« L’université dans la ville », l’université de Paris-XII à Créteil, 1995-2005
p. 275-294
Texte intégral
1« Stopper l’éparpillement de Paris-XII. » Tel est le titre de l’article de Créteil. Vivre ensemble, journal municipal de Créteil, d’avril 1996, qui présente la politique d’implantation de la présidente nouvellement élue, Hélène Lamicq :
« Je souhaite stopper l’éparpillement de Paris-XII1. L’université est actuellement éclatée sur deux départements et dix sites. Tout cela entraîne des frais de structures car il faut des bâtiments, du personnel, etc.2. »
2Politique confirmée quelques années plus tard dans la présentation que le vice-président, chargé du patrimoine depuis 1994, Jean-François Dufeu, fait au conseil d’administration du 19 février 1999, sur l’état d’avancement des travaux, en évoquant « les synergies pédagogiques et scientifiques [créées] par une nouvelle pratique de l’université dans la ville3 ».
3En réalité, la politique de recentrement sur Créteil est antérieure. Commencée dès le début des années 1990 sous l’impulsion des deux présidents précédents, Daniel-Nicolas Laurent et Bernard Dizambourg, elle s’opère alors que s’ouvrent de nouvelles perspectives avec l’implication croissante des collectivités territoriales et les grands programmes de soutien gouvernementaux U2000, puis U3M4. Devant la progression sans précédent du nombre d’étudiants et l’impossibilité d’augmenter sur place les capacités d’accueil, les universités de la première couronne, voire celles de Paris-centre, se font une concurrence effrénée pour l’ouverture de centres dits « délocalisés » en grande banlieue5. Et c’est avec le soutien des syndicats des villes nouvelles d’Évry d’abord, puis de Sénart, que l’université a pu poursuivre son développement et rompre « l’asphyxie » dénoncée par le président Guillou en février 19816. Paris-XII confirme alors une stratégie de développement vers le Sud-Est francilien et le Sud Seine-et-Marne.
4Pour autant, l’histoire de Paris-XII est d’abord une histoire valdemarnaise, voire cristolienne7. Issue du regroupement de trois entités – la faculté de droit et de sciences économiques établie à Saint-Maur, la faculté de médecine au CHU Henri Mondor et le Centre multidisciplinaire de Créteil (CMC) – elle devient une université à part entière au terme de l’arrêté du 21 mars 1970. La rentrée universitaire a lieu au mois de décembre suivant au CMC – avant l’inauguration qui aura lieu en 1971 – dans des bâtiments qui sortent tout juste de terre, selon le projet de l’architecte Denis Sloan, averti seulement en janvier8. Le CMC est alors qualifié « d’université intégrée », intégré à la « nouvelle ville » de Créteil, elle-même en construction, dont il occupe l’un des quartiers, délimité comme ailleurs par des voies de circulation automobiles et piétonnes9.
5Le propos de cette contribution va donc consister à évoquer le troisième temps de l’implantation de Paris-XII : celui du recentrage sur Créteil, et plus particulièrement autour de la station de métro Créteil-Université, du Mail des Mèches et de l’avenue du Général de Gaulle, et de l’élaboration du discours de « l’université dans la ville » alors même que celle-ci poursuit son développement dans d’autres communes du département et en direction de Sénart-Fontainebleau10. Pour cela, seront utilisés les procès-verbaux des conseils d’administration et les archives de l’université, versées aux archives départementales du Val-de-Marne, les entretiens menés auprès d’une partie des anciens responsables de l’université11, les échanges de courriers et les comptes rendus des entrevues entre les représentants universitaires et ceux de la municipalité de Créteil, enfin en présence de Denis Sloan et de Jean-François Dufeu, la conférence-débat animée par Laurent Coudroy de Lille, le 22 février 201212 (voir ill. 1).
Ill. 1. – Sites de l’université de Paris 12 entre 1990 et 2000, et à Créteil en 2005. Sont également indiqués les sites encore loués en 2005, le Centre Saint-Simon et la Pyramide.

Sources : cartographique, IGN, Open Street Map ; UPVM, Connaissance action 2000, Aux origines de l’UPEC, Vivre ensemble, 1991, 1999 ; cartographie, Juliette Morel, 2014 UPMV.
« Dans les années 1980, l’université se trouvait enfermée »
6La remarque de Jean-François Dufeu confirme le sentiment partagé par les responsables de l’université13. Les 16670 étudiants, soit un effectif étudiant multiplié par 5,6 entre 1970 et 1989, sont à 46,5 % sur le site du CMC mais également nombreux sur le site de Saint-Maur où 5 000 étudiants sont accueillis dans des locaux inadaptés, aux conditions de sécurité insuffisantes14. La progression du nombre d’étudiants dans le « secteur tertiaire », déjà majoritaire (52 % en administration, droit, sciences économiques et gestion), est jugée prévisible par le président Laurent au cours de la séance du conseil d’administration du 25 juin 1987, compte tenu du nombre des futurs bacheliers engagés dans les sections B et G et de l’insuffisance de l’encadrement universitaire de l’Est parisien15. À la même date, 57 % des habitants de la Seine-et-Marne ont moins de 35 ans et 30 % moins de 21. Un premier « projet de développement » en lien avec ces perspectives de croissance, présenté au cours de la même séance du conseil d’administration, est refusé par le ministère pour cause d’implication insuffisante des collectivités territoriales16.
7S’ouvre alors une période de transition marquée par les tentatives de conciliation de part et d’autre. Laurent Cathala, maire de Créteil, définit dans les termes qui vont suivre la participation d’une municipalité aux projets universitaires. Il n’est alors, en 1982, pas question d’investir dans des lieux d’enseignements. Sa remarque porte sur le logement étudiant et présente les formes possibles de coopération :
« Jusqu’à présent, il n’a jamais été de la responsabilité d’une collectivité locale de financer une résidence universitaire ; par contre il est effectivement de la responsabilité de la commune de prévoir un terrain pour la construction17. »
8Une lettre du président Laurent au maire de Créteil, en date du 1er décembre 1988, va cependant beaucoup plus loin à la suite d’une rencontre des présidents d’université avec le Ministre.
« Il semble acquis qu’aujourd’hui le Ministère de l’Éducation nationale envisage la reprise d’un programme de constructions universitaires (malgré les avis négatifs de la DATAR) convaincu qu’il est, de la nécessité d’accroître les capacités d’accueil pour les étudiants de 1er cycle en Région parisienne [dans le cadre de] la démocratisation de l’enseignement post-baccalauréat. Une restructuration des implantations des 13 universités est en route, mais il nous a été précisé que la participation des collectivités locales serait une condition très favorable à la construction de nouveaux locaux ou à l’extension sur place de locaux antérieurement construits18. »
9Sont ainsi précisées les prémisses de la politique contractuelle entre les collectivités territoriales et l’État en Île-de-France pour relancer la construction universitaire.
10Si le ton reste assez informatif, tout en demandant un entretien au maire, il devient plus demandeur un peu plus d’an plus tard dans un courrier du 5 janvier 199019. Le récit de la situation de Créteil est beaucoup plus dramatisé. Le président Laurent rappelle en particulier « la disparition de ce qu’il était convenu d’appeler la réserve foncière potentielle du Centre multidisciplinaire » faisant ainsi écho à la reprise par la SEMAEC, société d’économie mixte d’aménagement de Créteil, des terrains encore inutilisés par l’université pour en faire des logements20 (voir ill. 2).
Ill. 2. – Projet initial de l’UPVM, Archives municipales de Créteil, 1753W 2, Lettre de Pierre Conroux, responsable de l’urbanisme de la Ville de Créteil, à Laurent Cathala sur l’extension du second bâtiment de l’AES, 12 avril 1991 (annexe) Archives municipales de Créteil.

11Il confirme l’obligation dans laquelle il va se trouver de louer des locaux de bureaux, rappelle les problèmes de résidence universitaire et d’implantations sportives, et se fait beaucoup plus insistant pour une aide financière complémentaire à celle du Ministère ; voire plus surprenant quand on connaît la suite : « Est-il possible pour la municipalité de Créteil d’envisager, comme le propose Saint-Maur, une cession de terrain à notre ministère21 ? »
12Autrement dit, les conditions de partenariat ne sont pas simples d’autant que le plan U2000 opte clairement pour le soutien aux universités en grande périphérie, dans les villes nouvelles. En ce sens, l’incitation à l’investissement de Créteil vers le sud de la Seine-et-Marne paraît parfaitement justifiée, de même que le long accompagnement vers l’autonomie de l’établissement d’Évry22. L’implication municipale ne peut porter que sur des questions d’aménagement local, tendant à renforcer la position de ville universitaire, présente dès la création concomitante de la « nouvelle ville » de Créteil et de l’université23.
13Trois épisodes vont cependant aller dans le sens d’une plus grande collaboration. En premier lieu la participation à hauteur de 15 % de la Ville de Créteil à la réalisation de la seconde tranche du bâtiment de l’AES, menée à la suite de la précédente, sur un délaissé appartenant au ministère de l’Éducation nationale, moyennant une dérogation au prospect comme le rappelle le journal municipal Créteil. Vivre ensemble :
« La construction d’une deuxième tranche d’équipement sur 2000 m2, est également inscrite au programme d’extension de l’université. Un nouveau bâtiment, sur quatre niveaux lui aussi, permettra de concentrer les activités d’enseignement liées à la filière AES. Il libérera du même coup des surfaces au profit de l’UER de sciences et de technologie.
Pour l’élaboration de ces travaux, différents partenaires se sont associés à l’université. “Ce partenariat, dit-on au sein de l’université, est un des éléments de la politique contractuelle avec les régions et les collectivités territoriales d’Île-de-France, comme cela s’est déjà pratiqué pour de très nombreuses universités provinciales”.
La ville de Créteil, sollicitée par l’Université, n’est pas restée insensible à l’appel. Elle a consenti un effort financier, en souhaitant une contribution équivalente des autres collectivités territoriales du département. Le Conseil municipal s’est donc prononcé favorablement pour une contribution financière de la commune. Celle-ci participera à hauteur de 15 % des dépenses de construction de cette future tranche d’extension qui débutera en octobre 199124 » (voir ill. 3).
Ill. 3. – Bâtiment T, construit en deux tranches à partir de 1990. Service central de la communication UPEC.

14Le second est la présentation d’une « politique des sites et bâtiments » au CA du 26 juin 1991 par le président Dizambourg dans le cadre du pré-projet quadriennal25. Les objectifs sont les suivants : asseoir le développement de l’université sur une périodicité moyenne, rationaliser l’usage des sites, améliorer les services aux usagers. Cinq sites sont envisagés : Saint-Maur, le CMC, le CHU, Vitry (sans aucune autre précision) et Melun-Sénart.
« L’état des lieux fait ressortir la surcharge des installations existantes : l’augmentation des effectifs dans les prochaines années va aggraver la situation si n’est entreprise, outre les constructions en cours (CMC), prévues (Saint-Maur) ou correspondant aux nouveaux sites envisagés (Ivry), une intervention sur les sites existants pour qu’ils soient mieux utilisés. De toute manière, le vieillissement de certaines infrastructures oblige à une certaine réhabilitation. C’est donc l’occasion d’améliorer l’existant.
Trois idées-forces inspirent les propositions qui suivent :
– faire que le cadre de travail permette un meilleur fonctionnement de la mission essentielle de l’Université : enseigner, étudier, rechercher ;
– faire que ce cadre soit aussi un cadre de vie et de sociabilité ;
– faire enfin que ce cadre soit mieux lié à son environnement urbain pour que l’Université s’ouvre davantage sur la ville et que cette dernière trouve dans l’Université un lieu de culture26. »
15C’est dans le même projet qu’est évoquée la Maison de l’étudiant sur le site du CMC.
16Le dernier épisode relève du cas particulier de l’Institut d’urbanisme de Paris. Une lettre de Pierre Conroux, directeur général de l’urbanisme et du développement de la ville de Créteil, datée du 13 mars 1992, au secrétaire général de la commune, évoque les démarches de Marcel Roncayolo, nouveau directeur de l’IUP, Institut d’urbanisme de Paris, en accord avec la présidence, sur l’avenir de l’institut dont il faut rappeler qu’il se situe, comme la faculté des lettres et la présidence, dans le bâtiment l du CMC.
17Cette lettre est surtout intéressante en ce qu’elle indique en creux la stratégie de développement de l’université telle qu’elle est perçue par la municipalité. Pierre Conroux évoque tout d’abord la priorité accordée, dans l’avenir, aux sciences : « L’accroissement des capacités d’accueil pour les années à venir, devrait porter presque exclusivement sur les effectifs en sciences, secteur particulièrement porteur pour le CMC, alors que la création de filières nouvelles depuis 1973, sans affectation de surfaces, ont hypothéqué le développement du secteur des Sciences et établi un système concurrentiel au sein de l’Université. Dès lors la tentation est forte de relancer l’identité du CMC de Créteil autour de ce pôle d’excellence (Sciences et Techniques), en lui réservant les possibilités d’extension sur le site27. » Second argument développé : la reconstruction de Saint-Maur devrait offrir également d’autres possibilités de développement y compris pour des disciplines installées au CMC. Au total donc, un risque sérieux de déstabilisation de l’IUP, obligé soit de partir à Marne-la-Vallée à la Cité Descartes ou à Saint-Maur, soit de se maintenir à Créteil mais dans quelles conditions28 : « L’université, en toute logique, doit pouvoir “rentabiliser” sa situation et l’ambition louable de la Présidence de corriger et de rationaliser les surfaces, met de fait l’Institut en état d’instabilité. » En ce sens, « il serait vraiment regrettable que la Ville de Créteil se trouvât amputée d’un Institut d’urbanisme de qualité, délivrant des diplômes de 3e cycle ». C’est ainsi l’occasion de rappeler la position de Créteil « ville préfecture, ville phare du département, également ville universitaire29 ». En rappelant le rôle de la ville, ce courrier participe déjà d’une nouvelle phase des rapports entre les deux partenaires.
Des propositions concurrentes
18Plusieurs solutions sont envisagées de part et d’autre au cours des deux années suivantes parallèlement à l’enlisement du dossier de Saint-Maur et aux aménagements internes du CMC ainsi qu’à la poursuite du développement sur d’autres sites de l’université, en particulier à Vitry dont la réalisation est soutenue par le conseil général du Val-de-Marne. Au cours d’une réunion préparatoire à l’entrevue du président Dizambourg avec le maire de Créteil, deux objectifs principaux sont évoqués30. Tout d’abord, l’amélioration « des espaces intérieurs à l’Université » puis « l’intégration à son environnement ». La première passe par la réfection des parkings, de la dalle et la disparition progressive des préfabriqués. Pour la seconde, l’université souhaite que les liaisons avec les autres quartiers soient, sur certains points, « retraités : (ex : jonction avec le Mail des Mèches, accès principal à l’Université, signalisation, etc.)31 ». Autrement dit, reprendre et terminer le projet originel de l’architecte Denis Sloan32. Le second objectif concerne la création d’une sorte de cloister [sic] cristolien autour de la santé dans le parc technologique de Créteil, Europarc, rassemblant des entreprises de pointe, PME innovantes réunies en « hameau » autour de l’IRVT, Institut de recherche sur la régénération tissulaire33.
19Une note en marge de la transmission du procès-verbal du conseil d’administration du 25 novembre 1992 de la main de Laurent Cathala revient sur ces objectifs :
« Proposer à Dizambourg un plan triennal de développement et de partenariat entre la ville et l’université
– intégrant participation à l’aménagement des espaces extérieurs ;
– participation au financement de la Maison de l’étudiant ;
– installation à Europarc34. »
20On notera le refus d’une intervention en ce qui concerne les aménagements intérieurs qui ne relèvent pas de la compétence de la Ville ; en revanche l’accord sur un investissement en faveur de la Maison de l’étudiant et de l’environnement urbain de l’université ; enfin la possibilité d’une implication dans des conditions non précisées en cas de déménagement ou de développement du pôle scientifique à Europarc.
21Le tournant a cependant lieu un peu plus tard, en 1994, dans le contexte du « schéma U200035 ». Le CPER, Contrat Projet État-Région36, en cours de signature prévoit en effet le « parachèvement du centre de Créteil » dont il est précisé « qu’il est attendu depuis le début des années 1970 » et qu’il « n’a pas fait l’objet d’une définition précise ». Il devient donc nécessaire de mettre en œuvre un schéma directeur d’aménagement « pour assurer la cohérence entre les besoins de l’université et les possibilités du site et de fournir ainsi le cadre des décisions d’investissements des prochaines années37 ».
22Deux propositions distinctes sont portées par l’université d’une part et par la Ville de Créteil d’autre part. La première revient à une densification du site de Créteil. Pour le président Dizambourg, il s’agit « de définir les orientations pour les dix à quinze années à venir », de faire de ce schéma « un instrument de dialogue interne et surtout externe […] une base de discussion avec les autorités de tutelle mais aussi les collectivités locales et territoriales38 ». Le projet repose sur l’évaluation du déficit en m2 selon les normes en vigueur. Toutes les fonctions universitaires sont concernées : bibliothèque, recherche, enseignement et administration. Il manque également des équipements comme un restaurant des personnels. Au total, 30 000 m2 en ce qui concerne le site du CMC.
23Le programme présenté par l’agence de « l’architecte conseil39 » devrait permettre de récupérer 18 000 m2. Il s’agit de :
« Construire des barres de bâtiments qui complètent le maillage du site et qui permettent de requalifier les espaces interstitiels en y éliminant le stationnement et en les garnissant de plantations.
Ces « barres », comprenant quatre étages, peuvent être envisagées :
– entre les bâtiments L1 et P1 (4 000 m2) [6] ;
– entre le bâtiment L1 et les amphithéâtres (3150 m2) [5] ;
– entre le bâtiment P4 et la Bibliothèque (3600 m2) [7].
Il est possible de surélever à R+4 le bâtiment 13 (430 m2) et de surélever l’Atelier-Hall de Technologie de l’IUT à R+3 (2100 m2).
Des aménagements sont aussi possibles sur la dalle (restaurant du personnel, services d’accueil)40 » (voir ill. 4).
Ill. 4. – Projet du schéma directeur d’aménagement et de développement du site de Créteil, présenté par le cabinet Champetier de Ribes et Marcelli, au conseil d’administration du 27 avril 1994, document en annexe.

24Une densification considérable du site qui dépasse largement le COS (coefficient d’occupation des sols) déjà atteint au CMC, et qui ne résout en rien les problèmes de stationnement voire même les besoins réels en surface. Le déplacement de formations hors du CMC, voire de Créteil, reste à envisager. L’IUT ne se développerait que marginalement sur place, l’essentiel se faisant à Sénart et à Vitry ; l’IUP serait conduit à quitter le CMC. Ainsi « les extensions futures serviront essentiellement à diminuer le déficit en surfaces pédagogiques de la Faculté des Lettres et en surface de recherche de la Faculté des Sciences41 ». La densification ne pose-t-elle pas de plus un problème en « referm[ant] l’Université sur elle-même alors que jusque-là elle était ouverte sur la ville42 » ? À ce niveau de réflexion, aucune solution financière n’est réellement évoquée. Seules quelques opérations urgentes sont précisées : la surélévation de l’atelier de l’IUT et les conditions d’accueil sur le site. Les réticences du conseil d’administration concernent donc l’insertion urbaine et la densification du site et rejoignent en ce sens les craintes de la Ville.
25La seconde solution, proposée par celle-ci, repose sur le déclassement de la cité administrative dans le quartier de La Lévrière-Haye aux Moines, située en limite du Mail des Mèches, à la sortie de la station de métro Créteil Université. Les premiers documents disponibles aux archives municipales évoquent les solutions diverses de requalification43 pour un programme qui à la date du 9 février 1994 concerne des logements.
26Néanmoins une lettre datée du 30 mai 1994 de Laurent Cathala au préfet du Val-de-Marne, confirme l’attribution de la zone à l’extension de l’université :
« La Ville de Créteil serait disposée compte tenu des difficultés rencontrées par l’Université pour répondre à ses besoins de développement dans son périmètre actuel, à réserver des terrains dans ce but, sur le secteur de l’ancienne Cité administrative. […] Un peu plus d’1 ha serait disponible pour permettre l’accueil d’une petite résidence universitaire, environ 10 000 m2 SHON de locaux d’enseignement, et éventuellement une bibliothèque si dans ce programme global, sa surface reste compatible avec la capacité et la fonctionnalité du site44. »
27La presse locale relaie l’information en qualifiant l’opération de « ballon d’oxygène pour l’université45 », se félicitant de ce que « l’agrandissement de l’Université fait l’unanimité46 ». L’enjeu en est d’autant plus considérable que la reconstruction et l’extension du site de Saint-Maur semblent compromises47 et qu’il convient d’avancer au risque de voir disparaître les subventions du CPER48. La faisabilité de l’opération repose sur la mise à disposition à titre gratuit des terrains par la municipalité de Créteil. Comme le rappelle le maire Laurent Cathala :
« J’ai volé au secours de l’État. À la fin des années 1960, dans le cadre de l’opération du nouveau Créteil, la ville s’est portée acquéreur de ces terrains par l’intermédiaire de la SEMAEC. À l’époque, le m2 valait 37 F. C’est grâce à la maîtrise publique des sols que la municipalité de Créteil peut aujourd’hui offrir ces 20 000 m2 dont la valeur marchande est estimée à 20 millions de F49. »
28La convention passée entre l’Université, la Ville et la SEMAEC50, est préparée par un groupe de travail dirigé par Dominique Giry, président du tout nouveau CODEV, comité de développement du Val-de-Marne. Les articles 2 et 3 font part des engagements réciproques de deux parties :
« Article 2
Engagements de l’université
L’université Paris XII-Val-de-Marne s’engage à :
– ne pas augmenter les capacités d’accueil d’étudiants et de personnel sur le site du CMC ;
– à associer la ville de Créteil à la réalisation de son schéma d’aménagement du site. Ce schéma doit permettre de définir les besoins de requalification et de réhabilitation du site, les équipements complémentaires nécessaires à l’activité universitaire et leur localisation, l’échéancier de réalisation de ces opérations.
Article 3
Engagements de la Ville
– participer à la réalisation du schéma directeur prévu à l’article précédent ;
– accueillir favorablement toute proposition susceptible de contribuer à l’amélioration du fonctionnement de l’Université et à l’amélioration de son insertion dans la ville, dès lors qu’elle s’inscrit dans l’objectif de stabilisation de la densité du site fixé à l’article précédent51. »
29Le programme repose sur trois « ensembles » dont la convention précise « qu’[ils] forment un tout cohérent en terme d’aménagement et d’activités pédagogiques, scientifiques et culturelles » complété par la construction d’une résidence universitaire.
30Dans un premier temps, il s’agit essentiellement de soulager le CMC avec la construction d’un bâtiment pour l’Institut d’urbanisme, d’une bibliothèque de lettres et sciences humaines et d’un « Pôle langues international52 ». La renonciation définitive à la « ZAC des facultés » de Saint-Maur, au cours de l’été 1995, conduit à une évolution importante : le projet repose alors sur la « partition » des facultés de droit et de sciences économiques53. Celle-ci rallierait la ZAC du Mail des Mèches et serait suivie par l’Institut européen de gestion. L’Institut d’urbanisme de Paris, quittant le CMC, s’y installerait également. Y seraient jointes une « bibliothèque juridico-économique » de 2900 m2, une résidence universitaire de 100 lits et un hébergement d’urgence.
31Le plan directeur d’aménagement de l’architecte Michel Marcelli (10 000 m2 de locaux universitaires et d’hébergement) correspond à peu près aux implantations des nouveaux bâtiments construits en 2000 pour les sciences économiques, en 2003 pour l’Institut d’administration des entreprises Gustave Eiffel, en 2004 pour l’Institut d’urbanisme de Paris54. La bibliothèque d’économie et d’urbanisme est installée à l’intérieur du bâtiment de sciences économiques, ce qui lui fait perdre l’ambition originelle d’ouverture aux habitants du quartier55 (voir fig. 8 du cahier couleur).
32La différence essentielle par rapport au projet initial réside dans la réalisation d’un parvis entre les bâtiments futurs plutôt que d’un jardin arboré tel qu’il apparaît dans la presse ou sur le tract de l’IUP56. Ouvert sur le Mail des Mèches, qui on s’en souvient, mène les piétons de la station de métro au CMC et au-delà au Palais de Justice, le parvis crée une continuité avec les commerces de La Lévrière et l’accès au pied des tours de logement57.
33L’intégration urbaine est complétée par l’adoption d’une architecture qui tient compte de la déclivité du relief comme le rappelle l’architecte du bâtiment de sciences économiques, Pierre Riboulet58, dans l’article de Créteil. Vivre ensemble de janvier 200159 : « Le terrain étant accidenté à la base, j’ai tenu compte de cette donnée en superposant les étages de façon inégale. Ce qui donne à la construction une silhouette mouvementée. » Cette disposition aurait dû être encore accentuée par les nuances de couleurs du béton entre le blanc, le gris et le beige dont il faut bien dire aujourd’hui que l’effet a disparu.
34Mais l’essentiel de l’ouverture sur la ville réside dans la présence des deux grands porches qui accentue encore l’originalité de la construction :
« Lors de l’élaboration de ce projet, l’université a tenu à ce que les futures constructions soient ouvertes sur la ville et que les piétons puissent passer librement sous les bâtiments. Pierre Riboulet a donc respecté ce souhait et a imaginé deux grands porches, l’un allant du rez-de-chaussée au premier étage et l’autre du rez-de-chaussée au deuxième étage, de sorte que l’édifice semble enjamber ces deux porches60 » (voir ill. 5).
35Avec les amphis au premier étage, les bureaux au second, les salles de cours au troisième, la bibliothèque sur deux niveaux en mezzanine au quatrième et les salles de lecture au rez-de-chaussée, le parti architectural fort contraste avec les constructions plus compactes de l’IAE, de l’IUP, voire de la Maison des langues qui clôt le parvis en vis-à-vis, le long de la ligne du métro depuis 2011.
Ill. 5. – Site du Mail des Mèches : à gauche, bâtiment de l’UFR de sciences économiques (architectes Pierre Riboulet et Dimitri Chpakovski, 2000) ; à droite, bâtiment de l’Institut d’urbanisme de Paris (architecte Rémy Butler), 2004. Entre les deux, l’une des tours de logements du quartier de La Lévrière-Haye aux moines, le long du Mail des Mèches. Cliché Éléonore Marantz.

« L’université dans la ville61 »
36Le Créteil. Vivre ensemble de janvier 2001 annonce la poursuite de la politique de développement de l’université à Créteil :
« Dans un souci de rationalité et d’efficacité, l’université Paris-XII opère actuellement une importante restructuration de ses sites sur Créteil, avec l’aide de la ville. À terme un vaste complexe multidisciplinaire devrait accueillir près de 20 000 étudiants répartis en différents points de la commune62. »
37L’opération en question concerne surtout à cette date la construction de l’UFR de droit. On l’a vu, le projet de la ZAC des facultés a échoué à Saint-Maur63. Pour autant, une partie des financements prévus pour la reconstruction du site est utilisée pour la mise en conformité des bâtiments et la sécurité minimale des étudiants. Il devient évident qu’il faut trouver un autre site. Une première proposition, présentée avec l’ensemble de la politique immobilière de l’université, définie dans le cadre du plan U3M et du 12e CPER, est présentée par Jean-François Dufeu au CA du 19 février 1999. Le terrain « gratuit » se situe au bord du lac de Créteil à côté de la base de loisirs. Ce site « permet de rapprocher la Faculté de Droit des autres composantes de l’Université » avec l’accord du conseil général du Val-de-Marne et de la municipalité de Créteil64. Rien d’autre n’a été trouvé à ce sujet si ce n’est au cours de la même séance, la réaffirmation du refus des juristes à quitter Saint-Maur :
« Bien que conscient de l’intérêt de rapprochement des filières, le conseil de gestion de l’UFR de Droit s’oppose à tout déménagement et ceci pour les raisons suivantes :
– la crainte d’une baisse des effectifs étudiants due aux problèmes de transport et d’insécurité à Créteil ;
– le souhait d’une réhabilitation du site existant, étant donné les sommes investies récemment… ;
– les difficultés de fonctionnement pouvant découler de ce changement de sites (demandes de mutation de personnels administratifs et enseignants – 10 formations de 3e cycle en péril, actuellement largement assurées par des enseignants de l’extérieur)65… »
38La présidence reçoit à l’unanimité, moins une voix, le soutien du CA pour poursuivre l’ensemble des opérations prévues.
39Le dossier conservé aux archives municipales de l’un des recours contre l’installation à Créteil de l’UFR de droit, permet d’en reconstituer l’historique66. La convention en date du 21 juin 2000 entre la Ville, la SEMAEC et l’université démontre une situation foncière plus complexe que celle de La Haye aux moines dont la Ville était propriétaire. En effet, la SEMAEC cède au ministère de l’Éducation nationale, pour 1 F symbolique, l’emprise foncière libérée par la BRED de 14339 m2 qu’elle a acquise pour 15 070 000 F dans le cadre de la restructuration du quartier de l’Échat. La commune prendra à sa charge les frais engagés ainsi que d’autres comme la démolition des bâtiments existants. L’université s’engage, de son côté, à construire dans les trois ans et à chercher toute sorte de subvention pour « réduire la charge de la contribution de la Commune relative à la cession du foncier67 ». Cela explique la rapidité de la réalisation du programme confié à l’architecte Michel Rémon qui définit ainsi sa mission : « Le site d’implantation est rude, avec des entrepôts à proximité et dominé par la voie express. Notre démarche est donc d’intégrer l’UFR de droit dans le grand paysage urbain68 » (voir ill. 6).
Ill. 6. – UFR de droit. Quartier de l’Échat, Créteil (Architecte Michel Rémon), 2005. Service central de la communication de l’UPEC.

40D’autres implantations sont également évoquées dans le cadre de la préparation du 12e CPER69, en particulier pour la filière STAPS. En effet, l’université loue un bâtiment insuffisant et inadapté et des plateaux sportifs intérieurs et extérieurs aux communes alentour. La Ville propose de mettre à disposition un terrain situé dans le parc municipal de sports. Le bâtiment est inauguré en 2007.
41La concentration de ces nouveaux équipements en proximité du CMC en dehors du bâtiment des STAPS, situé un peu plus loin à la Pointe du Lac, conduit le rédacteur du Créteil. Vivre ensemble qui présente ce programme à évoquer non plus seulement une « université dans la ville » mais « “une ville dans la ville” avec ses multiples campus », etc.70. D’autant que la campagne d’aménagement ne concerne pas que les constructions neuves. Un effort considérable est mené au CMC pour traiter les espaces de transition entre les bâtiments universitaires, pour la plupart positionnés sur la dalle, et la ville. Un exemple : la reconstruction de l’accès au Mail des Mèches, lui-même réaménagé en espace piétonnier ouvert dans le cadre de la réhabilitation de l’ensemble commercial de la Galerie du Palais. Le grand escalier qui descendait vers la rue, parallèlement à la passerelle d’accès à la dalle, est détruit et remplacé par un autre qui aboutit au nouvel aménagement. Cet escalier que l’on qualifie de « monumental », surmonté aujourd’hui d’un grand panneau « UPEC », détourne l’extrémité de la dalle vers le quartier tout proche du Palais et conduit à isoler la passerelle en invitant à traverser la rue au niveau de l’aménagement piétonnier. En ce sens, il modifie l’intégration urbaine de l’université en tentant d’escamoter la différence de niveau de la dalle71 (voir ill. 7 et 8).
Ill. 7. – Ancien escalier parallèle à la passerelle. Service central de la communication de l’UPEC.

42La réalisation de « l’université dans la ville » résulte plus, on l’aura compris, d’un processus cumulatif que d’une intention programmatique. Pourtant dès l’origine, l’architecte Denis Sloan liait la vocation pluridisciplinaire de l’université à son insertion dans le dispositif général de la « nouvelle ville » de Créteil : elle devait devenir le pivot d’un quartier traversé par les habitants allant du Palais, à Montaigut, de La Lévrière au Palais72.
Ill. 8. – Escalier monumental surmonté de la signalisation UPEC. Service central de la communication de l’UPEC.

43Le dispositif de la dalle et la disparition des passerelles, en dehors de celle du Mail des Mèches, ont plutôt conduit à une sorte d’isolement contradictoire aux ambitions initiales mais aussi contraire au développement de l’établissement lui-même. L’aménagement de la ZAC du Mail des Mèches, celui du bâtiment de droit le long de l’avenue du Général de Gaulle, dans le cadre d’une réorganisation du quartier de l’Échat, ou encore les aménagements des abords du CMC, au-delà des « processus compensatoires » évoqués par Laurent Coudroy de Lille au cours de la table-ronde de 201273, reposent sur un processus de co-développement de la Ville et de l’université. Celui-ci a été facilité par la nécessité de rattrapage en m2 d’un établissement totalement déficitaire mais aussi au cours des années 1990 et au début des années 2000, par les grands projets ministériels et les procédures de portage financier, intégrant les collectivités territoriales74. Si le cas de Créteil n’est sans doute pas isolé, confirmant ainsi le « (ré)-ancrage des universités aux territoires75 », il est particulièrement significatif. Comme le réaffirme le bloc-notes de Laurent Cathala dans le Créteil. Vivre ensemble de juin 2000 :
« Avec l’évolution démographique et l’apparition de filières et de disciplines nouvelles, l’université Paris-XII, telle qu’elle avait été conçue en 1970, était devenue trop exiguë. Aussi depuis plusieurs années, les services de l’État, les dirigeants de l’université et la municipalité ont-ils travaillé sur un programme de mise en cohérence et de réorganisation des différentes activités universitaires sur la ville.
Il s’agit là d’une démarche d’ensemble, étroitement liée au développement urbain de Créteil pour les prochaines années, et qui vise à faire de notre ville un pôle universitaire de premier plan76. »
Notes de bas de page
1 L’université est initialement intitulée « université Paris-Val-de-Marne » (UPVM). Les dénominations données par la suite comme université Paris-XII-Val-de-Marne ou Paris 12 sont considérées comme des noms d’usage. Nous allons dans l’article utiliser la dénomination la plus couramment utilisée dans les archives de l’époque : « université de Paris-XII » ; voir Bertrand N. et Bourillon Fl., « Les archives de l’université de Paris-Est Créteil (UPEC) : le pari d’une université du grand sud-est parisien » in Luc J.-N., Méchine St. et Picard E. (dir.), Les archives universitaires. Des nouvelles sources pour l’histoire de l’enseignement supérieur et de la recherche, Paris, Éditions du Centre d’histoire du xixe siècle, 2014, p. 83-94 [https://hal-paris1.archives-ouvertes.fr/halshs-01093146] (dernière consultation le 3 avril 2017). Depuis 2010, l’université s’appelle université Paris-Est Créteil, UPEC.
2 « Stopper l’éparpillement de Paris-XII », Vivre ensemble, n° 161, avril 1996, Archives Hélène Lamicq, UPEC.
3 Archives départementales du Val-de-Marne (désormais AD94), 3378W 8, Procès-verbal du conseil d’administration (désormais CA), 19 février 1999. Voir également à ce propos Vadelorge L. et Lebeau B., « Enseignement supérieur, recherche et collectivités locales », Histoire Urbaine, n° 33, avril 2012, p. 119-132.
4 Le plan U2000 date de 1990, le plan U3M de 10 ans plus tard (2000-2006).
5 Voir Bourillon Fl. « Entre recentrement et dispersion, les enjeux d’une université “multi-sites”, l’université de Paris XII-Val-de-Marne de sa création au milieu des années 1990 », Bourillon Fl., Marantz É., Méchine S. et Vadelorge L. (dir.), De l’université de Paris aux universités franciliennes, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2016, p. 297-310.
6 AD94, 1981W 3, CA du 5 février 1981.
7 Sur les débuts de l’université de Paris-XII, voir Oubaïdourahaman A., Insertion d’une université dans une « nouvelle ville », 1967-1975, l’université de Paris-Est-Créteil, mémoire de master 1 d’histoire, sous la direction de Florence Bourillon, UPEC, 2011. Voir également Bourillon Fl., Coudroy de Lille L., Blandin C., Bertrand N. et Oubaïdourahaman A., Aux origines de l’UPEC, 40 ans de réussites universitaires en banlieue-est, Créteil, UPEC, 2011, (désormais Aux origines de l’UPEC) [http://www.u-pec.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?ID_FICHIER=1259768740512] (dernière consultation le 3 avril 2017) ainsi que Zetlaoui J., L’universitaire et ses métiers. Contribution à l’analyse des espaces de travail, Paris, L’Harmattan, 1999.
8 Sloan D., « Allocution de Denis Sloan, architecte et concepteur du Centre multidisciplinaire de Créteil », in Bonnafous S. et Chiron P. (dir.), L’Université en banlieue (UPEC, 1970-2010) Après les commémorations, Paris, Michel Houdiard Éditeur, 2012, p. 63 (désormais L’université en banlieue).
9 Sur l’urbanisation du nouveau Créteil, voir Coudroy de Lille L., Une nouvelle ville… Une histoire de l’urbanisme du Nouveau Créteil, Créteil, Le Printemps de l’IUP, 2005.
10 Le discours est partagé par d’autres universités. Voir Girault J., Lescure J.-C. et Vadelorge L. (dir.), Paris-XIII, une université en banlieue, 1970-2010, Paris, Berg International éd., 2012.
11 Les entretiens ont été menés en juin 2011 par Caroline Coquelet, Kevin Fassio, Anece Oubaïdourahaman, Victoria Schmitt-Cadet et sont en cours de dépôt aux archives départementales du Val-de-Marne. Les analyses chrono-thématiques ont été réalisées par Claire Delignou.
12 « Conférence-débat sur l’histoire de l’université et de son environnement », avec Jean-François Dufeu, vice-président du patrimoine de l’UPEC, Denis Sloan, architecte du CMC, Simone Bonnafous, présidente de l’UPEC de mars 2006 à mars 2012, animée par Laurent Coudroy de Lille, MCF à l’IUP, 22 février 2012, L’Université en banlieue, op. cit., p. 65-79.
13 Ibid., p. 71.
14 Archives de la présidence de l’université Paris-XII, n. c., en dépôt à l’UPEC.
15 AD94, 1981W 4, CA du 25 juin 1987.
16 Ibid., CA du 18 novembre 1987. Le projet en question prévoyait trois solutions : l’implantation sur d’autres sites de Créteil, l’extension de l’IUT d’Évry ou le développement autour d’un IUT dans la ville nouvelle de Marne-la-Vallée.
17 AD94, 1981W 3, CA du 19 mars 1982.
18 Archives municipales de Créteil (désormais AMC) 1753W2, Lettre du président Laurent au maire de Créteil, 1er décembre 1988.
19 Ibid., Lettre du président Laurent au maire de Créteil, 15 janvier 1990.
20 AD94, 1981W 3, CA du 5 février 1981, le projet de la SEMAEC est présenté par le président Guillou au cours de cette séance. La ville de Créteil ne laisse à l’université que les terrains acquis par le ministère de l’Éducation nationale et récupère ceux du ministère de la Culture, destinés à l’origine, à la construction d’une école d’architecture.
21 AMC, 1753W2, Lettre du président Laurent au maire de Créteil, 5 janvier 1990.
22 Sur les conditions de cette expansion vers le sud-est francilien, voir Bourillon Fl., « Entre recentrement et dispersion », op. cit.
23 Voir Bourillon Fl. et al., Aux origines de l’UPEC, op. cit.
24 Créteil. Vivre ensemble, n° 114, mars 1991. Voir également AMC, 1641W 15, Lettre de Laurent Cathala confirmant la participation financière de la municipalité au bâtiment de l’AES, 24 octobre 1990.
25 AD94, 3378W 1, CA du 26 juin 1991. Un tableau des tours de table par opération est également présenté y compris pour l’équilibre de la ZAC des facultés à Saint-Maur.
26 Ibid.
27 AMC, 1641W 15, Lettre de Pierre Conroux à Jacques Sauvaire, secrétaire général de la ville de Créteil, 13 mars 1992. Pierre Conroux assiste au conseil d’administration de l’IUP en tant que représentant de la ville de Créteil.
28 Sur l’histoire de l’Institut d’urbanisme, voir Busquet G., Carriou C. et Coudroy de Lille L., Un ancien institut… Une histoire de l’institut d’urbanisme de Paris, Créteil, Le Printemps de l’IUP, 2005.
29 AMC, 1641W 15, Lettre de Pierre Conroux à Jacques Sauvaire.
30 Ibid., Compte rendu de la réunion du 14 septembre 1992. Participent à cette réunion, outre le président Dizambourg et le secrétaire général Camus, Dominique Giry, présenté comme « administrateur de l’université » et Jacques Sauvaire, secrétaire général de la ville, rédacteur de la note.
31 Ibid.
32 On se souvient que seule la passerelle du Mail des Mèches à la dalle a été maintenue. Sur l’économie générale du projet du CMC, voir Sloan D., « Intervention au cours de la conférence-débat », L’Université en banlieue, op. cit., p. 78 ; voir également Bourillon Fl. et al., Aux origines de l’UPEC, op. cit., p. 31.
33 AMC, 1641W 15, La société Biocret « société d’études et de développement se situe à l’interface entre le monde de la recherche et le monde industriel ». Elle compterait parmi ses actionnaires l’université de Paris-XII, Créteil-Technologie, l’INSERM, le CEA, le CNRS, etc.
34 AMC, 1641W 15, Observations à la transmission du compte rendu du Conseil d’administration de l’université de Paris-XII du 30 novembre 1992.
35 L’expression est de Bernard Dizambourg, voir AD94 3378W 4, CA du 27 avril 1994.
36 Sur les conditions de financement, voir Marchand M.-J., Kissin C. et Gravot P., « Une approche opérationnelle des cofinancements. L’exemple de la mise en œuvre du Plan Université 2000 », Annuaire des collectivités locales, t. 17, 1997, p. 187-209.
37 AD94, 3378W 4, CA du 27 avril 1994. Le contrat de projet État-Région (CPER) 1994-1999 en cours, concerne en outre le développement de l’IUT de Vitry et la reconstruction du site de Saint-Maur.
38 Ibid., Débat d’orientation sur le schéma directeur du site de Créteil en vue du prochain quadriennal.
39 Il s’agit du cabinet Champetier de Ribes et Marcelli à Versailles.
40 AD94, 3378W 4, CA du 27 avril 1994, p. 4-5.
41 Ibid., p. 6.
42 Ibid., p. 5.
43 En ZAC, zone d’aménagement concerté, en lotissement ou en RNU, règlement national d’urbanisme ; voir AMC 1641W 15, Réunion ville-SEMAEC, réaménagement de l’ancienne cité administrative, 9 février 1994.
44 Ibid., Lettre du maire de Créteil au préfet du Val-de-Marne, 30 mai 1994.
45 « Un ballon d’oxygène pour l’université », Vivre ensemble, n° 144, septembre 1994.
46 Leneuf E., « L’agrandissement de l’université fait l’unanimité », Le Républicain, 30 novembre1995.
47 AD94, 3378W 4, CA du 8 juin 1994, le président Dizambourg fait le point sur les conditions difficiles de négociation avec la municipalité de Saint-Maur. Sur l’abandon de la reconstruction de Saint-Maur et le choix de Créteil, voir parmi d’autres « Restructuration de l’université Paris XII : La faculté de sciences économiques quittera Saint-Maur pour Créteil en 1999 », coll. « Villages des Bords de Marne », 11 octobre 1995.
48 Ibid., Citation du préfet du Val-de-Marne, Bruno Fontenaist.
49 Ibid., Citation de Laurent Cathala.
50 AD94, 3378W 5, CA du 22 mars 1995, la convention entre la ville de Créteil et l’université y est présentée. Le document annoncé en annexe a disparu.
51 AMC, 1367W 372, projet de convention entre la Ville de Créteil et l’université Paris-XII, 13 février 1995. Les autres membres en sont Pierre Ulrich, secrétaire général, A. Boquet, responsable administratif de l’université, Michel Marcelli, architecte conseil, Jacques Sauvaire, SEMAEC et Pierre Conroux, Ville de Créteil.
52 Ibid. Pour autant, l’attention particulière portée au sort de l’Institut d’urbanisme suscite des oppositions au CA ; voir AD94 3378W 5, CA du 7 novembre 1995, motion présentée par Gérard Dupeyrat et Gérard Lauton.
53 « Restructuration de l’université Paris-XII », Villages des Bords de Marne, op. cit., Propos du recteur d’académie Lambert.
54 L’architecte de l’IAE est Catherine Furet.
55 L’emplacement de la bibliothèque et des équipements est occupé par la Maison des langues, construite en 2011.
56 Archives Hélène Lamicq, en dépôt à l’UPEC, Collectif Urbanisme pour tous, « IUP : Incapable d’Urbaniser Potablement », 1996.
57 Le traitement des extérieurs dépend de la SEMAEC, voir Créteil. Vivre ensemble, n° 208, janvier 2001.
58 Pierre Riboulet est également intervenu dans le projet de plusieurs bibliothèques universitaires – Paris-8 (1991-1997), Cergy-Pontoise (1996-1999) et Le Mirail à Toulouse (1997-2004) – ainsi que dans celui de l’Institut français d’urbanisme à Marne-la-Vallée (1989-1991) ; voir Blain C., Pierre Riboulet, de la légitimité des formes ; œuvres 1979-2003, Paris, Éditions du Moniteur, 2004.
59 « Paris-XII rassemble ses facultés », Créteil. Vivre ensemble, n° 208, janvier 2001.
60 Ibid.
61 « L’Université dans la ville », Créteil. Vivre ensemble, n° 209, février 2001.
62 Ibid.
63 AD94, 3378W 5, CA du 7 novembre 1995, présentation d’une motion par Thiebault Flory, professeur de droit à Paris-XII Saint-Maur, faisant part « de la déception et de l’amertume de ces derniers [les juristes] face à la situation actuelle et juge inadmissible de laisser la faculté dans les locaux qu’elle occupe actuellement. »
64 À l’inverse du cas précédent, le terrain n’appartient pas à la Ville mais au Conseil général. Il sera cédé, pour un euro symbolique à la Ville pour la construction de la mosquée, inaugurée en 2008 ; voir Bourillon Fl., « 2008 Inauguration de la mosquée de Créteil », Bellanger E. et Moro J. (dir.), Le Val-de-Marne. Anthologie, 1964-2004, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 2014, p. 279-280.
65 AD94, 3378W 8, CA du 19 février 1999, intervention de Mme Maryse Degueurgue.
66 AMC, 1753W 2, Recours formé par M. Jean-Jacques Heymann, tendant à obtenir l’annulation de la délibération du conseil municipal de Créteil en date du 29 mai 2000. Celle-ci autorisait le maire à signer la convention tripartite évoquée plus haut.
67 AMC, 1367W 15, Convention tripartite Commune de Créteil, université Paris-XII Val-de-Marne, SEMAEC, 21 juin 2000.
68 « L’Université dans la ville », Créteil. Vivre ensemble, n° 209, février 2001, p. 23.
69 Pour un bilan des procédures de financement du 12e CPER, 2000-2006, voir Cour des comptes, Rapport public thématique sur la carte universitaire d’Île de France : une recomposition nécessaire, 2006, p. 37 sq. [http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/064000904.pdf] (dernière consultation le 3 avril 2017).
70 « L’Université dans la ville », Créteil. Vivre ensemble, n° 209, février 2001, p. 23.
71 L’université tourne ainsi le dos au carrefour de l’avenue du Général de Gaulle et de l’avenue Pasteur Valéry-Radot ; voir Bourillon Fl., « Le CMC et la cathédrale de Créteil, une concurrence monumentale ? », in L’Université en banlieue, op. cit., p. 79-88.
72 Conférence-débat, L’Université en banlieue, op. cit., p. 69-70.
73 Ibid., p. 77.
74 Sur les hésitations des collectivités territoriales à investir dans les équipements universitaires après les lois de décentralisation de 1982, voir Bourillon Fl., « Entre recentrement et dispersion », op. cit.
75 Sur les nouvelles formes de « (ré)-ancrage des universités aux territoires », voir Aust J., « Quand l’université s’ancre au territoire. Collaborations académiques et territoriales à Lyon (1958-2009) », Le Mouvement Social, 4/2010, n° 233, p. 107-125 ; voir également Fournier L., « Universités et métropoles », L’Université en banlieue, op. cit., p. 47-61.
76 « Le Bloc-notes de Laurent Cathala », Créteil. Vivre ensemble, juin 2000, p. 11.
Auteur
-
Florence Bourillon
Université Paris-Est Créteil, CRHEC
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008