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« Le formidable est sorti du frivole… »
L’image et la réputation des Parisiennes au défi des « années terribles » (1792-1940)
p. 247-267
Texte intégral
1Écrits en janvier 1871, dans le contexte du siège de Paris, ces vers de Victor Hugo ramassent d’une formule saisissante un enjeu récurrent dans l’histoire de la capitale française. De 1792 à 1940, en effet, les séquences historiques ici définies comme « années terribles » ont toutes suscité un réflexe de recomposition de l’image de Paris, et plus spécifiquement, de ses habitantes, constituées, depuis le xviiie siècle, en un « type » spécifique2. Il se caractérise, pour les observateurs, par trois composantes essentielles, d’abord le sens de l’élégance et de la mode, ensuite la culture et l’esprit, enfin l’aisance, voire l’immoralité, dans les jeux de séduction, menant parfois à l’adultère ou à la prostitution. Très ambivalente, quoiqu’en voie d’apprivoisement au cours du xixe siècle, cette imagerie non dénuée de relents misogynes s’est révélée particulièrement difficile à gérer en temps de crise. En effet, la nécessité de souder symboliquement une communauté urbaine qui est aussi la capitale du pays, et le centre névralgique des guerres et des révolutions, face au danger militaire ou politique, a régulièrement suscité un besoin de purification, de moralisation et de dignification, dont l’élément féminin forme un enjeu central, tant il véhicule de peurs et de préjugés, tant il se prête, aussi, à diverses formes d’idéalisation et d’allégorisation. Juridiquement inférieures aux hommes, formellement – mais pas toujours empiriquement – exclues de toute activité militaire et politique, les femmes se voient de fait constituées en figures de l’« autre », inassimilable aux territoires du masculin, tout en ayant un rôle à jouer dans la communauté citoyenne et patriotique, particulièrement en cas de crises majeures. L’effet de rupture et de danger collectif tend ainsi à déstabiliser et, souvent, à radicaliser, les logiques ordinaires de la « différence-des-sexes », fondées sur le préjugé d’une différence « de nature » entre hommes et femmes et d’un rapport de complémentarité, plutôt que d’égalité, entre les sexes. Dans le cadre parisien, saturé d’érotisme diffus et de sexe vénal, se pose de surcroît, à travers la figure de la Parisienne, la question de la place et du statut de la sexualité en temps de crise, enjeu que le contexte incite à voiler et sublimer, tout en l’exacerbant. À travers l’image, morale ou immorale, des Parisiennes, se joue dès lors, sur un terrain plus directement politique, la définition de la « bonne communauté », par l’exclusion des éléments jugés indésirables, souvent appréhendés à travers le vocabulaire et les catégories de la sexualité.
2On cherchera à montrer que le remodelage de l’image des Parisiennes en période d’années terribles a été structuré, pour l’essentiel, par trois types de stratégies discursives et iconographiques, repérables dans la propagande diffuse qu’orchestrent la presse, la littérature et la production artistique : préserver la Parisienne (en faisant valoir sa gracieuse imperméabilité au contexte de crise) ; adapter la Parisienne (en mettant ses « qualités » et attributs au service de la patrie en danger) ; réformer la Parisienne (en disqualifiant la poupée frivole pour réinventer une héroïne « formidable »). Dans tous les cas, cependant, l’imagerie qui s’organise autour de cet enjeu d’image et de réputation demeure, pour l’essentiel, orchestrée par les hommes, et entre parfois en conflit avec des ambitions féminines ou féministes d’implication militaire ou militante, même si la majorité tend plutôt à faire siennes les logiques dominantes de la « loi du genre ». À cette aune, les années terribles font figure de moments-clés dans la déstabilisation de la domination masculine, à la fois malmenée et confortée dans sa légitimité par le contexte patriotico-guerrier, même si ce privilège indiscuté du masculin tend à s’affaiblir avec le temps, posant ainsi la question des évolutions de longue durée.
Préserver la Parisienne
3La Parisienne apparaît d’abord comme une figure relativement imperméable aux événements, qu’il s’agit de préserver dans son essence immuable, celle de la coquetterie, de l’élégance ou de la légèreté. Cette imagerie caractérise souvent les périodes ambiguës ou indécises sur le plan militaire, tels le siège de Paris, le début de la Première Guerre mondiale, ou la « drôle de guerre », avec une évidente fonction de conjuration ou de déni du drame.
4La presse de mode peut faire office, ici, d’observatoire symptomatique. Elle fait apparaître, le plus souvent, une volonté de maintenir aussi longtemps que possible un semblant de normalité, dont le « féminin », défini par son extériorité au champ politique et militaire, semble être le meilleur garant, surtout quand les combats se déroulent loin de Paris. L’analyse par sondages de cette presse révèle, pour toutes les époques, une certaine imperméabilité au contexte, même si son statut évolue fortement – encore embryonnaire en 1792, elle est déjà mieux implantée en 1814-1815, avec le Journal des dames et des modes fondé en 1797, et plus encore en 1870-1871 avec l’essor du « siècle de la presse ». Pour ces deux périodes, on constate bien une forte étanchéité entre le drame collectif et l’univers parisien de la mode dont la Parisienne est le principal emblème, même si la période napoléonienne révèle parfois une très discrète « militarisation » des modes féminines3. En 1870-1871, alors que la communauté nationale est mieux soudée et que Paris est aux premières loges du drame, le titre leader du secteur, La Mode illustrée, maintient son immuable iconographie faite de jolies dames campées dans d’élégants salons, alors que le siège fait l’objet d’une rubrique spécifique. Au xxe siècle, cette logique de « sphères séparées » se délite partiellement, mais la Parisienne, même en période d’année terrible, a bien vocation à maintenir contre vents et marées son chic légendaire. Dominique Veillon montre ainsi que, durant l’automne-hiver 1939-1940, le monde de la haute couture présente ses collections presque comme si de rien n’était4. Les couvertures du journal Marie-Claire, fondé en 1937, exhibent pour la même période des visages gais et une mode pimpante. Le numéro du 14 juin 1940 présente en première page les « robes-tabliers » pour l’été. C’est le dernier avant l’exode (fig. 1-4).
5Il faut donc souvent attendre le pic de la crise pour que la Parisienne à la mode soit contrainte de s’éclipser de la scène. Fondé en février 1790, le Journal de la Mode et du Goût résiste jusqu’en avril 1793, mais doit mettre à cette date la clé sous la porte. Au printemps 1940, l’effet de césure est encore plus brutal, quoique de courte durée. Si de nombreux titres font les frais de l’invasion allemande – c’est le cas, notamment, du luxueux Vogue fondé en 1920 et qui ne renaîtra qu’après la guerre –, dès l’automne les principaux renaissent avec des équipes modifiées – cas de Marie-Claire, à partir du 16 novembre – tandis que d’autres se créent sous les auspices de l’occupant, tel Pour elle, fondé en août 1940. Ressusciter la figure de la Parisienne élégance participe il est vrai étroitement de la stratégie du « retour à la normale » voulue par les Allemands. Figure de la dénégation à l’automne 1939, ce symbole de la frivolité française semble s’être mué, à l’automne 1940, en instrument de la collaboration.
6Parallèlement à cette stratégie de déni, se déploie une stratégie de récupération et de mise à distance qui a consisté à absorber les insignes politiques ou guerriers du moment dans l’univers de la mode : bijoux en forme de piques ou de guillotines en 1792-1793, casaques et redingotes militaires « féminisées » en 1814-1815, bérets de chasseurs alpins et étoffes à motifs de tartans écossais en 1939, élégants ensembles pour abri en 1940… On peut certes déceler dans cet inépuisable réflexe de « frivolisation », pour user d’un terme en vogue durant la Révolution5, le marqueur d’un enfermement de l’identité féminine dans l’inessentiel et le superficiel, complaisamment entretenu par la gent masculine qui, souvent, tire les ficelles de cette production. C’est peut-être le trait qu’a voulu épingler le caricaturiste Cham dans un dessin réalisé pour Le Charivari pendant le siège de Paris, et qui montre une Parisienne attachée à maintenir son élégance et celle de son petit chien jusque dans une improbable robe « anti bombardements » (fig. 5).
La mode parisienne imperméable à l’événement ? Figure 1. – Le Journal des dames et des modes, 10 novembre 1814. Figure 2. – La Mode illustrée, 13 novembre 1870. Figure 3. – Vogue, mars 1940. Fig. 4 – Marie-Claire, 14 juin 1940.

Figure 5. – « Modes parisiennes en prévision du bombardement ». Dessin de Cham pour Le Charivari, octobre 1870.

7Cependant, autant qu’une manifestation du regard misogyne, on peut aussi déceler une forme d’humour propitiatoire ou un réflexe d’échappatoire psychologique dans ce type d’imagerie, qui engage autant le dessinateur que sa victime ridiculisée. La Parisienne se fait alors, par son imperméabilité supposée au drame ou par son sens de l’adaptation plein de panache, symbole de résistance ou d’insolence, prête à narguer l’ennemi jusque sous les bombes.
8La même ambiguïté s’observe à propos de la culture grivoise qui se repaît de la supposée légèreté des Parisiennes. Comme pour la mode et avec des ressorts comparables, la dramatisation du contexte est loin de disqualifier ce registre a priori associé au temps de paix, d’autant que le regard masculin trouve volontiers dans cette gaillardise matière à se rassurer sur sa propre bravoure virile. C’est bien ce que suggèrent les illustrations tirées de supports et de périodes très différents, dans lesquelles la Parisienne est vouée à une évidente fonction de « repos du guerrier » (fig. 6-9). En 1940, lorsque débute l’Occupation, la mobilisation de la Parisienne légère s’inscrit dans une entreprise de propagande délibérée, tant à l’égard des troupes d’occupation que de la population locale. Comme l’a bien montré Alan Riding dans son étude du Paris de l’Occupation6, tout est fait pour offrir au soldat allemand un fantasme de « petites femmes de Paris », mises en scène dans les revues de music-hall ou directement offertes dans les bordels réservés aux occupants.
9Cette pérennisation de la Parisienne légère en période d’années terribles trouve aussi sa source dans le fait que ces moments de drame aiguisent fortement les enjeux sexuels, en mobilisant de vastes troupes qui transitent par la capitale et souvent y stationnent avec, en 1814-1815 et 1940, le statut d’occupant. D’où, de manière récurrente, une inflation de l’offre prostitutionnelle parisienne, elle-même alimentée par la précarisation des statuts féminins en temps de guerre. L’année 1814-1815 apparaît de ce point de vue particulièrement ambiguë, puisque la présence prolongée, à deux reprises, des troupes étrangères dans la capitale est autant un symbole de défaite patriotique que de retour à la normale, après de longues années de guerre. La rencontre entre Parisiennes élégantes ou légères et soldats étrangers donne ainsi lieu à une riche iconographie, souvent complaisante, qui dénonce le dévergondage des troupes et des filles, mais célèbre aussi, symboliquement, une forme de conciliation par le charme entre le pays et l’envahisseur (fig. 10 et 11). Intitulée « Adieu d’un Russe à une Parisienne », la gravure de Philibert-Louis Debucourt donne de cette collusion souvent équivoque une vision sublimée, toute à la gloire d’une civilisation française défaite sur le champ de bataille mais « restaurée » dans ses prétentions aristocratiques de distinction et de raffinement. Ainsi la Parisienne fait-elle figure, dans cette vision, de totem protecteur, qu’il est indispensable de préserver dans la tourmente, qu’elle distraie par ses charmes ou ses facéties, ou console par son élégance et son raffinement.
Inaltérables séductions de la Parisienne. Figure 6. – Gravure de Georg-Emanuel Opitz, 1814. Figure 7. – « Plus de gaz ! », dessin de Cham pour Le Charivari, 1870. Figure 8. – « Paris assiégé », dessin de Draner, 1871. Figure 9. – « Entre deux feux », La Vie parisienne, 30 janvier 1915.

La Parisienne et l’occupant. Figure 10. – « Les galeries du Palais-Royal », gravure de G.-E. Opitz, 1814. Figure 11. – « Adieux d’un Russe à une Parisienne », gravure de P.-L. Debucourt, 1814.

10Très essentialiste, cette représentation caractérise surtout les trois premières « années terribles », même si elle n’a pas entièrement désarmé lors des deux conflits mondiaux. Elle s’infléchit souvent dans une logique d’adaptation qui, sans renoncer aux attributs traditionnels du type, cherche à les tempérer ou à les requalifier pour en faire un précieux auxiliaire du drame.
Adapter la Parisienne
11Cette deuxième inflexion s’observe surtout à partir de la guerre de 1870-1871 et des deux conflits mondiaux, au cours desquels les femmes ont été amenées à s’investir, plus que par le passé, en tant qu’aides-soignantes, infirmières, ambulancières, voire auxiliaires d’armée, même si la Révolution et les guerres napoléoniennes avaient déjà leur lot de cantinières, de vivandières et d’auxiliaires diverses7. Même mineure ou périphérique, leur inscription dans l’effort collectif est souvent mise en scène par l’iconographie, dans une synthèse originale entre élégance et engagement : l’uniforme reste conforme au chic parisien, tout comme les tenues de deuil – le Petit Écho de la mode consacre une rubrique spécifique à ce dernier dès le 4 octobre 1914 (fig. 12 et 13). La mode n’apparaît plus comme un refuge frivole contre le drame ou une forme d’extraterritorialité du féminin, mais, au contraire, comme une modalité essentielle d’un devoir patriotique incombant spécifiquement aux femmes. « Il faut vraiment du courage pour songer à la toilette dans ces moments pénibles [mais] nous avons à cœur de garder notre tenue et de prouver, par la dignité extérieure de notre maintien, que nous conservons tout notre sang-froid, juge ainsi l’éditorialiste du Petit Écho de la mode en octobre 1914. Restons soignées, correctes, bien mises, mais avec discrétion et réserve ; ne perdons rien de notre renom de Françaises et d’élégantes, mais mettons sur notre coquetterie un voile qui atténue l’éclat des couleurs trop voyantes. […] C’est le moyen de concilier ainsi notre coquetterie courante avec la réserve digne, obligée, dans d’aussi douloureux instants8. »
12L’argument du « devoir d’élégance » réapparaît en 1939-1940, d’abord pour justifier le dynamisme du secteur jusqu’au printemps 1940, puis sa reconstruction rapide à l’automne, dans un contexte de restrictions et de collaboration. S’il faut faire la part d’une rhétorique qui cherche à dignifier la position féminine, tout comme de considérations économiques sous-jacentes – « donner du travail aux ouvrières de la mode » est, de 1792 à 1940, un leitmotiv pour défendre ce secteur apparemment si peu utile au sacrifice collectif –, on doit souligner que, dans des contextes historiques où la polarisation des jeux de rôle masculin-féminin demeure très forte, et ceux offerts aux femmes extrêmement contraints, le recours à ces fondamentaux identitaires que sont la mode et l’élégance reste un enjeu essentiel, souvent revendiqué par les femmes elles-mêmes9. À la frivolité de la coquette ou de l’écervelée peut ainsi se substituer l’élégance de la vraie Française, avec la plus-value symbolique que suggère ce terme, relevant aussi bien du registre moral et psychologique que physique et vestimentaire. Il est d’ailleurs probable, même si l’analyse mériterait plus ample examen, que ces périodes ont suscité un moindre investissement de l’opposition Parisienne/provinciale, complaisamment entretenue par la littérature et par la presse au moins depuis Balzac : même si la mode demeure explicitement ou implicitement « parisienne », les circonstances requièrent l’unité nationale et l’emboîtement harmonieux de la Parisienne dans la figure de la Française, en conférant à la première un statut de modèle estimable plus que de supériorité jalousée ou de réputation équivoque. Pendant le siège de 1870, la situation tragique de la capitale confère au devoir d’élégance des Parisiennes une dimension presque héroïque, volontiers donnée en exemple. L’éditorialiste de La Mode illustrée Émeline Raymond peut ainsi remarquer : « Pour longtemps les femmes sont condamnées à être ingénieuses et adroites, si elles veulent se montrer élégantes. L’ère des folles dépenses et des folles toilettes est passée. […] Je pourrai donc, et bientôt je l’espère, révéler à nos lectrices quelques-uns des merveilleux secrets que possèdent les Parisiennes pour s’habiller gracieusement à peu de frais10. »
Le chic en guerre de la Parisienne. Figure 12. – Le Petit Écho de la Mode, 25 octobre 1914. Figure 13. – Le Petit Écho de la Mode, 1er novembre 1914.

13Si la mode se constitue en devoir patriotique, le talent artistique des Parisiennes peut également être mobilisé – et la capitale est mondialement réputée pour ses spectacles et ses artistes de la scène. Le processus a impliqué d’importants efforts de requalifications d’image et de réputation, car les actrices ont conservé, au moins jusqu’à la fin du xixe siècle, une réputation quelque peu équivoque, qui pouvait rendre problématique leur intégration dans la communauté nationale en danger. L’évolution du statut et de l’image de Sarah Bernhardt d’un conflit à l’autre apparaît, à cet égard, significatif : lorsque la jeune actrice de 26 ans organise, au début du siège de Paris à l’automne 1870, un service d’infirmières au théâtre de l’Odéon, elle est encore à la lisière du demi-monde, et doit donner des gages de vertu. En 1914, à l’âge de 70 ans, elle est devenue une icône nationale, portée en triomphe par des poilus. Les brevets de patriotisme obtenus dans ces circonstances dramatiques n’ont sans doute pas peu contribué au processus d’intégration et de dignification de l’actrice parisienne qui caractérise le dernier tiers du xixe siècle, valant à Julia Bartet la première Légion d’honneur, dans cette catégorie, en 1905 (fig. 14-16).
Le talent des Parisiennes au service de l’effort collectif. Figure 14. – Concert patriotique pendant le siège de Paris, dessin de P. A. Martial, 1870. Figure 15. – Affiche pour les ambulances de l’Odéon de Sarah Bernhardt, 1870. Figure 16. – Sarah Bernhardt rend visite aux poilus en Lorraine, mai 1916.

14Dignifiée et mise au service de la cause nationale, la Parisienne tend à perdre ce parfum d’élitisme et de soufre qui a longtemps servi à la définir, et se constitue en figure de proue de l’effort national. Le dramaturge Maurice Donnay peut ainsi remarquer, dans le contexte de la Première Guerre mondiale : « Ah, le cœur des filles de Paris, il est toujours tout prêt, et depuis des siècles, à travers son histoire, la grand’ville l’a formé, avec tout ce qu’elle a de meilleur. C’est pourquoi, dans toutes les circonstances, les filles de Paris savent ce qu’il faut faire, on n’a pas besoin de leur dicter leur devoir ; mais elles l’accomplissent spontanément avec une grâce qui n’appartient qu’à elles11. » Régulièrement défié par le « formidable », le « frivole » de la féminité parisienne s’est peu à peu moralisé, avec le temps, pour former un alliage spécifique de charme et de courage.
15Cette vision hagiographique ne doit pas faire oublier que, au moins jusqu’à la Commune, la communauté parisienne reste traversée par de vives tensions politiques qui alimentent une constante concurrence de représentations et de symboles. Aussi les années terribles ont-elles régulièrement suscité, non pas seulement des modifications, mais bien des rectifications d’image, qui visaient non plus à tempérer ou adapter le frivole de la Parisienne, mais bien plutôt à lui substituer un type régénéré à la faveur de l’événement.
Réformer la Parisienne
16Ce réflexe s’observe tout particulièrement en 1792-1793, 1870-1871 et 1940, « années terribles » qui furent aussi des années de déstabilisation et de césure politique, suscitant des réflexes de purges ou de règlements de compte, et la production de nouveaux modèles, à visée progressiste en 1792-1793 et 1870-1871, dans une optique réactionnaire en 1940. Dans tous les cas, il y a bien une réflexion qui se noue à ce moment-là autour du statut et de l’image des femmes de Paris, et la manifestation d’un désir de rupture qui passe par la promotion d’un nouveau code esthétique, comportemental et moral.
17Au début de la Première République, dans un contexte d’exacerbation aiguë des tensions sociales et politiques, la mise-en-cause du type, au vrai encore embryonnaire, procède d’un rejet plus global de tout trait « d’aristocratisme ». S’inspirant de Rousseau qui, dans Julie ou la Nouvelle Héloïse, publié en 176112, opposait explicitement le modèle de la Parisienne, définie par l’artifice, l’impudeur et l’androgynie, à l’idéal de la femme « naturelle », pudique, vertueuse et maternelle, la république jacobine cherche à promouvoir le second. Tous les marqueurs d’artifices et de privilèges (corsets, chapeaux compliqués, maquillage voyant…) disparaissent peu à peu, au point que toute forme de recherche vestimentaire peut éveiller la suspicion. L’actrice parisienne Louise Fusil est violemment prise à partie en septembre 1792, lors d’une tournée en province, du fait de sa tenue : « À notre entrée dans la loge, chacun ne manqua pas de demander quelles étaient ces deux dames élégantes (car on appelait déjà ainsi la toilette la plus simple, surtout en province). […] Après nous avoir bien regardées, on s’avisa de penser à ce fichu noué sur le côté et l’on se mit à crier : “À bas la cocarde blanche13 !” » En parallèle sont promues les tenues simples, de couleur blanche, inspirées de l’antique. Une brochure républicaine de 1793 résume en ces termes le nouvel idéal féminin : « Jamais une femme ne fut plus belle qu’avec ses cheveux nattés sans poudre et flottant au hasard sur ses épaules ; jamais elle ne fut plus intéressante et plus digne du titre sublime de Républicaine, que quand ses pieds mignons et délicats sont enfermés dans des sabots14. » Cette révolution des apparences va de pair avec une volonté de moralisation des mœurs, qui s’adosse à la valorisation du mariage, de la famille, de la maternité15, et condamne tous les « excès » de la liberté féminine, assimilée à l’aristocratie décadente d’Ancien Régime. Puisant sa source dans une « nature » très idéalisée, témoignant d’une « urbaphobie » qui rejette la culture parisienne du luxe et des plaisirs, cette vision de la femme nouvelle peine cependant à s’imposer du fait de la brièveté de l’épisode jacobin : dès le Directoire, c’est, selon un observateur, le retour des « scènes lascives, filles prostituées, modes infâmes, situations libertines16 » à quoi s’assimile, de longue date, la capitale des Français.
18Le siège et la Commune de Paris voient ressurgir la même ambition de réformer un type auquel la « fête impériale » a redonné un fort parfum d’équivoque, et dont l’haussmannisation a fait le fruit vérolé de la grande Babylone moderne. À la Parisienne décadente ou « déréglée », il s’agit d’opposer une Parisienne régénérée – républicaine et consensuelle en 1870, populaire et anti-élitaire pendant la Commune. Écrit en janvier 1871, le poème de Victor Hugo cité en introduction peut aisément illustrer le premier modèle. Avec le lyrisme et l’emphase propres au poète des Misérables, il célèbre une nouvelle Parisienne, toute de dignité et de courage, poussée sur le terreau décadent de la ville :
Eh bien, dans ce Paris, sous l’étreinte inhumaine,
L’homme n’est que Français, et la femme est Romaine.
Elles acceptent tout, les femmes de Paris,
Leur âtre éteint, leurs pieds par le verglas meurtris,
Au seuil noir des bouchers les attentes nocturnes,
La neige et l’ouragan vidant leurs froides urnes,
La famine, l’horreur, le combat, sans rien voir
Que la grande patrie et que le grand devoir […]
Paris est un héros, Paris est une femme ;
Il sait être vaillant et charmant ; ses yeux vont,
Souriants et pensifs, dans le grand ciel profond,
Du pigeon qui revient au ballon qui s’envole.
C’est beau : le formidable est sorti du frivole17.
19Si le « formidable est sorti du frivole », c’est aussi que la féminité symbolique de la ville, autrefois rapportée à la débauche ou à la légèreté des élites, est désormais synonyme de courage et de vertu : la vraie Parisienne est, sous la pression des circonstances et quelle que soit son origine sociale, une digne matrone faisant son devoir, telle que la représente le dessinateur P. A. Martial, dans un esprit très proche de la vision hugolienne (fig. 17-20).
20Ce renversement d’image tend à s’exacerber avec la Commune qui, comme en 1792-1793, fait du peuple le ferment de toutes les régénérations. Suivant l’événement de près, Karl Marx peut ainsi s’exclamer : « Quel changement prodigieux, en vérité, que celui opéré par la Commune de Paris ! Plus la moindre trace du Paris dépravé du Second Empire. […] les cocottes avaient retrouvé la piste de leurs protecteurs […]. À leur place, les vraies femmes de Paris avaient reparu, héroïques, nobles et dévouées comme les femmes de l’Antiquité18. » Le communard Prosper-Olivier Lissagaray remarque avec plus de virulence encore : « Cette femme qui salue ou accompagne, c’est la vaillante et vraie Parisienne. L’immonde androgyne née des fanges impériales a suivi sa clientèle à Versailles ou exploite la mine prussienne de Saint-Denis. Celle qui tient le pavé maintenant, c’est la femme forte, dévouée, tragique, sachant mourir comme elle aime, de ce pur et généreux filon qui, depuis 1789, court vivace dans les profondeurs populaires19. » Cette nécessité de dignifier la Parisienne populaire trouve aussi sa source dans la nécessité de mettre à distance le stigmate de la prostitution, activité à laquelle étaient vouées, dans le Paris du xixe siècle, nombre de filles de milieux modestes : l’un des premiers gestes des Communards fut de détruire les registres de police recensant les filles encartées20. Comme sous la Première République, cependant, l’échec du mouvement ne permit pas de substitution durable. Passée la période de l’Ordre moral, la république modérée s’accommode fort bien du type séducteur et léger de la Parisienne, que la Belle Époque place au cœur de ses mythes.
21La dernière tentative de réforme du type en contexte d’année terrible peut être datée de l’automne 1940, avec la mise en place de la collaboration et du régime de Vichy. La révolution conservatrice du maréchal Pétain ne manque pas, en effet, de prendre pour cible la femme frivole à laquelle s’assimile la Parisienne, accusée de ne penser qu’à son plaisir et de négliger ses devoirs domestiques et maternels, avec des conséquences dramatiques sur la démographie du pays21. Dès 1940, la presse féminine, en zone libre comme en zone occupée, est fermement reprise en main par le régime et reçoit des consignes pour dénoncer les modes excessives qu’ont favorisées « l’esprit de jouissance » et l’américanisation des mœurs, afin de promouvoir, en lieu et place, un modèle « maternaliste ». Il trouve, là encore, sa source hors de Paris, avec le type de la bourgeoise catholique de province, mère d’une famille nombreuse. L’échec final de ce modèle a trait autant à la brièveté et au caractère exceptionnel de l’épisode qu’aux contradictions internes de la collaboration, qui met aux prises un pôle traditionnaliste et conservateur, concentré à Vichy, et un pôle parisien plus affairiste et opportuniste, qui n’a pas pour première préoccupation la relégation domestique des femmes, même si cette ambition est bien au cœur de l’idéologie national-socialiste. Malgré quelques concessions au nouvel idéal féminin, la presse de mode parisienne reste, pour l’essentiel, fidèle aux représentations archétypales de la Parisienne chic, tandis que la vie mondaine et culturelle de la capitale bat son plein.
Les femmes de Paris pendant le siège : dessins de P. A. Martial (1871). Figure 17. – Les ambulances. Figure 18. – Les infirmières. Figure 19. – Les ménagères. Figure 20. – Les cantinières.

22Dans tous les cas, la Parisienne réformée peine à se concrétiser, et plus encore à se pérenniser : l’identité « frivole » de la ville reprend d’autant plus rapidement le dessus qu’elle participe largement aux mécanismes d’oubli et de refoulement qui permettent de mettre à distance le traumatisme des « années terribles ». Durant les conflits longs, le phénomène est repérable dans le temps court, avec la reprise d’un semblant de « vie parisienne » dès 1915 et le semblant de normalité orchestrée par l’occupant à compter de l’automne 1940.
23Au bout du compte, « l’éternel retour » de cette insubmersible Parisienne met à nu les mécanismes de genre qui sous-tendent la fabrication du type : même héroïsée et dignifiée, elle reste maintenue dans l’orbite du « féminin », bien que le caractère exceptionnel et dramatique de l’événement entraîne une déstabilisation des identités ou des positions sexuées, qu’il s’agit précisément de contrer.
Réaffirmer la « différence-des-sexes »
24En effet, même dans la version héroïsée de Hugo, de Marx ou des communards, la digne et courageuse Parisienne reste « femme » et n’a pas, sauf exceptions, vocation à s’engager ou à se battre au même titre qu’un homme. Cette perception semble encore largement dominante en 1939-1940, malgré la diversification des engagements féminins au cours des deux guerres mondiales, il est vrai, le plus souvent, à des postes périphériques. Pourtant, le contexte exceptionnel des « années terribles » a bien favorisé les ruptures de normes, en suscitant chez de nombreuses femmes des ambitions de participation militaire ou politique directe, surtout dans les contextes de prises d’armes spontanées ou improvisées, comme en 1792 ou 1870-1871 – les armées régulières restant, pendant toute la période, largement inaccessibles au sexe « faible ». Cette tentation de l’engagement n’est évidemment pas propre à Paris, mais elle trouve sans doute dans la capitale ses formes les plus systématiques ou les plus spectaculaires, car la ville polarise la présence de personnalités atypiques, aux comportements avant-gardistes, voire transgressifs. C’est notamment le cas durant la Révolution, événement qui a suscité bien des vocations d’engagement féminin, d’Olympe de Gouges à Théroigne de Méricourt. Surnommée « l’amazone », la seconde organise en 1792 plusieurs régiments de femmes, et son exemple fait des émules puisque l’entrée en guerre, le 20 avril 1792, provoque une multiplication de déclarations patriotiques et d’engagements féminins22. Le même phénomène s’observe en 1870-1871 : des femmes s’engagent dans les combats pendant la guerre franco-prussienne23 et des communardes se battent en uniforme entre mars et mai 1871, au premier rang desquelles Louise Michel.
25Face à cet engagement féminin, les réactions masculines ont bien sûr varié selon les contextes et la sensibilité personnelle. Il s’est trouvé des hommes pour y apporter leur soutien, parfois même pour y prendre une part active : c’est ainsi qu’en octobre 1871, un homme d’affaires parisien du nom de Félix Belly tente de monter un bataillon « d’amazones de la Seine » pour répondre, explique-t-il, « aux dispositions généreuses d’une grande partie de la population féminine de Paris24 ». L’expérience va jusqu’à la mise en place d’un bureau d’enrôlement et l’inscription de 300 volontaires. A contrario, la grande majorité des femmes, pétries par les conventions de genre de leur époque, n’éprouvaient nul besoin de se battre et acceptaient comme un fait d’évidence les rôles traditionnels qui leur étaient dévolus, notamment dans les fonctions nourricières : la Parisienne héroïque des « années terribles » est, avant tout, on l’a vu, une ménagère qui tente de trouver de la nourriture et de protéger ses enfants. Raison pour laquelle ces incursions féminines du côté de la bravoure virile ont, dans l’ensemble et encore en 1939-1940, suscité le plus souvent malaise ou incompréhension. Le détournement grivois ou salace, dont on a donné plus haut quelques exemples et qui affecte particulièrement la figure de la femme en uniforme, constitue sans doute l’un des principaux symptômes de ce désarroi masculin face à la femme va-t’en-guerre, mais le rejet s’exprime souvent avec une misogynie beaucoup plus explicite.
26Ainsi pendant la Première République : héritée de Rousseau, la conception différentialiste que les hommes de la Révolution se font des rôles sexués inspire dans les rangs jacobins et sans-culottes une méfiance sourcilleuse vis-à-vis de l’engagement militaire et politique féminin, qui doit, selon eux, rester cantonné à des rôles subalternes. En avril 1793, pour bien circonscrire la place des femmes sur les champs de bataille, un décret prévoit que « les femmes qui servent actuellement dans les armées seront exclues du service militaire25 ». En octobre 1793, la « guerre des cocardes » forme un autre symptôme paroxystique de cet embarras masculin, sur un terrain plus directement politique : suite à des incidents relatifs au port de la cocarde par les femmes, brièvement autorisé en avril, les clubs de femmes sont brutalement fermés par décret, révélant combien leur existence relevait de la tolérance ou de l’exception. La déclaration d’un sans-culotte parisien, en 1793, résume sans doute assez bien le scepticisme d’une partie de la gent masculine vis-à-vis des militantes trop actives et trop impliquées : « encore si ces dames étaient jolies, mais ce ne sont que des têtes de Méduse dont l’aspect pétrifie26 ». Par-delà les clivages idéologiques, une solidarité masculine se dessine dans le rejet du rôle excessif des « tricoteuses », même si c’est bien la réaction qui en donne les représentations les plus haineuses. Quant à Napoléon, s’il a bien toléré quelques « soldates » dans ses armées27, c’est à titre tout à fait exceptionnel, et sans rien renier d’une conception extrêmement clivée des rôles sexués, qui nourrit, on le sait, les dispositions inégalitaires du Code civil de 1804.
27Plus d’un demi-siècle plus tard, pendant le siège de Paris, les femmes restent cantonnées, pour l’essentiel, aux fonctions de cantinières ou d’infirmières. Non seulement Félix Belly ne parvint pas à monter son bataillon d’amazones de la Seine, mais il eut maille à partir avec la police et dut subir les quolibets de la presse pour cette tentative de régiment en jupons28. La Commune, en revanche, semble s’être montrée plus accueillante aux engagements militaires féminins : la sensibilité égalitariste des insurgés, le rejet de la femme-poupée ou de la femme-bibelot symbolisant les travers des élites, la pression dramatique des événements contribuèrent à apprivoiser et intégrer la figure des combattantes29. Celles-ci demeurèrent cependant minoritaires, sans jamais conquérir la véritable fraternité des armes30, et leur engagement ne trouva guère de traduction politique puisque la Commune, faute de temps mais aussi de sensibilité féministe assumée, resta globalement timide dans le domaine du droit des femmes31.
28Les caricatures outrancières que suscita, dans le camp adverse, l’engagement des communardes, requalifiées en « pétroleuses », montrent, comme sous la Révolution, combien la lecture des rôles féminins en contexte de crise nationale reste indissociable d’une sensibilité de classe, et aboutit à un paroxysme de négativité quand, à la subversion des sexes, s’articule une tentative de subversion de l’ordre social. Doublement illégitime, l’élément féminin populaire armé polarise ainsi les haines et fait figure de bouc émissaire tout trouvé (fig. 21 et 22). De ce point de vue, les « années terribles » ont aussi été des moments d’intensification des réflexes misogynes, libérés, dans leur brutalité, par le contexte général de violence et de menaces. Pendant le second conflit mondial, c’est à la fin et non au début de la guerre que l’on observe un mécanisme comparable, avec les phénomènes de tontes étudiés par Fabrice Virgili32. Porter atteinte, par la caricature ou la mutilation, à la joliesse conventionnelle de la Parisienne est aussi une manière de mettre en accusation les débordements du féminin, toujours suspects de désordres sexuels.
29De 1792-1793 à 1939-1940, chacune des « années terribles » a interrogé la représentation des Parisiennes dans une dynamique qui mettait aux prises, selon la formule hugolienne, « le frivole et le formidable ». Contrairement, cependant, à la vision très idéaliste du poète, il n’y a pas eu substitution automatique d’une dimension à l’autre à la faveur de la crise, mais, plutôt, chevauchement et panachage de registres, toujours médiatisés par les postures idéologiques et l’identité sexuée des locuteurs. Les différentes « formules » de Parisiennes pérennisées ou remodelées dans ces contextes mettent ainsi en relief tout autant la puissance des préjugés, des automatismes et de la force d’inertie d’un corps social tétanisé par l’événement que la puissance galvanisante de celui-ci, producteur d’héroïsme et de bouleversements divers. Elles invitent aussi à réfléchir sur la temporalité interne aux « années terribles », qui ne le furent souvent que de manière ponctuelle ou partielle, tout particulièrement dans le contexte parisien, tantôt principal théâtre ou point d’aboutissement du drame, tantôt, au contraire, partiellement déconnecté de lui. Elles nous permettent, enfin, d’aborder la question des évolutions globales sous l’angle d’une histoire des femmes faisant ici office d’observatoire symptomatique : en effet, si l’on constate de nombreux traits récurrents dans les remodelages du type, qui ont autorisé des parallèles entre des époques très différentes, ce siècle et demi d’histoire n’a rien de statique. À compter des deux guerres mondiales, la place des femmes dans la communauté nationale en péril, qui s’est elle-même constituée au fil du siècle, est beaucoup mieux assurée, et il n’y a pas de hasard à ce que la période étudiée s’achève par l’obtention du suffrage féminin en 1944, qui trouve l’une de ses justifications dans l’héroïsme des résistantes. De ce point de vue, la capitale a orchestré une combinaison très spécifique, à la fois frein et moteur de l’émancipation féminine, en mettant régulièrement aux prises le « frivole » de son symbole féminin et le « formidable » de ses commotions politico-guerrières.
La femme populaire en révolte : l’anti Parisienne ? Figure 21. – « À Paris Belle », caricature anglaise de 1793. Figure. 22. – « La femme émancipée répandant ses lueurs sur le monde », caricature anti-communarde de 1871.

Notes de bas de page
1 Hugo Victor, « Lettre à une femme », L’année terrible, Paris, Michel Lévy Frères, 1872, p. 105.
2 Sur l’émergence et les fonctions de « type », voir notamment Corbin Alain, « Le xixe siècle ou la nécessité de l’assemblage », dans Corbin Alain et al., L’Invention du xixe siècle, Paris, Klincksieck, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1999, p. 153-159.
3 Kleinert Annemarie, Le « Journal des dames et des modes » ou la conquête de l’Europe féminine (1797- 1839), Stuttgart, Jan Thorbeke Verlag, 2001, p. 96-98.
4 Voir Veillon Dominique, La mode sous l’Occupation, Paris, Payot/Rivages, 2014, p. 33-46.
5 Voir Pellegrin Nicole, Les vêtements de la liberté. Abécédaire des pratiques vestimentaires françaises de 1780 à 1800, Aix-en-Provence, Éditions Alinéa, 1989, p. 89.
6 Riding Alan, Et la fête continue… La vie culturelle sous l’Occupation, Paris, Plon, 2012, p. 119-120.
7 Voir sur ce point les remarques de Robert Ouvrard, introduction à Figueur Thérèse, Histoire de la dragonne, les campagnes d’une guerrière enrôlée dans les armées de la Révolution et du Premier Empire, 1793-1815, Paris, Cosmopole, 2001, p. 205 et suiv.
8 Le Petit Écho de la mode, 4 octobre 1914.
9 Sur ce point, voir l’ouvrage de Bertin Célia, Femmes sous l’Occupation, Paris, Stock, 1993, et celui de Rouff Maggy, La philosophie de l’élégance, Paris, Éditions littéraires de France, 1942.
10 La Mode illustrée, 4 décembre 1870.
11 Maurice Donnay, préface à Clermont Camille, Souvenirs de Parisiennes en temps de guerre, Paris, Berger-Levrault, 1918.
12 Rousseau Jean-Jacques, Julie ou la nouvelle Héloïse, Paris, Garnier Flammarion, 1967 (1761).
13 Fusil Louise, Souvenirs d’une actrice, (1841), Paris, Honoré Champion, 2006, p. 209.
14 Mercier C.-F.-X. (Claude-François-Xavier, dit Mercier de Compiègne), Comment m’habillerai-je ? Réflexions politiques et philosophiques sur l’habillement français et sur la nécessité d’un costume national, Paris, imprimerie de l’auteur, 1793, p. 3. La notice de la BnF indique fautivement : Comment m’habillerais-je ?
15 Voir Verjus Anne, Le bon mari, une histoire politique des hommes et des femmes à l’époque révolutionnaire, Paris, Fayard, 2010.
16 Heinzmann Johann-Georg, Voyage d’un Allemand et retour en Suisse, Lausanne, Imprimerie Ignou et Cie, 1800, p. 35-36.
17 Hugo Victor, « Lettre à une femme », op. cit.
18 Marx Karl, La guerre civile en France, Paris, Mille et une Nuits, 2007 (1871), p. 67.
19 Lissagaray Prosper-Olivier, Histoire de la Commune de 1871, Paris, La Découverte, 1980 (1876), p. 218.
20 Voir Godineau Laure, La Commune de Paris par ceux qui l’ont vécue, Paris, Parigramme, 2010.
21 Sur ce thème voir Muel-Dreyfus Francine, Vichy et l’éternel féminin, Paris, Seuil, 1996.
22 Bard Christine, Une histoire politique du pantalon, Paris, Seuil, 2012, p. 55-58.
23 Ibid., p. 148.
24 Belly Félix, placard du 1er bataillon des amazones de la Seine, 10 octobre 1870, reproduite dans Baronnet Jean, Images du siège de Paris, Paris, Éd. de l’Amateur, 2010, p. 73.
25 Cité par Bard Christine, op. cit., p. 57.
26 Cité par Rosa Annette, Citoyennes : les femmes et la Révolution française, Paris, Messidor, 1988, p. 221.
27 C’est le cas, par exemple, de Thérèse Figueur, « dragonne » dans les armées de la Révolution et de l’Empire. Voir supra, op. cit.
28 Belly Félix, Les amazones de la Seine et la police, Paris, chez l’auteur, 1870.
29 Voir Godineau Laure, op. cit., p. 148 et suiv.
30 Ibid., p. 154-155.
31 Ibid.
32 Virgili Fabrice, La France « virile ». Des femmes tondues à la Libération, Paris, Payot, 2000.
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