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Pouvoirs et environnement

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Raphaël Morera
, 
Alexis Vrignon
, 
Laurent Coumel

Deuxième partie. Aménager la nature ou affirmer les pouvoirs ?

Namur 1755 : gérer une garnison, ses ressources et la préparation de la ville à l’aube d’un conflit armé

Alix Badot

Texte intégral

  • 1 Le texte de cette convention est reproduit sur le site Wikisource : « Convention du 27 août 1755 en (...)
  • 2 Parmentier I., « L’histoire de l’environnementale et la ville. Orientation et structuration de la d (...)
  • 3 Pour l’impact environnemental des activités militaires au xxe siècle, une bibliographie est proposé (...)
  • 4 Une bibliographie est proposée dans Denys C., La renaissance de l’histoire militaire française pour (...)
  • 5 Les documents étudiés sont conservés aux Archives générales du Royaume de Belgique (AGR) dans un re (...)

1En 1755, les relations entre la France et l’Angleterre sont particulièrement tendues, les Autrichiens et les Provinces-Unies craignent que les Pays-Bas soient à nouveau le théâtre d’affrontements entre ces deux puissances. Forts de l’expérience de la guerre de succession d’Autriche (1740-1748), le pouvoir central des Pays-Bas autrichiens et les États-généraux des Provinces-Unies s’accordent et se préparent à l’éventualité d’un siège de Namur. Une convention détaillant les dispositions prises par chaque partie est alors établie1. L’étude de cet accord et des documents préparatoires situe l’analyse à la convergence entre trois champs historiographiques : l’histoire urbaine2, l’histoire environnementale3 et les nouvelles mouvances de l’histoire militaire qui se penchent sur des aspects urbanistiques et sur les rapports entre la ville et l’armée4. Cet exemple concret de dispositions prises à l’approche d’un conflit met en évidence les différents niveaux de pouvoir impliqués dans l’anticipation d’une situation de crise5. Au centre d’une gestion tripartite les dispositions prises à Namur nous éclairent sur la manière dont l’exercice d’un « pouvoir » sur la ville s’accompagne d’une certaine façon d’appréhender l’environnement de celle-ci.

2À travers l’étude de différents aspects environnementaux, nous examinerons quelles solutions sont envisagées par chaque partie pour circonscrire la crise. Cette approche, plus axée sur les besoins militaires en milieu urbain, a pour objectif de comprendre comment le magistrat de la ville de Namur, les autorités militaires hollandaises et les dirigeants des Pays-Bas autrichiens s’organisent pour que des troupes en garnison puissent rassembler et conserver suffisamment de ressources alimentaires et matérielles pour tenir pendant un siège de deux mois tout en évitant le plus longtemps possible d’entamer les réserves de la ville.

3L’arrivée d’un nombre important de soldat modifie l’utilisation de l’espace urbain. Nous examinerons d’abord le point de vue urbanistique et les adaptations des bâtiments civils et militaires envisagées par les autorités engagées pour répondre à la situation d’urgence. Dans un second temps, nous envisagerons la manière dont est organisé l’approvisionnement de la garnison et nous tenterons de comprendre à travers la fourniture des vivres et des bois, comment chaque niveau de pouvoir s’implique dans la minimisation de l’impact d’un siège sur la ville ou au contraire cherche à mettre en avant ses propres intérêts.

L’environnement urbain, objet d’une négociation tripartite

  • 6 Jacquet Ph. et Ladrier F., Assiégeants et assiégés au cœur de l’Europe : Namur 1688-1697, Bruxelles (...)
  • 7 Hubert E., Les garnisons de la barrière dans les Pays-Bas autrichiens (1715-1782). Étude d’histoire (...)

4Située au confluent de la Sambre et de la Meuse, Namur acquiert une importance stratégique primordiale au cours du xviie siècle. Réputée imprenable, les défenses sont développées à l’occasion des différents conflits6. Afin d’apaiser les tensions internationales, les grandes puissances de l’époque cherchent depuis 1673 à mettre en place une « Barrière » entre la France et les Provinces-Unies. En 1713, le traité d’Utrecht, qui met fin à la guerre de succession d’Espagne, accorde ainsi aux Habsbourg d’Autriche le contrôle des Pays-Bas méridionaux et donc de Namur. Plusieurs accords se succèdent alors pour aboutir le 15 novembre 1715, à Anvers, au Traité de la Barrière ratifié en mai 1719. Les Provinces-Unies obtiennent le droit de tenir garnison dans huit villes des Pays-Bas méridionaux dont Namur. En outre, ils doivent s’acquitter d’un impôt couvrant les frais d’entretien des troupes et des places fortes. La fermeture de l’Escaut est entérinée7.

  • 8 Douxchamps-Lefèvre C., Une province dans un monde : le comté de Namur (1421-1797), Namur, Éd. namur (...)

5La guerre de succession d’Autriche met en évidence les limites du Traité de la Barrière. En 1744, Les troupes françaises occupent les Pays-Bas. Les garnisons hollandaises et austro-wallonnes n’offrent qu’une faible résistance aux troupes de Louis XV. En 1746, Namur et la citadelle sont prises en moins de 30 jours8. C’est pour éviter ces déconvenues qu’en 1755, la seule rumeur d’une guerre pousse les autorités des Provinces-Unies et le gouvernement autrichien à établir une convention pour anticiper les difficultés qui surviennent lors d’un siège.

  • 9 Archives de l’État à Namur (AÉN), Ville de Namur (VN) : Recensements de la population, n° 180-182.
  • 10 Pour l’histoire de Namur au xviiie siècle : Jacquet Ph. et al. (dir.), Histoire de Namur : nouveaux (...)

6Si l’importance militaire de Namur au xviiie siècle est indéniable, la ville est également le chef-lieu de la province du même nom et le siège d’un évêché depuis 1559. Au centre d’une région d’extraction minière florissante, Namur est aussi un port important. En 1745, on y recense 13379 habitants9, auxquels il faut ajouter les trois à quatre mille soldats de la garnison. Ceux-ci sont installés tant dans les casernes qui se trouvent dans la partie basse de la ville, qu’on appelle la « corbeille », que dans la citadelle qui surplombe la cité10. La gestion de Namur dépend par conséquent de trois niveaux de pouvoir, le magistrat de la ville, les autorités militaires de la garnison et le pouvoir central.

Carte 1. – Ville et citadelle : Werner, F. et Ringlin, J., « Namurcum. Namür », [ca 1708] sur le site NEPTUN [http://neptun.unamur.be/​items/​show/​45], consulté le 22 mars 2015.

  • 11 AGR, SEG, n° 1425, fol. 184-187, [Directives de Charles de Lorraine], s. d. [1755].
  • 12 Jean-Joseph de Bournonville et de Sars : gouverneur de Charleroi, conseiller d’État, chambellan en  (...)

7Les Pays-Bas méridionaux sont gouvernés à cette époque par Marie-Thérèse d’Autriche. Elle intervient dans cette mise en défense par l’intermédiaire de ses représentants locaux et des institutions centrales. Le gouverneur général, Charles Alexandre de Lorraine, précise, dans les directives qu’il adresse au magistrat de la ville de Namur, aux évêques locaux et au gouverneur et souverain bailli du comté, Charles Emmanuel de Gavre, les mesures à prendre vu l’imminence du siège11. Le gouverneur des Pays-Bas nomme le marquis de Bournonville comme intermédiaire pour rédiger la convention. Ce dernier est désigné en sa qualité de lieutenant général et de gouverneur de la place de Charleroi12. Médiateur entre les autorités centrales et les négociateurs des Provinces-Unies, il représente les intérêts militaires de l’Autriche.

  • 13 AGR, SEG, n° 1425, fol. 238-242.
  • 14 Pierre de Laing : chef du corps des ingénieurs de l’impératrice aux Pays-Bas autrichiens. Voir Quai (...)
  • 15 Pieter de la Rive : cartographe, officier et directeur des fortifications des Provinces-Unies. Voir (...)
  • 16 Franciscus Cornabé : général major au service des Provinces-Unies. Voir « Franciscus Cornabé », in (...)

8Les questions financières sont principalement traitées par le Conseil des finances. Cet organe de gouvernement gère les activités militaires liées au « Domaine ». Dans le cadre de la mise en défense de Namur, les conseillers réunissent, le 8 octobre 1755, une commission pour discuter des points sensibles de la convention13. Ils désignent également un ingénieur, de Laing14, pour servir d’expert et juger des transformations à opérer à la fois dans la ville et au château pour que les moyens de défense soient opérationnels. La convention prévoit la nomination de plusieurs autres ingénieurs qui dressent les listes de fournitures nécessaires et qui inspectent les fortifications et les bâtiments militaires disponibles pour la garnison. L’équivalent hollandais de Laing est la Rive, directeur des fortifications pour les Provinces-Unies15. La convention est signée par le général Cornabé pour le parti hollandais, en sa qualité de général-major de l’infanterie16. En tant que représentant des autorités des Provinces-Unies, il contrôle et régit l’approvisionnement des troupes et fait part des griefs aux autorités autrichiennes.

  • 17 Baron de Schwartzenberg : général d’infanterie au service des Provinces-Unies et gouverneur de la v (...)
  • 18 AGR, SEG, n° 1425, fol. 208.

9Le gouverneur de Namur qui représente l’autorité militaire des Provinces-Unies à Namur est le baron de Schwartzenberg17. Il entretient avec les autorités urbaines des rapports conflictuels et provoque de nombreuses controverses18. Soutenant que l’arrivée des troupes françaises est imminente, il cherche plusieurs fois à prendre le contrôle absolu de la ville sans en référer au gouverneur militaire désigné par les Autrichiens.

10L’accord signé par les deux parties précise également le rôle du prince de Gavre, souverain bailli du comté de Namur. Il est chargé de prendre les dispositions nécessaires à la défense de la ville en cas de siège et est responsable de la capitulation de celle-ci le cas échéant. Il sert d’intermédiaire entre le gouvernement et le magistrat, veillant d’une part à vérifier le bon déroulement des réquisitions et des destructions nécessaires pour rendre aux murailles leur vocation défensive, et d’autre part à transmettre au gouvernement les inquiétudes du magistrat.

  • 19 AGR, SEG, n° 1425, fol. 230-234.
  • 20 Henin C., Les pouvoirs politiques du comté de Namur. Répertoire des institutions publiques, régiona (...)
  • 21 Luc Félix Joseph Carton : entrepreneur général des vivres de 1752 à 1768. Voir Clément de Cléty T., (...)

11Les autorités urbaines s’accommodent au mieux de la situation et interviennent surtout pour des questions d’organisation. Elles s’inquiètent auprès du gouvernement central des vivres à fournir et des emplacements qui peuvent être réquisitionnés pour les stocker19. Elles entrent régulièrement en conflit avec le baron de Schwartzenberg, qui est peu enclin au dialogue et qui agit en occupant, plutôt que de chercher des solutions réfléchies avec le magistrat. Chargé de la remise en état de la muraille urbaine et de la gestion des bâtiments militaires au cœur de la ville, le magistrat tâche de minimiser les dépenses. Ses finances sont au plus bas suite aux conflits du xviie siècle et suite à la guerre de succession d’Autriche20. D’autres acteurs interviennent ponctuellement, comme les représentants des métiers qui sont appelés à témoigner en tant qu’experts de la bonne conservation des vivres stockés dans les magasins. Gailliot, directeur du magasin des vivres, Carton, entrepreneur général des vivres21, et Caters, son confrère hollandais, sont consultés pour établir la liste des fournitures nécessaires.

Un environnement urbain réversible

12La menace d’un siège et l’augmentation du nombre de soldats de la garnison à huit mille hommes provoquent des modifications dans l’organisation de la ville. L’état de siège imminent implique la nécessité de remettre les bâtiments militaires en fonction et de réquisitionner des édifices civils. Cette mise en défense encourage l’entretien des constructions, les ingénieurs militaires pointant la moindre imperfection qui pourrait avantager l’ennemi ou affecter la qualité de vie des soldats.

  • 22 AGR, SEG, n° 1425, fol. 277-279.

13Ce partage d’infrastructures est source d’interaction entre les niveaux de pouvoirs qui occupent l’espace urbain et provoque une mue du territoire. Les bâtiments militaires retrouvent leurs fonctions. Les murailles utilisées en temps de paix par les habitants de la ville sont réhabilitées. Le général Cornabé demande, en effet : « qu’il soit autorisé aussi à la réquisition de messieurs les généraux qui seront dans la place, de pouvoir raser les murailles, maisons, hayes, broussailles et autres enpechemens, nuisibles à la défense de la place, tant en dedans que dehors la ville22 ».

  • 23 AGR, SEG, n° 1425, fol. 263-271.

14L’ingénieur de Laing estime qu’il ne faut que trois à quatre jours pour remettre les murailles en état. Ce travail peut être fait par un détachement de 200 hommes de la garnison, accompagnés des maçons et des charpentiers de la ville. Il suggère également de différer ces travaux jusqu’au moment de l’arrivée des troupes autrichiennes, quand il n’y aura plus de doute sur la tenue d’un siège, afin d’éviter les plaintes et les demandes d’indemnisation23.

  • 24 Henin C., Les pouvoirs politiques du comté de Namur, op. cit., p. 669-698.
  • 25 Borgnet J., Promenades dans Namur, Profondeville, Mosa, 1964, p. 594.

15En temps de paix, les fortifications ont un rôle plus intégré à la vie urbaine (pâture, support pour la construction de maisons, exploitation des arbres, etc.). Les autorités des Provinces-Unies désirent procéder rapidement à la rénovation des ouvrages défensifs tandis que le gouvernement autrichien reporte ces transformations pour préserver les finances urbaines24. L’entretien des fortifications incombe selon leur situation à différents acteurs. La ville est chargée de l’entretien et de la réparation de tous les ouvrages dépendant de l’ancienne enceinte, des ponts établis sur la Sambre et sur la Meuse et des casernes. La garnison des Provinces-Unies s’occupe du Fort de Coehorn, de l’enceinte bastionnée, des ouvrages détachés et de l’arsenal. Enfin le gouvernement central se charge des maisonnettes établies aux portes urbaines qu’il utilise pour la perception des droits d’entrée et de sortie et de certaines parties du château (chemins, brasserie, caves, etc.)25.

  • 26 Munitions de bouche : approvisionnement en vivres d’une place forte.
  • 27 AGR, SEG, n° 1425, fol. 230-234.
  • 28 AGR, SEG, n° 1427, fol. 70-74.

16Si les bâtiments militaires sont exploités par les habitants de la ville lors des périodes de paix, les greniers des couvents et des particuliers sont utilisés par l’armée en temps de guerre. Les magasins situés dans la citadelle et dans la ville sont insuffisants pour stocker tous les vivres, il est nécessaire de louer ou de disposer de greniers. Si les autorités autrichiennes acceptent de rémunérer les propriétaires des entrepôts26, les Provinces-Unies souhaitent en disposer gratuitement. Dans une lettre adressée au gouvernement de Bruxelles, les autorités namuroises se plaignent d’être mal reçues par le baron de Schwartzenberg. Caters demande qu’on lui assigne pour la conservation des vivres « les places les plus propres et les plus convenables pour leur sureté et conservation27 ». Il refuse de payer en arguant que les Provinces-Unies n’ont rien déboursé lors du siège de 1746, un argument démenti par la suite. La ville ne pouvant se charger des frais de location, elle avertit le gouvernement et la garnison qu’il ne reste plus beaucoup d’espaces adaptés pour les Hollandais puisqu’ils sont occupés par les munitions de bouche de l’armée autrichienne. Les propriétaires des locaux rechignent à mettre à disposition gracieusement leurs biens ; les y contraindre ne paraît pas être une solution profitable : l’espace de stockage obtenu serait certainement d’une qualité moindre. Les bourgeois réservent les entrepôts de qualité à la location et à l’entreposage de leurs propres provisions ou des marchandises destinées au commerce28.

Carte 2. – Détail annoté de la carte : Jaillot, A., « Plan des villes, forts, et châteaux de Namur », 1746 sur le site NEPTUN [http://neptun.unamur.be/​items/​show/​92], consulté le 22 mars 2015.

  • 29 AGR, SEG, n° 1425, fol. 386-387.
  • 30 AÉN, VN : Registre aux Résolutions, n° 43, fol. 61 ; pour l’histoire des casernes dans la ville de (...)

17La perspective d’un siège oblige la ville à procéder à d’autres adaptations. Les casernes sont réhabilitées pour répondre aux besoins de la convention. Seules 7 000 places sont disponibles pour loger les 8 000 soldats29. Les autorités désirent éviter les désagréments provoqués par l’hébergement des militaires chez les bourgeois. Le magistrat opte pour la transformation de bâtiments dits des vingt-deux fours et des magasins à pains afin d’obtenir les 1000 places manquantes30.

  • 31 AGR, SEG, n° 1425, fol. 355-356, fol. 191-199, fol. 200-205, fol. 243-247, fol. 256-271 ; pour l’hi (...)

18Certains réaménagements, indispensables selon les autorités militaires, modifient l’organisation urbaine et ont un réel impact sur le bien-être des Namurois. L’église Saint-Pierre-au-château est, à cette époque, laissée à l’état de ruine. Située au sommet de la citadelle, un territoire dévolu aux activités militaires, elle est jusqu’en 1746 un symbole de la ville et sert de beffroi et d’église. Détruite en 1746 par l’explosion d’une réserve de poudre, les autorités militaires consentent à la reconstruire en 1755. Cependant, bien que servant toujours de chapelle, son caractère militaire est affirmé. La nouvelle construction peut servir à l’occasion de magasin de vivres ou de lieu d’accueil des blessés en cas de nécessité31.

  • 32 AGR, SEG, n° 1425, fol. 277-279.
  • 33 Pour l’hygiène autour des hôpitaux, voir Parmentier I., Histoire de l’environnement en Pays de Char (...)

19Enfin, la question des hôpitaux est également débattue. Un mémoire du général Cornabé évoque l’absence de bâtiment adapté à l’abri des tirs ennemis32. Après avoir envisagé d’évacuer des maisons de soins existantes, le colonel de Laing suggère d’utiliser n’importe quelle bâtisse protégée sans tenir compte des critères d’hygiène entourant habituellement le choix des emplacements des maisons de soins33.

  • 34 AGR, SEG, n° 1425, fol. 246-247.

20La gestion des cours d’eau est également au centre des discussions. Essentiels d’un point de vue défensif, ils tiennent lieu d’obstacle pour les ennemis. La ville est moins renforcée du côté amont de ses voies navigables et est pourvue de fossés inondables le long des fortifications. L’ensemble du réseau hydrographique est utilisé par les habitants tant pour profiter de l’énergie hydraulique que pour transporter les personnes et les marchandises. Les ingénieurs militaires se plaignent de perturbations au niveau de la Meuse qui pourraient être fâcheuses en cas d’attaque de la ville : « Les maîtres de forges faisoient laver leurs mines de fer dans la Meuse hors la Porte St Nicolas, et que ces terres, qui provient de ses lavures formoient un fond solide qui s’était accrû entre la rivière et la muraille à un tel point qu’il avoit facilité la prise de la Ville dans le dernier siège34. »

  • 35 AGR, SEG, n° 1425, fol. 310-311.

21L’ingénieur hollandais de la Rive suggère de construire trois jetées sur le fleuve en amont de la ville afin d’augmenter le courant de telle manière que le surplus de terre soit emporté. Le magistrat s’y oppose cependant, arguant qu’une augmentation de débit nuirait aux activités qui dépendent du fleuve : « [au] métier des bateliers, au commerce, aux moulins, à la ville et aux faubourgs, principalement aux terres inondables en cas de crue35. »

  • 36 Morera R., « Maîtrise de l’eau, maîtrise de l’espace », op. cit.

22Cet exemple illustre bien les enjeux multiples des cours d’eau en milieu urbain. Les intérêts sont à la fois civils et militaires. Le contrôle des rivières et des fleuves est primordial pour les armées qui peuvent les emprunter pour le transport des vivres et de l’artillerie d’une ville à l’autre, mais également pour gérer l’utilisation de l’eau comme moyen de défense. La maîtrise du niveau de l’eau permet en effet de gérer les inondations défensives et leur déclenchement36.

Approvisionner une ville de garnison : entre mobilisation des ressources et échange

23Plusieurs points de la convention prévoient l’approvisionnement des troupes en garnison en bois et en vivres, l’anticipation des besoins de l’armée par les autorités militaires permet à la ville de préserver ses ressources. Le siège n’ayant pas eu lieu, les habitants ont l’occasion à la fin du conflit de racheter les vivres et les matériaux inutilisés.

  • 37 L’historiographie récente s’est intéressée à la question des entrepreneurs militaires : Goossens T. (...)
  • 38 AGR, SEG, n° 1425, fol. 238-242.

24La fourniture de « munitions de bouche » se fait par chaque puissance qui fait appel à un entrepreneur des vivres37. Par contre l’utilisation des ressources sylvicoles est négociée par les deux parties. Les autorités autrichiennes fournissent l’ensemble du bois nécessaire à la défense de la ville. Les autorités hollandaises établissent une première liste du bois qui leur semble indispensable. Celle-ci est rapidement contestée par l’état-major autrichien qui refuse de fournir les pièces qui sont destinées aux réparations de l’artillerie et aux palissades qui font partie des fortifications, puisque, suite au traité de la Barrière, la ville de Namur doit être constamment en état de défense. Le traité prévoit qu’un impôt soit versé aux Provinces-Unies par les Pays-Bas pour l’entretien des places fortes dans lesquelles elles tiennent garnison. Cette opposition est cependant éphémère, les Autrichiens livrent les pièces nécessaires à la construction d’ouvrages défensifs temporaires (mines, barricades, gabions, etc.) et à l’établissement des plates-formes de batteries. L’entretien de ces dernières incombe cependant aux Provinces-Unies lesquelles se chargent également du matériau utile à la réparation de leurs pièces d’artillerie38. Ceci témoigne à nouveau des négociations perpétuelles entre les deux puissances et du fait que chacune cherche à éviter les lourdes dépenses.

  • 39 Liste des bois domaniaux : Goblet d’Alviella F., Histoire des bois et forêts de Belgique : des orig (...)
  • 40 Goblet d’Alviella F., Histoire des bois et forêts de Belgique, op. cit., t. 1, p. 346.
  • 41 AGR, SEG, n° 1425, fol. 263-271.

25Le bois est prélevé dans les forêts du « Domaine » dont l’exploitation appartient aux autorités centrales39. Ceci entraîne un certain nombre de difficultés. D’après de Laing, les multiples occupations et conflits ont épuisé les ressources sylvicoles de la région40. Selon un rapport rendu par l’ingénieur, la fourniture de l’ensemble du bois occasionnerait « un dérangement considérable aux différentes forêts […] il seroit impossible de les [les bois] trouver depuis les dégradations faites pendant l’occupation des François41 ».

26Il envisage un certain nombre de solutions. Faire appel à un entrepreneur coûterait sans doute plus cher en matière première, mais permettrait de diminuer les frais de sciage et de transport. Une deuxième piste serait d’extraire les planches et arbres nécessaires des bois de la province de Namur, exploités par des communautés locales. Il faudrait alors les contraindre à livrer des pièces de bois déjà conditionnées pour répondre aux exigences de la convention. Enfin, il suggère de préserver les arbres qui ont poussé sur et au sein des remparts afin de les utiliser en dernière minute pour parfaire les dispositions de défense. Le bois servant de combustible est fourni à parts égales par les deux autorités.

27Les besoins alimentaires de l’armée sont anticipés par les deux gouvernements. La provenance exacte des fournitures n’est pas précisée dans les documents, cependant, les denrées rassemblées par les entrepreneurs des vivres ne semblent pas provenir des ressources de la ville. Certains propriétaires de greniers louent leurs biens pour la conservation de cette quantité de nourriture rassemblée et les maîtres des métiers de la ville contrôlent la bonne conservation des aliments.

28Le quatrième point de la convention précise les quantités à prévoir par chaque partie : « Du pain nécessaire pour six mois et des autres munitions de bouche pour un siège de deux mois. » Deux listes de vivres sont fournies : celle de Caters, qui détaille les provisions fournies par les Provinces-Unies, et celle de Carton, entrepreneur des vivres pour l’armée autrichienne.

  • 42 AGR, SEG, n° 1425, fol. 200-205.

29Les listes reprennent à la fois la nourriture mais précise également les contenants et d’autres fournitures consommables nécessaires à la transformation des aliments. La liste de Caters montre clairement que les Hollandais prévoient d’utiliser la brasserie du château pour produire leur propre bière42 (voir tableau page suivante).

  • 43 Un sac de 200 livres de farine permet de produire 180 rations de pains. La quantité totale équivaut (...)
  • 44 De Kirckhoff J. R. L., Hygiène militaire, à l’usage des armées de terre, Anvers, J. Jouan, 1823, p. (...)
  • 45 AGR, SEG, n° 1427, fol. 79-82.
  • 46 Dupré d’Aulnay L. et Mondon J., Traité général…, op. cit., p. 315.
  • 47 AGR, SEG, n° 1425, fol. 353-354.

30Les rations de pain sont livrées sous forme de sacs de farine de seigle ou de froment de 200 livres de Brabant chacun, soit près de 1 000 kg. L’entrepreneur laisse aux armées l’initiative de les transformer en pain. Les quantités diffèrent d’une liste à l’autre. Du côté autrichien, Carton livre 9 000 sacs de farine pour la consommation de pain de seigle de 4 000 hommes pendant 6 mois43. Du côté des Provinces-Unies, Caters prévoit 4 000 sacs de seigle et 500 de froment pour le même nombre d’hommes44. Les soldats hollandais étant déjà présents dans la ville, leurs vivres sont consommés et remplacés au fur et à mesure par le responsable des magasins de la garnison ; un fond de roulement existe sans doute aussi pour répondre aux besoins des troupes déjà à Namur45. Cette différence de quantité se retrouve aussi au niveau de la viande prévue, les Autrichiens faisant une réserve plus importante que les Hollandais. Les deux entrepreneurs prévoient en complément du lard fumé et du lard salé. En théorie, chaque homme reçoit de la viande tous les jours excepté le vendredi46. Celle-ci est conservée dans des tonneaux et est préalablement salée ou fumée. Un maître boucher est chargé de vérifier tant la qualité de la viande que les conditions dans lesquelles elle est stockée. Dans son rapport, qu’il rend trois mois après l’arrivée des denrées, il signale que « les caves [sont] tout à fait propres à cet effet, et que l’on a eu la précaution de mettre sous chaque rangée de tonneaux des bois, afin qu’ils ne reposassent sur le pavé et que depuis trois mois et plus que des viandes salées y sont, nous les trouvons en très bon état et la saumure fort bonne qui devroit cependant se corrompre avant lesdites viandes47 ».

Tableau 1. – Listes des fournitures établies par les entrepreneurs Caters et Carton en 1755 (AGR, SEG, n° 1425, fol. 87 et AGR, SEG, n° 1425, fol. 132).

  • 48 AGR, SEG, n° 1425, fol. 349.

31Les autres vivres de la liste nous offrent un aperçu des compléments proposés aux soldats pour accompagner les deux aliments de base que sont la viande et le pain. En général, la bonne conservation de la nourriture semble se résumer à un entreposage dans des greniers possédant de grands espaces bien aérés48.

  • 49 AGR, SEG, n° 1427, fol. 79-82.
  • 50 AGR, SEG, n° 1425, fol. 394-406.

32Le siège n’ayant pas lieu, les matériaux et denrées deviennent inutilisables49. Le gouvernement autrichien vend, en octobre 1756, une partie des provisions et des bois entreposés. Les autorités des Provinces-Unies ne sont pas confrontées au problème du pourrissement de la nourriture, du bois et du fourrage, puisque leur garnison occupe la place et remplace les vivres au fur et à mesure qu’elle les consomme. L’armée autrichienne vend également le bois fourni le 14 septembre 1762. Les Provinces-Unies exigent cependant que les vivres soient remplacés en cas de menace de guerre50.

  • 51 AGR, SEG, n° 1425, fol. 198-199, fol. 243-247.

33Un dernier point important concerne l’accès à l’eau dans la citadelle. Lors des sièges précédents, cette question s’est toujours révélée problématique. Un puits est construit en 1705 pour pallier ce manque. Il est cependant trop exposé en cas d’attaque du château. Les deux puissances s’accordent alors pour réhabiliter un point d’eau situé à côté de l’ancienne église de la citadelle. Le coût des travaux est réparti à parts égales puisque l’intérêt du réaménagement est profitable à tous les soldats51.

Conclusion

34La convention de 1755 nous éclaire sur la manière dont les deux puissances gèrent la place forte à l’approche du conflit. La mise en évidence des éléments environnementaux qui sont négociés par les différents intervenants, nous permet d’observer comment chaque niveau de pouvoir envisage le rapport entre la ville et ses ressources dans une situation de crise. La crainte d’un siège entraîne un réaménagement du tissu urbain. Dans ce cadre, le pouvoir autrichien cherche à composer le plus possible avec la ville de Namur pour épargner les finances. Il propose de postposer les travaux de réparation, de modifier des bâtiments existants plutôt que d’en construire de nouveaux, ou d’utiliser des maisons bourgeoises pour les besoins militaires. Le cas échéant, les autorités autrichiennes louent les greniers réquisitionnés. Au contraire, les représentants des Provinces-Unies se comportent en occupants. Ils entrent systématiquement en conflit avec le magistrat, exigent qu’on leur fournisse les entrepôts nécessaires pour leurs vivres et maintiennent sur la ville un climat de tension. Ils dénoncent également la nonchalance avec laquelle le gouvernement autrichien participe à la mise en défense. Enfin, les autorités urbaines qui subissent la situation tentent de préserver la ville et répondent de leur mieux aux exigences des autres intervenants.

35L’équilibre entre la vie militaire et l’organisation urbaine à Namur dépend des circonstances. En temps de paix, les activités de la ville empiètent sur les infrastructures dévouées aux soldats. Au contraire, à l’approche d’un conflit, la cité redevient une place forte et est soumise à une réorganisation opérée par les ingénieurs. Dans le cas qui nous occupe, les réparations faites aux différents bâtiments sont profitables à la cité puisqu’aucun siège n’a lieu.

36Notre étude met aussi en évidence la gestion des dommages de guerre. Les bâtiments détruits lors de la guerre de succession d’Autriche n’ont pas été réparés, le gouvernement central et la garnison débattent, par exemple, de l’intérêt de la reconstruction de l’église Saint-Pierre-au-château et, de cette manière, postposent les travaux de réaménagement de la citadelle.

37La gestion des ressources est un témoignage de l’implication de chaque intervenant. Le niveau du fleuve reste une préoccupation majeure de la ville et des autorités militaires. En ce qui concerne le bois, les Provinces-Unies exigent une quantité d’autant plus importante qu’elles ne doivent pas la fournir. Les autorités autrichiennes cherchent, quant à elles, à la fois à réduire les quantités demandées et à préserver les ressources sylvicoles de la province. La ville et ses habitants interviennent dans le processus de gestion. Les maîtres des métiers contrôlent la bonne conservation des vivres et les propriétaires profitent des bénéfices de la location des greniers. Afin d’être conservés le plus longtemps possible les vivres ne sont transformés qu’au moment où ils sont consommés.

38Le cas de Namur en 1755 met en évidence le rôle du gouvernement central qui, tout en poursuivant un objectif militaire, cherche également à préserver la ville et à collaborer avec le magistrat. En prenant le pli d’observer le balancement entre vie civile et militaire dans la ville de Namur, notre étude évoque la façon dont tous les niveaux de pouvoirs impliqués se basent sur les conflits précédents pour anticiper un siège. Chaque acteur progresse de manière à ne pas rompre l’équilibre qui doit se mettre en place dans un climat de tension et à protéger au mieux ses intérêts dans l’espace urbain. Ce jeu de pouvoir·s façonne ainsi un environnement original pour la place forte qu’est Namur.

Notes

1 Le texte de cette convention est reproduit sur le site Wikisource : « Convention du 27 août 1755 entre Bournonville et Cornabé », Wikisource [https://fr.wikisource.org/wiki/Convention_ du_27_aout_1755_entre_Bournonville_et_Cornab%C3%A9].

2 Parmentier I., « L’histoire de l’environnementale et la ville. Orientation et structuration de la discipline en Belgique », Cahiers bruxellois, n° 43, 2011-2012, p. 43-57 ; Massard-Guilbaud G., « Pour une histoire environnementale de l’urbain », Histoire urbaine, n° 18, 2007/1, p. 5-21 ; Coaffee J., Wood D. Murakami et Rogers P., The Everyday Resilience of the City : How Cities Respond to Terrorism and Disaster, Londres/New York, Palgrave Macmillan, 2008.

3 Pour l’impact environnemental des activités militaires au xxe siècle, une bibliographie est proposée dans Fressoz J.-B., Graber F., Locher F. et Quenet G., Introduction à l’histoire environnementale, Paris, La Découverte, n° 640, 2014. Pour les périodes antérieures, par exemple : Corvol A. et Amat J.-P., Forêt et guerre, Paris, L’Harmattan, 1994 ; Morera R., « Maîtrise de l’eau, maîtrise de l’espace : cartographie et inondations défensives à l’époque de Vauban », Le Monde des cartes, n° 195, 2008, p. 39-54.

4 Une bibliographie est proposée dans Denys C., La renaissance de l’histoire militaire française pour l’époque moderne : un bilan historiographique (1945-2005) [http://www.calameo.com/ books/0000097790b8f9c841b71], consulté le 22 octobre 2013 ; pour des ouvrages plus récents : Bragard Ph. (dir.), L’armée et la ville dans l’Europe du Nord et du Nord-Ouest : du xve siècle à nos jours, Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant, n° 7, 2006 ; Thewes G., Stände, Staat und Militär, Cologne, Boehlau Verlag, 2012 ; Denys C., « Les relations entre Pays-Bas du Nord et Pays-Bas du Sud autour du problème de la Barrière au xviiie siècle, une proposition de révision historiographique », Revue du Nord, n° 359, 2005, p. 115-137.

5 Les documents étudiés sont conservés aux Archives générales du Royaume de Belgique (AGR) dans un registre de la secrétairerie d’État et de guerre (SEG) consacré aux « traités et villes de la Barrière ».

6 Jacquet Ph. et Ladrier F., Assiégeants et assiégés au cœur de l’Europe : Namur 1688-1697, Bruxelles, Crédit communal de Belgique, 1992.

7 Hubert E., Les garnisons de la barrière dans les Pays-Bas autrichiens (1715-1782). Étude d’histoire politique et diplomatique, Bruxelles, Lebègue, 1902 ; Galand M., « Le subside de la Barrière après la guerre de Succession d’Autriche : l’affaire des quatorze cent mille florins », Revue belge de philologie et d’histoire, n° 67, 1989/2, p. 283-298.

8 Douxchamps-Lefèvre C., Une province dans un monde : le comté de Namur (1421-1797), Namur, Éd. namuroises, 2005, p. 175-177.

9 Archives de l’État à Namur (AÉN), Ville de Namur (VN) : Recensements de la population, n° 180-182.

10 Pour l’histoire de Namur au xviiie siècle : Jacquet Ph. et al. (dir.), Histoire de Namur : nouveaux regards, Namur, Presses universitaires de Namur, 2005 ; Namur, le site, les hommes : de l’époque romaine au xviiie siècle, Bruxelles, Crédit communal de Belgique, 1988 ; Barbier L., Bragard Ph. et Bruch V., Namur 1713-1794 : le siècle des Habsbourg d’Autriche, Namur, Les Amis de la citadelle de Namur, 2001 ; Bragard Ph. et Bruch V., Namur et ses enceintes : une fortification urbaine du Moyen Âge à nos jours, Namur, Les Amis de la citadelle de Namur, 2009.

11 AGR, SEG, n° 1425, fol. 184-187, [Directives de Charles de Lorraine], s. d. [1755].

12 Jean-Joseph de Bournonville et de Sars : gouverneur de Charleroi, conseiller d’État, chambellan en 1750 et commandant militaire des Pays-Bas autrichiens. Voir Bruneel C., Les grands commis du gouvernement des Pays-Bas autrichiens : dictionnaire biographique du personnel des institutions centrales, Bruxelles, Archives générales du Royaume, 2001, p. 77.

13 AGR, SEG, n° 1425, fol. 238-242.

14 Pierre de Laing : chef du corps des ingénieurs de l’impératrice aux Pays-Bas autrichiens. Voir Quairiaux Y., Charles de Lorraine à Mariemont. Le domaine royal de Mariemont au temps des gouverneurs autrichiens. Musée royal de Mariemont, 16 octobre 1987-14 février 1988, Morlanwelz, Musée royal de Mariemont, 1987, p. 58.

15 Pieter de la Rive : cartographe, officier et directeur des fortifications des Provinces-Unies. Voir Rive-Box Louk de la, « Pieter de la Rive (1694-1771), Directeur der fortificatieën van Maastricht », Caert-Thresoor : tijdschrift voor de geschiedenis van de kartografie in Nederland, n° 3, 2007, p. 65-69.

16 Franciscus Cornabé : général major au service des Provinces-Unies. Voir « Franciscus Cornabé », in Molhuysen Ph. et Blok P., Nieuw Nederlandsch biografisch woordenboek, t. 1, Leyde, A. W. Sijthoffs uitgevers-maatschappij, 1911, p. 639.

17 Baron de Schwartzenberg : général d’infanterie au service des Provinces-Unies et gouverneur de la ville de Namur de 1750 à 1757. Voir Hubert E., Les garnisons de la barrière dans les Pays-Bas autrichiens (1715-1782), op. cit., p. 257.

18 AGR, SEG, n° 1425, fol. 208.

19 AGR, SEG, n° 1425, fol. 230-234.

20 Henin C., Les pouvoirs politiques du comté de Namur. Répertoire des institutions publiques, régionales et locales, de l’An mil à 1795, Bruxelles, Archives générales du Royaume, 2013, p. 669-698.

21 Luc Félix Joseph Carton : entrepreneur général des vivres de 1752 à 1768. Voir Clément de Cléty T., « Pour le bien de la cause commune » : la coopération logistique dans les Pays-Bas pendant la guerre de Sept Ans, Louvain-la-Neuve, 2014 (mémoire de master inédit, université catholique de Louvain), p. 48.

22 AGR, SEG, n° 1425, fol. 277-279.

23 AGR, SEG, n° 1425, fol. 263-271.

24 Henin C., Les pouvoirs politiques du comté de Namur, op. cit., p. 669-698.

25 Borgnet J., Promenades dans Namur, Profondeville, Mosa, 1964, p. 594.

26 Munitions de bouche : approvisionnement en vivres d’une place forte.

27 AGR, SEG, n° 1425, fol. 230-234.

28 AGR, SEG, n° 1427, fol. 70-74.

29 AGR, SEG, n° 1425, fol. 386-387.

30 AÉN, VN : Registre aux Résolutions, n° 43, fol. 61 ; pour l’histoire des casernes dans la ville de Namur, voir Barbier L., Bragard Ph. et Bruch V., Namur 1713-1794…, op. cit., p. 174.

31 AGR, SEG, n° 1425, fol. 355-356, fol. 191-199, fol. 200-205, fol. 243-247, fol. 256-271 ; pour l’histoire de l’église Saint-Pierre-au-château, voir Borgnet J., Promenades dans Namur, op. cit., p. 42-76 et p. 555-617.

32 AGR, SEG, n° 1425, fol. 277-279.

33 Pour l’hygiène autour des hôpitaux, voir Parmentier I., Histoire de l’environnement en Pays de Charleroi 1730-1830, op. cit., p. 73 ; pour l’hôpital militaire de Namur : Bragard Ph., « L’hôpital militaire de Namur aux xviie et xviiie siècles et ses bâtiments. Contribution à l’histoire de la médecine aux armées dans les anciens Pays-Bas », Annales de la Société archéologique de Namur, n° 70, 1997, p. 109-164.

34 AGR, SEG, n° 1425, fol. 246-247.

35 AGR, SEG, n° 1425, fol. 310-311.

36 Morera R., « Maîtrise de l’eau, maîtrise de l’espace », op. cit.

37 L’historiographie récente s’est intéressée à la question des entrepreneurs militaires : Goossens T., Staat, leger en ondernemers in de Oostenrijkse Nederlanden : de centralisering van de militaire organisatie en het beheer van de militaire bevoorradingscontracten, Bruxelles, 2012 (thèse de doctorat inédite, Vrije Universiteit Brussel) ; Bannerman, Merchants and the Military in Eighteenth-Century Britain : British Army Contracts and Domestic Supply, 1739-1763, Londres, Pickering et Chatto, 2007 ; Fynn-Paul J. (dir.), War, Entrepreneurs, and the State in Europe and the Mediterranean, 1300-1800, Leyde, Brill, 2014.

38 AGR, SEG, n° 1425, fol. 238-242.

39 Liste des bois domaniaux : Goblet d’Alviella F., Histoire des bois et forêts de Belgique : des origines à la fin du régime autrichien, Paris, Lechevalier, 1927, t. 3, p. 11-14 et Goblet d’Alviella F., « Cartes inédites des bois domaniaux du comté de Namur », Bulletin de la société royale belge de géographie, n° 51, 1927, p. 5-17.

40 Goblet d’Alviella F., Histoire des bois et forêts de Belgique, op. cit., t. 1, p. 346.

41 AGR, SEG, n° 1425, fol. 263-271.

42 AGR, SEG, n° 1425, fol. 200-205.

43 Un sac de 200 livres de farine permet de produire 180 rations de pains. La quantité totale équivaut à environ 2,5 livres de farine par personne et par jour, ou 2,25 livres de pain. Voir Dupré d’Aulnay L. et Mondon J., Traité général des subsistances militaires, Paris, Imprimerie de Prault père, 1744, p. 194.

44 De Kirckhoff J. R. L., Hygiène militaire, à l’usage des armées de terre, Anvers, J. Jouan, 1823, p. 115.

45 AGR, SEG, n° 1427, fol. 79-82.

46 Dupré d’Aulnay L. et Mondon J., Traité général…, op. cit., p. 315.

47 AGR, SEG, n° 1425, fol. 353-354.

48 AGR, SEG, n° 1425, fol. 349.

49 AGR, SEG, n° 1427, fol. 79-82.

50 AGR, SEG, n° 1425, fol. 394-406.

51 AGR, SEG, n° 1425, fol. 198-199, fol. 243-247.

Table des illustrations

Légende Carte 1. – Ville et citadelle : Werner, F. et Ringlin, J., « Namurcum. Namür », [ca 1708] sur le site NEPTUN [http://neptun.unamur.be/​items/​show/​45], consulté le 22 mars 2015.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/171008/img-1.jpg
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Légende Carte 2. – Détail annoté de la carte : Jaillot, A., « Plan des villes, forts, et châteaux de Namur », 1746 sur le site NEPTUN [http://neptun.unamur.be/​items/​show/​92], consulté le 22 mars 2015.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/171008/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 124k
Légende Tableau 1. – Listes des fournitures établies par les entrepreneurs Caters et Carton en 1755 (AGR, SEG, n° 1425, fol. 87 et AGR, SEG, n° 1425, fol. 132).
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/171008/img-3.jpg
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Auteur

Docteure en histoire, université de Namur

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