Introduction à la deuxième partie
p. 151
Texte intégral
1Le SO gaulliste sous la IVe République s’organise autour d’un modèle paramilitaire (ce qui le distingue du SAC des années 1960 qui suivra un modèle plus policier adapté à un contexte politique national et international différent). Ce modèle paramilitaire s’observe par le niveau d’effectifs (15 000 hommes mobilisables en 1948-1949), le type d’encadrement (très hiérarchique et reprenant une terminologie militaire), l’existence d’une structure parallèle clandestine de type milice (l’Auto-Défense, vestige anticommuniste des débuts immédiats de la guerre froide), la surreprésentation des militaires au sein de la formation (militaires de réserve comme attendu mais aussi d’active), enfin la circulation d’armes (dont des armes à feu en dépit des interdictions formulées par la direction). Ce service d’ordre militarisé s’insère dans un contexte de grande violence militante dont il faut apprécier l’intensité, les modalités et la géographie. Confronté à la tension, le SO déploie en retour des codes de virilité dont une lecture genrée révèle la signification. Quel est par ailleurs l’héritage de la Résistance au sein du SO gaulliste dans ses formes banales ou plus profondes (recours aux grades et pseudos des années de réseaux et de maquis, persistance d’une mentalité de clandestinité, mise en place d’un service de renseignement) ? Quels sont les rapports entre le service d’ordre et reste du mouvement ? Si la relation à de Gaulle semble très forte, les liens paraissent plus complexes et difficiles avec l’appareil du parti (les gros bras, qui se perçoivent comme une élite militante et les seuls gaullistes authentiques, n’hésitent pas à jouer parfois les commissaires politiques). La question sensible des rapports entre le SO et les services de sécurité officiels (police, armée et services secrets) doit également être abordée tant sont nombreuses les complicités personnelles et officieuses, les tentatives d’infiltration de part et d’autre, les manipulations et provocations diverses.
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