Les sièges de l’université de Bologne à l’époque moderne
p. 21-33
Texte intégral
1En 1966, Franco Zeffirelli réalisa une version cinématographique de la comédie de William Shakespeare La Mégère apprivoisée. La scène d’ouverture s’appuyait sur le personnage de Lucenzio, un jeune homme qui se rendait à Padoue pour y faire ses études. Afin de faire comprendre immédiatement les raisons du voyage et le lieu choisi, le réalisateur fit déposer sur un bâtiment une grande plaque de marbre portant l’inscription « Universitas Paduensis », ce qui provoqua un anachronisme évident et déconcertant. Mais de quelle université s’agissait-il ? se seraient demandé les hommes de l’époque : celle des cordonniers, des drapiers ou des bouchers1 ? Pour désigner l’édifice qui hébergeait les leçons d’un Studium on aurait en effet pu choisir des noms comme Schola, Sapientia, Archigymnasium, mais certainement pas universitas2. En fait, cet exemple illustre bien l’opinion commune selon laquelle la présence d’une école universitaire devait toujours se matérialiser dans une ville sous la forme d’un bâtiment assumant les fonctions nécessaires aux études. Il est encore plus surprenant de retrouver dans la littérature historiographique des concepts tels que : « La historia y el presente de la Universidad coinciden con los de su Arquitectura. Se trata de una Institucion que ha […] mas de nueve siglos […] y la arquitectura, siempre presente » (L’histoire et le présent de l’université coïncident avec ceux de son architecture. Il s’agit d’une Institution qui a… plus de neuf siècles… et l’architecture, toujours présente)3. Il s’agit là d’une affirmation inadmissible, puisqu’elle incite à ignorer qu’aux premiers siècles de l’université on aurait tout au plus pu parler d’espaces urbains qui se définissent progressivement en fonction des activités d’enseignement, mais sûrement pas d’une architecture révélant les progrès de l’institution et ses rapports avec la ville qui l’accueille.
Une organisation médiévale
2Dans le cas de Bologne, cette précision s’imposait, puisque pendant plus de quatre siècles il n’y eut pas d’édifice susceptible de représenter le centre de l’activité des écoles et identifier l’institution4. La seule expression d’architecture universitaire fut et demeure le Collegio di Spagna, voulu en 1364 par le cardinal Albornoz5, alors qu’en général les étudiants et les professeurs vivaient et travaillaient à l’intérieur de structures privées ou publiques, dépourvues d’éléments d’identification particulier6. Seuls les aménagements intérieurs pouvaient signaler les fonctions qu’elles remplissaient : une chaire, des bancs et des tables pour les élèves7. On pourrait cependant rappeler la présence d’une zone urbaine où se trouvaient les salles louées pour les leçons publiques, les nombreuses hôtelleries et demeures privées où vivaient les étudiants, un réseau d’églises choisies comme lieux de culte mais également de retrouvaille des différentes nationes et où les universités d’étudiants se rencontraient pour élire leurs propres magistrats, sans compter les nombreuses activités répondant aux exigences de la vie matérielle des étudiants8. Il s’agissait d’une zone qui occupait un vingtième environ de la superficie urbaine, très stable à l’intérieur de l’aire comprise dans l’enceinte fortifiée du xiie siècle, signe que les dynamiques internes au monde universitaire étaient faibles, comme celles des relations avec la ville9.
3Au début du xvie siècle, nous pouvons encore parler à propos de l’assise organisationnelle et institutionnelle des écoles de Bologne d’une « université bâtie en hommes », qui renvoie à l’existence d’une sorte de fédération de fait entre corporations, chacune d’elles étant dotée de normes particulières pour défendre sa propre identité et ses propres privilèges, même si l’essence de ces corporations reposait sur une interdépendance réciproque10. Les collèges de droit civil, de droit canonique, de médecine et philosophie, de théologie, représentaient une véritable organisation ramifiée des enseignants. Le rôle politique et économique des professeurs du Studium s’était fortement renforcé au cours du xve siècle, grâce aux revenus de la Gabella Grossa, le principal droit citadin confié par les papes à leur gestion pour en tirer avant tout les ressources financières destinées aux salaires de ceux qui enseignaient dans les écoles11. On accordait ainsi aux professeurs du Studium un rôle qui dépassait le simple prestige scientifique et académique, pour leur conférer un statut social que Charles Quint d’abord puis Paul III avaient renforcé avec la concession aux docteurs juristes du titre de cavalieri aurati e conti palatini, ce qui consolidait leur position dans la vie politique citadine tout en favorisant l’apparition de tendances oligarchiques.
4Quant aux étudiants, entre le xvie et le xviie siècle, la division originelle entre juristes et artistes, ultramontani e citramontani, se morcela progressivement en un nombre exorbitant de nationes, 87 au total12, alors que la natio germanorum s’était dotée de statuts propres pour protéger ses intérêts et ses privilèges particuliers. Même les étudiants qui vivaient comme boursiers dans les collèges s’autogouvernaient de manière indépendante par rapport à l’universitas scholarium, et ceux qui ne s’inscrivaient pas dans le registre matricule de leur université étaient de plus en plus nombreux.
5Autour de cette réalité magmatique, l’autorité publique – la municipalité d’abord et à l’époque moderne le sénat aristocratique et le Pape, les deux âmes du fameux « gouvernement mixte13 » – avait progressivement créé des organes de tutelle et de contrôle. À l’ancienne magistrature communale – les réformateurs du Studium – vint s’ajouter l’Assunteria dello Studio, qui se transforma de commission consultative en une véritable magistrature particulière. Inutile de rappeler l’influence croissante qu’eurent alors sur le Studium les représentants du pouvoir central, gouverneurs et cardinaux légats, expression de la politique pontificale qui pouvait devenir particulièrement pressante, surtout si le pape avait eu quelques attaches avec la ville.
6Les étapes successives les plus significatives de l’évolution institutionnelle qui conduisit à établir un lien étroit entre l’université et l’État sont représentés symboliquement par les deux différents sièges qui hébergèrent ses écoles au cours de l’époque moderne.
La fondation de l’Archiginnasio
7L’exigence d’un siège unique, d’un édifice qui puisse être identifié avec le « palais » des écoles se manifesta en Italie à partir du milieu du xve siècle, lorsque les villes universitaires virent naître une activité de construction spécifique, répondant à une planification précise. Ceci se produisit à Florence en 1452 ; en 1494, la Sapienza de Sienne acquit un siège définitif ; à Padoue, le palazzo Bo fut édifié entre 1546 et 1601 ; la construction d’un siège universitaire commença à Rome en 1497 et s’acheva environ deux siècles plus tard ; à Pérouse, les travaux pour le siège des écoles furent terminés en 156014.
8Pour Bologne, il revint justement à un pape, Pie IV, qui y avait passé son doctorat, de promouvoir la construction d’un palais pour les écoles, ce qui était le moyen le plus sûr d’affirmer l’intérêt public que représentaient les activités d’enseignement et l’inclusion du contrôle – à défaut de gouvernement direct – des écoles universitaires parmi les droits et privilèges réservés au prince, ou iura principum. Ce principe fut exprimé dans la dernière session du Concile sur les universités présentes dans les États pontificaux. La construction de ce palais, aujourd’hui communément connu sous le nom d’Archiginnasio, a été étudiée à maintes reprises sur le plan architectural et urbanistique, même à des époques récentes, et si je n’aborde pas ces aspects dans les détails, je considère cependant qu’il est important de comprendre le dessein politique qui y était sous-entendu15.
9La tâche fut confiée à Carlo Borromeo, cardinal neveu de Pie IV et légat pontifical de Bologne, qui la délégua à son tour au gouverneur Pier Donato Cesi, évêque connu pour son fort caractère et qui était aussi un ancien étudiant des écoles bolonaises. Pour comprendre les motifs de cette entreprise, il convient de rappeler que les écoles de Bologne représentaient un centre d’excellence parmi les institutions universitaires des États pontificaux. Elles étaient non seulement la pépinière de futurs juristes et médecins, mais cinq futurs papes en étaient issus au xvie siècle16, comme de nombreux cardinaux et évêques. C’est dans ce contexte que Cesi, exécuteur et coordinateur d’un projet de relance très ambitieux de la ville, fit réaliser un ensemble de constructions qui représentent encore aujourd’hui une part considérable du paysage urbain, même si son nom demeure surtout lié à la création du palais du Studium, que Montaigne célébra avec une expression flatteuse : « Le plus beau bâtiment que j’aye jamais veu pour ce service17. » Toutefois, au moment de son élaboration, l’opération ne fut pas perçue comme la marque des soins empressés du souverain pontife pour doter d’un siège conforme une institution prestigieuse.
10En effet, les fortes résistances que Cesi rencontra mirent en évidence le fait que la réalisation de son projet survenait en l’absence d’une politique de conciliation entre le gouvernement local et le pape. Totalement indifférent à l’opinion du monde universitaire, Pie IV entendait redéfinir avec Carlo Borromeo le rôle des divers éléments de la vie universitaire, à commencer par les étudiants. Et c’est avant tout la discipline, dans son acception la plus large, qui focalisa l’attention des observateurs, surtout dans une ville comme Bologne où la population estudiantine, en forte croissance ces années-là, était composée dans une proportion de 4 % seulement de jeunes bolonais et pour 44 % d’ultramontains, avec une forte représentation de la natio germanica18. Si l’Inquisition ne manqua pas de s’occuper des professeurs et des étudiants19, Cesi fut chargé de désagréger les résidus de l’organisation corporative de ces derniers en ignorant les points fondamentaux de la libertas scholarium : en 1563, les pouvoirs du représentant pontifical s’étendirent aux causes civiles surgies entre étudiants et, de même, toutes les questions en matière d’organisation des études furent soustraites aux magistratures estudiantines.
11Le palais que Cesi, fort de l’appui de Rome, voulut construire pour les écoles devait représenter le bastion d’une sorte de nouvel ordre de la vie universitaire. Il ne choisit donc pas une des nombreuses aires encore libres dans la ville, mais il voulut que le nouvel édifice surgisse à l’intérieur de cette zone où l’enseignement s’était implanté depuis plus de quatre siècles, même si pour obtenir ce résultat il dut remanier la grande église patronale citadine.
12À peine Cesi eut-il rendu le projet public, que se dessina dans la ville un front du refus qui allait des enseignants aux étudiants, du Sénat aux autorités religieuses. Les professeurs protestèrent, car pour financer les travaux de construction Cesi entendait puiser dans les finances ordinaires destinées aux écoles. La réalisation du projet devait empêcher d’achever l’agrandissement de l’église patronale de la ville, tandis que les Sénateurs voyaient dans l’autoritarisme de Cesi une grave altération des libertés civiques20. Ces résistances retardèrent de plus d’un an la conclusion d’un accord mais, à la suite d’une intervention directe du pape, les travaux furent entrepris et se poursuivirent en un temps éclair. S’il avait fallu deux siècles à Rome pour achever la construction du palais universitaire, moins de deux ans ont suffi à Bologne (1562-1563). Il faut rappeler que le choix de ne pas abattre l’édifice préexistant mais d’en adapter le style et les fonctions a été fait sur les indications de Serlio et de Giovan Battista Alberti, mais en tenant compte également du fait qu’il englobait déjà certaines salles louées depuis des années pour les leçons21. Les colonnes octogonales de pierre préexistantes furent abattues et remplacées par des colonnes rondes de pierres massives, la façade fut modifiée et ramenée à une continuité harmonieuse ; en partant des espaces préexistants, on multiplia le nombre de salles ainsi que les autres dépendances, les promenoirs, les loges, les pièces pour le personnel. Le projet fut complété par la suite par la démolition de nombreuses humillimae domunculae (taudis), soustraites elles aussi au projet original d’agrandissement de la basilique, créant ainsi une place qui découvrait la façade des écoles sur 94 des 139 m totaux de celle-ci, comme le soulignait avec un certain regret Cesi, sans doute prêt à abattre également quelque chapelle de la basilique pour compléter le caractère spectaculaire qu’il voulait donner au palais des « nouvelles écoles » (voir illustrations 1 et 2).
13La conception urbanistique et architecturale de l’édifice et les éléments décoratifs reflétaient l’évolution même de l’institution universitaire, comme on pouvait le constater en confrontant le nouveau palais avec la construction voisine du Collegio di Spagna. Celui-ci avait été conçu pour isoler et protéger ses hôtes du monde extérieur tout en faisant ressortir le caractère privé de l’institut, son indépendance. L’architecture des écoles, au contraire, projetait l’édifice vers la ville, en célébrant les intentions et la nature des activités qui y étaient exercées et en les mettant en évidence : chaque archi trave des trente grandes fenêtres qui s’ouvraient sur la façade exposait en gros caractères une devise ou un précepte pour rappeler le programme qui devait en soutenir l’action. Le blason de Pie IV, surmonté du trirègne, sculpté dans une pierre de grandes dimensions caractérisait l’édifice à l’extérieur et pas moins de huit fois à l’intérieur ; le nom du souverain pontife, accolé à ceux de Borromeo et de Cesi, fut gravé sur les architraves des portes d’accès à chacune des douze salles de cours22.
Ill. 1. – Façade de l’Archiginnasio, photographie réalisée par l’auteur.

Ill. 2. – Cour intérieure de l’Archiginnasio, photographie réalisée par l’auteur.

14Bien avant le Sénat et les professeurs, les étudiants comprirent très rapidement que l’intention de Cesi et Borromeo ne se limitait pas à une opération d’amélioration, si admirable qu’elle fut, mais qu’elle avait pour ambition de modifier les rapports et les espaces en usage à l’intérieur du monde universitaire et qu’eux-mêmes représentaient la première cible de l’intervention. Un édifice commun aux deux universitates portait non seulement atteinte à la hiérarchie établie entre légistes et artistes, mais encore aux réseaux traditionnels de relations et aux coutumes des divers groupes étudiants ; il favorisait l’apparition ou l’expression de tensions plus ou moins latentes entre les différents comités nationaux, mais il contribuait aussi à limiter les rapports directs avec les professeurs, en interdisant les leçons privées. Au cours du bref laps de temps qui s’écoula entre le projet et l’inauguration du palais, une série de tumultes et d’incidents parfois d’une extrême gravité se déclarèrent : trois étudiants tués, une condamnation à mort, des fuites soudaines de la ville, une double menace de sécession de toute l’universitas, le transfert des étudiants allemands dans la ville de Padoue plus accueillante23. « Tolérance zéro » fut la ligne adoptée par Cesi mais, après son éloignement, une politique plus conciliante permit d’établir un lien identitaire entre le palais des écoles et les étudiants. L’Archiginnasio devint le siège des écoles des universités étudiantes, on autorisa les conseillers des nationes à faire peindre sur les murs leurs propres armoiries de famille et à témoigner les liens de reconnaissance envers leurs professeurs. Pendant presque un siècle, l’édifice assuma l’aspect, encore aujourd’hui si caractéristique, d’une sorte de colossal stammbücher (arbre généalogique) ; plus de six mille blasons et deux cents épigraphes laudatives recouvrent tous les espaces utiles – murs, plafonds, colonnes – en y laissant une mémoire éternelle de leur passage24. Si d’un côté on voulait sauvegarder le respect formel de l’identité estudiantine et de son histoire, ce fut en réalité l’occasion d’établir de nouveaux équilibres de pouvoir à l’intérieur du Studium, au détriment des derniers fragments de la libertas scholarium. Après 1604, la figure du recteur-étudiant disparut de fait et quand, en 1747, les étudiants tentèrent à nouveau d’élire leur propre chef dans un sursaut revendicatif des anciennes libertés, jamais formellement abrogées, ce fut précisément un pape bolonais qui clarifia ce qu’il considérait devoir être clair depuis longtemps, en décrétant que les cardinaux légats assignés à Bologne seraient les recteurs pro-tempore et que « là où parlent le pape et le prince il n’y a pas à répliquer25 ».
15D’un point de vue urbanistique, l’Archiginnasio agit comme élément catalyseur, en favorisant la naissance d’un véritable pôle universitaire. Les principales écoles de la ville de niveau pré-universitaire furent implantées dans un rayon de quelques centaines de mètres26. Cependant, l’entreprise de modernisation de l’institution universitaire sembla s’arrêter aux murs de l’Archiginnasio : celui-ci représentait désormais une sorte de fortin des collèges professoraux constitués en centre de pouvoir, capables de remodeler les magistratures universitaires, en affaiblissant par exemple la fonction de contrôle du grand chancelier, en utilisant l’attribution des chaires comme instrument de consensus, tandis que les murs du palais étaient chargés des histoires célébrant des professeurs ou élèves disparus et donc d’une identité qu’au seuil du xixe siècle on voulut résolument annihiler.
Une université figée aux xviie et xviiie siècles
16D’une manière plus générale, on relèvera qu’après l’action lancée aux temps de Borromeo et Cesi, une orientation politique cohérente en matière d’instruction fit défaut dans les États pontificaux. Les questions relatives à la gestion des universités traitées à Rome concernaient plutôt la discipline académique, ou des médiations pour freiner les pressions antagonistes des diverses corporations académiques. La croissance de l’offre d’enseignement supérieur se réalisa en l’absence de projet global visant à doter l’État d’un système universitaire rationnel, ce qui eut pour résultat qu’à la fin de l’Ancien Régime on comptait dix universités, avec un rapport de une université pour 250 000 habitants, contre une moyenne européenne de une pour 1 200 000 habitants27.
17L’esprit réformateur n’était cependant pas absent parmi les intellectuels bolonais, et il est utile de rappeler ici la figure de Luigi Ferdinando Marsili28 et l’appel provocateur qu’il lança au monde académique local avec son Parallelo dello Stato moderno dell’Università di Bologna con l’altre di là dei monti (Parallèle de l’état moderne de l’université de Bologne avec celles d’outre-monts), de 1702, et avec le plan de réforme des écoles qui suivit, même s’ils ne réussirent pas à susciter le consensus espéré. Mais ce serait une erreur d’interpréter cette indifférence comme une forme d’imperméabilité des intellectuels bolonais vis-à-vis de l’innovation scientifique. Nous pourrions dire paradoxalement que la république des lettres bolonaise et les professeurs eux-mêmes, solidement retranchés derrière leurs intérêts corporatifs, exprimaient un fort ethos académique qui avait ses champs d’élaboration à l’extérieur des écoles, dans des dizaines d’académies surgies spontanément et qui passaient progressivement d’une vocation littéraire originelle vers les sciences expérimentales. À propos de l’opposition entre Studium et Académie, il faut abandonner ce lieu commun qui a souvent résolu trop sommairement la question. Il suffit de confronter la liste des professeurs qui enseignaient à l’Archiginnasio avec celle des membres qui s’activaient dans les cabinets de l’Institut des sciences pour se rendre compte qu’il ne s’agit pas d’homonymies. Il existait toutefois une nette distinction entre l’orientation culturelle du Studium et celle de l’Institut, franc partisan de l’expérimentation. Plus que d’une contradiction, nous pourrions parler d’un partage des tâches, le premier étant gardien attentif des origines du savoir, le second se vouant à la recherche de ses développements et des applications possibles. Un certain nombre d’étudiants même, comme ceux que Giovanni Genovesi envoyait de Naples, après avoir fréquenté les leçons traditionnelles, passaient ensuite dans les salles de l’Institut pour assister non seulement à des leçons complémentaires – lesquelles devaient cependant se tenir en évitant la forme de la lectura traditionnelle – mais aussi à des exercices et des travaux pratiques qui se déroulaient dans une dizaine de cabinets et à l’observatoire astronomique.
18Il fallait cependant convertir cette duplicité en système pour confirmer la mutation opérée, mais les conditions politiques devaient mûrir pour que ce passage de l’universitas à l’université se réalise sans se réduire pour autant à une simple question sémantique. En 1796, un fonctionnaire diligent et bien informé de la République Cispadane signalait, impressionné, qu’à Bologne il y avait encore les anciennes universitates scholarium, les nationes avec leurs conseillers respectifs, considérés à ses yeux comme des pièces fossiles. Il fallait alors rompre toute continuité avec le passé et on lança donc immédiatement une réforme décisive qui dut tenir compte tout d’abord des turbulences militaires de ces années-là mais trouva un solide point de départ dans la loi de septembre 180229.
19Il fut tout de suite clair que la rénovation devait toucher en premier lieu le corps enseignant et qu’il fallait désagréger toute trace corporatiste. Un traitement douloureux toucha alors les professeurs – soumis à un tourbillon frénétique qui sacrifia des hommes comme Luigi Galvani –, assujettis comme ils l’étaient au serment de fidélité à la République et réduits à un peu plus d’un tiers des effectifs qu’ils réunissaient auparavant, avec de nombreux éléments provenant d’autres villes de la République. Les facultés furent introduites et les plans d’études remaniés. Mais il fut bien vite évident qu’il fallait donner un signe éclatant de rupture avec le passé, ouvrir un chapitre nouveau dans la vie de cette institution qui comptait sept siècles d’histoire, marquer le passage du Studium universitatum iuristarum et artistarum à l’Université nationale moderne. Une appartenance à un système organique d’instruction reposant sur une gradualité ordonnée des enseignements qui était composée d’écoles de base, de gymnases, de lycées et des universités nationales.
20Encore une fois, tout comme en 1563, la question du siège se posa abruptement, prenant la ville de court. Le divorce d’avec le passé devait être rendu évident et définitif. L’Institut des sciences qui avait suscité l’admiration de Montesquieu, Lalande, De Brosses, apparut de suite comme le meilleur choix pour devenir le nouveau siège de l’Alma Mater. L’abandon de l’Archiginnasio suscita des réactions négatives, même chez des hommes appartenant au nouvel establishment, comme Giovanni Aldini, professeur universitaire et membre du Conseil d’État, qui publia en 1804 un mémoire détaillé30 sur la meilleure aptitude fonctionnelle de l’ancien siège, proposition qui ne fut cependant pas entendue. Si l’Archiginnasio, avec ses six mille blasons soustraits à l’iconoclastie de nos jacobins, commençait à témoigner d’une histoire désormais révolue, le nouveau siège était situé dans un quartier de la ville alors périphérique. L’Institut des sciences, enrichi d’un observatoire astronomique moderne, d’une dizaine de cabinets scientifiques, d’une riche bibliothèque et d’une imprimerie, avait réussi à exercer une sorte d’attraction qui avait fait d’une surface contenue dans un rayon de quelques centaines de mètres une sorte de pôle culturel de la ville. Le Conservatoire de musique, le théâtre public, l’Accademia Clementina pour les Arts (peinture, sculpture, décoration, ingénierie) et de nouveaux établissements pour l’agriculture et la botanique le rejoignirent.
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21Dans cette sorte de Nouvelle Atlantide baconienne que l’ordre public en place avait l’ambition de réaliser, l’université était appelée à accomplir la tâche de la Maison de Salomon, où la transmission du savoir devait poursuivre non plus son autoreproduction, mais le bien commun de la société. Sur ces bases, en dépit des régressions politiques et du désinvestissement culturel de l’âge de la Restauration, après l’Unité de l’Italie l’université se qualifia dans le nouveau contexte politique comme une sorte de laboratorio borghese (laboratoire bourgeois), pour emprunter l’expression de Pier Angelo Schiera31, guidé par de fortes tensions morales et culturelles qui sanctionnaient le rapport étroit entre université et État « au niveau institutionnel et constitutionnel ».
Notes de bas de page
1 Les anachronismes évidents et les divers types de bloopers présents dans le cinéma ont été étudiés dans Bertelli S., I corsari del tempo. Gli errori e gli orrori dei fflm storici, avec la collaboration de Florescu I., Florence, Ponte alle grazie, 1997.
2 Les différentes dénominations empruntées par les Studia generalia ont été examinées par Dickerhof H., « Autoconsapevolezza e costituzione delle Università alla luce delle loro denominazioni », in Boehm L. et Raimondi E. (dir.), Università, accademia e società scientiffche in Italia e in Germania dal Cinquecento al Settecento, Bologna, Il Mulino, 1981, p. 395-419. Sur la dénomination du palais des écoles de Bologne : Brizzi G. P., « La storia sui muri. Memorie di studenti e maestri nella decorazione dell’Archiginnasio : un nuovo censimento », in Brizzi G. P. (dir.), Imago Universitatis. Celebrazioni e autorappresentazioni di maestri e studenti nella decorazione parietale dell’Archiginnasio, vol. I, Bologne, Bononia university press, 2011, p. 12-14.
3 Campos Calvo-Sotelo P., « Presentación. Aproximaciones a la arquitectura y el urbanismo de la Universidad. Memoria, realidad y criterios de proyección », Cuadernos del Instituto Antonio de Nebrija de Estudios sobre la Universidad, 17/1, 2014, p. 11-21.
4 En ce qui concerne les sièges des écoles avant la construction du palais, qui abrite aujourd’hui la bibliothèque municipale de l’Archiginnasio, les premières études sont les suivantes : Cavazza F., Le scuole dell’antico Studio bolognese, Milan, Hoepli, 1896 ; Gaudenzi A., « Lo Studio di Bologna nei primi due secoli della sua esistenza », in Annuario della Regia Università di Bologna, 1901, p. 29-50 ; Sorbelli A., Notizie sugli antichi librai delle scuole del Pavaglione, Bologne, A. Cacciari, 1913 ; Zaccagnini G., Storia dello studio di Bologna nel rinascimento, Genève, L. Olschki, 1930. Voir plus récemment Fanti M., La Fabbrica di san Petronio in Bologna dal xiv al xx secolo. Storia di un’istituzione, Rome, Herder, 1980 ; Fanti M., San Procolo. Una parrocchia di Bologna dal Medioevo all’età contemporanea, Bologne, 1983 ; Fanti M., « Prima dell’Archiginnasio : dalla “curia Bulgari” alle “scuole di san Petronio” », in Roversi G. (dir.), L’Archiginnasio. Il Palazzo, l’Università, la Biblioteca, Casalecchio di Reno, Grafis, 1987, p. 17-64 ; Dondarini R., « Le proprietà immobiliari della Fabbrica di san Petronio », in Fanti M. et Lenzi D. (dir.), Una basilica per una città. Sei secoli di san Petronio, Atti del Convegno di studi per il Sesto Centenario di fondazione della Basilica di san Petronio, 1390-1990, Bologne, Tipoarte, 1994, p. 137-148.
5 Marti B., The Spanish College at Bologna in the Fourteent Century, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1966. Kiene M., « Der Palazzo della Sapienza. Zur italienischen Universitäts-architektur des 15. und 16. Jahrhunderts », Romisches Jahrbuch für Kunstgeschichte, n° 23-24, 1988, p. 219-271 ; id., « L’architettura del Collegio di Spagna e dell’Archiginnasio. Esame comparato dell’architettura universitaria bolognese con quella europea », Annali di storia delle università italiane, n° 1, 1997, p. 97-107 ; id., « Libri loro spazi e loro tempi dall’antichità alla formazione delle biblioteche universitarie in Italia », Annali di storia delle università italiane, n° 15, 2011, p. 367-380. Pour saisir l’importance que ce collège a eue dans l’histoire culturelle de l’Espagne, mais aussi pour ses répercussions sur celle de l’Italie et tout particulièrement de Bologne, il faut signaler la bibliothèque extraordinaire qui fut constituée, surtout au Moyen Âge, pour aider les études des collégiens, telle qu’elle est magistralement décrite dans I codici del Collegio di Spagna di Bologna, étudié et décrit par Maffei D., Cortese E. et al., Milan, Giuffrè, 1992.
6 Parmi les nombreux collèges pour étudiants alors en activité à Bologne, à part le collège fondé par Albornoz, seuls le Montalto et le collège Ungaro-illirico se lancèrent dans la construction d’un édifice qui leur soit propre. Dans tous les autres cas des locaux préexistants furent adaptés aux exigences spécifiques d’une communauté étudiante.
7 Les abondantes représentations des salles de classe figurant sur les fresques, miniatures, sculptures, hauts-reliefs, se limitent à fournir des détails sur l’ameublement de la salle, sans indiquer sa localisation. Sur la fresque Allegoria ed effetti del buono e del cattivo governo, située dans la salle du Conseil des Neuf du palais public de Sienne, Ambrogio Lorenzetti peignit (1338-1339) la scène d’une leçon donnée sous une arcade, représentant le professeur en chaire et les élèves assis en face de lui sur des bancs. Il s’agit probablement d’un escamotage en raison de la difficulté pour l’artiste, en représentant la scène, d’insérer l’action du professeur à l’intérieur d’un édifice, mais l’exemple pourrait également signaler l’aspect provisoire des lieux affectés à l’enseignement qui concernait, aux premiers siècles, tous les sièges universitaires.
8 Si au xiie siècle les cours de droit se tenaient de préférence au domicile des professeurs, en vertu du caractère essentiellement privé des rapports qui existaient entre étudiants et enseignants, une tendance à localiser les écoles dans des zones spécialisées s’affirma ensuite, comme celles qui étaient situées sur la place de sant’Ambogio. Par la suite, la croissance importante des écoles de philosophie et de médecine délimita deux zones distinctes : les juristes se concentrèrent dans le quartier où s’élevaient les églises de san Gimignano et sant’Andrea, dit « delle scuole » ; les écoles de médecine et de philosophie se situèrent principalement entre les églises de san Giacomo dei Carbonesi, san Salvatore et sant’Antolino. Les églises représentaient aussi un point de référence pour la vie associative des étudiants : l’église de san Domenico était le lieu de réunion de l’universitas iuristarum tandis que l’universitas artistarum se retrouvait à san Procolo. Et les nationes ultramontaines les plus nombreuses avaient également leurs propres lieux de retrouvailles, aux alentours proches de la ville, où la nazione possédait un domaine, comme pour les allemands qui se rencontraient au monastère de san Frediano.
9 Fasoli G., « Momenti di storia urbanistica bolognese nell’alto medioevo », in Atti e Memorie della R. Deputazione di Storia Patria per le Province di Romagna, t. XII, 1960-1963, p. 313-343 ; Rassegna storica dell’Insediamento. Catalogo ragionato delle realizzazioni edilizie universitarie in rapporto all’assetto urbano, Bologne, Università degli studi di Bologna, 1974. Pour l’histoire des murs d’enceinte de la ville et de son extension progressive, voir Roversi G., Le mura perdute. Storia e immagini dell’ultima cerchia fortiffcata di Bologna, Bologne, Grafis Edizioni, 1985.
10 Au sujet des nationes étudiantes à Bologne voir les études de Sorbelli A., « La “nazione” nelle antiche università italiane e straniere », Studi e memorie dell’Università di Bologna, t. XVI, 1943, p. 91-232 ; Colliva P., « Le nationes a Bologna in eta umanistica. i privilegi degli studenti germanici (1530-1592) », Atti e memorie della Deputazione di storia patria per le province di Romagna, 1977, p. 107-129 ; Brizzi G. P., « Matricole ed effettivi. Aspetti della presenza studentesca a Bologna fra Cinque e Seicento », in Brizzi G. P. et Pini A. I. (dir.), Studenti e Università degli studenti dal xii al xix secolo, Bologne, Istituto per la storia dell’ Università, 1988, p. 203-245 ; Pini A. I., « Le “nationes” studentesche nel modello universitario bolognese del medioevo », in Brizzi G. P. et Romano A. (dir.), Studenti e dottori nelle università italiane (origini-xx secolo), Atti del Convegno di studi, Bologna, 25-27 novembre 1999, Bologne, CLUEB, 2000. Pour les statuts des universitates des étudiants et des nationes à Bologne : Malagola C. (dir.), Statuti delle università e dei collegi dello Studio bolognese, Bologne, N. Zanichelli, 1988. Un fragment des statuts de 1252, les plus anciens connus à ce jour, se trouve dans Maffei D., « Un trattato di Bonaccorso degli Elisei e i più antichi statuti dello Studio di Bologna nel manoscritto 22 della Robbins Collection », Bulletin of Medieval Canon Law, n° spécial 5, 1975, p. 73-101 ; Colliva P. (dir.), Statuta Nationis Germanicae Universitatis Bononiae, 1292-1750, Bologne, Associazione Italo-Tedesca di Bologna, 1975 ; « Statuti di collegio. Gli statuti del collegio Ancarano di Bologna », in Romano A. (dir.), Gli statuti universitari. Tradizione dei testi e valenze universitarie. Atti del convegno Messina-Milazzo, 13-18 aprile 2004, Bologne, CLUEB, 2007, p. 824-864.
11 Giacomelli A., « L’età moderna (secoli xvi-xviii) », in Brizzi G. P., Marini L. et Pombeni P. (dir.), L’Università a Bologna. Maestri, studenti e luoghi dal xvi al xx secolo, Bologne, Silvana editoriale, 1988, p. 13-28.
12 Brizzi G. P., Matricole ed effettivi, op. cit., p. 243 sq.
13 Colliva P., « Bologna dal 14. al 18. Secolo : “governo misto” o signoria senatoria ? », in Berselli A. (dir.), Storia dell’Emilia Romagna, Imola, Edizioni Santerno, 1977, p. 13-34.
14 À propos de l’histoire des palais destinés aux écoles universitaires, je renvoie aux actes du colloque : G. Mazzi (dir.) L’università e la città. Il ruolo di Padova e degli altri atenei italiani nello sviluppo urbano, Padova, 4-6 dicembre 2003, Bologne, CLUEB, 2006.
15 Pour la construction et l’état antérieur des édifices qui furent en partie adaptés à leur nouvelle destination en tant que palais des écoles, voir Tuttle R., « Il palazzo dell’Archiginnasio in una relazione inedita di Pier Donato Cesi al card. Carlo Borromeo », in Roversi G. (dir.), L’Archiginnasio. Il Palazzo…, op. cit., p. 65-85 ; Foschi P., « La fabbrica dell’Archiginnasio », ibid., p. 87-98 ; De Angelis C. et Nannelli P., « Le più belle Scuole et Studio che sia al mondo », ibid., p. 99-112 ; Tuttle R., « Bononia Resurgens. A Medallic History by Pier Donato Cesi », in Graham Pollard J. (dir.), Italian Medals, Studies in the History of Art, Washington D.C., National Gallery of Art, 1987, p. 215-247 et id., « Urban Design Strategies in Renaissance Bologna : Piazza Maggiore », Annali di Architettura, n° 6, 1994, p. 39-63. Les deux études ont été republiées dans Tuttle R., Piazza Maggiore. Studi su Bologna nel Cinquecento, Venezia, Marsilio, 2001. Voir aussi Ceccarelli F., « Scholarum Exaedificatio. La costruzione dell’Archiginnasio e la piazza delle scuole di Bologna », in G. Mazzi (dir.), L’Università e la città…, op. cit., p. 47-65.
16 Au cours du xvie siècle, on compte cinq futurs papes parmi les licenciés en droit à Bologne : Ugo Boncompagni (Grégoire XIII), Giovanni Antonio Facchinetti (Innocent IX), Alessandro Ludovisi (Grégoire XV), Giovanni Angelo de’Medici (Pie IV), Giovanni Battista Castagna (Urbain VII). Sur les docteurs en droit au Studium de Bologne à l’époque moderne, voir Guerrini M. T., Qui voluerit in iure promoveri… I dottori in diritto nello Studio di Bologna (1501-1796), Bologne, CLUEB, 2005.
17 Montaigne M. de, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1962, p. 1191.
18 La composition du corps étudiant présent à Bologne à l’époque moderne a donné lieu à un recensement systématique de la population étudiante du Studium de Bologne, consultable sur [http://asfe.unibo.it/it] (dernière consultation le 3 avril 2017). Voir aussi Brizzi G. P., « ASFE : una banca dati per lo studio della mobilità universitaria e per un onomasticon dei laureati in Italia nell’età moderna », Annali di storia delle università italiane, n° 8, 2004, p. 449-455 ; Brizzi G. P. et Daltri A., « Databases for the study of the student populations in Italy (1500-1800). The project », in Andresen S. et Schiwinges R. C. (dir.), Über mobilität von studenten und gelehtrten zwischen dem Reich und Italien (1400-1600), Zürich, vdf Hochschulverlag, 2011, p. 125-137.
19 Dall’Olio G., Eretici e inquisitori nella Bologna del Cinquecento, Bologne, Istituto per la storia di Bologna, 1999.
20 Ceccarelli F., Scholarum Exaediffcatio…, op. cit., p. 54 sq.
21 Ibid., p. 61.
22 La décoration du palais des écoles, déjà objet de nombreuses études dans le passé, a été récemment soumise à un projet de recherche minutieux : G. P. Brizzi (dir.), Imago universitatis. Celebrazioni e autorappresentazioni di maestri e studenti nella decorazione parietale dell’Archiginnasio, 2 vol., Bologne, Bononia University Press, 2011-2012.
23 Brizzi G. P., « Town and Gown ? », in Baldini U. et Brizzi G. P. (dir.), Amicitiae pignus. Studi storici per Piero Del Negro, Milan, Unicopli, p. 87-104 ; Maggiulli I., « “Li scolari per il più vivono, et vestono a guisa di soldati, con grande licenza…”. 1564, un episodio di violenza studentesca a Bologna », Annali di storia delle università italiane, n° 18, 2014, p. 313-326.
24 Brizzi G. P., Imago universitatis, op. cit.
25 Voir De Benedictis A., « La fine dell’autonomia studentesca fra autorità e disciplinamento », in Brizzi G. P. et Pini A. I. (dir.), Studenti e università degli studenti dal xii al xix secolo, Bologne, Istituto per la storia dell’Università, 1988, p. 223.
26 Aux alentours du palais de l’Archiginnasio, les jésuites dirigeaient une école (collège santa Lucia) qui donna pendant quelque temps des cours de philosophie, de mathématiques, physique et théologie en nette concurrence avec les enseignements des professeurs des écoles publiques ; ils avaient également deux collèges d’humanités (le collège san Francesco Saverio et le collège San Luigi). Toujours aux alentours du palais des écoles, une congrégation de prêtres avait ouvert une école de niveau inférieur qui était fréquentée par des centaines d’élèves (Scuole Pie). Il faut aussi rappeler qu’on trouvait dans ce même quartier certains collèges pour boursiers (san Clemente, Poeti, Ancarano).
27 À l’époque moderne, les universités actives dans les États pontificaux se trouvaient dans les villes de Bologne, Rome, Pérouse, Ferrare, Macerata, Fermo, Urbino, Fano, Ancône, Cesena.
28 Marsigli fut un personnage aux curiosités multiples qui a attiré l’attention de nombreux chercheurs.
Parmi les études les plus récentes : Gherardi R. et Martelli F., La pace degli eserciti e dell’economia. Montecuccoli e Marsili alla corte di Vienna, Bologne, Il Mulino, 2009 ; Gherardi R. (dir.), La politica, la scienza, le armi. Luigi Ferdinando Marsili e la costruzione della frontiera dell’impero e dell’Europa, Bologne, CLUEB, 2010.
29 Sur la réorganisation des études à l’époque napoléonienne, voir Gasnault F., La cattedra, l’altare, la nazione. Carriere universitarie nell’Ateneo di Bologna, 1803-1859, Bologne, CLUEB, 2001.
30 Al governo della Repubblica Italiana. Riflessioni sulle fabbriche spettanti all’Universita nazionale di Bologna e prove della necessita di conservare l’antico Archiginnasio per uso della medesima di Giovanni Aldini membro dell’Istituto nazionale, s. n. t. [1804].
31 Schiera P., Il laboratorio borghese. Scienza e politica nella Germania dell’Ottocento, Bologne, Il Mulino, 1987.
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