Chapitre VII. Guerres américaines et réformes coloniales
p. 185-206
Texte intégral
1Après la guerre de Sept Ans, la séparation entre compagnies de couleur et compagnies de blancs se systématisa progressivement dans les principaux Empires américains. Le règlement pour les milices de Cuba formé en octobre 1764 par Alejandro O’Reilly précéda de trois mois celui des milices de Saint-Domingue de janvier 1765. Tous deux avaient été imaginés comme des références pour discipliner l’ensemble des milices américaines. Tous deux prévoyaient la ségrégation systématique des miliciens par la couleur, un accès limité des libres de couleur aux offices militaires et la création de médailles honorifiques pour distinguer parmi ces derniers les plus méritants. Au Brésil, une carta regia de 1766 imposa à son tour la ségrégation des miliciens de couleur. À la Jamaïque, les milices furent également réorganisées dans les années 1760, en privilégiant la ségrégation, et ce nouveau modèle s’étendit au début des années 1780 à la plupart des colonies britanniques (Bahamas, Barbade, Antigua, Grenade et Floride britannique)1.
2De manière générale, la guerre de Sept Ans encouragea les Empires américains à repenser en profondeur leurs modèles défensifs. En effet, les Britanniques devaient désormais organiser la défense de territoires américains beaucoup plus vastes, tandis que les Portugais, les Espagnols et les Français constataient les sévères défaites militaires qu’ils avaient subies, à Sacramento et Rio Grande do Sul pour les premiers, La Havane et Manille pour les seconds, les Antilles pour les derniers. Ce chapitre vise à montrer comment les Empires espagnol, français et britannique ont répondu de manière spécifique à ces problématiques communes, et comment leurs réformes respectives ont modifié, dans la seconde moitié du xviiie siècle, le rôle des libres de couleur dans la défense des colonies. C’est la raison pour laquelle nous avons comparé les divers projets de professionnalisation des milices de couleur dans ces empires entre les années 1760 et 1790.
3Le recours aux miliciens de couleur lors des expéditions militaires est ancien et commun à tous les Empires américains. Citons la participation d’un corps de libres de couleur de Saint-Domingue au siège de Carthagène de 1697 ou encore celle de mulâtres jamaïcains au siège de 17412. Dissouts à la fin des expéditions, ces corps recrutaient des volontaires parmi les miliciens de couleur et les esclaves de confiance. Ils étaient logés, nourris et payés le temps du service, puis recevaient une part du butin. Cette pratique se généralisa à la fin de la guerre de Sept Ans, au moment où les puissances européennes peinaient à envoyer de nouvelles troupes régulières en Amérique. Au moins trois corps de ce type furent levés en 1762 : les volontaires de Belzunce à Saint-Domingue, ceux de Pedro de Cevallos à Buenos Aires, qui assiégèrent Sacramento, et ceux de William Lyttelton à la Jamaïque, qui participèrent à l’expédition contre La Havane3. Malgré leur efficacité, ces corps militaires semi-professionnels composés de libres de couleur, furent immédiatement supprimés une fois la paix rétablie.
4Dans les Empires espagnol, français et britanniques, certains administrateurs et militaires plaidèrent pour que ce type de corps soit maintenu en temps de paix pour la police intérieure des territoires. Mais ces idées ne prospérèrent que dans l’Empire espagnol, avec la mise en place progressive, à l’échelle caribéenne puis américaine, de « milices disciplinées ». Au contraire, à Saint-Domingue et à la Jamaïque, la plupart des élites locales refusèrent constamment que les gens de couleur fussent rassemblés dans des corps semi-professionnalisés, craignant un rapport de force militaire qui bouleverserait l’ordre social colonial en remettant en cause les principes hiérarchiques fondés sur la couleur.
Les milices disciplinées de l’Empire espagnol
5Les historiens ont mis en avant la dimension militaire du règne de Charles III d’Espagne (1759-1788)4. C’est ce qui explique que les réformes militaires constituent aujourd’hui l’un des aspects les plus étudiés de sa politique américaine. Comme dans les autres Empires américains, la question de la défense des territoires ultramarins devint centrale aux lendemains de la guerre de Sept Ans5. La prise de La Havane et de Manille offrit à Charles III l’opportunité d’accélérer la militarisation de la monarchie, initiée sous le règne de son père Philippe V6. Désormais, les gouverneurs civils des provinces américaines furent tous choisis parmi les militaires de carrière. Le secrétariat de l’inspection militaire pour les troupes américaines, établi entre 1763 et 1770, devint ainsi l’antichambre des gouvernements7. Ces nouveaux inspecteurs furent responsables de mettre en place la réforme des milices américaines, l’une des plus ambitieuses et des plus délicates. Pour la défense de ses colonies, la monarchie espagnole avait choisi de miser sur leurs milices et sur l’expérience guerrière et le vif patriotisme monarchique de ceux qui défendaient, depuis deux siècles, ces points névralgiques de l’empire qui étaient autant de « clés du Nouveau Monde » pour les autres puissances européennes. Encore fallait-il les armer, les encadrer et les discipliner. L’idée de créer des corps semi-professionnels, ou milices disciplinées, fut avancée afin de concilier les enjeux économiques locaux et les enjeux militaires de la monarchie. Le milicien devait être utile à la république en temps de paix et utile à l’empire en temps de guerre, mi-travailleur et mi-soldat. Ces nouvelles milices s’appuyèrent largement sur les libres de couleur, qui constituaient bien souvent la principale force démographique dans les ports et les villes de frontières de l’Amérique espagnole.
La lente mise en place du modèle cubain
6Les travaux sur l’établissement de ces milices disciplinées sont nombreux. Le premier fut la thèse de Lyle McAlister, soutenue en 1950 et qui portait sur le fuero militar en Nouvelle-Espagne. L’ouvrage plaçait la réforme des milices à l’origine du militarisme structurel mexicain et présentait l’extension du fuero militar aux milices disciplinées comme un moyen privilégié d’obtenir l’adhésion des populations locales, plus que jamais sollicitées dans la défense de l’empire8. Dans les années 1970, l’ouvrage de McAlister suscita de nombreuses vocations, avec les travaux de Christon I. Archer sur les milices de la Nouvelle-Espagne (1760-1810), de León G. Campbell sur celles du Pérou (1750-1810), d’Allan J. Kuethe sur celles de Nouvelle-Grenade (1773-1808) et de Lucio Mijares sur celles du Venezuela9.
7Dès 1763, la monarchie projeta d’uniformiser les milices américaines à partir de deux modèles, celui des milices disciplinées et celui des milices urbaines. Les premières s’établirent le long des côtes et dans les villes de frontières, imprégnées d’une ancienne tradition militaire. Les secondes se concentrèrent dans les provinces de l’intérieur, éloignées des zones de conflits par la distance ou un accès difficile10. Ces dernières étaient créées à l’initiative des vice-rois et des capitaines généraux. Leurs officiers ne recevaient ni brevets royaux, ni fuero militar. Elles combattaient rarement mais elles structuraient la vie urbaine en participant au maintien de l’ordre public et aux célébrations politiques et religieuses. Elles constituaient un théâtre où la communauté politique représentait le corps social fantasmé, reflet du corporatisme d’Ancien Régime et de ses hiérarchies sociales. Au contraire, les milices disciplinées étaient créées par ordre royal. Les officiers recevaient des brevets et jouissaient – en temps de guerre et de paix – d’un salaire mensuel, de privilèges et de prééminences. Les miliciens, instruits à la manœuvre et au maniement des armes par des vétérans de l’armée, se voyaient accorder le fuero militar. En échange, ils étaient amenés à combattre pour défendre leur patrie mais aussi dans le cadre d’expéditions militaires défensives ou offensives.
8Malgré cette simplicité théorique, le panorama des milices américaines à la fin du siècle présentait des réalités locales variables et parfois difficiles à saisir. En témoigne la publication de deux ordres royaux en 1791, l’un pour rappeler qu’aucun corps de milice ne peut jouir du fuero militar sans l’approbation du roi, le second ordonnant que tous les corps fussent compris dans l’une de ces deux catégories (milices urbaines ou disciplinées), « afin de dissiper les doutes qui naissent des différentes appellations des milices aux Indes11 ». En effet, des confusions sont apparues dès 1764, pour trois raisons principales.
9La première tient à la diversité des acteurs de la réforme : les inspecteurs militaires dans certaines provinces (Cuba dès 1763, Nouvelle-Espagne dès 1765), les vice-rois et gouverneurs dans d’autres. Lorsque le premier inspecteur arriva au Pérou en 1768, le vice-roi avait déjà reçu en 1763 l’ordre de réformer les milices en distinguant milices côtières et milices intérieures12. Les uns comme les autres étaient préalablement chargés de recenser les habitants en définissant leur nombre, qualité, condition, métier, inclination pour le service, robustesse et sédentarisation. Les milices disciplinées avaient un coût. C’est pourquoi elles ne devaient être établies que dans des villes où elles seraient à la fois nécessaires et efficaces13.
10La deuxième est liée à la coexistence et à l’enchevêtrement de différents modèles pour la disciplinarisation des milices. Les milices provinciales de Castille constituaient un premier modèle. Ces corps semi-professionnels avaient été créées en 1734 pour remplacer les armées régulières quand celles-ci quittaient la péninsule, tout en leur offrant un vivier de recrutement14. Le règlement des milices de Cuba de 1764, imprimé en 1769, en constituait un second. Enfin, les gouverneurs qui souhaitaient instruire et « régler » leurs milices sans obtenir l’approbation royale s’inspiraient du modèle des milices urbaines de Cadiz, réformées en 1762 en raison de la guerre contre le Portugal et auxquelles le roi avait concédé en 1763 le fuero militar15. Dès 1769, la couronne chercha à imposer comme unique modèle le règlement cubain, jugé mieux adapté au contexte américain. Mais la confusion demeura jusqu’à la fin du xviiie siècle16.
11La troisième raison vient de la diversité des rapports de forces locaux, entre inspecteurs et autorités civiles, mais aussi entre inspecteurs et élites locales. C’est pourquoi Lima, pourtant vulnérable et stratégique, ne connut pas de milices disciplinées avant 1778 – malgré la présence de deux inspecteurs successifs depuis 1768. En Nouvelle-Espagne, l’inspecteur Juan de Villalba obtint en 1764 les pleins pouvoirs pour réformer les milices mais dut reconnaître l’autorité du vice-roi, Joaquin de Montserrat. Cette ambiguïté fut à l’origine de nombreux conflits, avant que les puissantes élites de México ne parvinssent en 1766 à chasser l’un et l’autre17. Au contraire, à Cuba puis à Porto Rico, Alejandro O’Reilly disciplina les milices sans grands obstacles.
12O’Reilly arriva à La Havane le 30 juin 1763. Il accompagnait le comte de Ricla, nouveau gouverneur de l’île, qui avait proposé au roi l’établissement de milices disciplinées pour faire face au pouvoir militaire croissant des Britanniques dans l’Atlantique nord. La distance comme l’étendue des colonies américaines rendaient ces réformes moins couteuses que le maintien de bataillons fixes18. Pour mener à bien cette mission, Ricla choisit O’Reilly, très en vue à la cour après avoir était observateur dans les armées françaises pendant la guerre de Sept Ans. Pour instruire les milices cubaines, ce dernier débarqua à Cuba avec près de 50 officiers et un demi-millier de sergents. O’Reilly écrivit dès juillet 1764 que sa mission était accomplie et quitta La Havane en mars 1765. Il s’occupa alors des réformes des milices de Porto Rico (1765-1766), de la province de Caracas (1767-1769) et de Louisiane (1769-1770). Il fut enfin nommé inspecteur général pour toutes les troupes et milices américaines en 1770. Depuis ce poste, il parvint à étendre le modèle cubain des milices disciplinées à une dizaine de provinces de l’empire (tableau 17).
Tableau 17. – Les milices disciplinées de l’Amérique espagnole (1763-1801).
Province | Dates | Gouverneur | Responsable de la réforme |
Cuba | 1763-1764 | Conde de Ricla | Alejandro O’Reilly |
Porto Rico | 1765-1766 | Ambrosio de Benavides | Alejandro O’Reilly |
Caracas | 1767-1769 | José Solano y Bote | Alejandro O’Reilly |
Yucatan | 1767 | Cristobal de Zayas | Gouverneur |
Louisiane | 1769-1770 | Alejandro O’Reilly | Alejandro O’Reilly |
Santo Domingo | 1771 | José Solano y Bote | Alejandro O’Reilly |
Carthagène | 1773-1774 | Roque de Quiroga | Gouverneur |
Panama | 1773-1774 | Nicolas Quijano | Gouverneur |
Guayaquil | 1774-1775 | Francisco Ugarte | Victor Salcedo |
Margarita | 1777 | Francisco de Arce | Miguel González Dávila |
Chili | 1777-1779 | Agustín de Jáuregui | Gouverneur |
Popayan | 1777-1779 | Pedro Becaria Espinosa | Diego Antonio Nieto |
Ríohacha | 1777-1778 | Anastasio Cejudo | Gouverneur |
Lima | 1778-1779 | Manuel de Guirior | José del Valle |
Guatemala | 1778-1782 | Matias de Galvez | Gouverneur |
Santa Marta | 1779-1780 | Antonio de Narvaez | Francisco Pérez Davila |
Santa Fé | 1782-1783 | Antonio Caballero | Gouverneur |
Maracaibo | 1784 | Francisco de Arce | Gouverneur |
Quito | 1788 | Juan José de Villalengua | Anastasio Cejudo |
Cumaná | 1799 | Vicente de Emparan | Gouverneur |
Buenos Aires | 1801 | Antonio Olaguer Feliú | Rafael de Sobremonte |
Note : Les noms en gras indiquent des inspecteurs militaires. La Nouvelle-Espagne n’est pas inclue car la réforme des milices y fut plus lente et plus complexe. Source : AGS, SGU, 7060, 48 ; 7180, 29 ; 7186, 53 ; 7196, 2 ; 7199, 1 ; 7290, 7 ; 7291, 3. AGNC, Milicias, 16, 175 ; 76, 38 ; 76, 147. AGCA, A2, 295, 6570. AGI, Lima, 658, 67. Bibiano Torres Ramirez (1967) ; Crescencio Carrillo Ancona (1871, 235) ; Santiago-Gerardo Súarez (1984) ; Baptiste Bonnefoy (2012) ; Mauricio Puentes Cala (2012) ; Barbara Caletti Garciadiego (2016).
13Les règlements de Cuba et de Porto-Rico furent imprimés et amplement diffusés. De telle sorte que les milices disciplinées américaines, bien préparées, purent jouer un rôle central dans la défense du bassin caraïbe pendant la guerre d’indépendance américaine19.
Le rôle croissant des libres de couleur
14La place des libres de couleur dans ces nouvelles milices se situe en effet au cœur de la bibliographie. Déjà Lyle McAlister y avait consacré un chapitre de son ouvrage. La plupart des travaux posent la question des possibilités de mobilité sociale offertes aux miliciens de couleur. Herbert Klein prétend dès 1966 que les milices disciplinées ont permis l’ascension sociale des miliciens de couleur les plus intelligents, compétents et dévoués au service20. Allan J. Kuethe explique également qu’en Nouvelle-Grenade, la militarisation réduirait les inégalités sociales et ethniques, offrant de nouvelles possibilités à des milliers de pardos21. Si Christon I. Archer ne partage pas cette opinion, il indique toutefois que l’expérience des milices furent celle d’un creuset social. Mieux informés sur les pratiques de distinction des élites, certains miliciens de couleur seraient ainsi parvenus à améliorer leur condition22. Mais plus qu’un espace de mobilité individuelle, les milices disciplinées ont été analysées comme le moyen d’une ascension sociale collective (ou structurelle) des miliciens de couleur. Cette ascension passait par la prise de conscience d’intérêts communs et d’un rapport de force démographique favorable. León G. Campbell repère ainsi l’essor d’un black power des miliciens de couleur péruviens23. Ben Vinson III et Jackie Booker proposent des conclusions similaires pour la Nouvelle-Espagne24. En acceptant la catégorie « raciale » que leur impose le système des castes, les miliciens de couleur auraient réussi à redéfinir ou renégocier partiellement leur place dans la société.
15Il est évident que les soldats d’une même compagnie de milice faisaient communauté et étaient en mesure d’obtenir collectivement un certain nombre d’avantages. Mais cette pratique ancienne ne fut pas consolidée par le système des milices disciplinées. Depuis le xvie siècle, les capitaines pouvaient d’autant plus facilement négocier des privilèges pour leurs hommes ou leurs officiers qu’ils assumaient la responsabilité financière de leur compagnie. Or les milices disciplinées prévoyaient le financement public de l’instruction et de l’équipement (uniformes, armes) des miliciens. Par ailleurs, la réforme limitait les officiers au grade de capitaine (ce qui ne les empêchaient pas de commander des bataillons) et les états-majors des bataillons de milice étaient désormais composés de vétérans qui veillaient à leur instruction25. Les officiers obtinrent en revanche un salaire symbolique : 34 pesos mensuels pour les capitaines espagnols, 15 pesos pour les capitaines mulâtres et 11 pesos pour les capitaines noirs26. À titre de comparaison, l’inspecteur des milices liméniennes expliquait en 1777 « qu’un Noir journalier qui mange misérablement dans une gargote et recouvre ses chairs d’une chemise et d’une culotte de laine grossière gagne dans cette ville 5 réaux par jour, ce qui monte à 18 pesos et 6 réaux à la fin du mois27 ».
16Par conséquent, il faut relativiser l’impact de ces réformes dans les villes américaines. Ces dernières concernent essentiellement des territoires stratégiques déjà pénétrés d’anciennes traditions militaires. Là les miliciens furent toujours encadrés par des militaires de formation, participant à la défense active des frontières et des côtes, grossissant les rangs d’expéditions militaires plus ou moins lointaines et bénéficiant en contrepartie d’une série d’avantages : indemnisation ou exemption du tribut pour les miliciens, fuero militar, prééminences pour les officiers. Des villes comme La Havane, Carthagène ou les places fortes chiliennes étaient déjà dotées de règlements militaires qui prévoyaient parfois l’instruction des milices par des vétérans28. En effet, les nouvelles milices étaient loin de constituer une rupture totale. Elles renforçaient le caractère martial de ces villes. Méconnaissant largement l’histoire des milices de couleur avant ces réformes, les historiens ont trop souvent exagéré leur impact, notamment sur les questions de mobilité sociale des gens de couleur – individuelle ou collective. Toutefois, les milices continuèrent d’offrir aux élites de couleur des villes américaines une reconnaissance politique et officielle de leur capital économique et social. D’autant plus que la réduction des effectifs des compagnies multipliait les places d’officiers accessibles aux libres de couleur, qui pouvait plus facilement faire reconnaître leur notabilité locale.
Les volontaires de couleur de l’Empire français
17Face à l’expérience hispanique qui généralisait après 1763 des solutions appliquées avec succès depuis le xviie siècle, le contexte colonial français imposa une toute autre évolution aux milices. En métropole, l’idée de créer des milices semi-professionnelles était ancienne. En 1734, pendant la guerre de succession de Pologne, une ordonnance avait ordonné aux bataillons de milice provinciale, traditionnellement composé de 12 compagnies de fusiliers, de lever une compagnie supplémentaire de grenadiers. Ces compagnies de grenadiers devaient se réunir plus fréquemment et être mieux exercée au maniement des armes que les milices traditionnelles. Elles furent cependant dissoutes en 1735.
18En 1744, pendant la guerre de succession d’Autriche, des miliciens volontaires se battirent parmi les troupes réglées. Après la campagne, le comte d’Argenson, secrétaire d’État à la guerre, souhaita tirer parti de l’expérience que ces miliciens avaient acquis à la guerre et forma à nouveau les compagnies de grenadiers en 1745, qu’il doubla l’année suivante. Toutes ces compagnies furent réunies en 1750 en un corps des Grenadiers royaux, lui-même réparti en onze bataillons. Ces bataillons se réunissaient une fois par an pendant un mois, et les grenadiers, payés en temps de paix, étaient autorisés à emporter leur uniforme chez eux. Ils furent dès lors considérés comme une troupe d’élite au sein des milices, auxquelles ils continuaient d’appartenir par le mode de recrutement et d’organisation. Ils n’en constituaient pas moins un vivier pour le recrutement de troupes réglées, notamment parmi les Grenadiers de France29.
Les échecs domingois (1764-1782)
19Ce système de milices semi-professionnelles connut un franc succès. Les grenadiers royaux furent particulièrement actifs pendant la guerre de Sept Ans, et l’un de ses régiments fut même envoyé à la Martinique. Il est d’ailleurs très probable qu’Alejandro O’Reilly – qui était à cette époque observateur militaire auprès des armées françaises en Europe centrale30 – s’en inspira pour réformer la milice cubaine en 1764. La même année, le comte d’Estaing s’inspirait à son tour du modèle des grenadiers royaux métropolitains en décidant la création d’un corps discipliné de troupes légères à Saint-Domingue. Un corps à la fois semi-professionnel et mobile permettait de compenser les nombreuses exemptions accordées par la réforme des milices.
20Pour ce faire, d’Estaing réorganisa les brigades de maréchaussée de Saint-Domingue. Le 15 janvier 1765, l’ordonnance sur le rétablissement des milices fut donc accompagnée d’une seconde ordonnance qui intégrait la maréchaussée au sein d’un nouveau corps créé à l’échelle de la colonie : la Première Légion de Saint-Domingue31. Ce corps devait réunir deux groupes bien distincts :
285 « sang-mêlés » (métis libres de couleur). Ces derniers devaient être sélectionnés à tour de rôle parmi les miliciens pour un service d’un à deux mois. Ils pouvaient en être exemptés en se faisant remplacer par un autre « sang-mêlé » (libre) ou un « postiche » (esclave). Cette exemption ne concernait pas les chasses contre les Noirs Marrons.
263 Blancs – y compris les officiers – recrutés parmi les nombreux soldats acclimatés et réformés qui résidaient déjà dans la colonie. Il s’agissait surtout d’anciens soldats des compagnies franches de la Marine (présentes à Saint-Domingue depuis la fin du xviie siècle), incorporés aux régiments européens pendant la guerre, puis réformés à la paix. Le comte d’Estaing prévoyait également d’attirer des petits-blancs issus des territoires conquis par les Britanniques (Québec et Antilles)32.
21La Première Légion de Saint-Domingue était composée de neuf compagnies chacune divisée en quatre escouades. Libres de couleur et Blancs devaient servir dans les mêmes compagnies, dites « compagnies mixtes », mais dans des escouades différentes. Les officiers étaient choisis parmi les Blancs. Alors que les anciennes maréchaussées étaient concentrées dans les villes et les bourgs, les escouades de la Légion devaient être réparties sur l’ensemble du territoire. La Légion fut pensée dès le départ comme un corps semi-professionnel. En accord avec les idées d’Estaing, les gens de couleur en constituaient la force principale, mais ils étaient encadrés par des soldats professionnels. Ils étaient par ailleurs soldés, casernés, habillés et rationnés pour un service continu de plus d’un mois qui prévoyait une formation militaire sommaire. Comme les maréchaussées, la Légion était chargée d’arrêter les déserteurs, les vagabonds et gens sans aveu, les matelots et les esclaves fugitifs. Mais les élites domingoises s’opposèrent frontalement au projet du comte d’Estaing : elles refusaient d’armer en permanence une telle quantité de libres de couleur. L’arrivée de nouvelles troupes réglées d’Europe mit définitivement fin au projet et la Légion fut réformée le 15 septembre 176533. Ces troupes réglées sont réunies l’année suivante aux soldats blancs réformés de la Légion pour former une nouvelle Légion de Saint-Domingue où on ne trouve désormais plus aucun libre de couleur34. Ce n’était pas la première fois que les élites coloniales s’opposaient à un tel projet, et avaient déjà crié au scandale lorsqu’elles avaient appris, en 1747, que le maréchal de Saxe avait recruté en métropole une « brigade de nègres » pour son régiment de uhlans volontaires35. Elles avaient finalement obtenu la suppression de la brigade en 1751.
22En 1779, pendant la guerre d’Indépendance américaine, le comte d’Estaing fut renvoyé à Saint-Domingue, depuis laquelle il commanda les expéditions françaises en Amérique. Il n’avait pas renoncé à son idée de créer une milice semi-professionnelle de couleur. Il ordonna de lever un corps de 1 030 libres de couleur pour une expédition secrète : les Chasseurs volontaires de Saint-Domingue. Si le mode de recrutement de ce corps le rattachait aux milices, il était organisé comme les régiments coloniaux. Commandés par Laurent de Rouvray, les chasseurs participèrent à l’automne 1779 au siège de Savannah, en Géorgie britannique36. Au lendemain de la défaite, le comte d’Estaing envoya un détachement de 153 chasseurs de couleur à la Grenade, récemment reprise aux Britanniques par les Français, afin d’en renforcer la garnison37. Arrivés dans l’île le 1er décembre 1779, ces derniers ne rentrèrent à Saint-Domingue qu’en novembre 178238. Laurent de Rouvray, blessé à Savannah et rentré à Rochefort, s’en plaignait au ministre en ces termes :
« J’ay appris vaguement […] que Mr le comte d’Estaing avoit détaché 150 ou 200 hommes de mon corps pour renforcer la garnison de la Grenade […] Je ne puis me dispenser de vous observer que ces chasseurs sont presque tous des propriétaires qui ont abandonné leur fortune pour servir le Roy et qu’il y a eu peu d’humanité à les envoyer dans une colonie qui leur est étrangère pour y servir de garnison. Je ne doute nullement, Monseigneur, que cela n’ait produit le plus mauvais effet parmi les gens de couleur de St Domingue et je ne serois point étonné qu’il en résultât la dissolution entière de ce corps par une désertion générale de leurs camarades à L’Espagnole39. »
23Les désertions furent en effet nombreuses, à tel point que le Corps des chasseurs volontaires fut réformé le 25 mars 1780, et remplacé par le Corps des chasseurs royaux de Saint-Domingue, qui ne différait du précédent que par la réduction de dix à cinq compagnies40. Mais ce dernier corps, jugé trop coûteux, fut à son tour réformé le 4 juillet 1781 sous la pression des élites locales, qui craignaient de trop « rapprocher les couleurs par un service égal et commun41 ».
24Toutefois, le gouverneur par intérim Jean-François Reynaud voulut profiter de l’expérience de la guerre acquise par ces miliciens de couleur en reproduisant le modèle métropolitain des grenadiers royaux. Comme Estaing avant lui, il obtint du ministre l’autorisation de donner une constitution plus utile à une partie des milices en formant neuf compagnies de cent hommes qui seraient plus fréquemment réunies et mieux exercées que les milices ordinaires, et auxquelles il serait payé une solde le temps d’un service effectif. « Cette espèce de Grenadiers royaux de milices de gens de couleur » pourrait subsister à la paix, « sauf les obstacles que les localités pourroient y opposer42 ». Reynaud avait en effet reçu l’ordre d’en suspendre la formation dans le cas où elles auraient été dénoncées par les élites locales. Jean de Lilancour, chargé de former ces nouvelles compagnies de milices disciplinées, ne le fit jamais. Il craignait que les chasseurs royaux, déjà rentrés dans leurs paroisses, n’y vissent un projet de les faire marcher de nouveau hors de la colonie. L’arrivée récente de vaisseaux espagnols au Cap-Français accréditait d’ailleurs leurs soupçons. Comme Rouvray, Lilancour redoutait qu’un service prolongé des chasseurs royaux n’incita à déserter ceux qui – parmi eux – étaient des planteurs ou des artisans établis. Il proposa de limiter le service de ces derniers aux chasses contre les Noirs Marrons, à laquelle ils avaient la réputation d’exceller. Quant aux autres libres de couleur, pauvres et mobiles, ces « vagabonds » toujours en quête de nouvelles occupations pour subvenir à leurs besoins, ils étaient jugés inutiles pour le service en temps de paix43. Le projet des grenadiers royaux de Saint-Domingue fut définitivement abandonné en février 1782.
Les succès en demi-teinte des Petites Antilles (1782-1792)
25Cette même année, un projet similaire fut mené à bien à la Martinique et à la Guadeloupe sur une proposition du marquis de Bouillé, gouverneur des îles du Vent. Le 28 août 1782, une ordonnance royale créa le Corps des volontaires libres de la Martinique44, commandé par Jean-Bruno Assier de Montrose, et le Corps des volontaires libres de la Guadeloupe, commandé par David de Bruny45. Créées en contexte de guerre, ces milices disciplinées composées de libres de couleur furent maintenues à la paix avant d’être dissoutes par l’ordonnance sur les milices des îles du Vent du 1er janvier 1787. Par conséquent, elles constituèrent dans l’Empire français le premier exemple de milices semi-professionnelles destinées à la défense intérieure et extérieure des colonies. Une compagnie des Volontaires libres de Marie-Galante fut également formée le 25 février 178346. Ces corps servaient et étaient habillés comme les troupes réglées. Ils formaient l’élite des miliciens de couleur47. L’ordonnance de création prévoyait déjà que les corps fussent maintenus en temps de paix et précisait que chaque compagnie (54 hommes) était en charge d’un quartier, dans lequel une escouade de six hommes assurait continuellement les rondes de police.
26Toutefois, une fois la guerre achevée, les gouverneurs se plaignirent d’un service trop contraignant et onéreux. À la Guadeloupe, le baron de Clugny expliquait : « Je ne crois pas qu’il soit à propos de conserver ce corps en temps de paix, il serait nécessairement dispendieux et contraire aux intérêts de la colonie qui se trouvera privée d’ouvriers sans lesquels les manufactures ne peuvent être entretenues […] Une maréchaussée de cent hommes, tirée du corps actuel suffirait pour la police de l’isle48. » À la Martinique, le vicomte de Damas écrivait : « Ces volontaires sont tenus à une garde de huit jours pendant lesquels ils sont obligés d’abandonner leurs travaux, leurs femmes et leurs enfants, et la plus grande partie étant des ouvriers, ils ne remplissent ce service qu’avec la plus grande répugnance49. »
27Il observait que plus de 400 miliciens de couleur avaient fui la Martinique pour la Trinité espagnole dans les deux années qui avaient suivies la publication de l’ordonnance50. Comme Lilancour à Saint-Domingue, il remarquait que les plus pauvres devaient se déplacer dans l’île en permanence pour chercher des moyens de subsistance, et ne pouvaient pas assurer les gardes, dont tout le poids retombait sur les agriculteurs, qui étaient pour la plupart mariés. Or ce sont ces derniers qui désertaient51. Le vicomte de Damas proposa de remplacer les volontaires libres par une maréchaussée, mais le ministre refusa son projet. Le corps des volontaires fut toutefois réduit, à la Martinique comme à la Guadeloupe. Le vicomte offrit à nouveau de les supprimer en mai 1786, ce qui fut fait le 1er janvier 178752. Deux mois plus tard, le ministre demanda à Damas des renseignements sur le possible établissement d’une maréchaussée à la Martinique, Sainte-Lucie, Guadeloupe, Marie-Galante et Tobago53. Des brigades furent en effet créées dans ces îles sans ordonnance royale : 150 hommes à la Martinique, 150 à la Guadeloupe, 44 à Sainte-Lucie et 27 à Tobago. Jusqu’en 1790, Damas puis Vioménil multiplièrent les lettres aux ministres pour en obtenir une confirmation. C’est ainsi que le 2 mars 1790, l’abbé Grégoire se plaignait de l’autorité excessive que s’attribuaient les gouverneurs aux colonies, notamment sur cette question du service de la maréchaussée54.
28À la Guadeloupe, l’Assemblée coloniale contrerévolutionnaire récréa en décembre 1792 le bataillon des volontaires libres de la Guadeloupe, donnant le coup d’envoi à un recours massif aux libres de couleur dans les guerres caribéennes révolutionnaires des années 179055. Malgré leur volonté précoce de créer des corps armés semi-professionnels, comme ceux de l’Empire espagnol, les administrateurs militaires français se heurtèrent jusqu’à la Révolution française à une opposition farouche des élites blanches locales, et ce en raison de rapports de force socio-démographiques spécifiques aux Antilles françaises, où les populations serviles représentaient une écrasante majorité.
Les blacks corps de l’Empire britannique
29La guerre de Sept Ans donna naissance aux premières compagnies de couleur pérennes de l’Empire britannique. Dans les années 1760, des compagnies de juifs, de Noirs et de mulâtres libres furent ainsi créées à Kingston (tableau 18).
Tableau 18. – État des compagnies de milice de Kingston (1781).
Nom des compagnies | Force | Nom des compagnies | Force |
Marchands (cavalerie) | 49 | Derniers levés | 45 |
Grenadiers | 87 | Juifs | 94 |
Canonniers | 83 | Juifs irréguliers | 94 |
Jeunes gens | 68 | Mulâtres libres | 98 |
Cadets bleus | 70 | Nègres libres | 98 |
Total | 786 |
Source : ANOM COL E 363 bis, Dossier nominatif du marquis de Saint-Simon, Pièce no 10, Lettre au ministre du marquis de Saint-Simon, 1781, f. 162.
30La création de compagnies exclusivement composées de libres de couleur explique en partie le rôle croissant joué par ces derniers dans les milices jamaïcaines. En 1763, avant les réformes, ils représentaient seulement 15 % des miliciens. À partir des réformes, la part des libres de couleur parmi les miliciens ne cessa d’augmenter jusqu’au xixe siècle : 21 % en 1778, 23 % en 1792, puis 30 % en 1796 (tableau 19). Comme à Saint-Domingue, cette part variait considérablement selon les paroisses (carte 15).
Tableau 19. – Nombre de miliciens à la Jamaïque (1715-1827).
Année | Nombre total | Libres de couleur |
1715 | 2 697 | |
1763 | 5 398 | 830 |
1778 | 8 030 | 1 716 |
1792 | 8 172 | 1 889 |
1796 | 7 796 | 2 315 |
1827 | 10 000 | 5 000 |
Source : Calendar of State Papers Colonial, America and West Indies, Londres, Cecil Headlam, 1928, vol. 28, p. 327-344 ; TNA CO 137/33, State of the militia, 1763, f. 138 ; British Library, Edward Long Papers, General Return of the Militia of the Island of Jamaica, 31 octobre 1778 ; Votes of the Honourable House of Assembly of Jamaica, Saint Jago de la Vega, Alexander Aikman, 1792, p. 25 ; TNA CO 137/96, Return of the militia, 1796, f. 273-275 ; The Parliamentary Debates, Londres, T.C. Hansard, 1828, vol. 17, p. 1248.
Carte 15. – Part des gens de couleur parmi les miliciens à la Jamaïque (1792).

Source : Baptiste Bonnefoy, à partir de TNA CO 137/90, Revue des milices de Jamaïque, 15 janvier 1792, f. 79.
Les difficultés de recrutement
31Désormais séparés en différentes compagnies, miliciens blancs et miliciens de couleur continuaient de former un seul et même régiment et s’entraînaient donc ensemble. La séparation n’en conférait pas moins une visibilité accrue à l’utilité militaire des libres de couleur. Ainsi, les gouverneurs militaires des Antilles britanniques virent à leur tour l’intérêt de mettre en place des troupes semi-professionnelles de libres de couleur. Pourtant, ces derniers furent confrontés comme dans la Caraïbe française à de nombreuses difficultés, à la différence qu’ils se heurtèrent moins aux habitants blancs créoles résidant dans les colonies qu’aux propriétaires absentéistes, qui vivaient à Londres mais continuaient de voter par procuration dans les Assemblées locales56.
32En janvier 1762, un régiment de 500 Noirs libres jamaïcains fut levé pour mener une expédition secrète contre La Havane :
« Nous avons jugé qu’un corps de nègres peut être d’une grande utilité dans les opérations que vous êtes chargé d’entreprendre et [avons] envoyé le capitaine Thomas Alexander Fuller dans notre île de la Jamaïque […] avec pour ordre de lever un corps de 500 nègres pour ce service […] Vous ferez en sorte que ce corps vous rejoigne et vous devez fournir auxdits nègres les uniformes et les armes que vous prendrez [en Angleterre] à cet effet. Vous devez également payer les frais de la levée de ces nègres, et de leur subsistance et toutes les autres frais encourus avec l’argent qui vous sera remis pour l’expédition […] Notre royale intention est que toutes les forces levées en Amérique du Nord qui participeront à l’expédition, comme le corps des Nègres qui doit être levé en Jamaïque, auront une part égale dans le butin gagné sur l’ennemi, en commun avec nos troupes régulières. Vous devrez vous assurer que les corps américains et de nègres auront leur part du butin, qui leur sera remis selon leur nombre, leur rang et leur paie respective57. »
33La Havane fut prise le 14 août 1762 et les Noirs libres qui prirent part à l’expédition furent salués à leur retour en Jamaïque58. Pourtant, le major Fuller n’était pas parvenu à recruter les 500 hommes prévus à l’origine, malgré les nombreux avantages mis en avant pour les attirer. En effet, une revue des forces présentes à La Havane quelques jours avant l’offensive ne fait état que de 139 Noirs libres59. Cette difficulté à recruter pour les expéditions militaires est double. On observe d’une part de fortes réticences de la part des élites jamaïcaines à armer les gens de couleur en dehors du cadre local des milices. Daniel Walker a ainsi mis en relation les obstacles rencontrés par Fuller pour lever le régiment de Noirs libres avec la négrophobie exceptionnelle des élites jamaïcaines, notamment depuis la révolte de Tacky, qui fut sans doute, entre mai et juillet 1760, l’une des plus grandes révoltes d’esclaves ayant précédé la révolte haïtienne60.
34Mais il est possible que la difficulté de recrutement puisse également être expliquée par le faible attrait pour la carrière des armes à la Jamaïque. Ce constat, qui concerne à la fois les Blancs et les libres de couleur, peut d’ailleurs être étendu à toute la Caraïbe britannique – hormis la Barbade et les îles conquises pendant la guerre de Sept Ans61. La milice n’y représentait pas une structure sociale et politique de premier plan. Les élites locales se désintéressaient des commissions d’officiers, qui apportaient une faible reconnaissance sociale. Il nous faut préciser ici que contrairement au cas des Empires français ou espagnol, la milice n’est presque jamais abordée dans les archives jamaïcaines, ou de manière très générale et succincte, qu’il s’agisse de la correspondance politique, de la législation produite par l’Assemblée coloniale ou des archives des paroisses. En revanche, les élites locales ne cessèrent jamais de réclamer l’envoi de troupes régulières pour se prémunir des révoltes d’esclaves et du marronage. Outre la Royal Navy qui défendait les côtes, l’armée fut ainsi présente à la Jamaïque dès les guerres marrones des années 1730 pour la défense intérieure de l’île, ce qui contribua à dévaloriser les milices coloniales.
35Selon l’historien britannique Andrew O’Shaughnessy, c’est cette peur permanente des révoltes d’esclaves et des Noirs Marrons qui distingue les colonies britanniques des Antilles de celles d’Amérique du Nord. Il explique cette « négrophobie » par sept facteurs :
le profond déséquilibre du ratio entre Blancs et esclaves ;
la faible part des Créoles parmi les esclaves ;
la taille supérieure des plantations, qui implique une gestion plus impersonnelle ;
l’absentéisme des propriétaires qui résidaient en Grande-Bretagne ;
la proximité de communautés marrones ;
la discontinuité des empires ;
l’essor d’une élite de couleur qui brouillait les hiérarchies sociales62.
⁂
36Ces peurs étaient régulièrement réactivées par des révoltes d’esclaves qui étaient nombreuses, notamment à la Jamaïque dans les années 1760, mais aussi à Montserrat (1768), Antigua (1769), Saint-Christophe (1770) ou Tobago au début des années 177063. Seule la Barbade présentait un panorama différent, avec une population blanche plus importante, un faible taux d’absentéisme des propriétaires, peu de révoltes et une milice réputée efficace et bien équipée. Elle est la seule île qui ne demanda jamais la présence de troupes régulières64.
37Les caractéristiques mentionnées par O’Shaughnessy sont aussi observables dans la plupart des îles françaises. Pourtant, si on a vu que la milice y était dénoncée par une partie des colons, qui s’appuyait précisément sur le modèle jamaïcain, elle continuait de trouver des défenseurs et de conférer à ses officiers une certaine légitimité sinon un certain pouvoir. Par conséquent, il faut aussi mettre en relation la spécificité des îles britanniques avec le rôle joué par la Royal Navy aux Antilles. Celle-ci était perçue depuis longtemps comme l’unique défense efficace contre les ennemis extérieurs, là où les milices des Antilles françaises et espagnoles étaient considérées, au moins jusqu’à la guerre de Sept Ans, comme la principale force défensive. Cette valorisation différenciée de la carrière des armes selon les empires explique que les expéditions militaires n’aient pas séduit partout de la même manière. C’est pourquoi Belzunce ou Cevallos n’ont pas éprouvé – en 1762 – les mêmes difficultés que Fuller pour constituer un corps de libres de couleur.
Les échecs des premières tentatives jamaïcaines
38Nous avons vu comment un certain nombre de militaires français – Estaing, Reynaud, Bouillé ou Rouvray – ont plaidé continuellement dans les colonies françaises pour la formation de milices disciplinées de libres de couleur sur le modèle des grenadiers royaux de France, mais aussi sur celui des nouvelles milices américaines de l’Empire espagnol. À la Jamaïque, c’est un petit groupe intégré de riches planteurs blancs, tous créoles, qui ne cessèrent de défendre cette même cause contre la majorité des élites locales, depuis les années 1770 jusque dans les années 1790. Il s’agit de William Lewis, Thomas Barker, Richard Buchnor James, Samuel Jones, John Bertrand, Thomas Simcocks, John Morant Morris, Philip Vanhorne, mais surtout de Nathaniel Beckford et William Henry Ricketts. Tous étaient des officiers de milice habitués à commander les détachements (parties) de libres de couleur contre les esclaves en fuite. Tous résidaient dans l’île, où ils s’opposaient à l’Assemblée aux nombreux propriétaires absentéistes qui résidaient pour la plupart en Grande-Bretagne. William Ricketts (1736-1799), planteur de la paroisse de Westmoreland, à l’extrémité ouest de l’île, proposa à multiples reprises à l’Assemblée de lever de bataillons disciplinés tirés des miliciens de couleur.
39Une première proposition fut refusée au début de la guerre d’Indépendance, quoiqu’on autorisa en octobre 1777 les mulâtres des alentours de Kingston à compléter le corps des Loyal Irish65. Ricketts renouvela sa demande le 30 octobre 177866. Cette fois, Nathaniel Beckford et lui-même obtinrent l’accord du gouverneur et de l’Assemblée pour lever respectivement un régiment de Noirs libres et un régiment de mulâtres67. Ces régiments défensifs, composés de 530 hommes chacun, devaient être réformés à l’issue de la guerre. Le gouverneur John Dalling y voyait la possibilité d’épargner des vies à la « mère-patrie68 ». Quelques mois après la déclaration de guerre de l’Espagne en juin 1779, Dalling décida d’utiliser ces deux régiments pour la future expédition de San Juan, dont l’objectif était d’accéder au pacifique et de scinder en deux les possessions espagnoles d’Amérique centrale69. Il pensait ainsi compenser la difficulté des Britanniques à recruter des miliciens parmi leurs alliés Miskitos70. En février 1780, quelques jours avant leur départ pour le Nicaragua, les officiers des deux régiments réclamèrent en vain à l’Assemblée qu’ils fussent maintenus à la paix, malgré les plaintes de planteurs et de marchands qui résidaient en Angleterre71. L’expédition fut malheureuse. Les deux régiments – qui subirent de lourdes pertes – furent dissous à leur retour à la Jamaïque au mois de décembre.
40À la Jamaïque, l’hiver 1781 fut celui de toutes les tensions. La souveraineté britannique dans l’île était menacée. Outre la faiblesse des troupes et les nombreuses révoltes d’esclaves, le gouverneur avait fait prisonniers le 18 décembre deux marchands de Charleston qui avaient entendu à Santiago de Cuba la rumeur d’une prochaine expédition franco-espagnole contre la Jamaïque72. Dans ce contexte, William Ricketts et ses alliés plaidèrent dès le mois de mars 1782 pour la levée de deux régiments de couleur73. Ils trouvèrent aussitôt le soutien du nouveau gouverneur de l’île, Archibald Campbell74. Ricketts et Beckford reçurent au mois de juin l’ordre de lever deux bataillons pour lutter contre les révoltes d’esclaves et le marronage, qui s’étaient multipliés avec les guerres américaines. Ils recrutèrent en priorité parmi les miliciens de couleur des environs de Kingston. Le 14 août, William Lewis fut autorisé à former un troisième bataillon75. Recrutés pour cinq ans, soldés, ces miliciens disciplinés de couleur se firent appeler tantôt les Jamaica Rangers et tantôt le Corps des noirs et mulâtres libres du prince de Galles. Malgré des actions glorieuses contre les Noirs Marrons à Black River, St. Ann’s Bay ou Rock Fort, ces bataillons furent réformés à la fin de la guerre, en septembre 178376.
Le tournant de la guerre d’Indépendance américaine
41Andrew J. O’Shaughnessy a montré comment la guerre d’Indépendance américaine de 1776-1783 a constitué un tournant majeur, au sens où la défense impériale jusqu’alors fondée sur la domination des mers et l’envoi de troupes régulières européennes n’était plus adaptée au contexte géopolitique caribéen. Certes, les Britanniques occupèrent Sainte-Lucie en 1778. Mais ils perdirent successivement leur souveraineté sur la Dominique (1778), la Grenade et Saint-Vincent (1779), Tobago (1781), puis Nevis, Saint-Christophe, Montserrat et le Honduras britannique (1782). La Jamaïque échappa de peu à une invasion à laquelle elle n’était guère préparée. Les stratèges militaires britanniques constatèrent qu’il était désormais nécessaire de compter sur les milices coloniales pour la défense des îles : « Les habitants de chaque pays constituent leur défense naturelle77. » C’est donc le modèle des vainqueurs qui s’imposa. La guerre révéla un besoin sans précédent de recruter des gens de couleur et des esclaves, au mépris des critiques répétées de la majorité des élites blanches locales. Après la chute de la Dominique, leur recrutement devint une priorité pour l’Empire britannique, dans les milices, dans les troupes régulières mais aussi dans la marine royale. La même année, l’armée continentale des patriotes américains formait ses premières compagnies de Noirs au sein du premier régiment de Rhode Island. Cette guerre fut le théâtre des plus belles carrières militaires de libres de couleur dans l’Empire britannique au xviiie siècle, comme celle du jamaïcain John Perkins, engagé dans la marine et qui devint en 1782 lieutenant commandant de navire dans la Royal Navy78.
42Au même moment, l’exode et les évacuations successives de milliers de loyalistes blancs et de couleur – ainsi que de leurs esclaves – vers la Caraïbe britannique et le Canada constituèrent une ressource que les troupes britanniques ne pouvaient négliger79. On comptait parmi eux de nombreux vétérans de couleur de la guerre d’indépendance américaine. Dès 1775, plusieurs proclamations avaient promis la liberté aux esclaves des patriotes américains qui s’engageraient dans les armées britanniques. Plusieurs corps militaires avaient alors été formés. Des esclaves de Virginie et du Maryland avaient créé l’Ethiopian Regiment à l’appel désespéré du gouverneur Dunmore. Le colonel Tye, un affranchi, avait mené une guérilla dans le New Jersey avec sa Black Brigade. Mais seuls les Black Pioneers, d’abord constitués d’esclaves affranchis sur le modèle d’une compagnie de milice, avaient été reconnus par les Britanniques comme une unité loyaliste officielle (provincial corps), créée sur le même pied que les troupes réglées. Elle avait été levée par le General Clinton avec des esclaves de Caroline et de Géorgie. Ces derniers avaient été répartis entre les divers régiments pour le service des troupes80.
43Le 31 janvier 1783, trois bateaux arrivèrent à Sainte-Lucie depuis Charleston, avec à leur bord 63 cavaliers de couleur libres commandés par le capitaine William Mackrill, et 264 black pioneers commandés par le capitaine Robert Anderson81. Le général Edward Matthews perçut aussitôt l’utilité de ces soldats « acclimatés82 ». Il renomma black dragoons les cavaliers de Mackrill et constitua une nouvelle compagnie d’artificiers de couleur à partir des esclaves du gouvernement (government slaves), commandée par le capitaine Laurent Miller83. Ces trois compagnies de pionniers, dragons et artificiers noirs formèrent le célèbre Carolina Corps et servirent à Sainte-Lucie jusqu’à la fin de la guerre84. Contrairement au cas jamaïcain, elles furent maintenues à la paix. Stationnées à la Grenade, ces troupes semi-professionnelles de couleur servaient dans toutes les îles des petites Antilles britanniques. C’est ainsi qu’au mois de janvier 1789, sur un total de 293 soldats, on en trouvait 151 à la Grenade, 40 à la Dominique, 35 à la Barbade, 27 à Saint-Vincent, 25 à Antigua et 15 à Saint-Christophe85.
44Les dragons servaient dans les chasses contre les Noirs Marrons, les artificiers étaient détachés auprès du département des ingénieurs, et les pionniers employés dans les différents régiments pour réaliser toute sorte de tâches manuelles : porter le courrier, fabriquer des guérites, aider les charpentiers ou les ingénieurs, transporter du charbon, rassembler du fourrage pour les chevaux86. En 1791, le gouverneur de Grenade envoya Miller chercher de nouvelles recrues pour les artificiers parmi les loyalistes noirs de Shelburne, au Canada. Les autorités de Shelburne étaient désormais incapables d’empêcher les nombreuses vexations que les vétérans loyalistes blancs exerçaient quotidiennement sur ces derniers depuis les grands lynchages de 178487. Miller revint à la Grenade avec 16 nouvelles recrues, des anciens esclaves nés en Virginie, en Caroline, au New Jersey, en Pennsylvanie, au Maryland ou en Afrique. La plupart étaient des laboureurs. Les autres étaient des charpentiers, des bûcherons, des cordonniers ou des forgerons88.
45Pendant les guerres révolutionnaires, le Carolina Corps fut un exemple pour la levée de black corps dans la plupart des colonies antillaises britanniques : Martinique et Guadeloupe en 1794, Grenade, Dominique, Saint-Vincent et Saint-Christophe en 1795, Sainte-Lucie en 1796, Tobago en 179789. Le cas jamaïcain apparaît donc comme singulier. Les élites locales refusèrent systématiquement d’armer les gens de couleur sous la forme de troupes semi-professionnelles dès lors que la nécessité ne l’imposait pas (guerre, révoltes d’esclaves).
46En 1790, la monarchie réclama la levée de black corps à la Jamaïque au prétexte des événements révolutionnaires qui bouleversaient l’Empire français90. Le roi proposa même de racheter des esclaves de confiance aux propriétaires91. Le gouverneur Effingham répondit aussitôt qu’il allait tenter l’expérience, mais que l’Assemblée – qui représentait les intérêts des élites locales – refuserait toute nouvelle mesure en ce sens, craignant qu’une fois réformés ces soldats de couleur ne désertent pour rejoindre les rangs des Noirs Marrons. Il mit également en avant la difficulté structurelle à recruter les gens de couleur libre à la Jamaïque, réputés pour leur oisiveté (natural idleness) et déjà mobilisés dans les milices pour les détachements contre les Noirs Marrons92. Un nouveau gouverneur, Adam Williamson, reprit le projet en décembre 1790 et proposa Ricketts et Beckford pour la levée des black pioneers qui pourraient être ensuite répartis entre les différentes compagnies de troupes réglées93. Une fois encore le projet n’aboutit pas. En décembre 1791, Ricketts proposa deux fois à l’Assemblée de lever un corps de mulâtres libres, comme en 1778 et 1782. Il voulait créer des troupes de cavalerie pour patrouiller dans l’île, « à la manière de la maréchaussée en France94 ». Mais l’Assemblée rejeta catégoriquement son projet en mars 1792, comme elle rejeta en 1795 une ultime tentative du nouveau gouverneur de l’île, le comte de Balcarres95.
Conclusion
47Le xviiie siècle américain fut marqué par un état de guerre quasi permanent qui posa et imposa à toutes les sociétés coloniales une série de questions sur leur capacité et leur volonté de défendre leur sujétion impériale. Dès lors, on peut observer un parallélisme des discours sur les milices dans les différents Empires américains, influencés les uns par les autres et « soumis à l’action des mêmes grandes causes96 ». Mais quand elle ne bouleversait pas les souverainetés impériales, la guerre – et le sentiment de précarité qu’elle engendrait – pouvait aussi modifier considérablement les rapports de force locaux. La comparaison de différents milieux coloniaux rend compte de nombreuses variations impériales et locales concernant les discours dominants et les solutions politiques. Toutefois, et en dépit de ces particularismes, l’Amérique du xviiie siècle avance à grand pas vers un recours militaire généralisé aux gens de couleur. Ces derniers ont d’ailleurs constitué la principale chair à canon des révolutions et des contre-révolutions atlantiques, ainsi que des guerres d’indépendance hispano-américaines.
Notes de bas de page
1 Biblioteca Nacional de España, Reglamento para las milicias de infanteria, y caballeria de la isla de Cuba…, Madrid, Imprenta Juan de San Martín, 1769 ; BnF, Ordonnance générale des milices de Saint Domingue prescrite par l’ordre de sa majesté du 2 janvier 1764 et rendue par M. le Comte d’Estaing, Gouverneur Général, etc au Cap le 15 janvier 1765, Le Cap-Français, Imprimerie de Marie, 1765 ; AHU, Rio de Janeiro, Caixa 81, Doc. 17, Carta regia du 22 mars 1766 ; Long Edward, The history of Jamaica…, Londres, T. Lowndes, vol. 2, 1774, p. 119.
2 TNA CO 137/88, Lettre du Comte d’Effingham, Spanish Town, 12 septembre 1790, f. 249r.
3 Moreau de Saint-Méry Louis-Elie, Loix et constitutions des colonies françoises de l’Amérique sous le Vent, Paris, Moreau de Saint-Méry, Quillau et Mequignon jeune, 1784, t. IV (1750-1765), p. 452-453 ; Bernand Carmen, « Los olvidados de la revolución: el Rio de la Plata y sus negros », Nuevo Mundo Mundos Nuevos, 2010, [https://journals.openedition.org/nuevomundo/58416] ; TNA CO 137/61, Lettre à William Lyttelton, Whitehall, janvier 1762, f. 50r, 56r ; Archivo Nacional de Cuba, Papeles sobre la toma de la Habana por los ingleses en 1762, La Havane, Publicaciones del Archivo Nacional, 1948, p. 67.
4 Lynch John, Bourbon Spain, 1700-1808, Southampton, Basil Blackwell Ltd, 1989, p. 306-307.
5 Kuethe Allan, « The Developpement of the Cuban Military as a Socio-Political Elite », 1763-1783, Hispanic American Historical Review, vol. 61, no 4, 1981, p. 695-704.
6 Fernández Albaladejo Pablo, Fragmentos de monarquía. Trabajos de historia política, Madrid, Alianza Editorial, 1992, p. 353-380 ; « Soldados del rey, soldados de Dios: Ethos militar y militarismo en la España del siglo XVIII », Espacio, tiempo y forma. Serie IV, Historia moderna, no 11, 1998, p. 303-320.
7 Eissa-Barroso Francisco A., « De corregimiento a gobierno político-militar: el gobierno de Veracruz y la “militarización” de cargos de gobierno en España e Indias durante los reinados de Felipe V », Relaciones. Estudios de historia y sociedad, vol. 37, no 147, 2016, p. 13-49 ; Gayol Víctor, « La justicia y el gobierno político militar de Tlaxcala entre las reformas borbónicas y la independencia (1786-1821): los gobernadores militares », in Elisa Caselli (dir.), Justicias, agentes y jurisdicciones: de la Monarquía Hispánica a los Estados Nacionales (España y América, siglos XVI-XIX), 2016, p. 287-311.
8 McAlister Lyle, The Fuero Militar in New Spain, 1764-1800, Gainesville, The University of Florida Press, 1957.
9 Archer Christon I., The Army in Bourbon Mexico, 1760-1810, Albuquerque, UNM Press, 1977 ; Campbell León G., The Military and Society in Colonial Peru, 1750-1810, Philadelphie, The American Philosophical Society, 1978 ; Kuethe Allan J., Military Reform and Society in New Granada, 1773-1808, Gainesville, University Presses of Florida, 1978 ; Mijares Pérez Lucio, « La organización de las milicias venezolanas en la segunda mitad del siglo XVIII », Memorias del Tercer Congreso Venezolano de Historia, II, Caracas, 1979, p. 259-282.
10 Thibaud Clément, Guerre et Révolution. Les armées bolivariennes dans la guerre d’Indépendance. Colombie-Venezuela, 1810-1821, thèse de doctorat en histoire, dir. François-Xavier Guerra, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2001, p. 32-33.
11 Colón de Larriátegui Felix, Apendice a los quatro tomos de los Juzgados militares de España y sus Indias, Madrid, Viuda de Joaquín Ibarra, vol. 1, 1781, p. 252-254.
12 Campbell León G., The military…, op. cit., p. 46.
13 AGS, SGU, Leg. 7089, Exp. 15, Lettre au vice-roi Manuel Flores, San Lorenzo, 18 novembre 1776, fnn.
14 Oñate Algueró Paloma de, Servir al Rey: la milicia provincial (1734-1846), Madrid, Centro de publicaciones del Ministerio de Defensa, 2003 ; Contreras Gay José, Las milicias provinciales en el siglo XVIII: estudio sobre los regimientos de Andalucía, Almería, Instituto de estudios almerienses, 1993.
15 Colón de Larriátegui Felix, Juzgados militares de España y sus Indias, t. II, Madrid, Imprenta Real, 1817, p. 454-456.
16 AGS, SGU, Leg. 7211, Exp. 49, Lettre des officiers des milices de Mérida et Campeche, Campeche, juin 1796.
17 Santini Pedro, « El cabildo de la ciudad de Mexico ante las reformas militares en Nueva España, 1765-1771 », Historia mexicana, vol. 34, no 3, 1985, p. 389-434.
18 Kuethe Allan J., « La introducción del sistema de milicias disciplinadas en América », Revista de Historia Militar, Madrid, vol. 23, no 47, 1979, p. 95-100.
19 Recio Morales Óscar, « Una aproximación al modelo del oficial extranjero en el ejército borbónico: la etapa de formación del teniente general Alejandro O’Reilly (1723-1794) », Cuadernos Dieciochistas, no 12, 2011, p. 171-195 ; « Innovación militar en la España del siglo XVIII: la producción científica de la Real Escuela Militar de Ávila (1774) », Cuadernos de Historia Moderna, Madrid, vol. 41, 2016, p. 425-442 ; Kuethe Allan J., « La introducción… », art. cité, p. 103-110 ; Torres Ramirez Bibiano, « Alejandro O’Reilly en Cuba », Anuario de Estudios Americanos, Séville, vol. 24, 1967, p. 1357-1388.
20 Klein Herbert, « The Colored Militia of Cuba: 1569-1868 », Caribbean Studies, vol. 6, no 2, 1966, p. 17-27.
21 Kuethe Allan J., « The Status of the free Pardo in the Disciplined Militia of New Granada », Journal of Negro History, no 26, 1971, 105-117.
22 Archer Christon I., « Pardos, Indians, and the Army of New Spain: Inter-Relationships and Conflicts, 1780-1810 », Journal of Latin American Studies, vol. 6, no 2, 1974, p. 231-255.
23 Campbell León G., « Black Power in Colonial Peru: The 1779 Tax Rebellion of Lambayeque », Phylon, vol. 33, no 2, 1972, p. 140-152. Voir également « The Changing Racial and Administrative Structure of the Peruvian Military Under the Later Bourbons », The Americas, vol. 32, no 1, 1975, p. 117-133.
24 Vinson III Ben, « Free Colored Voices: Issues of Representation and Racial Identity in the Colonial Mexican Militia », The Journal of Negro History, vol. 80, no 4, 1995, p. 170-182 ; « Race and Badge: Free-Colored Soldiers in the Colonial Mexican Militia », The Americas, vol. 56, no 4, 2000, p. 471-496 ; Booker Jackie R., « Needed but Unwanted: Black Militiamen in Veracruz, Mexico, 1760-1810 », The Historian, vol. 55, no 2, 1993, p. 259-276.
25 Thibaud Clément, Guerre et Révolution…, op. cit., p. 32. Les élites locales, y compris les élites de couleur, n’obtinrent plus les grades de majors ou de colonels. Il ne s’agit pas d’un changement majeur, puisque ce grade ne concernait que très peu d’individus, dans quelques villes seulement.
26 Le paiement de ces salaires, dont le montant est défini par le règlement cubain, a été observé à Cuba, Porto Rico, Caracas, Carthagène des Indes ou Lima. Les salaires des capitaines mulâtres étaient largement supérieurs dans le cas des milices novohispaniques. AGNM, Indiferente Virreinal, Leg. 3146, Exp. 41 ; Leg. 2055, Exp. 5 ; AGNC, Milicias y Marina, Leg. 59, Exp. 213 ; AGS, SGU, Leg. 7109, Exp. 15 ; Leg. 7181, Exp. 17.
27 AGI, Lima, 657, N.23, Lettre de l’inspecteur José del Valle au vice-roi, Lima, 12 novembre 1777.
28 AGI, Santo Domingo, 880, L.37, Reglamento para la guarnición de La Habana, 1719 ; AGI, Santa Fe, 938, Reglamento para la guarnición de Cartagena de Indias, 1736 ; AHN, Documentos de Indias, Reglamento para la guarnición de las plazas y fuertes de la frontera de la Concepción, Valparaiso y Chiloé del reino de Chile y de las islas de Juan Fernández, 1753.
29 Gebelin Jacques, Histoire des Milices provinciales (1688-1791). Le tirage au sort sons l’Ancien Régime, Paris, Hachette et Cie, 1882, p. 151-160.
30 Recio Morales Óscar, « Una aproximación… », art. cité, no 12, 2011, p. 171-195. Alejandro O’Reilly était présent aux batailles de Bergen et Minden (1759), auxquelles participaient les grenadiers de France et grenadiers royaux sous les ordres du marquis de Saint-Pern.
31 BnF, Ordonnance du 15 janvier 1765 portant création d’un corps de troupes légères désigné sous le nom de Première Légion de S. Domingue, Au Cap-Français, Imprimerie de Marie, s. d.
32 Dès le mois d’avril 1765, le comte d’Estaing envoie son lieutenant Pontajon à la Martinique et dans les colonies étrangères pour tenter d’y recruter des Français pour la Légion. Le marquis d’Ennery, gouverneur de la Martinique, fait échouer cette tentative. Voir : ANOM COL D2C107, Correspondance entre le comte d’Estaing et le marquis d’Ennery, avril-août 1765, fnn.
33 ANOM COL D2C107, Procès-verbaux de réforme des compagnies de la Première Légion de Saint-Domingue, 15 septembre 1765, fnn.
34 BnF, Ordonnance royale du 1er avril 1766 portant création d’une légion pour l’île de Saint-Domingue, Paris, Imprimerie royale, 1766.
35 Corvisier André, « Les soldats noirs du maréchal de Saxe. Le problème des Antillais et Africains sous les armes en France au xviiie siècle », Revue française d’histoire d’Outre-Mer, vol. 55, no 201, 1968, p. 367-413.
36 Les chasseurs volontaires constituent 44 % des troupes présentes au siège de Savannah. ANOM COL D2C114, État des troupes embarquées au Cap sur l’escadre de M. le comte d’Estaing le 14 août 1779, et qui se sont trouvées à l’expédition de Savannah, Le Cap, le 16 mai 1782, fnn.
37 ANOM COL D2C41, Revues du détachement des Chasseurs Volontaires de Saint-Domingue à la Grenade en 1780, 1782 et 1783, fnn.
38 ANOM COL E 259, Dossier nominatif du vicomte de Lastours, 1779-1782, fnn.
39 ANOM COL E 278, Dossier de Laurent François Lenoir de Rouvray, f. 54r-55v.
40 ANOM C9A149, Ordonnance royale du 26 mai 1780, Cap-Français, Imprimerie royale du Cap, 1780.
41 ANOM COL C9A149, Extrait du mémoire du Roi pour servir d’instruction à M. de Bellecombe, 5 octobre 1781, fnn.
42 ANOM COL E 278, Dossier de Laurent François Lenoir de Rouvray, f. 68r-v.
43 ANOM COL C9A150, Lettre au ministre de M. de Lillancour, 23 décembre 1781, fnn.
44 C’est parmi ces volontaires libres de la Martinique que le célèbre Magloire Pélage (1766-1810) commença sa carrière militaire. Gainot Bernard, Les officiers de couleur dans les armées de la République et de l’empire (1792-1815) : de l’esclavage à la condition militaire dans les Antilles françaises, Paris, Éditions Karthala, 2007.
45 ANOM COL E 10, Dossier nominatif de Jean Bruno Assier de Montrose, 1781-1787, fnn ; et COL E 343, Dossier nominatif de David Rémy de Bruny, 1753-1783, fnn.
46 ANOM COL D2C41, Revue de formation du Corps de volontaires libres de la Guadeloupe, 1er décembre 1782, fnn ; Revue d’inspection de la compagnie de volontaires libres de Marie-Galante, 4 novembre 1785, fnn ; COL D2C88, Revue nominative de formation de la compagnie de volontaires libres de Marie-Galante, 25 février 1783, fnn.
47 BnF, Mémoire sur la Guadeloupe, ses isles dépendantes, son sol, ses productions et généralement sur toutes les parties, tant militaires que d’administration, par M. B… de S., Aux Îles du Vent, s. d., p. 16.
48 ANOM COL D2C41, Mémoire du baron de Clugny sur le bataillon des volontaires libres de la Guadeloupe, 1784, fnn.
49 ANOM COL C8A84, Lettre au ministre du vicomte de Damas, gouverneur des îles du Vent, le 3 juin 1784, f. 117r-118v.
50 La Trinité espagnole mena à partir de 1783 une politique de peuplement qui visait à attirer les libres de couleur des îles étrangères voisines en leur offrant de très nombreux avantages et privilèges. TNA CO 101/26, Règlement pour le peuplement de l’île de la Trinité, 1783, f. 9-18.
51 ANOM COL D2C74, Compte-rendu d’une lettre du vicomte de Damas, 30 juillet 1784, fnn.
52 ANOM COL D2C74, Compte-rendu d’une lettre du vicomte de Damas, mai 1786, fnn.
53 Dépêche ministérielle de M. le Maréchal de Castries du 7 mars 1787, in Code de la Martinique, Saint-Pierre, J.-B. Thounens, 1807-1814, t. 4, p. 25.
54 Mavidal Jérôme et Laurent Émile (dir.), Archives Parlementaires de 1787 à 1860, Première série (1787-1799). t. XII (du 2 mars au 14 avril 1790), Paris, Librairie administrative P. Dupont, 1881, p. 5.
55 Sur ce point, voir Régent Frédéric, « Armement des hommes de couleur et liberté aux Antilles : le cas de la Guadeloupe pendant l’Ancien régime et la Révolution », Annales historiques de la Révolution française, no 348, 2007, p. 41-56.
56 Voelz Peter Michael, Slave and Soldier…, op. cit., p. 214-221.
57 TNA CO 117/1, Instructions secrètes envoyées à Georges Keppel au sujet de l’expédition secrète de La Havane, 15 février 1762, f.33r-40v. Voir aussi TNA CO 137/61, Lettre du comte d’Egremont au gouverneur William Lyttelton, janvier 1762, f. 50r-51v ; CO 117/1, Instructions pour la levée d’un corps de noirs à la Jamaïque, 4 février 1762, f. 1r-7v ; CO 137/32, Lettre du gouverneur William Lyttleton, Spanish Town, 12 mai 1762, f. 114r-115v.
58 Schneider Elena, The Occupation of Havana: War, Trade, and Slavery in the Atlantic World, Omohundro Institute/University of North Carolina Press, 2018.
59 Bollettino Maria Alessandra, « “Proper Instruments for Carrying on War”: Black Soldiers and the British Empire in the Seven Years’ War in the West Indies », Slavery, War, and Britain’s Atlantic Empire: Black Soldiers, Sailors, and Rebels in the Seven Years’ War, chapitre 3, thèse de doctorat en histoire, Austin, University of Texas, 2009, p. 95-139.
60 Walker Daniel E., « Colony Versus Crown: Raising Black Troops for the British Siege on Havana, 1762 », The Journal of Caribbean History, vol. 33, no 1, 1999, p. 74-83.
61 Dans le cas d’Antigua, les miliciens de couleur n’étaient pas plus mobilisables pour la guerre que les Blancs, puisque la législation locale imposait au maître qui souhaiter affranchir un esclave de lui donner un lopin de terre ou de les garder à leur service. Long Edward, The history of Jamaica, op. cit., vol. 2, p. 323.
62 O’Shaughnessy Andrew Jackson, An Empire Divided: The American Revolution and the British Caribbean, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2015, p. 34-36.
63 Ibid., p. 38-39.
64 Ibid., p. 47-48. Voir également Welch Pedro L. V., Slave Society in the City: Bridgetown, Barbados 1680-1834, Miami/Oxford, Kingston/Ian Randle/James Currey, 2004.
65 Haarmann Albert W., « Jamaican Provincial Corps, 1780-1783 », Journal of the Society for Army Historical Research, vol. 48, no 193, 1970, p. 11.
66 O’Shaughnessy Andrew Jackson, An Empire Divided…, op. cit., p. 298.
67 JARD, 1B/5/18/3, Extrait d’une lettre du gouverneur Dalling à George Germain, 25 mai 1779.
68 TNA CO 137/75, Schéma pour lever deux régiments de couleur, janvier 1779, f. 38-39.
69 TNA CO 137/76, Proclamation du gouverneur John Dalling, 21 octobre 1779, f. 181.
70 TNA CO 137/75, Force estimée pour l’expédition prévue à San Juan, 1779, f. 37.
71 TNA CO 137/77, Mémoire de William Ricketts et. al., esquires, le 9 février 1780, f. 28-29.
72 TNA CO 137/82, Informations rapportées par R. Lithgow et J. Robertson, Spanish Town, 18 décembre 1781, f. 75.
73 TNA CO 137/82, Mémoire de William Ricketts et. al. pour lever deux bataillons de couleur, 25 mars 1782, f. 204.
74 JARD, 1B/5/18/3, Extrait d’une lettre du gouverneur Campbell à George Germain, 25 mars 1782.
75 Haarmann Albert W., « Jamaican Provincial Corps… », art. cité, p. 12.
76 TNA AO 1/167, Roll 468, Major W. Lewis, Commandant d’un bataillon provincial de Jamaica Rangers, 1783.
77 Dirom Alexander, Thoughts on the State of the Militia of Jamaica, Jamaica, Douglass & Aikman, 1783, 34 pages.
78 O’Shaughnessy Andrew Jackson, An Empire Divided…, op. cit., p. 175, 180. Sur le recrutement de gens de couleur dans la Navy, voir Foy Charles R., « The Royal Navy’s employment of black mariners and maritime workers, 1754-1783 », The International Journal of Maritime History, 2016, vol. 28, no 1, 2016, p. 6-35 et Young Jeremy, « Les Marins noirs dans la Royal Navy au xviiie siècle », Bulletin de la Société d’histoire de la Guadeloupe, no 177, 2017, p. 1-15.
79 La question a été largement abordée par l’historiographie américaine des années 1970. Voir Grant John N., « Black Immigrants into Nova Scotia, 1776-1815 », The Journal of Negro History, vol. 58, no 3, 1973, p. 253-270 ; Norton Mary Beth, « The Fate of Some Black Loyalists of the American Revolution », The Journal of Negro History, vol. 58, no 4, 1973, p. 402-426 ; Brown Wallace, « The Loyalists of the American Revolution in the Bahamas and the British West Indies », Revista/Review Interamericana, vol. 5, no 4, 1975, p. 638-647 ; Walker James W. St. G., « Blacks as American Loyalists: The Slaves’ War for Independence », Historical Reflections/Reflexions Historiques, vol. 2, no 1, 1975, p. 51-67.
80 Braisted Todd W., « The Black Pioneers and Others: The Military Role of Black Loyalists in the American War for Independence », in John W. Pulis (éd.), Moving on: Black Loyalists in the Afro-Atlantic World, New York, Routledge, 2013, p. 3-38.
81 TNA CO 318/10, Arrivées du Jackson, du Porpoise et du Symetry à Sainte-Lucie, 31 janvier 1783, f. 46.
82 TNA CO 318/10, Lettre du major-général Edward Matthews, la Barbade, 31 mai 1783, f. 79-80.
83 TNA CO 318/10, Revue par Edward Matthews du corps des dragons et pionniers noirs servant aux Antilles, 16 septembre 1783, f. 171 ; Lettre d’Edward Matthews sur les artificiers noirs, 16 septembre 1783, f. 174-175.
84 Voelz Peter Michael, Slave and Soldier…, op. cit., 181-184. Voir également Sellick Gary, « Black Skin, Red Coats: the Carolina Corps and Nationalism in the Revolutionary British Caribbean », A Journal of Slave and Post-Slave Studies, vol. 39, no 3, 2018, p. 459-478.
85 TNA CO 101/28, Revue du corps des pionniers, dragons et artificiers noirs, 25 janvier 1789, f. 312.
86 TNA CO 101/32, Tâches assignées aux pionniers noirs entre le 21 et le 26 nov. 1791, 26 novembre 1791, f. 67.
87 Walker James W. St. G., The Black Loyalists: The Search for a Promised Land in Nova Scotia and Sierra Leone, 1783-1870, Toronto, University of Toronto Press, 2017.
88 TNA CO 101/32, Revue des recrues faites à Shelburne entre le 8 oct. et le 2 déc., 1791, f. 106.
89 Chartrand René, « Black Corps in the British West Indies, 1793-1815 », Journal of the Society for Army Historical Research, vol. 76, no 308, 1998, p. 248-254. Voir également Joseph Michael, « Military Officers, Tropical Medicine, and Racial Thought in the Formation of the West India Regiments, 1793-1802 », Journal of the History of Medicine and Allied Sciences, vol. 72, no 2, 2017, p. 142-165.
90 TNA CO 137/88, Lettres de Greenville au comte d’Effingham, 10 juillet 1790, f. 180-181.
91 TNA CO 137/88, Lettres de Greenville au comte d’Effingham, 6 octobre 1790, f. 205-208.
92 TNA CO 137/88, Lettre du comte d’Effingham à Greenville, 12 septembre 1790, f. 249-250.
93 TNA CO 137/89, Lettre d’Adam Williamson à Greenville, Kingston, 19 décembre 1790, f. 40-41.
94 British Library, Votes of the Honourable House of Assembly of Jamaica, In a Session begun the 25th of October, and ended the 22d of November, 1791, Saint Jago de la Vega, 1792, p. 51-55, 76-79 et 267.
95 TNA CO 137/39, Lettre de Henry Dundas au comte de Balcarres, 30 septembre 1795, f. 5-49.
96 Bloch Marc, « Pour une histoire comparée des sociétés européennes », Revue de synthèse historique, vol. 46, 1928, p. 19.
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