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    Plan détaillé Texte intégral Dire la révolte Les impacts sur les finances : de l’art de justifier les pertes Régler le conflit : guerre, justice et négociations Conclusion Notes de bas de page Auteur

    Les comptes et les choses

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Une vision comptable du politique ?

    Les révoltes dans les comptes du receveur général de Flandre et du receveur général de toutes les finances entre 1379 et 1492

    Jean-Baptiste Santamaria

    p. 301-332

    Texte intégral Dire la révolte Présentation du corpus et des comptables, organisation des comptes Le vocabulaire de la révolte Lexicométrie Un vocabulaire judiciaire : dire le crime de rébellion Un vocabulaire militaire « neutre » ? Cadres politiques et géographiques : la ville contre le prince Les impacts sur les finances : de l’art de justifier les pertes Enregistrer les effets de la guerre sur le domaine Prendre acte de la désorganisation administrative Lutter contre le Grand Privilège Enregistrer les destructions domaniales Dédommager, récompenser et entretenir les fidélités Les mécanismes d’ajustement des fermes Faire face à la désorganisation du domaine et de l’administration Régler le conflit : guerre, justice et négociations Un prince en guerre contre ses sujets La répression vue par les comptes : un prince légitime et juste en action ? Gagner la paix Le compte des négociations Les mots de la paix Conclusion Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Entre 1379 et 1492, la série des affrontements entre Louis de Male, les ducs Valois de Bourgogne puis Maximilien de Habsbourg d’une part, et les grandes villes flamandes de l’autre, opposa un pouvoir princier centralisateur à des particularismes urbains soucieux de défendre leurs intérêts économiques, leur autonomie politique et leur influence sur le plat pays1. Les affrontements militaires qui se succèdent au cours des multiples révoltes2 se doublent d’une véritable guerre idéologique dans la définition même des termes du débat pour affirmer la légitimité de chaque camp. Le discours princier sur les révoltes, s’il a fait l’objet d’études quant à ses formes publiques ou narratives3, se retrouve également dans les comptabilités : les officiers comptables, au premier rang desquels on retrouve le receveur général de Flandre, lui-même supplanté à partir de Philippe le Hardi par un receveur de toutes les finances, doivent justifier de leur gestion des deniers du prince. Pour ce faire, ils tiennent donc un discours sur les conflits entre le prince et ses sujets flamands, que ce soit en désignant les motifs de dépenses relatifs aux affrontements ou en explicitant les raisons de baisse des recettes. À ce titre, les comptes généraux, qui faisaient l’objet d’une lecture devant des gens des comptes soucieux de défendre les intérêts de leur seigneur tout en se prévalant d’une mission de défense générale du droit4, offrent un moyen d’entrer dans le discours interne à l’État, un discours certes tenu secrètement, mais solennellement, et destiné à conserver la mémoire du lignage et de l’administration. La dimension narrative des articles, le choix des mots pour désigner les adversaires, le degré plus ou moins grand de précision dans le récit des atrocités et des destructions, sont porteurs de choix de la part de l’officier responsable du compte5, qui effectue un véritable bilan politique des actions de son maître. Si chaque partie s’appuie sur des pièces justificatives, elle doit également répondre aux attentes de l’office comptable en matière de bon gouvernement : les dépenses doivent être justifiées et exactes ; les recettes doivent être présentées comme complètes, les baisses de revenus comme étant parfaitement justifiées par la nécessité du moment. Or parmi ces justifications se distinguent des évolutions : on ne rend pas le même compte d’une révolte en 1382 ou en 1482.

    2Comment saisir ces évolutions du discours comptable sur le politique ? Par le triomphe d’une idéologie princière univoque, le renforcement du contrôle financier ? Comment également nommer les défaites du prince, et l’affaiblissement de son domaine dans la langue du pouvoir ? Quelle place les comptables ont-ils joué dans l’affirmation d’une parole princière face aux villes ? Dans un premier temps, nous verrons les mots pour nommer la révolte ; puis la manière d’en décrire les conséquences, particulièrement sur les finances, qui permettent de dessiner l’image d’une bonne gestion de la crise ; enfin, la remise en ordre par la justice, la guerre et bien entendu la paix permettra de cerner l’image d’un prince en apparence victorieux, mais sans triomphalisme.

    Dire la révolte

    Présentation du corpus et des comptables, organisation des comptes

    3Le corpus étudié compte 11 registres, généralement d’un an (voire deux), tirés en premier lieu de la recette générale de Flandre-Artois, pour 6 comptes couvrant les années 1381-1384, 1452-1453, 1477-1478, époque où elle est divisée en plusieurs quartiers, et où subsiste le compte du « quartier de Bruges », enfin l’année 14876. Cette recette centralise avant tout les revenus princiers en Flandre et constitue la caisse principale de paiement sous le comte de Flandre Louis de Male (comptes de 1381-1384). Avec l’avènement du duc Philippe le Hardi en 1384, elle devient une caisse régionale dans l’État bourguignon7. Par comparaison et en raison des lacunes pour les dernières années de la période dans la série flamande, nous avons intégré au corpus la recette générale de toutes les finances, caisse centrale de l’État bourguignon, chargée de faire face aux dépenses du prince, notamment à la guerre8, une série permettant également de prendre du recul par rapport aux enjeux flamands9. Trois périodes de révoltes seront ici prises en compte, constituant les principaux temps forts de rébellion qui concernent ainsi les trois familles gouvernant la Flandre, Dampierre, Bourgogne et Habsbourg sur plus d’un siècle : la guerre gantoise de 1379-1385, la révolte gantoise de 1451-1453, et les multiples révoltes flamandes marquant la mort du Téméraire et le conflit entre Maximilien et les villes pour la régence du temps de Philippe le Beau. Les comptes sont en français, même si cette langue n’est plus exclusive à partir de 1477. La lettre de commission du receveur général de Flandre insérée en début du compte de 1477 est en flamand tandis que l’on rencontre des dépenses en flamand au milieu du compte de la recette de toutes les finances de 1490 portant sur quelques paragraphes, qui n’entraînent d’ailleurs aucune remarque de la Chambre des comptes10.

    4Les comptables, qui n’ont certes pas rédigé le compte11 mais l’ont rendu et assumé, sont aisément identifiables. Les receveurs de Flandre sont des Flamands : c’est le cas d’Henri Lippin, un fidèle de Louis de Male, qui est issu du « Franc de Bruges »12, mais aussi de Laurent le Maech ou Lauwereins de Maech (1452-1453)13. Né vers 1407-1410, clerc privé servant le receveur général de Flandre jusqu’en 144414, il est lui-même receveur général de Flandre du 6 août 1446 jusqu’en 1462, puis membre du conseil de Flandre, et meurt le 6 mars 1468. Il est par ailleurs gantois15 mais choisit en 1451 de s’exiler de la ville rebelle où il ne revient qu’en 145516 ; de plus, sa fille épousa son successeur17. Personnage plus ambigu, Jean de le Scaeghe ou Jan Vander Scaghe Janszone, est un conseiller de Marie de Bourgogne, commis receveur en mars 1477 dans une lettre en flamand18. Il est receveur en 1477-1480, 1482-1485, et 1488-1492, durant les pires années de guerre19. Il participe certes à la répression de la révolte de l’Écluse en 147720, mais entretient de bonnes relations avec les Flamands qui soutinrent sa nomination et est lui-même membre d’une puissante famille de patriciens gantois ; on sait qu’en avril 1490 il refuse de renoncer à l’office de receveur des revenus extraordinaires de Flandre, et résiste à rendre compte devant les gens des comptes fidèles à Maximilien de Habsbourg, régent des Pays-Bas21. Cas à part, le dernier receveur de la série, Roland Le Fèvre, est un conseiller de Maximilien et Philippe (1487) ; il est receveur général de Flandre en 1480-1482, puis en 1485-1488, et encore en 1492-1497, années de trêve. Il est quant à lui peu apprécié des Flamands qui obtiennent sa destitution en 1482 au profit de Jean de Scaghe22. Son nom banal rend difficile l’identification23. On sait qu’il est qualifié de messire Roland le Fevre, chevalier, seigneur de Tamise et Liesvelt, trésorier et commis aux finances en 149724. Il était probablement né à Béthune25. Il est enfin important de noter l’existence de plusieurs receveurs généraux de Flandre en même temps durant les années 1477-1492, certains étant appointés à Gand par les révoltés. Or Jean de le Scaeghe a été receveur de Flandre « pour ceulx de Gand » dans les années 148026.

    5Les receveurs de toutes les finances ont un autre profil : proches du prince et de son hôtel, ils ne sont guère flamands. Cela a son importance. Ils sont souvent bourguignons : Amiot Arnaut, qui tient le compte de 1384-1385, est un ancien clerc de l’hôtel de Philippe le Hardi, receveur général du duché en 1372-138627, futur maître des comptes à Dijon (1388-1414)28 ; Guillaume de Poupet, qui tient la recette en 1453, est d’abord clerc du receveur de toutes les finances, Martin Cornille29, trésorier de la saunerie de Salins30 jusqu’à sa commission comme receveur de toutes les finances en 144731, et tous ses comptes furent écrits par Guillaume Le Muet entre 1447 et 1456, lui-même clerc de la commission des finances, et maître des comptes à Dijon32. Louis Quarré, receveur en 1488, a été commis en 1480 après avoir été trésorier des guerres et réunissant ces fonctions33 et en poste jusqu’au 31 décembre 149134. Il est probablement originaire de Brabant (il y est receveur en 1474-1476)35, d’autant que cette famille d’origine bourguignonne y était établie depuis longtemps36. Seigneur de La Haye, trésorier de la Toison d’Or en 1486, maître des comptes du duché de Luxembourg en 1491, il est mort en 1521. Enfin Simon Longin est commis le premier janvier 1492, et reste en service jusqu’au 13 juillet 150737. Surnommé Simon le Saunier, secrétaire de Marie en 147838, il était originaire de Poligny (son père Jean y était né), et sa famille avait une chapelle et une sépulture dans l’église des Frères Prêcheurs de Poligny39.

    6Les comptes de ces officiers sont organisés par chapitres de recettes puis de dépenses, chapitres eux-mêmes subdivisés en rubriques. L’organisation de chaque rubrique répond à une logique double : présenter un compte cohérent à l’image de la gestion de l’officier, mais aussi permettre une identification avec les pièces justificatives, enfilées en liasses classées en fonction du compte, que l’on épluchait au fur et à mesure. Cela se traduit par la présence de quatre éléments dans quasiment chaque partie de dépense : le bénéficiaire, la cause de paiement, la mention du mandement et des autres pièces justificatives, avec date, enfin la somme payée. Cela étant, la longueur des rubriques est très variable, et dans la mesure où le détail était présent dans la pièce justificative, bien des développements n’avaient guère de justification technique et comptable, sans pour autant être vides de sens.

    7Une dépense peut être formellement correcte en 32 mots :

    « A un chevaucheur et a pluiseurs autres pour les causes et parties contenues ou mandement de monseigneur fait sur ce senz autre quittance donné vi d’octobre ccc iiiixx et iiii : lviii frans40. »

    8Mais il n’est pas rare de voir des développements bien plus considérables, avec plus de 200 mots. Ainsi au même compte :

    « A messire Jehan de Vienne, chevalier, admiral de France pour don de iiim frans a lui fait par feu monseigneur le conte de Flandres que Dieux absoille pour contemplacion et remuneracion des bons et aggreables services que ledit monseigneur l’admiral avoit faiz audit monseigneur le conte en ses guerres de Flandres, et esperoit qu’il lui feist encoires si comme il appert par le mandement dudit feu monseigneur le conte donné a Lille xxvi de decembre ccc iiiixx et ii dont ledit monseigneur l’admiral a esté paiéz par ledit feu monseigneur le conte de la somme des mile francs si comme il appert par mandement de monseigneur donné iii de juing ccc iiiixx et iiii pour ce pour le demourant des diz iiim frans a lui donnéz par ledit feu monseigneur le conte comme dit est, par mandement de mondit signeur et deux quittances l’une donnee ix de janvier ccc iiiixx et iiii de xiiiic frans et l’autre donnee xx d’avril ccc iiiixx et v aprez Pasques de vic frans pour tout paié par vertu du mandement dudit feu monseigneur le conte les lettres de mondit signeur et les ii quittances tout rendu a court : iim frans41. »

    9Assurément, les complications financières dues à l’étalement des paiements et autres assignations, rallongent les rubriques. Par ailleurs, la manière de nommer les bénéficiaires ou de dater par référence aux événements offre des possibilités d’écriture où s’exprime non plus la nécessité comptable mais un discours sur l’action politique. Mais ce sont surtout les éléments de justification des paiements qui s’avèrent les plus élastiques, fournissant d’infinies variantes. Parallèlement, en recette, la mention du payeur, le motif du paiement, et surtout du non-paiement, la date et la somme forment eux aussi le canevas de base du texte, fournissant autant de motifs constituant la plus riche source sur l’idéologie du pouvoir. C’est sur cette matière que je propose de travailler, pour chercher les signes d’un discours politique dans un compte destiné à conserver une mémoire, à manifester la fidélité d’un agent de très haut niveau au prince, et à montrer qu’il intégrait sa vision du pouvoir. Ne soyons d’ailleurs pas naïfs : le caractère original des causes invoquées est généralement emprunté aux documents justificatifs, surtout les lettres princières ; mais jamais de manière strictement servile, car cette parole vient en plus, a un quelque chose de non indispensable où s’exprime une opinion. En outre, le principe selon lequel chaque rubrique doit se suffire à elle-même demeure sous-jacent aux comptes : toute dépense a sa propre justification, car elle peut être vérifiée après interruption, ou suivre une rubrique refusée et rayée. Ce qui induit une multiplication des références aux justifications de dépenses.

    Le vocabulaire de la révolte

    Lexicométrie

    10L’étude systématique des rubriques permet d’apporter un éclairage quantitatif sur le vocabulaire employé : si l’on dénombre les allusions aux révoltes, on observe dans le compte de la recette générale de Flandre de 1381-1382 23 mentions en recette, 9 en dépense, sur 53 folios. Le compte d’après (1382-1384), qui suit une grave défaite mettant en péril le comte attaqué dans Bruges par les Gantois, qui soulèvent presque l’ensemble du pays, comporte 140 allusions en recette, 23 en dépenses42. À l’inverse, lors de l’avènement en 1384-1385 de Philippe le Hardi, la recette de toutes ses finances n’évoque la révolte qu’à 10 reprises, dont trois seulement la caractérisent comme rébellion43. En 1453, après 60 ans de présence bourguignonne et de contrôle de la Chambre des comptes, la recette de Flandre compte 112 mentions de recette, 52 de dépenses, bien plus détaillées44. La recette de toutes les finances en compte plusieurs milliers, dont 682 pour les seules dépenses de voyages : la saturation de l’espace comptable par la révolte est patente. Le phénomène se restreint fortement à la fin du siècle, passant même à quelques dizaines de mentions dans les années 1480-1490.

    11Parallèlement, le vocabulaire s’élargit. Plusieurs registres de langue sont utilisés : un vocabulaire plus judiciaire, caractérisant une action rebelle, un vocabulaire militaire, décrivant leur action, un vocabulaire renvoyant à la réalité géographique et politique, désignant les espaces et personnes coupables par leur statut de « Flamands » et surtout de « Gantois ».

    Un vocabulaire judiciaire : dire le crime de rébellion

    12Les termes juridiques désignant les rebelles évoluent fortement. Dans les premiers comptes de la recette de Flandre, on parle essentiellement d’« émeutes », ce qui renvoie à une agitation mue par l’émotion, assez floue. 15 occurrences en 1381-1382, 41 en 1382-1384, c’est le mot dominant. En une occasion, il est même question des « esmeutes de Flandres », décrivant un embrasement général45. Le terme « rebelles » apparaît avec le compte de 1382-1384, revenant à 6 reprises, associé à « ennemis » à 5 reprises : ce sont « les rebelles et enemis de monseigneur dedens le paiis de Flandres46 » ; très rarement « les rebelles de Flandres et conspirateurs, enemiz de monseigneur47 ». C’est dans les chapitres afférents aux recettes judiciaires, pour des rubriques consignant des condamnations à des amendes ou dans des cas de confiscation pour forfaiture que le vocabulaire s’enrichit au contact d’une source écrite d’origine judiciaire. Alors augmentent les renvois aux « esmeutes » et « aidans et confortans as rebelles et ennemiz », distinguant complices et responsables48. À la même époque, le compte de la recette de toutes les finances, tenu par le Bourguignon Amiot Arnaut est bien plus vague. Le compte évoque les « desobeissans » au roi de France et au comte Louis de Male, mais pas au duc de Bourgogne, alors que la révolte continue lorsque Philippe hérite de la Flandre de son beau-père Louis de Male le 30 janvier 1384, et ce jusqu’à la paix de Tournai du 18 décembre 1385 ! Arnot témoigne d’une conception assez française et royale de la révolte, présentée avant tout comme une action contre le roi : les sujets flamands dont le duc confisque les biens en 1384 ont été « desobeissans au roy nostre dit seigneur et a feu monseigneur le conte de Flandres, dont Dieux ait l’ame49 ». Le vocabulaire s’enrichit de termes juridiques plus précis « deliz, conspiracions, rebellions et autres crimes » en un cas unique touchant une confiscation, reprenant certainement les termes d’un jugement50.

    13Le changement observé sur le plan quantitatif est également patent en ce qui concerne le choix des mots, entre 1384 et 1453 : à cette dernière date, la recette de Flandre ne parle plus d’émeutes, ni de conspiration ou de délits. On trouve certes cinq mentions de « commocions », terme vague rappelant les émeutes et autres émotions51 ; mais dans deux cas le mot est associé à rébellion. Surtout, désormais s’impose le triptyque « ennemis, rebelles et desobeissans » qui l’emporte (15 occurrences), et plus encore le terme de rebelles : 22 rébellions, 41 rebelles, suivis par le mot désobéissance (20 mentions). La caractérisation est bien posée, le crime de rébellion parfaitement établi. Classiquement, d’autres crimes lui sont d’ailleurs associés de manière très précise, en particulier le vol. La ville d’Ardenbourg « fu arse, rebee et pillee par les rebelles de Gand52 ». Ninove est « pilliee et robee plusieurs fois53 ». De la sorte, le duc se pose en défenseur des autres villes flamandes, effectivement victimes des actions gantoises. Pourtant, une catégorie spécifique de Gantois se distingue, une bande de pillards appelés compagnons de la « verde tente ». C’est à eux que la comptabilité attribue les pires actes de pillage et de butin : ils sont responsables de la destruction des portes de l’hôtel comtal de Gand et en particulier « des deux huysseries de l’estable de madame la duchesse que aucuns de la verde tente avoient deschiréz et rompues pour par force y logier et mettre leurs bustins de vaches, chevaulx, brebis et autres choses54 ». Ce groupe est connu des chroniqueurs : Jacques du Clerc parle de compagnons de la ville de Gand appelés « compagnons de la verde tente » venus incendier Flandre et Hainaut jusqu’à Ath en 1452, précisant qu’ils prennent comme capitaine le « bastard du blancq estrain », ou Blankstroem ou Blankstain55. Mathieu d’Escoucluy, continuateur d’Enguerrand de Monstrelet les présente ainsi :

    « Durant le temps des tresves susmentionnées, aucunes gens qui, à l’occasion de la guerre avoient perdu le leur, et autres de meschant estat, tant de ladite ville de Gand comme du pays, s’assemblèrent en grand nombre et firent entre eux un capitaine qui se nommoit le capitaine la Verde tente, lesquels tenoient les bocages et les champs, sans converser ny repaistre en icelle ville ; et cedit temps durant firent plusieurs dommages en ladite comté56. »

    14Ce groupe est bien distingué des autres Gantois, tout en étant associé à eux par les comptes.

    15Le compte du receveur de toutes les finances en 1453 va plus loin dans cette évolution lexicale57. Il emploie la trilogie « ennemis, rebelles et desobeissans » à 82 reprises, mentionne les rebelles seuls à 96 reprises, le fait qu’ils sont désobéissants une seule fois. Il avance la déloyauté, le non-respect de la foi due au seigneur : « ceulz de Gand ses ennemis, desleaux subgez58. » Il insiste davantage sur la notion de sujets. Cependant, n’allons pas trop loin : jamais la comptabilité ne mentionne certains termes qu’on aurait pu attendre, tels ceux de lèse-majesté, de félonie, de trahison. Reste que la tonalité est très différente des mentions de l’autre guerre de 1453, qui a lieu en Luxembourg, pays où la position bourguignonne est moins claire, et la révolte davantage nobiliaire. Là, les marques infamantes de l’adversaire sont rares et le ton plus posé : la guerre y est menée « pour reduire a l’obeissance de mondit seigneur le duc aucunes bonnes villes et nobles desdits pais de Luxembourg et conté de Chemy, lesquelles s’estoient rebellees59 ».

    16En 1477, dans un contexte tout autre d’affaiblissement du pouvoir central après la mort de Charles le Téméraire et alors que la révolte est bien plus généralisée dans les Pays-Bas, le terme de rébellion, le plus fort, disparaît entièrement de la comptabilité du receveur de Flandre, tout comme celui de désobéissant, et même d’ennemi60 ! On assiste à l’inverse au retour de termes très flous relatifs aux mouvements, émotions du peuple : « les divisions et differens esmeus en Flandres61 » ; « la guerre esmeue62 », la « discencion du peuple a Bruges et la enthour63 » ; et seulement trois allusions aux commotions. Le flou artistique est entretenu, puisque l’on nomme l’affaire en termes vagues, « les troubles estans en Flandres64 ». On n’est pas loin des « événements en Algérie »… Même un crime de lèse-majesté comme l’exécution publique du chancelier Guillaume Hugonet en un procès expéditif mené par les rebelles le 3 avril 147765, ne donne lieu à aucune mention des conditions de sa mort dans la partie consacrée au versement de ses pensions à sa veuve et à ses enfants66. Même son de cloche en 1487, où les seuls à être qualifiés d’ennemis sont les « Francois, ennemis de nostre dit sire67 ». La comptabilité ne parle que de « differends et divisions qui furent entre mes dis seigneurs et ceulx de leur pays de Flandres es annees quatre vings quatre et quatre vingz cincq » : en somme, un conflit où les parties sont quasiment sur un pied d’égalité68… Par comparaison, tout au plus trouvera-t-on une allusion unique dans le compte de toutes les finances de 1488 aux « flamengs ses ennemys69 ». Mais le ton reste, en ces années incertaines, extrêmement sobre.

    17En revanche, les comptes plus tardifs, dont les dates de clôture indiquent qu’ils ont été entendus dans une phase plus favorable au pouvoir, en particulier après 1492 et la paix de Cadzand, qui marque la victoire de Maximilien70, sont plus sévères : dans le compte de 1490 rédigé et rendu en juin 1490, les mots les plus durs (et ils sont rares) sont « ses rebelles et desobeissans suggets de Flandres71 », sans que soit précisé le nom de la ville. En 1492, quatre mentions de rebelles sont à signaler72. Mais curieusement, le vocabulaire triomphant de Philippe le Bon a vécu, le ton n’est plus le même et la langue de bois l’emporte. Et lorsque la ville est mentionnée, le ton se fait très neutre : on évoque toujours « ceulz de l’Escluze », « ceulz de Gand73 ».

    Un vocabulaire militaire « neutre » ?

    18Lorsqu’il se situe sur le terrain militaire, le compte a tendance à rapprocher les belligérants ; mais c’est une nécessité pour justifier les manques en recette, et les manœuvres des armées, car la seule qualification de rébellion ne suffit pas pour décrire les déprédations ou les affrontements réels. En 1381-1384, on qualifie déjà la situation de guerre : les pertes de recettes domaniales sont justifiées « pour les guerres74 ». Les manœuvres des Gantois sont décrites dans un vocabulaire militaire classique : Audenarde est « assegié75 » par les Gantois ; « Roesebeke » est simplement qualifiée de bataille, par exemple dans la description d’un tableau la dépeignant, qui est exhibé à Philippe le Hardi en 138576. Mais l’évocation de la participation à la guerre est déjà asymétrique. Lorsqu’elle concerne le prince, elle sert à justifier des paiements ; quand elle implique les rebelles, elle justifie les représailles. Être « mort a Rosebeque77 » est certes une froide mention assez récurrente, mais c’est surtout une justification pour les officiers qui peuvent confisquer les biens du défunt, réputé rebelle78. En 1453, le terme de « guerre » est omniprésent (124 occurrences pour la recette de Flandre, dont 2 fois « guerre publique79 »). Et les Gantois se comportent comme une armée ordinaire, organisée et unie : « le siege fu mis par ceulx de Gand devant ladite ville d’Audenarde80. » C’est une véritable ville en armes : « les Gantois sont hors en armes, pour entrer ou pays de Haynau81 ». Comme le prince, ils mènent des « entreprises82 », viennent « a puissance devant la place de Themzecq83 », et avancent « a puissance d’armes84 ». Même une action « limite », telle la tentative pour faire exploser le dépôt lillois d’artillerie, est présentée avec une grande sobriété85. Mais on le verra, le prince se distingue sur quelques points : il tient les champs et rassemble l’ost, armée princière. D’ailleurs, le receveur s’attache, sans que cela n’ait d’intérêt comptable, à montrer la différence entre armée légitime et illégitime, tournant en dérision les prétentions des gantois : « lesquels se vantoyent de luy venir au-devant a puissance d’armes et livrer batailles86. » Il s’agit d’une caricature d’armée.

    19Surtout, le compte insiste sur les actions gantoises dans le plat pays, actions prédatrices entre opérations de pillage et de destruction produisant un état continu de « guerre depuis continuee en la chastellenie » d’Audenarde87. Le fait de prendre les armes est cependant associé à la rébellion, à laquelle il s’ajoute en de multiples mentions : la « guerre et rebellion de ceulx de Gand88 » ; les « rebellions de ceulx de Gand qui se misrent en armes89 » ; cette expression renvoie expressément au wapeninghe flamand, rituel au cours duquel les métiers s’assemblaient sous leurs bannières, en armes, sur l’une des places de la ville, de leur propre autorité90. D’ailleurs, le terme de guerre renvoie dans ces comptes davantage à un état de destruction, de pillage qui frappe le pays : c’est « la plaine guerre [qui] fu ou pais de Flandres91 », une guerre surtout évoquée en recette pour justifier un non perçu et dont la responsabilité incombe surtout aux Gantois, une « guerre du païs a l’occasion des rebellions de Gand92 ».

    20À partir de 1477, les opérations semblent menées par des anonymes ou des ombres : si le tonlieu ne rapporte plus c’est « obstant les empeschemens qui par la guerre ont esté tant par mer comme par terre93 ». En 1487 dans la recette de Flandre, les seules précisions concernent les « guerres survenues ou pays au moien de la prinse de Saint Omer par les Francois94 ». Seul élément saillant, le wapeninghe des Brugeois en 1488 alors que Maximilien est dans la ville, un quasi-attentat décrit avec précision et surtout une certaine réserve, à tout le moins :

    « Venderdy premier jour de fevrier oudit an mil cccc iiiixx et sept le roy des romains nostre seigneur tout le jour en sa dite ville de Bruges ce dit jour les manans et habitants de le dite ville se mirent en armes sur le marchié a tout leurs bannieres95. »

    21En 1492, on voit certes davantage de précision dans l’évocation des manœuvres des rebelles, mais désormais les Gantois apparaissent alors comme une armée régulière menant son « emprinse… sur la dite ville d’Audenarde96 » ; et « ceulx de Gand estoient dehors pour aller au champ », expression jusque-là absente des évocations de manœuvres urbaines : l’écart s’est fortement réduit entre la guerre du prince et celle de ses sujets révoltés, suivant un mouvement parallèle au discours judiciaire, et qui se retrouve encore dans la vision géopolitique des événements.

    Cadres politiques et géographiques : la ville contre le prince

    22Les comptes hésitent entre le fait d’incriminer un groupe précis de rebelles, et la volonté de témoigner du caractère massif et collectif de l’adversaire, souvent fortement uni dans son identité urbaine. La constante durant tout le siècle est de mettre en cause « ceulx de Gand », les plus actifs et les plus puissants. Dès le premier compte, c’est la mention la plus fréquente97.

    23Mais dès le départ, le cadre dépasse celui de la ville : en 1382-1384, on voit apparaître « les rebelles de Flandres98 », les « rebellions de Flandres99 » expressions caractérisant un ensemble vaste, le comté, mais en une somme de délits particuliers. Individuellement, émergent des « conspirateurs de Flandres » issus des différents territoires100, tandis que la seule mention de « Gantois » suffit à qualifier un rebelle. Nul besoin de l’incriminer, l’origine autorise tout, jusqu’à ce « Gantois qui s’estoit nouvellement mariéz à Gand101 », arrêté et « cédé » 4 francs au comte. Louis de Male paie quasiment le Gantois à l’unité, au prix de 4 ou 5 francs102. Si le compte général de Flandre de 1384-1385 n’apporte aucun changement, celui de 1453 désigne surtout « ceulz de Gand » (42 occurrences), les « diz de Gand » (6 occurrences) ou la guerre de Gand (1 occurrence), tandis que le compte de la recette de toutes les finances les appelle « les Gantois » à 44 reprises, ou évoque l’action de la ville de Gand en 29 occurrences : c’est bien la ville qui est coupable, d’ailleurs on évoque « les rebellions de Gand103 ». On ne distingue pas un groupe de rebelles dans la ville : la responsabilité est collective. Si l’état de guerre concerne toute la Flandre (« la guerre estant en Flandres »), la hiérarchie des responsabilités est nette : il y a d’abord « ceulz de Gand, ses ennemis, rebelles et desobeissans subgés104 ». Puis il y a les adjuvants. La distinction n’est pas encore nette en 1382-1384 (on place sur un pied d’égalité « les rebelles de Courtray105 »). Mais pour les années 1450-1453, on sépare « ceulx de Gand et leurs consors106 ». Les autres villes sont « rebelles et adherens ausdits de Gand107 » ; mais leur population n’est pas toujours condamnée en bloc, puisque le receveur Laurent Le Maech, très au fait des jeux politiques et gantois lui-même, y distingue les innocents et « ceulx qui tenoient le parti des dits de Gand108 ». Après 1477, la rébellion est présentée de manière moins polarisée et les autres centres sont mis en avant. En 1492, chacune des villes impliquées est même tenue pour former un groupe autonome et solidaire, non pas inféodé aux Gantois mais en lutte de son propre chef109.

    24Lorsqu’ils sont mentionnés individuellement, les rebelles non gantois qui sont condamnés sont ceux qui ont choisi la rébellion comme un engagement personnel, et ils sont souvent présentés comme des adjuvants : un Brugeois a prêté serment avec les rebelles, devenant « aliiés et adherens110 » ; un habitant de Warneton a « esté aidans et confortans as rebelles et enemiz111 », un autre, probablement originaire de Merville « s’estoit tenuz en Flandres avec les rebelles112 ». À partir de 1453, on voit certains Flamands « tenant le parti des rebelles de Gand113 », d’autres ont « hanté et favorisé et frequenté les Gantois ennemis rebelles et desobeissans114 ». Mais paradoxalement, la notion de parti n’est pas réservée au Gantois, même en 1453, et un pauvre Gantois reçoit un don de Philippe le Bon « en consideracion de ce que durant le temps de la guerre […] il a tousjours tenu son party115 ». Cette idée de deux partis se retrouve plus clairement en 1477, les uns tiennent « parti contraire de monseigneur116 », d’autres « le parti de feu noble mémoire monseigneur le duc Charles son père, cui Dieu absoille, et le sien [celui de Marie de Bourgogne117] ».

    25Par ailleurs, cette période de guerre voit émerger une réflexion sur l’espace politique à un ensemble plus vaste, celui du comté (mais guère au-delà) dans ce qui apparaît comme un face à face entre prince et villes. La nature de la guerre est progressivement précisée, à savoir celle d’une « guerre publicque », terme fort qui renvoie à une clause technique permettant d’annuler les contrats d’affermage, que l’on commence à reprendre dans les comptes à partir de 1453118. Dans ce contexte, la guerre voit se dessiner des frontières intérieures à la Flandre, les garnisons sont placées « es villes faisans frontiere ou pays de Flandres a l’encontre des dis de Gand119 » : la notion de « frontieres de Flandres120 » est donc ici toute circonstancielle ; elle n’est pas tant liée à un État qu’à une situation militaire précise, servant en l’occurrence à décrire le front établi par le prince contre Gand121. Dans la définition de l’espace politique de ces guerres, l’expression « guerres de Flandres » joue un rôle important : elle désigne un état général d’affrontement dans le comté122 et même endémique puisqu’on évoque les « guerres qui ont regné oudit pays de Flandres » au début des années 1490123. À cette date, on opère d’ailleurs une distinction nette avec la période 1451-1453 dont le souvenir est évoqué par l’expression « les guerres de Gand124 » et qui donne l’impression d’un changement d’échelle. Désormais les rebelles sont « les flamengs ses ennemys125 ». Néanmoins, lorsque des précisions sont ajoutées, on constate que l’adversaire est caractérisé comme urbain : ces révoltés sont essentiellement les « villes de Gand, Bruges, Yppre, Courtray, le Franc126 », tandis que le siège mené contre Philippe de Clèves à l’Écluse est un siège contre « ceulx de L’Ecluze127 » : la dimension nobiliaire de la révolte disparaît derrière l’affrontement. C’est pourtant une vision différente qui apparaît dans la signature de la paix de Cadzand qui place les Gantois en position de complices de Philippe « en sa querelle contre le roi des Romains128 ».

    Les impacts sur les finances : de l’art de justifier les pertes

    Enregistrer les effets de la guerre sur le domaine

    Prendre acte de la désorganisation administrative

    26Si les rédacteurs des comptes font preuve d’autant de précision argumentative et juridique sur la nature de la guerre, cela s’explique certes par la volonté de manifester l’attachement du receveur au « parti du prince ». Mais il s’agit aussi de justifier en droit un non-perçu, ce qui est impératif lors de la reddition du compte. Or il est délicat pour l’officier ducal de décrire l’incapacité du prince et de l’administration à gouverner la Flandre. On peut choisir d’occulter la réalité, de manière plus ou moins habile. En 1381-1382, nombre de receveurs et baillis en poste aux environs de Gand ne rendent pas compte, ou n’ont « nient receu129 », et certains revenus ne sont pas encaissés sans qu’on l’explique130. Il est certain que les motifs étaient évidents, et l’état de guerre suffisamment avéré. Mais il arrive aussi souvent qu’on trouve la mention « nient rechu pour les esmeutes131 », motif que font ajouter les correcteurs du compte. L’absence d’un bailli doit évidemment être motivée, et c’est le cas en janvier 1382 pour le bailli de Gand, où le receveur note de lui-même « car il n’y a nul bailli pour les esmeutes132 ». Mais les investigations sont peu poussées alors. En 1453, le contexte a changé. La Chambre attend et obtient des précisions sur toutes les absences, au jour près. Le compte précise ainsi les conditions de désertion par les officiers des zones rebelles : ainsi du bailli de Gand qui doit rendre compte « pour le reste de son compte… fini le xxviiie jour dudit mois qu’il parti de la dite ville pour cause des rebellions133 ». Le bailli voisin des Quatre Métiers « n’a peu ne osé demourer es termes dudit bailliage pour cause de la guerre134 ». La précision met cruellement en lumière la paralysie administrative. La guerre, comme état de désordre, est un argument naturellement acceptable. La Chambre des comptes de Lille peut d’ailleurs elle-même juger de l’état du pays et dispenser ainsi la ville de Grammont d’une rente due au prince « eu regart a le desolacion de la dite ville a cause de la guerre derrenier de Flandres135 ».

    Lutter contre le Grand Privilège

    27À partir de 1477, la dimension politique domine le discours comptable alors que se multiplient les cas de non-perception, même lorsque la guerre ne paralyse pas l’action des officiers : en effet, en vertu du Grand Privilège accordé par Marie de Bourgogne aux villes de Flandre en 1477136, de nombreux droits domaniaux ne sont plus perçus. Le comptable l’invoque, en des termes prudents. Ainsi des droits sur la garenne de Male, château comtal près de Bruges :

    « pour ce que par la guerre esmeue en Flandres ou temps de ce compte et aussi la discencion du peuple a Bruges et la enthour oudit temps et meismement que par ceulx de la loy de Bruges fut publié a la bretesque que chacun homme qui que ce fust qui avoit terres a lui appartenans entour les garrennes de Male et Ziesselle poroit prendre les conins d’icelles garennes sur ladite terre sans en ce riens fourfaire, mais que l’on pugniroit tellement les contredisans que ce seroit exemple aux autres, pourquoy le dit fermier maintenoit du tout estre deschargié de sa dite ferme137. »

    28Alors que la ville se mêle de légiférer sur un droit princier, ce qui est un évident abus d’autorité, le compte se contente de constater « attendu que ce que dit est est chose vraye et notoire ». Dès lors, le receveur se contente d’accorder un rabais au fermier, sans plus épiloguer138 ! Il en va de même de la rente payée en rachat d’une taxe dite « tort le conte » « dont toutesvoies cedit receveur n’a aucune chose receu a cause que les dits de Bruges dient ceste rente estre abolie par les nouveaulx previleges que madame la duchesse leur ottroya139 ». Il y a bien une lutte sur l’interprétation du privilège, au sujet de laquelle le receveur et surtout la Chambre, par ses arrêts, développent une subtile rhétorique : ce sont les désordres et la guerre, ainsi que l’état d’opposition généralisée engendrée par l’interprétation du Grand Privilège qui empêchent la perception, et non pas tant le droit lui-même, sur l’extension duquel on n’insiste pas : ainsi du droit sur le hareng à Ostende, dont les pêcheurs « dis[ent] que le dit droit estoit aboli par le nouvel previlege140 ». La Chambre précise que l’on cherchera dès que possible à le percevoir de nouveau141. L’administration veille d’ailleurs à rappeler que, localement, ce privilège fut annulé, ainsi à Dunkerque dès le 15 août 1478142. Cette guérilla juridique visant à « détricoter » le privilège sera payante à terme143.

    Enregistrer les destructions domaniales

    29L’impact le plus lourd des révoltes concerne les destructions et pillages. Les destructions princières sont d’ailleurs parfois évoquées, avec flou mais sans pour autant les nier. C’était déjà le cas en 1380 pour les moulins d’Alost détruits – sans que l’on incrimine directement le prince – « quand monseigneur fuist devant Gand144 ». Mais c’est surtout le compte de 1453 qui impressionne par les destructions perpétrées autour de Gand. L’action du prince n’y est désormais nullement minorée. La description du sort de Ruplemonde l’atteste :

    « Toutes les maisons, l’église de ladite ville et la plus grant partie de leurs biens meubles ont par deux fois esté ars, brulez et destruiz et avec ce que par les logis que mondit seigneur print audit lieu de Ruplemonde en conduisant son armee a l’encontre des diz de Gand, leurs bestes, avoines et praieries ont par les gens de ladite armee esté prins, mangiéz et degastéz145… »

    30Le pont d’Erembodaghem, village situé sur la Dendre au sud d’Alost « a esté abatu par les garnisons de monseigneur lors estant audit lieu d’Alost146 ». Les mesures princières sont cependant à l’occasion justifiées par les nécessités d’une guerre qu’il n’a pas voulue. On souligne donc parfois qu’il agit pour la défense du pays : s’il a fait endiguer la Dendre, c’est « pour la guerre que ont faites ceulx de Gand affin de retenir l’eaue pour la sauvacion de ladite ville de Tenremonde147 ». À l’opposé, l’action destructrice des Gantois revient en leitmotiv comme l’expression d’une pure violence : l’expression « ars et brulé par ceulx de Gand » revient à seize reprises au compte du receveur de Flandre en 1452-1453148. Cette formule ne vient pas uniquement des mandements issus de la chancellerie, mais aussi des suppliques adressées par les villes comme Grammont, qui en reprennent donc la logique149. Enfin, les atteintes aux biens du prince, notamment son hôtel à Gand, donnent lieu à des développements plus précis : il s’agit avant tout de justifier ici les travaux engagés pour les réparations, et l’on ne saurait inventer car il faut des certifications150. Le ton diffère après la mort de Charles le Téméraire où les déprédations que l’on rapporte sont surtout celles des Français : l’une des rares mentions concerne l’attaque du pays de l’Alleu « lequel avoir […] fut bruslé et destruit par les Francois, ennemis de nostre dit sire le roy et de mondit seigneur le prime jour d’aoust l’an mil IIIIC soixante dix sept151 ». De manière plus surprenante, en apparence, les destructions opérées par les troupes allemandes au service de Maximilien sont pointées du doigt, en particulier à Ruplemonde où elles sont en garnison152. Aux yeux mêmes des sources « bourguignonnes » elles apparaissent d’ailleurs comme véritablement « étrangères ». En revanche, les dégâts engendrés « par les guerres de Flandres » restent bien vagues. On ne mentionne par exemple pas de responsable pour la destruction – une fois de plus – du pont d’Erdembodeghem153.

    Dédommager, récompenser et entretenir les fidélités

    31Les fidèles du prince souffrent dans une guerre civile au cours de laquelle ils sont des cibles. La mention des dédommagements dans les comptes témoigne du regard de l’administration sur le lien qui doit unir le seigneur légitime à ceux qui ont gardé sa foi. Ces fidèles sont pris à rançon, ce qui est mentionné avec le même vocabulaire que pour les prisonniers du prince. Ce dernier veille à faire libérer les rançonnés de son parti : ainsi du doyen des charpentiers de Bruges à l’époque de Louis de Male « que monseigneur fist donner en alegement de le renchon de Hidsboud de ce qu’il fu prins a Gand154 ». Les villes rachètent également leurs prisonniers, et le duc les aide, tout comme il tente de les dédommager pour leur perte, à l’instar d’Ypres155. À partir de 1453, ces dédommagements touchent des villes frappées par la guerre, comme Rupelmonde156. Dès lors, le compte justifie ces actions en tenant un discours sur la fidélité, et le courage : ainsi du fermier de la haute mairie de Termonde, victime des guerres « esquelles il a perdu ses biens et exposé son corps ou service de mondit seigneur157 ». Exposer sa vie est toujours un gage, et les fermiers sont apparemment des cibles, à l’instar du fermier de la mairie de Lembeke : « ledit fermier avoit esté prins par lesdits de Gand pour cause qu’il estoit officier d’icellui seigneur par lesquelz il fur renconné a x livres gros et avec ce en grant peril de perdre sa vie158 ». Les preuves d’amour du prince sont également d’ordre plus sacré, et sont recherchées du côté du serment de fidélité : pour le comptable, est fidèle celui qui a tenu son serment, et qui mérite à ce titre d’être dédommagé pour ses pertes, à l’instar d’un vieux soldat du château de l’Ecluse qui s’est acharné à « entretenir le serment qu’il avoit fait » à Maximilien et Philippe le Beau, perdant de la sorte son bien159.

    Les mécanismes d’ajustement des fermes

    32La guerre, et notamment la guerre civile, avait par ailleurs une implication juridique sur les contrats d’affermage signés par des investisseurs avec le receveur général de Flandre pour les recettes domaniales, notamment les tonlieux. Dans ce cas, la baisse des profits pouvait être liée à une réduction des échanges, conséquence indirecte de la guerre. Les contrats présentaient en effet des clauses ouvrant droit à des réductions voire à une annulation du bail, en certaines circonstances, dont il fallait établir la réalité. Dès 1381-1382 cette pratique entraîne des rabats « pour cause de guerre160 ». La qualification de « damages des guerres » est encore plus explicite161. Le fermier est une victime que le comte dédommage, en vertu du contrat précisément…

    33Le mécanisme est utilisé 48 fois en 1453 et précisément détaillé à chaque occurrence. Les dédommagements sont nombreux pour des fermes lésées par des blocus, comme celui imposé par lettre patente à tous, dans le pays de Flandre et en particulier à Ardenbourg « que nul ne menast vivres oudit lieu de Gand », qui sert à justifier la grâce princière162.

    34La Chambre peut vérifier d’après le livre des mémoires la teneur des contrats-types, et savoir si le fermier est concerné par des mesures de dédommagement163. On établissait ainsi le bien-fondé en droit ; encore fallait-il établir les faits, lieux et dates. Pour que la Chambre acceptât que le receveur accordât un rabais aux fermiers, il fallait la preuve de dégâts dus à la guerre civile, et une lettre ducale. D’où la nécessité de répéter en chaque partie ces éléments, les termes du contrat, la lettre patente. Ainsi, les fermiers des 2 sous 6 deniers de gros perçus à Calloo sur l’Escaut sur chaque lot de hareng caque « sont deschargiéz de leur dite ferme selon les convenances du bail d’icelle pour cause et occasion de la guerre qui a esté ou pais de Flandres et mesmement en Calo tant par eaue comme par terre164 ». En 1453, les revenus concernés font l’objet de nombreuses précisions dans les comptes. Le receveur soucieux de montrer ses efforts de gestion rajoutait la mention de la remise à ferme du tonlieu « rebaillié a ferme par cry d’eglise », en précisant que le contrat était « a tous perilz et fortunes resservé seulement que s’il avenoit que Dieu ne veuille que guerre publique feust ou pais de Flandres en ce cas porra ledit fermier estre qitte de ladite ferme dedens six sepmaines apres ce qu’il aura deuement fait apparoir de ladite guerre165 ». Les effets des multiples révoltes conduisaient à bien préciser ces clauses, sur lesquelles chacun pourrait s’appuyer : on vivait avec ce risque, assumé par le prince. Encore fallait-il faire la preuve de l’état de guerre, en particulier lorsqu’une lettre ducale accordant sa grâce manquait au fermier. C’est le cas pour l’affermage de la franche fête d’Audenarde que les marchands ont fuie « pour cause de la guerre et les garnisons qui ont esté […] en ladite ville ». Faute de lettre ducale ou de preuve, l’examinateur du compte nota un « locatur pour ce qu’il n’a sur ce aucun enseignement », avant que le bureau des maîtres ne tranche en faveur d’un rabais, « attendu la notorité de l’empeschement de la guerre et ouy sur ce le receveur : transeat166 ».

    35Il n’est pas besoin de prouver que l’on est victime des ennemis du prince, du moment que l’état de guerre est établi. Dès lors, les précisions sur les auteurs sont inutiles et disparaissent : les circonstances politiques seules expliquent les différences d’un compte à l’autre ; cela se traduit par une imprécision occasionnelle en 1453 mais permet le flou complet à partir de 1477, puisque les réductions accordées aux fermiers sont justifiées par des considérations générales sur les « divisions et differens esmeus en Flandres… sans la coulpe de ce fermier, ces de loy a esté mis oudit terroir » ; quant aux fermiers des jeux de brelan, table, boules et quilles, il « ont esté en grant dangier de mort pour nonobostant ladite commocion cuidier tenir ledit brelent167 ». Le recours à la notion de « guerre publiche en Flandres » devient un élément récurrent du compte pour les rabais accordés à tous types d’offices168. En 1487, l’état de désorganisation était tel qu’il fallut un acte général du grand conseil en date du 25 août, pour décharger les fermiers : les comptes en répétèrent à l’envi les termes, qui invoquaient sobrement les « divisions169 ».

    Faire face à la désorganisation du domaine et de l’administration

    36Enfin, ultime évolution des années 1480, la concurrence entre les États et Maximilien, s’affirmant tous régents au nom de Philippe le Beau170, conduit à dédoubler l’administration. Dès lors, la mention du receveur de Flandres « commis par ceulx de Gand et aultres leurs adherens171 » enregistre ce schisme administratif. Certains revenus furent donc perçus par cet agent échappant au contrôle de l’administration de Maximilien et de la Chambre des comptes, à Bruges, au Dam, à Oostburg, L’Ecluse, Ardenbourg, Audenarde, Courtrai et bien entendu Gand, pour ce qui concerne le « transport de Flandre172 ». Mais l’illusion fut maintenue d’une continuité dans les notes des gens des comptes qui purent indiquer que la recette avait bel et bien été encaissée dans ses comptes, dont ils parvinrent à récupérer les exemplaires (ce qui ne signifie pas que l’argent ait été également récupéré173). L’honneur bureaucratique était sauf. Formellement, on acceptait également de passer en compte l’absence d’une recette, lorsqu’on avait eu la preuve que l’argent avait bien été encaissé et vérifié ailleurs, y compris à Gand174 ! Si le prince était volé, c’était par ses adversaires et non ses hommes : cela ne relevait plus de la Chambre ni du comptable.

    37Derrière cette mise en forme légale, le désarroi des officiers pointe ailleurs que dans les comptes, qui gardent un cadre formel. On le lit dans la lettre-supplique inscrite en début de compte par le receveur de toutes les finances servant en 1492, document unique dans la série : l’officier y explique qu’il ne parvient à réunir les assignations et rappelle « qu’il a servi et conduit ledit ofice au temps de la guerre et de la plus grande poureté que l’on veist oncques en la maison de Bourgoingne ». Dans la mesure où il doit payer pour le prince de grandes sommes, dans l’urgence, il a dû délivrer « a grans seigneurs gentilzhommes capitaines gens d’armes alamans, walons, espaignoaers et de toutes autres nacions et manieres de gens pluseurs et diverses descharges et assignacions, lesquelles il a aucune fois esté contraint de signer a la court ou par les rues sans povoir avoir venu en son logis pour les mettre en son registre, qu’il est de coustume de faire, ains luy estoit forcé d’en seulement prendre ung double qu’il mettoit en sa gibeschiere175 ». Dès lors, il ne parvient pas à faire le compte des assignations et décharges délivrées sans organisation sur les caisses locales, faute d’en avoir gardé le double, ce qui en toute logique devrait lui être reproché. Le compte devient le lieu d’un dialogue, où s’exprime d’une manière pathétique la détresse d’un officier – détresse dont la Chambre dut tenir compte. Ces formes nouvelles de discours comptable sont la marque d’une perturbation profonde de la machinerie bourguignonne, qui malgré son bon ordonnancement, laisse apparaître une certaine inquiétude. On est loin des temps triomphants.

    38La comptabilité princière donne bien à voir les implications économiques des guerres flamandes, dans leurs détails, tout en construisant un discours de justification des droits du prince. Le travail de sape économique et juridique entamé par Maximilien contre le Grand privilège se traduit clairement dans les comptes, qui s’avèrent très critique sur la teneur desdits privilèges et cherchent à les borner, voire à les détruire. Par ailleurs, ces comptes obéissent à leur propre logique de justification, variable selon les parties : lorsqu’il s’agit de suspendre le paiement des fermes, le simple état de guerre suffit ; nul besoin d’en dire plus, ce qui n’empêche pas, aux temps triomphants de Philippe le Bon, de préciser davantage, mais autorise le flou en période plus incertaine. En revanche, les dons et dédommagements manifestent la grâce du prince, dont la comptabilité entérine totalement la logique. Car le triomphe du prince est celui de la justice, ce dont les comptes se font parfaitement l’écho.

    Régler le conflit : guerre, justice et négociations

    39Là encore, l’évolution n’est pas si rectiligne. Et si la mise en scène d’un prince justicier et pacificateur semble aller de soi, elle traduit des choix idéologiques parfois ambigus, dont la description militaire est également le reflet.

    Un prince en guerre contre ses sujets

    40La nature du face-à-face évolue dans les comptes, qui sont loin d’être un terrain neutre mais témoignent de regards différents sur les conflits. À suivre la comptabilité de Louis de Male, le comte guerroie apparemment seul contre ses sujets : il lui revient de les châtier, ce que le receveur mentionne abondamment. Même la venue du roi Charles VI en 1382 est présentée comme un service au comte comme le mentionne une rubrique au sujet d’une somme dont le comte fait quittance au roi, comme il le fait pour ses capitaines, « pour le bon service qu’il li a fait en ses guerres de Flandres ainsi que par lettres monseigneur appert176 » ! La hiérarchie féodale est ainsi inversée. En revanche, les premiers comptes de Philippe le Hardi rédigés alors qu’il est comte de Flandre, présentent la guerre comme celle du roi, non la sienne : les hommes du duc sont envoyés en Flandre « es chevauchies et armees que le roy nostre seigneur a darrenierement faites es pays de Flandres177 ». Par la suite, la royauté est évidemment évacuée du conflit, perçue comme un arbitre neutre en 1453178, ou un ennemi de plus en 1487179.

    41Du point de vue de la conduite de la guerre, la caractérisation de l’action du prince contre ses sujets ne se distingue que partiellement d’autres conflits. Les paiements relatifs aux chevaux ou à l’artillerie l’attestent, ne présentant aucune originalité au regard des autres conflits180. Lorsqu’il s’avère nécessaire d’apporter des précisions techniques, alors l’explication plus politique sur les motifs et les logiques de l’affrontement est souvent réduite à la portion congrue : c’est que la logique comptable des dépenses militaires est évidente, tandis qu’il faut préciser les matériaux et salaires qui composent la somme. On répète ainsi à l’envi dans des centaines de rubriques que les dépenses ont été effectuées « pour le fait de sa dite armee181 ». Les justifications ne sont plus importantes. Le propos est encore plus vague dans les comptes de 1487 et 1492.

    42Sur le plan des manœuvres, les détails sont plus précis et distinguent le type d’action selon ses objectifs, sans manifester toujours une claire distinction avec d’autres conflits : on se prépare à tenir « journee contre chiaux de Gand » dès 1381-1382182, on organise l’ost183, on prépare « le grant flote a L’Escluze184 ». Les choses restent en état ensuite, si ce n’est que le prince précise ses actions offensives sous la forme de l’armée levée contre les Gantois : une armée a toujours un but précis lorsqu’on la rassemble, but qui la définit. En 1453 il s’agit de « sa presente armee mise sus pour la rebellion et desobeissance en quoy sont envers lui ceulx de sa vile de Gand185 ». Loin de l’armée permanente, domine l’idée que c’est la mission qui crée la coalition de troupes : rétrospectivement, le compte désigne la force réunie par Philippe le bon comme une « armee conduite par deux ans contre lesdits de Gand186 ». Cette armée est clairement distinguée des contingents défensifs par le fait que l’on envisage deux réalités comptables différentes, souvent représentées par les mêmes hommes187. Sur ce dernier plan, le compte présente presque systématiquement les actions de mise en défense des villes de Flandre sous l’angle de la protection des populations et du territoire urbain, pour la « garde, sceurté et deffense » de la ville de Termonde, contre Gand notamment188. Le récit de la victoire de Gavre demeure quant à lui très sobre : c’est « le bataille qu’il avoit nouvellement eue et conquise a l’encontre des dits de Gand189 ».

    43Bien entendu, les circonstances entourant les défaites princières supposent du doigté : il faut décrire le fait avec précision sans pour autant accabler le seigneur. L’épisode navrant de la prise de Bruges par les Gantois en 1382 l’atteste, appelée « la tourble nuyt a Bruges190 », évoquée seulement parce qu’elle conduisit à la perte de précieux documents comptables. Le terme de trouble a sans doute l’avantage du flou, mais chacun devait bien savoir de quoi il s’agissait. En 1488, la révolte des Brugeois contre Maximilien est mentionnée par la prise d’arme datée du 1er février, déjà mentionnée191. Plus grave encore, l’invasion de l’hôtel où réside Maximilien intervient le 5 février suivant. Elle est décrite par un euphémisme : « les mestiers et la bourgeoisie se tenoient encoires sur le marchié en armes et les aucuns a la court par l’ordonnance de ceulx dudit marchié », c’est-à-dire sur ordre de la milice réunie sur la place du marché, le Grote Markt, ou Grand-Place ; si l’on en est réduit à préciser ces épisodes navrant, c’est pour un impératif comptable puisqu’il s’agit de justifier la hausse des dépenses, de nombreux membres de l’hôtel demeurant (captifs) auprès du prince192. Avec le recul, 2 ans plus tard, on n’hésite cependant plus à parler de « sa detenue a Bruges193 » : la logique comptable exige d’être précis, et la sobriété permet de limiter mais pas de nier le déshonneur princier, dont il doit d’ailleurs se venger.

    La répression vue par les comptes : un prince légitime et juste en action ?

    44La répression organisée par le prince contre ses sujets rebelles est décrite avec force détails, ne posant guère de problème idéologique. Les mentions en sont multiples, ayant d’ailleurs une utilité comptable puisqu’il faut justifier les forfaitures194, comme les dépenses de justice195. Mais dans le même temps, les comptes vont dès 1382-1384 jusqu’à évoquer des cas de plusieurs personnages exécutés selon un principe de sûreté. Bien distingués des condamnés « justiciés », plusieurs individus furent tués sans se voir imputés de crime précis – et les comptes le notent froidement : on fait ainsi payer le rachat de leurs biens à « Jehan Gteud et Anesoete enfans Woutier Raises, de l’avoir de leur pere, qui fu executé pour cause de sureuté », ainsi que Jehan le Broukere196, apparemment sans procès. La vente de leurs biens vendus au titre de forfaiture pour cause d’émeute les rattache clairement à la révolte, mais on n’en sait évidemment pas plus. Apparemment, dans la Flandre de Louis de Male et dans le contexte de la rébellion, le principe canonique « Nulla poena sine culpa197 » ne s’appliquait plus et la préservation de la sécurité de l’État imposait, dans le doute, de telles exécutions ! Surtout, la comptabilité – tenue secrète, rappelons-le – assumait parfaitement cette pratique.

    45De même, la pratique d’exécutions de masse est-elle affichée dans les comptes, sans aucune mention de procédure, et elle s’accompagne rarement de la mention de justice ou justicier. Le prince semble décider seul, en justice retenue : il envoie « lettres closes a messire Jaques de Lalaing, a Audenarde, affin qu’il feist executer tous les prisonniers de Gand qu’il tenoit198 ». Le simple fait d’appartenir à la ville a déjà condamné les prisonniers. Le cas est similaire dans un ordre envoyé au bailli de Hainaut, touchant les Gantois pris dans l’attaque de ce comté voisin de la Flandre199. Encore une fois, on relève des exécutions de suspects, tués « par souspechon200 ». Après la prise de la place de Poucques, le duc la « fait araszer, et certains Gantois qui le tenoient fait prendre et metre a mort201 ». Le prince paie ceux qui lui apportent des Gantois après Gavre, et l’a « volu et ordonné estre exécuté ». Les comptes insistent surtout sur la figure du prince, dont triomphe la volonté ; après la bataille de Gavre, il exerce sur le terrain son pouvoir de vie et de mort, se faisant remettre les prisonniers et les rachetant à ses soldats pour un prix rappelant ceux pratiqués du temps de son arrière-grand-père Louis de Male, afin de les faire tuer :

    « A Jehan du Rot dot souverain, archier de corps de mondit seigneur pour recompensacion d’un prisonnier du party de ceulx de Gand par luy prins le jour de la bataille d’icellui seigneur a l’encontre des dits de Gand lez Gavre, que mondit seigneur a depuis icelle prinse <veult> (volu) et ordonné estre exécuté : vii l. iiii s.202. »

    46Le prince est d’ailleurs mis en scène : il observe l’exécution, comme le montre ce paiement à un bourreau « pour son sallaire d’avoir pareillement executé et mis a mort devers mondit seigneur cent et sept prisonniers tant de la place et forteresse de Poucques comme autres que mondit seigneur a recouvree203 ». Au moins autant qu’en justicier, le duc apparaît en implacable chef de guerre, qui organise d’ailleurs lui-même les manœuvres militaires qui ont lieu en même temps contre la forteresse204. Non seulement il observe, mais il se charge lui-même d’organiser les exécutions en donnant les ordres et en les « ordonnançant » : à Audenarde le bourreau reçoit 6 livres pour « pour avoir executé et mis a mort de par mondit seigneur et de par son ordonnance trente hommes du party des dits de Gand ou temps de ladite armee par marchié fait avec luy vi l.205 ». Notons que d’une exécution à l’autre, le tarif du bourreau est généralement le même : 10 sous par homme206, encore que le nombre n’en soit pas toujours indiqué207. Le décompte n’est donc pas indispensable, mais pour les exécutions massives, le détail est presque toujours donné, preuve d’un intérêt certain (et sans justification technique). Reste que ces exécutions se chiffrent au moins à 203, sans compter les exécutions payées par d’autres caisses208.

    47L’image ainsi donnée de la justice est assez crue, mais parfaitement assumée. C’est là un certain visage d’une justice déchaînée, et franchement vengeresse. Au final, c’est davantage dans certains moments de faiblesse que le prince se place en position de seigneur légitime, en particulier en 1488 : le compte évoque alors un paiement par « le roy, père et legitime administrateur de monseigneur l’archiduc son filz, chief et souverain dudit ordre de la thoison d’or209 ». La fragilité de la position de Maximilien, père du véritable seigneur, mais étranger rejeté, conduit les comptables à valoriser son statut. Alors même qu’il est captif au sein d’une ville qui lui désobéit, le roi des Romains est « tout le jour en sa dite ville de Bruges210 ».

    Gagner la paix

    48Intimement liée à la justice, dont elle doit être l’incarnation, la paix est l’objectif premier du prince. Même dans le contexte flamand, les discussions ne s’arrêtent pas malgré l’état de tensions.

    Le compte des négociations

    49La comptabilité cherche à mettre en lumière ce souci de paix, tout en reflétant les conceptions bourguignonnes en la matière. Et le vocabulaire de cette « diplomatie de guerre civile » est des plus classiques. En 1383 on cherche à « pourtraitier a ceulx de Gand211 ». D’ailleurs, il faut noter que les rubriques touchant les négociations utilisent un vocabulaire souvent moins sévère. Cas quasi unique au compte de 1453, la mention de paiements aux ambassadeurs du roi envoyés en médiation présente chacun des camps comme partie prenante d’un différend : les Français reçoivent un cadeau pour leur action « pour le fait de l’appaisement du discort et defferen estant lors entre mondit seigneur et ceulx de la ville de Gand212 »…

    50Du point de vue de l’administration financière ducale, les Gantois sont des interlocuteurs crédibles, voire sincères, envoyant en février 1453 une « ambassade que ceulx de la dite ville de Gand avoyent envoyé par devers mondit seigneur en la dite ville de Bruges pour traitier le paix de la dite guerre213 ». Bien entendu, ils sont présentés comme responsables des échecs : en 1453, les discussions à Lille ne parviennent pas à aboutir, et c’est l’occasion de l’envoi d’un messager pour signifier aux villes que les Gantois « n’en avoient riens voulu accepter214 ». Autant ces mentions diplomatiques sont-elles peu nombreuses au regard des enjeux militaires en 1451-1453, autant la situation est inverse dans les comptes en 1492 : désormais, au flou caractérisant les guerres s’oppose la précision des discussions. Les dépenses dues aux messageries diplomatiques prennent une place considérable, développant les noms des destinataires, précisant dans le détail leurs noms parmi les institutions politiques et des métiers, le contenu des messages, les déplacements et modalités de paiement215. Le surdimensionnement des aspects diplomatiques est patent. Via les courriers, presque tout est indiqué : on précise les conditions de délivrance de sauf-conduit aux députés gantois « pour certains leurs deputez qu’ilz devoient envoier audit Malines a la journee des estaz affin de besoingnier touchans le bien de paix216 ». Des députés sont envoyés « pour estre aux ouvretures que ceulx de Gand leur devoient faire » à Malines en juin217.

    51Pour autant, même dans ces discussions, la comptabilité avance l’autorité du prince comme objectif : ainsi de négociations devant Gand où un ambassadeur est envoyé « parlementer aux gouverneurs, eschevins et ceulx des mestiers de la dite ville afin de les reduire en l’obeissance d’iceulx seigneurs218 ».

    52À trop détailler ces discussions, qui lui semblent importantes, le comptable finit cependant par lasser son clerc. Or c’est là une dimension importante et trop peu soulignée du travail comptable alors qu’elle a des conséquences essentielles du point de vue de l’historien : il est extrêmement ennuyeux pour le scribe, qui peut finir par se lasser. Devant la tâche de rédiger les parties relatives à 682 dépenses de voyages, le clerc du receveur craque. Suivant les mois de l’année, il réalise jusqu’en mai un travail impeccable et fourni. Passée cette date, la lassitude s’empare soudain de lui, et il finit par répéter à l’infini dans chaque partie la mention « dont n’est my besoing autre ne plus ample declairacion icy estre faite219 ». Ce biais comptable conduit ainsi à réduire fortement les détails sur la deuxième partie de l’année.

    Les mots de la paix

    53La paix est peu présente quantitativement : 6 fois sur le compte de la recette de Flandre en 1452-1453220. Sur le plan comptable, rien de plus logique : elle engendre bien moins de dépenses que la guerre. Mais elle est un horizon, un objectif constant affiché durant la guerre : une paix par le retour à l’obéissance, et à la justice. Le temps de guerre est un temps d’exception où sont prises des mesures transitoires, « jusques a ce que le païs de Waise sera remis en justice221 ». Lorsque le compte suit les événements, la paix demeure un horizon que l’on est sûr d’atteindre, encore en 1487. La paix elle-même est présentée comme une grâce du prince accordée à ses sujets, non le fruit d’un accord : en 1453 c’est le « traitié de paix accordé par mondit seigneur ausdis de Gand », une fois qu’ils sont rentrés en obéissance. Bien souvent, le retour à la paix n’est mentionné que comme une réduction à l’obéissance, un retour à son rang pour celui qui s’est vu trop grand : en 1453, davantage que le mot paix, revient l’expression « depuis le temps que les dits de Gand ont esté reduiz en l’obeissance de mondit seigneur », qui sert à dater la fin du conflit pour les fermes222. Cette logique demeure d’ailleurs en partie sous les Habsbourg en 1487 : le tonlieu de Gravelines est rétabli « depuis la reduction dudit pays de Flandres en l’obeissance du roy des romains nostre sire et de mondit seigneur [Philippe le Beau]223 ». Mais en ces temps troublés, la paix n’est plus seulement la volonté du prince, et les comptes enregistrent en 1492 une logique de négociation : les villes de Flandre obtiennent une « composition […] a cause de leur traictié de paix fait a Tonses224 ».

    54Enfin, la paix implique une pacification du discours. À ce titre, la comptabilité est extrêmement utile car elle permet de suivre l’évolution des lettres ducales, dont elle enregistre souvent les formules, reprenant en partie la teneur des mandements justifiant les dépenses. En effet, le compte de la recette de Flandre fini en décembre 1453 rendu en juillet 1454, et donc rédigé peu avant cette dernière date, témoigne du fait que les rubriques sont recopiées sur les pièces justificatives sans grand recul : une dépense de janvier-mars 1453 évoque « le fait de sa presente armee », alors que le compte est rédigé au milieu de l’année 1454. Dès lors, on observe au fil des dépenses, très largement classées chronologiquement dans chaque chapitre, à l’intérieur d’un même compte, une évolution dans la manière de décrire les événements qui témoigne d’une volonté de pacification une fois obtenue la paix. Ainsi, la chronologie de l’usage du triptyque « ennemis, desobeissans et rebelles » se retrouve au compte de la recette de Flandre et de celle de toutes les finances pour l’année 1453 : son occurrence est forte pour les dépenses datées entre janvier et avril, avec un pic en mai-juillet au moment de l’affrontement décisif (et des massacres susmentionnés), puis une fois vaincus et soumis, les Gantois ne sont plus que « ceulx de la ville de Gand ». En août, une fois la paix signée, on ne parle plus que de « la guerre que mondit seigneur a nagueres eue pour reduire a son obeissance ceulx de la ville de Gand ». Les termes de rebelles et d’ennemis disparaissent, tout comme dans les dépenses qui suivent entre août et décembre 1453225. Cela est aussi valable pour des documents émanant non du prince mais d’officiers, comme les lettres de décharges, qui peuvent être retranscrites dans le compte226 : toute l’administration adapte son discours en fonction de l’état des tensions, les exacerbant au cœur du conflit, quitte à les apaiser très rapidement ensuite. Le compte « raconte » cette évolution du discours au jour le jour.

    Conclusion

    55Malgré une formation plus limitée au droit, les comptables et leurs scribes témoignent de préoccupations idéologiques au sein de l’administration, d’une culture dépassant les cercles des juristes et de la chancellerie, et capable de relayer une vision du pouvoir, dénotant peut-être une moindre sensibilité au thème de la justice qu’à la paix ou à la sauvegarde du domaine. Ils donnent même souvent à voir un conflit entre deux partis qui semblent placés quasiment sur un plan d’égalité en matière militaire.

    56Sous la plume de ces agents, le discours politique du compte s’articule nécessairement à la logique comptable du document, véritable plaidoyer pour leur gestion, dont les règles sont très claires. L’exemple des contrats d’affermage montre qu’en l’absence de nécessité d’attribuer les destructions on peut soit franchement mettre en avant la responsabilité des rebelles et détailler leurs méfaits (en 1453), soit entretenir un flou artistique protecteur. En outre, si l’on détecte une volonté réelle d’affirmation de soi en tant qu’officier modèle et que fidèle du prince dont le compte est le manifeste, il faut aussi rappeler la nécessité matérielle de remployer une documentation hétérogène, souvent issue de l’administration princière (les lettres patentes constituant l’essentiel de l’apport). Mais j’insiste sur le caractère souvent gratuit, dans la stricte logique comptable, des détails qui sont alors recopiés : s’ils ne font pas toujours preuve d’originalité, ils sont bien le produit d’un tri, d’un filtre plus ou moins cohérent, destiné à donner des gages d’acceptation d’une vision du monde, gages plus ou moins marqués selon les moments, et aussi, il faut le dire, la patience du scribe face à une tache d’un ennui extrême.

    57Les comptes des recettes générales de Flandre et de toutes les finances nous permettent de suivre une évolution non linéaire dans la lutte idéologique entre prince et villes, où la victoire de Gavre semble constituer un pic en 1453, à prolonger probablement sous Charles le Téméraire. La variable chronologique n’est sans doute pas la seule, et on peut observer quelques nuances entre recette de Flandre et recette de toutes les finances, encore qu’elles soient surtout l’effet, à mon sens, de la position politique moins claire de certains receveurs flamands.

    58La victoire militaire et diplomatique consacrée par la paix de Cadzand en 1492 est certes réelle. D’ailleurs, le compte de toutes les finances de 1492 y voit un succès définitif et d’une paix durable : la paix de Cadzand y est présentée comme « la paix finale […] qui fut faite et conclut227 ». Pour autant, et les comptables l’attestent par leur discours, le prince est loin d’avoir conquis les cœurs et les esprits, non seulement de ses sujets, mais de ses propres agents qui intériorisent un recul idéologique sensible, après des années de méfiance et d’incertitude quant à l’issue du conflit et à l’autorité devant laquelle les receveurs devraient rendre compte non seulement de leurs frais, mais aussi de leurs mots. Ils apparaissent de fait très en retrait par rapport aux actes de la chancellerie, la paix de Cadzand n’hésitant guère à évoquer les « onverhorighe ende rebellighe ondersaten », sujets désobéissants et rebelles228, expression désormais presque bannie des registres comptables.

    Notes de bas de page

    1 La bibliographie est vaste sur ce sujet, notamment en néerlandais, et le plus souvent centrée sur une perspective d’histoire urbaine. On mentionnera Vandermaesen Maurice, Ryckaert Marc et Coornaets Maurits, De Witte Kaproen: de Gentse opstand (1379-1385) en de geschiedenis van de Brugse Leie, Gand, Provinciebestuur Oost-Vlaanderen, 1979 ; Blockmans Wim, « Breuk of continuïteit? De Vlaamse privilegiën van 1477 in het licht van het staastvormingsproces », Anciens pays et assemblées d’États, no 80, 1987, p. 97-144 ; Boone Marc, Gent en de Bourgondische hertogen ca. 1384-ca. 1453. Een sociaal-politieke studie van een staatsvormingsproces, Bruxelles, Palais des Académies, 1990 ; Dumolyn Jan, De Brugse opstand van 1436-1438, Heule, UGA, 1997 ; Haemers Jelle, De Gentse opstand (1449-1453). De strijd tussen rivaliserende netwerken om het stedelijke kapitaal, Heule, 2004 ; Idem, For the Common Good. State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy (1477-1482), Turnhout, Brepols, 2009.

    2 Pour une synthèse, voir Schnerb Bertrand, L’État bourguignon, 1363-1477, Paris, Perrin, 1999, p. 364-405.

    3 Dumolyn Jan, « The “Terrible Wednesday” of Pentecost: Confronting Urban and Princely Discourses in the Bruges Rebellion of 1436-1438 », History, no 92, 2007, p. 3-20 ; Dumolyn Jan et Haemers Jelle, « Les bonnes causes du peuple pour se révolter. Le contrat politique en Flandre médiévale d’après Guillaume Zoete (1488) » in Foronda François (dir.), Avant le contrat social. Le contrat politique dans l’Occident médiéval. xiiie-xve siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2011, p. 327-348.

    4 Santamaria Jean-Baptiste, La Chambre des comptes de Lille de 1386 à 1419. Essor, organisation et fonctionnement d’une institution princière, Turnhout, Brepols, coll. « Burgundica », 2012, p. 122 et 169-213.

    5 On renverra sur ce point aux multiples interventions sur le vocabulaire et la rhétorique des comptabilités médiévales présentées lors de la journée d’étude du groupe de recherche sur les comptabilités médiévales organisée à Dijon et Besançon en 2010 : Comptabilité(s), no 4, 2012, [http://comptabilites.revues.org/838] consulté le 20 juin 2013.

    6 Archives du Nord (désormais ADN), B 4071 (8 juillet 1381 au 3 mai 1382) ; B 4072 (4 mai 1382 au 30 janvier 1384) ; B 4103 (1er janvier 1452-31 décembre 1453) ; B 4120 (quartier de Bruges, 1er au 31 décembre 1477) ; B 4121 (quartier de Bruges, 1er janvier au 31 décembre 1478) ; B 4123 (toute la Flandre, 1er janvier au 31 décembre 1487).

    7 Van Nieuwenhuysen Andrée, Les Finances du duc de Bourgogne Philippe le Hardi (1384-1404). Économie et politique, Bruxelles, Éditions de l’université libre de Bruxelles, 1984.

    8 Van Nieuwenhuysen Andrée, « L’organisation financière des États du duc de Bourgogne Philippe le Hardi », in Arnould Maurice-Aurélien, Craeyebeckx Jean, Hasquin Hervé, Moureaux-Van Neck Anne, Stengers Jean, Van Nieuwenhuysen Andrée (dir.), Recherches sur l’histoire des finances publiques en Belgique, Bruxelles, Institut d’histoire de l’université libre de Bruxelles, 1967, t. I, p. 215-247, notamment p. 215-216.

    9 Archives de la Côte-d’Or (désormais ADCO), B 1463 (1er juin 1384 au 31 mai 1385) ; ADN B 2012 (1er au 31 décembre 1453) ; ADN B 2136 (1er janvier au 31 décembre 1488) ; ADN B 2138 (1er janvier 1489-31 décembre 1489) ; ADN B 2144 (1er janvier au 31 décembre 1492).

    10 ADN B 2138, fo 71.

    11 Ils ont tous des clercs. Santamaria Jean-Baptiste, « Un maître prévaricateur à la Chambre des comptes de Lille sous Philippe le Bon : Roland Du Bois », Revue du Nord, Paravicini Werner et Schnerb Bertrand (dir.), La Face noire de la Splendeur : crimes, violences, malheurs et trahisons à la cour de Bourgogne aux xive et xve siècles, t. 91, no 380, avril-juin 2009, p. 421-447.

    12 Santamaria Jean-Baptiste, La Chambre des comptes, op. cit., p. 42-43, 140. Receveur en Flandre orientale en 1372-1374, receveur général de Flandre en 1379-1386.

    13 Son 4e compte date de l’année 1450 au complet. ADN B 4101. Il aurait donc été commis en 1447. Son 12e compte court sur l’année 1461. ADN B 4106.

    14 « Maech. Lauwereins de », Nationaal Biografisch woordenboek, XIII, 1989, col. 515-519 ; Dumolyn Jan, Staatsvorming en vorstelijke ambtenaren in het graafschap Vlaanderen (1419-1477), Anvers/Apeldoorn, Garant, 2003, p. 61.

    15 Fris Victor, « Un financier et mécène gantois du xve siècle, Laurent de Maech », Annales de l’Académie Royale d’Archéologie de Belgique, 1923, p. 315-324. Un homonyme avait été envoyé en 1382 comme échevin de Gand en ambassade en Angleterre. De Lettenhove Kervyn, Constantin Joseph-Bruno-Marie (dir.), Œuvres de Jean Froissart, Bruxelles, Devaux, 26 vol., 1867-1877, t. 10, p. 475.

    16 Dumolyn Jan, Staatsvorming, op. cit., p. 208.

    17 Fris Victor, « Un financier et mécène gantois », art. cité.

    18 ADN B 4120, fo 1.

    19 Van Cauwenberghe Eddy, Het vorstelijk domein en de overheidsfinanciën in de Nederlanden (15de en 16de eeuw). Een kwantitatieve analyse van Vlaamse en Brabantse domein rekeningen, Bruxelles, Crédit communal de Belgique, 1982, p. 423.

    20 Haemers Jelle, For the Common Good, op. cit., p. 42.

    21 Ibid., p. 96.

    22 Ibid., p. 97.

    23 Le contrat de mariage conservé à Douai entre un certain Roland Le Fevre et Jacque Le Maistre désigne Roland comme un « tisseran de draps », au patrimoine bien modeste pour une telle charge, épousant la fille d’un potier. 20 septembre 1483. AMD, FF 634, N 3913.

    24 De Herckenrode Jacques Salomon François Joseph Léon, Nobiliaire des Pays-Bas, Gand, Gyselynck, 6 vol., 1862-1865, vol. 1, p. 745.

    25 Wellens Robert, « Fèvre (Roland le) », Biographie nationale de Belgique, Bruxelles, Académie royale des arts et des lettres de Belgique, 1866-1986, 44 vol., vol. 35, (supplément, vol. 7), 1969, cols. 260-262.

    26 ADN B 4123, fo 19vo.

    27 En 1371. Poquet du Haut Jussé Barthélémy, « Les chefs des finances ducales de Bourgogne », Mémoires de la société pour l’histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, IV, 1937, p. 5-77, notamment p. 31.

    28 Santamaria Jean-Baptiste, La Chambre des comptes, op. cit., p. 59.

    29 Wattiez Jacques, Les méthodes de travail des receveurs généraux de toutes les finances sous Philippe le Bon, Diplôme d’études supérieures, Lille, 1959, p. 42.

    30 Compte de 1443-1444. ADCO B 5999.

    31 ADCO B 6006. Le compte comporte une commission de trésorier désignant Jean de Prestin, en remplacement de Guillaume de Poupet, nommé conseiller et receveur de toutes les finances.

    32 Wattiez Jacques, Les méthodes de travail, op. cit., p. 35.

    33 Haemers Jelle, For the Common Good, op. cit., p. 27.

    34 ADN B 2143. Son dernier compte se termine cependant le 10 janvier 1492.

    35 Dehaisnes Chrétien et Finot Jules, Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790 : Nord, archives civiles, série B, Chambre des comptes de Lille, Lille, Danel, 1865-1895, 8 vol., tome 7, p. XXXII.

    36 Koller Fortuné, Au service de la Toison d’Or. Les officiers, Dison, Lelotte, 1971, p. 70.

    37 Voir les inventaires lillois et dijonnais des archives départementales, Voir « Longin, Simon », Nouvelle biographie nationale de Belgique, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1990-2016, 14 vol., vol. 2, 1990, p. 262-265.

    38 Chevalier François-Félix, Mémoire historique sur la ville et seigneurie de Poligny, Lons-le-Saunier, Pierre Delhorme, 1769, t. 2, p. 399.

    39 Ibid. L’ouvrage est ancien, et non exempt d’erreur : il donne Jean Longin, père de Simon, comme natif de Poligny mais aussi receveur de toutes les finances. Il semble qu’il s’agisse d’une méprise.

    40 ADCO B 1463, fo 149 vo.

    41 Ibid., fo 132.

    42 ADN B 4071 et 4072.

    43 ADCO B 1463.

    44 ADN B 4103.

    45 ADN B 4072, 14 vo.

    46 Ibid., fo 16.

    47 Ibid., fo 15 vo.

    48 ADN B 4072, fo 16.

    49 ADCO B 1463, fo 48 vo.

    50 Il s’agit des crimes d’un certain Barthélémy de Auman, perpétrés, contre le comte et le roi. Ibid., fo 121.

    51 ADN B 4103.

    52 ADN B 4103, 52 vo.

    53 Ibid., fo 82vo.

    54 ADN B 4103, fo 145.

    55 Jacques du Clercq, Mémoires, édité par Reiffenberg Frédéric Auguste Ferdinand Thomas (de), vol. 2, p. 63 et 111.

    56 Buchon Jean Alexandre, Chronique d’Enguerrand de Monstrelet, Paris, Verdière et Carez, 1826-1827, 15 vol., t. X, p. 387.

    57 ADN B 2012.

    58 Ibid., fo 83 vo.

    59 Ibid., fo 94.

    60 ADN B 4120.

    61 Ibid., fo 7.

    62 Ibid., fo 6.

    63 Ibid.

    64 Ibid., fo 37.

    65 Sur ce procès mené en 6 jours par les États généraux et les Gantois : Boone Marc, « La justice en spectacle. La justice urbaine en Flandre et la crise du pouvoir « bourguignon » (1477-1488) », art. cité, p. 54.

    66 « Aux vesve et enfans de feu messire Guillaume Hugonet en son vivant chevalier seigneur de Saillant et du Liz et chancelier de feu de tres noble mémoire monseigneur le duc Charles cui Dieu pardoint a cause de ses gaiges de huit frans que feu mondit seigneur lui avoit ordonnéz prendre et avoir de lui pour chacun jour… » ADN B 4120, fo 53 vo.

    67 ADN B 4123, fo 8.

    68 Ibid., fo 149vo-150.

    69 ADN B 2136, fo 66 vo.

    70 Blockmans Wim, « Autocratie ou polyarchie ? La lutte pour le pouvoir politique en Flandre de 1482 à 1492, d’après des documents inédits », Bulletin de la Commission Royale d’Histoire, CXL, 1974, p. 257-368.

    71 ADN B 2138, fo 75, 2144, fo 26 vo.

    72 ADN B 2144.

    73 Ibid., fo 83 vo.

    74 ADN B 4072, fo 11.

    75 Ibid., fo 25.

    76 « Et a Jehan de Viry et a Jehan de Chassot, paintres, pour don a eulx fait par mondit seigneur, pour ce que de son commandement il lui ont apporté veoir la bataille de Rosebec qui ont painte, viii frans, pour tout par mandement de mondit signeur senz autre quittance donné xx d’avril ccc iiiixx et cincq xlvii frans. » ADCO B 1463, fo 154vo.

    77 ADN B 4072, fo 17.

    78 On trouve bien souvent cette mention au chapitre des recettes pour forfaiture : « De Mathis filz Jehan de Le Wastine et de Agathe le vesve Pietre Coben de l’avoir Wout Vranke Lotons, demourant mort a Rosebeque, receut xxviii l. » ADN B 4072, fo 17.

    79 ADN B 4103.

    80 Ibid., fo 15 vo.

    81 ADN B 2012, fo 185.

    82 Ibid., fo 179.

    83 Ibid., fo 181.

    84 Ibid., fo 214 vo.

    85 Cette tentative est évoquée très sobrement et techniquement sous l’angle des travaux qui la suivirent, destinés à renforcer la sécurité de l’hôtel de la Salle : « en laquelle chambre sont les artilleries de mondit seigneur, affin que on n’y puist venir pour bouter le feu comme on avoit voulut faire. » ADN B 2012, fo 347.

    86 ADN B 2012, fo 215.

    87 ADN B 4103, fo 35.

    88 Ibid., fo 50 vo.

    89 Ibid., fo 23 vo.

    90 Haemers Jelle, « A Moody Community. Emotion and Ritual in Late Medieval Urban Revolts », in Lecuppre-Desjardins Élodie et Van Bruaene Anne-Laure (dir.), Emotions in the Heart of the City (14th 16th century), Turnhout, Brepols, 2005, p. 63-81.

    91 ADN B 4103, fo 89 vo.

    92 Ibid., fo 170.

    93 ADN B 4120, fo 10.

    94 ADN B 4123, fo 59 vo.

    95 ADN B 2144, fo 83.

    96 Ibid., fo 97 vo.

    97 « Chiaux de Gand », surgit à foison. Voir par exemple ADN B 4071, fo 49 et suivants.

    98 ADN B 4072, fo 15 vo.

    99 Ibid., fo 17.

    100 B 4072, 15 vo.

    101 B 4072, 46.

    102 Multiples mentions pour des prix voisins : ainsi de 5 francs payés à des soldats en garnison à Courtrai, pour chacun des 4 Gantois livrés au comte. Ibid., fo 46.

    103 ADN B 4103, fo 35.

    104 Ibid., fo 165.

    105 ADN B 4072, fo 46.

    106 ADN B 4103, 155 vo. Le terme revient très souvent.

    107 Ainsi des villes du plat pays autour de Gand, les Quatre Métiers, en 1453. ADN B 4103, fo 39.

    108 Ibid., fo 39.

    109 En particulier l’Écluse, qui est la plus véhémente, à lire la comptabilité. ADN B 2144, fo 3.

    110 Renier de la Stichele. ADN B 4072, 15 vo.

    111 Ibid., fo 16.

    112 Un certain Jehan Dunte. Il est arrêté par le bailli de Merville. Ibid.

    113 ADN B 4103, fo 83.

    114 ADN B 2012, fo 91.

    115 Ibid., fo 291.

    116 ADN B 4120, fo 5. En l’occurrence, il s’agit de qualifier le comportement du Grand Bâtard Antoine de Bourogne, dont la mère n’est en conséquence plus payée par l’administration ducale.

    117 Ibid., fo 78.

    118 Voir en particulier les mentions en 1477. ADN B 4120, fo 29 vo et 33.

    119 ADN B 2012, fo 184.

    120 Ibid., fo 207.

    121 Par la disposition de troupes et de capitaines « a l’encontre desdis de Gand ». Ibid.

    122 ADN B 4103, fo 151 vo.

    123 ADN B 2144, fo 183.

    124 ADN B 4123, fo 37.

    125 Ibid., fo 66 vo.

    126 ADN B 2144, fo 26 vo.

    127 Ibid., fo 20.

    128 Blockmans Wim, « Autocratie », art. cité, p. 359.

    129 « Messire Jehan Utenzwane, recheveur de l’espier de Gand, nient car il ne compta point. » ADN B 4071, fo 2.

    130 C’est le cas des rentes du « transport de Flandre », versement de 10 000 livres par an du par les Flamands au roi en 1306-1307, dont le comte devint le bénéficiaire lors du traité de Pontoise en 1312. La portion qu’auraient dû verser les habitants du Vieux-Bourg de Gand ne fut pas évidemment pas encaissée à la Noël 1381, ce, dont le receveur de Flandre nous dit « nient receu par le temps de ce compte si sont arrieré d’un an escheu au Noel l’an iiiixx et i mis au compte ensuivant ». ADN B 4071, fo 2.

    131 C’est le cas des baillis de Gand, du Vieux-Bourg de Gand, du pays de Waes, de Rupelmonde qui ne comptent pas en septembre 1381. ADN B 4071, 17.

    132 ADN B 4071, 18.

    133 B 4103, 77vo.

    134 B 4103, 78.

    135 B 4103, 24.

    136 Blockmans Wim, « Breuk of continuïteit ? », art. cité.

    137 Compte du receveur du Quartier de Bruges courant du 1er janvier au 31 décembre 1477. B 4102, fo 6.

    138 ADN B 4120, fo 6.

    139 Ibid., fo 14.

    140 Ibid., fo 34.

    141 « neantmoins icelui droit a depuis esté rebaillié a ferme dont sera respondu ou compte ensuivant. » Ibid.

    142 ADN B 4120, fo 36 vo.

    143 La stratégie observée par Jelle Haemers à un niveau plus général se traduit donc ici concrètement. Haemers Jelle, For the Common Good, op. cit., p. 6, et 41-49.

    144 ADN B 4071, fo 8.

    145 ADN B 4103, fo 3.

    146 Ibid., fo 31.

    147 Ibid., fo 8 vo.

    148 Ibid.

    149 La ville obtient dispense provisoire, sur sa demande, « pour cause de la guerre dont ladite ville a esté et est toute ars et destruite […] et les dits de Grandmont font poursieute devers monseigneur pour en avoir grace ». Ibid., fo 24.

    150 Ainsi de l’hôtel gantois du duc où « les rebelles de Gand avoient rompu, emporté et ars et les aisselles et les arbres croissans avoient prins pour leurs bollewers », littéralement ouvrages de défenses, les célèbres « boulevards », ouvrages destinés à porter l’artillerie ajoutés en avant de fortifications plus anciennes. ADN B 4103, fo 145.

    151 ADN B 4123, fo 8. Le pays de l’Alleu ou Lalleu est situé au sud-ouest d’Armentières.

    152 Ibid., fo 141 vo.

    153 « lequel par les guerres de Flandres avoit esté demoly et depuis refait. » Ibid., fo 32.

    154 ADN B 4071, fo 50 vo.

    155 « De le ville d’Ippre pour satisffier Jehan de Afernast d’aucuns dommages et rescousses de prisonniers qu’il se disoit estre faite vc frans, et pour satiffiiier messire Jehan Augiers d’aucuns dommages qu’il disoit estre aussi. » ADN B 4072, fo 25.

    156 ADN B 4103, fo 3.

    157 Ibid., fo 33.

    158 ADN B 4103, fo 50.

    159 ADN B 2144, fo 182 vo-183.

    160 « Du tort le conte en le fieste a Bruges que Clays Chx et ses compaignons tiennent a chense pour cl livres par an rechu pour leur restat fait a ledite Renehge [1381] par deseure ce qu’on leur en rabat pour le cause des guerres vii l gros valent : iiiixx iiii livres. » ADN B 4071, fo 12.

    161 Ibid., fo 14.

    162 Ibid., fo 13 vo.

    163 Ibid., fo 74 vo.

    164 ADN B 4103, fo 8. Voir également fo 73 vo.

    165 Ibid., fo 8 vo.

    166 Ibid., 30.

    167 B 4120, fo 7 vo.

    168 ADN B 4120, fo 26 vo.

    169 Voir le tonlieu du Dam, par exemple. ADN B 4123, fo 11 vo.

    170 Blockmans Wim, « Autocratie », art. cité.

    171 En 1487, apparaît cet officier. ADN B 4123, fo 1.

    172 Ibid.

    173 Au sujet de la rente d’un tonneau de vin des habitants du Dam « […] ledit Jehan de le Scaghe l’a receu et rendu comme dessus par sondit iiie compte fo xxvii. » ADN B 4123, fo 22 vo.

    174 Les gens des comptes indiquent en marge d’une recette affermée qu’ils ont pu trouver la trace de l’argent remis aux rebelles et peuvent donc passer la dépense : « et par le compte particulier de ce tonlieu depuis rendu a Gand appert qu’ilz y renoncerent ledit xxve d’aoust iiiixx vii et pour ce il rend bien quant au temps. » ADN B 4123, fo 11 vo.

    175 ADN B 2144, fo 1 vo.

    176 ADN B 4072, fo 45 vo.

    177 ADCO B 1463, fo 120vo.

    178 Ainsi que le mentionne un don à l’été 1453 « pour delivrer aux ambaxadeurs envoiéz en ladite armee de par le roy nostre seigneur pour le fait de l’appaisement du discort et defferen estant lors entre mondit seigneur et ceulx de la ville de Gand. » ADN B 2012, fo 99 vo.

    179 Encore qu’on ne mentionne pas la personne du roi de France, mais les « Francois, ennemis de nostre dit sire ». ADN B 4123, fo 8.

    180 Ils se comptent en milliers dans les 500 folios du compte général de 1453. ADN B 2012.

    181 Voir le chapitre « Achat d’artillerye, de canons, veuglaire, flesches et autres habillemens de guerre ». Les parties en font régulièrement plus de 15 lignes, sans s’étendre sur les motifs mais en précisant chaque objet : « A Jehan Perot, artilleur, la somme de trente cinq livres six deniers monnoie dite pour avoir enferré la quantité de quarante sept milliers et demy de trait d’abalestres et trois milliers et demy de flesches de guerre, mises en l’artillerye de mondit seigneur pour les affaires de sadite guerre et armée a l’encontre desdis de Gand, au pris de sept solz le milier, valent xvii l. xvii s. Et pour avoir empenné vint trois milliers et ung cent d’autre trait d’arbalestre et pour ce faire avoir livré le cole et pennes de bois, lequel trait a aussi esté mis en ladite artillerie a quinze solz le cent valeut xvii l. iii s vi d. » ADN B 2012, fo 338.

    182 ADN B 4071, fo 49.

    183 « A Colart Rousselet culevrinier demourant a Lille que mondit seigneur lui a aussi donné pour une fois pour l’aventure qu’il a prinse a bruler le bassecourt de la place et forteresse de Poucques avant qu’il y fust armé a tout son ost en laquelle forteresse estoient certains Gantois. » Ibid., fo 295.

    184 ADN B 4071, fo 48.

    185 Toujours en 1452. ADN B 4103, fo 160 vo.

    186 ADN B 2012, fo 287.

    187 Ce que précise une mention de dons servant à « convertir ou paiement de xxiii paies de gens de guerre estans soubz le seigneur de Commines chevalier pour la sceurté et deffence de ladite chastellenie [de Bailleul] et aussi pour servir mondit seigneur en sa presente armee a l’encontre des dits de Gand ». ADN B 2012, fo 87 vo.

    188 Ibid., fo 92. Idem pour la châtellenie d’Ypres. Ibid., fo 85.

    189 Ibid., fo 158 vo.

    190 B 4072, fo 39.

    191 « cedit jour les manans et habitans de la dite ville se mirent en armes sur le marchié a tout leurs bannieres, et avoient les mestiers chacun la sienne et leur place sur ledit marchié. » ADN B 4123, fo 71 vo.

    192 Ainsi du 1er février : « ce jour a eu creue par tous offices pour ce que le roy ordonna tous ceulx de l’hostel et autres compagnons de guerre que cedit jour se tinrent a le court avec lui et estre delivrez de boir et mengier. » Ibid., fo 71 vo.

    193 ADN B 2138, fo 73.

    194 Pour justifier d’une vente de biens entraînant une recette, la mention du fait qu’un homme a été « justicié à Bruges » est suffisante. ADN B 4072, fo 17 vo.

    195 « Item au Grand Coppin pour les fraiz des justices fais a Hesdin de iii conspirateurs de Flandres ainsi que par lettres monseigneur et cedule des maistres d’ostel, les lettres de monseigneur donnees le xxvie jour d’aoust iiiixx et ii : vi l ii s. » Ibid., fo 43.

    196 ADN B 4072, fo 17 vo.

    197 Corecco Eugenio, Fechter Friedrich, Wildhaber Bruno, Théologie et droit canon : écrits pour une nouvelle théorie, Fribourg, université de Fribourg, 1990, p. 21.

    198 ADN B 2012, fo 198.

    199 Ibid.

    200 À Audenarde. Encore une fois, Jacques de Lalaing est chargé de les exécuter. Ibid., fo 205.

    201 Ibid., fo 296.

    202 Ibid., fo 301.

    203 Ibid., fo 448 vo.

    204 Ibid.

    205 Ibid., fo 449.

    206 Tarif payé en août 1453 pour 41 prisonniers pris à Gavre. Ibid., fo 448.

    207 Ainsi de « certains prisonniers de laditte place et forteresse de Skendelebeque », à savoir Schendelbeke près de Grammont. Le tarif de 8 livres 8 sous est une indication. Sachant qu’au même moment les 107 prisonniers de Poucques coûtèrent au duc 53 l. 10 s., soit 10 sous chacun, on peut trouver ce montant étrange. Il implique aisément une quinzaine de condamnations. ADN B 2012, fo 448 vo. En réalité, on sait qu’ils étaient 21 par des frais de prison renseignés plus loin. Ibid., fo 495 vo.

    208 La difficulté étant que bien des parties ont été barrées, faute de justifications. On peut supposer que les condamnations ont eu lieu : on en dénombre, 41 à Gavre en août 1453 (fo 44.) ; 21 à Schendelbeke (fo 448vo), 107 à Poucques (fo 448vo), 30 à Audenarde (fo 449vo), 3 Anglais à Lille, pour 60 sous chacun en raison de l’usage de la roue et d’un démembrement (fo 450), 1 Gantois à Lille le 8 mars 1453 (fo 494vo) Des exécutions par les baillis locaux n’ont pas été payées par le receveur général, à Ath, Audenarde, Lille : on en ignore le nombre.

    209 Le prestige de l’ordre fondé par Philippe le Bon rehausse la légitimité pourtant royale. Il faut d’ailleurs préciser que quelques lignes plus haut, le receveur général rappelle qu’il est lui-même « tresorier du noble ordre de la thoison d’or ». ADN B 2136, fo 68.

    210 ADN B 2136, fo 71 vo.

    211 En vue de négociations devant avoir lieu en mars 1383. ADN B 4072, fo 46.

    212 ADN B 2012, fo 99 vo.

    213 Ibid., fo 189.

    214 Le duc fait alors rédiger « hastivement jour et nuit » 32 lettres à destination des bonnes villes de Brabant, Hollande et Zélande pour expliquer que les Gantois sont responsables de l’échec. ADN B 2012, fo 220.

    215 « A Malquiz Martin dit Lothriicke herault d’armes de mes diz seigneurs la somme de quatre livres quatre solz didit pris qui deus lui estoit pour par le commandement et ordonnane de mesids seigneur et de la dite ville de Malines avoir porté lectres closes de messeigneurs de Zaxen lieutenant general de Nasau chancellier et autres du conseil adressans aux eschevins des deux bancs aux deux doiens et toute la communaulté de la ville de Gand par lesquelles et par certains articles yceulz ilz leur signiffioient l’apoinctmeent qu’ilz avoient concluz de faire avecques eulx en les enhortans qu’ilz le acceptassent en que par ledit Lotrick ilz en escripvissent a mesdis seigneurs leur finale response, en quoy faisans alant sejournant attendant icelle response pour laquelle ilz le retindrent en la chambre audit Gand neuf jours entiers, etretournant audit Malines a tout ladite response il a vacquié par l’esace de douze jours entiers commencans ledit xvme jour dudit mois de mars et finissans tous ensuivans qui au pris de eouze solz dite monnoie a luy par ce tauxé et ordonné pour chacun des dits jours vallent la somme de vii l iiii s, sur quoy fait adesduire qu’il a esté compté par inadverrtence par les escroes de la despense ordinaire de l’ostel de mondit seigneur pendant les dits jours cincq solz tels que dessus par jour vallent la somme de lx s ainsi lui estoit deomré deu de reste ladite somme de iiii l iiiii s pour ce icy par sa quittance contenant affirmacion en sa conscience, sur ce servant en rendant ladite somme de : iiiii l iiii s. » ADN B 2144, fo 83.

    216 B 2144, fo 94 vo.

    217 B 2144, fo 107 vo.

    218 B 2144, fo 120.

    219 ADN B 2144, fo 106-109 en particulier.

    220 ADN B 4103.

    221 Ibid., fo, 66 vo.

    222 Ibid., fo, 16.

    223 ADN B 4123, fo 63.

    224 ADN B 2144, fo 26 vo.

    225 Pour la recette générale de toutes les finances : ADN B 2012 fo 29-31. Même évolution observable sur la période janvier-octobre 1453 de la part de la recette générale de Flandre : ADN B 4013, fo 163-170.

    226 Ainsi pour les paiements dont le receveur général des finances s’est déchargé sur la recette des aides d’Amiens, décharges qu’il a rédigées et recopiées dans son compte, et dont il est l’auteur. ADN B 2012, fo 61.

    227 ADN B 2144, fo 120 vo.

    228 Blockmans Wim, « Autocratie », art. cité, p. 358 et suivantes.

    Auteur

    • Jean-Baptiste Santamaria
      Université de Lille.
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    1 La bibliographie est vaste sur ce sujet, notamment en néerlandais, et le plus souvent centrée sur une perspective d’histoire urbaine. On mentionnera Vandermaesen Maurice, Ryckaert Marc et Coornaets Maurits, De Witte Kaproen: de Gentse opstand (1379-1385) en de geschiedenis van de Brugse Leie, Gand, Provinciebestuur Oost-Vlaanderen, 1979 ; Blockmans Wim, « Breuk of continuïteit? De Vlaamse privilegiën van 1477 in het licht van het staastvormingsproces », Anciens pays et assemblées d’États, no 80, 1987, p. 97-144 ; Boone Marc, Gent en de Bourgondische hertogen ca. 1384-ca. 1453. Een sociaal-politieke studie van een staatsvormingsproces, Bruxelles, Palais des Académies, 1990 ; Dumolyn Jan, De Brugse opstand van 1436-1438, Heule, UGA, 1997 ; Haemers Jelle, De Gentse opstand (1449-1453). De strijd tussen rivaliserende netwerken om het stedelijke kapitaal, Heule, 2004 ; Idem, For the Common Good. State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy (1477-1482), Turnhout, Brepols, 2009.

    2 Pour une synthèse, voir Schnerb Bertrand, L’État bourguignon, 1363-1477, Paris, Perrin, 1999, p. 364-405.

    3 Dumolyn Jan, « The “Terrible Wednesday” of Pentecost: Confronting Urban and Princely Discourses in the Bruges Rebellion of 1436-1438 », History, no 92, 2007, p. 3-20 ; Dumolyn Jan et Haemers Jelle, « Les bonnes causes du peuple pour se révolter. Le contrat politique en Flandre médiévale d’après Guillaume Zoete (1488) » in Foronda François (dir.), Avant le contrat social. Le contrat politique dans l’Occident médiéval. xiiie-xve siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2011, p. 327-348.

    4 Santamaria Jean-Baptiste, La Chambre des comptes de Lille de 1386 à 1419. Essor, organisation et fonctionnement d’une institution princière, Turnhout, Brepols, coll. « Burgundica », 2012, p. 122 et 169-213.

    5 On renverra sur ce point aux multiples interventions sur le vocabulaire et la rhétorique des comptabilités médiévales présentées lors de la journée d’étude du groupe de recherche sur les comptabilités médiévales organisée à Dijon et Besançon en 2010 : Comptabilité(s), no 4, 2012, [http://comptabilites.revues.org/838] consulté le 20 juin 2013.

    6 Archives du Nord (désormais ADN), B 4071 (8 juillet 1381 au 3 mai 1382) ; B 4072 (4 mai 1382 au 30 janvier 1384) ; B 4103 (1er janvier 1452-31 décembre 1453) ; B 4120 (quartier de Bruges, 1er au 31 décembre 1477) ; B 4121 (quartier de Bruges, 1er janvier au 31 décembre 1478) ; B 4123 (toute la Flandre, 1er janvier au 31 décembre 1487).

    7 Van Nieuwenhuysen Andrée, Les Finances du duc de Bourgogne Philippe le Hardi (1384-1404). Économie et politique, Bruxelles, Éditions de l’université libre de Bruxelles, 1984.

    8 Van Nieuwenhuysen Andrée, « L’organisation financière des États du duc de Bourgogne Philippe le Hardi », in Arnould Maurice-Aurélien, Craeyebeckx Jean, Hasquin Hervé, Moureaux-Van Neck Anne, Stengers Jean, Van Nieuwenhuysen Andrée (dir.), Recherches sur l’histoire des finances publiques en Belgique, Bruxelles, Institut d’histoire de l’université libre de Bruxelles, 1967, t. I, p. 215-247, notamment p. 215-216.

    9 Archives de la Côte-d’Or (désormais ADCO), B 1463 (1er juin 1384 au 31 mai 1385) ; ADN B 2012 (1er au 31 décembre 1453) ; ADN B 2136 (1er janvier au 31 décembre 1488) ; ADN B 2138 (1er janvier 1489-31 décembre 1489) ; ADN B 2144 (1er janvier au 31 décembre 1492).

    10 ADN B 2138, fo 71.

    11 Ils ont tous des clercs. Santamaria Jean-Baptiste, « Un maître prévaricateur à la Chambre des comptes de Lille sous Philippe le Bon : Roland Du Bois », Revue du Nord, Paravicini Werner et Schnerb Bertrand (dir.), La Face noire de la Splendeur : crimes, violences, malheurs et trahisons à la cour de Bourgogne aux xive et xve siècles, t. 91, no 380, avril-juin 2009, p. 421-447.

    12 Santamaria Jean-Baptiste, La Chambre des comptes, op. cit., p. 42-43, 140. Receveur en Flandre orientale en 1372-1374, receveur général de Flandre en 1379-1386.

    13 Son 4e compte date de l’année 1450 au complet. ADN B 4101. Il aurait donc été commis en 1447. Son 12e compte court sur l’année 1461. ADN B 4106.

    14 « Maech. Lauwereins de », Nationaal Biografisch woordenboek, XIII, 1989, col. 515-519 ; Dumolyn Jan, Staatsvorming en vorstelijke ambtenaren in het graafschap Vlaanderen (1419-1477), Anvers/Apeldoorn, Garant, 2003, p. 61.

    15 Fris Victor, « Un financier et mécène gantois du xve siècle, Laurent de Maech », Annales de l’Académie Royale d’Archéologie de Belgique, 1923, p. 315-324. Un homonyme avait été envoyé en 1382 comme échevin de Gand en ambassade en Angleterre. De Lettenhove Kervyn, Constantin Joseph-Bruno-Marie (dir.), Œuvres de Jean Froissart, Bruxelles, Devaux, 26 vol., 1867-1877, t. 10, p. 475.

    16 Dumolyn Jan, Staatsvorming, op. cit., p. 208.

    17 Fris Victor, « Un financier et mécène gantois », art. cité.

    18 ADN B 4120, fo 1.

    19 Van Cauwenberghe Eddy, Het vorstelijk domein en de overheidsfinanciën in de Nederlanden (15de en 16de eeuw). Een kwantitatieve analyse van Vlaamse en Brabantse domein rekeningen, Bruxelles, Crédit communal de Belgique, 1982, p. 423.

    20 Haemers Jelle, For the Common Good, op. cit., p. 42.

    21 Ibid., p. 96.

    22 Ibid., p. 97.

    23 Le contrat de mariage conservé à Douai entre un certain Roland Le Fevre et Jacque Le Maistre désigne Roland comme un « tisseran de draps », au patrimoine bien modeste pour une telle charge, épousant la fille d’un potier. 20 septembre 1483. AMD, FF 634, N 3913.

    24 De Herckenrode Jacques Salomon François Joseph Léon, Nobiliaire des Pays-Bas, Gand, Gyselynck, 6 vol., 1862-1865, vol. 1, p. 745.

    25 Wellens Robert, « Fèvre (Roland le) », Biographie nationale de Belgique, Bruxelles, Académie royale des arts et des lettres de Belgique, 1866-1986, 44 vol., vol. 35, (supplément, vol. 7), 1969, cols. 260-262.

    26 ADN B 4123, fo 19vo.

    27 En 1371. Poquet du Haut Jussé Barthélémy, « Les chefs des finances ducales de Bourgogne », Mémoires de la société pour l’histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, IV, 1937, p. 5-77, notamment p. 31.

    28 Santamaria Jean-Baptiste, La Chambre des comptes, op. cit., p. 59.

    29 Wattiez Jacques, Les méthodes de travail des receveurs généraux de toutes les finances sous Philippe le Bon, Diplôme d’études supérieures, Lille, 1959, p. 42.

    30 Compte de 1443-1444. ADCO B 5999.

    31 ADCO B 6006. Le compte comporte une commission de trésorier désignant Jean de Prestin, en remplacement de Guillaume de Poupet, nommé conseiller et receveur de toutes les finances.

    32 Wattiez Jacques, Les méthodes de travail, op. cit., p. 35.

    33 Haemers Jelle, For the Common Good, op. cit., p. 27.

    34 ADN B 2143. Son dernier compte se termine cependant le 10 janvier 1492.

    35 Dehaisnes Chrétien et Finot Jules, Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790 : Nord, archives civiles, série B, Chambre des comptes de Lille, Lille, Danel, 1865-1895, 8 vol., tome 7, p. XXXII.

    36 Koller Fortuné, Au service de la Toison d’Or. Les officiers, Dison, Lelotte, 1971, p. 70.

    37 Voir les inventaires lillois et dijonnais des archives départementales, Voir « Longin, Simon », Nouvelle biographie nationale de Belgique, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1990-2016, 14 vol., vol. 2, 1990, p. 262-265.

    38 Chevalier François-Félix, Mémoire historique sur la ville et seigneurie de Poligny, Lons-le-Saunier, Pierre Delhorme, 1769, t. 2, p. 399.

    39 Ibid. L’ouvrage est ancien, et non exempt d’erreur : il donne Jean Longin, père de Simon, comme natif de Poligny mais aussi receveur de toutes les finances. Il semble qu’il s’agisse d’une méprise.

    40 ADCO B 1463, fo 149 vo.

    41 Ibid., fo 132.

    42 ADN B 4071 et 4072.

    43 ADCO B 1463.

    44 ADN B 4103.

    45 ADN B 4072, 14 vo.

    46 Ibid., fo 16.

    47 Ibid., fo 15 vo.

    48 ADN B 4072, fo 16.

    49 ADCO B 1463, fo 48 vo.

    50 Il s’agit des crimes d’un certain Barthélémy de Auman, perpétrés, contre le comte et le roi. Ibid., fo 121.

    51 ADN B 4103.

    52 ADN B 4103, 52 vo.

    53 Ibid., fo 82vo.

    54 ADN B 4103, fo 145.

    55 Jacques du Clercq, Mémoires, édité par Reiffenberg Frédéric Auguste Ferdinand Thomas (de), vol. 2, p. 63 et 111.

    56 Buchon Jean Alexandre, Chronique d’Enguerrand de Monstrelet, Paris, Verdière et Carez, 1826-1827, 15 vol., t. X, p. 387.

    57 ADN B 2012.

    58 Ibid., fo 83 vo.

    59 Ibid., fo 94.

    60 ADN B 4120.

    61 Ibid., fo 7.

    62 Ibid., fo 6.

    63 Ibid.

    64 Ibid., fo 37.

    65 Sur ce procès mené en 6 jours par les États généraux et les Gantois : Boone Marc, « La justice en spectacle. La justice urbaine en Flandre et la crise du pouvoir « bourguignon » (1477-1488) », art. cité, p. 54.

    66 « Aux vesve et enfans de feu messire Guillaume Hugonet en son vivant chevalier seigneur de Saillant et du Liz et chancelier de feu de tres noble mémoire monseigneur le duc Charles cui Dieu pardoint a cause de ses gaiges de huit frans que feu mondit seigneur lui avoit ordonnéz prendre et avoir de lui pour chacun jour… » ADN B 4120, fo 53 vo.

    67 ADN B 4123, fo 8.

    68 Ibid., fo 149vo-150.

    69 ADN B 2136, fo 66 vo.

    70 Blockmans Wim, « Autocratie ou polyarchie ? La lutte pour le pouvoir politique en Flandre de 1482 à 1492, d’après des documents inédits », Bulletin de la Commission Royale d’Histoire, CXL, 1974, p. 257-368.

    71 ADN B 2138, fo 75, 2144, fo 26 vo.

    72 ADN B 2144.

    73 Ibid., fo 83 vo.

    74 ADN B 4072, fo 11.

    75 Ibid., fo 25.

    76 « Et a Jehan de Viry et a Jehan de Chassot, paintres, pour don a eulx fait par mondit seigneur, pour ce que de son commandement il lui ont apporté veoir la bataille de Rosebec qui ont painte, viii frans, pour tout par mandement de mondit signeur senz autre quittance donné xx d’avril ccc iiiixx et cincq xlvii frans. » ADCO B 1463, fo 154vo.

    77 ADN B 4072, fo 17.

    78 On trouve bien souvent cette mention au chapitre des recettes pour forfaiture : « De Mathis filz Jehan de Le Wastine et de Agathe le vesve Pietre Coben de l’avoir Wout Vranke Lotons, demourant mort a Rosebeque, receut xxviii l. » ADN B 4072, fo 17.

    79 ADN B 4103.

    80 Ibid., fo 15 vo.

    81 ADN B 2012, fo 185.

    82 Ibid., fo 179.

    83 Ibid., fo 181.

    84 Ibid., fo 214 vo.

    85 Cette tentative est évoquée très sobrement et techniquement sous l’angle des travaux qui la suivirent, destinés à renforcer la sécurité de l’hôtel de la Salle : « en laquelle chambre sont les artilleries de mondit seigneur, affin que on n’y puist venir pour bouter le feu comme on avoit voulut faire. » ADN B 2012, fo 347.

    86 ADN B 2012, fo 215.

    87 ADN B 4103, fo 35.

    88 Ibid., fo 50 vo.

    89 Ibid., fo 23 vo.

    90 Haemers Jelle, « A Moody Community. Emotion and Ritual in Late Medieval Urban Revolts », in Lecuppre-Desjardins Élodie et Van Bruaene Anne-Laure (dir.), Emotions in the Heart of the City (14th 16th century), Turnhout, Brepols, 2005, p. 63-81.

    91 ADN B 4103, fo 89 vo.

    92 Ibid., fo 170.

    93 ADN B 4120, fo 10.

    94 ADN B 4123, fo 59 vo.

    95 ADN B 2144, fo 83.

    96 Ibid., fo 97 vo.

    97 « Chiaux de Gand », surgit à foison. Voir par exemple ADN B 4071, fo 49 et suivants.

    98 ADN B 4072, fo 15 vo.

    99 Ibid., fo 17.

    100 B 4072, 15 vo.

    101 B 4072, 46.

    102 Multiples mentions pour des prix voisins : ainsi de 5 francs payés à des soldats en garnison à Courtrai, pour chacun des 4 Gantois livrés au comte. Ibid., fo 46.

    103 ADN B 4103, fo 35.

    104 Ibid., fo 165.

    105 ADN B 4072, fo 46.

    106 ADN B 4103, 155 vo. Le terme revient très souvent.

    107 Ainsi des villes du plat pays autour de Gand, les Quatre Métiers, en 1453. ADN B 4103, fo 39.

    108 Ibid., fo 39.

    109 En particulier l’Écluse, qui est la plus véhémente, à lire la comptabilité. ADN B 2144, fo 3.

    110 Renier de la Stichele. ADN B 4072, 15 vo.

    111 Ibid., fo 16.

    112 Un certain Jehan Dunte. Il est arrêté par le bailli de Merville. Ibid.

    113 ADN B 4103, fo 83.

    114 ADN B 2012, fo 91.

    115 Ibid., fo 291.

    116 ADN B 4120, fo 5. En l’occurrence, il s’agit de qualifier le comportement du Grand Bâtard Antoine de Bourogne, dont la mère n’est en conséquence plus payée par l’administration ducale.

    117 Ibid., fo 78.

    118 Voir en particulier les mentions en 1477. ADN B 4120, fo 29 vo et 33.

    119 ADN B 2012, fo 184.

    120 Ibid., fo 207.

    121 Par la disposition de troupes et de capitaines « a l’encontre desdis de Gand ». Ibid.

    122 ADN B 4103, fo 151 vo.

    123 ADN B 2144, fo 183.

    124 ADN B 4123, fo 37.

    125 Ibid., fo 66 vo.

    126 ADN B 2144, fo 26 vo.

    127 Ibid., fo 20.

    128 Blockmans Wim, « Autocratie », art. cité, p. 359.

    129 « Messire Jehan Utenzwane, recheveur de l’espier de Gand, nient car il ne compta point. » ADN B 4071, fo 2.

    130 C’est le cas des rentes du « transport de Flandre », versement de 10 000 livres par an du par les Flamands au roi en 1306-1307, dont le comte devint le bénéficiaire lors du traité de Pontoise en 1312. La portion qu’auraient dû verser les habitants du Vieux-Bourg de Gand ne fut pas évidemment pas encaissée à la Noël 1381, ce, dont le receveur de Flandre nous dit « nient receu par le temps de ce compte si sont arrieré d’un an escheu au Noel l’an iiiixx et i mis au compte ensuivant ». ADN B 4071, fo 2.

    131 C’est le cas des baillis de Gand, du Vieux-Bourg de Gand, du pays de Waes, de Rupelmonde qui ne comptent pas en septembre 1381. ADN B 4071, 17.

    132 ADN B 4071, 18.

    133 B 4103, 77vo.

    134 B 4103, 78.

    135 B 4103, 24.

    136 Blockmans Wim, « Breuk of continuïteit ? », art. cité.

    137 Compte du receveur du Quartier de Bruges courant du 1er janvier au 31 décembre 1477. B 4102, fo 6.

    138 ADN B 4120, fo 6.

    139 Ibid., fo 14.

    140 Ibid., fo 34.

    141 « neantmoins icelui droit a depuis esté rebaillié a ferme dont sera respondu ou compte ensuivant. » Ibid.

    142 ADN B 4120, fo 36 vo.

    143 La stratégie observée par Jelle Haemers à un niveau plus général se traduit donc ici concrètement. Haemers Jelle, For the Common Good, op. cit., p. 6, et 41-49.

    144 ADN B 4071, fo 8.

    145 ADN B 4103, fo 3.

    146 Ibid., fo 31.

    147 Ibid., fo 8 vo.

    148 Ibid.

    149 La ville obtient dispense provisoire, sur sa demande, « pour cause de la guerre dont ladite ville a esté et est toute ars et destruite […] et les dits de Grandmont font poursieute devers monseigneur pour en avoir grace ». Ibid., fo 24.

    150 Ainsi de l’hôtel gantois du duc où « les rebelles de Gand avoient rompu, emporté et ars et les aisselles et les arbres croissans avoient prins pour leurs bollewers », littéralement ouvrages de défenses, les célèbres « boulevards », ouvrages destinés à porter l’artillerie ajoutés en avant de fortifications plus anciennes. ADN B 4103, fo 145.

    151 ADN B 4123, fo 8. Le pays de l’Alleu ou Lalleu est situé au sud-ouest d’Armentières.

    152 Ibid., fo 141 vo.

    153 « lequel par les guerres de Flandres avoit esté demoly et depuis refait. » Ibid., fo 32.

    154 ADN B 4071, fo 50 vo.

    155 « De le ville d’Ippre pour satisffier Jehan de Afernast d’aucuns dommages et rescousses de prisonniers qu’il se disoit estre faite vc frans, et pour satiffiiier messire Jehan Augiers d’aucuns dommages qu’il disoit estre aussi. » ADN B 4072, fo 25.

    156 ADN B 4103, fo 3.

    157 Ibid., fo 33.

    158 ADN B 4103, fo 50.

    159 ADN B 2144, fo 182 vo-183.

    160 « Du tort le conte en le fieste a Bruges que Clays Chx et ses compaignons tiennent a chense pour cl livres par an rechu pour leur restat fait a ledite Renehge [1381] par deseure ce qu’on leur en rabat pour le cause des guerres vii l gros valent : iiiixx iiii livres. » ADN B 4071, fo 12.

    161 Ibid., fo 14.

    162 Ibid., fo 13 vo.

    163 Ibid., fo 74 vo.

    164 ADN B 4103, fo 8. Voir également fo 73 vo.

    165 Ibid., fo 8 vo.

    166 Ibid., 30.

    167 B 4120, fo 7 vo.

    168 ADN B 4120, fo 26 vo.

    169 Voir le tonlieu du Dam, par exemple. ADN B 4123, fo 11 vo.

    170 Blockmans Wim, « Autocratie », art. cité.

    171 En 1487, apparaît cet officier. ADN B 4123, fo 1.

    172 Ibid.

    173 Au sujet de la rente d’un tonneau de vin des habitants du Dam « […] ledit Jehan de le Scaghe l’a receu et rendu comme dessus par sondit iiie compte fo xxvii. » ADN B 4123, fo 22 vo.

    174 Les gens des comptes indiquent en marge d’une recette affermée qu’ils ont pu trouver la trace de l’argent remis aux rebelles et peuvent donc passer la dépense : « et par le compte particulier de ce tonlieu depuis rendu a Gand appert qu’ilz y renoncerent ledit xxve d’aoust iiiixx vii et pour ce il rend bien quant au temps. » ADN B 4123, fo 11 vo.

    175 ADN B 2144, fo 1 vo.

    176 ADN B 4072, fo 45 vo.

    177 ADCO B 1463, fo 120vo.

    178 Ainsi que le mentionne un don à l’été 1453 « pour delivrer aux ambaxadeurs envoiéz en ladite armee de par le roy nostre seigneur pour le fait de l’appaisement du discort et defferen estant lors entre mondit seigneur et ceulx de la ville de Gand. » ADN B 2012, fo 99 vo.

    179 Encore qu’on ne mentionne pas la personne du roi de France, mais les « Francois, ennemis de nostre dit sire ». ADN B 4123, fo 8.

    180 Ils se comptent en milliers dans les 500 folios du compte général de 1453. ADN B 2012.

    181 Voir le chapitre « Achat d’artillerye, de canons, veuglaire, flesches et autres habillemens de guerre ». Les parties en font régulièrement plus de 15 lignes, sans s’étendre sur les motifs mais en précisant chaque objet : « A Jehan Perot, artilleur, la somme de trente cinq livres six deniers monnoie dite pour avoir enferré la quantité de quarante sept milliers et demy de trait d’abalestres et trois milliers et demy de flesches de guerre, mises en l’artillerye de mondit seigneur pour les affaires de sadite guerre et armée a l’encontre desdis de Gand, au pris de sept solz le milier, valent xvii l. xvii s. Et pour avoir empenné vint trois milliers et ung cent d’autre trait d’arbalestre et pour ce faire avoir livré le cole et pennes de bois, lequel trait a aussi esté mis en ladite artillerie a quinze solz le cent valeut xvii l. iii s vi d. » ADN B 2012, fo 338.

    182 ADN B 4071, fo 49.

    183 « A Colart Rousselet culevrinier demourant a Lille que mondit seigneur lui a aussi donné pour une fois pour l’aventure qu’il a prinse a bruler le bassecourt de la place et forteresse de Poucques avant qu’il y fust armé a tout son ost en laquelle forteresse estoient certains Gantois. » Ibid., fo 295.

    184 ADN B 4071, fo 48.

    185 Toujours en 1452. ADN B 4103, fo 160 vo.

    186 ADN B 2012, fo 287.

    187 Ce que précise une mention de dons servant à « convertir ou paiement de xxiii paies de gens de guerre estans soubz le seigneur de Commines chevalier pour la sceurté et deffence de ladite chastellenie [de Bailleul] et aussi pour servir mondit seigneur en sa presente armee a l’encontre des dits de Gand ». ADN B 2012, fo 87 vo.

    188 Ibid., fo 92. Idem pour la châtellenie d’Ypres. Ibid., fo 85.

    189 Ibid., fo 158 vo.

    190 B 4072, fo 39.

    191 « cedit jour les manans et habitans de la dite ville se mirent en armes sur le marchié a tout leurs bannieres, et avoient les mestiers chacun la sienne et leur place sur ledit marchié. » ADN B 4123, fo 71 vo.

    192 Ainsi du 1er février : « ce jour a eu creue par tous offices pour ce que le roy ordonna tous ceulx de l’hostel et autres compagnons de guerre que cedit jour se tinrent a le court avec lui et estre delivrez de boir et mengier. » Ibid., fo 71 vo.

    193 ADN B 2138, fo 73.

    194 Pour justifier d’une vente de biens entraînant une recette, la mention du fait qu’un homme a été « justicié à Bruges » est suffisante. ADN B 4072, fo 17 vo.

    195 « Item au Grand Coppin pour les fraiz des justices fais a Hesdin de iii conspirateurs de Flandres ainsi que par lettres monseigneur et cedule des maistres d’ostel, les lettres de monseigneur donnees le xxvie jour d’aoust iiiixx et ii : vi l ii s. » Ibid., fo 43.

    196 ADN B 4072, fo 17 vo.

    197 Corecco Eugenio, Fechter Friedrich, Wildhaber Bruno, Théologie et droit canon : écrits pour une nouvelle théorie, Fribourg, université de Fribourg, 1990, p. 21.

    198 ADN B 2012, fo 198.

    199 Ibid.

    200 À Audenarde. Encore une fois, Jacques de Lalaing est chargé de les exécuter. Ibid., fo 205.

    201 Ibid., fo 296.

    202 Ibid., fo 301.

    203 Ibid., fo 448 vo.

    204 Ibid.

    205 Ibid., fo 449.

    206 Tarif payé en août 1453 pour 41 prisonniers pris à Gavre. Ibid., fo 448.

    207 Ainsi de « certains prisonniers de laditte place et forteresse de Skendelebeque », à savoir Schendelbeke près de Grammont. Le tarif de 8 livres 8 sous est une indication. Sachant qu’au même moment les 107 prisonniers de Poucques coûtèrent au duc 53 l. 10 s., soit 10 sous chacun, on peut trouver ce montant étrange. Il implique aisément une quinzaine de condamnations. ADN B 2012, fo 448 vo. En réalité, on sait qu’ils étaient 21 par des frais de prison renseignés plus loin. Ibid., fo 495 vo.

    208 La difficulté étant que bien des parties ont été barrées, faute de justifications. On peut supposer que les condamnations ont eu lieu : on en dénombre, 41 à Gavre en août 1453 (fo 44.) ; 21 à Schendelbeke (fo 448vo), 107 à Poucques (fo 448vo), 30 à Audenarde (fo 449vo), 3 Anglais à Lille, pour 60 sous chacun en raison de l’usage de la roue et d’un démembrement (fo 450), 1 Gantois à Lille le 8 mars 1453 (fo 494vo) Des exécutions par les baillis locaux n’ont pas été payées par le receveur général, à Ath, Audenarde, Lille : on en ignore le nombre.

    209 Le prestige de l’ordre fondé par Philippe le Bon rehausse la légitimité pourtant royale. Il faut d’ailleurs préciser que quelques lignes plus haut, le receveur général rappelle qu’il est lui-même « tresorier du noble ordre de la thoison d’or ». ADN B 2136, fo 68.

    210 ADN B 2136, fo 71 vo.

    211 En vue de négociations devant avoir lieu en mars 1383. ADN B 4072, fo 46.

    212 ADN B 2012, fo 99 vo.

    213 Ibid., fo 189.

    214 Le duc fait alors rédiger « hastivement jour et nuit » 32 lettres à destination des bonnes villes de Brabant, Hollande et Zélande pour expliquer que les Gantois sont responsables de l’échec. ADN B 2012, fo 220.

    215 « A Malquiz Martin dit Lothriicke herault d’armes de mes diz seigneurs la somme de quatre livres quatre solz didit pris qui deus lui estoit pour par le commandement et ordonnane de mesids seigneur et de la dite ville de Malines avoir porté lectres closes de messeigneurs de Zaxen lieutenant general de Nasau chancellier et autres du conseil adressans aux eschevins des deux bancs aux deux doiens et toute la communaulté de la ville de Gand par lesquelles et par certains articles yceulz ilz leur signiffioient l’apoinctmeent qu’ilz avoient concluz de faire avecques eulx en les enhortans qu’ilz le acceptassent en que par ledit Lotrick ilz en escripvissent a mesdis seigneurs leur finale response, en quoy faisans alant sejournant attendant icelle response pour laquelle ilz le retindrent en la chambre audit Gand neuf jours entiers, etretournant audit Malines a tout ladite response il a vacquié par l’esace de douze jours entiers commencans ledit xvme jour dudit mois de mars et finissans tous ensuivans qui au pris de eouze solz dite monnoie a luy par ce tauxé et ordonné pour chacun des dits jours vallent la somme de vii l iiii s, sur quoy fait adesduire qu’il a esté compté par inadverrtence par les escroes de la despense ordinaire de l’ostel de mondit seigneur pendant les dits jours cincq solz tels que dessus par jour vallent la somme de lx s ainsi lui estoit deomré deu de reste ladite somme de iiii l iiiii s pour ce icy par sa quittance contenant affirmacion en sa conscience, sur ce servant en rendant ladite somme de : iiiii l iiii s. » ADN B 2144, fo 83.

    216 B 2144, fo 94 vo.

    217 B 2144, fo 107 vo.

    218 B 2144, fo 120.

    219 ADN B 2144, fo 106-109 en particulier.

    220 ADN B 4103.

    221 Ibid., fo, 66 vo.

    222 Ibid., fo, 16.

    223 ADN B 4123, fo 63.

    224 ADN B 2144, fo 26 vo.

    225 Pour la recette générale de toutes les finances : ADN B 2012 fo 29-31. Même évolution observable sur la période janvier-octobre 1453 de la part de la recette générale de Flandre : ADN B 4013, fo 163-170.

    226 Ainsi pour les paiements dont le receveur général des finances s’est déchargé sur la recette des aides d’Amiens, décharges qu’il a rédigées et recopiées dans son compte, et dont il est l’auteur. ADN B 2012, fo 61.

    227 ADN B 2144, fo 120 vo.

    228 Blockmans Wim, « Autocratie », art. cité, p. 358 et suivantes.

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    Santamaria, J.-B. (2022). Une vision comptable du politique ?. In A. Lemonde (éd.), Les comptes et les choses (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.164410
    Santamaria, Jean-Baptiste. « Une vision comptable du politique ? ». In Les comptes et les choses, édité par Anne Lemonde. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2022. https://doi.org/10.4000/books.pur.164410.
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    Lemonde, A. (éd.). (2022). Les comptes et les choses (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.164314
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