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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Notabilités et identité des communautés choletaises : les petits notables dans la production de l’opinion publique locale La cristallisation autour d’enjeux vitaux pour les communautés Le travail mobilisateur des petits notables de l’Ouest Notes de bas de page Auteur

    La France en guerre

    Ce livre est recensé par

    • Emmanuel Debruyne, Revue d’histoire du XIXe siècle, mis en ligne le 28 février 2020. URL : https://journals.openedition.org/rh19/6781 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rh19.6781
    • Benjamin W. L. Derhy Kurtz, Questions de communication, mis en ligne le 16 novembre 2020. URL : https://journals.openedition.org/questionsdecommunication/22693 ; DOI : https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.22693
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    Table des matières

    Entrer en guerre civile en Anjou

    Les notables à l’heure du choix (1792-1793)

    Anne Rolland-Boulestreau

    p. 25-40

    Texte intégral Notabilités et identité des communautés choletaises : les petits notables dans la production de l’opinion publique locale Le réseau des trois notables choletais Les fonctions La cristallisation autour d’enjeux vitaux pour les communautés La Constitution civile du clergé : une attaque contre la religion catholique Les patriotes au secours des réformes révolutionnaires Le travail mobilisateur des petits notables de l’Ouest L’exemplarité du leader Notabilités et actions : leurs capacités à entraîner et à organiser les résistances Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1« Je suis la Guerre civile […] celle où l’on sait pourquoi l’on tue et qui l’on tue ; le loup dévore l’agneau, mais il ne le hait pas, tandis que le loup hait le loup. Je régénère, je retrempe un peuple. […] Je suis le feu qui avance et qui brûle, et qui éclaire en brûlant1. » Deux cents ans après les guerres de religion, la France est de nouveau déchirée par des luttes fratricides, du fédéralisme à la guerre de Vendée.

    21792/1793 est l’année terrible pour les Français en Révolution, conscients d’avoir vécu des moments extraordinaires par le changement de régime, par les réformes sociales et politiques, mises en place en quelques mois. L’entrée de l’Europe dans la guerre au printemps complète le tableau. Le futur reste incertain : les acquis de la Révolution française sont loin d’être pérennes. Le pacte social est fragile ; la division autour de la question religieuse va croissante. La situation économique est instable et, si la monarchie a vécu, le sort du roi n’est pas réglé.

    3En septembre 1792, de nouvelles élections (au suffrage universel direct) sont organisées pour mettre en place la Convention nationale, dans un contexte parisien particulièrement tendu, marqué, entre autres, par la prise des Tuileries, les massacres de prisonniers et l’avancée anxiogène des armées étrangères sur le territoire français. Les Français, en guerre depuis le printemps 1792 contre les puissances coalisées, jugulent la poussée ennemie à Valmy. En novembre 1792, on procède aux secondes élections municipales dans le pays, dans un contexte toujours confus et rendu difficile par les effets schismatiques de la Constitution civile du clergé dans quelques zones.

    4Comme on le sait, en février et mars 1793, la campagne de la conscription militaire pour remplacer les volontaires engagés, pour certains, depuis 1789, met le feu aux poudres2. Bien des districts se heurtent à l’opposition des jeunes gens qui refusent de partir sous les drapeaux, en particulier dans l’Ouest de la France. Selon Jacques Péret, c’est le « grand révélateur3 » qui marque le début de la guerre de Vendée. Les insurgés prennent des villes et bourgs choletais et vendéens : Saint-Florent-le-Vieil, le 12 mars 1793, par Cathelineau et Perdriault, Jallais, Chemillé, Cholet, puis Chalonnes, et la défaite du général Marcé près de La Guérinière, le 19 mars 1793. Un nouveau front, intérieur cette fois, s’ouvre soudainement, du moins aux yeux de certains conventionnels, et expose dangereusement la Révolution. Si Barère, en août 1793, parle d’« inexplicable Vendée », d’autres révolutionnaires, comme Goupilleau et Richard, représentants du peuple sur le terrain, évoquent dès le 19 mars 1793 une « véritable guerre […]. En un mot, c’est une armée royale et papiste4 » qui s’est levée au sud de l’Anjou.

    5L’émeute, rapidement transformée en faits de guerre, témoigne des tensions accumulées dans le corps social. Au mois de mars 1793, on assiste à un basculement de l’état de paix (relatif) à l’état de guerre. S’ajoute alors pour la République la nécessité d’affronter une guerre civile soit, comme le définit Jean-Claude Caron, un conflit qui « n’impose ni déclaration, ni limitation de la violence, ni négociation5 ».

    6Il ne s’agit pas, dans le cadre de cet article, de produire un énième récit de l’entrée en guerre de la Vendée militaire6. Ces événements, bien connus, s’ils entrent bien dans les débuts de la « geste vendéenne », ne doivent pas faire oublier que la crise couve bien avant mars 1793. Mais, à l’échelle nationale comme provinciale, « l’année terrible » débute bien, selon nous, en septembre 1792 pour s’achever en octobre 1793, entre le moment où, en France, s’établit un « gouvernement révolutionnaire » et quand les Vendéens, défaits à Cholet, se lancent dans la tragique et hasardeuse virée de Galerne. Dans le département de Maine-et-Loire, un nouveau représentant du peuple, Francastel, est nommé en octobre 1793, avec pour mission de réprimer les dernières poches de résistance en Vendée militaire. Enfin, signe fort envoyé aux « ennemis intérieurs de la République », les autorités angevines installent, le 30 octobre 1793, la guillotine dans le centre-ville d’Angers7. 1792/1793 est donc bien une période paroxystique dans l’ouest de la France.

    7 En usant de l’optique micro-historique, que nous avons expérimentée dans nos précédents travaux8, nous nous proposons d’étudier l’itinéraire de trois hommes du Choletais9, dont les choix et les actions rendent compte de ce moment charnière par excellence. Il s’agit de Jacques Cathelineau du Pin-en-Mauges, de Jean-Antoine Vial de Chalonnes, et de Jacques-Marin Boutillier de Saint-André de Mortagne. Ces trois hommes sont placés dans ce qui constituera, en mars 1793, l’épicentre de la Vendée militaire, la future zone insurgée. Ils sont des notables reconnus, choisis ou élus par leurs communautés. Ils sont engagés dans le nouveau dispositif politique mis en place par la Révolution française. Rien ne les distingue vraiment. Leurs bourgades sont situées sur des axes de communication importants et sont largement ouvertes sur un horizon régional et national. Cathelineau choisit de se révolter contre la République, tandis que Vial combat les Vendéens et les contre-révolutionnaires. Quant au troisième, Boutillier de Saint-André, il n’opte ni en faveur de l’insurrection, ni pour la République, mais tente, à son niveau, de contrer les effets de la guerre civile.

    8Il s’agit de saisir, comme l’écrit Haim Burstin, des hommes « en action », les étudier « en analysant leur vécu concret, en enregistrant les étapes de leur prise de conscience, leurs changements comportementaux10 ». Il s’agit d’une « histoire collective d’individus en chair et en os qui se lancent dans une aventure dont ils ne connaissent pas immédiatement l’issue11 ». Il nous faut donc interroger des « vies minuscules », placées « au ras du sol12 », les confronter au collectif, au contexte national, les replacer dans leur environnement concret, dans les événements tels qu’ils les vivent et se les représentent. Car, selon Olivier Christin, « voir les choses en petit », ce n’est pas s’obliger à s’en « tenir aux petites choses13 ».

    9Nous souhaitons de la sorte comprendre comment une région, le Choletais, bascule dans l’irréversible ; et donc mettre en évidence les ressorts de la chute en guerre civile d’une province rurale, à partir de l’engagement antagoniste des petites notabilités en actes. Les notables ruraux choletais sont les reflets identitaires des communautés, reconnus et choisis comme tels (I). Ils considèrent les réformes, telle la Constitution civile du clergé, comme des infractions à l’intégrité de leurs territoires, ou, à l’inverse, comme des avancées décisives de la société française. Ils sont prêts à défendre les intérêts de leur communauté et leurs propres causes, en mobilisant leurs camps, leurs réseaux.

    Notabilités et identité des communautés choletaises : les petits notables dans la production de l’opinion publique locale

    10Les notables choletais sont inscrits au cœur du processus de production de l’opinion publique. Ils sont à la fois moteurs et reflets de leurs communautés.

    Le réseau des trois notables choletais

    11Depuis les études de Christophe Charle sur les élites de la République au xixe siècle, la richesse, la condition sociale et l’éducation sont les trois critères habituellement retenus pour définir la notabilité14. À une moindre échelle, nos trois notables du Choletais bénéficient de ce même « capital », pour reprendre sa formule15.

    12Vial a fait ses études de droit à Paris et est reçu avocat au parlement de Paris. Après une courte – mais fructueuse – expérience dans les « îles16 », Vial revient à Chalonnes en 178917, continue d’exercer sa charge d’avocat et gère les biens familiaux de son épouse, dont une closerie, une métairie et des prés18.

    13Boutillier de Saint-André a fait des études, d’abord au collège de Beaupréau, puis de droit, lui aussi, à Poitiers et à Paris. Il devient avocat puis juge au tribunal de Mortagne et de Cholet. Propriétaire aisé – mais moins que Vial –, il dispose d’une maison de maître dans le bourg de Mortagne. Jacques Cathelineau n’appartient pas à ce monde de la magistrature. Il n’est pas aussi aisé que les deux notables précédents, mais il a reçu une solide éducation auprès d’un curé maugeois19. Il sait parfaitement lire et signer. Il a surtout entrepris une conversion professionnelle réussie, en devenant voiturier-colporteur, à la tête d’une petite entreprise, avec chevaux et carriole. À la veille de la Révolution, il prend un commis, son jeune frère pour l’aider dans ses tournées.

    14De condition sociale différente, ils sont pourtant bien des notables locaux, mais, par leurs relations professionnelles, ils dépassent le simple cadre de leur communauté.

    15La petite notabilité choletaise est aussi enrichie d’un autre critère, souvent délaissé par les historiens car difficile à établir : le réseau familial et amical20. Par ses études et ses fonctions de juge, Boutillier de Saint-André est amené à fréquenter d’Elbée et Sapinaud de la Verrie – deux futurs chefs de l’armée vendéenne –, La Révellière-Lépeaux et Talot – qui seront élus à la Convention. Au début de la Révolution française, il fréquente aussi le club des Jacobins de Cholet qu’il délaisse cependant assez vite, car « il n’applaudissait point aux vexations de toute espèce qu’on exerçait alors contre les prêtres, les nobles, et généralement contre tous ceux que l’on nommait aristocrates21 ».

    16Quant à Vial, récemment arrivé à Chalonnes, il se lie très vite avec l’un des personnages les plus importants de sa commune, Jean-Baptiste Leclerc, député-suppléant des États généraux et ami de La Révellière-Lépeaux. Il rencontre aussi Choudieu et Pierre-Marie Delaunay, futurs représentants du peuple, amenés à jouer un grand rôle dans le département de Maine-et-Loire. Il fait partie, sans qu’on sache à quelle date précisément, de la société des Amis de la constitution22 d’Angers, réunissant de futurs conventionnels du département de Maine-et-Loire.

    17Le réseau de Jacques Cathelineau est sans doute plus complexe à mettre en évidence : plus intime, il laisse, a priori, moins de traces dans les archives. Cependant, par la méthode de la micro-histoire et l’exploration systématique des registres paroissiaux, il nous est possible de démontrer que Jacques Cathelineau fut un témoin de mariage recherché dans le pays, tout comme sa famille fortement implantée dans le village, appelée au quart de tous les mariages célébrés au Pin-en-Mauges durant le xviiie siècle. Aucune autre famille du Pin-en-Mauges n’est à ce point sollicitée lors des mariages.

    18Le 13 mars 1793, jour de l’insurrection au Pin, ses amis et les membres de sa famille forment sa première troupe, une petite bande de vingt-sept compagnons, tous unis par des liens familiaux plus ou moins proches, cousins germains, neveux, gendres, beaux-frères. Ces liens sont parfois relayés par l’amitié affirmée lors des mariages. À la différence de ce qu’affirmait le chanoine Auguste Billaud en 1947, pour qui l’insurrection vendéenne était « un mouvement spontané, populaire et religieux23 », l’exemple de Jacques Cathelineau entouré d’amis et de parents montre que ces vingt-sept hommes lui font confiance et le suivent parce qu’ils se connaissent et se fréquentent, bien avant la guerre de Vendée.

    19La plupart des historiens donnent souvent l’impression que ce voiturier du Pin est parti de rien. La Contre-Révolution aurait donc révélé ce personnage hors du commun. Cette lecture est sans aucun doute excessive ; elle est aussi le fruit, pour les auteurs favorables à la Contre-Révolution, d’une construction de la figure du héros populaire. En insistant sur ses origines, à la fois obscures et modestes, ceux-ci mettent en valeur ce moment historique exceptionnel où un simple colporteur devient généralissime de l’armée catholique et royale, où un inconnu entraîne aux combats une troupe d’hommes ordinaires. Jacques Cathelineau suit alors une destinée providentielle. Lorsque sa vie d’avant les combats est évoquée, elle l’est souvent dans cette perspective où la guerre de Vendée est un prolongement et un révélateur de ses actions et de ses attitudes passées. En fait, on oublie qu’il fut un notable et non pas un modeste et anonyme habitant du Pin. Il montre qu’il a su d’abord tirer le bénéfice de cette ascendance, au centre d’un réseau familial important. La guerre de Vendée, moment de crise, est l’occasion de confirmer cette position ; elle ne joue que le rôle d’un révélateur. Que Jacques Cathelineau dépasse ensuite ce rôle de petit notable du Pin, nul n’en doute, mais il n’est certainement pas une création ex nihilo de l’histoire.

    20Jean-Pierre Jessenne le rappelle : « L’historiographie et la sociologie des “élites” ont souvent tendance à privilégier la fonction d’intermédiaire, sans doute parce qu’elle constitue une espèce de consécration et qu’elle débouche plus souvent sur la “grande politique”, mais l’enracinement local de l’action en est indissociable24… » À l’évidence, le réseau amical, professionnel et familial est un terreau favorable à la mobilisation des communautés de l’Ouest. Cela vaut pour nos trois notables choletais.

    Les fonctions

    21Les petits notables maugeois reçoivent des missions particulières au service de leur communauté. Désignés par la sanior pars des habitants à la fin de l’Ancien Régime, ou bien élus par les citoyens actifs à des postes de maires, de représentants départementaux ou nationaux lors de la Révolution française, ils en sont bien l’émanation « politique », même si cet adjectif a pu être contesté par différents historiens25.

    22Boutillier de Saint-André et Vial obtiennent les suffrages de leurs concitoyens pour devenir les maires de leurs communes, le premier à Mortagne en 1790, le second à Chalonnes en 1792. Ces mandats leur confèrent des missions bien connues depuis les travaux, entre autres, de Marc Bouloiseau26, Jocelyne George27 et Serge Bianchi28.

    23Dans le cadre de cet article, nous nous contenterons de ne présenter qu’un seul de ces notables, Jacques Cathelineau, replacé dans la sociabilité politique de la fin du xviiie siècle.

    24En effet, Jacques Cathelineau illustre la définition et le fonctionnement de la petite notabilité rurale dans l’Ouest bocager. Il bénéficie d’abord de la reconnaissance villageoise, par le biais de son père, « sonneur » ou/et sacristain de la paroisse du Pin-en-Mauges, depuis au moins 1757. Lui-même devient sacristain en 178029. Nommé par le bureau des marguilliers, les habitants les plus considérés du village, Jacques Cathelineau est l’intermédiaire obligé entre le prêtre et les paroissiens. Ses fonctions sont étendues et variées. Du luminaire à la sonnerie des cloches30, il doit aussi veiller à la décoration de l’église et au service paroissial. Il se doit d’être présent aux cérémonies religieuses et aux processions rythmant la vie paroissiale. Il veille aussi au bon déroulement matériel des sacrements de baptêmes, mariages et sépultures. Six ans plus tard, en 1786, Jacques Cathelineau occupe une autre fonction, moins paroissiale et plus « politique » : il est élu syndic par l’assemblée des habitants31. À ce titre, il est « porte-parole de sa communauté32 » et responsable des relations avec l’administration royale33. Il participe à la rédaction des cahiers de doléances en 1789.

    25L’influence de ces trois notables choletais dépasse le cadre de leur village. S’ils sont d’inégale fortune, ils « rayonnent » au-delà de leur communauté. Sans pour autant parler de « charisme » à leur propos, notion qui risque d’appauvrir les composantes multiples d’un personnage et gomme toute la complexité des relations entre notabilités et communautés, Cathelineau, Vial et Boutillier de Saint-André sont connus et recherchés.

    La cristallisation autour d’enjeux vitaux pour les communautés

    La Constitution civile du clergé : une attaque contre la religion catholique

    26Les nombreuses réformes révolutionnaires sont vécues, par certains, comme des atteintes répétées et illégitimes à un cadre de pratiques et de croyances traditionnelles. Pour d’autres, c’est la marche des réformes vers l’unité de la Nation et le Progrès.

    27La Constitution civile du clergé redéfinit la place de l’Église dans la société et donc les relations entre État et Église, entre 1791 et 1792. S’ensuit la radicalisation du serment en 1792 où les curés doivent jurer, sur leur vie, de défendre la République. Sans entrer dans l’histoire de la religion catholique sous la Révolution34, il faut redire que, pour les députés des assemblées nationale et constituante, en 1791 et 1792, la Constitution civile du clergé n’est pas révolutionnaire en soi : les évêques prêtaient déjà serment au Roi pour obtenir la délivrance du temporel de leurs évêchés. Au final, les légistes se contentent d’étendre le serment de fidélité au bas-clergé et font participer l’ensemble des citoyens à ce processus. Le haut-clergé s’engage devant les autorités départementales ; le bas-clergé devant le conseil municipal.

    28Mais, dans les départements, la Constitution civile du clergé dépasse le simple cadre du serment. Elle est liée au problème du salut des hommes et de leur foi. Les communautés, suivies ou entraînées par leurs notables, choisissent de se rallier à la « cause révolutionnaire » ou, à l’inverse, s’y opposent, quitte à opter pour la clandestinité du culte catholique traditionnel.

    29Dans le Choletais, peu nombreux sont les prêtres qui prêtent serment (autour de 5 % seulement35). Devenus des « réfractaires », ils sont de moins en moins bien tolérés par les municipalités patriotes, et rendent difficile l’installation des curés jureurs. En 1791, la municipalité de Chalonnes se plaint de ces « mauvais curés » qui « jettent le trouble36 » en restant sur place. Le 24 juin 1791, en théorie, l’affaire est réglée puisque le département rend un arrêté imposant à ces prêtres de se rendre au chef-lieu du département37. En réalité, il les encourage à entrer dans la clandestinité. Ils sont alors protégés par leurs ouailles. Malgré les risques encourus, et avec la complicité de sa famille, Boutillier de Saint-André cache ainsi pendant quelques mois son curé et assiste à des messes clandestines38. Beaucoup de prêtres, tel Cantiteau, du Pin-en-Mauges, réussissent à continuer les offices paroissiaux entre 1792 et 1793. Les fidèles n’ont jamais été si nombreux. Ils viennent de toutes les paroisses environnantes et, dès 1792, l’église paroissiale devient trop petite pour tous les accueillir.

    30À cela s’ajoutent des processions clandestines qui rassemblent tout le nord-est des Mauges, autour d’une chapelle à Saint-Laurent-de-la-Plaine. Là serait apparue, dans un chêne, la Vierge Marie. Le rôle des notables y apparaît fondamental : Jacques Cathelineau est à la tête de ces manifestations de plus en plus dangereuses et de plus en plus nombreuses. Près de deux mille personnes y participent certains soirs. Comme l’écrit Jacques Péret : « Resurgit une religion populaire très mystique, sans encadrement clérical, qui ne fait que déstabiliser encore un peu plus un pays traumatisé39. »

    31Aux yeux de ces participants, la légitimité de la cause et de la tradition ne fait aucun doute, face à la nouveauté de la loi. L’État est jugé responsable en s’en prenant aux traditions, aux coutumes. Ils estiment alors agir en légitime défense et s’affirment dans leur bon droit. Dans ce contexte, le seuil de tolérance maximal est dépassé à l’hiver 1792-1793.

    Les patriotes au secours des réformes révolutionnaires

    32Les « patriotes » jugent les processions empreintes de fanatisme. Ils cherchent à installer, de force s’il le faut, les prêtres jureurs… quand ils se présentent dans les cures. En 1792, seuls quelques-uns tentent l’aventure des paroisses choletaises.

    33La ville de Chalonnes, du fait de sa garde nationale, est particulièrement sollicitée. Le département de Maine-et-Loire la cite même en exemple pour les autres municipalités agitées par la crainte d’une insurrection imminente. Il fustige ainsi « les inquiétudes, les alarmes, qui ôtent aux Choletais tout courage, jettent les habitants de Vihiers et le district dans des craintes inexprimables. Ils croient à chaque instant voir toutes les paroisses qui les environnent venir tomber chez eux. La conduite de la garde nationale de Chalonnes leur servira de leçon40 ».

    34Vial ne fait partie de la garde nationale de Chalonnes, mais il en est le contributeur le plus important. En juillet 1791, il lui fait don de « deux pièces de canons de six toutes montées41 », dont l’un restera dans l’histoire sous le nom de « missionnaire ».

    35Au nom de la société des amis de la Constitution de Chalonnes, il accompagne aussi le Club ambulant des Mauges, animé par son ami La Révellière-Lépeaux, et rend un rapport sur ces processions de Saint-Laurent-de-la-Plaine. En août 1791, accompagné d’une vingtaine d’hommes armés, Vial trouve « 700 à 800 personnes des deux sexes qui chantoient des litanies et tenoient des cierges allumés42 ». En décembre 1791, il rencontre encore deux mille participants de plus en plus menaçants. Et surtout la promesse d’en découdre se fait précise : « Un jeune homme, âgé d’environ 26 ans, vêtu d’une veste bleue et d’un gilet blanc bordé de rouge, qu’on lui dit n’être pas de S. Laurent, dit […] : “Ils ont bien fait de s’en aller ces bougres-là, parce qu’ils y auraient passé. Quand je prie le bon Dieu, je le prie, et quand je bats, je bats”43. »

    36Cette situation n’est pas propre au Choletais. Tout l’ouest de la France est travaillé par des tensions religieuses. En décembre 1792, un agent du Directoire de Niort écrit à celui de Parthenay : « La paix n’est pas encore troublée, mais l’orage gronde, et il y a tout lieu de craindre qu’il n’éclate très prochainement44. » Le consensus est impossible, surtout pour un État qui a eu bien du mal à s’essayer à l’art de la conciliation, et ce, depuis le xvie siècle, comme l’a montré Denis Crouzet à propos des paix et des concordes tentées par la régente Catherine de Médicis et ses fils et refusées par les camps protestant et catholique45. Les trois notables sont placés sur cette « ligne de fracture » qui entraîne le pays vers la guerre civile : la place et le rôle de la religion dans la société.

    Le travail mobilisateur des petits notables de l’Ouest

    37Les communautés attendent de leurs notables des « vertus », en somme une forme d’exemplarité. Vial, Cathelineau et Boutillier de Saint-André sont, évidemment, différents les uns des autres, mais ils répondent aux attentes des villageois.

    L’exemplarité du leader

    38En octobre 1793, devant les autorités départementales du Maine-et-Loire, Vial énumère les vertus du parfait républicain, toujours animé par « l’amour des loix, le respect pour les mœurs et surtout ce désintéressement qui nous fait toujours préférer l’intérêt public à notre intérêt particulier46 ». En fait, c’est son propre portrait qu’il esquisse ici.

    39En effet, durant l’année 1792, le « civisme47 » de Vial est régulièrement invoqué, lui qui est élu successivement au conseil général par l’assemblée électorale du département et au poste de maire de Chalonnes par ses concitoyens – il démissionne de la première fonction, au profit de la seconde. Son élection au poste de maire, durant cette époque troublée de 1792, prouve la reconnaissance des Chalonnais pour ses compétences politiques.

    40Il a aussi mis son aisance au profit de la Révolution : il est celui qui a armé, en grande partie, la garde nationale chalonnaise. Il a contribué à l’équipement des soldats volontaires partant aux frontières48. Il a ainsi « habillé un homme, armé plusieurs, donné dix sols de haute paye à quatre d’entr’eux49 », et donné un écu de six francs à chacun d’entre eux, pour leur redonner « de la bonne volonté ». Il a même ouvert un atelier de filature à Chalonnes sur sa propriété50 pour y faire travailler les plus pauvres. Il voulait embaucher « jusqu’à deux cents hommes ou enfans51 ». Mais la guerre de Vendée a mis un terme à ses œuvres de bienfaisance.

    41Même la vente de biens nationaux de première origine est un moyen de se présenter comme un défenseur acharné de la Nation. On sait que Vial achète des terres et des prés, pour une valeur de 2500 livres52, un autre pré pour 2 000 livres53. Il n’est pas le seul notable choletais à le faire54. S’il en escompte un profit personnel, il le pose aussi comme un acte patriotique, comme son certificat de civisme le rappelle :

    « Lorsque les ennemis de la Révolution s’agitaient dans tous les sens, pour mettre des obstacles à la vente des Domaines Nationaux, dans les vues d’intimider les Acquéreurs, ou les empêcher de payer les annuités ; le citoyen Vial, soit par ses discours, soit par des acquisitions importantes, soit enfin en payant d’avance plusieurs annuités, a déjoué les malveillants, au point que la grande majorité des Biens Nationaux situés dans cette Commune ont été vendus, et ont produit environ deux millions55. »

    42À le lire, son exemple aurait servi à ses concitoyens, dans un premier temps peu enclins à l’idée d’acheter des biens nationaux, convaincus ensuite d’investir dans ces ventes.

    43Vial serait donc de tous les combats patriotiques et révolutionnaires contre le « fanatisme » avec la surveillance des processions clandestines, le renforcement de la garde nationale chalonnaise, contre la paupérisation communale par la création d’un atelier de filature et pour la défense de la République avec l’équipement de volontaires. Il serait une figure exemplaire en ces temps révolutionnaires troublés. C’est taire un autre aspect de sa personnalité, évoqué après la Révolution (et même après sa mort) : son caractère difficile, selon l’un de ses biographes du xixe siècle : « Le fait est qu’audacieux, entreprenant, taquin, il se laissait souvent emporter au-delà du but, se jetait dans des embarras inextricables et ne s’en tirait qu’en tournant bride tout-à-coup, rachetant et brûlant ce qu’il avait écrit, reniant ses paroles56. »

    44Le caractère de Boutillier de Saint-André semble bien différent. « Mon père était vif, mais point querelleur ; brave, mais poli ; incapable de souffrir une injure, mais honnête et prévenant57. » Et plus loin, « mon père était très discret, très prudent, et ne disait rien, ne faisait rien qui pût le compromettre58 ».

    45Sa modération est la première qualité avancée, bien avant la Révolution française, par les habitants de Mortagne, qui lui reconnaissent aussi son sens aigu de la justice. Il faut rappeler qu’il est juge-sénéchal de cette ville, fonction supprimée en 1789-1790, puis président du tribunal du district de Cholet, en 1790. « Il était l’objet de la considération publique59 » dans ces communes.

    46À plusieurs reprises, à partir de mars 1793, il s’interpose pour sauver des prisonniers républicains malgré les risques. Citons, par exemple, le passage où il sauve un officier républicain :

    « Quelques personnes admirèrent notre humanité et notre courage, comme si, dans les temps de guerre civile, un acte de dévouement devait passer pour héroïsme. On faisait des réflexions, des commentaires, sur les motifs de la conduite de mon père en cette circonstance et sur le résultat de cette bonne action. On en vint bientôt à peser les raisons, à préjuger les conséquences. Les têtes se montaient, quelques cris improbateurs se firent entendre sous nos croisées et devinrent le signal du désordre. Une foule très exaltée se porte autour de notre maison, les uns mus par la haine, les autres par la curiosité, presque tous dans des desseins funestes60. »

    47Des cris fusent : « À bas le républicain ! Au cachot l’ennemi de Dieu et du Roi ! » Et on parle d’incendier la maison. « Mon père eût mieux péri cent fois que de livrer son hôte. » Le notable de Mortagne est en fâcheuse posture. Cependant, il obtient gain de cause, lorsque la foule, impressionnée par son courage, renonce à tuer le prisonnier républicain. En cela, il est bien une figure exemplaire de sa communauté. Rien n’est plus difficile que d’arrêter les fureurs d’un groupe. Il réussit pourtant à s’imposer, à modérer ses concitoyens et à éviter un crime.

    48Quant à Jacques Cathelineau, l’historiographie vendéenne en a fait l’exemple même du chrétien prêt à sacrifier sa vie pour la défense de sa religion. Pour ne citer qu’un seul biographe, retenons l’abbé Cantiteau qui écrit son éloge funèbre en juillet 1794. « Ses mœurs étaient réglées : il avait véritablement la foi, était attaché de cœur à sa religion et au Roi […]. Naturellement bon et sensible, il était ferme et constant61. » Son neveu, Pierre Blon, ne procède pas autrement en écrivant ses mémoires : « Sa piété, son affabilité et la droiture de son jugement lui gagnèrent tous les cœurs62. » Jacques Cathelineau est un bon père de famille nombreuse, honnête et respectable.

    49Dans l’Ouest, le notable est donc un modèle à imiter, mais un modèle accessible, dans tous les sens du terme. Il est facilement abordé par ces concitoyens et parfaitement intégré dans la collectivité. Il n’est ni distant, ni lointain, ce qui rendrait toute tentative d’imitation vaine. Ses origines notabiliaires sont connues de tous et, en cela, il représente une notabilité ouverte et attractive.

    Notabilités et actions : leurs capacités à entraîner et à organiser les résistances

    50Ce sont surtout les attitudes politiques de Vial et Boutillier de Saint-André qui retiendront, ici, notre attention. L’action de Jacques Cathelineau et ses capacités de commandement sont davantage connues, depuis les premières biographies publiées dès le début du xixe siècle63.

    51Le 12 mars 1793, à Saint-Florent, débute l’insurrection qui enfle avec la prise de petites villes de la région, comme Jallais ou Chemillé. Chalonnes s’attend à être investie. Elle dispose de la garde nationale (1 000 à 1200 hommes), de canons et d’un nouveau maire, Vial, qui organise la défense de la ville. Il est encouragé par le département de Maine-et-Loire, conscient du verrou stratégique que constitue la petite ville ligérienne. Mais, le 19 mars 1793, les autorités départementales, sans doute découragées, estiment que Chalonnes est impossible à défendre et demandent au maire de l’évacuer64. Vial prend alors un gros risque et décide d’organiser, envers et contre tout, la résistance. Il harangue ses concitoyens, discrédite la force supposée des « brigands65 » et des « contre-révolutionnaires66 » et convoque les officiers de la garde nationale et le conseil municipal.

    52Mais Vial échoue dans la défense de la ville. Le 22 mars 1793, le conseil municipal fait volte-face et l’oblige, sous la menace, à signer la capitulation. Les canons, dont le « Missionnaire », sont laissés sur place. Ils deviendront le symbole de la mainmise des Vendéens sur le territoire. Les autorités chalonnaises se réfugient à Angers le 24 mars. Commence alors une enquête qui blanchit totalement Vial. Des membres de la garde nationale affirment que « Vial […] avait juré de mourir à son poste67 ».

    53D’autant que deux jours plus tard, Vial crée le bataillon des Pères de famille pour suppléer à la garde nationale et reprend la ville de Chalonnes – du moins c’est ainsi qu’il présente son action68. En réalité les Vendéens n’ont pas comme objectif militaire de tenir les villes. Ils les investissent, puis les quittent tout aussi vite.

    54Cette lecture des événements s’avère payante. En juillet 1793, Vial devient membre du Comité révolutionnaire à Angers69. Il dépasse alors la dimension de notable communal et s’engage dans la répression des contre-révolutionnaires et des suspects de tout le département, déchiré par la guerre civile et le fédéralisme70. En août 1793, il continue son ascension politique dans l’organigramme politique angevin : les représentants du peuple, Bourbotte, Richard et Choudieu, le choisissent comme leur commissaire71 pour seconder la levée en masse dans le Maine-et-Loire. Enfin, apogée de sa carrière, il devient membre du directoire du département en octobre 179372.

    55Vial a donc échoué dans la défense de sa municipalité. Cette prise de Chalonnes aurait pu lui coûter cher. En fait, ses concitoyens et l’administration départementale lui gardent leur confiance et leur reconnaissance. C’est un notable patriote qui sait rebondir, dans un contexte politique très complexe. L’année 1792-1793 est une année terrible pour l’ouest de la France, qui consacre aussi l’ascension fulgurante d’un notable du Choletais, devenu tour à tour maire de Chalonnes, membre du comité révolutionnaire d’Angers et commissaire auprès des représentants du peuple.

    56Boutillier de Saint-André adopte une attitude bien différente de celles de Jacques Cathelineau ou Jean-Antoine Vial. Hostile aux réformes révolutionnaires, en particulier sur la question religieuse, il ne croit pas à la victoire vendéenne. À la mi-juin 1793, un général vendéen lui dit :

    « Eh bien ! Monsieur de St-André, douterez-vous toujours du succès de nos armes ? Vous verrons-nous encore désespérer de notre cause ? Ah ! Laissez-nous de grâce nous bercer d’un flatteur et encourageant espoir ! Que pensez-vous de tout ceci ? – Ce que j’en pense, répliqua mon père avec un ton de persuasion qui frappa tout le monde, c’est que vous et moi, nous sommes tous perdus73 ! »

    57C’est ainsi que Boutillier de Saint-André « qui, quoique très attaché au gouvernement monarchique, voyait d’avance tous les maux qu’allait […] attirer l’insurrection et qui craignait de se compromettre74 » refuse la proposition de Sapinaud de continuer sa mission de juge-sénéchal de Mortagne75, et celle d’avocat-général envisagée par d’Elbée76. Officiellement, parce qu’il refuse « l’honneur qu’on voulut lui faire ». Mais, d’une certaine manière, reconnu comme leader par les chefs vendéens, il en refuse le leadership.

    58Ses deux autres frères font exactement l’inverse : l’un, Boutillier des Hommelles, devient membre du conseil supérieur de Châtillon77 ; l’autre, Boutillier de La Coussaye, s’engage comme volontaire républicain et devient lieutenant78.

    59Retenons, comme le souligne Jean-Pierre Jessenne à propos des fermiers de l’Artois, qu’au notable s’attache « la capacité […] de se faire reconnaître par l’opinion utile une aptitude à représenter le groupe et à disposer d’une autorité sur lui ». N’oublions pas qu’il doit « être comme et avec les autres, être plus et surtout mieux que les autres pour constituer une sorte de membre modèle de la collectivité » ; « à la fois conformes et différenciés », « par une aisance sans tapage, une réussite qui ne se veut pas provocante79 ».

    601792-1793 est donc bien cette année terrible où tout chancelle puis bascule, un moment de tension absolue, où l’État est remis en question, où l’avenir s’assombrit et est compromis. C’est l’heure des choix radicaux pour les petits notables, suivis ou non par leurs communautés. Si leur détermination est totale, ils évaluent aussi leur chance de réussite. Les résultats de leur engagement sont incertains. Leur action peut être attaquée, y compris dans leur propre camp, comme pour Vial ou Boutillier de Saint-André. Même Cathelineau n’entraîne pas, d’emblée, l’ensemble des hommes de sa commune.

    61Boutillier de Saint-André refuse de croire à la guerre civile et donc de choisir son camp. Pour autant, neutralité ne veut pas dire passivité. On le voit sur tous les fronts, républicains ou vendéens. C’est un médiateur hyperactif, mais il n’endosse pas, de façon constante, la posture du leader communautaire, susceptible d’endiguer le cours de l’histoire. Cathelineau et Vial sont, quant à eux, convaincus de la seule option possible en cette année terrible : la guerre. Leurs motivations sont puissantes et les causes, irréductibles. Les notables s’engagent et agissent, pour surmonter ce pessimisme ambiant et pour l’infléchir, peser sur les événements, surmonter l’angoisse du futur.

    62L’année terrible revêt alors un caractère inquiétant et négatif. Mais, et ce n’est qu’un paradoxe apparent, les notables réalisent leur ambition, personnelle et collective, de mener les hommes à la victoire, d’assumer le commandement. Leurs choix sont justifiés par les faits. Même Jacques Cathelineau, que l’historiographie présente modeste et humble, accepte la posture de généralissime de l’Armée catholique et royale en juin 1793.

    *

    63Pour nos trois notables, l’issue est tragique. Jacques Cathelineau est blessé mortellement place Viarmes, lors de la tentative vendéenne de prendre la ville de Nantes, fin juin 1793. Jacques-Marin Boutillier de Saint-André est arrêté en avril 1794, à Nantes, alors qu’il plaidait la cause de la garnison de Mortagne ayant laissé le champ libre aux soldats de Charette. Il est condamné à mort et guillotiné place du Bouffay à Nantes. Jean-Antoine Vial, lui aussi arrêté en avril 1794, est emprisonné, à Paris d’abord, puis à Angers. Il reste en prison jusqu’en octobre 1795. Notable déclassé, exilé pendant cinq ans à Fontainebleau pour éviter les mauvaises rencontres avec d’anciens Vendéens ou républicains qui lui reprochent son « extrémisme », il ne revient que tardivement à Chalonnes, vers 1800, incapable de pouvoir y jouer le moindre rôle public, jusqu’à sa mort survenue en 1811. À la fin de sa vie, et en guise de bilan de son action au service de la Révolution, il « répétait souvent en parlant de la République : “nous avions fait un colombier avant d’avoir des pigeons”80 ».

    Notes de bas de page

    1 Montherlant Henry de, La guerre civile, 1965, cité par Gauchon Pascal, « Guerre civile. La guerre de la mondialisation », dans Conflits. Revue de géopolique, dossier « La guerre civile », n° 9, avril-juin 2016, p. 42.

    2 Nous renvoyons aux travaux de Crépin Annie, notamment Vers l’armée nationale. Les débuts de la conscription en Seine-et-Marne, 1798-1815, Rennes, PUR, 2011, 427 p.

    3 Péret Jacques, La Terreur et la guerre. Poitevins, Charentais et Vendéens de l’An II, Courlay, Geste Éditions, 1992, p. 13.

    4 Deniau abbé et Chamard Dom, Histoire de la guerre de la Vendée, Angers, Siraudeau, 1876-1907, 6 t., vol. 1, p. 571.

    5 Caron Jean-Claude, Frères de sang. La guerre civile en France au xixe siècle, Seyssel, Champ Vallon, 2009, p. 61.

    6 Cf. par exemple Rolland-Boulestreau Anne, « Entrer en guerre pendant la Révolution française. La guerre de Vendée (mars 1793) », dans les actes du colloque Entrer en guerre, université Paris 7-Denis Diderot, Paris, 20-22 novembre 2014.

    7 Lebrun François, Mallet Jacques et Chassagne Serge, Histoire d’Angers, Toulouse, Privat, 1975, p. 171.

    8 Rolland-Boulestreau Anne, Les notables des Mauges, communautés rurales et Révolution, 1750-1830, Rennes, PUR, 2004, 401 p.

    9 Rappelons que le Choletais correspond, grosso modo, aux Mauges. Il constitue aussi le cœur de la « Vendée militaire », là où se sont déroulés les principaux combats en 1793 entre républicains et Armée catholique et royale de l’Anjou (ACRA).

    10 Burstin Haim, Révolutionnaires, pour une anthropologie politique de la Révolution française, Paris, Vendémiaire, 2013, p. 17.

    11 Ibid., p. 17.

    12 Cf. Jacques Revel, c’est le titre de sa préface de Lévi Giovanni, Histoire d’un exorciste dans le Piémont du xviie siècle, Paris, Gallimard, 1989. Cf. en particulier p. 22 et suiv.

    13 Christin Olivier, La Paix de religion. L’autonomisation de la raison politique au xixe siècle, Paris, Seuil, 1997, p. 204.

    14 Charle Christophe, Les élites de la République, 1880-1900, Paris, Fayard, 1987, p. 28 et suiv.

    15 Dans chacun des villages de l’ancienne France, et les Mauges n’échappent pas à cette constatation, se signalent des notables, reconnus comme des porte-parole de leur communauté, grâce à leur « capital » culturel, leur compétence politique et leur réseau familial. Tout est question d’échelle. Ces trois notables font l’objet de notre étude par leur profil similaire à la veille de la Révolution française.

    16 C’est-à-dire la Martinique.

    17 Le Cossec Anne-Sophie, Itinéraire d’un « patriote » en Révolution, Jean-Antoine Vial, 1786-1796, Angers, mémoire de maîtrise d’histoire moderne, université catholique de l’Ouest, 2010, p. 28.

    18 Cf. par exemple Archives départementales de Maine-et-Loire (ADML), 5E 53/68, 15 novembre 1786.

    19 À la Chapelle-du-Genêt, près de Beaupréau, où il étudie pendant cinq ans. Pierre Blon, le fils d’un de ses compagnons d’armes et son neveu, a laissé des mémoires sur le village du Pin-en-Mauges au moment de la guerre de Vendée. Pierre Blon estime alors qu’« à 17 ans [Jacques Cathelineau] rentra dans sa famille plus instruit que beaucoup qui avaient fait des études complètes ; sa dictée était soignée, sa parole facile et entraînante ».

    20 Cf. les études de Jessenne Jean-Pierre, Pouvoir au village et Révolution. Artois (1760-1848), Lille, Presses universitaires de Lille, 1987, p. 237. Il souligne l’importance du « réseau familial et clientélaire ». Pour le Choletais, Rolland-Boulestreau Anne, Les notables des Mauges…, op. cit.

    21 Boutillier de Saint-André Marin-Jacques, Une famille vendéenne pendant la Grande Guerre (1793-1795), Paris, Plon, 1896, p. 42.

    22 Le Cossec Anne-Louise, op. cit., p. 77.

    23 Billaud Auguste, La guerre de Vendée, Fontenay-le-Comte, Lussaud, 1947, p. 33.

    24 Jessenne Jean-Pierre, op. cit., p. 38.

    25 Nous pensons plus particulièrement à Agulhon Maurice, La République au village. Les populations du Var de la Révolution à la IIe République, Paris, Seuil, 1979, 543 p. Nous suivrons les conclusions de Fournier Georges, Démocratie et vie municipale en Languedoc du milieu du xviiie au début du xixe siècle, Toulouse, Association des amis des archives de la Haute-Garonne, 1994, p. 16-17. Nous renvoyons aussi à Dupuy Roger, La vie quotidienne des chouans, Paris, Hachette, 1997, p. 266, et à Edelstein Melvin affirmant que « les campagnards bretons avaient un niveau élevé de conscience politique », cf. « La réception de la Révolution en Bretagne, étude électorale », dans Dupuy Roger (dir.), Pouvoir local et Révolution (1780-1850). La frontière intérieure, Rennes, PUR, 1995, p. 195.

    26 Bouloiseau Marc, « Élections de 1789 et communautés rurales en Haute-Normandie », AHRF, n° 142, 1956, p. 43-44.

    27 George Jocelyne, Histoire des maires, 1789-1793, Seyssel, Champ Vallon, 1993, p. 20.

    28 Bianchi Serge, « L’élection des premiers maires (1790) en milieu rural dans le sud de l’Île-de-France : sources, résultats, interprétation », dans Dupuy Roger, Pouvoir local et Révolution (1780- 1850), op. cit., p. 154 et suiv. ; id., La Révolution et la Première République au village. Pouvoirs, votes et politisation dans les campagnes de l’Île-de-France, 1787-1800, Paris, Éditions du CTHS, 2003, 959 p.

    29 ADML, 5 Mi 692, 11 avril et 27 novembre 1780.

    30 Dans l’ouest de la France, les fonctions de sonneur et de sacristain sont confondues. Cf. par exemple Archives diocésaines d’Angers, OP VII, 16 juillet 1786.

    31 Archives paroissiales du Pin, cahier n° 1, 26 décembre 1786. Et non « syndic de fabrique » comme certains érudits locaux l’ont affirmé jusqu’à la fin du xxe siècle.

    32 Bianchi Serge, « Communautés villageoises du sud de l’Île-de-France de la fin du xviie à la fin du xviiie siècle », dans Balard Michel, Hervé Jean-Claude et Lemaître Nicole (dir.), Paris et ses campagnes sous l’Ancien Régime. Mélanges offerts à Jean Jacquart, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994, p. 144.

    33 Cf. la définition de son rôle, entre autres par Babeau André, Le village sous l’Ancien Régime, Paris, Didier, 1891, p. 63 et 66.

    34 Nous renvoyons aux travaux de Timothy Tackett, Mona Ozouf et Paul Chopelin.

    35 Lebrun François et Le Gall Yves, L’Église d’Angers et la Révolution française, Angers, Siraudeau, 1993, p. 24-25. Dans le Saumurois, la proportion s’inverse.

    36 Chollet Mathilde, Chalonnes à travers les âges, Maulévrier, Hérault Édition, 1987, p. 83.

    37 Même si l’un des curés, Laurent Bastard, est resté dans sa paroisse de Notre-Dame et continue d’administrer les sacrements, en pleine guerre de Vendée. Cf. Port Célestin, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, Angers, rééd. 1988, vol. 1, p. 579.

    38 Boutillier de Saint-André Marin-Jacques, op. cit., p. 42 et suiv. Même si le curé finit par « être déporté » en 1792 (p. 44) en Galice.

    39 Péret Jacques, op. cit., p. 48.

    40 Cité par Port Célestin, La Vendée angevine : les origines, l’insurrection (janvier 1789-31 mars 1793), Marseille, Laffitte, 1982 (1888), p. 250.

    41 Vial Jean-Antoine, Causes de la guerre de Vendée et des chouans et l’amnistie manquée, Angers, Jahyer et Geslin, an III, p. 17.

    42 ADML, 1 L 368, 25 août 1791.

    43 ADML, P 19, témoignage de Perrine Gourdon, 32 ans, de Notre-Dame-de-Chalonnes.

    44 Deniau abbé, op. cit., vol. 1, p. 393.

    45 Crouzet Denis, Les guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de religion, vers 1525-vers 1610, Seyssel, Champ Vallon, 1990.

    46 ADML, 1 L 79, 11 octobre 1793.

    47 ADML, 1 L 327, assemblée électorale, 31 décembre 1792.

    48 Vial Jean-Antoine, op. cit., p. 220.

    49 Ibid., p. 18-19.

    50 Ibid.

    51 Ibid., p. 220.

    52 ADML, 5 E 3/93, 18 juillet 1791.

    53 ADML, 5 E 3/93, 21 juillet 1791. Ce sont des sommes considérables, car il s’agit de prés, des terres à valeur ajoutée.

    54 Rappelons que d’Elbée, futur chef vendéen, achète lui aussi des biens sur sa commune, à Beaupréau.

    55 Vial Jean-Antoine, op. cit., p. 219.

    56 Grille François, Lettres à M. Paul Lacroix, Paris, Techener, 1846, p. 12.

    57 Boutillier de Saint-André Marin-Jacques, op. cit., p. 2.

    58 Ibid., p. 42.

    59 Boutillier de Saint-André Marin-Jacques, op. cit., p. 21.

    60 Ibid., p. 94.

    61 Cantiteau Jacques, Éloge funèbre de Jacques Cathelineau, dans La Sicotière Léon de, Le curé Cantiteau. Notes sur les Cathelineau, Angers, Germain et Grassin, 1877, p. 27.

    62 Blon Pierre, Histoire de la famille Cathelineau, Angers, sans éd., 1993 (1840), p. 5.

    63 Cf. Rolland-Boulestreau Anne, Jacques Cathelineau, généralissime de l’Armée catholique et royale, en 30 questions, Courlay, Geste Éditions, 2001, 62 p.

    64 ADML, 1 L 761 bis, 19 mars 1793.

    65 ADML, 1 L 761 ter, 19 et 20 mars 1793.

    66 ADML, 1 L 760, 14 mars 1793.

    67 Cf. Uzureau François, L’Anjou historique, t. 38, p. 224-234.

    68 Vial Jean-Antoine, op. cit., p. 58.

    69 ADML, Affiches d’Angers, 12 juillet 1793.

    70 En juin 1793, les Vendéens s’emparent de la ville d’Angers. Les représentants du peuple l’expliquent par un complot fédéraliste de certains notables angevins.

    71 ADML, 1 L 565 bis, 7 septembre 1793.

    72 ADML, 1 L 79, 11 octobre 1793.

    73 Boutillier de Saint-André Marin-Jacques, op. cit., p. 136.

    74 Ibid., p. 70.

    75 Ibid., p. 69.

    76 Ibid., p. 102.

    77 Ibid., p. 112.

    78 Ibid., p. 12.

    79 Jessenne Jean-Pierre, op. cit., p. 224 et 225.

    80 Le Cossec Anne-Louise, op. cit., p. 213. Citant François Grille, op. cit., p. 22.

    Auteur

    Anne Rolland-Boulestreau

    Maître de conférences en histoire moderne, à l’université catholique de l’Ouest (Angers). Titulaire d’une thèse portant sur les communautés rurales, les notabilités angevines et leur rapport à l’État, de 1730 à 1830. Cette recherche a été publiée en 2004, aux PUR sous le titre Les notables des Mauges, communautés rurales et Révolution, 1750-1830. Parution, en 2015, d’un ouvrage portant sur Les colonnes infernales, violences et guerre civile en Vendée militaire (1794-1795), Paris, Fayard. Publications d’articles sur la guerre de Vendée, la terreur provinciale, les sociabilités villageoises de la fin de l’Ancien Régime à la Restauration. En cours de préparation : une habilitation à diriger les recherches (HDR) sur la pacification dans l’ouest de la France.

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    Préface

    Anne Rolland-Boulestreau

    L’éviction d’un notable municipal dans une commune des Mauges (1830-1832) : sources, formes et enjeux d’un conflit politique rural

    Anne Rolland-Boulestreau

    Familles, réseaux et Contre-Révolution dans les Mauges

    Anne Rolland-Boulestreau

    La Loire : une frontière et un lieu de pacification (juin 1794 - février 1795)

    Anne Rolland-Boulestreau

    Introduction

    Anne Rolland-Boulestreau et Bernard Michon

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    Préface

    Anne Rolland-Boulestreau

    L’éviction d’un notable municipal dans une commune des Mauges (1830-1832) : sources, formes et enjeux d’un conflit politique rural

    Anne Rolland-Boulestreau

    Familles, réseaux et Contre-Révolution dans les Mauges

    Anne Rolland-Boulestreau

    La Loire : une frontière et un lieu de pacification (juin 1794 - février 1795)

    Anne Rolland-Boulestreau

    Introduction

    Anne Rolland-Boulestreau et Bernard Michon

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    1 Montherlant Henry de, La guerre civile, 1965, cité par Gauchon Pascal, « Guerre civile. La guerre de la mondialisation », dans Conflits. Revue de géopolique, dossier « La guerre civile », n° 9, avril-juin 2016, p. 42.

    2 Nous renvoyons aux travaux de Crépin Annie, notamment Vers l’armée nationale. Les débuts de la conscription en Seine-et-Marne, 1798-1815, Rennes, PUR, 2011, 427 p.

    3 Péret Jacques, La Terreur et la guerre. Poitevins, Charentais et Vendéens de l’An II, Courlay, Geste Éditions, 1992, p. 13.

    4 Deniau abbé et Chamard Dom, Histoire de la guerre de la Vendée, Angers, Siraudeau, 1876-1907, 6 t., vol. 1, p. 571.

    5 Caron Jean-Claude, Frères de sang. La guerre civile en France au xixe siècle, Seyssel, Champ Vallon, 2009, p. 61.

    6 Cf. par exemple Rolland-Boulestreau Anne, « Entrer en guerre pendant la Révolution française. La guerre de Vendée (mars 1793) », dans les actes du colloque Entrer en guerre, université Paris 7-Denis Diderot, Paris, 20-22 novembre 2014.

    7 Lebrun François, Mallet Jacques et Chassagne Serge, Histoire d’Angers, Toulouse, Privat, 1975, p. 171.

    8 Rolland-Boulestreau Anne, Les notables des Mauges, communautés rurales et Révolution, 1750-1830, Rennes, PUR, 2004, 401 p.

    9 Rappelons que le Choletais correspond, grosso modo, aux Mauges. Il constitue aussi le cœur de la « Vendée militaire », là où se sont déroulés les principaux combats en 1793 entre républicains et Armée catholique et royale de l’Anjou (ACRA).

    10 Burstin Haim, Révolutionnaires, pour une anthropologie politique de la Révolution française, Paris, Vendémiaire, 2013, p. 17.

    11 Ibid., p. 17.

    12 Cf. Jacques Revel, c’est le titre de sa préface de Lévi Giovanni, Histoire d’un exorciste dans le Piémont du xviie siècle, Paris, Gallimard, 1989. Cf. en particulier p. 22 et suiv.

    13 Christin Olivier, La Paix de religion. L’autonomisation de la raison politique au xixe siècle, Paris, Seuil, 1997, p. 204.

    14 Charle Christophe, Les élites de la République, 1880-1900, Paris, Fayard, 1987, p. 28 et suiv.

    15 Dans chacun des villages de l’ancienne France, et les Mauges n’échappent pas à cette constatation, se signalent des notables, reconnus comme des porte-parole de leur communauté, grâce à leur « capital » culturel, leur compétence politique et leur réseau familial. Tout est question d’échelle. Ces trois notables font l’objet de notre étude par leur profil similaire à la veille de la Révolution française.

    16 C’est-à-dire la Martinique.

    17 Le Cossec Anne-Sophie, Itinéraire d’un « patriote » en Révolution, Jean-Antoine Vial, 1786-1796, Angers, mémoire de maîtrise d’histoire moderne, université catholique de l’Ouest, 2010, p. 28.

    18 Cf. par exemple Archives départementales de Maine-et-Loire (ADML), 5E 53/68, 15 novembre 1786.

    19 À la Chapelle-du-Genêt, près de Beaupréau, où il étudie pendant cinq ans. Pierre Blon, le fils d’un de ses compagnons d’armes et son neveu, a laissé des mémoires sur le village du Pin-en-Mauges au moment de la guerre de Vendée. Pierre Blon estime alors qu’« à 17 ans [Jacques Cathelineau] rentra dans sa famille plus instruit que beaucoup qui avaient fait des études complètes ; sa dictée était soignée, sa parole facile et entraînante ».

    20 Cf. les études de Jessenne Jean-Pierre, Pouvoir au village et Révolution. Artois (1760-1848), Lille, Presses universitaires de Lille, 1987, p. 237. Il souligne l’importance du « réseau familial et clientélaire ». Pour le Choletais, Rolland-Boulestreau Anne, Les notables des Mauges…, op. cit.

    21 Boutillier de Saint-André Marin-Jacques, Une famille vendéenne pendant la Grande Guerre (1793-1795), Paris, Plon, 1896, p. 42.

    22 Le Cossec Anne-Louise, op. cit., p. 77.

    23 Billaud Auguste, La guerre de Vendée, Fontenay-le-Comte, Lussaud, 1947, p. 33.

    24 Jessenne Jean-Pierre, op. cit., p. 38.

    25 Nous pensons plus particulièrement à Agulhon Maurice, La République au village. Les populations du Var de la Révolution à la IIe République, Paris, Seuil, 1979, 543 p. Nous suivrons les conclusions de Fournier Georges, Démocratie et vie municipale en Languedoc du milieu du xviiie au début du xixe siècle, Toulouse, Association des amis des archives de la Haute-Garonne, 1994, p. 16-17. Nous renvoyons aussi à Dupuy Roger, La vie quotidienne des chouans, Paris, Hachette, 1997, p. 266, et à Edelstein Melvin affirmant que « les campagnards bretons avaient un niveau élevé de conscience politique », cf. « La réception de la Révolution en Bretagne, étude électorale », dans Dupuy Roger (dir.), Pouvoir local et Révolution (1780-1850). La frontière intérieure, Rennes, PUR, 1995, p. 195.

    26 Bouloiseau Marc, « Élections de 1789 et communautés rurales en Haute-Normandie », AHRF, n° 142, 1956, p. 43-44.

    27 George Jocelyne, Histoire des maires, 1789-1793, Seyssel, Champ Vallon, 1993, p. 20.

    28 Bianchi Serge, « L’élection des premiers maires (1790) en milieu rural dans le sud de l’Île-de-France : sources, résultats, interprétation », dans Dupuy Roger, Pouvoir local et Révolution (1780- 1850), op. cit., p. 154 et suiv. ; id., La Révolution et la Première République au village. Pouvoirs, votes et politisation dans les campagnes de l’Île-de-France, 1787-1800, Paris, Éditions du CTHS, 2003, 959 p.

    29 ADML, 5 Mi 692, 11 avril et 27 novembre 1780.

    30 Dans l’ouest de la France, les fonctions de sonneur et de sacristain sont confondues. Cf. par exemple Archives diocésaines d’Angers, OP VII, 16 juillet 1786.

    31 Archives paroissiales du Pin, cahier n° 1, 26 décembre 1786. Et non « syndic de fabrique » comme certains érudits locaux l’ont affirmé jusqu’à la fin du xxe siècle.

    32 Bianchi Serge, « Communautés villageoises du sud de l’Île-de-France de la fin du xviie à la fin du xviiie siècle », dans Balard Michel, Hervé Jean-Claude et Lemaître Nicole (dir.), Paris et ses campagnes sous l’Ancien Régime. Mélanges offerts à Jean Jacquart, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994, p. 144.

    33 Cf. la définition de son rôle, entre autres par Babeau André, Le village sous l’Ancien Régime, Paris, Didier, 1891, p. 63 et 66.

    34 Nous renvoyons aux travaux de Timothy Tackett, Mona Ozouf et Paul Chopelin.

    35 Lebrun François et Le Gall Yves, L’Église d’Angers et la Révolution française, Angers, Siraudeau, 1993, p. 24-25. Dans le Saumurois, la proportion s’inverse.

    36 Chollet Mathilde, Chalonnes à travers les âges, Maulévrier, Hérault Édition, 1987, p. 83.

    37 Même si l’un des curés, Laurent Bastard, est resté dans sa paroisse de Notre-Dame et continue d’administrer les sacrements, en pleine guerre de Vendée. Cf. Port Célestin, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, Angers, rééd. 1988, vol. 1, p. 579.

    38 Boutillier de Saint-André Marin-Jacques, op. cit., p. 42 et suiv. Même si le curé finit par « être déporté » en 1792 (p. 44) en Galice.

    39 Péret Jacques, op. cit., p. 48.

    40 Cité par Port Célestin, La Vendée angevine : les origines, l’insurrection (janvier 1789-31 mars 1793), Marseille, Laffitte, 1982 (1888), p. 250.

    41 Vial Jean-Antoine, Causes de la guerre de Vendée et des chouans et l’amnistie manquée, Angers, Jahyer et Geslin, an III, p. 17.

    42 ADML, 1 L 368, 25 août 1791.

    43 ADML, P 19, témoignage de Perrine Gourdon, 32 ans, de Notre-Dame-de-Chalonnes.

    44 Deniau abbé, op. cit., vol. 1, p. 393.

    45 Crouzet Denis, Les guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de religion, vers 1525-vers 1610, Seyssel, Champ Vallon, 1990.

    46 ADML, 1 L 79, 11 octobre 1793.

    47 ADML, 1 L 327, assemblée électorale, 31 décembre 1792.

    48 Vial Jean-Antoine, op. cit., p. 220.

    49 Ibid., p. 18-19.

    50 Ibid.

    51 Ibid., p. 220.

    52 ADML, 5 E 3/93, 18 juillet 1791.

    53 ADML, 5 E 3/93, 21 juillet 1791. Ce sont des sommes considérables, car il s’agit de prés, des terres à valeur ajoutée.

    54 Rappelons que d’Elbée, futur chef vendéen, achète lui aussi des biens sur sa commune, à Beaupréau.

    55 Vial Jean-Antoine, op. cit., p. 219.

    56 Grille François, Lettres à M. Paul Lacroix, Paris, Techener, 1846, p. 12.

    57 Boutillier de Saint-André Marin-Jacques, op. cit., p. 2.

    58 Ibid., p. 42.

    59 Boutillier de Saint-André Marin-Jacques, op. cit., p. 21.

    60 Ibid., p. 94.

    61 Cantiteau Jacques, Éloge funèbre de Jacques Cathelineau, dans La Sicotière Léon de, Le curé Cantiteau. Notes sur les Cathelineau, Angers, Germain et Grassin, 1877, p. 27.

    62 Blon Pierre, Histoire de la famille Cathelineau, Angers, sans éd., 1993 (1840), p. 5.

    63 Cf. Rolland-Boulestreau Anne, Jacques Cathelineau, généralissime de l’Armée catholique et royale, en 30 questions, Courlay, Geste Éditions, 2001, 62 p.

    64 ADML, 1 L 761 bis, 19 mars 1793.

    65 ADML, 1 L 761 ter, 19 et 20 mars 1793.

    66 ADML, 1 L 760, 14 mars 1793.

    67 Cf. Uzureau François, L’Anjou historique, t. 38, p. 224-234.

    68 Vial Jean-Antoine, op. cit., p. 58.

    69 ADML, Affiches d’Angers, 12 juillet 1793.

    70 En juin 1793, les Vendéens s’emparent de la ville d’Angers. Les représentants du peuple l’expliquent par un complot fédéraliste de certains notables angevins.

    71 ADML, 1 L 565 bis, 7 septembre 1793.

    72 ADML, 1 L 79, 11 octobre 1793.

    73 Boutillier de Saint-André Marin-Jacques, op. cit., p. 136.

    74 Ibid., p. 70.

    75 Ibid., p. 69.

    76 Ibid., p. 102.

    77 Ibid., p. 112.

    78 Ibid., p. 12.

    79 Jessenne Jean-Pierre, op. cit., p. 224 et 225.

    80 Le Cossec Anne-Louise, op. cit., p. 213. Citant François Grille, op. cit., p. 22.

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    Rolland-Boulestreau, A. (2018). Entrer en guerre civile en Anjou. In J.-C. Caron & N. Ponsard (éds.), La France en guerre (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.170303
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    Rolland-Boulestreau, Anne. « Entrer en guerre civile en Anjou ». La France en guerre, édité par Jean-Claude Caron et Nathalie Ponsard, Presses universitaires de Rennes, 2018, https://doi.org/10.4000/books.pur.170303.

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    Caron, Jean-Claude, et Nathalie Ponsard, éditeurs. La France en guerre. Presses universitaires de Rennes, 2018, https://doi.org/10.4000/books.pur.170263.
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