Espace, lieu et reconstitution dans le radicalisme écossais du xixe siècle

Gordon Pentland

Traduit par Laurent Bury (trad.)

p. 159-171


Texte intégral

1Jusqu’à une date avancée du xxe siècle, les radicaux écossais eurent recours à un récit national mythique, qui établissait des liens entre les Covenantaires du xviie siècle et les mouvements politiques postérieurs. Les références aux Covenantaires furent si fréquentes aux xixe et xxe siècles que nous pourrions raisonnablement y voir un cliché de l’autobiographie radicale. On en trouve un exemple très tardif dans l’autobiographie de Stuart Christie, anarchiste qui aurait voulu être l’assassin du général Franco. Les réflexions de Christie sur sa propre formation politique sont saupoudrées d’allusions aux Covenantaires. Dès le départ, il affirme que son livre n’est pas une biographie, « mais tente d’apporter sa contribution, en tant que témoin », formule typiquement presbytérienne, que cela soit voulu ou non. L’évocation du passé religieux de l’Écosse était fréquemment imprégnée d’un vif sens du lieu et de l’espace :

« J’ai encore un souvenir très net que l’époque où j’étais petit garçon, à Wigtown. Avec ma grand-mère, nous marchions sur le sentier battu et herbeux qui passe entre les tombes du cimetière et mène à celles des martyres. Elle me lisait les inscriptions déchirantes qui décrivent la cruauté de leur mort, sculptées en lettres simples et grossières sur des pierres blanches sans grille métallique tout autour1. »

2Du point de vue de la chronologie, Christie est un cas à part. Dans l’après-guerre, le rôle dominant du christianisme dans la culture publique fut contesté, ainsi que sa fonction d’inspiration pour l’identité individuelle, ce qui rendit aussi les Covenantaires moins faciles à utiliser politiquement2. Pour les périodes antérieures, et notamment pour les Red Clydesiders, les radicaux de Glasgow dans les années 1910-1920, les Covenantaires restaient une présence forte3. Le révérend James Barr, « né […] parmi les courlis qui criaient au-dessus des tombes et parmi les souvenirs des Hommes du Covenant », en est un exemple évident4. Ce pasteur de l’Église presbytérienne unie et libre, libéral radical devenu socialiste, député de Motherwell puis de Coatbridge, resta toute sa vie attaché à l’héritage des Covenantaires. Il leur consacra des conférences et des écrits, et ils tenaient une place privilégiée dans ses discours publics ou au Parlement5. Il emmenait aussi ses collègues députés visiter les sites liés à cette époque historique, comme Fenwick Muir et Loch Goin, dans l’espoir que le paysage et les vestiges inspireraient ces membres du Parlement « s’ils pouvaient être touchés par l’esprit des hommes morts pour le Covenant6 ». William Stewart, le journaliste socialiste qui avait pour nom de plume « Gavroche », s’attardait lui aussi sur la signification politique des espaces du Sud-Ouest de l’Écosse : « C’est à vrai dire une terre sainte pour les adeptes de la liberté. Chaque tourbière et chaque marécage, chaque gué sur les ruisseaux, chaque vieille ferme a son histoire – légendaire ou véritable – qui préserve pour nous le souvenir de cette longue lutte, qui fut pour l’essentiel une guerre entre les gens ordinaires et les classes supérieures7. »

3On pourrait multiplier ces exemples à l’infini. La littérature autobiographique, historique et fictionnelle produite par les radicaux éclaire la relation très nette entre les Covenantaires, les lieux et le radicalisme écossais moderne des xixe et xxe siècles. C’est même l’un des traits distinctifs du radicalisme écossais. Le présent essai cherche à interroger cette relation dans le contexte du xixe siècle. Il ne prétend pourtant pas qu’il existe une filiation idéologique directe entre les Covenantaires et les radicalismes postérieurs, que la théologie politique des groupes presbytériens ait façonné la pensée et l’action des radicaux, ni que la dissidence religieuse ait inexorablement conduit à la dissidence politique. Comme l’ont montré des travaux récents, l’héritage complexe des Covenantaires se prêta à toutes sortes d’appropriations, religieuses, politiques et patriotiques, au fil du xixe siècle8. Le fait que d’autres groupes et individus en aient revendiqué la « possession » ne pouvait qu’encourager les radicaux dans leurs efforts.

4Cet essai étudie la manière dont les radicaux utilisèrent ce passé. Il procède par questions influencées par deux grandes tendances de la recherche. D’une part, les historiens pour qui les catégories de l’espace et du lieu devaient être intégrées au récit de la politique populaire et contestataire9. D’autre part, les travaux affirmant que la dimension émotionnelle et affective de la politique doit être prise plus au sérieux10. Ces deux préoccupations se retrouvent dans l’héritage des Covenantaires, fortement associé à des paysages et sites particuliers, avec ses récits de lutte et de perte, exaltants et mobilisateurs. L’essai explore d’abord la présence générale des récits, sites et reliques des Covenantaires dans les communautés des basses-terres d’Écosse. Il examine ensuite comment la volonté de commémoration qu’avaient les radicaux se heurta à d’autres tentatives similaires au cours du xixe siècle, d’où une controverse sur la forme et le sens des espaces publics. Enfin, il étudie la place du passé covenantaire et de ses sites, vestiges et souvenirs dans les efforts de mobilisation des radicaux. Il se termine en suggérant que, par la combinaison de ces différentes dimensions, les processions radicales peuvent, en un sens, être comprises comme des « reconstitutions à grand spectacle » à l’époque victorienne.

Récits du Covenant, sites et reliques

5Les Covenantaires étaient des hommes et des femmes qui se mobilisèrent en faveur du National Covenant de 1638, puis de la Ligue solennelle et du Covenant de 1643. Ce sont néanmoins les Covenantaires postérieurs – ceux qui restèrent attachés aux Covenants après la Restauration de 1660, qui furent soumis à la « persécution des Stuart » et qui organisèrent une rébellion armée en 1666 et en 1679 – qui dominaient la mémoire historique des Écossais des basses-terres. Cette période mémorable inclut la victoire d’une force covenantaire sur « Bloody Clavers » (James Graham de Claverhouse) à la bataille de Drumclog en 1679, sa défaite à Bothwell Bridge la même année, la radicalisation qui s’ensuivit et les persécutions accrues au cours des années 1680. Parmi ces dernières figure le « Killing Time » de 1684-1685, lorsqu’une politique d’exécutions extra-judiciaires sommaires fut mise en place. L’activité des Covenantaires (tout comme le souvenir populaire qui en fut gardé) fut particulièrement forte dans un croissant de comtés situés autour de Glasgow – Ayrshire, Dumfriesshire et Lanarkshire – et donc plus faible ailleurs, bien que nullement absente11.

6Les sites et reliques associés aux Covenantaires comptaient aux yeux des radicaux des basses-terres d’Écosse pour toutes sortes de raisons. D’abord et surtout, ils appartenaient à une présence plus générale dans la culture écossaise du xixe siècle. Cela se manifestait dans la littérature populaire, en particulier dans la forte circulation d’innombrables martyrologes du xviiie siècle comme le Cloud of Witnesses, ou comme Scots Worthies de John Howie, que mentionnent fréquemment les radicaux parmi les livres qu’ils avaient chez eux12. La culture orale et populaire transmettait une vision des Covenantaires qu’utilisèrent Robert Burns, James Hogg, Walter Scott, John Galt et d’autres. Après 1815, on constate une hausse considérable dans la publication et la réédition de nombreux ouvrages écrits par et sur les presbytériens radicaux de la fin du xviie siècle, pour la plupart restés inédits jusque-là. Les textes passionnés qui prenaient la défense des Covenantaires contre l’usage que Scott avait fait d’eux dans ses romans n’étaient qu’un aspect superficiel d’un processus plus vaste de récupération et de rediscussion de l’héritage covenantaire13.

7C’est cette présence plus large dans la mémoire historique de tant de familles et de communautés qui est importante, surtout par rapport aux catégories selon lesquelles les historiens explorent à présent la politique populaire des xixe et xxe siècles. Depuis longtemps, les historiens laissent entendre que les raisonnements cognitifs et les appels évaluatifs n’incitent pas les gens à l’action. Le facteur crucial est plutôt que la politique s’exprime et s’explique de manière enthousiasmante. Il faut pour cela un récit exaltant le rôle des nations, des communautés et des individus dans la lutte pour la liberté et la constitution14. De ce point de vue, le phénomène des Covenantaires, avec ses longues listes de martyrs locaux, ses vibrants exemples d’affrontement, de persécution et de perte, était clairement une inspiration puissante. Pour beaucoup d’Écossais des basses-terres, ces ancêtres qui avaient « combattu et versé leur sang » pour leurs libertés n’étaient pas seulement un slogan vide ou une figure conventionnelle de la rhétorique constitutionnaliste. Ils étaient avant tout les Covenantaires, dont les sites, les vestiges et les histoires étaient inscrits dans les communautés des basses-terres écossaises et qui hantaient donc le présent.

8Si le langage du Covenant offrait à la mobilisation sa rhétorique émotionnelle, il suggérait et sanctionnait aussi certains actes. Il s’agissait donc d’un passé extrêmement susceptible d’utilisation politique. Les Covenantaires étaient associés à des modes d’action spécifiques : prêches en plein air, publication de déclarations, de remontrances et de pétitions, comportement d’insurgés et de victimes de la persécution. Il y avait là toute une réserve de précédents et de comparaisons pour les mouvements radicaux et démocratiques du xixe siècle. John Parkhill, radical actif de Paisley qui prit part au soulèvement de 1820, par exemple, décrivit dans ses mémoires comment son comité, à Gleniffer, « avait plongé au cœur de la gorge dans les collines, de la même manière et avec les mêmes instincts qui inspiraient les Covenantaires d’antan15 ». D’autres comparaient l’effort lié à la signature des pétitions pour la réforme aux pénibles épreuves subies par les hommes qui avaient parcouru des kilomètres pour signer les Covenants de 1638 et de 164316.

9Derrière ces références qu’on trouve dans la rhétorique et les textes des radicaux se cachait néanmoins toute une gamme de lieux et d’objets matériels qui faisaient des Covenantaires une présence plus concrète dans la vie des gens. En 1846, un visiteur remarqua dans la région de Strathaven qu’on lui racontait toutes sortes d’histoires sur le champ de bataille de Drumclog et ses environs. On lui indiqua l’endroit où les dragons étaient enterrés et où un héros local, Finlay de Lesmahagow, avait attaqué Claverhouse avec une fourche. Dans les villages entourant Strathaven, on lui fit voir les rues et ruelles par où les soldats étaient passés durant leur repli sur Glasgow. On lui montra de nombreux exemples de la culture matérielle covenantaire : « Dans tout le district, diverses reliques liées à l’événement sont préservées avec soin. » Parmi celles-ci figuraient le couteau utilisé pour trancher les chaînes des prisonniers de Claverhouse ; un tambour ; une petite bouteille noire ; des fusils ; de nombreuses épées et, chose que les historiens ont un peu étudiée, des banderoles et des drapeaux17. De plus, le sens du paysage local et de ces liens tangibles avec les Covenantaires était crucial, tant pour certains des best-sellers populaires, historiques ou érudits, du xixe siècle que pour la littérature « touristique » naissante18. Le « Killing Time » en Écosse est donc comparable à « l’année des Français » en Irlande, dont les traces textuelles, orales et matérielles ont été examinées avec soin par Guy Beiner comme de puissantes sources de folk history aux xixe et xxe siècles19.

Monuments et mémorialisation

10Il n’est donc guère étonnant que les Convenantaires aient joué un rôle de premier plan dans les efforts accomplis au xixe siècle pour commémorer le passé écossais. Les basses-terres étaient parsemées de monuments aux martyrs locaux et, même si ces efforts avaient commencé sous les auspices de la petite Église presbytérienne réformée, la résonance et la signification de ces mémoriaux étaient d’une portée bien plus large20. Alors que les radicaux ne furent pas les principaux constructeurs de mémoriaux aux Covenantaires, commémoration et mémorialisation sont devenus les axes d’étude privilégiés en ce qui concerne la conquête de l’espace public à laquelle se lancèrent les radicaux au xixe siècle21. Cette approche se concentre nécessairement sur les mémoriaux radicaux, qui permettaient de contester l’usage de l’espace public par l’élite. Il y aurait cependant plus à faire pour examiner ces activités dans le contexte des paysages commémoratifs existants. De ce point de vue, la lecture des mémoriaux radicaux et réformistes en parallèle avec les hommages aux Covenantaires, hommages anciens ou nouveaux, s’avère instructive car elle met en évidence les efforts radicaux pour lier leur propre mobilisation et leurs propres martyrs avec ceux du xviie siècle.

11James Wilson était un tisserand de Strathaven. Radical actif depuis les années 1790, il fut exécuté pour son rôle dans la tentative de soulèvement général en 182022. Dans les années 1840, des militants réussirent à élever un mémorial public à sa mémoire. William Proudfoot, pasteur de l’Église d’Écosse, avait publié un récit hostile consacré à Wilson et à la « croisade ridicule » du soulèvement de 1820 dans le New Statistical Account, dont les volumes invitaient les pasteurs à fournir des informations sur l’histoire, la démographie et la géologie de leurs paroisses respectives23. Proudfoot ayant refusé qu’il soit érigé dans le cimetière, le mémorial fut construit à l’extérieur, contre ses murs mêmes. Le cimetière abritait divers mémoriaux honorant les Covenantaires tués à la bataille de Drumclog ou exécutés plus tard, dans les années 1680. Par sa description de l’incident de 1820 comme « un soulèvement d’un genre bien différent » de celui de Drumclog, et dans son attitude au sujet du mémorial de Wilson, Proudfoot tentait d’empêcher toute interprétation politique radicale des événements de la fin du xviie siècle24. À son refus d’offrir un espace répondit pourtant une importante manifestation en plein air, qui s’appuyait explicitement sur un récit radical du passé covenantaire. Les hommes de Strathaven formèrent une procession et partirent à la rencontre de leurs partisans venus de Glasgow et de Campsie : « le vieux drapeau qui était à la bataille de Drumclog, et qui appartenait désormais à Strathaven, ouvrait la marche ». Le discours enflammé, prononcé du haut d’une tribune où était fixé le drapeau de Drumclog, à l’extérieur du cimetière, mais à quelques mètres des monuments aux martyrs covenantaires, reliait explicitement la bataille de Drumclog aux événements de 1820, au sein d’une tradition locale d’insurrection :

« Hommes d’Avondale, c’est dans cette paroisse que vos ancêtres opposèrent à l’oppression la plus glorieuse résistance dans l’histoire de l’Écosse. À Drumclog, les Écossais montrèrent à la tyrannique maison des Stuarts qu’ils connaissaient leurs droits et qu’ils étaient prêts à les défendre […]. Nous nous trouvons ici sur un sol historique. Un autre soulèvement pour la liberté civile eut lieu à Avondale en 182025. »

12Les radicaux étaient impliqués dans au moins deux litiges sur le contrôle de l’espace public. De toute évidence, le premier portait sur l’utilisation publique des cimetières, lorsqu’une communauté revendiquait le droit de célébrer la mémoire d’un homme qui lui semblait avoir connu un sort analogue à celui des Covenantaires martyrisés. Le deuxième concernait la commémoration des Covenantaires proprement dits. Les remarques négatives formulées par Proudfoot supposaient une lecture particulière de la fin du xviie siècle. Plutôt qu’une insurrection, la bataille de Drumclog avait commencé par un assaut militaire contre un rassemblement certes armé mais ayant pour but la prière. Par contraste, il s’était produit 1820 « un soulèvement en rébellion ouverte contre l’autorité légale, visant à la fois l’autel et le trône26 ». Au cours des années 1830, John Stevenson, qui prononça le discours cité plus haut, avait répondu avec fureur, dans la presse et dans des tracts. Parmi ses trois accusations principales figuraient celles-ci : « Avez-vous des reproches à adresser spécialement aux radicaux de Strathaven, pour avoir insulté ou violé l’Autel ? […] Le soulèvement de Drumclog ne s’opposait-il pas à une autorité légale, tout autant que le soulèvement de Strathaven ? Le premier avait pour but la liberté religieuse, j’imagine, et le second, la liberté civile27. » Ces affrontements constituaient une escarmouche mineure à l’intérieur de la vieille controverse dont le principal théâtre était le roman de Walter Scott, Old Mortality (publié en français sous le titre Les Puritains d’Écosse), attaqué par les radicaux comme par les presbytériens, mais pour des raisons différentes, comme représentation mensongère des derniers Covenantaires.

13Cette revendication du passé covenantaire pouvait prendre bien des aspects. Après le vote du Reform Act en 1832, par exemple, un autre monument du cimetière de Strathaven, une grande pierre plate recouvrant la tombe de deux hommes tués en 1685, fut renouvelé par les partisans locaux de la réforme parlementaire. Dans ce cas précis, l’appropriation fut littéralement inscrite sur le piédestal du monument, avec ce message complémentaire : « Renouvelée par les Réformateurs d’Avondale lors du vote du Reform Bill – anno domini. 183228 ». Dans le cas de Wilson, les comparaisons qui furent énoncées très publiquement et bruyamment en 1846 avaient déjà été formulées en privé. Après son exécution en 1820, son corps avait été récupéré par des femmes de sa famille et enterré derrière sa maison dans le cimetière de Strathaven. Quand des recherches furent entreprises dans les années 1980 pour identifier sa tombe, un panneau fut placé à l’emplacement vraisemblable de son inhumation, entre les tombes de martyrs covenantaires29.

14Ces exemples de Strathaven sont instructifs, mais ils n’évoquent que superficiellement la manière dont les radicaux et les réformateurs affirmaient leur propre place dans un paysage mémorial existant. Les monuments étaient omniprésents dans les villes, les villages et même les espaces ouverts des basses-terres écossaises, et la proximité des mémoriaux radicaux avec ceux des Covenantaires est partout apparente. Un dernier exemple nous vient du cimetière de Woodside, à Paisley, où un monument fut érigé en 1867 pour commémorer à la fois Wilson et les deux autres hommes exécutés pour avoir participé à l’insurrection générale de 1820, John Baird et Andrew Hardie. Il se trouvait à côté d’un obélisque presque identique, élevé en 1835 pour commémorer deux martyrs covenantaires locaux, James Algie et John Park. Au cas où le lien n’aurait pas été assez clair, la face ouest des deux monuments incluait des références au martyre tirées de la même strophe du chef-d’œuvre évangélique et patriotique du poète William Cowper, The Task (1785)30.

15Dans leurs efforts visant à célébrer les martyrs du xixe siècle ou à suggérer une analogie entre leurs propres héros, ennemis et actes et ceux des Covenantaires, les radicaux utilisèrent des espaces liés aux hommes et aux femmes du xviie siècle, pour mener toutes sortes de combats. Avant tout, ils revendiquaient publiquement un espace où commémorer les nouveaux martyrs de la liberté. Ils affirmaient aussi une interprétation radicale du Covenanting, et ce sur un marché concurrentiel où d’autres groupes politiques ou religieux avançaient leurs propres interprétations.

16S’il faut envisager les mémoriaux comme un moyen de revendiquer l’espace public, il est également révélateur d’aborder avec plus de sensibilité le paysage monumental dont ils faisaient partie. En l’occurrence, cela nous permet d’examiner le processus par lequel un panthéon local se créait à partir d’un ensemble d’individus, martyrs de la cause de la liberté civile et religieuse31. C’est ainsi que la politique acquérait un caractère immédiat et enthousiasmant. Cette panthéonisation permit aussi d’intégrer des récits spécifiquement écossais à d’autres, plus manifestement anglais ; surtout, les traditions et récits locaux pouvaient ainsi prendre une dimension nationale.

Processions et reconstitutions

17Étudier les tentatives officielles de mémorialisation est peut-être le moyen le plus évident d’explorer comment les espaces des Covenantaires purent devenir des espaces radicaux. On peut découvrir une trajectoire similaire en examinant d’autres types d’activité politique publique. La signification politique locale de ces sites et vestiges des Covenantaires devenait tout à fait claire quand les communautés locales accueillaient des leaders nationaux. Les « tournées » de leaders radicaux cherchant à forger un mouvement national furent au xixe siècle un des traits saillants de la politique, à partir du major John Cartwright32. Ces tournées incitaient clairement les communautés à utiliser et à mettre en valeur les sites d’importance locale, à mobiliser leurs vestiges, et à redire l’histoire locale de l’héroïsme et des persécutions liés à la cause de la liberté. De leur côté, les plus doués des leaders radicaux savaient exploiter ces récits, féliciter les villes et villages pour leur persévérance dans la cause, et garantir ainsi une mobilisation continue. Le leader chartiste George Julian Harney, par exemple, savait jouer de façon directe et flatteuse sur le lien que les chartistes écossais se sentaient avec les Covenantaires :

« La liberté religieuse ne fut pas conquise pour l’Écosse par ceux des Covenantaires qui chantaient des psaumes sur leur force morale. Non ! Elle fut conquise par les hommes qui prirent les collines pour foyer, qui avaient la bruyère pour lit, et qui priaient […] avec la Bible dans une main et l’épée dans l’autre33. »

18La très médiatique tournée de Feargus O’Connor à l’automne 1841 nous offre un bon exemple34. O’Connor venait d’être libéré après dix-huit mois d’incarcération au château d’York, expérience qui inspirait une réflexion sur la persécution et le martyre. Les radicaux locaux s’en servirent évidemment pour recruter les sites localement importants dans leur propre lutte pour la liberté. À Cumnock, Kilmaurs et Larkhall, O’Connor fut promené dans les villages avec un drapeau covenantaire. Avant un rassemblement à Hamilton, la procession le rencontra sur le site de la bataille de Bothwell Brig avant de l’escorter en ville. De Strathaven, il fut conduit sur le champ de bataille de Drumclog, où un monument avait été érigé en 183935. Dans la plupart de ces endroits, la tournée d’O’Connor suivit l’itinéraire plus d’une fois emprunté par les processions36.

19Bien entendu, l’utilisation des espaces et reliques covenantaires n’était pas une pratique isolée. Le trajet incluait aussi des sites reflétant ou incarnant d’autres traditions locales. Ils pouvaient renvoyer au passé le plus lointain, notamment avec les nombreux sites des basses-terres associés à William Wallace. À partir du début du xixe siècle, les processions des radicaux de Strathaven passèrent par Drumclog et, non loin de là, par Loudon Hill, où la population locale situait une des premières victoires de Wallace37. Le passé récent n’était pas oublié, et O’Connor fut emmené sur les lieux de l’insurrection de 1820. À Stirling, par exemple, on lui fit visiter le château, le cachot où s’étaient morfondus Baird et Hardie, et l’arsenal contenant les piques utilisées par les radicaux capturés38. Durant ces visites guidées, les itinéraires choisis, les sites commentés, les banderoles et reliques présentées, tout cela reliait solidement les communautés locales au récit plus large de la lutte pour les libertés civiles et religieuses. Ce genre de lien, entre le local et le national, entre le passé et le présent, était clairement souligné dans le récit du retour d’O’Connor à Glasgow après son voyage dans l’Ayrshire et le Lanarkshire :

« Des centaines de personnes attendaient au pied de la Glasgow Cross pour saluer notre noble champion revenu des lieux où nos pères s’étaient battus pour la réforme, où le meilleur sang de l’Écosse avait été versé, où notre immortel Wallace avait brandi l’étendard de l’indépendance de notre pays […], où les vaillants Covenantaires avaient été massacrés par milliers par les bourreaux de Charles II ; plus tard le vertueux Wilson, de Strathaven, avait été pendu et écartelé devant la prison de Glasgow, pour avoir prôné […] les glorieux principes contenus dans la Charte du Peuple, et où ses cendres reposent désormais, auprès de ses pères qui osèrent être libres. […] Et Dieu merci, leurs descendants brûlent à cette heure du même amour de la liberté, de la même haine de l’oppression, avec les mêmes âmes viriles39. »

20C’est là une version textuelle des idées et des émotions également ou plus puissamment exprimées par un type de politique spatiale qui employait les sites locaux et les vestiges matériels.

21Des termes comme commémoration et mémorialisation sont désormais bien connus des historiens, mais ils ne permettent pas forcément d’aller très loin dans l’étude des processions des radicaux et des réformateurs où l’espace covenantaire et la mobilisation des reliques jouaient un rôle important40. Dans un récent recueil d’articles, Iain McCalman et Paul Pickering invitent avec éloquence les historiens à prendre plus au sérieux la notion de « reconstitution41 ». Ils s’intéressent en particulier à la typologie souple proposée par Jonathan Lamb, qui incorpore au sein de la reconstitution les catégories suivantes : maison, défilé, théâtre et réel. Il est frappant de constater que les processions radicales qui soulignaient les liens historiques et mettaient l’accent sur les martyres passés et présents semblent correspondre aux objectifs et aux fonctions que Lamb attribue aux reconstitutions :

« Toute représentation rituelle d’un acte ou événement passé, comme un mystère de la Passion, une messe ou une exposition, dont le but est l’affirmation d’un sentiment communautaire, lié à la foi, le lieu ou la nation. La douleur a tendance à y être exemplaire, et la compassion réchauffe le cœur parce qu’elle unit les spectateurs aux participants en un témoignage public de la valeur de la souffrance partagée42. »

22Il pourrait y avoir là un moyen utile d’envisager au moins certains aspects de la politique radicale et réformatrice du xixe siècle. À partir des années 1830, les récits journalistiques des processions incluent une description détaillée des sites, des drapeaux, des banderoles et des objets utilisés, et des associations historiques que les contemporains étaient censés en tirer. À Hamilton, dans le Lanarkshire, une importante manifestation en faveur du Reform Bill de 1884, et condamnant l’opposition de la chambre des Lords, était pleine de références aux martyrs des xviie et xixe siècles :

« Les hommes portaient trois drapeaux, utilisés en 1832, des épées et des piques qui avaient servi dans le conflit des Covenantaires et dans le soulèvement radical. […] L’une des épées était celle de John Brown de Priesthill, et était tenue par un descendant du martyr. […] Une autre était celle du martyr politique James Wilson, de Strathaven, décapité à Glasgow. Les autres étaient des épées à deux mains ou à garde en panier, reliques de Drumclog et de Bothwell Bridge43. »

23Lors de ce rassemblement, comme pour bien d’autres au xixe siècle, on remarquait la présence de « vétérans » d’autres campagnes réformatrices, qui offraient ce qu’Antony Taylor appelle « une lignée vécue de la lutte radicale », mais qui étaient, en un sens, les acteurs de la reconstitution de leurs activités antérieures et les « monuments mobiles » des luttes précédentes44.

24Dans la deuxième moitié du xixe siècle, les processions de réformateurs se mirent à ressembler de plus en plus à des reconstitutions hautement politisées, incarnant le passé local et national, et le lien entre ces deux dimensions. À partir de la fin du siècle, les mêmes reliques et les mêmes récits historiques (des Covenantaires jusqu’au radicalisme d’après 1815, au chartisme et aux Reform Acts) allaient servir de base aux présentations muséographiques et peupler l’histoire des bourgs et des villages. Radicaux et réformateurs empruntaient les mêmes itinéraires et portaient les mêmes banderoles ; ils brandissaient les mêmes armes et utilisaient les mêmes reliques ; ils ne se contentaient pas d’évoquer les événements historiques anciens, ils les reconstituaient. Les liens tissés avec les Covenantaires du xviie siècle, par le biais de récits, de reliques mobiles et d’espaces associés à eux, jouaient un rôle capital dans ce riche théâtre politique des basses-terres d’Écosse. Ils laissèrent un puissant héritage, qui s’est maintenu dans la première moitié du xxe siècle, et même au-delà, dans certains cas isolés. Surtout, ils offrent un moyen utile de penser la façon dont les activités politiques étaient vécues et ressenties, et non simplement décrites ou relatées.

Notes de bas de page

1  Christie S., My Granny Made Me an Anarchist : The Cultural and Political Formation of a West of Scotland “Baby-Boomer”. The Christie ffle : part 1, 1946-1964, Hastings, Arguments and Facts Media, 2002, p. 6, 32.

2  Brown C. G., The Death of Christian Britain : Understanding Secularisation 1800-2000, Londres, Routledge, 2009.

3  Pour le rôle de la religion plus généralement, voir Knox W. W., « Religion and the Scottish Labour movement, c. 1900-1939 », Journal of Contemporary History, n° 23/4, 1988, p. 609-630.

4  Barr J., Lang Syne : Memoirs of the Rev. James Barr, Glasgow, William Maclellan & Co., 1949, p. 3.

5  Ibid., p. 128-129, 202-203 ; Barr J., The Scottish Covenanters, Glasgow, J. Smith & Son, 1946.

6  Johnston T., Memories, Londres, Collins, 1952, p. 240-241.

7  Stewart W., « “Mang muirs and mosses many” », in Stewart W., Selections of the Writings of William Stewart (Gavroche), Glasgow, Robert Gibson & Sons, 1948, p. 132.

8  Pour quelques exemples, voir Kidd C., « Conditional Britons : the Scots Covenanting tradition and the eighteenth-century British state », English Historical Review, n° 117/474, 2002, p. 1147-1176 ; Wallace V., Exporting Radicalism within the Empire : Scots Presbyterian Political Values in Scotland and British North America, c. 1815-c. 1850, thèse de doctorat, université de Glasgow, 2009 ; Coleman J. J., Remembering the Past in Nineteenth-Century Scotland : Commemoration, Nationality, and Memory, Édimbourg, Edinburgh University Press, 2014, chap. 5.

9  La littérature est abondante et ne cesse d’augmenter, mais les principaux travaux incluent Epstein J., « Spatial practices/democratic vistas », in id., In Practice : Studies in the Language and Culture of Popular Movements in Britain, Stanford, Stanford University Press, 2003, p. 106-125 ; Parolin C., Radical Spaces : Venues of Popular Politics in London, 1790-c. 1845, Canberra, ANU Press, 2009 ; Navickas K., Protest and the Politics of Space and Place, 1789-1848, Manchester, Manchester University Press, 2015.

10  Pour une bonne introduction, voir Goodwin J., Jasper J. M. et Polletta F., « Introduction : why emotions matter », in id. (éd.), Passionate Politics : Emotions and Social Movements, Chicago, University of Chicago Press, 2001, p. 1-24.

11  Ma propre perception des Covenantaires dépend beaucoup de Jardine M., The United Societies : Militancy, Martyrdom and the Presbyterian Movement in Late Restoration Scotland, 1679 to 1688, thèse de doctorat, université d’Édimbourg, 2009. Voir aussi le site [https://drmarkjardine.wordpress.com], consulté le 4 décembre 2015, Mason R. A., « The aristocracy, episcopacy and the revolution of 1638 », et Kiernan V., « A banner with a strange device : the later Covenanters », in T. Brotherstone (éd.), Covenant, Charter and Party : Traditions of Revolt and Protest in Modern Scottish History, Aberdeen, Aberdeen University Press, 1988, p. 7-49.

12  A Cloud of Witnesses, for the Royal Prerogatives of Jesus Christ : or, The Last Speeches and Testimonies of Those Who Suffered for the Truth in Scotland, since the Year 1680, Édimbourg, D. Paterson, 1730 ; Howie John, Biographia Scoticana, or, A Brief Historical Account of the Lives, Characters, and Memorable Transactions of the Most Eminent Scots Worthies, 2e éd., Glasgow, J. Bryce, 1781-1782.

13  Mccrie T., A Vindication of the Scottish Covenanters : Consisting of a Review of the First Series of the « Tales of my Landlord », Extracted from the Christian Instructor for 1817, Glasgow, M. Ogle, 1824 ; Murray D. M., « Martyrs or madmen ? The Covenanters, Sir Walter Scott and Dr Thomas McCrie », Innes Review, n° 43/2, 1992, p. 166-175.

14  Les travaux les plus pertinents pour le radicalisme du xixe siècle sont Belchem J., « Republicanism, popular constitutionalism and the radical platform in early nineteenth-century England », Social History, n° 6/1, 1981, p. 1-32 ; Epstein J., « The constitutional idiom : radical reasoning, rhetoric and action in early nineteenth-century England », Journal of Social History, n° 23/3, 1990, p. 558-563 ; Vernon J., Politics and the People : A Study in English Political Culture, c. 1815-1867, Cambridge, Cambridge University Press, 1993, chap. 8. Pour un ouvrage récent et suggestif, qui souligne les fonctions complexes des récits au sein des mouvements de protestation, voir Polletta F., It Was Like a Fever : Storytelling in Protest and Politics, Chicago, University of Chicago Press, 2006.

15  Parkhill J., The Life and Opinions of Arthur Sneddon, Paisley, 1860, p. 79.

16  Scotsman, 25 mai et 24 septembre 1831.

17  Hogg’s Weekly Instructor, 3 octobre 1846. Pour d’autres travaux sur la culture matérielle et la politique radicale et réformiste, voir Nixon M., Pentland G. et Roberts M., « The material culture of Scottish reform politics, c. 1820-c. 1884 », Journal of Scottish Historical Studies, n° 32/1, 2012, p. 28-49.

18  Pour de bons exemples d’ouvrages historiques qui connurent de multiples éditions, voir Simpson R., Traditions of the Covenanters, Édimbourg, J. Johnstone, 1843 ; Simpson R., Martyrland ; or, the Perils of the Persecution, Relating Chiefly to What Befell in the Moorlands in the South and West of Scotland in What is Called “The Killing Time”, Glasgow, M. W. Bryson, 1861 ; Gilfillan G., The Martyrs, Heroes, and Bards of the Scottish Covenant, Londres, 1852. Pour des exemples de sites, d’histoires et de vestiges covenantaires, voir Adamson A. R., Ramble round Kilmarnock, Kilmarnock, T. Stevenson, 1875 ; Bryson J. M., Handbook to Strathaven and Vicinity, Strathaven, M. W. Bryson, 1905 ; Brotchie T. C. F., Some Sylvan Scenes near Glasgow, Glasgow, Aird & Goghill, 1910.

19  Beiner G., Remembering the Year of the French : Irish Folk History and Social Memory, Madison, University of Wisconsin Press, 2007.

20  Coleman, Remembering the Past, op. cit., chap. 5. Pour juger de l’ampleur de l’effort, voir ces « catalogues » de mémoriaux : Thomson J. H., The Martyr Graves of Scotland, Édimbourg, 1875 ; Todd A. B., Covenanting pilgrimages and studies, Édimbourg, 1911 ; Campbell T., Standing witnesses : a guide to the Scottish Covenanters and their memorials, Édimbourg, Saltire Society, 1996.

21  L’ouvrage clef est Pickering P. A. et Tyrell A. (éd.), Contested sites : commemoration, memorial and popular politics in nineteenth-century Britain, Aldershot, Ashgate, 2004. Voir aussi Pentland G., « “Betrayed by infamous spies” ? The commemoration of Scotland’s “radical war” of 1820 », Past & Present, n° 201, 2008, p. 141-173.

22  Pour le soulèvement, voir Pentland G., The spirit of the union : popular politics in Scotland, 1815-1820, Londres, Pickering & Chatto, 2011, chap. 4.

23  New statistical account of Scotland, 15 vol., Édimbourg, 1834-1835, vol. 6, p. 305 ; Bayne I., « Scotland free or a desert : a note on the James Wilson monument at Strathaven », Scottish Labour History, vol. 33, 1998, p. 116-119.

24  Thomson, Martyr Graves, op. cit., p. 248-252.

25  Glasgow Saturday Post and Paisley and Renfrewshire Reformer, 5 septembre 1846.

26  New Statistical Account, vol. 6, p. 304-305.

27  Stevenson J., A True Narrative of the Radical Rising in Strathaven, Glasgow, W. & W. Miller, 1835, p. 15 ; Liberator, 19 septembre 1835.

28  Thomson, Martyr Graves, op. cit., p. 249.

29  Glasgow Herald, 20 juillet 1987.

30  Prentice G., The Stories Behind some Paisley Memorials, Paisley, Loganmuir, 2005.

31  Bouwers E. G., Public Pantheons in Revolutionary Europe : Comparing Cultures of Remembrance, c. 1790-1840, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2012 ; Roberts M., « Chartism, commemoration, and the cult of the radical hero, c. 1770-c. 1840 », Labour History Review, n° 78/1, 2013, p. 3-32.

32  Southall H., « Agitate ! agitate ! organize ! Political travellers and the construction of a national politics, 1839-1880 », Transactions of the Institute of British Geographers, n° 21/1, 1996, p. 177-193. Pour la tournée de Cartwright, voir Pentland, Spirit of the Union, op. cit., p. 13-18.

33  Patriot, 21 mars 1841. On trouve un rapide traitement des thèmes convenantaires abordés dans la presse chartiste écossaise dans le livre de Fraser W. H., Chartism in Scotland, Pontypool, Merlin Press, 2010, p. 212-213.

34  Pour la tournée, voir Wilson A., The Chartist Movement in Scotland, New York, A. M. Kelley, 1970, p. 169-172 ; Fraser, Chartism in Scotland, op. cit., p. 110-114.

35  Thomson, Martyr Graves, op. cit., p. 23-25.

36  Northern Star, 23 et 30 oct. 1841.

37  Pour la première présentation publiée de ce trajet, voir le récit hostile dans Aiton W., A History of the Rencounter at Drumclog, and Battle at Bothwell Bridge, in the Month of June 1679, Hamilton, Borthwick & Co., 1821, p. 98-101. Les sites liés à Wallace sont évoqués en même temps que Drumclog in Thomson, Martyr Graves, op. cit., chap. 2.

38  Northern Star, 6 novembre 1841.

39  Northern Star, 23 octobre 1841.

40  Pour une très intéressante discussion des dimensions spatiales des processions radicales, voir Navickas, Protest, op. cit., p. 177-188.

41  Mccalman I. et Pickering P. A. (éd.), Historical Re-enactment : From Realism to the Affective Turn, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2010.

42  Lamb J., The Evolution of Sympathy in the Long Eighteenth Century, Londres, Pickering & Chatto, 2009, p. 137.

43  Scotsman, 29 août 1884.

44  Taylor A., « The old Chartist : radical veterans on the late nineteenth- and early twentieth-century political platform », History, n° 95/320, 2010, p. 458-476 ; Gapps S., « On being a mobile monument : historical re-enactments and commemorations », in Mccalman et Pickering (éd.), Historical Re-enactment, op. cit., p. 50-62.


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