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    Plan détaillé Texte intégral Approches méthodologiques : rendre visibles les femmes… Femmes et travail, du droit à la pratique De la marchande à la négociante-armatrice Notes de bas de page Auteurs

    Les femmes et la mer à l’époque moderne

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Les femmes et leurs activités liées à la mer

    Réflexions à partir du littoral atlantique français à l’époque moderne

    Nicole Dufournaud et Bernard Michon

    p. 111-123

    Texte intégral Approches méthodologiques : rendre visibles les femmes… Femmes et travail, du droit à la pratique De la marchande à la négociante-armatrice Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    « Quant au commerce, nous avons estimé qu’il est libre entre les subjects des amis et que la mer n’est fermée à personne qui va et trafique de bonne foy. »
    Catherine de Medicis1.

    1À lire Antoine de Montchrestien, l’économie se compose de trois dominantes : l’agriculture rurale, la manufacture urbaine qui peut être qualifiée aujourd’hui d’industrie de fabrication (ou de production), et le commerce pour l’achat et la vente des biens2. Son Traité témoigne de la mutation sociale survenue dans le royaume de France à la fin du xvie siècle et particulièrement du passage d’une activité peu ou pas rémunérée à un travail salarié. Parmi les activités qui produisent de la richesse, se trouvent celles liées à la mer : les hommes voyagent, pêchent et arment les navires. En leur absence ou en lien avec leurs activités, les femmes vendent par exemple le poisson en gros ou au détail. Dans un schéma moins classique, il semble que certaines femmes ne travaillent pas seulement pour survivre en cas de disparition d’un revenu masculin. En 1989, André Lespagnol a ainsi montré l’importance économique des dames de Saint-Malo dans un article devenu, depuis lors, la référence historiographique sur ce sujet3. Quelques années plus tard, nous avons suivi ces traces et étudié les veuves des Sables-d’Olonne ainsi que les femmes dans le commerce à Nantes : nous avons qualifié ces marchandes de femmes d’affaires, de gestionnaires ou de banquières4.

    2Nos travaux communs ont cherché à questionner une éventuelle spécificité du rôle des femmes dans les milieux littoraux et surtout portuaires. En effet, dans les ports bretons et de la façade atlantique étudiés, les femmes sont nombreuses dans les sources : elles commercent seules, « veuves » ou « filles seules5 », avec leur mari, avec leurs enfants ou encore avec d’autres marchands. L’étude de leurs rôles éclaire le fonctionnement de l’économie de l’Ancien Régime en France et notamment celui du « trafic6 » atlantique. La particularité vient en bonne partie du fait que si les femmes peuvent embarquer sur un navire ou une barque, elles ne le font pas en tant que « gens de mer », quelques exceptions mises à part qui pourraient d’ailleurs contribuer aux questionnements contemporains sur le concept de Genre7.

    3De fait, l’absence des hommes navigants crée des périodes plus ou moins longues durant lesquelles les femmes mariées ou les filles de la maison agissent en tant que chefs de familles. Il en est de même dans les milieux marchand et négociant participant au grand commerce international, dans la mesure où les hommes peuvent être amenés à s’absenter pour gérer leurs affaires. À un échelon plus modeste, les travaux sur les pêcheurs de sardines et sur les sociétés « pluriactives », en particulier ceux de Christophe Cérino consacrés à Belle-Île, ont par ailleurs bien montré comment les femmes remplacent les hommes aux champs durant la saison de pêche8. Au total, les métiers et activités des femmes couvrent une gamme très variée.

    4Quand nous avons commencé nos travaux, au début des années 2000, nous n’avons pas utilisé le mot « Genre ». Aujourd’hui, le mot s’est imposé dans nos usages. Après avoir brièvement rappelé l’histoire de sa diffusion, nous éliminerons l’écueil de l’absence des sources, leur pauvreté apparente. Cette approche méthodologique passée, nous évacuerons un second écueil, celui du droit, en montrant le nécessaire pragmatisme des activités commerciales rendant les femmes visibles que ce soit dans les actes de société ou les procurations. Enfin, nous montrerons l’éventail des activités des femmes dans les ports de Bordeaux à Rouen, ainsi que l’importance de leur rôle dans l’économie de l’Ancien Régime.

    Approches méthodologiques : rendre visibles les femmes…

    5L’expression « histoire des femmes et du genre » – désormais canonique – entretient une réelle confusion auprès des chercheurs non spécialistes de ce champ historiographique9. Une clarification s’impose.

    6Après une première phase de production de savoir sur la contribution spécifique des femmes au développement humain, les chercheuses et les chercheurs se sont trouvés devant le besoin de réinterpréter la société comme un tout. Aux États-Unis, le concept de Genre a été utilisé dans la discipline historique dès les débuts des années 1970 par des historiennes comme Joan Scott et Louise Tilly10. Pour l’histoire de France, la contribution américaine est à souligner, avec en particulier les travaux de Natalie Zemon Davis pour la première modernité11. Dans la deuxième moitié des années 1980, la réflexion théorique sur l’importance du concept a introduit un tournant dans l’histoire des femmes avec la traduction de l’article de Joan Scott en français12. Le paramètre du Genre a commencé à fonctionner comme une grille de lecture scientifique nouvelle permettant de comprendre comment les rapports sociaux et symboliques entre femmes et hommes se sont redéfinis à chaque moment historique en tant que rapports sociaux différenciés, hiérarchisés et de pouvoir.

    7La constitution d’une histoire du Genre et la place attribuée à l’histoire des femmes ont engendré controverses et débats. À la suite de Françoise Thébaud, nous utilisons le concept de Genre pour prendre en compte la dimension du sexe – mâle et femelle – et du genre – féminin et masculin – pour déconstruire les stéréotypes13. Cette méthode permet de réétudier les rôles sociaux des femmes et des hommes, les discours sur l’égalité/inégalité entre les sexes, de reconsidérer les catégories socio-économiques de l’Ancien Régime et les rapports entre les femmes et les hommes14.

    8En premier lieu, il s’agit de rendre visibles les femmes dans des sources masculines où elles apparaissent « en creux15 ». Les femmes ont en effet laissé peu de traces écrites sur elles-mêmes : ce sont souvent les hommes qui écrivent en leur nom. En l’absence de sources sérielles pour la première partie de l’époque moderne, notre méthode consiste à additionner les études de cas pour tenter de dégager une typologie et saisir des tendances. Une étude du rôle social des femmes et des rapports entre femmes et hommes impose de faire une large place aux actes notariés : la présence des femmes y est massive, par exemple dans les contrats de mariage, les successions, les testaments, les procurations et les quittances. La contribution des notaires s’explique par le vide juridique qu’ils remplissent. Ils représentent une protection pour les femmes qui deviennent de bonnes clientes16. En conséquence, les minutes notariales témoignent de la capacité d’action des femmes17.

    9Par ailleurs, se pose tout particulièrement la question du catalogage des archives publiques. Si toute classification est réductrice par nature, les choix des archivistes reflètent leur point de vue. Les fonds sont le résultat de ceux qui les rédigent, certes, mais aussi de ceux qui les conservent. Or, en France, jusqu’à un temps très proche, les archivistes ne concevaient pas de classer les sources par le nom des femmes. Les archivistes du xixe et du début du xxe siècle ont catalogué les actes concernant les femmes sous des identités masculines. Le statut réel des femmes du xvie siècle semble alors être devenu illisible pour les archivistes. En conséquence, les historiens du xixe siècle et leurs successeurs ont travaillé dans le sens des inventaires des sources, en élaborant une histoire masculine d’où les femmes sont à peu près absentes, bien qu’elles représentent au moins la moitié de la population. D’une certaine manière, le catalogage des sources des xvie et xviie siècles est un révélateur de la condition féminine des xixe et xxe siècles18. Étudier l’histoire des femmes demande en conséquence de l’ingéniosité pour pallier la pauvreté apparente des sources. L’historienne et l’historien doivent traquer l’information, analyser les silences. Il s’agit donc de chercher les femmes là où, de façon évidente, elles doivent se trouver.

    Femmes et travail, du droit à la pratique

    10La tradition de mise en dépendance des femmes et l’inusable argument de l’imbecillitas sexus – ou sexe faible – font de la femme un être juridiquement incapable. La réalité sociale montre qu’il y a non pas un statut de la femme, mais un éventail tenant compte des milieux sociaux19. La femme marchande publique a ainsi une situation juridique privilégiée pour tout ce qui se rattache à l’exercice de son commerce. Quand les usages autorisent les femmes à jouer un rôle social et économique, elles n’en sont que plus visibles : par exemple dans les procès pour succession et partage, les marchandes sont listées en leur nom propre comme créancières du défunt ou de la défunte ; dans les inventaires, les « priseuses » établissent les prix des biens des défunts. Ce système, dicté par des nécessités pratiques évidentes, est admis par nombre de coutumes médiévales et il fonctionne sans grand changement jusqu’à la fin de l’Ancien Régime20. L’exclusion des femmes de l’artisanat, de la production et de l’industrie est un phénomène du xixe siècle21.

    11En Bretagne, la Coutume et les usages permettent aux femmes d’avoir une autonomie économique. Au début du xvie siècle, les femmes mariées desserrent l’emprise de l’autorité maritale grâce à l’autorisation qu’elles obtiennent le jour de leur mariage. Elles peuvent apparaître dans les actes par exemple pour opérer des transactions sur leurs biens. Si le mari intervient pour son épouse, il est son « procureur » et est obligé de lui remettre l’acte à ratifier dans un certain délai, sinon une amende est prévue et l’acte annulé. Cent ans plus tard, les usages diffèrent : le mari n’est plus le « procureur » de sa femme mais il doit toujours lui faire ratifier l’acte juridique. Il n’est plus question d’amende non plus ! Son épouse ne lui remet pas son pouvoir pour agir car il n’en a plus besoin : il agit directement à sa place, il en a l’autorité. C’est une conséquence de la communauté conjugale qui a remplacé le lignage.

    12Cependant, ces réformes bloquent le bon fonctionnement de la société. Le pragmatisme l’emportant alors, apparaît la procuration, un instrument juridique idéal pour répondre aux besoins des marchands qui s’absentent pour leurs affaires, leurs épouses agissant en tant que femmes d’affaires associées à leur commerce. Les procurations, de véritables délégations de pouvoirs22, témoignent des responsabilités données à des femmes dans le cadre familial. Il s’agit d’un acte « par lequel celui qui ne peut vaquer lui-même à ses affaires, donne pouvoir à un autre pour lui, comme s’il était lui-même présent, soit qu’il faille lui-même gérer et prendre soin de quelque bien ou de quelque affaire, ou que ce soit pour traiter avec d’autres23 ».

    13Les procurations que nous avons étudiées sont principalement données par des personnes installées aux Îles à leurs épouses restées en France et par des capitaines de navire. Ainsi, en mars 1681, le capitaine Jacques Tortereau, demeurant aux Sables-d’Olonne, prêt à s’embarquer à Nantes, donne procuration à Jacquette Pelletier sa femme. L’acte précise qu’elle est autorisée

    « à gérer, manier et administrer les affaires de leur maison, commerce et négoce […], vendre et acheter marchandises au comptant ou à terme […], emprunter argent soit à cambie et grosse aventure sur leurs portions de vaisseaux, apparaux et cargaisons d’iceux à tel prix de bénéfice et conditions qu’elle le jugera bon estre ou à pur prest à rendre à terme24 »…

    14Le départ des hommes en mer ou pour leurs affaires, pour des périodes plus ou moins longues, oblige à laisser la responsabilité de la gestion de la maison et du négoce à une autre personne. Au-delà de la prééminence du noyau familial, le choix de donner la procuration aux épouses montre la confiance dont elles jouissent de la part de leur mari ; il apporte également la preuve de leur connaissance des affaires maritimes et de leurs compétences.

    15Un autre type de documents juridiques est celui des actes de sociétés passés à la mort d’un marchand-négociant, entre sa veuve et un ou plusieurs de leurs enfants. Le cas échéant, ces associations peuvent également impliquer un gendre. Le schéma classique d’une veuve agissant pour la conservation de l’entreprise familiale et pour favoriser la simple transmission à ses enfants mineurs ne résiste pas à une analyse approfondie. En effet, dans certains cas, l’enfant est majeur au moment de la constitution de la société : par exemple, à Nantes, en 1701, Françoise Croc, veuve d’Henri Bouteiller, s’associe avec son fils aîné Guillaume, pourtant âgé de 25 ans, marié un mois auparavant avec Marie-Françoise Baudry25. En outre, l’établissement de leurs enfants dans le négoce n’empêche pas certaines veuves de poursuivre leurs activités : c’est le cas de Marie Geraldin, veuve de Nicolas Lee, tous les deux Irlandais installés à Nantes, qui commerce jusqu’à sa mort en 1709, soit 25 ans après le décès de son mari26. La société qu’elle conclut, en 1688, avec son second fils mineur, Jean, et son gendre, Edouard Luker, mari de sa fille Anastase, lui permet d’ailleurs de continuer ses affaires sur « son fond particulier qui ne sera entré en ladite societé27 ». Une telle clause témoigne de la volonté de Marie Géraldin de poursuivre ses propres affaires, en dehors de la société.

    16D’autres actes révèlent que des veuves développent les affaires familiales par la construction ou le rachat de navires, à l’image d’Elisabeth Bureau, veuve de René Montaudouin ; elle est en outre la seule propriétaire de deux navires nouvellement construits : le Saint-Rémy de Nantes, 120 tonneaux, et l’Amazone, 300 tonneaux28. Certaines d’entre elles participent à des armements vers de nouvelles destinations, comme les côtes africaines : en 1701, Françoise Croc, citée ci-dessus, est intéressée dans le navire le Dragon de Nantes, 250 tonneaux, qui doit se rendre aux îles du Cap-Vert puis à la Martinique, sous le commandement de Pierre Joubert29.

    17Les actes de sociétés renseignent également sur le fonctionnement de ces firmes familiales : les veuves en assurent la direction. En 1691, à la mort de son mari, Gabriel Michel, Françoise Despinoze s’associe avec son fils aîné, Pierre30. Deux ans plus tard, la société est dissoute et refondée pour y faire entrer son plus jeune fils, Jean, pour une durée de trois ans. La répartition des intérêts est alors la suivante : la moitié pour la mère, un tiers pour l’aîné et un sixième pour le cadet. Françoise Despinoze désire, d’une part, associer ses deux fils à son commerce, car Jean y est « depuis quelque temps appliqué et en a quelque tentative et intelligence » et, d’autre part, procurer « par ce moien à l’un et à l’autre leur proffit et advancement31 ». De son côté, Marie Geraldin, veuve Lee, prévoit la dissolution de sa société si elle-même décède ou si Anastase meurt avant son mari Edouard Luker ; elle se donne même la possibilité de faire « sortir son fils s’il se négligeoit et mesme ledit sieur Luker s’il n’agissoit pas pour le bien d’icelle autant qu’elle se l’est persuadé32 ». De telles pratiques, signalées à Saint-Malo par André Lespagnol33, se retrouvent également au Havre dans la seconde moitié du xviiie siècle : en 1759, Martin-Pierre Foäche, âgé de 72 ans, à la tête d’une des plus importantes maisons d’armement de la place, tombe gravement malade. Il se remet mais demeure affaibli. Comme le montre la correspondance commerciale, publiée par Patrick Villiers, son épouse, Catherine Jore, fille d’un marchand de Rouen, reprend alors la direction des affaires34.

    18Les actes de sociétés laissent également apparaître une forme de partage des tâches entre la veuve et son/ses fils ou gendre. Ainsi, ce sont les garçons qui tiennent les livres, les comptes et la caisse. Ce savoir-faire spécifique leur semble dévolu. Même si les veuves savent signer et certainement écrire, elles ne savent pas tenir des livres comptables : c’est la limite de leur savoir35. Par exemple, Jean Lee est chargé de la tenue des livres « de la mesme maniere que le faisoit faire ladite damoiselle Lee36 ». Elle avait donc recours à une ou des personne(s) extérieure(s), un ou des commis, mais dès que son fils est en âge de le faire, il reprend cette charge. Il a donc reçu la formation et l’éducation nécessaires. La complexité des techniques comptables qui évoluent dès le xviie siècle est révélateur des limites, d’une part de l’enseignement domestique et d’autre part des écoles de filles. D’où le besoin pour les veuves de s’associer, en dehors de leur rôle lié à la transmission. Un dernier aspect concerne les voyages d’affaires, réservés également aux fils associés. Marie Geraldin expose en préambule de l’acte de société les raisons de sa constitution :

    « Estant demeurée chargée de nombre d’enfens et de grandes affaires au sujet de leur commerce, plusieurs marchandises à vendre effets et credits à recouvrer tant dans ce royaume qu’en ceux d’Angleterre, Irlande, Espagne, Holande et autres pays estrangers, ce qui l’auroit beaucoup embarassée si elle avoit esté obligée d’aller en personne dans tous ces lieux pour faire l’esligement et recouvrement desdits credits et effets, outre qu’elle auroit abandonné le commerce ordinaire que faisoit son mary, lequel elle souhaitoit continuer37. »

    19L’étude de ce document conduit à nuancer l’hypothèse de femmes structurellement immobiles, face à des hommes qui peuvent être amenés à se déplacer. Dans le cas présent, la veuve Lee fait le choix d’envoyer son fils parcourir l’Europe : en restant à Nantes, elle souhaite conserver la direction des affaires. L’analyse de situations analogues ou sensiblement différentes pourrait confirmer ou infirmer notre impression. Il est temps maintenant d’évoquer de manière plus précise les activités commerciales de ces femmes.

    De la marchande à la négociante-armatrice

    20L’image d’Épinal représente les poissonnières revendant le poisson au détail et parcourant les rues des villes avec leur panier, mais d’autres femmes vendent leur poisson en gros ou possèdent un emplacement sous la « cohue » ; ces dernières sont de véritables entrepreneuses38. En menant une comparaison entre Nantes et d’autres ports du Ponant, on remarque la multiplicité des trafics pratiqués par les femmes. L’historien Bertrand Gautier s’est intéressé à Bordeaux et Rouen au milieu du xviie siècle, pour lui :

    « Presque toutes les femmes de marchands sont elles-mêmes filles de marchands ou à la rigueur de la moyenne bourgeoisie d’office ou d’artisanat. Les femmes ont toutes les capacités voulues pour assister leur époux dans ses affaires et diriger seule une maison de commerce. Le rôle d’auxiliaire que jouaient les femmes auprès de leurs maris est particulièrement attesté par les procurations39. »

    21À Bordeaux, la veuve Michelle Malleret s’intéresse à la pêche des morues et possède des parts dans divers terre-neuvas de Royan et Bordeaux. Elle achète des morues dans les ports saintongeais et est en relation d’affaires avec des marchands de Toulouse. Des femmes exportent du vin comme Radegonde Peyronin et Marie Joly, toutes deux veuves. Suzanne Eymery, veuve de Samuel Merman, s’associe avec Jean Vallade et Martin Van Den Ende ; dans les années 1645, en compagnie de son gendre Pierre Bargeau, elle s’intéresse comme Marie de Collenaer aux prêts à la grosse aventure, activité qu’elle pratique avec Abraham Braconnier dans les années 1655. À Rouen, Marie Hellot, veuve de Pierre Fauvel, exporte des textiles vers l’Espagne et reçoit en retour de la cochenille. Catherine Huet, veuve de Louis Graindor, reçoit de Cadix des barres d’argent. Anne Caulier, veuve de Lucas Legendre, participe en 1613 à la création de la Compagnie du Canada et se trouve dans les membres de la compagnie normande chargée de l’exploitation du Sénégal et de la Gambie.

    22Quant à La Rochelle, les veuves y sont également bien représentées : elles apparaissent comme résidant dans le port ou à proximité ou faisant partie de réseaux commerciaux. En 1468, la veuve de Pierre Bault passe avec quatre marchands des lettres de « charte partie » pour envoyer du vin vers les Flandres ou en Zélande. En 1535, Jacques Fouschier et la veuve Catherine Mymault forment une association ponctuelle pour affréter ensemble un navire afin de transporter du vin blanc : quarante-deux tonneaux pour Jacques et vingt-et-un pour Catherine, chacun avec leur marque40. Les exemples pourraient être multipliés41.

    23En recentrant l’attention sur la pêche, qu’elle soit hauturière ou côtière, il est possible de déceler la participation de femmes à tous les niveaux de la filière, de l’armement de navires à la vente au détail. Sur les 1138 navires morutiers des Sables-d’Olonne qui viennent décharger leurs cargaisons de poissons sur la Loire, entre 1719 et 1743, 207 ont été armés par une femme, soit 18,2 %. Elles sont veuves dans l’immense majorité des situations. Dans les rapports des capitaines au long cours effectués à Nantes, elles sont le plus souvent qualifiées de « négociante » (terme relevé 82 fois, « négociant » étant employé dans 9 cas supplémentaires), « d’armatrice » (terme relevé 80 fois, « armateure » étant employé dans 4 cas supplémentaires), et de « bourgeoise » (terme relevé 72 fois, « bourgeois » étant employé dans 2 cas supplémentaires). Ces appellations, féminisées pour la majorité d’entre elles, renvoient bien à un exercice « actif » du commerce maritime42.

    24Les correspondances des négociants peuvent contenir quelques indications sur l’exercice du commerce. Voici une lettre adressée au « sieur Lodre des Chataigniers, Lieutenant de la capitainerie gardes Costes aux Sables », datée du 27 avril 1737, émanant d’un correspondant sans doute basé dans un port de la Manche. Elle apporte des renseignements sur la mère de l’armateur sablais, Marie Febvre, veuve de René Lodre. L’auteur y écrit :

    « Les ordres sont donnés comme vous le désirés à M. de Launay pour les 12 matelots de la classe de service que Madame votre mere demande pour le nouveau navire qu’elle fait construire. Je vous supplie de la bien remercier de l’honneur qu’elle me fait de vouloir que je nomme ce navire […]. Pareille denomination pourra peut etre flater l’intendant de votre province et je vous conseille de luy faire ecrire Madame votre mere pour avoir la permission de faire poser son nom43. »

    25Il semble que le navire soit finalement nommé le Louisbourg. Même si le courrier est adressé au fils de Marie Febvre et qu’il paraît informé, voire associé aux affaires de sa mère, c’est bien elle qui fait construire le navire, qui demande les matelots et qui écrirait le cas échéant à l’intendant pour lui demander l’autorisation d’emprunter son nom. C’est une preuve de la participation directe de la veuve Lodre au commerce maritime et de l’importance de son rôle.

    26Au sein des milieux littoraux et portuaires, cette réalité pose la question d’une éventuelle particularité de certains sites car les dépouillements comparatifs, faits dans les rôles d’armements nantais, aboutissent à des chiffres bien inférieurs, pour l’ensemble des destinations : entre 1699 et 1701, les 341 rôles conservés révèlent seulement 10 situations où une femme (veuve dans tous les cas) est désignée comme l’armatrice du navire, soit à peine 3 %44 ; entre 1733 et 1736, la part avoisine les 9 % (40 cas sur 440 rôles) mais Marie Berthrand, veuve de René Montaudouin, décédé en 1731, associée à son fils, est responsable de 31 des 40 armements « féminins » relevés45.

    27Aux Sables-d’Olonne, les femmes – veuves mais aussi épouses et filles seules – sont également citées parmi les portionnaires des navires morutiers, dans le cadre d’une propriété largement familiale46. Les comptes d’armements de la famille Gaudin, l’une des plus investies de la place dans le secteur, témoignent de ces participations féminines : sur 6 morutiers mentionnés dans les comptes d’armements en 1743-1744, tous comptent des femmes propriétaires en portions47. Ainsi, Mademoiselle Gaudin de La Guilbaudière est parsionnière de La Probité pour 1/8, du Saint-Xavier pour 1/8 plus 1/32 et du Cardinal Fleury pour 5/16 ; Mme Friconneau de La Taillé, née Gaudin, est quant à elle intéressée dans la Probité pour 3/16, dans le Saint-Xavier pour 1/8, dans le Saint-Joseph pour 3/16, dans le Saint-Louis pour 3/16 et dans le Cardinal Fleury pour 1/8.

    28La situation se retrouve en Bretagne, à un échelon là encore inférieur. En 1689, Anne Allain, veuve de Mathurin Gautier, propriétaire du navire la Paix Couronnée d’Auray, faisant pour ses enfants, vend à René Budan de Nantes, agissant pour Charles Mahier de Saint-Malo, le quart de la cargaison de morues que le navire a pêchée le long des côtes de Terre-Neuve ; puis elle cède quelques jours plus tard, au même Budan, la moitié des parts du bâtiment48. En 1712, Pierre Le Jeune et Madeleine Lucas, veuve de François Budan, en compagnie, et la veuve Le Jeune, sa mère, ont des intérêts dans le navire la Famille49.

    29Par ailleurs, les actes notariés permettent de rencontrer des marchandes en gros, à l’image de Marie Billon femme de Pierre Barateau, mentionnée dans plusieurs documents entre 1699 et 172050. Cette Nantaise, tenant boutique, est spécialisée dans le commerce des poissons comme le révèlent les traités d’atermoiements passés avec ses créanciers. Les montants indiqués sont élevés – plus de 68000 livres tournois dans un premier traité de 1699 et plus de 44 000 livres dans un second de 1702 – et témoignent de l’importance de ses activités commerciales qu’elle paraît exercer indépendamment de son mari. Enfin, les contrats de « marché » de morues, passés devant notaires, permettent de faire sortir de l’ombre les marchandes publiques. C’est le cas d’Anne Gartion, « compagne et espouse de François Sauvaget bourgeois et marchand de Nantes ». Par un contrat, passé en 1683, elle achète à Julien Rolland, bourgeois et marchand de Pornic, 250 quintaux de morues sèches pour un montant total supérieur à 1800 livres tournois. Son mari n’est pas présent au moment de la transaction : tout porte donc à croire qu’elle achète les poissons pour son propre commerce51.

    30Le rôle des femmes est important dans le commerce maritime. L’hypothèse selon laquelle les hommes ne trouvent pas certaines activités assez valorisantes mérite d’être posée : ils investiraient davantage les secteurs de l’armement de navires et le commerce international, et délaisseraient les activités jugées moins dignes. Les femmes s’engouffreraient alors dans ces brèches, tandis que certaines d’entre elles accéderaient aux activités dévolues aux hommes. L’appât du gain n’est pas seulement un trait masculin : les femmes y excellent également et y cherchent un pouvoir dont elles sont « friandes52 ».

    31Les femmes sont associées aux activités de leur mari et, en cas d’absence temporaire ou de décès de leur époux, elles sont prêtes à assumer toutes les fonctions. Leur rôle est donc déterminant pour la survie du trafic de marchandises. Comme leur mari, elles s’entourent de facteurs, de commis ou de négociateurs. Elles ont toute l’autorité requise pour être obéies : leurs compétences sont reconnues ainsi que leur « qualité ». Parfois pionnières, elles participent pleinement à l’économie du royaume de France53.

    32Les différentes absences des hommes favorisent l’épanouissement économique des femmes : la mort du mari peut ainsi être un facteur d’indépendance pour elles ; une activité valorisante voire d’aventure qui éloigne les hommes de leur demeure – la pêche et le négoce par exemple – en est un autre ; enfin le vide créé par un désintérêt des hommes à l’égard de certains métiers en est un troisième. Les femmes occupent alors les places abandonnées par les hommes et s’emparent du pouvoir qu’ils veulent bien leur laisser, quelquefois par délégation. L’historienne Sylvie Steinberg a élaboré le concept de « substitution », celle d’une fille à son frère non-né ou mort, d’une épouse à son mari absent, d’une veuve à son mari défunt, ce qui fut un des moyens privilégiés par lequel les familles, les états et les corps ont cherché à se perpétuer à l’identique54. Dans la marchandise, l’absence des hommes, temporaire ou définitive et la nécessité d’agir pousse les femmes à se substituer aux hommes : au père, au mari, au frère. La société l’admet par pragmatisme. Par ailleurs, tant est forte la mortalité que l’organisation sociale doit s’adapter et la société doit compter sur tous, sans distinction de sexe. En conséquence, l’éducation des enfants, garçons comme filles, doit les y préparer à tout instant : la substitution fonctionne pour la société « comme un principe de survie et de pérennisation55 ». La substitution n’explique pas complètement les phénomènes que nous observons. L’ambassadeur de la république de Venise, Michel Suriano, écrit au milieu du xvie siècle : « Le Tiers état comprend les lettrés qu’on appelle hommes de robe longue, les marchands, les artisans, le peuple et les paysans. Les marchands aujourd’hui étant les maîtres de l’argent, sont choyés et caressés, mais ils n’ont aucune prééminence en dignité, car toute espèce de trafic est regardé comme indigne de la noblesse56. » Le mépris de l’activité commerciale durant une bonne partie de l’époque moderne explique peut-être également pourquoi les hommes ont laissé les femmes prendre une place importante dans les échanges maritimes.

    33Ce travail, commencé il y a maintenant une quinzaine d’années, se poursuit actuellement avec le même esprit : montrer que les femmes ne sont pas uniquement des victimes et qu’elles réussissent à enrichir leur parenté, leurs affins, leurs alliances et elles-mêmes. Sur ce terrain encore largement en friche, les travaux récents de Philippe Gardey et de Brice Martinetti, respectivement consacrés aux milieux négociants bordelais et rochelais au xviiie siècle, invitent à continuer les recherches avec une optique comparative57. L’un et l’autre mentionnent le rôle important de femmes dans la seconde moitié du siècle, ce qui contribuerait à nuancer les conclusions d’André Lespagnol et les nôtres : nous estimions que l’évolution de l’entreprise marchande vers une structure moins familiale aurait été défavorable à la participation des femmes. Sans remettre totalement en cause cette interprétation, il faudrait peut-être revoir la chronologie des changements dans les maisons de négoce.

    Notes de bas de page

    1 « Lettre à Fourquevaulx » de Catherine de Medicis, citée dans Pigeonneau H., Histoire du commerce de la France, Versailles, Cerf et fils, 1889, t. 2/2, p. 189.

    2 Montchrestien A. de, Traicté de l’oeconomie politique. Dedié au roy, et a la reyne mere du roy. Par Antoyne de Montchretien, sieur de Vateville, 1615, p. 45. Il est considéré par certains historiens comme le premier économiste français, lire à ce propos Guery A. (dir.), Montchrestien et Cantillon. Le commerce et l’émergence d’une pensée économique, Paris, ENS Éditions, 2011, 451 p.

    3 Lespagnol A., « Femmes négociantes sous Louis XIV. Les conditions complexes d’une promotion provisoire », dans Populations et cultures, Études réunies en l’honneur de François Lebrun, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1989, p. 463-470.

    4 Bernard Michon fut à l’initiative des deux articles : Dufournaud N. et Michon B., « Les femmes et l’armement morutier : l’exemple des Sables-d’Olonne pendant la première moitié du xviiie siècle », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 2003, vol. 110, n° 1, p. 93-113 ; id., « Les femmes et le commerce maritime à Nantes (1660-1740) : un rôle largement méconnu », Clio. Histoire, femmes et sociétés, n° 23, mai 2006, p. 311-330.

    5 L’expression « filles seules », utilisée au xviie siècle, désigne les célibataires.

    6 « Trafic » est entendu au sens du xviie siècle, soit commerce.

    7 À Nantes par exemple, la figure de Julienne David (1773-1843), femme corsaire durant les guerres révolutionnaires, peut être mentionnée. Elle se travestissait pour embarquer. Sur ce sujet, lire Steinberg S., La confusion des sexes : le travestissement de la Renaissance à la Révolution, Paris, Fayard, 2001, 406 p.

    8 Cérino C., « Entre terre et mer, pratiques socioprofessionnelles et subsistance à Belle-Île-en-Mer au xviiie siècle », dans Le Bouëdec G., Ploux F., Cérino C. et Geistdoerfer A. (dir.), Entre terre et mer. Sociétés littorales et pluriactivités (xve-xxe siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004, p. 131-145.

    9 Pour un état complet, lire Lett D., « Les régimes de genre dans les sociétés occidentales de l’Antiquité au xviie siècle », Annales. Histoire, Sciences sociales, septembre 2012, vol. 67, n° 3, p. 563-572.

    10 Scott J. W. et Tilly L., « Women’s Work and the Family in 19th Century Europe », The Family in History, University of Pennsylvania Press, Rosenberg, 1975, p. 145-178.

    11 Davis N. Z., Society and Culture in Early Modern France : Eight Essays, Stanford Californie, Stanford University Press, 1975, 384 p.

    12 Scott J. W., « Genre : une catégorie utile d’analyse historique », Les cahiers du Grif, Le genre de l’histoire, traduit par E. Varikas, 1988, n° 37-38, p. 125-153.

    13 Thébaud F., Écrire l’histoire des femmes, Fontenay-aux-Roses, ENS Éditions, 1998, 228 p.

    14 En France, l’Institut du genre a été fondé en 2012 à l’initiative de l’Institut des science humaines et sociales du CNRS. Groupement d’intérêt scientifique, il réunit plusieurs dizaines de partenaires institutionnels [http://institut-du-genre.fr/fr/].

    15 Thébaud F., op. cit., p. 69.

    16 Pour la partie juridique et l’étude des Coutumes et des usages en Bretagne au xvie siècle, voir Dufournaud N., Rôles et pouvoirs des femmes au xvie siècle dans la France de l’Ouest, thèse d’histoire, dir. A. Burguière, EHESS, Paris, 2007 [http://nicole.dufournaud.net].

    17 « Les actes notariés montrent la capacité d’action de la population » affirmait Robert Descimon lors de la journée d’études du 10 juin 2014 à l’EHESS.

    18 Le 21 janvier 2015, la journée « À double fonds, les archives des Femmes » a clôturé le séminaire semestriel « Femmes et archives », organisé par l’université Paris 8 et les Archives nationales. Ces rencontres ont été initiées par Denise Ogilvie et Emmnuelle Giry, pour les Archives nationales, et Isabelle Tournier pour le Centre d’études féminines et d’études de genre de l’université Paris 8. La journée d’études du 24 janvier 2015, de l’association Mnemosyne, intitulée « Dans les coulisses des archives : où sont les femmes ? », a prolongé cette réflexion.

    19 Portemer J., « Le statut de la femme en France depuis la réformation des coutumes jusqu’à la rédaction du code civil », dans La Femme, Recueils de la Société Jean Bodin, Bruxelles, Librairie encyclopédique, 1962, p. 473.

    20 Petot P. et Vandenbossche A., « Le statut de la femme dans les pays coutumiers français du xiiie au xviie siècle », dans La Femme, Recueils…, op. cit., 1962, p. 253.

    21 Sur ce sujet, lire Opitz C., « Contraintes et libertés (1250-1500) », dans Le Moyen Âge, Paris, Plon, coll. « Histoire des femmes », n° 2, 1991, p. 277-335.

    22 Grenier B. et Ferland C., « Quelque longue que soit l’absence : procurations et pouvoir féminin à Québec au xviiie siècle », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 2013, n° 37, p. 197-225.

    23 Ferriere C.-J. de, La science parfaite des notaires au moyen de faire un parfait notaire, contenant les ordonnances, les arrests et reglemens rendus touchant la fonction des notaires…, Paris, 1692, rééd. Saugrain, 1735, p. 423.

    24 Arch. dép. de Loire-Atlantique (ADLA), 4 E 2/1963, minutes de Verger, 6 mars 1681.

    25 ADLA, 4 E 2/1981, minute de Verger, 21 juillet 1701.

    26 Chazé S., Les négociants irlandais à Nantes à la ffn du règne de Louis XIV : 1685-1715, maîtrise d’histoire, dir. G. Saupin, université de Nantes, 1999, p. 62-65.

    27 ADLA, 4 E 2/1970, minutes de Verger, 6 septembre 1688.

    28 Ibid., B 4477, amirauté de Nantes, enregistrement des propriétés de vaisseaux, 17 novembre 1693 et 14 mai 1700.

    29 Ibid., C 1188, fonds Marine, rôles d’armements, quartier de Nantes, f° 126.

    30 Ibid., 4 E 2/1973, minutes de Verger, 29 décembre 1691.

    31 Ibid., 4 E 2/21, minutes d’Alexandre, 14 mars 1699. Notons qu’ils sont toujours associés en 1699.

    32 Ibid., 4 E 2/1970, minute de Verger, 6 septembre 1688.

    33 Lespagnol A., « Femmes négociantes… », art. cité, p. 463-470.

    34 Villiers P., « Armateurs et navires négriers en temps de guerre : la correspondance Foäche, négociants au Havre 1759-1762 », dans Daget S. (dir.), De la traite à l’esclavage du ve au xixe siècle, Paris, L’Harmattan, 1988, t. 1, p. 453-479.

    35 Sur l’éducation, voir Dufournaud N. et Michon B., « Les femmes et l’armement morutier… », art. cité, p. 107-109.

    36 ADLA, 4 E 2/1970, minutes de Verger, 6 septembre 1688.

    37 Ibid.

    38 Montenach A., « Le marché du poisson à Lyon au xviie siècle », Rives méditerranéennes, n° 43, 2012, p. 13-25. L’auteure consacre la troisième et dernière partie de son article au rôle des femmes dans le commerce du poisson et rappelle qu’elles sont très impliquées dans ce secteur à Lyon mais également à Londres, Paris ou Marseille.

    39 Gautier B., Le monde du négoce dans les ports du Ponant sous Richelieu et Mazarin (vers 1625- vers 1660). Les exemples de Bordeaux et de Rouen, thèse d’histoire, dir. P. Butel, université de Bordeaux III, 1996, t. 1, p. 48.

    40 Documents pour servir à l’histoire du commerce des Pays-Bas avec la France jusqu’à 1585, t. 1 : Actes notariés de La Rochelle 1423-1585, Mappie A. Drost., La Haye, M. Nijhoff, 1984, t. 2/1.

    41 Dufournaud N., Rôles et pouvoirs…, op. cit., p. 454-458.

    42 Dufournaud N. et Michon B., « Les femmes et l’armement morutier… », art. cité, p. 99-100.

    43 Arch. dép. Vendée (ADV), 1 E 671, René Lodre des Chataigners, gouverneur des Sables.

    44 ADLA, C 1187-1188, fonds Marine, rôles d’armements, quartier de Nantes, années 1699 à 1701.

    45 Ibid., C 1201-1204, fonds Marine, rôles d’armements, quartier de Nantes, années 1733 à 1736.

    46 Retureau H., « L’armement morutier sablais au xviiie siècle », Bulletin de la société Olona, 1998, n° 2, p. 2-10.

    47 ADV, 1 E 430, Gaudin de La Fonsausse, comptes de la pêche à la morue, 1743-1744.

    48 ADLA, 4 E 2/1971, minute de Verger, 1er et 17 octobre 1689.

    49 Ibid., B 4480, amirauté de Nantes, déclaration de propriété de vaisseaux, 4 mai 1712. La veuve Budan est la belle-mère de Pierre Le Jeune. L’association est donc composée avec les deux belles-mères.

    50 Ibid., 4 E 2/1994, minute de Villaine, 4 juin 1699 ; 4 E 2/1999, minute de Villaine, 16 juin 1702 ; 4 E 2/2020, minute de Villaine, 1er juin 1720. Le traité de 1699 désigne Marie Billon comme une « femme marchande faisant negoce ».

    51 Ibid., 4 E 2/1965, minute de verger, 19 novembre 1683.

    52 Déjà au xvie siècle, Brantome indiquait combien les femmes aimaient le pouvoir : « Car l’ambition de dominer, régner et commander, loge dans leurs âmes, aussi bien que des hommes, et elles en sont aussi friandes. » Voir Bourdeille P. de, dit Brantôme, De l’amour des Dames, Londres, coll. « Collection universelle des mémoires particuliers relatifs à l’histoire de France », n° 65, 1790, p. 380.

    53 Fontaine L., L’économie morale. Pauvreté, crédit et conffance dans l’Europe préindustrielle, Paris, Gallimard, 2008, 448 p. Lire en particulier le cinquième chapitre de l’ouvrage, intitulé : « Espaces économiques féminins et crédit », p. 134-163.

    54 D’autres chercheurs ont abouti à des conclusions similaires. Lire, par exemple, Collins J. B., « The Economic rôle of Women in Seventeenth Century France », French Historical Studies, n° 16-2, 1989, p. 436-470 ; voir également Robic P., « La veuve : une partie prenante méconnue dans la transmission des entreprises familiales », Management international, vol. 18, n° 4, 2014, p. 175-189.

    55 Steinberg S., « Hiérarchies dans l’Ancien Régime », dans Riot-Sarcey M. (dir.), De la différence des sexes. Le genre en histoire, Madrid, Larousse, 2010, p. 131-160.

    56 Relations des ambassadeurs vénitiens (Michel Suriano, 1561), I, p. 485, cité dans Pigeonneau H., Histoire du commerce…, op. cit., t. 2, p. 88.

    57 Gardey P., Négociants et marchands de Bordeaux de la guerre d’Amérique à la Restauration (1780- 1830), Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2009, 817 p. ; Martinetti B., Les négociants de La Rochelle au xviiie siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, 448 p.

    Auteurs

    • Nicole Dufournaud
      Docteur en histoire moderne, EHESS. Membre associée du LaDéHIS
    • Bernard Michon
      Maître de conférences en histoire moderne, université de Nantes, CRHIA. Membre du GIS Histoire & Sciences de la Mer CNRS
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    3 Lespagnol A., « Femmes négociantes sous Louis XIV. Les conditions complexes d’une promotion provisoire », dans Populations et cultures, Études réunies en l’honneur de François Lebrun, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1989, p. 463-470.

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    5 L’expression « filles seules », utilisée au xviie siècle, désigne les célibataires.

    6 « Trafic » est entendu au sens du xviie siècle, soit commerce.

    7 À Nantes par exemple, la figure de Julienne David (1773-1843), femme corsaire durant les guerres révolutionnaires, peut être mentionnée. Elle se travestissait pour embarquer. Sur ce sujet, lire Steinberg S., La confusion des sexes : le travestissement de la Renaissance à la Révolution, Paris, Fayard, 2001, 406 p.

    8 Cérino C., « Entre terre et mer, pratiques socioprofessionnelles et subsistance à Belle-Île-en-Mer au xviiie siècle », dans Le Bouëdec G., Ploux F., Cérino C. et Geistdoerfer A. (dir.), Entre terre et mer. Sociétés littorales et pluriactivités (xve-xxe siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004, p. 131-145.

    9 Pour un état complet, lire Lett D., « Les régimes de genre dans les sociétés occidentales de l’Antiquité au xviie siècle », Annales. Histoire, Sciences sociales, septembre 2012, vol. 67, n° 3, p. 563-572.

    10 Scott J. W. et Tilly L., « Women’s Work and the Family in 19th Century Europe », The Family in History, University of Pennsylvania Press, Rosenberg, 1975, p. 145-178.

    11 Davis N. Z., Society and Culture in Early Modern France : Eight Essays, Stanford Californie, Stanford University Press, 1975, 384 p.

    12 Scott J. W., « Genre : une catégorie utile d’analyse historique », Les cahiers du Grif, Le genre de l’histoire, traduit par E. Varikas, 1988, n° 37-38, p. 125-153.

    13 Thébaud F., Écrire l’histoire des femmes, Fontenay-aux-Roses, ENS Éditions, 1998, 228 p.

    14 En France, l’Institut du genre a été fondé en 2012 à l’initiative de l’Institut des science humaines et sociales du CNRS. Groupement d’intérêt scientifique, il réunit plusieurs dizaines de partenaires institutionnels [http://institut-du-genre.fr/fr/].

    15 Thébaud F., op. cit., p. 69.

    16 Pour la partie juridique et l’étude des Coutumes et des usages en Bretagne au xvie siècle, voir Dufournaud N., Rôles et pouvoirs des femmes au xvie siècle dans la France de l’Ouest, thèse d’histoire, dir. A. Burguière, EHESS, Paris, 2007 [http://nicole.dufournaud.net].

    17 « Les actes notariés montrent la capacité d’action de la population » affirmait Robert Descimon lors de la journée d’études du 10 juin 2014 à l’EHESS.

    18 Le 21 janvier 2015, la journée « À double fonds, les archives des Femmes » a clôturé le séminaire semestriel « Femmes et archives », organisé par l’université Paris 8 et les Archives nationales. Ces rencontres ont été initiées par Denise Ogilvie et Emmnuelle Giry, pour les Archives nationales, et Isabelle Tournier pour le Centre d’études féminines et d’études de genre de l’université Paris 8. La journée d’études du 24 janvier 2015, de l’association Mnemosyne, intitulée « Dans les coulisses des archives : où sont les femmes ? », a prolongé cette réflexion.

    19 Portemer J., « Le statut de la femme en France depuis la réformation des coutumes jusqu’à la rédaction du code civil », dans La Femme, Recueils de la Société Jean Bodin, Bruxelles, Librairie encyclopédique, 1962, p. 473.

    20 Petot P. et Vandenbossche A., « Le statut de la femme dans les pays coutumiers français du xiiie au xviie siècle », dans La Femme, Recueils…, op. cit., 1962, p. 253.

    21 Sur ce sujet, lire Opitz C., « Contraintes et libertés (1250-1500) », dans Le Moyen Âge, Paris, Plon, coll. « Histoire des femmes », n° 2, 1991, p. 277-335.

    22 Grenier B. et Ferland C., « Quelque longue que soit l’absence : procurations et pouvoir féminin à Québec au xviiie siècle », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 2013, n° 37, p. 197-225.

    23 Ferriere C.-J. de, La science parfaite des notaires au moyen de faire un parfait notaire, contenant les ordonnances, les arrests et reglemens rendus touchant la fonction des notaires…, Paris, 1692, rééd. Saugrain, 1735, p. 423.

    24 Arch. dép. de Loire-Atlantique (ADLA), 4 E 2/1963, minutes de Verger, 6 mars 1681.

    25 ADLA, 4 E 2/1981, minute de Verger, 21 juillet 1701.

    26 Chazé S., Les négociants irlandais à Nantes à la ffn du règne de Louis XIV : 1685-1715, maîtrise d’histoire, dir. G. Saupin, université de Nantes, 1999, p. 62-65.

    27 ADLA, 4 E 2/1970, minutes de Verger, 6 septembre 1688.

    28 Ibid., B 4477, amirauté de Nantes, enregistrement des propriétés de vaisseaux, 17 novembre 1693 et 14 mai 1700.

    29 Ibid., C 1188, fonds Marine, rôles d’armements, quartier de Nantes, f° 126.

    30 Ibid., 4 E 2/1973, minutes de Verger, 29 décembre 1691.

    31 Ibid., 4 E 2/21, minutes d’Alexandre, 14 mars 1699. Notons qu’ils sont toujours associés en 1699.

    32 Ibid., 4 E 2/1970, minute de Verger, 6 septembre 1688.

    33 Lespagnol A., « Femmes négociantes… », art. cité, p. 463-470.

    34 Villiers P., « Armateurs et navires négriers en temps de guerre : la correspondance Foäche, négociants au Havre 1759-1762 », dans Daget S. (dir.), De la traite à l’esclavage du ve au xixe siècle, Paris, L’Harmattan, 1988, t. 1, p. 453-479.

    35 Sur l’éducation, voir Dufournaud N. et Michon B., « Les femmes et l’armement morutier… », art. cité, p. 107-109.

    36 ADLA, 4 E 2/1970, minutes de Verger, 6 septembre 1688.

    37 Ibid.

    38 Montenach A., « Le marché du poisson à Lyon au xviie siècle », Rives méditerranéennes, n° 43, 2012, p. 13-25. L’auteure consacre la troisième et dernière partie de son article au rôle des femmes dans le commerce du poisson et rappelle qu’elles sont très impliquées dans ce secteur à Lyon mais également à Londres, Paris ou Marseille.

    39 Gautier B., Le monde du négoce dans les ports du Ponant sous Richelieu et Mazarin (vers 1625- vers 1660). Les exemples de Bordeaux et de Rouen, thèse d’histoire, dir. P. Butel, université de Bordeaux III, 1996, t. 1, p. 48.

    40 Documents pour servir à l’histoire du commerce des Pays-Bas avec la France jusqu’à 1585, t. 1 : Actes notariés de La Rochelle 1423-1585, Mappie A. Drost., La Haye, M. Nijhoff, 1984, t. 2/1.

    41 Dufournaud N., Rôles et pouvoirs…, op. cit., p. 454-458.

    42 Dufournaud N. et Michon B., « Les femmes et l’armement morutier… », art. cité, p. 99-100.

    43 Arch. dép. Vendée (ADV), 1 E 671, René Lodre des Chataigners, gouverneur des Sables.

    44 ADLA, C 1187-1188, fonds Marine, rôles d’armements, quartier de Nantes, années 1699 à 1701.

    45 Ibid., C 1201-1204, fonds Marine, rôles d’armements, quartier de Nantes, années 1733 à 1736.

    46 Retureau H., « L’armement morutier sablais au xviiie siècle », Bulletin de la société Olona, 1998, n° 2, p. 2-10.

    47 ADV, 1 E 430, Gaudin de La Fonsausse, comptes de la pêche à la morue, 1743-1744.

    48 ADLA, 4 E 2/1971, minute de Verger, 1er et 17 octobre 1689.

    49 Ibid., B 4480, amirauté de Nantes, déclaration de propriété de vaisseaux, 4 mai 1712. La veuve Budan est la belle-mère de Pierre Le Jeune. L’association est donc composée avec les deux belles-mères.

    50 Ibid., 4 E 2/1994, minute de Villaine, 4 juin 1699 ; 4 E 2/1999, minute de Villaine, 16 juin 1702 ; 4 E 2/2020, minute de Villaine, 1er juin 1720. Le traité de 1699 désigne Marie Billon comme une « femme marchande faisant negoce ».

    51 Ibid., 4 E 2/1965, minute de verger, 19 novembre 1683.

    52 Déjà au xvie siècle, Brantome indiquait combien les femmes aimaient le pouvoir : « Car l’ambition de dominer, régner et commander, loge dans leurs âmes, aussi bien que des hommes, et elles en sont aussi friandes. » Voir Bourdeille P. de, dit Brantôme, De l’amour des Dames, Londres, coll. « Collection universelle des mémoires particuliers relatifs à l’histoire de France », n° 65, 1790, p. 380.

    53 Fontaine L., L’économie morale. Pauvreté, crédit et conffance dans l’Europe préindustrielle, Paris, Gallimard, 2008, 448 p. Lire en particulier le cinquième chapitre de l’ouvrage, intitulé : « Espaces économiques féminins et crédit », p. 134-163.

    54 D’autres chercheurs ont abouti à des conclusions similaires. Lire, par exemple, Collins J. B., « The Economic rôle of Women in Seventeenth Century France », French Historical Studies, n° 16-2, 1989, p. 436-470 ; voir également Robic P., « La veuve : une partie prenante méconnue dans la transmission des entreprises familiales », Management international, vol. 18, n° 4, 2014, p. 175-189.

    55 Steinberg S., « Hiérarchies dans l’Ancien Régime », dans Riot-Sarcey M. (dir.), De la différence des sexes. Le genre en histoire, Madrid, Larousse, 2010, p. 131-160.

    56 Relations des ambassadeurs vénitiens (Michel Suriano, 1561), I, p. 485, cité dans Pigeonneau H., Histoire du commerce…, op. cit., t. 2, p. 88.

    57 Gardey P., Négociants et marchands de Bordeaux de la guerre d’Amérique à la Restauration (1780- 1830), Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2009, 817 p. ; Martinetti B., Les négociants de La Rochelle au xviiie siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, 448 p.

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    Ce livre est cité par

    • Sronek, Marie-Laure. Brouquet, Sophie. Dousset-Seiden, Christine. Martini, Manuela. (2022) Histoire des femmes et du genre. DOI: 10.3917/arco.chape.2022.01.0169

    Ce chapitre est cité par

    • Seguí Beltrán, Andreu. (2022) CAPITANAS Y PATRONAS. MUJERES EN LA ACTIVIDAD CORSARIA DE MALLORCA EN EL SIGLO XVII. Revista de Historia Económica / Journal of Iberian and Latin American Economic History, 40. DOI: 10.1017/S0212610921000045

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    Dufournaud, Nicole, et Bernard Michon. « Les femmes et leurs activités liées à la mer ». Les femmes et la mer à l’époque moderne, édité par Philippe Hroděj et Emmanuelle Charpentier, Presses universitaires de Rennes, 2018, https://doi.org/10.4000/books.pur.167117.

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