Les propriétaires d’esclaves de la Guadeloupe et la guerre pendant la période révolutionnaire, enjeux politiques, économiques et sociaux
p. 255-269
Texte intégral
1Entre 1789 et 1802, la Guadeloupe est touchée par les troubles révolutionnaires et par la guerre à partir de 1793. La plantation esclavagiste et le régime de l’exclusif sont alors les deux piliers de l’économie en Guadeloupe. Les nombreuses guerres entre la France et la Grande-Bretagne ont été néfastes au commerce colonial. La Révolution française bouleverse l’ordre juridique en abolissant l’esclavage en 1794. Comment les propriétaires d’esclaves de la Guadeloupe réagissent-ils aux situations engendrées par la Révolution et la guerre ? Pour répondre à cette question, nous utiliserons la correspondance des autorités coloniales de la Guadeloupe de la sous-série C7A, et les recensements du dépôt des papiers publics des colonies. Le tout est conservé aux Archives nationales d’outre-mer (ANOM), à Aix-en-Provence. Afin d’illustrer notre propos par des exemples précis, nous aurons recours aux archives notariées conservées aux Archives départementales de la Guadeloupe (ADG).
2Il s’agira de comprendre l’articulation entre le politique, l’économique et le social des acteurs de cette histoire et d’analyser les clivages économiques, politiques et sociaux au sein des propriétaires d’esclaves.
Le choix contre-révolutionnaire et britannique des grands planteurs
3Entre 1789 et 1792, en Guadeloupe s’opposent principalement deux partis, les aristocrates qui dominent l’assemblée coloniale et les patriotes qui dominent la principale ville de chaque île : Basse-Terre et Pointe-à-Pitre.
4Les députés de l’assemblée coloniale élus par les Blancs (les gens de couleur libres sont exclus de la citoyenneté active) sont très majoritairement des propriétaires de manufactures à sucre (exploitant environ 150 esclaves en moyenne). Cette assemblée compte aussi des hommes de loi des villes et de puissants négociants. Les options politiques de l’assemblée coloniale se résument ainsi : plus grande liberté économique, maintien de l’esclavage, des hiérarchies économiques et sociales et du préjugé de couleur (exclusion des libres de couleur de la citoyenneté).
5Le parti patriote est composé notamment des citadins des villes et des soldats en garnison en Guadeloupe. En novembre 1789, des négociants et hommes de loi de Basse-Terre tentent de semer la contestation dans le régiment de la Guadeloupe, en garnison près de la ville. Au même moment, Basse-Terre se dote d’un comité chargé de la police intérieure et dominé par les opposants à l’assemblée coloniale1. Cette dernière représente surtout les intérêts des riches planteurs sucriers et assez peu ceux des citadins. D’ailleurs, elle décide d’imposer davantage les villes que les campagnes en 1790. Les questions économiques sont au cœur de ce conflit. D’un côté, les négociants défendent l’Exclusif et entraînent dans leur camp, toute cette population urbaine qui vit du commerce avec la métropole. De l’autre, les grands planteurs aristocrates veulent le supprimer et commercer librement avec les étrangers. Les grands planteurs sucriers sont pour la liberté du commerce, car ils ont leur sirop à commercialiser. Les moyens et petits producteurs de café et de coton ont moins d’opportunités de vendre à l’étranger et sont donc plus en retrait sur cette question.
6Les citadins de Basse-Terre commencent alors leur opposition à l’assemblée coloniale et au gouverneur, Clugny. Ils se qualifient eux-mêmes de patriotes. Ce groupe majoritairement formé de citadins : négociants, maîtres artisans, hommes de loi, comporte aussi quelques riches planteurs comme Coquille Dugommier ou Pautrizel. La volonté politique des patriotes est de s’opposer au pouvoir jugé absolu des planteurs aristocrates qui dominent l’assemblée coloniale et qui entourent les gouverneurs de la Guadeloupe.
7Les soldats du régiment de Guadeloupe se soulèvent à plusieurs reprises en 1790. En effet, une partie des troupes sous la conduite du patriote Dugommier participe à trois expéditions (en février, en avril et septembre 1790) de soutien aux patriotes des villes de la Martinique. Cette armée patriote est lourdement vaincue par les planteurs aristocrates à la bataille de l’Acajou, le 25 septembre 1790. À la fin de 1790, les troupes de Dugommier en Martinique refusent d’obéir à l’ordre de Clugny de rentrer en Guadeloupe. Elles soutiennent les patriotes de la Martinique assiégés dans les villes de Saint-Pierre et Fort-Royal (Fort-de-France). Le 24 mars 1791, Dugommier est contraint de quitter la Martinique avec les patriotes de Guadeloupe. Le 17 juillet 1791, les tenants de l’aristocratie marchent sur la municipalité patriote de Basse-Terre. Le 12 septembre 1791, la municipalité patriote de Basse-Terre est dissoute par l’assemblée coloniale. Trois jours plus tard, la fédération générale des « bons citoyens », initiée par les planteurs aristocrates, se tient à Pointe-à-Pitre, des soldats refusent de prêter le serment qu’ils ne jugent pas assez révolutionnaire2. Les mutins sont désarmés et renvoyés en France.
8Un an plus tard, en septembre 1792, sur des fausses rumeurs indiquant que les coalisés avaient rétabli Louis XVI dans son pouvoir, les aristocrates entrent en Contre-Révolution et s’opposent au débarquement de troupes et du gouverneur Collot envoyés après la chute de la monarchie.
9La résistance à la Contre-Révolution s’organise dans la colonie anglaise de la Dominique3, mais aussi à Sainte-Lucie et à Marie-Galante restées patriotes. C’est dans ce contexte qu’apparaît aux Îles du Vent, le 1er décembre 1792, le capitaine de vaisseau Lacrosse. Il est envoyé par la Convention pour annoncer la proclamation de la République et contrôler les agents civils et militaires dépêchés par l’Assemblée législative. Il entre en contact avec les patriotes de la Dominique et s’installe à Sainte-Lucie. Comptant sur les patriotes dispersés dans les différentes Îles du Vent, Lacrosse lance une proclamation appelant la population à adhérer aux principes républicains. Il garantit le maintien de l’esclavage :
« L’esclave, votre propriété, sera attaché à ses travaux par l’exemple que vous lui donnerez. Au premier coup de canon que la France va tirer contre vous ; ne craignez-vous pas que vos ateliers se dispersent ? Attaqués au dehors et menacés au dedans, quels seront vos moyens de résistance4. »
10Le 18 décembre 1792, les citoyens de couleur, les marins, les soldats et les citadins de Pointe-à-Pitre se rebellent5. Cette coalition parvient à soumettre les officiers et les planteurs royalistes. En janvier 1793, la République est proclamée en Guadeloupe et en Martinique.
11En 1759, la Guadeloupe capitule devant un médiocre corps expéditionnaire britannique, moyennant une convention extrêmement avantageuse pour « l’intérêt colon ». Elle inscrit le respect des propriétés, la conservation des lois, l’interdiction à toute personne extérieure à la colonie d’acquérir un bien-fonds jusqu’à la paix, l’exemption du service des armes, du logement des soldats, des corvées de fortifications et l’engagement à assurer le débouché des denrées coloniales et jouissance de tous les privilèges accordés aux sujets britanniques6. Cette occupation britannique s’accompagne d’une période de prospérité en Guadeloupe : les sucres et sirops sont vendus à bon prix et 20 000 esclaves sont introduits dans la colonie, entre 1759 et 1763.
12En janvier 1793, de Curt, planteur émigré et ancien député de la Guadeloupe à la Constituante, est rejoint à Londres, par deux représentants envoyés directement de la colonie, Dubuc et Clairfontaine. Ils demandent que la Guadeloupe soit placée sous protectorat britannique. Lorsque la France lui déclare la guerre, le 1er février 1793, la Grande-Bretagne accepte la proposition des planteurs émigrés. La Guadeloupe est alors cédée à la couronne anglaise à condition qu’il y ait rétrocession aux Bourbons, sitôt ceux-ci restaurés, après paiement des frais d’occupation7. Forts de ce traité, de Curt, Dubuc et Clairfontaine exhortent les planteurs restés dans les îles à se soulever et à faciliter les opérations militaires britanniques futures.
13En avril 1794, les Britanniques font la conquête de la Guadeloupe grâce à la passivité des grands planteurs qui ne font rien pour défendre la colonie. Lorsqu’en juin 1794, Victor Hugues débarque en Guadeloupe, pour abolir l’esclavage, la plupart des grands planteurs combattent aux côtés des Britanniques. Un millier de royalistes luttent aux côtés des Anglais, 300 à Fleur d’Épée, 500 à Pointe-à-Pitre et 200 à 300 en Basse-Terre8. Un certain nombre sont tués dans les combats. 650 auraient été fusillés ou guillotinés en cinq mois, selon Victor Hugues9. Les habitants sucriers sont en première ligne à l’assemblée coloniale, les petits et moyens planteurs s’exposent moins politiquement.
L’émigration des grands planteurs royalistes
14Avec la reconquête de l’île par Victor Hugues, la plupart des grands planteurs partent en émigration. Le 22 novembre 1794, les biens des émigrés sont séquestrés10. Les habitants sucriers sont la catégorie la plus touchée par l’émigration. En effet, à la fin de 1794, sur les 367 sucreries que compte la colonie en 1790, 288 ont été confisquées, soit 78 %, pour les caféières, la proportion est de 44 % (environ 285 pour 652) et seulement 10 % pour les cotonnières (70 sur 717). Elles sont séquestrées par l’émigration de leurs propriétaires11. Le mouvement de confiscation des biens semble se poursuivre car on compte 704 habitations séquestrées (dont 300 sucreries) en l’an V12 et 723 en l’an VIII et l’an IX13. Une récapitulation du 18 octobre 1800 fait état de 983 habitations nationales mises en valeur par 39 252 nouveaux citoyens14. Le mouvement a surtout frappé les riches planteurs propriétaires de sucreries qui sont les plus grandes habitations de l’époque.
Culture | Nombre d’habitation | Anciens esclaves attachés aux habitations |
Sucre | 129 | 122,1 |
Café | 356 | 20,9 |
Coton | 139 | 8,5 |
Vivres | 81 | 2,9 |
Tableau 1. – Taille moyenne de la main-d’œuvre selon le type d’habitation (échantillon effectué à partir des recensements des ans V et VI).
15Les propriétés confisquées comptent en moyenne 86 anciens esclaves, alors que celles restées en possession de leurs maîtres en ont 17. À Anse-Bertrand, 24 des 25 propriétaires de sucreries ont émigré, soit 96 % contre 4 sur 46 pour les cotonnières, soit moins de 9 %. Au total, les émigrés et leurs familles forment 137 personnes, en 1790, le nombre de Blancs de la commune était de 345.
16Il faut distinguer deux types de confiscation. Les propriétés des personnes réputées émigrées sont des propriétés nationales et celles pour lesquelles les propriétaires absents n’ont pas pu fournir de certificat de civisme sont séquestrées. Les personnes occupant les maisons nationales ou séquestrées devront payer un loyer. Elles ont la possibilité de sous-louer15.
17Le nombre d’émigrés est particulièrement important. Des listes comportant des dizaines de noms dans chacun des 26 cantons du département révèlent l’ampleur des départs16. À Goyave, 63 blancs sont inscrits sur la liste des émigrés17 alors que la commune ne compte que 130 blancs d’après le recensement de 179018 et n’en a plus que 13 en l’an IV19. À Sainte-Anne, il y a 220 personnes émigrées et la population blanche passe de 739 à 530 de 1790 à 1796.
18L’émigration a touché les villes (200 maisons urbaines sont confisquées), notamment les riches négociants comme Pierre Angeron qui s’est réfugié en Martinique20 ou les propriétés urbaines des grands planteurs.
19Selon les commissaires civils Victor Hugues et Lebas, les trois quarts des planteurs ont porté les armes contre la République et aucun d’entre eux « n’a vu avec plaisir le décret du 16 pluviôse21 ».
20Les maîtres partent en émigration avec une partie de leurs esclaves. En l’an V, Victor Hugues fait un état des cultivateurs émigrés. Nous avons mis les chiffres donnés en perspective avec le nombre d’esclaves en 1790.

Tableau 2. – Nombre de cultivateurs émigrés, soldats en l’an V22.
21La principale conséquence des départs d’une partie des cultivateurs et de la diminution des cadences de travail est la baisse de la production. Selon Victor Hugues, le produit approximatif de la récolte des habitations des émigrés passe de 23700052 £ en 1789 à 14982672 £ en l’an V (1796-1797)23, soit une baisse de 37 %. Le commissaire de la Convention souligne le « grand embarras, pour contenir quatre-vingt-dix mille noirs » dans lequel il se retrouve après la reconquête de la Guadeloupe. « Tous les travaux étaient abandonnés et non seulement on ne fit rien de l’an 3e, mais encore après être parvenu à organiser, l’an IV fut presque nul en revenu24. » Victor Hugues est en arrivé en Guadeloupe avec le décret du 16 pluviôse, sans le moindre accompagnement d’instructions précisant ses modalités d’application. Il ne sait rien de la nouvelle organisation économique qui doit remplacer un système productif fondé sur l’utilisation de la main-d’œuvre servile. Il faut insister sur ce vide car il oblige les autorités administratives successives de l’île à inventer des solutions à leur manière.
Nouvelle organisation de l’économie de plantation : séquestres et fermiers
22Sur les habitations nationales confisquées aux émigrées, des séquestres ont été placés. Sur un échantillon de 171 séquestres, 27 sont métissés (16 %) et 6 sont noirs (4 %). Ils semblent tous être des libres avant le décret. Les séquestres exercent la même autorité qu’un propriétaire d’habitation. Ils bénéficient de 10 % des revenus de l’habitation et doivent verser le surplus aux magasins de la République.
23Le 17 juillet 1799, l’agent du Directoire Desfourneaux décide d’affermer les habitations nationales. Ces dernières sont affermées pour cinq années consécutives. Le bail est adjugé au plus offrant. Les loyers sont payés en denrées (sucre, coton ou café). Les habitations ne produisant aucun des produits précédents sont louées en numéraire. Le bail est payé par tiers tous les quatre mois, le premier paiement s’effectuant le premier mois après l’adjudication25. Nous avons retrouvé un exemplaire de bail à ferme d’une habitation nationale. Il s’agit de la caféière Bruno Mercier à Trois-Rivières. Vingt-deux cultivateurs, dont neuf enfants y sont attachés Le terme « attaché » qualifie le lien de dépendance qui existe entre l’ancien esclave et son ancien maître ou son ancienne habitation. Le bail est fixé après enchères à 4 800 livres de café par an26. Nous disposons de très peu d’informations sur ces locataires d’habitations nationales. Parmi ces derniers, nous avons relevé des négociants comme Robin27, François Robert et Guillaume Costet qui prennent en adjudication le bail à ferme pour cinq ans de l’habitation Fond Cacao à Capesterre, établie en sucrerie pour 74000 milliers de sucre par an, le 23 juillet 1799. Ils décident de former une société pour l’exploiter28. Parmi les autres locataires relevés, il y a un lieutenant de la compagnie des sapeurs, Jean Joseph Mamon, qui prend un « géreur » pour administrer l’habitation nationale à sa place29 et un habitant de Trois-Rivières, Jean Joseph Rommieu, se rend adjudicataire d’une plantation de café à Bouillante. Il se plaint d’ailleurs des conditions de l’adjudication. Il constate que les bâtiments sont en plus mauvais état et que le nombre de cultivateurs est inférieur à celui de la description donnée lors de la mise aux enchères30. Négociants, officiers, habitants républicains, mais aussi européens nouvellement arrivés sont les principaux bénéficiaires de la location des biens des émigrés. Ces fermiers de la République adoptent les mêmes comportements que les anciens planteurs31. Ils se plaignent aux successeurs de Desfourneaux du montant élevé des loyers32 et obtiennent la résiliation des baux dont ils ne sont pas satisfaits et leur remise aux enchères33. Les agents du Directoire, Baco, Jeannet et Laveaux critiquent le système de location car la République qui disposait directement du produit des habitations nationales dépend désormais de fermiers qui ne la payent pas ou fraudent34. Certains fermiers qui payent en sucre, ont mis du tuf, du fumier et des corps étrangers dans les barriques35. À plusieurs reprises les administrateurs coloniaux se plaignent de la mauvaise rentrée des fermages des habitations36. Comme les acquéreurs de biens nationaux en métropole37, l’affermage des habitations nationales guadeloupéennes profite surtout à la bourgeoisie négociante et aux gros propriétaires fonciers restés dans la colonie.

Tableau 3. – Répartition des personnes attachées aux habitations avant et après l’émancipation.
24Ces fermiers sont davantage des investisseurs et ne résident pas sur les propriétés louées. Ils confient leur gestion à un géreur. Ce dernier est parfois de couleur. Ainsi, Jean Joseph Mamon, lieutenant de la compagnie des sapeurs à Basse-Terre charge Cyprien Dugommier, habitant sang-mêlé, demeurant à Vieux Fort, de gérer et administrer l’habitation caféière nationale Bruno Mercier à Trois-Rivières, dont Mamon s’est rendu fermier après l’adjudication du 25 juin 1800. Le géreur est tenu de résider sur l’habitation durant la durée du fermage et prélève 10 % sur les revenus de celle-ci pour se rémunérer38.
25Pour déterminer les effets de la guerre sur la main-d’œuvre des habitations, nous avons comparé pour une série d’habitations, les données fournies par les inventaires après décès avant le début de la guerre et celles inscrites dans les recensements effectués au cœur de la guerre en 1796 et 1797.
26Notre échantillon se limite à la campagne environnante de Basse-Terre. Il traduit certainement un phénomène plus général car il confirme les renseignements donnés dans la correspondance. Sur l’échantillon étudié, le nombre des anciens esclaves diminue de 23 %, 29 % pour les hommes et de 14 % pour les femmes. Ce sont surtout les premiers qui ont quitté les habitations. Chaque habitation a perdu un homme sur trois ce qui entraîne une importante diminution de la force de travail. Les désertions entraînent des regroupements des ateliers sur une seule habitation. Celle des citoyennes Dagneau et Douville à Goyave reçoit 18 cultivateurs appartenant aux habitations Blonzac, Lestordière et Celleron, ainsi que 18 noirs nouveaux issus de prises corsaires39. À Petit-Bourg, la sucrerie Saint-Germain est abandonnée. Elle est réduite en savane servant pour les chevaux du dépôt. Là-dessus demeurent les citoyens employés aux soins et à la garde des chevaux et à la culture des herbes de Guinée. Le reste de l’atelier travail sur les habitations Bruny et Boisjoli40. À Sainte-Anne, l’habitation nationale dite Lanoray père étant une terre ingrate, les cultivateurs de celle-ci sont tenus de passer sur l’habitation nationale dite Lanoray fils qui manque de main-d’œuvre41. En tout 77 habitations dont 10 sucreries sont abandonnées42. À la diminution de la main-d’œuvre s’ajoute un « grand ralentissement au travail, non seulement dans les cultivateurs mais encore dans les personnes de la campagne qui sont chargées de quelques places. Il n’y a plus cette activité que l’on voyait autrefois », constate le citoyen Terrible, délégué du Moule43. « Les cultivateurs n’ont point, pour le travail, toute l’ardeur qu’on pourrait en attendre », ajoutent Hugues et Lebas. Pour eux, « il est absolument nécessaire d’augmenter la population des colonies, si l’on veut les porter au degré de prospérité que le climat et la richesse de son sol permettent d’atteindre. Peut-être pourrait-on imaginer un genre de translation des affricains dans nos possessions, qui, avec des règlements sages, serait aussi utile à l’humanité que l’affreuse traite lui a été nuisible44 ». Les agents osent proposer de recourir à une forme de traite « humanisée » en pleine liberté générale. Les conséquences de la diminution de la main-d’œuvre sur les habitations sont la détérioration de l’outil productif. Les minutes notariales décrivent des cultures souvent laissées à l’abandon et des bâtiments en mauvais état. Sur l’habitation caféière dite le Diamant dans les hauteurs de Baillif, il n’existe aucun bâtiment sauf quelques mauvaises cases à nègre et les plantations se limitent à 300 pieds de café en assez bon état et le surplus des terres est tellement abandonné qu’il est déclaré d’aucune valeur45. Les archives notariées décrivent des plantations en mauvais état et des terres abandonnées.
Culture | 1790 | An VIII | Variation entre 1790 et l’an VIII |
Surface en cannes | 22686 | 7283 | - 68 % |
Surface en café | 8607 | 5281 | - 39 % |
Surface en coton | 8766 | 2216 | - 74 % |
Surfaces en vivres | 11220 | 4330 | - 61 % |
Ensemble | 51279 | 19648 | - 62 % |
Tableau 4. – Surfaces cultivées en 1790 et au 1er vendémiaire an VIII (23 septembre1799)46.
27La très forte diminution des superficies plantées en vivre ne concerne que les parcelles exploitées en commun par les cultivateurs et non leurs jardins particuliers qui ont pu connaître un certain développement. Seulement un tiers des terres cultivées en cannes à sucre en 1790, l’est encore en l’an VIII, un quart pour le coton et les surfaces cultivées en café enregistrent une baisse de 15 %. Le phénomène d’abandon des terres pendant la liberté générale est très important et l’administration coloniale ne le cache pas. Quelles sont les régions les plus touchées par l’abandon des terres ?
28Sur l’ensemble de la Guadeloupe, les deux tiers des terres plantées en cannes en 1790, ne le sont plus en l’an VIII. Les surfaces cultivées en café diminuent beaucoup en Côte-sous-le-vent, beaucoup moins dans les Grands-Fonds et augmentent même dans le nord de la Basse-Terre (Sainte-Rose, Lamentin). L’abandon des terres est la conséquence de différents facteurs : émigration, vagabondage, exode rural et engagement dans l’armée des cultivateurs, mais également à une baisse de leur productivité et éventuellement à une réorientation de leur travail en direction de leurs jardins.
29Le recul des surfaces cultivées en denrées coloniales entraîne le recul de la production. Celle du sucre chute de 18300 tonnes en 1784 à 3900 en 179947. Pourtant, après un arrêt presque complet de la production en 1794, imputable à l’état de guerre de la colonie, nous assistons à un redressement de la production dans les années qui suivent.
Denrées fabriquées | An II | An III | An IV | An V |
Sucre terré (barrique) | 4299 | 5645 | 5378 | 4468 |
Sucre terré (tonneau) | – | 3 | 3 | 36 |
Sucre terré (quart) | – | 4 | 1097 | – |
Sucre brut (barrique) | 1652 | 3439 | 1877 | 1756 |
Sucre brut (tonneau) | – | 42 | 18 | 19 |
Sucre brut (quart) | – | 111 | 64 | – |
Sirop (galion) | 49810 | 505765 | 562164 | 333642 |
Rhum (galion) | 8978 | 81876 | 120837 | 89575 |
Café bonifié (baril) | 2864 | 11323 | 9813 | 10924 |
Café triage (baril) | 490 | 699 | 77 | 57 |
Coton épluché (en £) | 65729 | 39920 | 28196 | 19341 |
Coton sur pieds (en £) | 173252 | 202690 | 115435 | 122352 |
Cacao (baril) | – | 63 | 37 | 103 |
Tableau 5. – Denrées fabriquées sur les habitations nationales48.
30Après un très difficile an II (1793-1794), la production se redresse, les années suivantes, en connaissant quelques fluctuations. L’an VI (1797- 1798) est particulièrement difficile à cause des intempéries. La sécheresse a fait mourir les cannes sur pied à Anse-Bertrand et à Baillif. À Sainte-Anne, Petit-Bourg et Pointe-Noire, des pluies torrentielles ont retardé les récoltes. Les denrées de Pointe-Noire n’ont pu être acheminées sur Basse-Terre à cause de la crue de deux rivières rendant impraticables les chemins. Ailleurs, c’est le manque d’ouvriers qualifiés pour effectuer certaines réparations qui a retardé le temps des récoltes. La réparation du grand canal de Sainte-Anne qui fournit de l’eau aux sucreries de la commune, a réquisitionné de nombreuses journées de travail que les cultivateurs n’ont pu employer à la plantation des cannes. La commune de Pointe-Noire n’a à sa disposition, pour réparer le moulin, que cinq ou six mauvais charpentiers et doit faire appel à un ouvrier extérieur. À Petit-Bourg, le délégué se plaint de la désertion des cultivateurs : « ce mal, loin de diminuer augmente tous les jours et pour peu que cela dure les propriétés nationales se trouveront sans bras pour les exploiter ». Les délégués de Goyave, Vieux-Habitants, Bouillante et Capesterre font les mêmes observations49. Les bâtiments manufacturiers sont en mauvais état. « Il manque de chaudières et d’instruments aratoires », écrivent les députés de la Guadeloupe50.
31Dans les instructions que reçoit Desfourneaux avant de s’embarquer pour la Guadeloupe, il est chargé de faire un règlement de culture. Ce dernier doit prévoir la répartition du produit des cultures, les horaires de travail, la qualité des logements, l’emplacement et l’étendue des jardins particuliers. Il doit fixer des moyens pour l’instruction de la jeunesse, le maintien des bonnes mœurs, le soulagement des vieillards, des infirmes et des femmes51. Le 10 février 1799, Desfourneaux promulgue son règlement de culture. Ce dernier prévoit une rémunération des cultivateurs à hauteur du quart du revenu des plantations.
32Le 5 septembre 1799, Desfourneaux dressant un bilan de son action affirme que « dans ce moment la culture est dans la plus grande activité ». Le prix des denrées alimentaires importées a baissé, les prix respectifs du baril de farine et de bœuf ont diminué de 225 à 135 £ et de 264 à 126 £. À l’inverse, le prix des denrées coloniales destinées à l’exportation a augmenté de 40 à 80-90 £ pour le cent de sucre blanc et 17 à 32 sous pour la livre de café52. Le tableau dressé par l’agent du Directoire est confirmé par le général Pélardy qui est revenu en Guadeloupe en même temps que lui en qualité de général en chef53. Cependant, il est impossible de dresser un bilan exact de l’action de Desfourneaux.
33Quelques mois après son renvoi forcé de la Guadeloupe, le ministre écrit à son sujet qu’il « a fait rentrer sur les habitations plus de vingt mille vagabonds et brigands ; il a par ce moyen améliorer les cultures et porté au plus haut prix la location des biens nationaux. […] Les agens qui ont remplacé le général Desfourneaux paraissent contredire ce résultat54 ». Ces derniers élaborent un nouveau règlement de culture, le 19 mars 1800, qui assouplit et précise les dispositions prises par leur prédécesseur.
34Quelques mois plus tard, dressant un bilan de leur action, les agents des consuls écrivent : « La culture n’a peut-être jamais été aussi active depuis plusieurs années. Le fléau de la divagation cesse et la police générale est organisée de manière à ce qu’aucun être dangereux ne puisse lui échapper55. » Ce témoignage est confirmé par Pélardy (« la colonie soit aussi bien cultivée que possible ») qui se plaint néanmoins du manque d’approvisionnement de l’île en vivres56 et par le citoyen Bourget : « La culture des terres est au-delà des espérances57. » Inversement Guesnier prétend qu’avec le renvoi de Desfournaux, « les travaux se ralentirent, le vagabondage recommença, les noirs ne voulurent plus travailler ». Il se plaint des nouveaux agents58. La description de l’état des cultures en Guadeloupe dépend plus des idées politiques de ceux qui les font que d’une réalité économique objective. L’administration coloniale fournit quelques statistiques qu’il faut examiner avec précaution car les agents de la métropole en place veulent toujours démontrer qu’ils ont fait mieux que leurs prédécesseurs. Un état comparatif des surfaces cultivées entre les ans VIII et IX est élaboré par les agents des consuls, le 9 février 1801.
Culture | 23 septembre 1799 | 22 décembre 1800 | Variation |
Surface en cannes | 7283 | 10160 | + 40 % |
Surface en café | 5281 | 5193 | - 2 % |
Surface en coton | 2216 | 2528 | - 14 % |
Surfaces en vivres | 4330 | 4575 | +6 % |
Ensemble | 19648 | 22988 | + 17 % |
Tableau 6. – Surfaces cultivées aux 23 septembre 1799 et 22 décembre 180059.
35Les successeurs de Desfourneaux, montrent que les surfaces cultivées sont plus importantes depuis le renvoi de leur prédécesseur. Information ou propagande ? Il est difficile de trancher. En tout cas, l’instauration du salaire n’arrive pas à rétablir la production au niveau des années antérieures à la Révolution.
Conclusion
36La question économique a eu une grande influence dans les choix politiques des propriétaires d’esclaves. Toutefois, ce clivage est également social, avec un comportement très différencié entre les grands planteurs, et les petits et moyens planteurs. Les premiers faisant le choix de l’émigration, les seconds de la République. Pendant la période de guerre et de liberté générale, nous assistons à un recul de l’économie de plantation, surtout celle liée à l’exportation du sucre. C’est davantage la guerre, plutôt que l’abolition de l’esclavage qui explique cette situation. En effet, les débouchés commerciaux des productions d’exportation sont très limités, par le contrôle des mers par les Britanniques et la quasi-guerre avec les États-Unis à partir de 1798. Nous observons une recomposition du monde des grands planteurs. Une partie des profits liés à la course sont réinvestis dans l’affermage des habitations séquestrées. Les petits et moyens planteurs, le monde des marchands et des négociants prennent le contrôle des grandes plantations. À partir de 1802, avec le rétablissement de l’esclavage et des grands planteurs, les plantations retrouvent leurs anciens propriétaires. Ils ont alors à faire face à d’immenses difficultés financières. Le rétablissement de l’économie de plantation devra attendre l’occupation britannique de 1809.
Notes de bas de page
1 . Anne Pérotin-Dumon, La ville aux îles, la ville dans l’île, Paris, Karthala, 2000, p. 123.
2 . AN, DXXV 127, dossier 1001, pièce 11 et AN, DXXV 120, dossier 939, pièce 47 pour le texte du serment : « Nous jurons de maintenir la constitution décrétée pour les colonies, par l’assemblée Nationale et sanctionnée par le Roi ; d’obéir aux loix, notamment aux arrêtés de l’assemblée générale coloniale sanctionnés par le gouverneur et d’employer toutes nos forces pour en assurer l’exécution ; de dénoncer, à qui de droit, tous projet, complot et actions, tendant à troubler l’ordre public, qui pourroient parvenir à notre connaissance ; d’employer tous nos moyens, toutes nos facultés, pour forcer à la paix et au silence les perturbateurs du repos public, et de défendre même au péril de notre vie, les bons citoyens qu’ils tenteraient de nouveau d’opprimer. »
3 . ANOM, C7A45, f° 165-170, Lettre de Lacrosse au ministre de la Marine et des Colonies du 20 décembre de Castries (Sainte-Lucie). Il annonce que 2000 patriotes sont réfugiés en Dominique.
4 . ANOM, C7A 45, f° 162-164, Dernier moyen de conciliation entre la Mère patrie et les colonies révoltées adressé par le citoyen Lacrosse, capitaine de vaisseau de la République française commandant la frégate La Félicité, à tous les habitans, ses frères et ses amis, Roseau, 4 décembre 1792.
5 . ANOM, C7A45, f° 171-174, Lettre du citoyen Cadiot fils au citoyen Texier de Bordeaux, de Pointe-à-Pitre, le 20 décembre 1792.
6 . Charles Frostin, Les révoltes blanches à Saint-Domingue aux xviie et xviiie siècles [1975], Rennes, PUR, 2008, p. 176.
7 . David Geggus, Slavery, War and Revolution : the British occupation of Saint-Domingue, 1793-1798, Oxford, Clarendon Press, 1982, p. 83.
8 . Lettre de Boyer l’Étang, ambassadeur de la Guadeloupe auprès des autorités anglaises, expédiée de Roseau le 3 novembre 1794 (publiée dans Marcel Chatillon, « Trahison des royalistes guadeloupéens par les Anglais », Bulletin de la Société d’histoire de la Guadeloupe, 4e trimestre 1995, n° 106, p. 100-117).
9 . ANOM, F3237, pièce 82, Lettre du commissaire Hugues au président de la Convention le 26 frimaire an III (16 décembre 1794).
10 . ANOM, C7A47, f° 36, Arrêté du 2 frimaire an III (22 novembre 1794) du commissaire civil Victor Hugues.
11 ANOM, F3237 Événements historiques Guadeloupe. Lettre de Victor Hugues au président de la Convention nationale du 26 frimaire an III de Port-de-la-Liberté.
12 ANOM, C7A49, f° 176 État comparatif de la production des habitations des émigrés en 1789 et l’an V.
13 ANOM, C7A85.
14 ANOM, C7A53, f° 297, Récapitulation générale des propriétés nationales de Guadeloupe au 26 vendémiaire an IX (18 octobre 1800).
15 ANOM, C7A ordonnances, proclamations, arrêtés, circulaires (1788-1811), Arrêté du 26 ventôse an III (16 mars 1795) des commissaires délégués par la Convention aux Îles du Vent de Port-de-la-Liberté.
16 ANOM DPPC G1497, Liste des émigrés de la Guadeloupe en l’an IV ; ANOM G1513. Liste des réfugiés et des émigrés de la Guadeloupe ; ministère des Affaires étrangères, Centre des archives diplomatiques de Nantes, Guadeloupe, Correspondance, vol. 2 : Liste des déportés de la Guadeloupe.
17 . ANOM DPPC G1513. Liste des réfugiés et des émigrés de la Guadeloupe. Personnes émigrées de Goyave au 10 thermidor an IV (28 juillet 1796).
18 . ANOM DPPC G1497, Recensement de 1790.
19 . ANOM DPPC G1504, Tableau récapitulatif de la population de la Guadeloupe, s. d. (an IV).
20 . Anne Pérotin-Dumon, op. cit., p. 194.
21 . ANOM, C7A48, f° 35-36, Lettre des commissaires délégués au Comité de Salut Public de Port-de-la-Liberté (Pointe-à-Pitre), le 27 brumaire an IV (18 novembre 1795).
22 . ANOM, C7A49, f° 176, État comparatif de la production des habitations des émigrés en 1789 et l’an V.
23 . ANOM, C7A49, f° 176, État comparatif de la production des habitations des émigrés en 1789 et l’an V.
24 . ANOM, C7A51, f° 160-173, Compte rendu de Victor Hugues au ministre de la Marine et des Colonies de sa mission à la Guadeloupe, Paris le 15 floréal an VII (4 mai 1799). C’est l’auteur qui souligne.
25 . ANOM, C7A53, f° 229-230, Arrêté du 29 messidor an VII (17 juillet 1799) de Port-de-la-Liberté (Pointe-à-Pitre) sur les fermes inséré dans le Compte rendu ou rapport fait au ministre de la Marine et des Colonies par Desfourneaux, Paris, 27 pluviôse an VIII (16 février 1800).
26 . ADG, Notariat Saint-Martin, Minute n° 21, convention entre Jean Joseph Mamon et Cyprien Dugommier pour la gestion d’une habitation située aux Trois-Rivières le 11 thermidor an VIII.
27 . ANOM, C7A52, f° 7, Adjudication d’une habitation nationale pour 89 milliers de sucre au citoyen le 7 thermidor an VII (5 juillet 1799).
28 . ADG, notariat Dupuch, Minute du 5 thermidor an VII (3 juillet 1799), formation d’une société entre les citoyens comme François Robert et Guillaume Costet pour exploiter l’habitation Fond Cacao.
29 . ADG, notariat Saint-Martin. Minute n° 21, convention entre Jean Joseph Mamon et Cyprien Dugommier pour la gestion d’une habitation située aux Trois-Rivières le 11 thermidor an VIII.
30 . ADG, notoriat Saint-Martin, Minute n° 31, dépôt d’un paquet cacheté par Jean Joseph Rommieu, habitant, à Trois-Rivières le 3e jour complémentaire an VIII.
31 . ANOM, C7A52, f° 115-117, Lettre de Baco du 4 thermidor an VIII, s. l.
32 . ANOM, C7A82 pièce 44, Rapport du ministre de la Marine et des Colonies aux consuls du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800).
33 . ANOM, C7A52, f° 170-173, Arrêté des agents du Directoire du 27 pluviôse an VIII (17 février 1800) concernant les fermages.
34 . ANOM, C7A52, f° 20-23, Lettre des agents au ministre, de Port-de-la-Liberté, le 5 pluviôse an VIII (25 janvier 1800).
35 . ANOM, C7A52, f° 208, Circulaire des agents des consuls du 1er brumaire an IX de BT.
36 . ANOM, C7A52, f° 121-127, Lettre des agents du Directoire au ministre, le 12 thermidor an VIII (31 juillet 1800) ; ANOM, C7A54, f° 30, Circulaire aux commissaires du gouvernement dans les différents cantons du gouvernement pour le paiement du cinquième terme des baux, le 7 pluviôse an IX (27 janvier 1801) ; ANOM C7A54, f° 219. Circulaire du 23 germinal an IX (13 avril 1801) des agents du Directoire aux commissaires du gouvernement pour le paiement du sixième terme des baux ; ANOM C7A. f° 33. Circulaire de Lacrosse aux commissaires de gouvernement les pressant de faire rentrer les fermages, le 25 prairial an IX (14 juin 1801).
37 . Michel Vovelle, « Biens nationaux et politisation paysanne pendant la Révolution française », in Pratiques et cultures politiques dans la France contemporaine (hommage à Raymond Huard), Montpellier, université Paul Valéry, 1995, p. 35-47.
38 . ADG, notariat Saint-Martin, Minute n° 21, convention entre Jean Joseph Mamon et Cyprien Dugommier pour la gestion d’une habitation située aux Trois-Rivières le 11 thermidor an VIII.
39 . ADG, notariat Vauchelet. Minute n° 65, inventaire sommaire de l’habitation sucrière Douville, le 12 fructidor an V.
40 . ANOM DPPC G1, Petit-Bourg, an V.
41 . ADG, Registre des délibérations de l’administration municipale de Sainte-Anne. Séance du 9 prairial an III.
42 . ANOM, C7A49, f° 176, État comparatif de la production des habitations des émigrés en 1789 et l’an V.
43 . Centre des archives diplomatiques de Nantes, Guadeloupe Correspondance, vol. 2, Lettre de Terrible, délégué du Moule aux délégués de la Convention, du Moule le 16 brumaire an IV.
44 . ANOM, C7A49, f° 46-47, Les agents au ministre le 5 fructidor an IV de BT.
45 . ADG, notariat Castet, Minute du 7 thermidor an VIII, vente d’une habitation au Baillif par le citoyen Romain au citoyen Legrand bonifieur de café moyennant 84 982 livres et constitution de rente en faveur de Romain.
46 . ANOM DPPC G1497, Recensement de la population de 1790. ANOM, C7A85 Rapport des agents des consuls Baco, Jeannet et Laveaux au ministre de la Marine et des Colonies, État comparatif de la culture aux 1er vendémiaire an viii et 1er nivôse an IX (23 septembre 1799-22 décembre 1800), paraphé le 20 pluviôse an IX (9 février 1801).
47 . Christian Schnakenbourg, « Statistiques pour l’histoire de l’économie de plantation en Guadeloupe et en Martinique », Bulletin de la Société d’histoire de la Guadeloupe, 1er trimestre 1977, n° 31, p. 3-121.
48 . ANOM, C7A51, f° 204, Aperçu des revenus et des dépenses des habitations nationales.
49 . ANOM, C7A82, Tableaux des récoltes des habitations nationales et états généraux des denrées coloniales, vendémiaire an VI-27 brumaire an VII (septembre 1797-17 novembre 1798).
50 . ANOM, C7A50, f° 164-169, Lettre de Dupuch et Lion, députés de la Guadeloupe, du 13 nivôse an VI (2 janvier 1798) expédiée de Paris au ministre de la Marine.
51 . ANOM, Collection Marcel Chatillon, Extrait des registres des délibérations du Directoire exécutif, séance du 27 thermidor an VI (14 août 1798), Instructions pour le général Desfourneaux, agent particulier du Directoire exécutif aux Isles du Vent.
52 . ANOM, C7A51, f° 68-69, Lettre de Desfourneaux au ministre du 19 fructidor an VII de Port-de-la-Liberté.
53 . ANOM, C7A51, f° 129-131, Lettre de Mathieu Pélardy, général de division, commandant de la force armée de Guadeloupe au ministre de la Marine et des Colonies le 25 fructidor an VII de Port-de-la-Liberté.
54 . ANOM, C7A82, pièce 44, Rapport du ministre de la Marine et des Colonies aux consuls du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800).
55 . ANOM, C7A52, f° 121-127, Lettre des agents au ministre le 12 thermidor an VIII de Basse-Terre.
56 . SHD Vincennes, B9-2, Rapport du général Pélardy au ministre de la Marine et des Colonies fait le 18 prairial an IX (7 juin 1801) de Paris. Il a quitté la Guadeloupe le 8 ventôse an IX (27 février 1801).
57 . ANOM, C7A53, f° 275-281, Observations sur la colonie de la Guadeloupe. Ce texte accompagne une lettre du citoyen Bourget du 27 vendémiaire an IX, auteur de ce mémoire. Il a quitté la Guadeloupe le 10 fructidor an VIII.
58 . ANOM, C7A53, f° 283-290, Document imprimé de 16 pages. Coup d’œil rapide sur la colonie de la Guadeloupe par A. M. R. E. Guesnier, fils. Mémoire adressé au Premier Consul et accompagné d’une lettre du même auteur, datée du département de Seine-et-Marne du 30 vendémiaire an IX.
59 . ANOM, C7A85, Rapport des agents des consuls Baco, Jeannet et Laveaux au ministre de la Marine et des Colonies, État comparatif de la culture aux 1er vendémiaire an VIII et 1er nivôse an IX (23 septembre 1799-22 décembre 1800), paraphé le 20 pluviôse an IX (9 février 1801).
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008