise salicole, l’économie huîtrière colonise chaque pouce disponible de l’estran. Un cordon de claires basses ceinture les salines. L’estran se couvre de parcs et viviers où ceux qui pouvaient en différer la vente – les marchands – déposent leur pêche. C’est alors que les salines de Brouage cèdent la place au bassin de Marennes-Oléron70. Par ailleurs, d’évidents besoins frumentaires multiplient les pêcheries à poisson. Le décret de 1853 sur la pêche côtière vient clore cette période et offrir un cadre à de nouveaux modes de développement, plus durables, qui existent encore aujourd’hui.

Le temps des éleveurs (1854-1880)

28Prenant acte des crises qui couvaient depuis les années 1830, le Second Empire scelle finalement le sort de l’estran. L’urgence est à la restauration des ressources. La répression est bien réactivée, mais faire du « pêcheur un braconnier en puissance71 » ne suffit plus. Il convenait de se donner les moyens de restaurer un écosystème et plus seulement de le protéger. Face à ce défi, l’État dispose d’instruments neufs, produits de la science et de l’ère industrielle. Cependant, l’industrialisation favorise aussi le marché des produits de la mer : distribution et consommation croissantes réclament une production adéquate. Sur le terrain social, les pouvoirs publics sont aussi à la croisée des chemins. La période 1853-1880 est celle de nouveaux équilibres où cueillette et filière pêche apprennent à cohabiter avec les pionniers de l’ostréiculture.

La marche vers l’ostréiculture

29Le décret de 1853 donne à la Marine une place centrale. Face aux écluses, elle était restée paralysée. Par décision ministérielle, 58 des 237 pêcheries recensées sur Oléron sont supprimées72. Un mélange de sévérité et de mansuétude permet le règlement du dossier, malgré les résistances. Grâce à la médiation des maires, on obtient les destructions contre la réduction des peines infligées aux contrevenants pris en flagrant délit de réparation des écluses prohibées73. Le préfet de Charente-Inférieure peut bien évoquer « les effets fâcheux du décret de 1853 », le Préfet Maritime n’en a cure. Il est fier d’avoir « fait disparaître de nombreux abus qui entravaient l’essor de la pêche en bateaux, c’est-à-dire l’industrie la plus digne de sollicitude74 ». Le monopole de pêche au profit des seuls gens de mer restait d’actualité. En 1867, pour une question environnementale considérant que « les murs d’écluses en pierre protègent les rivages contre les attaques du flot75 », le rétablissement des écluses à poissons est décidé, les décisions de destruction sont ajournées.

30L’autre défi consiste à sortir la filière huîtrière d’une crise qui produit « l’inconvénient signalé par […] l’ordonnance de 1681, c’est-à-dire la spoliation à l’égard des gens de mer76 ». Une décennie est nécessaire pour mener à bien la réforme agraire de l’estran. Seul le domaine public est concerné. L’année 1854 est consacrée à recenser les aménagements existants77 sous la pression de gens de mer bien conscients des enjeux78. On se met ensuite à rechercher des terrains vacants pour des concessions supplémentaires79 avant de procéder à la « nouvelle répartition autorisée par la dépêche du 20 mars 185680 ». On arrête finalement le principe que « pour protéger efficacement les pêcheurs et leur fournir une indépendance relativement à l’époque de la vente, il importe que chacun d’eux soit pourvu d’un vivier et au moins une claire81 ». L’année 1864 est occupée à réaliser « le plan de division parcellaire [ainsi que] les opérations sur le terrain (posage des balises, arpentages) ». On organise une « enquête dans chacune des communes82 ». En 1866, on ouvre ces registres de pêcheries83 qui nous révèlent la carte du domaine public maritime. Dans le quartier de Marennes, deux ensembles de parcs ostréicoles encadrent l’embouchure de la Seudre : le banc de Ronce, 380 viviers ; la pointe du Chapus, 335. Par ailleurs, au fond de l’estuaire, 300 claires ont été distribuées entre Mornac et l’Éguille sur des terrains restés en marge des aliénations réalisées par l’administration des Domaines dans les décennies précédentes. Dans le quartier d’Oléron, on peut estimer à 400 les viviers entre Saint-Trojan et Le Château, Dolus ayant obtenu 50 viviers, à l’entrée du chenal d’Arceau. Le lotissement de l’embouchure de la Charente compte 180 viviers à Saint-Nazaire, 200 à Fouras et 110 à l’île d’Aix où autant de claires sont concédées. Enfin, les installations royannaises se limitent à 10 parcs et 2 claires84. Moins féminisé que chez les étalagistes de Cancale85, le groupe des détenteurs de viviers est à 85 % composé d’hommes. Environ 65 % des concessionnaires sont gens de mer. Les lots refusés ou abandonnés vont pour 10 % à des marchands86, 5 % à des artisans et 5 % à des paysans.

31Vers 1870, la Marine est parvenue à une forme de recapitalisation de la filière huître. Elle pousse à l’adoption de l’ostréiculture par captage du naissain, conformément aux expérimentations réussies par Victor Coste, dans les fermes aquacoles impériales d’Arcachon. Depuis 1863, les éleveurs placent « dans leurs viviers la plus grande quantité possible de pierres sur lesquelles le naissain se fixe abondamment87 ». Malheureusement, l’huître plate – Ostrea edulis – est devenue trop rare pour pérenniser cette activité. L’avarie du Morlaisien, navire chargé d’huîtres du Tage – crassostrea angulata – permet la régénération des bancs naturels. L’obstacle biologique est ainsi dépassé dans les années 1870, à la faveur de la dissémination accidentelle d’une nouvelle espèce d’huître dans l’écosystème charentais.

Cueilleurs, pêcheurs et ostréiculteurs : l’estran disputé

32Le Second Empire réalise en quelques années une réforme de grande ampleur pour rendre aux riverains les moyens de subsister tout en les intégrant aux rouages de l’économie de marché. C’était sans compter le paupérisme qui régnait et favorisait les fraudes. À quoi servait-il de posséder une claire ou un vivier si on n’avait pas de quoi s’approvisionner ? On constate que des « détenteurs de viviers à huîtres louaient leurs pêcheries dans le quartier de Saint-Trojan au mépris de l’art. 169 de la loi du 4 juillet 185388 ». L’affaire Gabiou, marchand à Étaules, révéle un montage compliqué, impliquant de multiples hommes de paille. À l’aide d’attestations de riverains, la qualité de gens de mer est usurpée dans le but de contrôler indûment des viviers89. Au sein du bassin, de telles affaires soulignent la dépendance économique des éleveurs Oléronais à l’égard des marchands de la Seudre. L’autre abus consiste à continuer à aménager des claires en toute illégalité90 quoique le lit de la Seudre soit clairement balisé, et toute nouvelle installation prohibée depuis 185891.

33Un cran au-dessous, les pêcheurs à pied ont bien du mal à intégrer la notion de concession ostréicole. L’incompréhension est totale : « bien que les viviers n’aient été établis que sur des fonds où ne croissaient pas d’huîtres, les riverains ne peuvent se figurer qu’il leur est interdit de se rendre en masse à la côte ramasser les huîtres déposées dans les établissements92 ». Le phénomène n’est pas nouveau mais la volonté d’y faire face met en lumière le problème de « la pêche à pied [pratiquée par] 2 000 à 3 000 individus venant de 3 à 4 lieues à la ronde93 ». Aussi l’administration donne-t-elle son accord à une forme d’autodéfense. Une « association des pêcheurs de la Seudre » présidée par Bargeau, pêcheur et maire de La Tremblade94, est constituée. Elle fédère les syndicats des différents lotissements95, dotés chacun d’un garde élu et payé par des cotisations.

34Ce dispositif complète le maigre réseau des gardes maritimes : quatre sur Oléron la naufrageuse (Le Château, La Cotinière, Le Douhet et Boyardville)96 ; « un Garde Maritime, un Gendarme, un Inspecteur des Pêches pour trois quartiers et enfin l’équipage d’un bateau garde pêche » en Seudre97. À la fin des années 1870, l’État tire les conséquences de l’insécurité croissante. On ordonne que « des revolvers modèle 1858 avec leurs accessoires soient remis aux inspecteurs des pêches, aux syndics des gens de mer et aux gardes maritimes98 » : la côte dont le quotidien tourne au far west aurait désormais ses shérifs.

35La réforme des années 1850-1860 représente une étape déterminante dans la fondation de la filière ostréicole. La réussite de la Marine reste pourtant fragile. La « conquête de l’ouest » impose aux acteurs des règles de vie commune sur l’estran bien difficiles à respecter.

36Le décret de 1853 sur les pêches côtières marque la fin d’un cycle de développement « libéral et spontané » sur la côte. L’acte de souveraineté du Second Empire clôture une ère de cogestion conflictuelle entre administrations concurrentes. Les correspondances révèlent les étapes de mise en œuvre de cette politique volontariste. Les objectifs gouvernementaux sont environnementaux, économiques et sociaux. Fait nouveau, on prête l’oreille à une « OPA de la science naturaliste sur le monde aquacole dont elle prétendait fournir la maîtrise99 ». L’idée de cultiver la mer comme on le fait d’un champ impose un mouvement de cadastre et de concessions sur l’estran. En quelques décennies, la côte des prédateurs et des producteurs a dû faire une place à celle des éleveurs. Après bien des tâtonnements et des échecs, la société des paysans de la mer émerge en Saintonge, au moment où le chemin de fer et le tourisme prennent à leur tour leur envol.

*

37La richesse halieutique de l’estran saintongeais a de tout temps excité les convoitises. L’histoire de ses aménagements est d’abord celle de compétitions croisées. À partir du xviiie siècle, l’État a imposé en douceur son autorité. La monarchie des Bourbons est soucieuse de ne pas rompre les équilibres frumentaires traditionnels. La politique est alors facilitée par des facteurs endogènes, comme la gestion collective des ressources, et exogènes, comme la situation d’un « pays des isles » périphérique et mal relié aux marchés de consommation. Ce fragile édifice s’écroule sous les coups de boutoir de l’individualisme de la Révolution, du libéralisme de la Restauration et de l’industrialisation. En pleine déprise des salines, le pays de Brouage fait supporter sa reconversion économique à l’estran qui renaît sous les traits du bassin de Marennes-Oléron. L’ultime étape consiste à structurer cette économie côtière. Sous le Second Empire, l’estran considéré comme un capital productif fait l’objet d’un projet en trois dimensions : économique, environnementale et sociale. La conversion définitive à l’ostréiculture intervient entre 1863 et 1873. Cette privatisation des usages du domaine public maritime est mal vécue par les riverains. Qu’importe, à 250 ans d’intervalle, le rêve d’Henri III s’accomplit enfin. En deux siècles, la Marine a nationalisé l’estran, elle en a confié le monopole aux professionnels tout en marginalisant les riverains.

Annexe

Annexe I. La Saintonge maritime et les aménagements de son estran (xviiie-xixe siècles)

Image 10000000000002A4000002962CFF0F246F8D668B.jpg

Notes de bas de page

1  Bavoux J.-J., Les littoraux français, Paris, A. Colin, 1997, p. 3.

2  Les laisses de haute et basse mer du flot de mars servaient de points de référence à la définition du rivage suivant la grande ordonnance de la Marine de 1681.

3  À ce sujet, lire Peret J., Naufrages et pilleurs d’épaves sur les côtes charentaises aux xviie et xviiie siècles, La Crèche, Geste Éditions, 2005, 263 p.

4  Boucard J., Les écluses à poisson de l’île de Ré, Rupella, 1984 ; Morrisset C., « Les écluses à poisson », Cahiers d’Oléron, numéro spécial « Gens de mer », n° 10, avril 1993.

5  Sarrazin J.-L., La campagne et la mer. Les pays du littoral poitevin au Moyen Âge (fin xiie-milieu xve siècle), thèse de doctorat d’État, Paris IV, 1997, voir notamment les chap. i et iv.

6  Un exemple édifiant dans Casse J.-P., « Droits maritimes et juridictions en pays de Buch (xiiie-xviiie siècle) », dans Des villes, des ports, la mer et les hommes, 124e congrès du Comité des travaux historiques et scientifiques, Nantes, 1999, CTHS Éd., 2001, p. 26-39.

7  « Édit du Roi concernant les ordonnances et réglemens de la juridiction de l’Amirauté (mars 1584) », dans Pardessus J.-M., Collection de lois maritimes antérieures au xviiie siècle, Paris, Impr. royale, 1828-1845, 6 vol. in-4°, t. IV, p. 320.

8  « Édit du Roi… », article 84.

9  Delbos G., « De la nature des uns et des autres, à propos du dépeuplement des eaux marines », dans N. Mathieu et M. Jollivet, Du rural à l’environnement, la question de la nature aujourd’hui, Association des ruralistes français, L’Harmattan, 1989, p. 50-63.

10  « Édit du Roi… », article 85.

11  Livre cinquième de la grande ordonnance de la Marine de 1681, intitulé « De la pesche qui se fait en mer », le titre III : « Des parcs & pescheries ».

12  Voir les actes du colloque tenu à l’université Bretagne Sud. Le Bouëdec G. et Chappé F., Pouvoirs et littoraux du xve au xxe siècle, Rennes/Lorient, PUR/université Bretagne Sud, 2000, 720 p.

13  SHD Rochefort, correspondance de l’Intendant avec la Cour, 1E 34. Lettre du 15 janvier 1702.

14  AD Charente-Maritime, 4 J 3440. Amirauté de Marennes, f° 1.

15  Ibid., fos 19 et 20.

16  Ibid., f° 3.

17  Duhamel du Monceau, Traité général des pêches, Paris, 1772, section II, chap. iii, « Des pêches sur le rivage », paragraphes 5 et 7, p. 51.

18  On a exclu 14 établissements que Le Masson du Parc signalait comme « ruinés » ou « en décadence ».

19  AD Charente-Maritime, 4 J 3440. « Amirauté de Marennes », f° 101.

20  De passage le 15 septembre en Seudre, Le Masson du Parc ne put observer les pêches décrites « à cause du tems des vendanges qui se faisaient actuellement », ibid., f° 24.

21  AD Charente-Maritime, inventaires Moreau et Blanchard, 3 E XX/534 et 3 E XX/608.

22  Ibid., fos 81, 84, 85 et 87.

23  Suivant Grelon M., Saintonge, pays des huîtres vertes, La Rochelle, Rupella, 1978, p. 34.

24  BnF, fonds Arnoult. Manuscrit n° 21 329, p. 412 et 438, réponse de l’Intendant de la Marine Arnoult au ministre Châteauneuf, 1688.

25  AD Charente-Maritime, 4 J 3440. « Amirauté de Marennes », f° 76.

26  AD Charente-Maritime, fonds de l’Amirauté de La Rochelle, B 5639.

27  Ibid., B 5634. Lettre du 13 août 1720.

28  Ibid., B 5634. Lettre du 15 décembre 1739.

29  AD Charente-Maritime, 4 J 3440. « Amirauté de Marennes », f° 51.

30  AD Charente-Maritime, Administration royale, C 39.

31  Mille S., « Les espaces du sel au xixe siècle en Charente Maritime », actes du colloque Les sociétés littorales du centre-ouest atlantique, Rochefort, SAO Éd., 1996, p. 663-681.

32  AD Charente-Maritime, Amirauté de Saintonge sise à Marennes, B 46. Années 1777-1781.

33  Edessa F., Les sauniers de l’île d’Oléron au xviiie siècle, mémoire de master 1, Poitiers, 2001.

34  AD Charente-Maritime, Amirauté de Saintonge sise à Marennes, B 145. Année 1762.

35  AD Charente-Maritime, Amirauté de Saintonge sise à Marennes, B 157. Année 1774.

36  Le Terme C.-E., Règlement général et notice sur les marais de l’arrondissement de Marennes, Rochefort, 1826, p. 288-289.

37  Guillemet D., « Seigneuries insulaires du Ponant et monarchie (xvie-xviiie siècle) », dans G. Le Bouëdec et F. Chappé, Pouvoirs et littoraux du xve au xxe siècle, Rennes/Lorient, PUR/université Bretagne Sud, 2000, p. 41-56.

38  À Marennes, 10 à 12 gardes patrouillaient sur les 200 km de côtes. Ils étaient sous les ordres de 3 garde-côtes généraux (Gironde, Seudre, Oléron). Le corps des officiers comprenait un lieutenant général, 6 à 8 procureurs postulants, le greffier et 4 huissiers. Selon Péret J., Naufrages et pilleurs d’épaves…, op. cit., p. 89-102.

39  Delbos G., « De la nature des uns et des autres,… », op. cit., p. 52.

40  AD Charente-Maritime, Amirauté de Saintonge, B 147. 1764 « Règlement et partage des pêcheries entre les pêcheurs de Marennes et élection de leur syndic » en application de la Déclaration Royale de 1729.

41  Selon Castan N. et Castan Y., Vivre ensemble. Ordre et désordre en Languedoc xviie-xviiie siècle, Paris, Gallimard, 1983, « la transgression de la norme de la communauté était directement punie par elle ». L’Amirauté se limitait à ces « cas extrêmes, où l’arbitrage exogène par les agents du pouvoir était indispensable ».

42  La flottille de pêche du quartier de Marennes comptait 10 barques de pêche en 1727 et 80 en 1825.

43  SHD Rochefort, 10P 2-3. Correspondance au départ du bureau des Classes de Marennes, lettre n° 790, 21 juillet 1825.

44  Notre article, « Du sel aux huîtres : la mutation socio-économique du littoral saintongeais (xviie-xixe siècle) », Poitiers, avril 2003, Revue historique du Centre-Ouest, t. II, 2e semestre 2005.

45  Coste V., Voyage sur le littoral de la France et de l’Italie, Paris, 1861, p. 126.

46  On peut appliquer à notre objet d’étude cette conclusion de Bourguinat N., Ordre naturel, ordre public et hiérarchie sociale dans la France de la 1re moitié du xixe siècle, thèse de doctorat, université Lyon II, 1997.

47  Le décret du 8 juillet 1853 prononçait la destruction de 58 des 237 pêcheries d’Oléron.

48  SHD Rochefort, 7P 8-3. Correspondance au départ du bureau des Classes de Rochefort, lettre n° 59 du 25 novembre 1816.

49  SHD Rochefort, 11P 2-2. Correspondance au départ du bureau des Classes d’Oléron, lettre n° 55 du 10 mai 1843.

50  SHD Rochefort, 11P 2-4. Correspondance au départ du bureau des Classes d’Oléron, lettre n° 215 du 15 septembre 1853.

51  SHD Rochefort, 11P 1-32. Dépêches ministérielles à l’arrivée du bureau des Classes d’Oléron, lettre du 13 octobre 1857.

52  Complétée par le décret du 10 avril 1812 qui l’étendit aux travaux maritimes. Sur ces aspects institutionnels, lire le rapport Royer-Collard, juriste, p. 54 à 58 édition du Décret du 4 juillet 1853 portant règlement sur la police de la pêche maritime côtière, Paris, Impr. nationale, 1880.

53  On renvoie ici à l’article de Bourguinat N., « L’État et les violences frumentaires en France sous la Restauration et la monarchie de Juillet », Ruralia, n° 1997-01, Varia, qui souligne « le développement de l’institution municipale, sorte de point de rencontre entre gouvernants et gouvernés, pendant les premières décennies du xixe siècle », op. cit.

54  Décret du 4 juillet 1853…, op. cit., p 58.

55  AD Charente-Maritime, Série S, Travaux publics et transports, 4S : Mer, ports et transports maritimes, 4 S 378. Demande écrite de Pierre Pollard, pêcheur et marchand d’huîtres à La Tremblade.

56  Décret du 4 juillet 1853…, op. cit., p. 60.

57  Le décret de 1853 se référait à l’ordonnance du 24 juillet 1516, maintenant les étalages et parcs à huîtres de Granville et Cancale sous la surveillance de l’administration de la Marine, op. cit., p. 57.

58  Salitot M., Modes d’appropriation du rivage. La baie du Mont-Saint-Michel, L’Harmattan, coll. « Maritimes », p. 103.

59  SHD Rochefort, 11P 2-3. Correspondance au départ du bureau des Classes d’Oléron, lettre n° 106, du 1er octobre 1847.

60  SHD Rochefort, 11P 2-3. Id., lettre n° 100, du 7 septembre 1846.

61  SHD Rochefort, id., lettre n° 109 du 24 mai 1841, Règlement sur la pêche des huîtres, articles 13, 14 et 15.

62  Le même phénomène a aussi touché les États-Unis selon Leffler M., « Oyster Farming vs Oyster Hunting », université du Maryland [http://www.mdsg.umd.edu/oysters/history/history.html].

63  SHD Rochefort, 11P 2-2. Correspondance au départ du bureau des Classes d’Oléron, lettre n° 80, du 23 décembre 1844.

64  SHD Rochefort, 11P 2-3. Correspondance au départ du bureau des Classes d’Oléron, lettre n° 97, du 7 septembre 1846.

65  SHD Rochefort, 11P 1-30. Dépêches ministérielles à l’arrivée du bureau des Classes d’Oléron, lettre du 28 mars 1851.

66  SHD Rochefort, 7P 8-2. Correspondance au départ du bureau des Classes de Rochefort, lettre n° 30 du 12 novembre 1813.

67  SHD Rochefort, « Le Suzanne et Laetitia », 11P 2-1. Correspondance au départ du bureau des Classes d’Oléron, lettre n° 577, du 23 septembre 1833 ; « Le Jeune Arnaudet », 11P 2-3. Id., lettre n° 89, du 27 août 1846.

68  SHD Rochefort, 11P 2-1. Id., lettre n° 266, du 6 avril 1831.

69  SHD Rochefort, 11P 2-2. Id., lettre n° 55, du 10 mai 1843.

70  Notre article, « De la terre du sel à celle des huîtres », L’Actualité Poitou-Charentes, n° 69, numéro spécial paysages, juillet-août 2005, Espace PMF Éd., Poitiers.

71  Cette conception officielle était le résultat de toute la législation depuis le xvie siècle suivant Delbos G., « De la nature des uns et des autres… », op. cit., p. 52.

72  SHD Rochefort, 11P 1-30. Dépêches ministérielles à l’arrivée du bureau des Classes d’Oléron, lettre du 21 juillet 1853.

73  SHD Rochefort, 11P 1-30. Id., lettre du 2 septembre 1854 où le maire de St-Georges obtenait la réduction d’une amende de 250 F à 25 F pour 10 paysans de Sauzelle « 5 non imposé très malheureux » et « 5 possédant quelques ares de vignes et terres, bien insuffisants pour nourrir leur famille nombreuse ».

74  SHD Rochefort, 11P 1-32. Id., lettre du 27 avril 1857.

75  Arrêté du 21 décembre 1867.

76  SHD Rochefort, 11P 1-30. Id., lettre du 28 mars 1851.

77  SHD Rochefort, 11P 2-4. Correspondance au départ du bureau des Classes d’Oléron, lettre n° 115, du 1er mai 1854 : « Le recensement des pêcheries d’huîtres du canton du Château est terminé ».

78  SHD Rochefort, 11P 2-4. Id., lettre n° 466, du 7 janvier 1854 : « Je suis d’avis d’attendre le résultat du travail dont on s’occupe maintenant et […] je vous transmettrais toutes les demandes, assorties des droits des réclamants. »

79  SHD Rochefort, 10P 2-6. Correspondance au départ du bureau des Classes de Marennes., lettre n° 285, du 1er mai 1857 : « Dans le but de satisfaire au plus grand nombre possible de demandes de viviers que je reçois chaque jour, j’ai fait rechercher les terrains concessables à des établissements. »

80  SHD Rochefort, 10P 2-6. Id., lettre n° 65, 12 mars 1857.

81  SHD Rochefort, 10P 2-6. Id., lettre n° 32, du 23 décembre 1863.

82  SHD Rochefort, 10P 2-6. Id., lettre n° 342, du 11 août 1864.

83  SHD Rochefort, 10P 8-1. Pêcheries du Quartier Marennes ; 10P 8-9. Quartier Royan ; Quartier Rochefort non coté.

84  Notre étude « Usages de l’estran sur le littoral de la Saintonge girondine (1850-1880) », dans J. Péret et F. Chauvaud, Terres marines, Mélanges à la mémoire de Dominique Guillemet, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, p. 115-121.

85  Les femmes détenaient 25 % des étalages en 1855, Salitot M., Modes d’appropriation du rivage…, op. cit., p. 106.

86  SHD Rochefort, 10P 2-6. Correspondance au départ du bureau des Classes de Marennes., lettre n° 349, du 14 novembre 1857.

87  SHD Rochefort, 10P 2-6. Id., lettre n° 31, 18 février 1863.

88  SHD Rochefort, 11P 2-4. Correspondance au départ du bureau des Classes d’Oléron, lettre n° 479, du 29 mai 1854.

89  SHD Rochefort, 11P 2-4. Id., lettre n° 478, du 17 mai 1854.

90  SHD Rochefort, 10P 2-6. Correspondance du bureau des Classes de Marennes, lettre n° 329, du 6 mars 1863, affaire Brung, commissaire rapporteur près le tribunal maritime de Rochefort, héritier de la succession Richelieu.

91  SHD Rochefort, 10P 2-6. Id., lettre n° 539, du 26 octobre 1858.

92  SHD Rochefort, 10P 2-6. Id., lettre n° 217, du 11 octobre 1862.

93  SHD Rochefort, 10P 2-6. Id., lettre n° 335, du 15 mars 1864.

94  SHD Rochefort, 10P 2-6. Id., lettre n° 51, du 15 mai 1864.

95  SHD Rochefort, 10P 2-6. Id., 14 avril 1865, lettre n° 29. Celui du rocher de Derre était créé par décret en 1865.

96  SHD Rochefort, 11P 2-2. Correspondance au départ du bureau des Classes d’Oléron, lettre n° 1, du 28 février 1843.

97  SHD Rochefort, 10P 2-6. Correspondance du bureau des Classes de Marennes, lettre n° 335, du 15 mars 1864.

98  SHD Lorient, 5P 1-5. Dépêches ministérielles au bureau des Classes de Redon, lettre du 5 juin 1879.

99  Delbos G., « De la nature des uns et des autres… », op. cit., p. 57.


Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.