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Écrire l’histoire environnementale au xxie siècle

 | 
Stéphane Frioux
, 
Renaud Bécot

Introduction. Écrire l’histoire environnementale au xxie siècle : enjeux et perspectives

Stéphane Frioux

Texte intégral

  • 1 Le recrutement sur des postes fléchés « histoire de l’environnement » a augmenté depuis les premier (...)
  • 2 Le colloque s’est tenu du 13 au 15 juin 2018. Nous remercions toutes celles et tous ceux qui ont pe (...)

1Histoire environnementale. Voici deux mots, très peu accolés dans le vocabulaire de la recherche française avant le début du xxie siècle, devenus une paire habituelle, reconnue par la communauté académique et ceci bien au-delà de la seule discipline dénommée « histoire1 ». Cette approche, revendiquée ou reconnue par diverses disciplines, qui n’y mettent pas forcément le même contenu, a largement changé la façon d’appréhender l’histoire des sociétés modernes et contemporaines. De même que l’histoire du genre a montré que l’on avait trop souvent écrit l’histoire d’un point de vue masculin, l’histoire environnementale révèle que l’environnement est loin d’être un décor fixe sur lequel se déroulerait le théâtre des actions humaines. À l’occasion de ses dix ans, le Réseau universitaire de chercheurs en histoire environnementale (RUCHE) a réuni des chercheurs provenant de nombreuses disciplines de sciences sociales et travaillant sur des sujets en rapport avec l’environnement pour réfléchir aux sources, enjeux et méthodes disciplinaires, pluridisciplinaires et interdisciplinaires qui nous permettent d’enrichir nos connaissances2. Plus de soixante propositions avaient été reçues, en provenance d’une vaste palette de pays, allant des États-Unis aux Philippines, témoignant de la diversité géographique de ceux qui la pratiquent et de la non moins grande diversité de leurs objets d’étude. De l’appel à contributions lancé en 2017, j’extrais ce passage éloquent sur le foisonnement des pistes thématiques et des objets d’étude :

« Relations de l’homme à son environnement naturel et aux autres êtres vivants ; production et traitement des déchets ; mobilisation et consommation de l’énergie ; nuisances et pollutions industrielles, agricoles et domestiques et leur impact sur la santé et les milieux ; usages et gestion des forêts, des littoraux, des espaces montagnards, des zones humides et des communs ; environnement urbain ; relation aux rivières ; environnementalisme ; catastrophes naturelles ou d’origine anthropique, climat, impact des grands aménagements… Les objets de l’histoire environnementale sont variés et les méthodes pour les aborder ne le sont pas moins. Depuis une douzaine d’années maintenant, les travaux et les publications d’histoire environnementale se sont multipliés en France, les contacts avec les chercheurs et les chercheuses d’autres pays travaillant dans ce champ également. […]
Les questions environnementales sont des questions hybrides, à la fois sociales, économiques et culturelles, naturelles et techniques, qui ne peuvent être traitées valablement par une seule discipline, aucune d’entre elles n’étant apte à saisir toutes les dimensions des problèmes. »

  • 3 Massard-Guilbaud Geneviève, Histoire de la pollution industrielle. France, 1789-1914, Paris, Éditio (...)
  • 4 Locher Fabien, Le Savant et la Tempête. Étudier l’atmosphère et prévoir le temps au xixe siècle, Re (...)
  • 5 Sur le croisement entre histoire sociale et histoire environnementale, Massard-Guilbaud Geneviève e (...)
  • 6 Cf. Vrignon Alexis, La naissance de l’écologie politique en France. Une nébuleuse au cœur des année (...)
  • 7 Coumel Laurent, Morera Raphaël et Vrignon Alexis (dir.), Pouvoirs et environnement, Entre confiance (...)
  • 8 Massard-Guilbaud Geneviève, « Environnement : une bien lente prise de conscience », in Jean-Claude (...)
  • 9 Pour un exemple sur le xixe siècle anglo-saxon, voir Mathis Charles-François, In Nature We Trust. L (...)
  • 10 Notamment au sein de la revue Histoire & Sociétés rurales, et dans le numéro « Ville et environneme (...)
  • 11 Devienne Elsa, La ruée vers le sable. Une histoire environnementale du littoral de Los Angeles au x (...)
  • 12 Mc Neill John R., « Observations on the Nature and Culture of Environmental History », History and (...)
  • 13 Delort Robert et Walter François, Histoire de l’environnement européen, Paris, PUF, 2001, p. 15. Pa (...)
  • 14 Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2009, vol. 56-4 et 2010, vol. 57-3 (sur l’histoire du cl (...)

2En effet, outre la variété des objets d’études, soulignons que l’expression « histoire environnementale » recouvre de nombreuses expériences, personnelles ou collectives, d’apprentissage voire de dialogue interdisciplinaire. Je me limiterai ici essentiellement aux travaux francophones, pour rester concis, et en même temps rendre compte de la progression initiée en un peu plus d’une décennie. L’approche environnementale s’est déjà largement hybridée avec d’autres dimensions de la recherche historique, de l’histoire des sciences et techniques (pour comprendre les pollutions et l’état du savoir éclairant la prise de décision à une époque donnée3, ou reconstituer les réseaux d’acteurs gravitant autour d’un domaine de connaissance de l’environnement4) à l’histoire culturelle, en passant par l’histoire sociale au sens large5. En matière politique, les courants écologistes ont fait l’objet de travaux d’historiens complétant efficacement le défrichage et les recherches menées par la sociologie politique6. L’histoire sociale et environnementale du politique, compris au sens large, s’est d’ailleurs développée pour l’ère moderne et contemporaine7. Du côté de l’économie et des entreprises, il manque certainement encore beaucoup de travaux, que l’ouverture des archives privées peut susciter si l’on veut comprendre les stratégies des entreprises pour réduire leurs pollutions8. L’histoire culturelle et l’approche par la symbolique du paysage et des représentations participent aussi au dialogue historique sur les thèmes environnementaux9. Des domaines marqués par une approche territorialisée, comme l’histoire rurale ou l’histoire urbaine, s’y sont intéressés de près10. Certaines études ont pu emprunter à diverses approches pour mieux montrer la complexité d’un objet, comme celui du littoral balnéaire11. On ne cherchera pas ici à recenser toutes les ramifications de l’histoire environnementale francophone, dont on peut constater avec satisfaction qu’elle s’est prodigieusement développée en deux décennies, alors qu’un des spécialistes de la discipline, John McNeill, avait dû ne lui consacrer qu’un tout petit développement dans un article de revue historiographique mondiale en 2003 et que des études étaient menées sur la France par des historiens anglo-saxons12. Au tournant du siècle, une première synthèse avait cependant été tentée par Robert Delort et François Walter. Ces deux pionniers de l’intégration des préoccupations écologiques en histoire dénonçaient, chez leurs collègues, la « convention d’écriture qui rend compte des progrès de la technique et des réalisations de l’ingéniosité humaine en termes de conquêtes et de victoires sur la nature13 ». Depuis lors, les numéros spéciaux de revues généralistes se sont multipliés14, témoignant de l’intérêt général de la profession pour cette approche, qui n’a pas cherché à créer elle-même sa revue en France, utilisant plutôt les congrès internationaux des associations spécialisées, comme l’European Society for Environmental History, pour s’enrichir thématiquement et initier de nouveaux réseaux de recherche. Largement empirique, l’histoire environnementale ne se laisse pas facilement saisir par une bannière, un paradigme, ou un cadre idéologique. Faire l’histoire de l’environnement déborde d’ailleurs largement du cercle de l’histoire académique, et peut passer par d’autres publications, d’autres réseaux de recherche (géographie environnementale, écologie, archéologie, etc.), que fréquentent certains des auteurs de ce volume.

Décloisonnements

  • 15 Beck Corinne et Delort Robert (dir.), Pour une histoire de l’environnement, Paris, CNRS, 1993.
  • 16 Sur l’historiographie états-unienne, voir Grégory Quénet, Qu’est-ce que l’histoire environnementale(...)
  • 17 Massard-Guilbaud Geneviève, « Historiens et géographes français et relation de l’homme au milieu : (...)
  • 18 Pour un exemple, en matière de géographie historique d’un fleuve, Bravard Jean-Paul, Le Haut-Rhône, (...)
  • 19 On pourra également évoquer quelques penseurs anglo-saxons, tels Mary Douglas, sur les notions de r (...)

3L’histoire environnementale a pu, à ses débuts, ne pas être considérée comme un apport potentiel à la discipline historique. Cette dernière fonctionnait avant tout par le travail sur les archives manuscrites, ou à la rigueur sur les sources orales ou audiovisuelles, pour des sujets économiques, sociaux, politiques ou culturels. L’environnement était vu comme extérieur au champ d’intérêt d’une science qui, après tout, se définissait comme la science du passé des sociétés. Bien qu’un historien médiéviste, Robert Delort, ait animé un groupe sur « l’histoire de l’environnement15 », les historiens de l’époque moderne et contemporaine restaient absents des rencontres ou initiatives qui étaient beaucoup plus liées à des périodes anciennes, nécessitant le recours à l’archéologie ou à diverses sciences de la mesure environnementale. Rien de commun avec ce qui se passait à l’époque aux États-Unis, qui disposaient d’une association spécialisée (ASEH), d’une revue, et où l’on débattait même des limites et des façons d’écrire l’histoire environnementale16. Pourtant, la spécificité de la double formation histoire-géographie, assez poussée en France comparativement à ce qui existe dans d’autres pays, empêchait historiennes et historiens d’ignorer le rôle du milieu17. L’École des Annales lui avait fait une place. Les historiens étatsuniens francophones ont souvent souligné l’apport de Fernand Braudel, même si sa postérité directe est discutable pour l’histoire environnementale française, représentée dans les années 1970 par l’histoire du climat menée par Emmanuel Le Roy Ladurie. La démographie historique et les grandes productions labroussiennes intégraient également le « milieu ». Alain Corbin consacrait des développements aux conditions défavorables pour l’agriculture du Limousin du xixe siècle, Jean-Claude Perrot évoquait le terrain humide sur lequel la ville de Caen évoluait au xviiie siècle. Pendant ce temps, la géographie évoluait plutôt vers une géographie physique bien différenciée de la géographie « humaine », ou alors vers des approches systémiques (« géosystème », « hydrosystème ») ne retenant pas l’attention des historiens, bien que des géographes puissent avoir utilisé aussi leur formation historique dans leurs travaux18. Ce sont d’autres sciences humaines, telle la philosophie et l’ethnologie, qui vont forger des outils conceptuels séduisants, au sein des sciences sociales – en France mais également de façon large auprès de la communauté internationale – en insistant sur l’hybridité des objets environnementaux, sans cesse objets de construction et de redéfinition par les sociétés ; la porosité des frontières entre nature et culture est ainsi devenue un paradigme incontournable, dans le sillage des travaux de Bruno Latour et de Philippe Descola19.

  • 20 Un recensement a été opéré en 2018 par Renaud Bécot et Guillaume Blanc dans le contexte du colloque (...)
  • 21 Voir Jarrige François, « L’historien et la question écologique », Histoire@Politique, no 31, janvie (...)
  • 22 Voir [https://ghff.hypotheses.org/], consulté le 22 juin 2020. L’association a publié de nombreux c (...)

4Désormais – et l’on devrait peut-être faire une enquête orale auprès des historiennes et historiens français qui se réclament de « l’histoire de l’environnement » pour comprendre leur cheminement intellectuel – l’enjeu écologique n’est plus marginal. La présence des enjeux environnementaux dans les grands médias, la montée en visibilité de la question du réchauffement climatique, notamment à l’occasion de la tenue de la Conférence COP 21 à Paris en 2015, les mutations de la vie quotidienne, contribuent à légitimer l’étude des interactions sociétés-environnements. Des institutions de financement et d’organisation de la recherche ont soutenu des programmes ou fait des appels en ce sens. Des enseignements spécifiques sont créés dans les cursus de l’enseignement supérieur20, de nouveaux jeunes chercheurs défrichent sources et sujets et l’histoire du climat a retrouvé un second souffle. L’histoire a sa place à jouer21, et probablement pas seulement celle de science auxiliaire qui viendrait en appui à d’autres méthodes qui penseraient davantage la prospective, ou la gestion. Mais ses adeptes doivent aussi, avec humilité, reconnaître qu’ils ne sont pas les seuls et qu’ils doivent collaborer avec géographes, archéologues, voire biogéochimistes, gestionnaires, etc. Une association comme le Groupe d’histoire des forêts françaises a ouvert la voie dès les années 198022, suivie un peu plus tard par le Groupe d’histoire des zones humides dont plusieurs animateurs dressent dans cet ouvrage un panorama historiographique, qui est aussi une forme de retour d’expérience et un constat sur l’évolution de ces milieux spécifiques.

  • 23 En particulier pour les environnements fluviaux (travaux de Joëlle Burnouf et Jean-Paul Bravard et (...)
  • 24 Le même auteur s’est essayé à une écriture personnelle et environnementaliste : Daniel Faget, Éloge (...)
  • 25 On mentionnera les travaux féconds de Joel Tarr et Martin Melosi en ce qui concerne l’histoire de l (...)

5Les contributions réunies sont nombreuses à témoigner d’expériences de décloisonnement, à discuter de sources originales, telles les cartes scrutées par Benjamin Furst, voire à plaider pour davantage d’interdisciplinarité afin de mieux comprendre les interactions entre les sociétés et leurs environnements. Sortir de sa zone de confort intellectuel est risqué mais gratifiant ; cela demande du temps mais après tout, les historiennes et historiens travaillant sur une aire culturelle donnée doivent aussi apprendre la langue. En histoire environnementale, il faut parfois dialoguer avec la chimie, afin de comprendre les données de la pollution ou avec la biologie voire l’océanographie. Des contributions attestent de la fécondité de l’histoire interdisciplinaire des sites portuaires et des environnements marins. Sylviane Llinares, Thierry Sauzeau et Mathias Tranchant montrent comment l’histoire maritime peut disposer de sources nombreuses, depuis des siècles reculés, pour étudier les interactions entre les aménagements anthropiques et le milieu naturel, et l’impact des circulations portuaires, par exemple avec le ballast. Les archéologues ont même pu travailler sur des périodes bien plus anciennes23. Daniel Faget rappelle, parmi les raisons de la rareté des approches environnementales chez les historiens de la mer, la formation universitaire très cloisonnée et centrée avant tout sur la dimension économique et sociale de l’histoire24. La formation des historiennes et historiens du xxie siècle aux concepts et méthodes de sciences environnementales avec lesquelles dialoguer n’est pas le moindre des défis pour l’essor et la diversification de l’histoire environnementale. L’enjeu de l’appropriation des sources techniques est conséquent, pour l’histoire urbaine également quand il s’agit de décortiquer les projets d’aménagement et l’histoire des bâtiments (Stéphane Frioux et Gwenaëlle Le Goullon)25, ou pour préserver un patrimoine historique, dont l’expérience Terrevolute relatée par Rémy Simonetti peut constituer un exemple inspirant. Enfin, cette interdisciplinarité est suggérée par Ma. Florina Orillos-Juan qui constate le manque de connaissances sur les vagues de criquets pèlerins qui se sont abattus sur des régions des Philippines à la fin du siècle dernier, et plaide pour une mise en commun des savoirs et compétences, en particulier à l’initiative des autorités publiques.

Enjeux et approches

  • 26 Brimblecombe Peter et Pfister Christian (éd.), The Silent Countdown. Essays in European Environment (...)

6Cet ouvrage a pour ambition de traiter, par des études de cas, plusieurs enjeux majeurs de l’histoire environnementale. Ce n’est certes pas le premier à le faire, plusieurs recueils internationaux ayant été publiés depuis une trentaine d’années26. Quelques problématiques méthodologiques transversales méritent d’être soulignées.

  • 27 Martinez Alier Juan, The environmentalism of the poor. A study of ecological conflicts and valuatio (...)

7Tout d’abord, l’importance du découpage spatio-temporel de l’objet, et des échelles d’étude retenues. Ainsi, Stéphane Castonguay et Jim Clifford discutent le caractère opératoire de la notion d’hectares fantômes pour mettre en lien l’exploitation de la forêt québécoise et la demande de bois britannique. Si parler d’hectares fantômes permet de souligner les conditions d’extraction et de circulation de certaines ressources naturelles, cela ne doit pas pour autant faire négliger une analyse minutieuse des enjeux écologiques de ces phénomènes (espèces prioritairement recherchées, territoires exploités, etc.). Une approche plus sociale, sur un terrain colonial, a inspiré une political ecology en plein essor qui travaille sur l’extractivisme des richesses minérales dans les « Suds », et devrait pouvoir dialoguer davantage avec l’histoire environnementale27. De leur côté, Martin Schmid et ses collègues de l’université de Vienne choisissent de se focaliser sur la capitale autrichienne et ses environs afin de reconstituer minutieusement l’évolution de l’environnement hydrique depuis la Renaissance. Cela demande un travail de comparaison entre les données iconographiques des siècles passés et les cartes actuelles qui ne peut s’opérer à l’échelle d’une région ou d’un pays. Laëtitia Deudon, dans sa réflexion sur l’histoire comparée des cours d’eau, apporte également un regard sur l’opération de découpage de l’objet d’étude et sur les jeux d’échelle que peut entraîner une comparaison transatlantique à l’époque du premier empire colonial.

8Vient ensuite l’analyse des interactions entre les actions humaines d’aménagement et l’environnement, et de leur traduction soit dans la lecture géohistorique des paysages, soit dans les « histoires » que l’on peut raconter pour les gestionnaires actuels. Pour la première approche, Nicolas Jacob montre que dans les anciennes régions de flottage du bois, « ce qui apparaît comme le plus naturel et sauvage n’existe précisément que parce qu’il y a eu intense perturbation et artificialisation ». S’agissant de la seconde, à l’aide d’une étude de cas menée sur la Mauldre, au sud-ouest de l’agglomération parisienne, Déborah Abhervé rappelle que l’histoire des cours d’eau dépend des récits que l’on en fait : là encore l’objet choisi fait évoluer le récit, de la dégradation à la restauration. L’histoire environnementale attentive aux poissons sera différente de celle plutôt centrée sur la force hydraulique, même si les deux types d’éléments peuvent être mis en relation ; les inondations, la gestion de la pénurie de la ressource en eau, ou encore l’usage des cours d’eau comme exutoires des eaux usées sont autant de dimensions supplémentaires qui, mises au cœur de l’enquête d’histoire environnementale, produisent d’autres récits.

  • 28 Sur ce dernier aspect, Ambroise-Rendu Anne-Claude, Trespeuch-Berthelot Anna et Vrignon Alexis (dir. (...)
  • 29 Voir notamment l’introduction de l’ouvrage Massard-Guilbaud Geneviève et Rodger Richard (dir.), Env (...)
  • 30 On ne fera pas un inventaire exhaustif de toute la littérature sur cette question. Outre Massard-Gu (...)
  • 31 En particulier sous la houlette de René Favier, Anne Marie Granet-Abisset, et de Claude Gilbert. On (...)
  • 32 Un ouvrage précurseur sur le croisement entre les deux approches a été publié aux États-Unis : Melo (...)

9J’insisterai enfin sur la dimension politique des interactions entre les sociétés et l’environnement, phénomène que les chercheurs peuvent facilement remarquer dans leur vie quotidienne. Cette approche a été longtemps l’apanage de la science politique et de la sociologie avant d’être adoptée par des historiens qui ont pu bénéficier du classement de fonds d’archives, de partis politiques ou de mouvements environnementalistes, tels les Amis de la Terre aux archives nationales. Elle s’est largement développée et dépasse même le seul aspect de l’engagement écologiste ou des conflits28, pour s’intéresser par exemple aux stratégies des pouvoirs économiques, qui ont entamé un verdissement progressif de leurs activités tout en restant largement inconscients des fonctionnements écosystémiques (contribution de Fabien Bartolotti). Si le présent ouvrage ne traite pas explicitement de la thématique des inégalités environnementales, on ne peut passer sous silence cette question sociale et politique, qui stimule les chercheurs (également « embarqués » dans le monde en tant que citoyens) et pour laquelle la contribution des historiens est attendue29. Un autre versant de recherches a trait aux politiques de gestion de l’environnement, ou du risque environnemental, par les fonctionnaires d’État. L’accident de l’usine Lubrizol près de Rouen, en septembre 2019, a réactivé des récits historiens sur la mansuétude des administrations en charge de la gestion du risque industriel, tout au long des deux derniers siècles30. La santé fait l’objet d’un intérêt renouvelé, en prolongement de l’essor de l’histoire des pollutions et de celle des mondes du travail. Renaud Bécot en dresse un état de l’art récent, intégrant les apports des dernières recherches d’un front pionnier où les enjeux sont nombreux : prise en compte des défis écologiques, tout comme des impacts pluriels de la désindustrialisation. Santé et hybridation entre systèmes productifs et environnement sont incontestablement des thématiques fécondes. Bruno Ziglioli en offre une démonstration éclairante, à l’aide d’une approche comparée de deux villes italiennes confrontées à la fermeture de leurs usines d’amiante, et au legs toxique pour les sols comme pour les corps. Les politiques de gestion et de mémoire du risque, qui firent l’objet de plusieurs travaux pluridisciplinaires à la MSH de Grenoble au début du siècle31, vont certainement continuer à offrir des chantiers stimulants. L’environnement rural est présenté dans cet ouvrage via le travail collectif de Sébastien Gardon, Amandine Gautier et Gwenola Le Naour. Ils montrent comme le risque de brucellose, associé aux bouquetins d’un massif de Haute-Savoie, réactive une ancienne tension entre ministère de l’Agriculture et ministère de l’Environnement, ainsi qu’entre acteurs du territoire local et instances nationales d’expertise, parfois seulement consultatives. Gaëlle Ronsin nous livre une étude complémentaire, à partir du cas des conseils scientifiques de parcs nationaux. Enfin, intérêts politiques, enjeu financier et judiciaire, et expertise de l’historien se mêlent dans l’expérience relatée par Alexandre Elsig. L’histoire environnementale a peut-être de beaux jours dans une approche d’histoire « publique » ou « appliquée32 », commanditée, y compris par exemple pour affronter les problèmes de surpêche et de raréfaction des espèces marines. Mais derrière les propos de ce collègue suisse se cache une question épistémologique majeure : comment pourra-t-il être rendu compte de façon la plus ouverte possible des recherches commandées ? Où s’arrête le secret professionnel et où commence la liberté de publication du chercheur ? Nul doute qu’à l’aune des débats et engagements environnementaux à venir, de nouvelles discussions surgiront sur la contribution de l’histoire environnementale aux débats publics, voire aux choix politiques.

Chronologies

  • 33 L’Historial de Péronne a ainsi organisé une école d’été doctorale sur l’histoire environnementale d (...)
  • 34 On pense notamment à l’apport de l’ouvrage collectif Pessis Céline, Topçu Sezin et Bonneuil Christo (...)
  • 35 Muxart Tatiana, Vivien Franck-Dominique, Villalba Bruno et Burnouf Joëlle (éd.), Des milieux et des (...)
  • 36 Carson Rachel, Silent Spring, Boston, Houghton Mifflin, 1962.
  • 37 Sur l’anthropocène, par exemple, voir Bonneuil Christophe et Fressoz Jean-Baptiste, L’évènement ant (...)
  • 38 La thèse d’Isabelle Backouche, La trace du fleuve. La Seine et Paris (1750-1850), Paris, Éditions E (...)

10Terminons cette introduction générale en revenant à ce qui fait une des spécialités de l’histoire : l’élaboration de chronologies et pas seulement de dates. La question environnementale est aussi une invitation à revisiter des historiographies et des « moments » (guerre mondiale, guerre froide, etc.)33, des périodes où elle avait été paradoxalement peu interrogée par les historiens, malgré son émergence sociale34. Ce n’est cependant pas un monopole professionnel, et Pierre Cornu insiste sur la façon dont l’agronomie a pu mobiliser la dimension temporelle des sols, par exemple. Les « temps de l’environnement » ont déjà fait l’objet de nombreuses réflexions pluridisciplinaires35. L’« anthropocène » suscite à lui seul la création d’institutions spécialisées. La chronologie suppose l’interprétation, la mise en lumière de phénomène de concordance, ou de rythmes – tels les fameux « cycles économiques » appris par des générations d’élèves et d’étudiants, mais également les effets de long terme soulignés par Rachel Carson dès son réquisitoire documenté contre le DDT, Silent Spring36. Daniel Faget, à propos des ressources halieutiques, affirme que l’ensemble des travaux évoqués oblige aujourd’hui à remettre en question les débuts de la période de l’anthropocène ; c’est parfois faute de sources quantifiées comparables à celles de l’ère contemporaine, à partir de la fin du xviiie siècle, voire après 1950, que l’on théorise des ruptures ou des accélérations. Les grands récits, parfois écrits par des scientifiques n’ayant pas de formation historienne, ont ceci d’efficace qu’ils sont facilement médiatisables auprès du grand public. Le défi de la démarche en histoire environnementale est de les vérifier voire de les nuancer : bref, d’apporter de la complexité en tenant l’équilibre entre une dimension pédagogique de transmission des nouveaux savoirs, et une dimension scientifique d’affrontement avec des systèmes complexes37. Saluons aussi la démarche des historiens des cours d’eau qui osent affronter la longue durée et rompre avec des césures classiques liées à l’histoire politique38. Laetitia Deudon en fait partie, en s’essayant également au difficile exercice de l’histoire environnementale comparée.

11Comprendre les rythmes d’évolution des sociétés est le propre de l’histoire. Désormais l’approche historienne cherche aussi à interroger la dynamique de coévolution entre les sociétés et l’environnement. Plus que des « temps de l’environnement », elle interroge des temporalités hybrides, où mutations économiques, politiques, sociales voire culturelles, et changements biologiques ou physiques s’entremêlent. Ainsi, gageons que l’intense débat international sur le climat qui avait cours au moment de la rédaction de cet ouvrage produira des enquêtes fructueuses chez les historiennes et historiens de la prochaine génération.

Notes

1 Le recrutement sur des postes fléchés « histoire de l’environnement » a augmenté depuis les premiers postes créés par le CNRS à la fin des années 2000, et plusieurs maîtres de conférences ont été élus dans les universités françaises à la fin du printemps 2020, au moment où ces lignes étaient écrites.

2 Le colloque s’est tenu du 13 au 15 juin 2018. Nous remercions toutes celles et tous ceux qui ont permis son organisation, des membres du comité scientifique jusqu’aux présidents de sessions, en passant par les archives départementales et métropolitaines du Rhône qui ont accueilli la communauté scientifique le 13 juin.

3 Massard-Guilbaud Geneviève, Histoire de la pollution industrielle. France, 1789-1914, Paris, Éditions EHESS, 2010.

4 Locher Fabien, Le Savant et la Tempête. Étudier l’atmosphère et prévoir le temps au xixe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes (désormais PUR), 2008.

5 Sur le croisement entre histoire sociale et histoire environnementale, Massard-Guilbaud Geneviève et Mosley Stephen (dir.), Common Ground. Integrating the Social and the Environmental in History, Newcastle, Cambridge Scholars Press, 2011. Dans les grandes revues généralistes françaises, la Revue d’histoire moderne et contemporaine a donné le coup d’envoi de dossiers d’histoire environnementale avec son numéro 2009/4, introduit par Fabien Locher et Grégory Quenet, « L’histoire environnementale : origines, enjeux et perspectives d’un nouveau chantier », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 56-4, octobre-décembre 2009, p. 7-38.

6 Cf. Vrignon Alexis, La naissance de l’écologie politique en France. Une nébuleuse au cœur des années 68, Rennes, PUR, 2017. Pour une approche diversifiée, qui a mis le pied à l’étrier d’une nouvelle génération de chercheurs, voir aussi les contributions au numéro « L’invention de l’environnement », Vingtième siècle. Revue d’histoire, no 113, 2012.

7 Coumel Laurent, Morera Raphaël et Vrignon Alexis (dir.), Pouvoirs et environnement, Entre confiance et défiance, xve-xxie siècle, Rennes, PUR, 2018. Frioux Stéphane, « Éditorial : Jalons pour une histoire environnementale contemporaine », Le Mouvement social, no 262, janvier-mars 2018, p. 3-15.

8 Massard-Guilbaud Geneviève, « Environnement : une bien lente prise de conscience », in Jean-Claude Daumas (dir.), Dictionnaire historique des patrons français, Paris, Flammarion, 2010, p. 995-1000. Une chronologie d’ensemble a été établie dans Boullet Daniel, Entreprises et environnement en France de 1960 à 1990. Les chemins d’une prise de conscience, Genève/Paris, Droz, 2006.

9 Pour un exemple sur le xixe siècle anglo-saxon, voir Mathis Charles-François, In Nature We Trust. Les paysages anglais à l’ère industrielle, Paris, PUPS, 2010.

10 Notamment au sein de la revue Histoire & Sociétés rurales, et dans le numéro « Ville et environnement » de la revue Histoire urbaine, introduit par Massard-Guilbaud Geneviève, « Pour une histoire environnementale de l’urbain », Histoire urbaine, no 18, 2007, p. 5-17. Cette dernière revue a consacré deux numéros au thème « Animaux dans la ville » (no 44, 2015/3 et no 47, 2016/3). En Amérique du Nord, plusieurs articles ont été publiés dans la Revue d’histoire urbaine/Urban history review canadienne.

11 Devienne Elsa, La ruée vers le sable. Une histoire environnementale du littoral de Los Angeles au xxe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2020.

12 Mc Neill John R., « Observations on the Nature and Culture of Environmental History », History and Theory, vol. 42 no 4, 2003, p. 5-43. Bess Michael, The Light-Green Society: Ecology and Technological Modernity in France, 1960-2000, Chicago, University of Chicago Press, 2003. Hecht Gabrielle, The Radiance of France. Nuclear Power and National Identity after World War II, Cambridge, The MIT Press, 1998. Davis Diana, Resurrecting the Granary of Rome: Environmental History and French Colonial Expansion in North Africa, Athens, Ohio University Press, 2007. Ces trois ouvrages ont fait l’objet de traductions en français.

13 Delort Robert et Walter François, Histoire de l’environnement européen, Paris, PUF, 2001, p. 15. Parmi leurs publications : Delort Robert, Les animaux ont une histoire, Paris, Le Seuil, 1984 ; Walter François, Les Suisses et l’environnement. Une histoire du rapport à la nature du 18e siècle à nos jours, Genève, Zoé, 1990.

14 Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2009, vol. 56-4 et 2010, vol. 57-3 (sur l’histoire du climat). Annales HSS, 2011, no 1.

15 Beck Corinne et Delort Robert (dir.), Pour une histoire de l’environnement, Paris, CNRS, 1993.

16 Sur l’historiographie états-unienne, voir Grégory Quénet, Qu’est-ce que l’histoire environnementale ?, Seyssel, Champ Vallon, 2014. Sur les débats, la table ronde du Journal of American History, 1990, vol. 76/4.

17 Massard-Guilbaud Geneviève, « Historiens et géographes français et relation de l’homme au milieu : de Vidal de la Blache aux programmes de recherche interdisciplinaires de la fin du xxe siècle », in Samuel Robert et Robert Chenorkian (dir.), Les interactions hommes-milieux, Versailles, Quæ, 2014, p. 77-96.

18 Pour un exemple, en matière de géographie historique d’un fleuve, Bravard Jean-Paul, Le Haut-Rhône, du Léman à Lyon, Lyon, La Manufacture, 1987. Sur l’approche géographique, Tissier Jean-Louis, « La géographie dans le prisme de l’environnement (1970-1990) », in Marie-Claire Robic (dir.), Du milieu à l’environnement. Pratiques et représentations du rapport homme/nature depuis la Renaissance, Paris, Economica, 1992, p. 201-236. L’approche systématique a été promue, notamment, par Georges Bertrand, à qui avait été confié le chapitre liminaire de l’Histoire rurale de la France, Paris, Le Seuil, 1975.

19 On pourra également évoquer quelques penseurs anglo-saxons, tels Mary Douglas, sur les notions de risque et de pollution, et l’anthropologue Tim Ingold.

20 Un recensement a été opéré en 2018 par Renaud Bécot et Guillaume Blanc dans le contexte du colloque dont cet ouvrage est issu, [https://leruche.hypotheses.org/3649], consulté le 20 juin 2020.

21 Voir Jarrige François, « L’historien et la question écologique », Histoire@Politique, no 31, janvier-avril 2017, [https://www.histoire-politique.fr/index.php?numero=31&rub=dossier&item=293], consulté le 22 juin 2020.

22 Voir [https://ghff.hypotheses.org/], consulté le 22 juin 2020. L’association a publié de nombreux cahiers et actes de colloques.

23 En particulier pour les environnements fluviaux (travaux de Joëlle Burnouf et Jean-Paul Bravard et de leurs élèves). Voir aussi la géoarchéologie des environnements littoraux, dans la revue Méditerranée et notamment le numéro 104 (2005) coordonné par Christophe Morhange, Jean-Philippe Goiran et Nick Marriner, [https://journals.openedition.org/mediterranee/1432], consulté le 20 juin 2020.

24 Le même auteur s’est essayé à une écriture personnelle et environnementaliste : Daniel Faget, Éloge vagabond de la Méditerranée, Paris, Philippe Rey, 2020.

25 On mentionnera les travaux féconds de Joel Tarr et Martin Melosi en ce qui concerne l’histoire de l’assainissement urbain à l’ère industrielle, et l’agenda de recherche proposé dans l’article de Meisner Rosen Christine et Tarr Joel A., « The Importance of an Urban Perspective in Environmental History », Journal of Urban History, vol. 20, no 3, 1994, p. 299-310.

26 Brimblecombe Peter et Pfister Christian (éd.), The Silent Countdown. Essays in European Environmental History, Berlin/Heidelberg, Springer Verlag, 1990. Uekoetter Frank (éd.), The turning points of Environmental History, Pittsburgh, University of Pittsburgh Press, 2010. Myllyntaus Timo (éd.), Thinking through the Environment. Green Approaches to Global History, Cambridge, The White Horse Press, 2011. Sur l’environnement urbain : Soens Tim, Schott Dieter, Toyka-Seid Michael et Munck Bert de (éd.), Urbanizing Nature. Actors and Agency (Dis)Connecting Cities and Nature Since 1500, New York, Routledge, 2019.

27 Martinez Alier Juan, The environmentalism of the poor. A study of ecological conflicts and valuation, Northampton, Edward Elgar, 2002 ; Guha Ramachandra, The Unquiet Woods: Ecological Change and Peasant Resistance in the Himalaya, Oxford, Oxford University Press, 1989.

28 Sur ce dernier aspect, Ambroise-Rendu Anne-Claude, Trespeuch-Berthelot Anna et Vrignon Alexis (dir.), Une histoire des conflits environnementaux. Luttes locales, enjeu global (xixe-xxie siècles), Limoges, PULIM, 2018.

29 Voir notamment l’introduction de l’ouvrage Massard-Guilbaud Geneviève et Rodger Richard (dir.), Environmental and Social Justice in the City: Historical Perspectives, Isle of Harris, White Horse Press, 2011.

30 On ne fera pas un inventaire exhaustif de toute la littérature sur cette question. Outre Massard-Guilbaud Geneviève, Histoire de la pollution industrielle, op. cit. et Le Roux Thomas, Le laboratoire des pollutions industrielles. Paris, 1770-1830, Paris, Albin Michel, 2011, mentionnons les cas étudiés dans Le Roux Thomas et Letté Michel (dir.), Débordements industriels. Environnement, territoire et conflit xviiie-xxie siècle, Rennes, PUR, 2013.

31 En particulier sous la houlette de René Favier, Anne Marie Granet-Abisset, et de Claude Gilbert. On renverra à leur bibliographie, ainsi qu’aux études rassemblées dans Granet-Abisset Anne Marie et Gal Stéphane (éd.), Les territoires du risque. Villes, environnement, territoires, Grenoble, PUG, 2015.

32 Un ouvrage précurseur sur le croisement entre les deux approches a été publié aux États-Unis : Melosi Martin et Scarpino Philip (éd.), Public History and the environment, Malabar (Floride), Krieger, 2004.

33 L’Historial de Péronne a ainsi organisé une école d’été doctorale sur l’histoire environnementale de la Première guerre mondiale, en 2018. Pour un article de synthèse, Keller Tait, « Aux marges écologiques de la belligérance. Vers une histoire environnementale globale de la Première Guerre mondiale », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2016/1, p. 65-86. Sur l’histoire intellectuelle des temps de guerre froide, Locher Fabien, « Les pâturages de la guerre froide. Garrett Hardin et la Tragédie des communs », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 60/1, 2013, p. 7-36.

34 On pense notamment à l’apport de l’ouvrage collectif Pessis Céline, Topçu Sezin et Bonneuil Christophe (dir.), Une autre histoire des « Trente Glorieuses » : modernisation, contestations et pollutions dans la France d’après-guerre, Paris, La Découverte, 2013.

35 Muxart Tatiana, Vivien Franck-Dominique, Villalba Bruno et Burnouf Joëlle (éd.), Des milieux et des hommes : fragments d’histoires croisées, Paris, Elsevier, 2003. Beck Corinne, Luginbühl Yves et Muxart Tatiana (dir.), Temps et espaces des crises de l’environnement, Versailles, Quæ, 2006.

36 Carson Rachel, Silent Spring, Boston, Houghton Mifflin, 1962.

37 Sur l’anthropocène, par exemple, voir Bonneuil Christophe et Fressoz Jean-Baptiste, L’évènement anthropocène. La terre, l’histoire et nous, Paris, Le Seuil, 2013.

38 La thèse d’Isabelle Backouche, La trace du fleuve. La Seine et Paris (1750-1850), Paris, Éditions EHESS, 2000 avait ouvert la voie dans ce sens. Les historiographies non francophones adoptent bien plus souvent une périodisation 1750-1850 qui replace la Révolution française dans le temps plus long des débuts de l’industrialisation et d’une intensification de l’exploitation des ressources. Voir par exemple les cas étudiés dans Mauch Christof et Zeller Thomas (dir.), Rivers in History. Perspectives on Waterways in Europe and North America, Pittsburgh, University of Pittsburgh Press, 2008.

Auteur

Stéphane Frioux est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Lyon 2 et membre du laboratoire LARHRA (UMR CNRS 5190).

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