Introduction. Cinq années terribles ou les raisons d’un choix
p. 7-15
Texte intégral
1Comment rendre compte par le mot ou par l’image de l’effondrement, passager ou durable, d’une nation confrontée à la défaite militaire, à la guerre civile qui l’accompagne parfois et aux multiples sentiments d’échec, de décadence et de division qui s’affirment alors plus ou moins violemment ? L’historiographie n’est pas avare de productions sur ce thème, par nature transversal et donc particulièrement apte à la comparaison transpériodique1. En réunissant sous la bannière de l’expression « année terrible2 » cinq séquences de l’histoire répondant – toutes choses égales par ailleurs, et c’est l’un des enjeux du présent ouvrage de vérifier la pertinence de ce rapprochement – à un état moral et politique mélangeant abattement et colère, catharsis et hubris, nous avons souhaité réunir des spécialistes capables de faire émerger ce qui nous sépare de ces époques dont nous ne sommes pas les contemporains ; mais aussi ce qui, par un faux paradoxe, peut malgré tout nous les rendre actuelles, car dépassant le cadre événementiel qui les a produites et la courte chronologie dans laquelle elles s’inscrivent3.
2Revenons d’un mot sur ce choix de cinq binômes. Il a fait l’objet de débats, car il est nous est très vite apparu qu’il conditionnerait la perspective même du thème choisi. Les cinq binômes retenus auraient pu être différents, du moins pour certains d’entre eux : car, pour 1814-1815 et 1870-1871, le choix nous a semblé aller de soi. Pour le premier cas, avant même que les historiens ne s’en emparent, la séquence allant de la campagne de France à Waterloo a été perçue et analysée par ses contemporains à la fois comme la fin d’un cycle commencé en 1789 et comme le support d’une réflexion sur les causes d’une défaite moins étrange qu’annoncée, pour reprendre le titre d’un célèbre ouvrage de Marc Bloch traitant des causes du désastre de 1940. On a insuffisamment pris en compte, par ailleurs, le poids mémoriel de cette « année terrible » avant l’heure4.
3« Année terrible », telle fut baptisée ainsi par Victor Hugo la séquence allant de la déclaration de guerre de juillet 1870 à la fin de la semaine sanglante en mai 1871. Moment clé, à la fois parce qu’il réactive brièvement avant de la reléguer dans l’oubli la séquence 1814-1815, une invasion chassant l’autre en quelque sorte ; et parce qu’il agit comme un révélateur rare de la pensée sur le déclin ou la décadence de la France et les causes qui l’expliquent. Derrière l’œuvre bien connue d’Ernest Renan, La Réforme intellectuelle et morale de la France5, se profile tout un ensemble d’essais philosophiques, historiques ou de science politique qui, de Taine à Jaurès, vont alimenter ce que, dans une œuvre pionnière et brillante, Claude Digeon a appelé La crise allemande de la pensée française6.
4Le choix fut plus délicat pour les autres périodes. Concernant la Révolution française, le binôme 1793-1794 ne manque pas d’intérêt si l’on privilégie l’aspect « terrible » de la séquence, marquée, au plan intérieur comme au plan extérieur, par un rare niveau de violence conjuguée concernant les civils comme les militaires : mais la distinction, vue du côté des idéologues de la Terreur, est-elle pertinente, eux préférant distinguer entre révolutionnaires et contre-révolutionnaires ? Si l’on a opté finalement pour 1792-1793, c’est parce que cette séquence fait miroir avec celles relatives aux deux guerres mondiales. Comme nous nous en sommes expliqués dans l’argumentaire du colloque, c’est la notion de basculement ou d’entrée en guerre qui a retenu notre attention :
- pour ce qui est de la Révolution française, le climat propre au printemps 1792 génère des incertitudes et bientôt des angoisses liées à la défaite militaire à l’extérieur et aux montées des oppositions contre-révolutionnaires au long de l’année 1793 à l’intérieur7 ;
- relativement à la Première Guerre mondiale, le binôme 1916-1917 – soit de Verdun au Chemin des Dames, si l’on peut résumer ainsi la situation militaire – ouvre une perspective élargie avec le « choc » provoqué par les révolutions russes de 1917 et l’entrée en guerre des États-Unis. Mais, là encore, c’est bien le début de la guerre qui nous a semblé le plus en osmose avec l’idée d’« année terrible », car marqué par le rapide évanouissement de l’espoir d’un conflit bref, par l’angoisse d’une nouvelle invasion de Paris et par la progressive prise de conscience du carnage humain provoqué par les premiers mois sanglants du conflit ;
- pour la Seconde Guerre mondiale, enfin, nous avons écarté le binôme 1941-1942, pourtant « terrible » à bien des égards, pour privilégier l’état de tension maximale de l’été 1939, la période de la « drôle de guerre » qui entretient l’illusion patriotique d’une possible victoire, jusqu’à la « guerre éclair » du printemps 1940 qui se traduit par un effondrement militaire, moral et institutionnel du pays dans un climat renvoyant parfois explicitement à « l’année terrible » définie par Victor Hugo8.
Le deuil d’une nation une et indivisible ou la guerre comme révélateur
5L’histoire contemporaine de la France est marquée par une alternance quasi continue de célébrations et de déplorations : célébration, de la Révolution française à la Troisième République, de la Grande Nation, offrant au monde la Liberté, la France érigée comme patrie de ce que Michelet appelait « l’Idée »9 ; célébration, aussi, de glorieuses victoires certes acquises au prix du sacrifice de vies humaines en nombre – mais précisément d’autant plus célébrées pour cela, comme en témoignent les monuments aux morts de la Grande Guerre10 ; célébration, enfin, d’une « plus grande France » exportant ses idéaux vers des peuples qui, apparemment, n’étaient pas encore entrés dans l’histoire et à qui elle apportait la civilisation. Mais non moins nombreuses sont les déplorations : celle de défaites militaires qui appellent à chaud, dans un premier temps, puis à froid, dans un second temps, une réflexion sur leurs causes et la manière d’éviter leur réitération ; celle d’un soi-disant tropisme français, celui d’une communauté en état quasi permanent de guerre civile ; celle également d’une incapacité structurelle à se réformer pour éviter de nouvelles catastrophes.
6Au mitan du xixe siècle, avant donc la Semaine sanglante comme les journées de Juin, dans un climat européen plutôt pacifié, Jules Michelet avertit ses contemporains de la fragilité du vivre ensemble national face à des menaces dont il se fait le prophète : « je vois la France baisser d’heure en heure, s’abîmer comme une Atlantide ». Or, ajoute Michelet : « Qui ne voit, d’Orient et d’Occident, une ombre de la mort peser sur l’Europe11. » Autant de visions qui s’inscrivent dans un imaginaire qu’elles façonnent d’autant plus que, venant à la rencontre de l’histoire, la littérature et l’art, quel que soit le support envisagé, s’en emparent pour leur donner une dimension à vocation universelle.
7L’historien peut-il prétendre au même objectif, une forme d’universalité – même limitée ? On notera tout d’abord que nombre d’entre eux ont été les témoins d’événements qui influencent leur lecture du passé. Relisons l’Histoire de la Révolution française de Jules Michelet : implicites ou explicites, les allusions au présent de l’écriture affleurent dans le récit des massacres de septembre 1792, Michelet ayant été le témoin de ceux de juin 1848, comme plus tard il fut le contemporain de ceux de la Commune de Paris. Mais le jeune élève du lycée Charlemagne fut aussi le spectateur de la double invasion de la France de 1814 et de 1815.
8Et que dire de la « génération de 1940 » qui, confrontée à l’effondrement de la France républicaine face à l’Allemagne nazie, a cherché à en comprendre les causes à la fois immédiates et profondes ? On ne fera ici que citer ce livre devenu emblématique qu’est L’étrange défaite de Marc Bloch12. Lisons-le non à l’aune du destin tragique de son auteur, mais dans le contexte de sa production à chaud, par un témoin/acteur des événements. Dans son introduction, Bloch donne les deux clefs qui – outre sa pratique du métier d’historien – permettent de saisir le sens de son analyse de cette étrange défaite : son expérience de la Première Guerre mondiale, vécue sur le champ de bataille qui l’amène comme tant d’autres à établir une comparaison entre les deux guerres ; sa judéité non revendiquée mais assumée qui le pousse à préciser en réponse à des antisémites qui ne manqueraient pas de mettre en doute son témoignage :
« Je leur répondrai, sans plus, que mon arrière-grand-père fut soldat en 93 ; que mon père, en 1870, servit dans Strasbourg assiégé ; que mes deux oncles et lui quittèrent volontairement leur Alsace natale, après son annexion au IIe Reich ; que j’ai été élevé dans le culte de ces traditions patriotiques, dont les Israélites de l’exode alsacien furent toujours les plus fervents mainteneurs ; que la France, enfin, dont certains conspireraient volontiers à m’expulser aujourd’hui et peut-être (qui sait ?) y réussiront, demeurera, quoi qu’il arrive, la patrie dont je ne saurais déraciner mon coeur. J’y suis né, j’ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux13. »
9Le contexte explique en grande partie – mais pas uniquement – cette déclaration d’amour à la France dont on retrouverait des exemples comparables dans les autres périodes concernées par ce colloque. Mais restons encore un instant sur ce moment-clé de l’histoire contemporaine. C’est à Daniel Halévy, pétainiste et maurrassien jamais repenti, que l’on doit la publication en 1941 d’un ouvrage qui fait écho à nos préoccupations : Trois épreuves. 1814-1871-194014. On y trouve trois des « années terribles » retenues. Le but de l’exercice est clair : convoquer les « années terribles » du passé pour légitimer la prise du pouvoir par Pétain. Ou encore : faire des épreuves subies la cause de nécessaires réorganisations politiques et sociales permettant de solder ce qui, pour Halévy, relevait d’errances idéologiques. Ce que nous avons nommé « Mémoires convoquée, histoire mythifiée », aboutissant à un passé présentisé en forme d’hypermnésie dans le cas français tout particulièrement.
10Pourquoi en passer par Halévy ? Parce que sa lecture, bien que réactionnaire au sens propre du terme, relève d’une tentation largement éprouvée par tous les courants politiques, révolutionnaires compris : interpréter les « années terribles » telles une sorte de châtiment, dont l’analyse des causes comme des conséquences varie évidemment, mais traduit une volonté commune de les intégrer dans un continuum historique – appelons-le « destin » national. Or, de Montesquieu à Vico en passant par Gibbon et Alfieri15, une philosophie de l’histoire s’est progressivement enracinée dont deux aspects sont assez largement partagés : nulle civilisation n’est éternelle (Renan disait : « Les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront16 ») ; et, dans le cadre des ruptures internes à une nation, rien ne se fait sans violence – et surtout pas l’acquisition de la liberté. Cela explique alors pourquoi le temps des épreuves devient ce que nous avons nommé temps de la « recomposition politique » ou plus encore de la simplification des positions entre un rassemblement tout provisoire, contraint et même subi (une sorte d’« extrême-centre » de circonstance17), et une rupture absolue où, à la guerre extérieure, s’ajoute parfois la guerre intérieure. Avec une ultime question : ces « champs d’expériences » mobilisés et partagés – les « années terribles » antérieures – produisent-ils une forme d’agrégation propice à imaginer un « horizon d’attente » commun18 ? Ou, à l’inverse, une forme d’aliénation commune par incapacité à imaginer autre chose que le salut par la résurrection du passé ? À voir combien, dans des situations de crise beaucoup moins intenses, le passé – ou une lecture du passé – est constamment mobilisé faute d’imaginer une utopie fédératrice, on admettra que la réponse n’est pas simple.
L’expérience des années terribles à la lueur des productions scripturales et artistiques
11Témoins des années terribles, les historiens et les hommes politiques ne sont pas les seuls à avoir fourni des interprétations à chaud. En marge de la propagande étatique, à l’échelle individuelle, il semble intéressant de convoquer d’autres acteurs, situés à la croisée du champ politique, médiatique et artistique ou des acteurs ordinaires. Il s’agit de comprendre comment, dans les basculements et les ruptures, se sont construites les représentations de ces années terribles, qu’elles soient scripturales ou artistiques, qu’elles aient été forgées à chaud ou réutilisées plus tard.
12Comment des hommes et des femmes – et pas seulement des soldats ou des écrivains, des artistes, des historiens, etc. – ont-ils raconté le vécu, en termes de souffrances physiques et morales, et l’engagement ou l’indifférence de leurs compatriotes dans un contexte de profonde détresse ? Quel est le sens profond de ces récits, contenus dans des journaux intimes, des correspondances, des souvenirs ? S’agit-il de témoigner et/ou d’inventer une manière de vivre susceptible de conscientiser le présent pour le supporter19 ? Ces questions déjà posées dans le cadre de l’analyse de la littérature de guerre au xxe siècle20 sont ici recentrées sur la notion d’année terrible et plus largement s’inscrivent dans le cadre d’une histoire sociale et culturelle des représentations autant que des perceptions. C’est l’écriture portée à la fois par des acteurs ordinaires21 et par des écrivains que nous voulons aborder.
13Sur ce temps long, il s’agit de mieux cerner aussi comment, dans ces années d’extrême incertitude teintée d’incompréhension face à l’histoire en train de se faire et de brouillage des repères, des artistes, dont les rapports au pouvoir et à l’histoire ont changé, se sont positionnés. S’accommodant ou non de la cause patriotique commune, engagés dans une réflexion sur d’éventuelles ruptures stylistiques, comment ont-ils traduit ces années terribles ?
14À travers l’exploration d’écritures variées – correspondances familiales, écritures médiatiques et romanesques –, notre dessein est de mettre en lumière les différentes références mobilisées par leurs auteurs pour construire une vision de leur expérience de basculement : référence à l’histoire du xixe siècle à travers la résurgence des épisodes révolutionnaires et guerriers, référence à un corpus d’idées « nationalistes » (grandeur de la nation/sacrifice/régénération), sans oublier l’influence des éditoriaux de la grande presse. Sur ce dernier aspect, nous voulons examiner les modalités de transmission et/ou de réactivation par la presse de la mémoire de guerre. De la même façon, nous souhaitons réfléchir aux réécritures, aux processus d’instrumentalisation de la mémoire de guerre en œuvre dans le façonnement de « l’imaginaire national22 » à travers les fêtes commémoratives et dans celui des imaginaires sociaux23, ce qui conduit à l’analyse des remodelages des perceptions de l’événement.
15Ainsi, la contextualisation de ces productions écrites s’avère cruciale, nécessitant de préciser les formes de l’exposition des acteurs aux épisodes guerriers et/ou aux événements politiques (directe ou indirecte, prolongée ou éphémère), leur position socioculturelle et les modalités de la diffusion de ces écrits dans la sphère privée ou publique. Comment expliquer, dans certains cas, le déni « d’année terrible » chez certains ou au contraire l’exacerbation du caractère terrible de la situation politique et/ou militaire chez d’autres ?
16À la lumière de ces écrits diversifiés, tant dans leur forme que dans le positionnement social de leurs auteurs, la notion d’année terrible doit être interrogée et critiquée : peut-on considérer que, notamment au xxe siècle, elle est toujours liée à l’idée de nation une et indivisible ? Et, en ce qui concerne en particulier la période 1939-1940, n’est-elle pas percutée ou concurrencée par d’autres chrononymes tels que les « années noires24 » ou les « années troubles » pour reprendre le titre d’un ouvrage de Pierre Laborie25 ? En d’autres termes, notre réflexion débouche sur l’étude de la construction des désignations des événements historiques mais aussi sur leur déconstruction. Le mot de chrononyme s’est imposé assez récemment pour qualifier « une expression, simple ou complexe, servant à désigner en propre une portion de temps que la communauté sociale appréhende, singularise, associe à des actes censés lui donner une cohérence, ce qui s’accompagne du besoin de la nommer26 ». La notion est suffisamment ouverte pour tolérer une plus ou moins grande dilatation sémantique, spatiale ou temporelle, même si un usage commun finit généralement par s’imposer. Dans le projet que nous avons porté, elle offrait une réelle plasticité, permettant à des historiens, des politistes ou des historiens de l’art de se retrouver autour d’appellations partagées à défaut d’avoir un sens unique.
17Tout en s’inscrivant dans le sillage des travaux de Philippe Dagen sur les artistes de la Grande Guerre27 ou de ceux de Laurence Bertrand-Dorléac sur la période 1940-194528, et plus largement dans la thématique des artistes face à l’histoire29, la problématique se resserre sur la notion d’année terrible comme moment de basculement. Ainsi, nous entendons interroger des parcours d’artistes confrontés directement à la guerre ou à ses conséquences politiques. Par exemple, comment de jeunes artistes de l’École des beaux-arts réagissent-ils à l’entrée en guerre en 1914 ? Pour la période 1939-1940, au sein du mouvement surréaliste, certains ont refusé de choisir leur camp, ont renoncé à leur projet politique (la révolution sociale) et se sont réfugiés dans des formes d’évasion correspondant à leur projet esthétique mais montrant aussi une forme de « survie » face à la situation catastrophique. D’autres, internés et rejetés de la communauté nationale par le régime de Vichy, ont témoigné directement par leurs créations du caractère terrible de leur situation d’enfermement et d’isolement : la dénonciation d’un monde déshumanisé et l’usage de l’art moderne ne révèlent-ils pas une forme de résistance ?
18Enfin, au-delà des mouvements artistiques, les productions artistiques des soldats de la Grande Guerre invitent aussi à une réflexion sur les représentations nées de ces terribles expériences et sur la résistance symbolique des soldats-artistes.
19En revisitant l’histoire à travers la notion « d’année terrible », une notion à la fois forgée et discutée, remodelée et instrumentalisée, niée ou au contraire représentée, nous interrogeons aussi le présent. Un présent qui, à l’instar du passé, produit en continu des chrononymes pour nommer ce qui, à défaut de faire sens immédiatement, est médiatisé par l’invention de formules qui sont autant de paravents. À nous d’aller voir ce qu’il y a derrière. Et à vous, lecteurs, d’explorer ces années terribles à travers les trois axes proposés : expériences du basculement ; filiations, décalages et contrepied ; remémorer, représenter, résister.
Notes de bas de page
1 Parmi de nombreuses références, voir Audoin-Rouzeau Stéphane, 1870. La France dans la guerre, Paris, Armand Colin, 1989 ; Becker Annette, La Guerre et la Foi. De la mort à la mémoire, Paris, Paris, Armand Colin, 1994 ; Becker Annette, Oubliés de la Grande Guerre. Humanitaire et culture de guerre, populations occupées, déportés civils, prisonniers de guerre, Paris, Noêsis, 1998, rééd. Pluriel Hachette, 2003 ; Becker Annette, Audoin-Rouzeau Stéphane et Ingrao Christophe (dir.), La violence de guerre, 1914-1945. Approches comparées des deux conflits mondiaux, Bruxelles, Complexe, 2002 ; Becker Jean-Jacques, 1914 : comment les Français sont entrés dans la guerre. Contribution à l’étude de l’opinion publique, printemps-été 1914, Paris, Presses de la FNSP, 1977 ; Biard Michel, Bourdin Philippe, Leuwers Hervé et Serna Pierre (dir.), 1792. Entrer en République, Paris, Armand Colin, 2013 ; Caron Jean-Claude, Frères de sang. La guerre civile en France au xixe siècle, Seyssel, Champ Vallon, 2009 ; Diallo Malik, Paris capitale de guerre, 1792-1794, thèse de l’École nationale des chartes, 2012 ; Forcade Olivier, La censure en France pendant la Grande Guerre, Paris, Fayard, 2016 ; Largeaud Jean-Marc, Napoléon et Waterloo, la défaite glorieuse de 1815 à nos jours, Paris, La Boutique de l’histoire, 2006 ; Milza Pierre, L’année terrible – La guerre franco-prussienne septembre 1870-mars 1871, Paris, Éditions Perrin, 2009 ; Prost Antoine, Les anciens combattants et la société française, 1914-1939, Paris, Presses de la FNSP, 1977 ; Roth François, La guerre de 1870, Paris, Fayard, 1990 ; Sottocasa Valérie, Mémoires affrontées. Protestants et catholiques face à la Révolution dans les montagnes du Languedoc, Rennes, PUR, 2015 ; Varley Karine, Under the Shadow of Defeat : The War of 1870-71 in French Memory, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2009.
2 Sur la dimension de chrononyme de l’expression, voir la réflexion générale de Bacot Paul, Douzou Laurent et Honoré Jean-Paul, « Chrononymes. La politisation du temps », Mots. Les langages du politique, 87 | 2008, mis en ligne le 21 juillet 2010, et Revue d’histoire du xixe siècle, n° 52, 2016/1, « Chrononymes. Dénommer le siècle », sous la dir. de Kalifa Dominique.
3 Une chronologie qui appelle aussi à la comparaison de longue durée, cf. les travaux sur la Grèce antique de Loraux Nicole, « La guerre civile grecque et la représentation anthropologique du monde à l’envers », Revue de l’histoire des religions, t. 212, n° 3, 1995, p. 299-326, ou La cité divisée. L’oubli dans la mémoire d’Athènes, Paris, Payot, 2005.
4 Signalons l’œuvre pionnière de Houssaye Henri, 1814, Paris, Perrin, 1888, et 1815, Paris, Perrin, 1899-1905, 3 vol. Pour une analyse actuelle, voir Waresquiel Emmanuel de, Cent-Jours. La tentation de l’impossible, mars-juillet 1815, Paris, Fayard, 2008 ; id., L’histoire à rebrousse-poil. Les élites, la Restauration, la Révolution, Paris, Fayard, 2005. Voir aussi Boudon Jacques-Olivier, Napoléon et la campagne de France, 1814, Paris, Armand Colin, 2014, et Napoléon et la dernière campagne. Les Cent-Jours, 1815, Paris, Armand Colin, 2015, ainsi que Revue d’histoire du xixe siècle, n° 49, 2014/2, « 1814-1815. Expériences de la discontinuité », sous la dir. de Fureix Emmanuel et Lyon-Caen Judith.
5 Paris, Michel Lévy, 1871. Pour une édition récente, Paris, Perrin, 2011.
6 Digeon Claude, La crise allemande de la pensée française, 1870-1914, Paris, PUF, 1992 (1959). Un complément avec Février Jean-Marc, « Les juristes et la défaite de 1870 (l’exemple de la doctrine publiciste) », Revue administrative, n° 329, sept.-oct. 2002, p. 479-486.
7 Au sein d’une foisonnante bibliographie sur le contexte spécifique des années 1792-1793, signalons Wahnich Sophie, La longue patience du peuple, 1792. Naissance de la République, Paris, Payot, 2008 ; Martin Jean-Clément, La Vendée et la France, 1789-1799, Paris, Seuil, 1987, ainsi que, id., Violence et Révolution. Essai sur la naissance d’un mythe national, Paris, Seuil, 2006.
8 Parmi de très nombreux ouvrages, on peut citer : Crémieux-Brilhac Jean-Louis, Les Français de l’an 40, vol. 1 : La guerre, oui ou non ?, Paris, Gallimard, 1990 ; Charpentier Pierre-Frédéric, La drôle de guerre des intellectuels français : 1939-1940, Panazol, Lavauzelle, 2008 ; Quétel Claude, L’Impardonnable défaite : 1918-1940, Paris, Perrin, 2012 (2010). Sur les doctrines militaires face à la question du temps, voir Garraud Philippe, « De la “drôle de guerre” à la “guerre-éclair” », Temporalités, 21|2015, consulté en ligne le 2 janvier 2017 [http://temporalites.revues.org/2984] ; [DOI : 10.4000/temporalites.2984].
9 Pour rappel, et outre Les lieux de mémoire dirigés par Pierre Nora et les travaux de Rémi Dalisson cités dans sa contribution à ce volume, voir Garcia Patrick, Le bicentenaire de la Révolution française. Pratiques sociales d’une commémoration, CNRS Éditions, 2000 ; Kaplan Steven L., Adieu 89, Paris, Fayard, 1993 ; Namer Gérard, Batailles pour la mémoire. La commémoration en France de 1945 à nos jours, Paris, Papyrus, 1983 ; Ory Pascal, Une nation pour mémoire. 1889, 1939, 1989 : trois jubilés révolutionnaires, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1992 ; Rousso Henry, Le syndrome de Vichy : 1944-1987, Paris, Seuil, 1987 ; id. et Conan Éric, Vichy, un passé qui ne passe pas, Paris, Fayard, 1994, et Vichy : l’événement, la mémoire, l’histoire, Paris, Gallimard, coll. « Folio histoire », 2001 ; Stora Benjamin, La gangrène et l’oubli : la mémoire de la guerre d’Algérie, Paris, La Découverte, 1991 ; Dalisson Rémi, Guerre d’Algérie, l’impossible commémoration, Paris, Armand Colin, 2018.
10 Sur le sujet, Prost Antoine, « Les monuments aux morts. Culte républicain ? Culte civique ? Culte patriotique ? », dans Nora Pierre (dir.), Les lieux de mémoire 1, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 1997 (1984) ; Becker Annette, Les monuments aux morts – Mémoire de la Grande Guerre, Paris, Errance, 1991. Voir aussi Julien Élise, Paris, Berlin. La mémoire de la guerre, 1914-1933, Rennes, PUR, 2010. Pour la guerre de 1870-1871 : Grailles Bénédicte, De la défaite à l’Union sacrée ou les chemins du consentement. Hommages publics et commémorations de 1870 à 1914 : l’exemple du nord de la France, thèse d’histoire sous la dir. d’Annette Becker soutenue le 2 septembre 2000, université Lille 3.
11 Michelet Jules, Le peuple, 5e éd., Calmann-Lévy, 1877, p. xxxii (1846).
12 Bloch Marc, L’étrange défaite : témoignage écrit en 1940, Paris, Gallimard, 1990 (1946).
13 Bloch Marc, L’étrange défaite, Paris, Société des Éditions « Franc-Tireur », 1946, p. 23. Sur la Première Guerre mondiale, rappelons l’ouvrage fondateur de la réception critique des témoignages : Cru Jean-Norton, Témoins : essai d’analyse et de critique des souvenirs de combattants édités en français de 1915 à 1928, Paris, Les Étincelles, 1929, 727 p. (rééd. Presses universitaires de Nancy, 1993). Voir les analyses proposées par Prochasson Christophe, « Les mots pour le dire : Jean-Norton Cru, du témoignage à l’histoire », Revue d’histoire moderne et contemporaine, n° 48, 2001-4, p. 160-189, et par Rousseau Frédéric, Le procès des témoins de la Grande Guerre. L’affaire Norton Cru, Paris, Seuil, 2003.
14 Paris, Plon, 1941.
15 Soit, dans l’ordre chronologique : Vico Giambattista, La science nouvelle relative à la nature commune des nations, 1725 et 1744 pour la 2e éd. ; Montesquieu Charles de, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, 1734 ; Gibbon Edward, Le déclin et la chute de l’Empire romain, 1776 ; Alfieri Vittorio, De la tyrannie, 1777.
16 Renan Ernest, Qu’est-ce qu’une nation ? Conférence prononcée le 11 mars 1882 à la Sorbonne. Consulté en ligne le 2 janvier 2017 sur [http://classiques.uqac.ca/classiques/renan_ernest/qu_est_ce_une_nation/qu_est_ce_une_nation_texte.html].
17 Pour reprendre l’expression forgée par Serna Pierre, La République des girouettes : 1789-1815 et au-delà. Une anomalie politique : la France de l’extrême centre, Seyssel, Champ Vallon, 2005.
18 On aura reconnu ces emprunts à Koselleck Reinhart, Le futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1990.
19 Crivello Maryline et Pelen Jean-Noël, Individu, récit, histoire, Aix-en-Provence, PUP, 2008 ; Jouhaud Christian, Ribard Dinah et Schapira Nicolas, Histoire, littérature, témoignage. Écrire les malheurs du temps, Paris, Gallimard, 2009.
20 Beaupré Nicolas, Écrire en guerre, écrire la guerre. France, Allemagne, 1914-1920, CNRS Éditions, 2006.
21 Fabre Daniel (dir.), Écritures ordinaires, Paris, Bibliothèque publique d’information, Centre Georges-Pompidou/P.O.L, 1993 ; id., Par écrit. Éthologie des écritures quotidiennes, Paris, Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 1997.
22 Ensemble d’éléments allant des ancêtres bien identifiés aux mythes fondateurs jusqu’à la fabrication d’une langue nationale. Voir Anderson Benedict, L’imaginaire national. Réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme, Paris, La Découverte, 1996 (1re éd. en anglais 1983). Pour une lecture critique : Chivallon Christine, « Retour sur la “communauté imaginée” d’Anderson. Essai de clarification théorique d’une notion restée floue », Raisons politiques, n° 27, 2007/3, p. 131-172.
23 Sur cette notion, voir Baczko Bronislaw, Les imaginaires sociaux. Mémoires et espoirs collectifs, Paris, Payot, 1984 ; Castoriadis Cornelius et Ricœur Paul, Dialogue sur l’histoire et l’imaginaire social, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2016. Et pour deux études de cas, Maza Sarah, « Construire et déconstruire la bourgeoisie : discours politique et imaginaire social au début du xixe siècle », Revue d’histoire du xixe siècle, n° 34, 2007, p. 21-37 ; Kalifa Dominique, Les bas-fonds. Histoire d’un imaginaire, Paris, Seuil, 2013.
24 Azéma Jean-Pierre et Bédarida François (dir.), La France des années noires, 2 vol., Paris, Seuil, 1993.
25 Laborie Pierre, Les Français des années troubles. De la guerre d’Espagne à la Libération, Paris, Seuil, 2003.
26 Bacot Paul, Douzou Laurent et Honoré Jean-Paul, « Chrononymes. La politisation du temps », op. cit., n° 87, juillet 2008, p. 5-12. On trouve aussi les notions d’éventonyme, d’héméronyme et de praxonyme, cf. Calabrese Steimberg Laura, « Les héméronymes. Ces événements qui font date, ces dates qui deviennent événements », Mots. Les langages du politique, revue citée, p. 115-128.
27 Dagen Philippe, Le silence des peintres : les artistes face à la Grande Guerre, Vanves, Hazan, 2012.
28 Bertrand-Dorléac Laurence (dir.), Les désastres de la guerre, 1800-2014, Paris/Lens, Somogy/ musée du Louvre-Lens, 2014 ; ead., L’art de la défaite, 1940-1944, Paris, Seuil, 2010 ; Richard Lionel, L’Art et la Guerre, Paris, Flammarion, 1995.
29 Ameline Jean-Paul et Bellet Harry, Face à l’histoire. L’artiste moderne devant l’événement historique (1933-1996), catalogue d’exposition, Paris, Flammarion/Centre Georges-Pompidou, 1996.
Auteurs
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