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La mémoire des cités dans le Péloponnèse d'époque romaine

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Yves Lafond

Troisième partie. Religion et mémoire civique

Troisième partie. Religion et mémoire civique

Texte intégral

  • 1 Dans id. (éd.), Being Greek under Rome. Cultural Identity, the Second Sophistic and the Developmen (...)

« Within the Roman Empire, the local
politics of status and intensification of cult
engagement frame new constructions of ache
vement and memorialization. »
S. Goldhill1.

1Les pratiques institutionnelles sont fondées sur des idéaux qui relèvent d’une éthique où s’affirment des valeurs aristocratiques qui servent de référence aux discours officiels des cités en même temps qu’elles constituent, avec la rhétorique, l’une des pistes que les discours d’éloge des cités offrent à l’exploration de la mémoire péloponnésienne, façonnée par les préoccupations des notables et du pouvoir romain, mais attachée aussi à une définition de la polis entendue comme communauté politique, avec ses magistrats, son conseil et ses lois.

2Dans la deuxième partie, il est apparu que les élites locales de quelques cités, Sparte tout particulièrement, pouvaient trouver dans l’expression d’une idéologie dorienne non pas seulement les fondements d’une éthique servant à définir les qualités morales et sociales analysées dans la première partie, mais aussi un principe pour justifier les responsabilités politiques qu’elles exercent dans les cités. L’utilisation conjointe de la documentation épigraphique et de la Périégèse permet d’adosser maintenant à la réflexion qui a été menée dans les deux premières parties sur la place de l’éthique et du politique dans la mémoire des communautés civiques du Péloponnèse une étude des pratiques et des mentalités religieuses.

  • 2 Ainsi C. Auffarth, « "Verrätef-Übersetzei" ? Pausanias, das römische Patrai und die Identität der (...)
  • 3 Voir mon article « Le panthéon de Patras et le témoignage de Pausanias : l’identité religieuse d’u (...)

3D’aucuns2 considèrent qu’après la perte de l’identité politique, c’est la religion qui devient porteuse de l’identité grecque - c’est-à-dire civique - et s’apparente à un système culturel qui échapperait à la domination romaine. Ainsi à Patras, les deux communautés, différentes juridiquement l’une de l’autre, vivent dans une colonie qui est définie comme cité grecque grâce à la religion3. Dans cette perspective, que Pausanias assume pleinement en pleine période romaine, le matériau religieux est à la fois un agent de cohésion entre les cités et un lieu privilégié du travail de la mémoire.

4Le contexte agonistique et religieux, c’est-à-dire tout particulièrement la restauration ou la perpétuation d’anciennes pratiques, mais aussi parfois la fondation de nouvelles fêtes, apparaît donc déterminant dans l’élaboration d’une nouvelle tradition civique. Il témoigne en tout cas de la reconnaissance qu’on accorde au rôle que jouent les mythes et les rituels dans la formation de l’identité civique. C’est cette importance des composantes religieuses dans la définition de l’identité civique qui me conduit à réserver la troisième partie aux aspects religieux, en combinant l’étude du système des cultes et des mythes héroïques et celle du rapport aux dieux.

Notes

1 Dans id. (éd.), Being Greek under Rome. Cultural Identity, the Second Sophistic and the Development of Empire, Cambridge, 2001, p. 10.

2 Ainsi C. Auffarth, « "Verrätef-Übersetzei" ? Pausanias, das römische Patrai und die Identität der Griechen in der Achaea », dans H. Cancik, J. Rüpke (éds.), Römische Reichsreligion und Provinzialreligion, Tübingen, 1997, p. 236-237

3 Voir mon article « Le panthéon de Patras et le témoignage de Pausanias : l’identité religieuse d’une cité grecque devenue colonie romaine », Kernos (Suppl. 8), 1998, p. 195-208.

© Presses universitaires de Rennes, 2006

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