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    Plan détaillé Texte intégral Plasticité Verticalité Effacement et recomposition Retour sur la ville contemporaine. Actualité de la question Notes de bas de page Auteurs

    La parcelle dans tous ses états

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Introduction

    Florence Bourillon et Corinne Jaquand

    p. 7-16

    Texte intégral Plasticité Verticalité Effacement et recomposition Retour sur la ville contemporaine. Actualité de la question Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    1Si l’on veut bien admettre que la parcelle est la projection au sol d’un rapport de propriété légal ou coutumier, elle peut être définie comme la plus petite unité possible d’exploitation et d’investissement, que ce soit à des fins de mise en culture ou d’urbanisation. Suivant le système de la propriété en vigueur, féodal, de mainmorte, capitaliste, collectif ou mixte, elle peut faire l’objet d’échange, de transmission, de revente, de contrat de bail, de remembrement, servir de base à l’imposition, mais en tant que bien marchand, ce n’est pas un bien reproductible. En ce sens, il existe de nombreuses définitions de la parcelle comme unité de terrain et de propriété et l’approche transnationale du terme déploie un large éventail de désignations dans des contextes urbains ou ruraux distincts.

    2Pour autant, au-delà de la définition juridique liée à la propriété, la parcelle se décline en éléments constitutifs d’un ensemble plus vaste : « petite partie d’un tout » comme le rappelle le Dictionnaire historique de la langue française1. Les usuels d’urbanisme la mentionnent rarement en tant que telle, car la parcelle n’est pas un isola, elle s’inscrit dans un ensemble territorial plus vaste, dans un système parcellaire dont elle est l’une des composantes. Dans leur Dictionnaire de l’aménagement et de l’urbanisme, Françoise Choay et Pierre Merlin parlent du « parcellaire [qui] forme le cadre obligé de toute opération d’urbanisation et de cadre urbain en général : à ce titre il apparaît comme l’image la plus précise de l’histoire d’un espace2 ». Le principe parcellaire implique la reconnaissance de la mitoyenneté et de l’accès à une voie publique se faisant soit directement, soit par l’intermédiaire d’un droit de passage sur une parcelle contigüe. Plus largement, entité spatiale homogène, il est également outil de planification ou de la projection du bâti qui l’occupe, le cas échéant.

    3Toute une panoplie de configurations parcellaires s’offre à l’observation hier comme aujourd’hui. La parcelle peut se résumer à un terrain aux dimensions standards, issu d’un découpage régulier ex nihilo avec peu de déformations originelles autres que le regroupement : ainsi les lotissements à grille des villes américaines ou les colonisations agraires menées par les États et les pouvoirs centraux (centuration romaine, grille Jeffersonienne, polders modernes des Pays-Bas). Au contraire, la parcelle peut être le résultat d’une division foncière vernaculaire à partir d’une trame précédente telle qu’on en voit dans les tissus de faubourgs bâtis le long de voies desservant à l’origine des champs mis en culture. Les situations hybrides sont légion et concernent particulièrement les parcellaires réorganisés après le percement ou l’élargissement d’une voie, après la construction d’une infrastructure. La profondeur du remembrement mis en œuvre dépend alors des possibilités offertes par les lois d’expropriation en vigueur qui déterminent l’intérêt public et la récupération de la rente foncière. L’extension du mode d’expropriation de la parcelle à la zone, de façon commune ou exceptionnelle, a constitué une étape déterminante pour la modernisation des villes européennes à partir du milieu du xixe siècle3 ainsi que dans le cadre de la reconstruction de villes anéanties par les bombardements.

    4Le thème de la parcelle s’adresse donc aussi bien aux disciplines de l’espace comme l’architecture, l’urbanisme ou la géographie, qu’à l’histoire des sociétés, tandis que sa mise en exploitation convoque également le droit et l’économie, voire, selon les cas, l’agronomie et l’ingénierie des réseaux. « Interroger la parcelle », c’est donc interroger le système foncier à l’origine de son existence et la conjoncture, entre régime de propriété, capacité d’investissement des acteurs et contraintes fiscales du temps4.

    5Les réglementations urbaines et environnementales déterminant l’occupation du sol, la densité et donc la valeur marchande ou d’échange, imposent une dialectique entre la topographie, le tracé, la géométrie et la distribution du bâti. Soumis aux cycles de croissance et d’obsolescence, le système parcellaire montre des permanences autant que des mutations imposées par l’usage et l’économie. Cette morphogénèse est aussi à mettre en miroir avec les aspects idéologiques des doctrines architecturales du projet urbain, car les discours sur la forme urbaine peuvent, indépendamment des régimes économiques en place, postuler la valeur patrimoniale du découpage parcellaire ou au contraire son effacement.

    6Dès le début du xxe siècle, les disciplines de la géographie et de l’histoire se sont intéressées au parcellaire urbain et rural, en particulier l’école de géographie allemande et l’école historique française des Annales5. Les deux approches historique et géographique se sont croisées dans le champ de la morphologie urbaine, institué notamment en Angleterre par M. R. G. Conzen, formé à l’école allemande de géographie. Conzen considère la parcelle comme une « relique commune » (common artefact)6, dans le sens où elle participe de la matrice engendrant les tissus urbains dont il a établi une typologie de référence. Dans les années 1960 en Italie, les études de Saverio Muratori sur le parcellaire vénitien et romain renouvellent la question dans la perspective patrimoniale de redécouverte des centres anciens7. Puis dans les années 1970 en France, l’équipe réunie par André Chastel, Françoise Boudon et Françoise Hamon, entame un travail inaugural sur le centre de Paris avec la reconstitution historique du parcellaire du quartier des Halles qui est alors en plein bouleversement8. Leur livre paru en 1977, Système de l’architecture urbaine, est en soi une réhabilitation scientifique allant à l’encontre de la table-rase moderne : la parcelle est perçue par ces historiens de l’art comme l’unité morphologique originelle de la ville et non plus seulement comme un frein à l’assainissement ou la modernisation.

    7Dans les années quatre-vingt, s’impose dans les écoles d’architecture, l’ouvrage Formes urbaines, de l’îlot à la barre, de Jean Castex, Jean-Charles Depaule, Philippe Panerai9 qui introspecte sur un siècle, l’urbanisme résidentiel et le passage d’une ville de tracés à une ville de plan-masse. Pour les auteurs, les transformations typologiques de l’immeuble à cour aux grands ensembles collectifs fonctionnalistes, induites par l’hygiénisme et l’industrialisation du bâtiment, ont fait disparaître progressivement la division parcellaire au profit de l’échelle de l’îlot puis du grand lot. L’attention portée à la parcelle s’est ainsi progressivement éclipsée du champ de la réflexion sur le devenir des villes, et de ce fait des enseignements académiques en urbanisme et architecture.

    8Pour autant, au cours de la même période, des travaux en histoire urbaine se sont intéressés à la parcelle comme mode de compréhension de formation de la ville. Menés par des chercheurs venus d’horizons différents, géographes, historiens et historiens de l’art, ils ont concouru à une nouvelle prise en compte, avant même que le projet urbain post-moderne ne s’appuie sur de nouvelles recherches en typo-morphologie pour justifier la conservation ou la reconstruction de rues et d’îlots à l’alignement. Plusieurs études sur Paris et sur les lotissements mettent ainsi en valeur le rôle du parcellaire ancien et souvent rural dans les formes nouvelles que prend la ville en plein développement au xixe siècle10. Plus largement, la parcelle est réhabilitée dans une démarche généalogique d’analyse du changement urbain11 et des travaux importants sont publiés sur Marseille, Rouen, Lyon ou plus récemment Bordeaux12 pour en rester à l’époque contemporaine. Au cours des années 2000, la parcelle a également été analysée dans sa signification fiscale et comme base des prélèvements par la puissance publique selon des modalités qui ont varié dans le temps et dans l’espace13, ouvrant ainsi dans le long terme et à l’échelle européenne, la dynamique spatiale et édilitaire qu’elle possède également. Enfin, les SIG permettent d’explorer la restitution historique urbaine et patrimoniale14.

    9Ce livre a pour ambition de croiser sur « la parcelle » les approches historiques venant des sciences sociales, de l’architecture et de l’urbanisme. Le collectif d’universitaires Usages de l’histoire et devenirs urbains15, qui en est à l’origine, était mû par le désir de relier des univers académiques, occupant le vaste champ de l’histoire urbaine, qui avaient certes coutume d’emprunter l’un à l’autre mais rarement d’échanger simultanément sur un même objet. La parcelle apparaissait avec évidence comme étant le plus petit dénominateur commun pour rendre compte de la morphogénèse des territoires, autant que de la vie urbaine dans ses aspects sociaux, économiques et de pratiques culturelles.

    10Le pari de cette recherche commune a été de considérer la parcelle comme un objet d’étude diachronique, avec l’hypothèse qu’une fois juxtaposées, les études de cas issus de différents contextes historiques feraient apparaître les propriétés récurrentes de cet élément basique de la matrice territoriale des villes et des campagnes.

    11Par leur transversalité, les contributions rassemblées dans ce livre, sur des contextes remontant au Moyen Âge, permettent d’éclairer les problématiques de la ville contemporaine en ce qu’elles font apparaître des constantes quelle que soit la sophistication opérationnelle et juridique de l’époque. Nous les avons regroupées selon certains mots-clés : « Plasticité », dans la mesure où le système parcellaire induit une grande diversité de processus en fonction des conditions d’émergence et de mutations ; « Verticalité », ce qui n’est pas si paradoxal qu’il y paraît, car comme évoqué précédemment, la parcelle ne se réduit pas à une projection au sol, elle est le support d’usages et de bâtiments qui lui confèrent d’autres dimensions et résultent de prescriptions constructives et sanitaires qui peuvent impacter son sous-sol ; « Effacement et recomposition », qui renvoie aux cycles économiques et idéologiques sur le temps long.

    12L’ensemble des textes est suivi d’une tribune ouverte à l’historien de l’architecture Philippe Gresset qui revisite de façon critique l’état des savoirs sur la parcelle et plaide pour le retour de cet impensé dans la recherche en sciences sociales et dans les théories contemporaines sur le projet urbain.

    Plasticité

    13La parcelle montre une certaine plasticité en ses formes et ses limites en raison des processus de redécoupage, de fusion, de remembrement ou d’effacement auxquels les dérogations aux régimes fonciers courants peuvent la soumettre. Les études rassemblées dans ce chapitre démontrent le rôle des acteurs privés, propriétaires individuels, communautés religieuses ou voisinages. Jean-Luc Laffon met en avant l’aspect anthropologique des communautés d’habitants s’identifiant au groupe de parcelles désigné comme la « dizaine/moulon », espace vécu des Toulousains sous l’Ancien Régime, et les accommodements successifs en jeu face aux autorités publiques. Julien Puget redonne toute sa place à l’initiative privée dans le processus d’embellissement et d’extension des villes d’Aix-en-Provence et de Marseille aux xviie et xviiie siècles. Selon des modes distincts dans un cas et dans l’autre (à Aix la procédure est celle du lotissement sur terrain nu, à Marseille il s’agit d’intégrer des faubourgs déjà urbanisés), la parcelle constitue l’échelon essentiel de la fabrique urbaine. Des processus analogues d’extension ou de valorisation sont également analysés pour Paris dans la zone située entre le mur des Fermiers généraux et les fortifications de Thiers, la « petite banlieue » qui sera annexée en 1860 (Paul Lecat) ou au-delà dans la banlieue proche ou lointaine à la fin du xixe siècle avec la création de véritables petites villes nouvelles en lotissements articulés par des espaces et des équipements publics, tels Colombes et Corbeil-Essonnes (Michèle Lambert-Bresson). De la création d’un parcellaire le long d’une voie publique dessinée par l’autorité publique à l’ouverture de voies privées ou de lotissements secondaires souvent nantis de réglementation internes, tout concourt à étendre ou densifier la ville. Bien souvent les auteurs constatent la résistance du parcellaire antérieur, le plus souvent rural, en lien avec les activités agraires qui ont pu y prendre place.

    14Ce qui se vérifie dans un espace anciennement rural ou semi-rural n’a pas le même sens dans une ville construite à l’espace contraint. Preston Perluss évoque, dans le Paris de l’Ancien Régime, la longue conquête par les communautés religieuses des biens mitoyens ou bordant leurs constructions. Cette fois-ci c’est la capacité à agir dans la durée qui démontre toute son efficacité : la réalisation d’hôtels aristocratiques, faubourg Saint-Germain, dans les domaines adjacents des Carmes déchaussés, le plus souvent destinés à offrir des revenus à l’ordre religieux, va pour longtemps modifier l’urbanisme parisien… De ce fait le processus de fusion de parcelles constitue l’une des formes d’adaptation de la ville existante aux exigences du marché. Le morcellement des façades sans impact sur le parcellaire en représente un autre aspect.

    Verticalité

    15Le rapport entre la parcelle et le bâti est aussi à considérer dans la verticalité. Au-delà même des données fiscales, la « maison16 », telle que la définissent les agents des Contributions directes en France, recouvre une réalité urbaine par l’occupation au sol et le développement en hauteur. Dans le cas d’un espace saturé de constructions, ce qui importe est moins la représentation au sol d’une parcelle que le développement de la construction en étages, en ajouts ou en compléments, avec un numéro sur la rue, un adressage ou d’autres repères qui peuvent le remplacer. Plusieurs types de propriétés, de coutumes et de droit d’usages peuvent ainsi se combiner entre le sol nu et les étages, mais aussi avec les sous-sols, leurs statuts juridiques allant jusqu’à se dissocier suivant un jeu plus ou moins complexe de superpositions contractuelles. Les visées esthétiques participent éventuellement du phénomène. Les pratiques d’embellissement dans l’urbanisme traditionnel se révèlent en cela tout aussi armées que l’urbanisme moderne sur dalle par exemple.

    16Sylvain Schoonbaert et Paul-Édouard Errard mettent à profit dans un SIG, les renseignements fiscaux du plan cadastral de Bordeaux pour rendre compte de l’habitat et de la morphologie sociale du Bordeaux au milieu du xixe siècle. Camille Bidaud s’intéresse à la reconstruction au cas par cas de la Grand’Place d’Arras après les bombardements de la Première Guerre mondiale. La volonté de restituer les façades dans leur valeur patrimoniale, se combinant avec la modernisation des voiries, a donné lieu à des superpositions de propriétés avec des étages privés au-dessus des passages publics sous arcades, ainsi qu’à des expropriations partielles aux angles des rues débouchant sur les places et des fusions de parcelles deux-à-deux tout en reconstituant des modénatures fractionnées en façade. Philippe Thiard examine un cas contemporain à Bruxelles, celui du projet urbain Loi situé dans le quartier européen, où une certaine manipulation entre parcelles, terrains et îlots, permet d’insérer de grands bâtiments en hauteur sans avoir recours à des expropriations par zone. L’auteur met ainsi en perspective le recours à l’échelle intermédiaire du macro-lot, tout en constatant que l’échelonnement dans le temps des opérations, l’imprécision juridique et l’encombrement du marché compromettent l’ensemble. Anne-Laure Jourdheuil examine les opérations contemporaines de renouvellement urbain à l’échelle de macro-lots en analysant diverses opérations récentes à Paris et en banlieue parisienne qui sont copilotées par le privé et les collectivités. Ces dernières exigent une mixité sociale du même opérateur privé qui réalise des logements en accession et en locatif social dans des immeubles communs ou séparés grâce à des systèmes contractuels en VEFA (vente en état de futur achèvement).

    Effacement et recomposition

    17La parcelle est aussi la projection de représentations idéologiques. Isabelle Grudet et Claudio Secci revisitent en ce sens les théories de l’urbanisme moderne qui ont conduit à s’affranchir du parcellaire. L’urbanisme réformiste du tournant du xxe siècle a d’abord voulu limiter la spéculation immobilière par la municipalisation des sols (mouvement de la cité-jardin), tandis que l’urbanisme socialiste, assimilant la propriété privée au capitalisme qu’il voulait éradiquer, en a mené une collectivisation forcée. Entre ces deux postures, une vision à la fois techniciste et esthétique de la ville a dominé dans l’après-guerre, entraînant des opérations table-rase en centre-ville et l’urbanisation de grands lots en périphérie. Éric Le Bourhis donne un aperçu de la fabrication des grands ensembles dans la Riga soviétique à partir du paradigme de la table-rase favorable à la standardisation, mais aussi la relative résistance du parcellaire préexistant en raison des aléas rencontrés par ces mêmes programmes.

    18La parcelle redevient objet d’attention dans la période post-moderne par là même critique envers l’effacement de la ville ancienne. Denis Bocquet relate les débats sur le parcellaire du Berlin de la Réunification. Au nom de la doctrine dite de la « Reconstruction critique », le Sénat de la Construction et de l’Urbanisme a encouragé un parcellaire factice avec des alignements architecturaux continus sur les voies pour faire renaître l’image de la ville « bourgeoise » et le paysage urbain pré-moderne. Lors de la reconstruction du quartier de la Friedrichstadt, des prescriptions ont été adoptées dans ce sens, alors que sur la Potsdamer Platz, le lot fut l’unité d’investissement et la base de l’écriture architecturale. À Paris, un débat similaire sur la parcelle et l’îlot agite les milieux de la maîtrise d’ouvrage urbaine et de l’architecture17, certains à l’époque défendant, comme à Berlin, l’entité verticale de l’immeuble-parking sur sa parcelle comme garant de la mutabilité des tissus, d’autres « l’îlot ouvert » avec un parking commun et un jeu complexe de gabarits entre des immeubles distincts. Une sorte de compromis s’impose entre l’espace moderne dilaté et la ville traditionnelle compacte.

    19Dans une perspective bien différente d’une ville en décroissance, à savoir Saint-Étienne, Charline Sowa se penche sur les objectifs du projet « Îlot-test Franche Amitié » dans le quartier Tarentaize-Beaubrun-Séverine ainsi que celui sur le site de Chateldon, développé dans le cadre du programme « Habiter autrement les centres-bourgs » lancé par le conseil général du Puy-de-Dôme et le Parc naturel du Livradois-Forez. Le propos, dans les deux cas, est de mener une stratégie foncière à l’échelle du parcellaire destinée à revitaliser centres-villes et quartiers concernés en mutualisant des espaces communs en cœur d’îlot.

    Retour sur la ville contemporaine. Actualité de la question

    20La question des savoirs et des doctrines d’intervention est en effet de nouveau posée dans la ville mondialisée d’aujourd’hui où l’unité parcellaire se retrouve mise en jeu dans des contextes géographiques et culturels extrêmement divers. On peut ainsi distinguer quatre grandes catégories de tissus urbains qui se juxtaposent ou s’hybrident qui impliquent chacune une problématique spécifique sur la parcelle.

    21Dans le cadre d’un urbanisme « régulé » par un plan de voirie et de zonage, avec des gabarits s’appliquant au bâti, le développement urbain continue de se faire par des substitutions parcellaires, au gré des initiatives d’investissement, des mutations d’usage et sous la poussée du marché foncier. Dans les périphéries particulièrement hétérogènes et fragmentées, et soumises à un processus de densification, la mutabilité du micro-foncier devient un enjeu pour créer des espaces communs intersticiels (cheminements piétons, parcs, places et petits commerces de quartier), pour instaurer des mobilités douces et rétablir des continuités urbaines, tout en renforçant la végétation et plus globalement, la résilience climatique.

    22Un autre mode d’urbanisation concerne les grandes opérations de renouvellement urbain négociées sur le mode dérogationnel entre le public et le privé. Dans les grands programmes à caractère résidentiels, de type ZAC en France, on constate l’abandon d’un système parcellaire au profit de macro-lots occupés par des copropriétés associant résidences privées et locatif social. La mutabilité sur le temps long de ces opérations sans parcelles à l’échelle de l’îlot a pu faire polémique18.

    23Il y a aussi l’urbanisme « de plan-masse » laissé en héritage où le système parcellaire s’est trouvé effacé (grands ensembles de l’après-guerre, villes socialistes). Pour des raisons foncières, sécuritaires et d’entretien, le principe de la « résidentialisation » l’a emporté dans de nombreux cas. Ainsi, au moment de la transition des anciens pays du bloc soviétique vers une économie de marché, la délimitation parcellaire a été essentielle, autant du point de vue de la restitution du droit de propriété qu’en raison des réseaux urbains (eau, chauffage) qui avaient été installés sans tenir compte de la concordance avec les voies publiques de surface. En Europe de l’Ouest, le redécoupage des espaces libres des grands ensembles a pu faire polémique notamment avec les paysagistes défendant l’espace ouvert. Souvent objet de compromis entre bailleurs sociaux, architectes, la réhabilitation de ce patrimoine moderne s’accompagne d’une réforme cadastrale pour identifier voiries publiques et privées et répartir leur gestion entre la collectivité et les bailleurs. La parcelle est réapparue là d’un point de vue juridique, ou du moins par des limites physiques, clôtures et haies, pour délimiter les espaces communs.

    24Il y a enfin les quartiers dits « informels » qui se développent par l’occupation de terrains en dehors du droit de propriété ou bien sur des parcelles possédées mais avec un habitat précaire sans règles légales de construction. Les municipalités concernées, pour la plupart dans les économies émergentes, tentent d’instaurer un processus de transition vers la ville « régulée ». La légalisation de l’occupation, l’établissement du droit de propriété, en particulier du bâti, sont les primats pour sécuriser les occupants modestes, pour encourager l’investissement, implanter et moderniser infrastructures et réseaux, en rééquipant le quartier à partir des voiries.

    25Ainsi la superposition et la dissociation des droits d’usage et du foncier qui s’observent dans de nombreux contextes anciens font écho aujourd’hui aux découpages complexes à l’horizontal ou en volume qui se pratiquent sous l’injonction des collectivités publiques pour obtenir une certaine mixité sociale et d’usage. De même dans la ville médiévale et de l’Ancien Régime, les développements parcellaires d’usage et leurs formes d’organisation sociale traduites dans le droit coutumier ou écrit, peuvent à certains égards renvoyer à la situation de nombreuses zones d’habitat qualifiées aujourd’hui de « précaires » ou d’« informelles ».

    26Sans se prévaloir de l’interprétation qu’aura chacun à la lecture de l’intégralité du livre, le contenu des contributions qu’il rassemble confirme les hypothèses de départ. L’histoire longue de la parcelle peut être convoquée pour rendre compte des transformations contemporaines et inversement. La multiplicité des situations urbaines historiques renseigne celles du temps présent dans leurs permanences et leurs variations.

    Notes de bas de page

    1 Rey Alain, Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaire le Robert, article « Parcelle », 1992, p. 1426.

    2 Choay Françoise et Merlin Pierre, Dictionnaire de l’aménagement et de l’urbanisme, Paris, PUF, 1988, p. 468.

    3 Voir à ce sujet Lacave Michel, « Stratégie d’expropriation et haussmannisation : l’exemple de Montpellier », Annales Économies Sociétés Civilisations, 1980, p. 1011-1025 ; Darin Michaël, « Les percées urbaines au xixe siècle : quatre villes de province », Annales Économies Sociétés Civilisations, 1988, p. 477-505 ainsi que Bourillon Florence, « La loi du 13 avril 1850 ou lorsque la Seconde République invente le logement insalubre », Revue d’histoire du xixe siècle, no 20-21, 2000, p. 94-117.

    4 Sur l’histoire de la morphologie urbaine, voir la synthèse menée par Gauthiez Bernard, « The history of urban morphology », Urban Morphology, no 8-2, 2004, p. 71-89 ainsi que idem, Espace urbain. Vocabulaire et morphologie, Paris, Éditions du Patrimoine, 2003.

    5 À la suite de Bloch Marc dans Les Caractères originaux de l’histoire rurale française, Paris, Armand Colin, 1931 et surtout dans la période de l’après-guerre, de très nombreux chercheurs ont utilisé les données cadastrales pour reconstituer les paysages, les activités économiques, les habitats, etc. Peu se sont penchés sur les conditions de réalisation de leurs levers et de leurs rédactions.

    6 Conzen Michael Robert Günter, « Alnwick, Northumberland: a study in town-plan analysis », Institute of british geographers, no 27, Londres, 1960 repris dans Conzen Michael, Thinking about Urban Form, Berne, Peter Lang, 2004.

    7 Muratori Saverio, Studi per una operante storia urbana di Venezia, Rome, Istituto Poligrafico dello Stato, 1960 (1re éd. 1959) ; idem et altri, Studi per una operante storia urbana di Roma, Rome, Centro Studi di Storia Urbanistica, 1963.

    8 Boudon Françoise, Chastel André et Hamon Françoise, Système de l’architecture urbaine, le quartier des Halles à Paris, Paris, Éditions du CNRS, 1977.

    9 Castex Jean, Depaule Jean-Charles et Panerai Philippe, Formes urbaines, de l’îlot à la barre, Paris, Dunod, 1980.

    10 Voir Loyer François, Paris xixe siècle : l’immeuble et la rue, Paris, Hazan, 1987. Sur le parcellaire parisien de la « petite banlieue », voir Rouleau Bernard, Villages et faubourgs de l’ancien Paris : histoire d’un espace urbain, Paris, Seuil, 1985. Voir également parmi de nombreux ouvrages, Pinon Pierre et Le Boudec Bertrand, Les plans de Paris, histoire d’une capitale, Paris, Le Passage, 2014.

    11 Parmi les nombreuses publications de l’auteur sur ce sujet, voir Roncayolo Marcel, Lectures de villes, Formes et temps, Marseille, Éditions Parenthèses, 2002. Voir également Bernard Gauthiez, « Le temps dans l’espace des villes, ou l’espace des villes comme accumulation des produits matériels de phénomènes sociaux », Géocarrefour, vol. 89-4, 2014, p. 283-296.

    12 Roncayolo Marcel, Les Grammaires d’une ville : essai sur la genèse des structures urbaines à Marseille, Paris, Éditions EHESS, 1996. Voir également Gauthiez Bernard, La logique de l’espace urbain, formation et évolution : le cas de Rouen, thèse de doctorat en histoire, Paris, Éditions EHESS, 1991 ainsi que Lyon, entre Bellecour et Terreaux, architecture et urbanisme au xixe siècle, Lyon, Éditions Lyonnaises d’art et d’histoire, 1999. Plus récemment Sylvain Schoonbaert, La voirie bordelaise au xixe siècle, Paris, PUPS, 2007.

    13 Voir sous l’égide du Comité d’histoire économique et financière de la France (CHEFF) la série des ouvrages sur le cadastre de l’époque médiévale à la période contemporaine ainsi que Clergeot Pierre, Cent millions de parcelles en France, Paris, Éditions Publi-topex, 2007 ; Bourillon Florence et Vivier Nadine (dir.), La mesure cadastrale. Estimer la valeur du foncier, Rennes, PUR, 2012.

    14 Pour en rester à Paris, voir Noizet Hélène, Bove Boris et Costa Laurent, Paris, de parcelles en pixels, Vincennes, PUV/Comité d’histoire de la Ville Paris, 2013 et le programme alpage consultable sur internet ; sur les précautions méthodologiques voir également Chouquer Gérard, « La contribution archéogéographique à l’analyse de morphologie urbaine », Histoire urbaine, no 34, 2012, p. 133-151. Plus récemment, Fernandez Mathieu et Gribaudi Maurizio, « Les pièges du plan parcellaire Vasserot pour la reconstitution du bâti parisien de la première moitié du xixe siècle », Histoire urbaine, no 61, 2021, p. 119-154.

    15 Le groupe « Usages de l’histoire et devenirs urbains » (UDHU) participe au Labex Futurs Urbains. Créé en 2011, celui-ci fédère 14 groupes transversaux autour de thématiques communes sur la ville. Deux journées d’études à l’UPEC et à l’ENSAPB en 2015 ont porté sur le sujet de cet ouvrage. La publication des actes a également obtenu le soutien de l’UMR AUSSER 3329 et du CRHEC (UPEC).

    16 La « maison » est l’unité cadastrale de base pour les agents des Contributions directes, comprenant dans un espace en général contraint ou destiné à l’être dans le cas des extensions de ville, à la fois le sol et les constructions qui l’occupent. Rappelons que le cadastre est un instrument fiscal destiné à rassembler les éléments qui permettent le prélèvement de l’impôt. En France, à l’inverse de l’Allemagne (mais également de plusieurs autres pays européens), le cadastre n’est pas un livre foncier et ne certifie donc pas la propriété.

    17 Voir entre autres Jaquand Corinne et Fachatte Robert, « L’économie de la parcelle », Urbanisme, no 299, mars-avril 1998. Pour une mise au point voir Bourdin Alain (dir.), Paris-rive-gauche, naissance d’un quartier, Patrimoine ethnologique, 2001.

    18 Lucan Jacques, Composition, non-composition. Architecture et théories, xix-xxe siècles, Lausanne, Presses polytecchniques et universitaires romandes, 2009 ; idem, Où va la ville aujourd’hui ? Formes urbaines et mixités, Paris, Éditions de La Villette, 2012.

    Auteurs

    • Florence Bourillon
      Florence Bourillon : Professeur émérite en histoire contemporaine de l’UPEC, CRHEC.
    • Corinne Jaquand
      Corinne Jaquand : Maîtresse de conférences à l’ENSA de Paris-Belleville, IPRAUS.
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    1 Rey Alain, Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaire le Robert, article « Parcelle », 1992, p. 1426.

    2 Choay Françoise et Merlin Pierre, Dictionnaire de l’aménagement et de l’urbanisme, Paris, PUF, 1988, p. 468.

    3 Voir à ce sujet Lacave Michel, « Stratégie d’expropriation et haussmannisation : l’exemple de Montpellier », Annales Économies Sociétés Civilisations, 1980, p. 1011-1025 ; Darin Michaël, « Les percées urbaines au xixe siècle : quatre villes de province », Annales Économies Sociétés Civilisations, 1988, p. 477-505 ainsi que Bourillon Florence, « La loi du 13 avril 1850 ou lorsque la Seconde République invente le logement insalubre », Revue d’histoire du xixe siècle, no 20-21, 2000, p. 94-117.

    4 Sur l’histoire de la morphologie urbaine, voir la synthèse menée par Gauthiez Bernard, « The history of urban morphology », Urban Morphology, no 8-2, 2004, p. 71-89 ainsi que idem, Espace urbain. Vocabulaire et morphologie, Paris, Éditions du Patrimoine, 2003.

    5 À la suite de Bloch Marc dans Les Caractères originaux de l’histoire rurale française, Paris, Armand Colin, 1931 et surtout dans la période de l’après-guerre, de très nombreux chercheurs ont utilisé les données cadastrales pour reconstituer les paysages, les activités économiques, les habitats, etc. Peu se sont penchés sur les conditions de réalisation de leurs levers et de leurs rédactions.

    6 Conzen Michael Robert Günter, « Alnwick, Northumberland: a study in town-plan analysis », Institute of british geographers, no 27, Londres, 1960 repris dans Conzen Michael, Thinking about Urban Form, Berne, Peter Lang, 2004.

    7 Muratori Saverio, Studi per una operante storia urbana di Venezia, Rome, Istituto Poligrafico dello Stato, 1960 (1re éd. 1959) ; idem et altri, Studi per una operante storia urbana di Roma, Rome, Centro Studi di Storia Urbanistica, 1963.

    8 Boudon Françoise, Chastel André et Hamon Françoise, Système de l’architecture urbaine, le quartier des Halles à Paris, Paris, Éditions du CNRS, 1977.

    9 Castex Jean, Depaule Jean-Charles et Panerai Philippe, Formes urbaines, de l’îlot à la barre, Paris, Dunod, 1980.

    10 Voir Loyer François, Paris xixe siècle : l’immeuble et la rue, Paris, Hazan, 1987. Sur le parcellaire parisien de la « petite banlieue », voir Rouleau Bernard, Villages et faubourgs de l’ancien Paris : histoire d’un espace urbain, Paris, Seuil, 1985. Voir également parmi de nombreux ouvrages, Pinon Pierre et Le Boudec Bertrand, Les plans de Paris, histoire d’une capitale, Paris, Le Passage, 2014.

    11 Parmi les nombreuses publications de l’auteur sur ce sujet, voir Roncayolo Marcel, Lectures de villes, Formes et temps, Marseille, Éditions Parenthèses, 2002. Voir également Bernard Gauthiez, « Le temps dans l’espace des villes, ou l’espace des villes comme accumulation des produits matériels de phénomènes sociaux », Géocarrefour, vol. 89-4, 2014, p. 283-296.

    12 Roncayolo Marcel, Les Grammaires d’une ville : essai sur la genèse des structures urbaines à Marseille, Paris, Éditions EHESS, 1996. Voir également Gauthiez Bernard, La logique de l’espace urbain, formation et évolution : le cas de Rouen, thèse de doctorat en histoire, Paris, Éditions EHESS, 1991 ainsi que Lyon, entre Bellecour et Terreaux, architecture et urbanisme au xixe siècle, Lyon, Éditions Lyonnaises d’art et d’histoire, 1999. Plus récemment Sylvain Schoonbaert, La voirie bordelaise au xixe siècle, Paris, PUPS, 2007.

    13 Voir sous l’égide du Comité d’histoire économique et financière de la France (CHEFF) la série des ouvrages sur le cadastre de l’époque médiévale à la période contemporaine ainsi que Clergeot Pierre, Cent millions de parcelles en France, Paris, Éditions Publi-topex, 2007 ; Bourillon Florence et Vivier Nadine (dir.), La mesure cadastrale. Estimer la valeur du foncier, Rennes, PUR, 2012.

    14 Pour en rester à Paris, voir Noizet Hélène, Bove Boris et Costa Laurent, Paris, de parcelles en pixels, Vincennes, PUV/Comité d’histoire de la Ville Paris, 2013 et le programme alpage consultable sur internet ; sur les précautions méthodologiques voir également Chouquer Gérard, « La contribution archéogéographique à l’analyse de morphologie urbaine », Histoire urbaine, no 34, 2012, p. 133-151. Plus récemment, Fernandez Mathieu et Gribaudi Maurizio, « Les pièges du plan parcellaire Vasserot pour la reconstitution du bâti parisien de la première moitié du xixe siècle », Histoire urbaine, no 61, 2021, p. 119-154.

    15 Le groupe « Usages de l’histoire et devenirs urbains » (UDHU) participe au Labex Futurs Urbains. Créé en 2011, celui-ci fédère 14 groupes transversaux autour de thématiques communes sur la ville. Deux journées d’études à l’UPEC et à l’ENSAPB en 2015 ont porté sur le sujet de cet ouvrage. La publication des actes a également obtenu le soutien de l’UMR AUSSER 3329 et du CRHEC (UPEC).

    16 La « maison » est l’unité cadastrale de base pour les agents des Contributions directes, comprenant dans un espace en général contraint ou destiné à l’être dans le cas des extensions de ville, à la fois le sol et les constructions qui l’occupent. Rappelons que le cadastre est un instrument fiscal destiné à rassembler les éléments qui permettent le prélèvement de l’impôt. En France, à l’inverse de l’Allemagne (mais également de plusieurs autres pays européens), le cadastre n’est pas un livre foncier et ne certifie donc pas la propriété.

    17 Voir entre autres Jaquand Corinne et Fachatte Robert, « L’économie de la parcelle », Urbanisme, no 299, mars-avril 1998. Pour une mise au point voir Bourdin Alain (dir.), Paris-rive-gauche, naissance d’un quartier, Patrimoine ethnologique, 2001.

    18 Lucan Jacques, Composition, non-composition. Architecture et théories, xix-xxe siècles, Lausanne, Presses polytecchniques et universitaires romandes, 2009 ; idem, Où va la ville aujourd’hui ? Formes urbaines et mixités, Paris, Éditions de La Villette, 2012.

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    Bourillon, F., & Jaquand, C. (2022). Introduction. In F. Bourillon & C. Jaquand (éds.), La parcelle dans tous ses états (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.164851
    Bourillon, Florence, et Corinne Jaquand. « Introduction ». In La parcelle dans tous ses états, édité par Florence Bourillon et Corinne Jaquand. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2022. https://doi.org/10.4000/books.pur.164851.
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    Bourillon, Florence, et Corinne Jaquand, éd. La parcelle dans tous ses états. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2022. https://doi.org/10.4000/books.pur.164833.
    Bourillon, Florence, et Corinne Jaquand, éditeurs. La parcelle dans tous ses états. Presses universitaires de Rennes, 2022, https://doi.org/10.4000/books.pur.164833.
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