Introduction à la quatrième partie
p. 263-264
Texte intégral
1Les cinq articles qui composent cette dernière partie offrent une grille de lecture des enjeux abrités par les espaces désertiques et littoraux. La notion de maillage territorial, de limite et de frontière est commune à ces analyses qui examinent, dans différents contextes et à différentes époques, la question du contrôle, qu’il s’agisse de ses modalités ou de la manière dont le principe en est défendu ou bien contesté. Olaf Kaper présente ainsi un exemple de maillage territorial, appuyé sur une institution religieuse, le temple, dont les fonctions dépassent le domaine du sacré pour assurer des missions de développement économique et de contrôle dans l’Égypte des époques saïtes et perses. Cette même idée est au cœur de la démonstration proposée par Gaëlle Tallet, qui analyse les fonctions associées à l’économie oasienne à l’époque impériale, en évoquant le complexe fiscal et ses déclinaisons en termes de contrôle, de défense et de sécurité. Quoique situés au cœur du « pays », les oasis étaient ainsi considérées par les pouvoirs anciens comme des postes frontière et c’est une raison pour laquelle elles supportent la comparaison avec les îles ou les littoraux. Thierry Sauzeau répond en quelque sorte à ce même problème de captation douanière et de contrôle des flux, mais sur le mode maritime et dans la France de la monarchie administrative, avec l’étude de la fiscalité sur un littoral du Centre-Ouest français. On réalise ainsi que les points de passage, littoraux ou oasiens, ont de tout temps entraîné une intense activité de la part des États, pour s’en assurer le contrôle, y faire régner la sécurité et y prélever les revenus nécessaires à l’entretien des pouvoirs de police ou de justice qui y étaient indispensables. Bernard Nantet apporte à cet égard un autre éclairage, en rappelant que le Sahara contemporain reste héritier de routes, d’itinéraires et de territoires vécus et parcourus par des groupes qui entendent poursuivre leurs activités, en dépit de l’existence de nouveaux tracés frontaliers, pour la plupart issus du couple colonisation/décolonisation. Les efforts déployés par les États du Maghreb ou du Sahel pour faire respecter leur souveraineté sur des territoires que bornent leurs frontières entrent ainsi en opposition frontale avec des mouvements qui se trouvent revivifiés, quand des conditions favorables le leur permettent. Dominique Guillemin et Jean Martinant de Préneuf comparent quant à eux les stratégies et opérations en milieu désertique et maritime à l’époque contemporaine. Certaines d’entre elles sont évidemment des réponses aux actes de piraterie, de rébellion, de terrorisme ou de guerre civile qui se développent dans les secteurs maritimes et désertiques. Entre théories et pratiques, on trouve là de nouvelles preuves de la proximité des enjeux entre mer et désert.
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