D’un Sahel à l’autre
Piraterie et contrôle dans une zone de rupture
p. 331-343
Texte intégral
1Entre mer et désert, entre désert et savane, le terme mal défini de Sahel s’applique, en Afrique, aussi bien à des zones prédésertiques que littorales. S’étendant à la jonction de régions de natures différentes, ces zones intermédiaires plus ou moins larges ont le climat pour caractéristique essentielle.
2Zone de ruptures, de conflits, d’échanges et de métissage, le Sahel (ou plutôt les Sahels) est un grand acteur de l’histoire. Dans les régions semi-arides du sud du Sahara, les dérèglements climatiques entraînent guerres et insécurité, alors que dans l’océan Indien, la mousson a été longtemps un élément de prospérité.
3Échanges et politique : à cette constante du grand commerce arabe sur les mers et les déserts, des colonnes d’Hercules aux portes de l’Atlantique aux rives du Deccan, en Inde, en passant par les vallées du Sénégal et du Niger, il faut donc ajouter le climat et ses excès. Sous le calame des chroniqueurs musulmans, politique et religion entremêlées n’ont cessé de susciter des mouvements de réformes religieuses cachant des intentions moins spirituelles comme le contrôle des axes caravaniers conduisant aux richesses supposées au cœur du continent africain.
4Mais qu’est-ce, au juste, que le Sahel, une région que l’on confond souvent avec le Sahara, alors qu’il n’en est que le rivage ?
5Quelles sont donc les frontières de ce champ de bataille permanent où la nature dispute aux hommes une humidité et des terres sans cesse menacées ? En quoi la semi-aridité Sahel diffère-t-elle de l’aridité saharienne ?
Le Sahel, un terme à géométrie variable
6Pour le climatologue, la partie méridionale du Sahara est traversée par une sorte d’« équateur météorologique1 » où les flux d’air sec du nord et ceux d’air humide venu du golfe de Guinée se rencontrent sans se pénétrer et se repoussent sur une ligne qui traverse l’Afrique de la presqu’île du Cap-Vert jusqu’à la mer Rouge. Cette ligne, plus ou moins élevée en latitude selon l’époque de l’année, donne une saison sèche et chaude de plus en plus longue au fur et à mesure que cet air sec gagne le centre du Sahara.
7Pour le géographe Jean Gallais, « selon que les pluies totalisent 500 mm vers le 15e degré de latitude, ou 200 mm au nord vers le 17e parallèle, le cadre de vie fourni à la vie humaine n’est pas identique2 ». Pour Théodore Monod, le Sahel, c’est la limite du cram-cram (Cenchrus biflorus), une graminée de petite taille à l’épi hérissé de piquants qui s’accrochent à la peau et qui, avec d’autres graminées, constitue des pâturages à bovins. Ces plantes sont la providence des nomades dont les troupeaux sont exclus des zones plus arides, tels le Hoggar et la plus grande partie du Nord-Mali, royaume du dromadaire.
8Dans la limite sud du cram-cram, l’agriculteur tente de faire pousser du petit mil (Pennicetum violaceum) sans irrigation. Il le fait toutefois à ses risques et périls, en espérant que les précipitations lui apporteront les 450 mm d’eau annuels nécessaires à ses plantations et avec une régularité suffisante. Sinon, une pluie isolée déclenche une germination trop rapide et c’est une catastrophe. Pour le nomade, l’arrivée de la saison sèche, plus précoce dans le Nord, donne le départ d’une longue transhumance dans le sens nord-sud pour échapper à des pâturages jaunissants.
9Rien de tel dans le Sahara proprement dit, zone franchement aride où les populations se sont adaptées avec une agriculture par irrigation (oasis). Ici, au Hoggar et au Tassili (Algérie), dans l’Adrar de Mauritanie, au Tibesti (Tchad) et au Fezzan (Libye), l’eau souterraine et permanente assure chichement, mais sûrement, la subsistance des populations. On y élève le dromadaire, qu’on appelle plus couramment chameau, pour les déplacements et le transport caravanier. Au Sahel, en revanche, c’est l’élevage des bovins qui prédomine. Leur vente, destinée aux pays forestiers du sud où la mouche tsé-tsé interdit leur élevage, laissera quelques subsides au nomade sahélien malgré le filtre des nombreux intermédiaires3 qui assurent notamment la remise en forme des animaux dans des pâturages plus méridionaux. En effet, si les éleveurs sahéliens montrent une propension au nombre en matière d’élevage plutôt qu’à la qualité, c’est en prévision des caprices du climat qui affectent régulièrement la région.
10Le rythme et la régularité des précipitations ont un rôle politique majeur et sont des facteurs d’instabilité. Régulière sur les rivages de l’océan Indien, de ses marées, grandes et petites, et de sa mousson régulière, la grande pulsation annuelle de la nature est caractérisée au sud du Sahara par des accès d’arythmie générateurs de conflits et de catastrophes alimentaires. Cette oscillation plus ou moins humide fait du Sahel un écosystème qui permet à l’agriculteur de voir son mil arriver à maturité avant l’arrivée des animaux du nomade. Poussées par l’avancée de la saison sèche, ses bêtes bonifieront le sol de ses champs après les récoltes tout en se nourrissant de la paille restante (cahier couleur, fig. X et XI)4.
11Mais qu’une sécheresse précoce dans le Nord pousse les troupeaux à entamer plus rapidement leur transhumance vers les champs non encore moissonnés du sud et des conflits risquent de surgir avec les paysans. Que ce dérèglement s’accumule sur plusieurs années, et les uns comme les autres quitteront la région pour la ville ou une zone mieux pourvue, laissant sur place quelques membres de la famille. Une émigration temporaire pourra les conduire plus loin encore, quitte à devenir définitive.
12Au Sahel, les grandes sécheresses des années 1970 ont ainsi perturbé la région et entraîné un exode rural et dégradé les sols. La modification des circuits de transhumance et la perte des troupeaux ont ébranlé les sociétés traditionnelles qui y vivaient, et l’incapacité des chefs de famille d’assumer leurs charges a entraîné une perte de leur autorité auprès des plus jeunes. Par ailleurs, ne pouvant remplir l’obligation coranique d’assurer à leurs anciens dépendants (esclaves) une sécurité alimentaire minimale, certains nomades se sont aussi trouvés dans l’obligation de leur donner la liberté. Dans les bidonvilles périphériques des cités, troquant une vie d’exploités contre une autre, ces derniers se sont alors retrouvés à la merci d’employeurs plus dénués de sens moral que leurs anciens maîtres.
Le Sahel, zone de contact
13Que seraient les mers et les déserts sans leurs lisières, qui les mettent en relation avec le reste du monde ? Pour le navigateur, le caravanier, le voyageur ou le commerçant, ces rivages ont toujours été l’espérance de la halte tant attendue, du repos pour les bêtes, ou de bonnes affaires à réaliser avec d’autres voyageurs venus d’un espace voisin.
14Dans le désert, le navire faisait place à l’animal pour le transport des marchandises. Dans les ports de l’océan Indien, les défenses d’éléphant, les cornes de rhinocéros et les ballots remplis de peaux des grands fauves d’Afrique s’échangeaient contre les tissus de soie venus de l’Inde, tandis que sur les marchés de l’inaccessible Tombouctou, « lieu de la rencontre de la pirogue et du chameau5 », la noix de cola de la forêt méridionale et les sacs de mil se troquaient contre le sel gemme des dépressions sahariennes.
15Pour les Arabes, un seul guide, le ciel étoilé, permettait aux navigateurs comme aux caravaniers de garder le cap. De même, un seul mot, sahîl, leur servait à désigner la frange plus ou moins large faisant le lien entre l’eau et l’arrière-pays, le monde minéral des nomades et la nature cultivée des sédentaires6. De passage à Mogadiscio en Afrique orientale au milieu du xive siècle, le voyageur Ibn Batuta s’embarqua ainsi pour « le pays des Sawahil7 dans le but d’atteindre la ville de Mombasa dans le pays des Zeng8 ».
16Ces Sawahil habitant les rivages africains de l’océan Indien étaient les populations métissées appelées aujourd’hui Swahili, issues des mariages entre les commerçants arabes d’Oman ou de Mascate et les filles de chefs locaux. Ces alliances matrimoniales bien calculées leur permettaient, et surtout à leurs descendants, d’emprunter les pistes intérieures du continent. Leur langue, le kiswahili, de structure bantoue et composée en majorité de mots arabes et de parlers locaux, intègre des termes issus des langues des marins de passage, portugais, anglais ou français. Le kiswahili, langue des côtes est-africaines, est ainsi devenu la principale langue véhiculaire parlée de l’Afrique australe à l’embouchure du Congo et Djibouti. La Tanzanie en a fait sa langue officielle à partir du kiswahili de Zanzibar.
17Les Zeng, populations africaines, furent souvent les acteurs, malgré eux, de l’histoire de la région. Car ce mince sahîl qui fait face à l’océan Indien avait pour arrière-pays une Afrique inconnue dont les pistes menaient jusqu’aux Grands Lacs, aux monts de la Lune chers à Hérodote et aux forêts profondes du Congo. Ici, les marchandises n’étaient pas seulement l’ivoire et la corne de rhinocéros, mais aussi les esclaves. Jusqu’à la fin du xixe siècle, les rivages de la côte des Zeng, dont Zanzibar était le centre économique, étaient le dernier contact des captifs avec l’Afrique. Et les noms donnés à plusieurs points de la côte traduisent le déchirement de ces captifs lorsqu’ils quittaient leur terre natale pour un voyage sans retour. Ainsi : Bab el-Mandeb (la Porte des larmes) pour le détroit à l’entrée de la mer Rouge, ou Bagamoyo (Ici pleure mon cœur), pour le port sur le continent qui fait face à l’île de Zanzibar où les esclaves étaient regroupés.
18Ouverts dès l’aube de notre ère au commerce avec l’Inde et la Chine grâce à l’utilisation des vents de mousson par le pilote grec Hippale9 (ier siècle), ces rivages exportaient vers l’Inde de l’or, de l’ivoire, de la corne de rhinocéros, de l’ambre marin, des peaux d’animaux, du fer. Les Swahili entretenaient avec la péninsule arabique des relations commerciales riches en matières premières agropastorales (sorgho, millet, bétail, dromadaires), dont cette région aride était dépourvue. Au début du xixe siècle, ces opérations étaient si actives que le sultanat d’Oman transféra sa capitale à zanzibar. Il trouvait sur le continent la main-d’œuvre nombreuse et servile pour cultiver le clou de girofle destiné aux pays occidentaux.
Les zones sahéliennes encadrent un espace commercial
19De même que les rivages délimitent les espaces maritimes, les bandes sahéliennes englobent la vaste zone désertique qu’Ibn Batuta appelle Sahra (« la couleur fauve »). Avec les expéditions réelles ou supposées des Romains à partir de Sidjilmassa, dans le sud du Maroc en 42, puis de Septimus Flaccus en 70 et de Julius Maternus en 86 à partir de Leptis Magna sur la côte libyenne, on pense que des relations ont existé à travers le grand désert dès l’aube de notre ère avec l’arrivée du dromadaire dans la région. Si l’on en sait un peu plus sur son introduction dans la vallée du Nil10, les connaissances sur son apparition dans le Sahara ouest-africain sont encore parcellaires.
20La traversée du désert fut, tout au long des siècles, difficile matériellement et dangereuse pour qui voyageait avec des marchandises onéreuses, ou simplement utiles, à travers les territoires de populations nomades dépourvues de tout. De leur côté, les comptoirs établis sur les rivages sahariens à la limite des zones habitées (Ghadamès, Mzab, Sidjilmassa dans le nord, Tombouctou, Oualata, Tegdaoust dans le sud), à l’arrivée et au départ des caravanes furent un enjeu constant.
21L’ouverture du Soudan occidental11 au grand commerce avec le monde musulman fut une des conséquences du raid lancé en 734 vers le sud par Habib ben Abou Obeida, le gouverneur arabe de Sidjilmassa. Savait-il ce qu’il allait trouver de l’autre côté de ce que les caravaniers appellent « la grande solitude » ? La petite quantité d’or qu’il en rapporta l’incita à faire creuser des puits entre le Tafilalet (sud du Maroc) et le sud du Sahara, ouvrant ainsi une première route au commerce arabo-berbère12. Ce n’était pas une route au sens strict, mais plutôt un circuit de plusieurs pistes reliant un Sahel septentrional où se trouvait Sidjilmassa, au sud du Maroc, à un autre comptoir méridional, appelé Aoudaghost par les chroniqueurs. Celui-ci se trouvait à l’orée du royaume du Kaya Magan, l’empereur du Ghana, où, disait-on, on trouvait de l’or dans le sol, « comme des carottes » (Al-Fazâri, viiie siècle) (cahier couleur, fig. XII et XV).
22Si les simples puits creusés dans le grand désert donnaient généralement naissance à de modestes caravansérails, les haltes aménagées à l’entrée du Sahel pouvaient devenir des petites cités où avaient lieu les ruptures de charges entre les dromadaires venus du nord et les bœufs porteurs, sinon les porteurs tout court, du Trab El-Sudan, le « Pays des Noirs ». Le portage était effectué par des groupes spécialisés ou par des esclaves. En vue du Niger, du Sénégal ou du lac Tchad, la pirogue, pour la traversée des fleuves et la distribution des marchandises, prenait le relais. La monnaie elle-même changeait : l’or était recherché par les commerçants arabo-berbères, les cauris (coquillages) par les marchands noirs de la savane. Le sel servait toutefois à tous les trocs.
23Avec son climat semi-désertique, mais non dépourvu d’humidité en certaines saisons, le Sahel devint une région d’élevage de dromadaires destinés aux caravanes ou à la remise en forme des animaux. Pour Al-Idrisi (xiie siècle) et Léon L’Africain (xvie siècle), « on ne voyage qu’en hiver », autant pour des raisons climatiques que pour disposer en nombre suffisant de dromadaires ayant « refait leur bosse ». Il faut en effet acheter de nouveaux animaux au départ de chaque traversée, le même animal ne pouvant être utilisé pour un aller-et-retour immédiat.
24Un animal de bât qui a traversé le désert chargé de 120 à 150 kg ne peut guère être réutilisé pour la même tâche avant une saison de remise en forme. Ainsi, au départ de Sidjilmassa, le comptoir au sud du Maroc, Ibn Batuta acheta trois dromadaires pour un voyage de 47 jours en direction du Sud : un pour lui, un autre pour ses provisions et les marchandises à échanger. Le troisième était destiné à la servante qu’il avait achetée pour la durée du voyage. Pour aller de Takkeda, au Niger, jusqu’au Touat, sur la route du retour, il dut acheter deux chameaux, payables en or, et emporter des provisions pour 37 jours, car, écrit-il, « on trouve seulement de la viande, du lait et du beurre que l’on achète avec des étoffes ».
Le sel, clé du Sahara
25Depuis l’ouverture du Sahara au commerce entre le Maghreb et le Soudan occidental, celui qui contrôle le sel contrôle aussi l’or et l’ensemble des échanges. Le contrôle du commerce de l’or fut donc celui des salines et du transport du sel. Le duo sel/or lié à celui du mil fut le grand moteur de ce commerce. L’or était recherché par le monde arabe pour frapper le dinar fatimide, le sel par les populations du Soudan en raison des fortes chaleurs et le mil pour la nourriture des populations sahariennes. En effet, le sel destiné à la consommation humaine est introuvable à l’état naturel dans la savane et la forêt, les habitants de ces régions se contentant la plupart du temps de filtrer des cendres de tiges de mil.
26Les comptoirs sahéliens tenus par les commerçants et contrôlés par les États riverains fonctionnaient comme des bourses du commerce sinon des goulets d’étranglement. Dans le sud, les intermédiaires de l’empire du Ghana faisaient les prix entre le sel extrait du centre du Sahara et transporté par les marchands berbères, et l’or des Soudanais de la savane ou de la forêt claire, généralement originaire des sources du Sénégal et du Niger. Plus tard, quand l’or aura disparu, la forêt fournira de la noix de cola destinée aux populations sahariennes (cahier couleur, fig. XIII).
27Au milieu du xe siècle, le voyageur Ibn Hawqual qui enquêtait pour le compte des Fatimides signale dans sa Configuration de la terre qu’une charge de sel (120 kg) se paye 1 kg d’or, mais celle-ci tombe à 50 à 150 gr d’or sous Ibn Batuta (xive siècle). Dans la dernière partie du xve siècle, le Vénitien Alvise Cadamosto, qui voyagea sur les côtes sahariennes pour le compte du Portugal, donne de nouveau 1 kg d’or pour une charge de sel à Tombouctou. Toutefois, on pense qu’Ibn Batuta fut peut-être le seul de tous ces chroniqueurs qui ait réellement accompli le voyage d’où il tire ses informations. À défaut d’or, le sel servait directement de monnaie. À Tombouctou, au xve siècle, pour acheter un esclave, il suffisait de poser le pied du captif sur une plaque de sel et d’en découper le morceau correspondant. Au xvie siècle, la conquête de l’empire Songhaï par le Maroc pour mettre la main sur l’or de Tombouctou commença par une guerre du sel entre le sultan marocain El Mansour et Askia Daoud, l’empereur songhaï13.
Un commerce de luxe
28C’est en s’appuyant sur les textes et sur une étude de terrain évoquant des similarités avec l’Aoudaghost des chroniqueurs arabes qu’à la naissance des indépendances africaines, en 1960, le professeur Jean Devisse entreprit des fouilles au cœur du Sahel mauritanien sur un site appelé Tegdaoust. Il associa le chantier à la formation d’archéologues africains destinés à prendre connaissance de la réalité physique d’une histoire dégagée des imprécisions de la tradition orale.
29Ces fouilles se proposaient notamment, à travers les datations de niveaux et les types d’objets bien documentés trouvés sur ce site d’échanges avec le Maghreb, d’ouvrir la porte à une meilleure connaissance de l’histoire africaine, puis, grâce à la datation des niveaux d’occupation, de la relier à celle du reste du monde. Ces travaux permirent de se faire une idée sur la nature réelle des échanges matériels entre le Maghreb et le Soudan occidental, où l’or tenait une place essentielle, alors que la route de Tripoli au lac Tchad, à l’est, n’avait eu rien d’autre à négocier que des esclaves tout au long de sa longue histoire qui remontait à l’époque romaine. Pour la première fois, le Sahel montrait, à travers les nombreux vestiges découverts dans des strates d’époques différentes, sa fonction d’échange entre deux mondes qui venaient de se découvrir.
« L’archéologie, écrit ainsi Jean Devisse, nous apporte lentement la certitude que des produits coûteux ont circulé sur des milliers de kilomètres, que des relations de toutes sortes ont lié les Afriques [Nord-Est-Subsaharienne] des siècles durant […] Les fouilles de Gao, Tombouctou, Koumbi Saleh, Tegdaoust nous ont déjà appris beaucoup dans ce domaine. Des produits aussi fragiles que des coupes ou des vases de verre, des lampes à huile émaillées, ont traversé le Sahara en direction du Sahel, sans doute de manière à peu près ininterrompue entre le xie et le xvie siècle. Nous avons eu la chance de retrouver à Tegdaoust un certain nombre de jetons de verre du xe siècle, une plaque de cornaline à intaille en caractère coufique d’époque almoravide (début xiie siècle), et des moules de pierre destinés à couler des médailles de métal qui ne sont pas sans rapports étroits avec des moules similaires des ixe-xe siècles découverts au Maroc14. »
30À plus d’un millier de kilomètres à l’est, dans l’Adrar des Ifoghas, aujourd’hui au centre du conflit malien, des fouilles entreprises sur le site de Tadmekka (aujourd’hui Es-Souk), daté de la même époque que celui de Tegdaoust, ont révélé, l’existence d’un commerce semblable avec le Maghreb, incluant la présence de l’or15.
Des traversées de tous les dangers
31Franchir la mer ou le désert consistait à entreprendre un voyage périlleux entre deux rivages tout au long de la traversée, à la merci d’une nature hostile (tempêtes, vents de sable entraînant une perte des repères), au risque d’un accident matériel (voie d’eau pour un navire, maladie ou mort de bêtes de bât, épuisement des réserves d’eau potable pour une caravane). C’est pourquoi le voyage en droiture, dans le désert comme sur l’océan, bien que plus rapide, représentait toujours un risque, alors que naviguer en vue des côtes ou en faisant des détours par des oasis connues ou des accidents de terrain reconnaissables, permettait de se repérer ou de se réfugier dans les endroits protégés. Dans le désert, un guide était indispensable. Dans l’océan Indien, c’était le pilote. Et si Hippale a laissé son nom comme celui qui ouvrit la route au grand commerce maritime avec l’Inde, c’est un autre pilote local, Ahmed Ibn Majid, qui permit à Vasco de Gama, en 1497, d’atteindre directement Calicut à partir de la côte africaine.
32Dans le désert, les oasis ponctuaient les trajets caravaniers. Deux à trois mois étaient nécessaires à un voyageur pour couvrir la distance entre les deux rives du désert, car le trajet n’était jamais réalisé d’une seule traite en raison de la fatigue des hommes et des animaux. Ici se trouve toute la différence d’avec le voyage maritime.
33Ibn Batuta rappelle qu’au début de son voyage en direction du Soudan, lui et quelques compagnons entreprirent malgré les conseils de devancer la caravane, « jusqu’à ce qu’un homme appelé Ziri se perdît dans le désert. Après cela, écrit-il, je n’allais ni plus en avant, ni plus en arrière ».
34Pour éviter que la caravane s’égare, un guide local expérimenté était indispensable, car dans un environnement souvent uniforme et sans grand relief, hostile même aux nomades, un léger vent de sable empêchant la conduite avec les étoiles pouvait conduire jusqu’au drame.
35À l’approche du comptoir sahélien de Oualata au sud-est de l’actuelle Mauritanie, la caravane à laquelle Ibn Batuta s’était joint loua un taksif, un guide, pour 100 miqtal or, une somme considérable. Ce taksif (ou découvreur) devait prévenir les habitants du comptoir de l’arrivée de la caravane pour prévoir les logements, prévenir les vendeurs de dromadaires pour remplacer ceux qui étaient morts en cours de route ou qui s’étaient blessés. Il devait aussi revenir à la rencontre des voyageurs avec des outres d’eau. Cependant, ajoute notre voyageur tangérois, « il arrive que le taksif périsse dans le désert. Dans ce cas, les habitants de la cité ne savent rien de la caravane qui périt entièrement ou en grande partie…16 » En vue de la cité, la caravane devait s’arrêter à bonne distance, ne pas arriver de nuit, et envoyer de nouveau un guide pour que les habitants ne se méprennent pas sur les bonnes intentions des arrivants (cahier couleur, fig. XIV).
36Car l’insécurité était permanente. Les comptoirs, les oasis et les cités caravanières étaient protégés par un mur d’enceinte contre les incursions des nomades et des pillards. Les parties habitées des oasis, y compris celles qui ne devaient leur renommée qu’à leur palmeraie et non au commerce, étaient entourées d’un mur d’enceinte et dominées par des ksour (châteaux forts). Ils furent démantelés lors de la conquête coloniale, souvent après de durs combats, en particulier dans le Sud algérien.
37La traversée du désert ne pouvait être que l’objet d’un consensus entre commerçants, qui le parcouraient, et nomades qui y vivaient et n’obéissaient qu’à leurs propres lois. Aujourd’hui, le Sahara est divisé par des frontières, reconnues ou contestées, mais toujours ignorées par les nomades. Quant à l’océan Indien, cette Méditerranée de l’Orient, son immensité est telle qu’une piraterie maritime à grande échelle (Somalie, détroit de Malacca) sévit tout au long des côtes en raison de la tribalisation des pouvoirs, de la pauvreté des populations côtières qui voient passer des navires concentrant des richesses, à l’image des caravanes d’autrefois… et des 4 X 4 de touristes d’aujourd’hui, cibles des coupeurs de routes.
38Les caravanes voyageaient de préférence en hiver, période plus froide épargnée par les vents de sable qui font perdre tout sens de l’orientation. La traversée d’un territoire habité par des nomades, Touaregs, Bérabichs, Maures, Toubous, donnait lieu au paiement d’un péage. Ces taxes étaient le prix de la sécurité apportée par un guide local expérimenté et servaient en même temps de sauf-conduit pour traverser le territoire concerné, tout en fournissant des marchandises aux populations. L’entrée sur un autre territoire nécessitait de nouveau une redevance. Le prix des produits s’en trouvait de ce fait fortement renchéris. Ainsi, au xvie siècle, les Touaregs du Hoggar faisaient payer 1 kg d’or le droit de passage d’une charge de dromadaire (150 kg) venant du sud, et d’une pièce de tissu si le marchand venait du nord.
39Pour Léon L’Africain, qui voyagea dans la région à la fin du xvie siècle, les rois de Tlemcen (Algérie) devaient verser aux tribus nomades du sud des droits de péage qui absorbaient dit-on, « en comptant la solde des mercenaires, près de la moitié des revenus tirés du commerce avec l’autre rive du désert ».
40Entre le brigandage qui consistait à piller les caravanes et son institutionnalisation par le paiement de taxes, la frontière était souvent très mince, surtout lorsque les prix demandés pour la protection devenaient exorbitants. Aussi les chefs de Sidjilmassa envoyaient-ils régulièrement des expéditions punitives dans le sud contre les brigands dont ils montraient les têtes coupées aux voyageurs pour les assurer de leur autorité sur la route qu’ils devaient prendre.
Sahel des guerres saintes
41Lieux de contact entre nomades et sédentaires, entre celui qui monte à dromadaire et celui qui se contente d’un âne ou d’un bœuf porteur, le Sahel est aussi une frontière où les idéologies s’affrontent. Pauvreté des nomades contre la richesse des comptoirs commerciaux, au xie siècle le mouvement de réforme des Almoravides s’en prit au manque de rigueur religieuse des marchands maghrébins – et aussi à leurs tendances kharidjites, c’est-à-dire schismatiques – pour s’emparer du comptoir d’Aoudaghost (Terdaoust) et pousser leur conquête jusqu’à affaiblir durablement l’empire du Ghana. Cette volonté d’un retour à une vie moins ostentatoire conduisit ces talibans rigoristes du haut Moyen Âge ouest-africain à contrôler à leur tour les routes du sel et de l’or puis à s’installer sur le trône du Maroc et en Espagne (xie-xiie siècles). De son côté, l’empire noir et animiste du Ghana (ive-xiie siècles), fragilisé, fut supplanté par le royaume islamisé du Mali (xiie-xve siècles). Ce dernier fit de Tombouctou, au sommet de la grande boucle du Niger, le comptoir florissant d’une route plus orientale vers le Maghreb et l’Égypte.
42Les premières populations soudanaises converties furent les peuples de la vallée du Sénégal, comme les Toucouleurs et les Soninkés (ou Sarakollés) de l’ancien empire de l’or. C’est de cette région sahélienne, foyer des premiers convertis subsahariens, que partirent ensuite la plupart des mouvements de réforme religieuse qui balayèrent l’Afrique occidentale, habillant sous le manteau exaltant de la guerre sainte contre les animistes ou les croyants jugés trop tièdes, des visées plus politiques : coup d’État de Mohamed Sylla à Tombouctou avec l’instauration de la dynastie des Askia (xvie siècle) ; création de l’empire de Sokoto par Ousman dan Fodio au Nord Nigeria (fin du xviiie siècle) ; réforme d’El Hadj Omar dans la vallée du Niger (milieu du xixe siècle) ; et jusqu’à l’opposition de Cheikh Hamaloulah à la colonisation française dans les vallées moyennes du Sénégal et du Niger (années 1930)17. Les conquêtes mettaient à profit la longue saison sèche qui immobilise les populations sahéliennes des mois durant et permet le rassemblement des talibés, ces étudiants en religion adeptes d’un leader charismatique.
43Les fleuves favorisaient ces déplacements. Ces « réformes » religieuses, toujours recommencées sous couvert de lutte contre les animistes, laissaient des traces profondes. Les populations de ces noyaux de résistance à l’islam (Bambara, Dogons) intégraient leurs croyances traditionnelles aux dogmes qu’on cherchait à leur imposer en un syncrétisme qui ne pouvait que susciter de la part de leurs voisins une explosion future d’intégrisme.
44La poussée islamiste récente en Afrique occidentale et dans la partie saharo-sahélienne du Mali a pris plus particulièrement pour cible l’islam saharien des confréries proches de l’attachement des populations à l’héritage des ancêtres. Et c’est pour rompre les liens avec ce passé trop proche encore des anciennes croyances que furent détruits les modestes mausolées élevés à la mémoire des personnages vénérés18. Après les indépendances, des campagnes pour la modernisation de la société (contrôle des naissances, vaccination), furent aussi montrées par des prédicateurs relayant les prêches de la péninsule arabique comme un complot de l’Occident19.
Bataille pour le Sahel
45Le contrôle des rivages a toujours suscité des convoitises, car il ouvre sur des espaces difficilement contrôlables. Tout y est donc possible. C’est ainsi qu’à la fin du xixe siècle la conquête des franges sahéliennes du Sahara par la France, déjà présente en Algérie et au Soudan, entraîna celle du désert lui-même. N’y avait-il pas un danger que l’Angleterre, active au Maroc et au Soudan oriental (vallée du Nil), ne s’y installe pour faire la jonction entre ses zones d’influence. Il est vrai qu’à cette époque, on connaissait mal la figure du continent. La géopolitique faisait fi de la géographie locale et s’appuyait sur le volontarisme des explorateurs comme Henry Morton Stanley, le « briseur d’obstacles » (1841-1904).
46Si les zones d’influence européennes en Afrique furent ébauchées sur un coin de table à la conférence de Berlin en 1885, privilégiant les fleuves et les bassins-versants, car on en était encore à la « diplomatie de la canonnière », les frontières administratives établies par la suite devaient prendre aussi en compte les intérêts locaux. Les responsables coloniaux étaient redevables envers les métropoles de la bonne marche des territoires dont ils avaient la charge, souvent au risque de s’opposer aux intérêts propres et à court terme des compagnies privées.
47Ainsi, les frontières actuelles du Mali résultent d’un bras de fer entre deux administrations coloniales aux visées antagonistes. En 1905, les chambres de commerce françaises d’Algérie s’accrochaient à l’idée de lancer un chemin de fer à travers le Sahara pour exporter par les ports d’Alger et d’Oran les richesses supposées du Soudan.
48Le commandant Laperrine, qui avait fondé les compagnies méharistes et bénéficiait d’un grand prestige auprès des milieux d’affaires algérois décida d’entreprendre la première liaison sur Tombouctou aux portes du Soudan pour ancrer cette région au territoire algérien. Ayant appris ce projet, le gouverneur général d’Afrique occidental qui avait en charge le Sénégal-Mauritanie, le Soudan français et le territoire du Niger s’y opposa en envoyant à sa rencontre un détachement dirigé par le capitaine Théveniaut20. Pour les administrateurs de l’Afrique occidentale, l’économie du Soudan français reposait encore sur l’échange entre le sel du Sahara et le mil de la savane et mettre la région entre les mains des colons algériens risquait d’être catastrophique pour les populations soudanaises. Théveniaut, parti de Tombouctou, rencontra Laperrine au puits de Timiaouine au centre du Sahara et lui signifia l’interdiction de continuer sa route. Les échanges furent orageux, mais Laperrine dut s’incliner et les frontières administratives entre les deux territoires furent fixées au lieu même de la rencontre des deux officiers. Elles furent ensuite reliées à des points passant par des puits et des accidents géographiques reconnaissables et fixent aujourd’hui la limite nord du Mali contemporain. Cette frontière préserva à cette époque l’économie traditionnelle de la plus grande partie de l’Afrique de l’Ouest et sa zone d’influence au Sahara issue de l’histoire des grands empires de la savane, mais en scindant le Sahara elle porta atteinte à l’union des populations nomades qui y vivaient (Maures, Bérabichs, Touaregs).
49En 1963, peu après l’indépendance, le président malien Modibo Keita qui craignait que les Touaregs maliens, éleveurs de bovins dans leur grande majorité, revendiquent leur rapprochement avec les Touaregs algériens, éleveurs de dromadaires, donna son soutien au président algérien Ben Bella, qui était en conflit avec le Maroc pour des problèmes frontaliers, en échange de l’acceptation de la frontière malienne existante. Les Touaregs maliens, qui avaient cru quelques années auparavant que la France créerait un grand ensemble saharien regroupant tous les nomades, se retrouvaient minoritaires dans un pays gouverné par des Soudanais, leurs anciens tributaires. Des troubles suivis d’une forte répression aboutirent à la fuite en Algérie et en Libye d’une grande partie des Touaregs maliens.
50C’est après l’effondrement du pouvoir malien en 2012 contre une rébellion suivie d’un coup d’État, que ces nomades, travaillant dans le pétrole, ou formés en Libye par le colonel Kadafi qui les avaient déjà utilisés pour combattre contre le Tchad afin de récupérer la bande d’Aozou, retournèrent au Mali avec armes et bagages pour revendiquer l’indépendance de leur région d’origine au nom d’un Mouvement national pour l’indépendance de l’Azawad (MNLA). On sait que les indépendantistes furent rapidement supplantés par des mouvements islamistes dont les prédicateurs salafistes étaient actifs dans la région depuis plusieurs décennies, s’appuyant sur un trafic de cigarettes et de drogues qui avait étendu son maillage entre les deux rives du désert.
51Comme une histoire toujours recommencée, la conquête de l’espace saharien par un mouvement qui se donnait une apparence de réformateur, passait par celle du Sahel et de ses portes, Tombouctou et Gao. Mais la région englobait aussi des populations soudanaises sédentaires peu disposées à revenir sous la domination des nomades d’autrefois. En janvier 2013, l’intervention française destinée à stopper l’avance islamiste sur Bamako, la capitale malienne, restitua l’autorité formelle du gouvernement sur son territoire. Mais elle ne résolut pas pour autant les relations entre nomades et sédentaires dans un Sahel où les économies des uns et des autres restent néanmoins imbriquées et complémentaires.
Notes de bas de page
1 Garnier R., Recherches sur les causes des sécheresses : l’équateur météorologique, dans La désertification au sud du Sahara, colloque de Nouakchott, 17-19 décembre 1973, Dakar-Abidjan, Nouvelles éditions africaines, 1976.
2 Gallais J., Hommes du Sahel, Paris, Flammarion, 1984, p. 5.
3 Dumont G.-F., « Géopolitique des populations du Sahel », Cahier du Cerem (Centre d’études et de recherche de l’École militaire) 13, décembre 2009, p. 33-46.
4 Hommage à E. Bernus, Les temps du Sahel, Paris, IRD, 1999.
5 Tarik es-Sudan.
6 De même, les Arabes appellent-ils jazirat les îles désolées du golfe arabo-persique, Al-Djazirat, les petites îles en face d’Alger qui ont donné son nom à l’Algérie et à sa capitale, et la côte fertile de l’Afrique du Nord elle-même, ou bien Guesireh, les terres riches enserrées comme une île prospère entre le Nil Blanc et le Nil bleu en amont de Khartoum, au Soudan.
7 Ibn Batuta : litt. « les rivages ». Voir Mauny R., Textes de documents relatifs à l’histoire de l’Afrique, Dakar, Publications de l’université de Dakar, 1966, note p. 26. Peut aussi signifier « entrepôt » ou « comptoir », Ibn Battûta, Voyages II, Paris, FM/La Découverte, 1982, note p. 90.
8 Les Zeng, les « Noirs », en référence à Zanzibar, les habitants de la côte orientale de l’Afrique.
9 Hippale n’aurait pas découvert la mousson comme on l’écrit habituellement, car ces vents étaient bien connus des marins de l’époque, mais sa connaissance des ports et de la côte de l’Inde lui aurait permis, en s’appuyant sur l’existence de la mousson, de tracer un voyage en droiture à certaines époques de l’année, au lieu de faire du cabotage par sécurité le long des côtes d’Arabie. Voir Tchernia A., « Mousson et monnaies : les voies du commerce entre le monde gréco-romain et l’Inde », Annales. Histoire, Sciences sociales, 50/5, 1995, p. 991-1009.
10 Voir la contribution de Damien Agut-Labordère dans ce volume, p. 175-194.
11 Soudan occidental : historiquement les vallées du Sénégal et du Niger jusqu’au lac Tchad, par opposition au Soudan oriental, de l’est du lac Tchad jusqu’à la mer Rouge.
12 À l’issue de son raid lancé en 666 au sud Fezzan en direction des oasis du Kawar (nord-est du Niger), le conquérant Oqba ibn Nafi demanda à un habitant : « Il y a t-il encore quelqu’un au-delà de vous autres ? » N’ayant pas obtenu de réponse, il jugea qu’il avait atteint l’autre rive du désert et rebroussa chemin. Il est vrai qu’il n’avait trouvé que des esclaves à ramener et pas d’or. La route de l’or, le Ghana, c’est son petit-fils Abou Obeida qui la trouva, plus à l’ouest, en 734. Cuoq J.-M., Recueil des sources arabes concernant l’Afrique occidentale du viiie au xvie siècle, Paris, CNRS, 1975.
13 Es-Saadi, Tarikh es-Sudan, traduction O. Houdas, Paris, Adrien Maisonneuve, 1981.
14 Devisse J., « Routes de commerce et échanges en Afrique occidentale en relation avec la Méditerranée. Un esssai sur le commerce médiéval du xie au xvie siècle », Revue d’Histoire économique et sociale 50/1, 1972, p. 42-73 et 50/3, 1972, p. 357-397.
15 Nixon S. et Rehren Th., « Refining Gold with Glass – an early Islamic technology at Tadmekka, Mali », Journal of Archaeological Science 49, 2014, p. 33-41.
16 Mentionnons pour mémoire, les restes d’une caravane médiévale, chargée de lingots de cuivre trouvée par Théodore Monod dans la Majâbat el-Koubra au Nord-Est de la Mauritanie : Monod Th., « Une épave caravanière ancienne dans la Majâbat el-Koubra », Colloque du premier colloque international d’archéologie africaine, Fort-Lamy, 1969, p. 286-320. Voir aussi p. 29 de ce présent volume, la contribution d’E. Nantet sur l’épave de la Majâbat el-koubra.
17 Traoré A., Cheikh Hamahoullah, homme de foi et résistant, Paris, Maisonneuve et Larose, 1983.
18 La Cour pénale internationale (CPI) a poursuivi pour « crime contre l’humanité » les responsables de la destruction des mausolées de Tombouctou, comme le fut l’ordonnateur du bombardement de la ville ancienne de Dubrovnic pendant la guerre de Yougoslavie.
19 Un pays comme le Niger, qui affichait 4,5 millions d’habitants au tournant des années 1970, en comptabilise plus de 20 millions un demi-siècle plus tard. Les jeunes Nigériens constituent une partie importante des migrants qui tentent de traverser la Méditerranée pour tenter leur chance en Europe.
20 Nantet B., « Aqmi au Mali, l’intégrisme n’a jamais quitté le Sahel », Huffington Post, 11 février 2014.
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