Chapitre IV. L’année 1958
Crise et installation de la Ve République en Bretagne
p. 115-134
Texte intégral
1Le déroulement normal des élections cantonales du printemps de 1958 aurait pu donner à penser que la situation politique s’était stabilisée, même si le gouvernement de Félix Gaillard (radical) avait succédé à celui de Maurice Bourgès-Mauroury (12 juin 1957-15 avril 1958). Une loi-cadre sur l’Algérie a été adoptée le 31 janvier. Mais un tournant dans la guerre se produit le 8 février 1958 lors du bombardement du village tunisien de Sakhiet. En quelques semaines, le régime va s’effondrer. En acceptant le rappel au pouvoir du général de Gaulle, nul n’ignore qu’il va supprimer le régime en place pour le remplacer par celui qu’il appelle de ses vœux et dont il a élaboré les fondements en 1946 lors de son discours de Bayeux.
La crise du 13 mai 1958
2L’affaire de Sakhiet Sidi Youssef accélère la décomposition de la IVe République. Au nom du droit de suite de combattants de l’ALN qui attaquent régulièrement l’armée française puis se replient en Tunisie, l’aviation bombarde ce village censé abriter des membres du FLN. C’est jour de marché, on dénombre 69 victimes civiles et 150 blessés, dont bon nombre de femmes et d’enfants – des bombes sont tombées sur une école –, ce qui provoque une intense émotion internationale. Le gouvernement ne peut plus empêcher l’internationalisation d’un conflit présenté jusqu’alors comme des « opérations de maintien de l’ordre » et de « pacification » internes au territoire national. Les États-Unis et la Grande-Bretagne proposent leurs « bons offices » le 17 février pour jouer les intermédiaires, mais la médiation échoue le 9 avril. Le gouvernement Gaillard démissionne le 15 avril1. Une crise ministérielle de plus d’un mois s’ensuit. Or, le climat ne cesse de se dégrader en France et en Algérie : le 13 mars, des policiers manifestent devant le Palais-Bourbon ; le 23 mars, les républicains sociaux qui participent au gouvernement en appellent au général de Gaulle qui s’est retiré à Colombey-les-Deux-Églises pour y écrire ses Mémoires de guerre. Le président Coty fait d’abord appel à Georges Bidault, un partisan de l’Algérie française qui veut un gouvernement acquis à cette cause mais n’est plus soutenu par son parti, le MRP, puis à René Pleven le 26 avril. Le député breton, dont on connaît les qualités de négociateur et qui prônait une réforme de la Constitution, une solution fédérale pour l’Union française et un gouvernement des « partis républicains et nationaux » allant des socialistes à la droite, « de Mollet à Pinay », avait déjà été sollicité pour une mission d’information en mai 1957 mais il avait refusé de tenter de former le gouvernement2. Lors de la crise suivante, en septembre 1957, il a été chargé de former un gouvernement « d’union nationale » mais il a renoncé car les radicaux ont refusé d’y participer. Guy Mollet a tenté sa chance à son tour dans une combinaison faisant de René Pleven l’un des cinq ministres d’État mais l’investiture lui est refusée. En avril-mai 1958, en pleines élections cantonales, René Pleven tente une nouvelle fois de former un gouvernement ; il a conscience d’être confronté à une crise de régime et souhaite l’aval des autorités militaires qui, consultées, veulent conserver l’Algérie3. Ce 26 avril, une grande manifestation en faveur de « l’Algérie française » se déroule à Alger. Pleven veut proposer une charte sur l’Algérie. La SFIO, très divisée sur la question algérienne, est disposée à soutenir son gouvernement mais sans y participer. Ce serait aussi un moyen d’obliger ses ministres Robert Lacoste et Max Lejeune, très Algérie française, à démissionner car la base du parti est de plus en plus hostile à la participation au pouvoir. Mais, pour rassurer l’armée, Pleven se voit contraint de proposer la Défense nationale au Nantais André Morice, dissident radical et partisan de l’Algérie française, ce que le Parti radical ne peut accepter. Pleven renonce donc le 8 mai après 17 jours de négociations.
3Pendant ce temps, souvent issus de la mouvance poujadiste, des noyaux d’extrême droite militent pour l’Algérie française. Depuis le printemps de 1956, dans le Morbihan, ils se retrouvent au sein des Volontaires de l’Union française (VUF) qui attirent un certain nombre de gaullistes et d’anciens résistants, puis dans l’Union pour le salut et le renouveau de l’Algérie française (USRAF) et enfin au sein de Volonté française (VF). En 1957, ces activistes se fédèrent dans le Front d’action nationale (FAN), un mouvement dissous par le nouveau gouvernement le 15 mai 19584. Du fait de leur dérive extrémiste, un certain nombre de gaullistes ont quitté ces mouvements en 1957, mais quelques personnalités connues comme le commandant Muller, ancien chef départemental du mouvement de résistance de l’armée (ORA), premier président du RPF de Lorient, va prendre la direction régionale du Mouvement populaire du 13 mai (MP13), une organisation traditionaliste qui veut instaurer un ordre « national-chrétien » et qui va durement combattre la politique algérienne du général de Gaulle.
4Dans ce contexte délétère, une fraction grandissante de l’opinion publique voit en de Gaulle la seule personnalité capable d’enrayer la crise politique. L’attachement au Général est resté très fort dans le Finistère où deux initiatives sont signalées le 28 avril 1958, quinze jours avant la crise du 13 mai. À Brest, Maximilien Fauchon, ancien Croix-de-Feu et ancien secrétaire départemental du RPF, colle des affiches avec pour slogan : « Appelons de Gaulle et la France sera la France5. » Geste symbolique jouant sur la mémoire vive de 1940, s’adressant directement au président Coty, le même jour « deux marins de l’île de Sein » déposent « à l’Élysée une pétition pour un appel au général de Gaulle », seul moyen d’éviter de précipiter « la France dans l’anarchie », pétition signée par 612 habitants, soit tous les adultes de l’île6.
5Dans les Côtes-du-Nord, des tracts favorables au Comité de salut public formé à Alger sont distribués à Dinan et à Plancoët le 18 mai. Dans le Finistère, un Comité de salut public demandant l’appel à de Gaulle s’est formé à Brest le 17 mai. Il est présidé par un ancien FFL brestois François Creignou, président départemental de l’Association des Français libres de 1951 à 1957, ancien premier adjoint au maire RPF Alfred Chupin (1947-1953), passé du RPF au CNIP. Dans la nuit du 23 au 24 mai, de nombreux tracts en faveur du retour du Général sont distribués dans les villes du nord du Finistère jusqu’à Morlaix, mais ce mouvement ne s’étend guère. Dans la région malouine, où toute activité gaulliste a disparu depuis 1955 alors que l’ancien député RPF de Bénouville est encore maire de La Richardais, au début de mai 1958 d’anciens militants orchestrent une campagne d’envoi de lettres au président Coty lui demandant de rappeler de Gaulle7.
6Pour l’heure, en mai 1958 des activistes gaullistes sont partis à Alger afin d’instrumentaliser la colère qui gronde contre le pouvoir républicain et, de fait, s’appuyer sur les ultras de l’Algérie française, tandis que de discrets contacts sont pris à Paris dans les hautes sphères de l’État. Pour sortir de la crise ministérielle, René Coty appelle Pierre Pflimlin, le président du MRP, qui forme son gouvernement le 12 mai. Pierre Pflimlin est un libéral, partisan d’ouvrir des négociations avec les insurgés, ce que l’armée et les activistes d’Algérie ne veulent accepter à aucun prix au moment où le FLN vient d’exécuter trois soldats français. Le 13 mai, alors qu’Alger est en insurrection, le gouvernement Pflimlin est investi grâce à l’abstention des communistes ; Guy Mollet est vice-président du Conseil. Après quatre ans d’absence, René Pleven revient aux Affaires étrangères et le député du Finistère André Colin (MRP) est à la France d’Outre-mer. Vingt et un députés bretons votent pour (274), mais 12 sur 129, de droite, votent contre8. À Paris, on craint plus « le danger communiste » que celui de l’extrême droite qui s’agite à Alger, même si le 15 mai le général Salan, qui s’est attribué les pleins pouvoirs confirmés par le nouveau gouvernement, a lancé le fameux « Vive de Gaulle ! »
7Silencieux jusqu’alors, le général de Gaulle pose habilement les jalons de son retour au pouvoir en s’appuyant sur l’insurrection algéroise : communiqué du 15 mai se disant prêt « à assumer les pouvoirs de la République », conférence de presse à Paris le 19 dans laquelle il propose ses services, provoquant le ralliement de plusieurs chefs de l’armée et de responsables politiques, d’autant plus que le 24 mai l’opération Résurrection, le débarquement réussi de parachutistes en Corse, voit l’île se rallier à Alger. Dès le 14 mai, en Conseil des ministres, René Pleven a prôné la fermeté : « Nous sommes face à une révolution » à laquelle il faut répondre par l’état de siège, l’arrestation des suspects, la destitution des militaires indisciplinés. Mais rien n’a été fait. Était-ce d’ailleurs encore possible ? L’État et le gouvernement sont impuissants à défendre un régime agonisant. De conciliabules en réunions secrètes, du 24 au 28 mai, les principaux dirigeants politiques font allégeance au général de Gaulle, y compris le socialiste Guy Mollet qui, obsédé par un scénario franquiste à l’espagnole, le soulèvement de l’armée, est rassuré par les garanties républicaines du Général. Le 27 mai, 408 députés, dont les communistes, contre 165 votent le projet de révision constitutionnelle, mais dans la nuit, le 28, Pierre Pfimlin démissionne. La voie est libre pour le général de Gaulle. René Coty fait appel au « plus illustre des Français » le 29 mai. La IVe République se meurt.
Ultimes tentatives pour sauver la IVe République
8Depuis 1956, le combat commun contre la guerre d’Algérie a permis des rapprochements entre les militants communistes et UGS, considérés comme d’extrême gauche, en particulier dans le Finistère, mais la SFIO en reste très éloignée jusqu’à la crise de 1958. Les comités Maurice Audin, du nom de ce jeune universitaire communiste « disparu » en Algérie en juin 1957, en fait torturé et tué par les parachutistes du général Massu, créés par des syndicalistes enseignants, peuvent servir de lien. Des enseignants de la FEN, professeurs de lycée et de collège et des instituteurs créent un comité Audin à Quimper (fin janvier 1958) en présence des deux députés communistes et d’un maire socialiste à titre personnel, à Concarneau (fin février) puis à Brest le 27 mars 19589. À Brest, le SGEN-CFTC est partie prenante ainsi qu’Eugène Bérest, le leader de la JR, mais on ne compte qu’un seul professeur socialiste, Paul Trémintin, par ailleurs secrétaire du SNES. L’objectif est de faire la vérité sur la disparition de Maurice Audin, de soutenir sa famille, de faire signer des pétitions et de dénoncer toujours la torture. Mais il n’y a guère eu d’élargissement car on retrouve les mêmes militants que dans les comités pour la paix en Algérie, réactivés au début de 1958, avec une très forte présence communiste. Sur les 3 131 enseignants publics du primaire et les 720 du secondaire, les comités Audin ne réunissent pas plus de 200 militants. Une réunion à Quimper le 23 mars déplace néanmoins 300 personnes du fait de la présence de fortes délégations communistes de Brest et du pays bigouden, ce qui révolte le colonel de gendarmerie de la subdivision du Finistère10.
9Dans les Côtes-du-Nord, 96,1 % des 2 203 instituteurs sont syndiqués au SNI et 75,5 % des 490 professeurs du secondaire sont à la FEN (SNES, SNI, SNET). En outre, le SGEN-CFTC, qui a 80 adhérents (16,3 %), est dirigé par Roger Huon, le secrétaire fédéral de l’Action travailliste, un parti aussi favorable à la paix en Algérie. Un comité d’action pour la fin négociée de la guerre d’Algérie a été créé à Saint-Brieuc à la fin de 1957 par des syndicalistes de la FEN, dont le secrétaire général est Louis Bocquet (tendance école émancipée du SNES)11. Un appel du 3 mai 1958 de ce comité reconnaît « le fait national » algérien et, comme l’UGS, il demande de négocier un cessez-le-feu. Une délégation, non reçue à la préfecture, a demandé des explications sur la mort d’Audin le 5 décembre 1957 mais aucun comité Audin n’était encore constitué au début du mois de mars 1958.
10À partir du 13 mai, une partie de la gauche s’est mobilisée dans tout le pays pour défendre la République menacée. En 1957 et 1958, le PCF se présente en défenseur des institutions républicaines qu’il avait pourtant violemment attaquées au temps de la guerre froide et dénonce depuis 1956, non sans raison, les risques fascistes liés au conflit algérien, comme la dérive du poujadisme vers l’extrême droite dure semble l’indiquer. Mais il s’oppose aussi frontalement au retour au pouvoir du général de Gaulle assimilé aux « factieux d’Alger ». Dans la nuit du 13 au 14 mai, le bureau politique a condamné le « coup de force fasciste » à Alger ; le 15, le comité central et les députés appellent « à barrer la route à de Gaulle et à la dictature militaire et fasciste », manifestant à Paris lors de sa conférence de presse le 19 mai. La thématique de l’antifascisme doit mobiliser les républicains pour la défense de la République. Une partie de la gauche, dont le leader de l’UDSR François Mitterrand et Pierre Mendès France, ainsi que les syndicats (CGT, CFTC), défendent eux aussi la IVe République et s’opposent au retour au pouvoir du général de Gaulle. Le 28 mai, une grande manifestation de 100 000 personnes se tient à Paris et dans de nombreuses villes de France, mais le cœur n’y est pas. En Bretagne, les forces de gauche défilent en activant les structures mises en place depuis au moins 1956 pour réclamer la paix en Algérie. Le coup du 13 mai à Alger a provoqué une inquiétude palpable et des comités de vigilance des partis et des syndicats de gauche, initiés par les communistes, s’activent dans certaines communes. Sur ordre du ministre de l’Intérieur, le socialiste Jules Moch, le 14 mai les manifestations ont été interdites et les réservistes de la gendarmerie sont rappelés, tous ceux du Finistère, 125, le 20 mai12. Par l’entremise des préfets, le ministre incite les maires et les conseils généraux à voter des ordres du jour « d’attachement indéfectible à la République et à la légalité républicaine ». Le 27 mai, 27 conseillers municipaux de Brest (MRP, SFIO et PCF) adoptent une motion générale sur ce thème mais dix ne l’approuvent pas. Dans le Finistère, les syndicats réagissent en ordre dispersé : le 27, la CGT, la CFTC et la CNT anarchiste appellent à un débrayage à l’arsenal. Il est suivi par 3 500 ouvriers de l’arsenal, pratiquement la seule grande entreprise à réagir13. Ailleurs, la grève est un échec car la CFTC et FO s’y opposent. Le 1er juin, jour du vote de l’investiture du général de Gaulle, un seul meeting se tient à Quimper (150 personnes), les deux rassemblements à Brest, interdits, étant dispersés par la police.
11Le 19 mai, les syndicats malouins, sauf la CFTC, amorcent la formation d’un comité de vigilance, mais le 22 mai la tentative de créer un comité de défense des institutions républicaines échoue, de même qu’une manifestation intersyndicale le matin du 28 mai14. Les syndicats et organisations proches du PCF obtiennent que la SFIO se joigne à un meeting le soir même (70 personnes), alors que la CFTC se contente d’une motion contre « le pouvoir personnel ».
12Dans les Côtes-du-Nord, à l’initiative des enseignants du lycée Le Braz de Saint-Brieuc, un premier comité de vigilance se constitue après le 13 mai soutenu par tous les syndicats et les partis de gauche. Il débouche sur un comité départemental mais la CFTC s’en méfie car elle craint le poids trop important du PCF à travers ses organisations satellites. Des élus de gauche (SFIO, PCF) forment des comités locaux, cantonaux ou intercantonaux dans le Trégor, en Haute-Cornouaille, dans la région de Broons, chez les cheminots briochins. Au total, 16 comités de défense républicaine ont été constitués à la fin de mai ; il y en aurait une quarantaine à la fin de juin, mais quelle est leur réalité ? De fait, ils rassemblent peu de monde et les divergences syndicales, notamment au sein de la CFTC, freinent leur action15. Le 27 mai, la CGT appelle à des débrayages et à une grève très peu suivis dans le public comme dans le privé. Deux meetings se tiennent en soirée à Saint-Brieuc (400 à 1 000 personnes selon les sources) et à Lannion (1 000)16. Dans le Morbihan, les appels de la CGT à la grève les 27, 28 et 29 mai n’ont guère d’écho (10 % de grévistes) sauf chez les enseignants le 30 mai (80,4 %). Le 28 mai, jour de la manifestation parisienne, plusieurs rassemblements sont organisés : 2 500 à 4 000 personnes à Saint-Brieuc. Le 30 mai, ils sont 1 500 à Lannion, 1 200 à Guingamp, 400 à Rostrenen et 40 à Dinan. Ce jour-là, la FEN a appelé les enseignants à la grève (95 % dans le primaire, 75 % dans le secondaire) avec l’appui du SGEN-CFTC et des parents d’élèves de la FCPE, mais le meeting du 1er juin à Saint-Brieuc est un échec.
13Des défilés se produisent dans d’autres villes de la région à Rennes, à Lorient, à Vannes à la fin de mai. Dans le Morbihan, dans un tract le PCF a dénoncé le 19 mai le général de Gaulle qui serait, selon ce parti, le chef des « rebelles d’Alger » et chercherait à établir « son pouvoir personnel » et « une dictature militaire17 ». Le PCF crée un comité antifasciste à Lorient puis dans quatre autres villes dont Hennebont et Lanester, la ville du maire communiste Jean Maurice. Deux comités un peu élargis se forment à Vannes et à Pontivy. Sous l’impulsion de la SFIO, la gauche non communiste se mobilise, elle aussi, à la mi-mai pour défendre la République mais en dehors du PCF, mobilisation qui s’arrête rapidement puisque Guy Mollet entre dans le gouvernement de Gaulle. À Nantes, les manifestations des 27 et 28 mai ne sont pas très importantes, les défenseurs de la République ne parvenant pas à créer des comités antifascistes. En mai 1958, on est donc bien loin du sursaut antifasciste qui avait suivi les émeutes du 6 février 1934 et donné naissance au Front populaire, car pour la grande majorité des Français le général de Gaulle est le seul homme qui puisse sortir le pays de la crise.
Le retour au pouvoir du général de Gaulle et la mise en place de la Ve République
14Dans tout le pays, des groupes de pression se constituent pour soutenir le retour au pouvoir du général de Gaulle, notamment en Bretagne. Le temps de la crise, les droites se retrouvent dans divers comités qui rassemblent des élus et des militants, anciens du RPF et adhérents du CNI. Dans le Morbihan, un Comité républicain pour le recours au général de Gaulle de dix membres est fondé le 28 mai 1958 par cinq anciens RPF, dont Adrien Charrier, président, et Léonce Franco, trois CNI du parti d’Antoine Pinay, dont Raymond Marcellin et Louis Le Montagner, conseiller général et maire de Guidel, un MRP, et même l’ancien socialiste SFIO Ferdinand Thomas18. Le 2 juin, le lendemain de l’investiture du Général, 30 conseillers généraux et une soixantaine de maires rejoignent ce comité, soutenu par les associations d’anciens résistants et combattants gaullistes (FFL, 2e DB, Rhin et Danube), qui est animé par l’abbé Hervé Laudrin, d’abord résistant du réseau du colonel Rémy, puis aumônier des FFL (été de 1943) et a fait les campagnes d’Italie et de Provence jusqu’au cœur du Reich. Paul Chenailler, le directeur de La Liberté du Morbihan, soutient ce comité.
15Dans le Finistère, l’Association pour le soutien à l’action du général de Gaulle naît à Brest au début de juin à l’initiative de l’avocat Charles Le Goasguen, ancien de la 2e DB, Compagnon de la Libération. C’est une organisation nationale gaulliste qui se veut non électoraliste – mais elle va faire campagne pour le oui au référendum –, animée par Jean-André Hamel, ancien responsable national du RPF. C’est lui qui a contacté Le Goasguen ainsi que la militante gaulliste du RPF Corentine Piriou, conseillère municipale et conseillère générale de Brest, future candidate de l’UNR. Un secrétariat provisoire se met en place le 8 juillet. Dans le Morbihan, où le Comité républicain formé le 28 mai 1958 est le plus actif, l’un de ses membres, Louis Le Montagner, préside cette association dans laquelle se retrouvent les modérés et les gaullistes. Les ex-RPF qui président les associations d’anciens FFI, 2e DB et Rhin et Danube ont signé dès le 16 mai une motion publique de soutien à de Gaulle, « seul capable de réaliser autour de sa personne et du symbole qu’elle représente l’Union sacrée qui une fois de plus sauvera la Nation19 ».
16Investi par l’Assemblée le 1er juin 1958, Charles de Gaulle devient, on l’oublie souvent, le dernier président du Conseil de la IVe République. Afin de rassurer ceux qui doutent de son républicanisme, le Général a accepté de mauvaise grâce de se plier au rituel de l’investiture par les députés mais il n’a pas assisté au débat qui a suivi sa déclaration. De nombreux ministres et parlementaires qui souhaitaient défendre le régime se rallient au général de Gaulle qui est investi par 329 voix contre 224. Vingt-sept députés bretons ont voté pour, mais les six communistes et cinq socialistes SFIO ont voté contre, tous les élus de gauche. Le lendemain, lors du vote sur la révision constitutionnelle qui condamne à la mort la IVe République, la majorité en faveur de De Gaulle est plus forte (350 pour, 161 contre). Les communistes et le MRP de Loire-Atlantique Édouard Moisan votent contre, alors que quatre socialistes et Jean-Maurice Demarquet ne prennent pas part au vote. Aucun parlementaire breton ne figure dans le nouveau gouvernement de Gaulle qui compte bon nombre de hauts fonctionnaires et de « techniciens ».
17Dans la nuit du 27 au 28 mai, René Pleven a appuyé Pierre Pflimlin qui accepte d’ouvrir la voie à de Gaulle en se retirant. Le 31 mai, dans son éditorial du Petit Bleu des Côtes-du-Nord, il explique sa position : s’il se rallie au Général, c’est pour empêcher « une majorité de Front populaire » qui, selon lui, « conduirait à la guerre civile ». Comme de Gaulle a accepté les voies légales pour revenir au pouvoir, il est « l’une des ultimes réserves politiques de la France », en fait l’ultime recours pour éviter la guerre civile à condition qu’il jouisse d’une large majorité allant de la SFIO à Pinay. Ce faisant, il se heurte à François Mitterrand, le leader de l’UDSR qui, avec Pierre Mendès France, prend la tête des opposants au retour au pouvoir du général de Gaulle sous la pression de la rue algéroise et de l’armée. L’UDSR-RDA est fracturée : lors de la réunion du groupe le 31 mai, suivant Pleven, douze députés sur 17 sont pour la confiance à de Gaulle ; le 1er juin, dix la votent. Trois seulement, dont Roland Dumas, suivent Mitterrand qui a dénoncé à la tribune les conditions du retour au pouvoir du Général20. La SFIO est tout aussi divisée : Tanguy Prigent, qui a commencé à évoluer sur la guerre d’Algérie depuis le bombardement de Sakhiet, prend la tête des opposants à l’investiture.
18Tous les partis politiques, sauf les communistes et les groupes d’extrême droite, sont divisés sur la question algérienne. Exclus du mouvement poujadiste en mars 1957, Jean-Marie Le Pen et Jean-Maurice Demarquet, le député du Finistère, de retour d’Algérie où ils se sont engagés pour six mois, ont noué des contacts avec le Centre républicain, les radicaux « moriciens » partisans de l’Algérie française, afin d’intégrer leur groupe parlementaire. André Morice appartient en effet à l’Union pour le salut et le renouveau de l’Algérie française (USRAF). Selon le journal Juvénal du 14 février, ces contacts seraient sur le point d’aboutir, mais la publication de l’article de presse fait échouer l’opération21. Le MRP est lui-même tiraillé entre une tendance libérale dirigée par Pierre Pflimlin, le président du parti, et Georges Bidault, l’ancien président du CNR qui avait succédé à Jean Moulin, l’un « des quatre mousquetaires de l’Algérie française », membre de l’USRAF22. Or, la fédération MRP du Finistère l’avait invité pour présider son congrès fédéral à Quimper le 30 mars 1958. Dans son discours au banquet à la mairie de Quimper, Bidault avait défendu la politique de fermeté de la France, attaquant les pays arabes qui soutiennent le FLN, concluant : « Nous ferons l’Algérie française parce que c’est la volonté des morts et le rêve des vivants. » Selon lui, « l’Algérie française est le seul barrage en Afrique au panarabisme qui déferle, puis au communisme qui le suivrait ». Ayant un passé résistant et étant les fondateurs du MRP, André Colin et Georges Bidault sont alors proches. Est-ce à dire que le MRP du Finistère est sur les positions de Bidault ? La motion finale du congrès s’est prononcée pour « pacifier l’Algérie et garantir par l’application rapide et loyale de la loi-cadre la coexistence dans l’égalité des différentes communautés qui constituent l’Algérie française23 ». Une position qui allie poursuite de la guerre et réformisme, et qui est encore largement dominante à droite, au centre, voire chez une partie des socialistes. Après le 14e congrès national du MRP de Saint-Malo (mi-mai) où sa ligne dure a été battue, Georges Bidault fait scission en juin et créé son mouvement : Démocratie chrétienne de France (DCF), rejointe par cinq personnalités connues du MRP. DCF va présenter trente candidats aux élections législatives de novembre 1958, soutenus par le CNIP et les radicaux « moriciens ». Toutefois, le MRP se rallie massivement à de Gaulle, trois députés seulement, dont François de Menthon, lui refusent l’investiture. Ouest-France, qui appuie sans états d’âme le retour au pouvoir du Général, va faire campagne pour le oui au référendum. Le 15 juin, le MRP tente d’élargir son assise dans un Comité national d’Entente pour la démocratie chrétienne, mais l’épiscopat est réticent et les leaders de l’Action catholique hostiles, si bien que l’opération échoue. Il ne reste plus au MRP qu’à coller au général de Gaulle.
19Les gaullistes ne sont pas en reste. Dans le Finistère, l’Association pour le soutien à l’action du général de Gaulle se développe rapidement en réactivant les anciens réseaux résistants FFL et FFI et ceux du RPF. De nombreuses personnalités passées par le RPF y adhérent, comme le Dr Le Duc, maire et conseiller général de Morlaix, ou l’ancien chef départemental des FFI, Bourrières, le colonel Berthaud. Deux responsables de l’Office central de Landerneau y participent. Reprenant la philosophie du RPF, cette association se veut au-dessus des partis politiques, mais force est de constater qu’elle recrute surtout à droite et fait de la politique. Elle aurait de 8 000 à 10 000 adhérents dans le Finistère au début du mois d’août 1958 selon les RG. Ses animateurs s’adressent même aux maires pour leur demander le 7 août de solliciter leurs administrés pour les aider « dans le chaos menaçant [à] sauvegarder le calme et la paix nécessaire à la vie laborieuse ». Cette volonté d’élargissement inquiète les gaullistes de la première heure qui craignent d’être noyés sous la vague des ralliements. Sa propagande très active en faveur du oui au référendum (tracts, affiches) en fait l’un des principaux vecteurs de la campagne électorale référendaire de septembre 1958.
Le référendum du 28 septembre 1958 : les Bretons répondent oui à de Gaulle
20Le référendum du 28 septembre sur la Constitution clarifie la situation : les droites, CNI et gaullistes, le MRP et Ouest-France, ainsi que les centristes plévénistes, appellent à voter oui alors que le PCF fait campagne pour le non. Cependant, la SFIO est divisée. Les fédérations du Morbihan, d’Ille-et-Vilaine et de Loire-Atlantique soutiennent la ligne de Guy Mollet. En revanche, celles des Côtes-du-Nord et du Finistère sont majoritairement en faveur du non, tout comme Antoine Mazier, l’un des fondateurs du Parti socialiste autonome (PSA). Dans le Morbihan, les militants de la SFIO ont approuvé majoritairement le oui à Baud le 7 septembre.
21Après avoir annoncé son projet de Constitution le 4 septembre 1958 sur la place de la République à Paris, le général de Gaulle ne néglige pas de faire campagne dans sept villes de France entre le 20 septembre et le 5 octobre 1958, pour le référendum puis pour les élections législatives. Il commence par la Bretagne, région dans laquelle il met en avant ses attaches particulières depuis 1940, lors d’un très bref séjour à Rennes le 20 septembre : arrivé à 9 h 30 il s’envole à 13 h 00 pour Bordeaux. Accompagné de deux ministres, le Mayennais MRP Robert Buron (Travaux publics, Transports et Tourisme) et le CNIP Roger Houdet (Agriculture), et de son ancien directeur de cabinet Olivier Guichard, le chef du gouvernement s’adresse de fait à un électorat, catholique et rural, démocrate-chrétien et de droite, qui pèse lourd dans la région24. Sa réception à la mairie de Rennes par le maire MRP Henri Fréville renvoie à sa visite du 20 août 1944, avant même la libération de Paris. Devant les parlementaires d’Ille-et-Vilaine, dont les poujadistes et les 362 maires du département, le Général prononce un bref discours (6 minutes), salue la foule au balcon de la mairie comme en 1944, puis se rend à pied à la préfecture où il salue les autorités civiles, religieuses et militaires.
22Dans une région où les relais du gaullisme se sont dispersés, voire évanouis depuis 1953, le chef du gouvernement a besoin du soutien de la presse régionale, des associations agricoles, de l’Église catholique et des anciens combattants et résistants. Il les obtient à Rennes comme dans le Morbihan où Mgr Le Bellec mobilise ses prêtres en faveur du oui, tout comme l’Union nationale des combattants (UNC). Dans ce département, seule une feuille éphémère, La République démocratique (2 numéros en septembre) du Comité morbihannais de défense de la République, créée le 14 mai, a fait campagne pour le non25. Signe des tensions, la permanence du PCF est incendiée à Lorient.
23Sans surprise, le 28 septembre 1958 le oui recueille 84,6 % des suffrages exprimés en Bretagne, 5,4 % de plus que la moyenne nationale de 79,2 %26. L’Ille-et-Vilaine (87,3 %) arrive en tête juste devant le Morbihan (86,9 %) et la Loire-Inférieure (86,7 %). Dans les deux départements où les gauches communiste et socialiste ont milité pour le non, les résultats sont un peu plus faibles : 83 % de oui dans le Finistère et 78,5 % dans les Côtes-du-Nord. Le décrochage électoral vis-à-vis de ces partis est net car la population aspire à une stabilisation politique au plus vite en ratifiant les nouvelles institutions de la Ve République. D’ailleurs, la participation a été très élevée : 85,1 % des 1 991 600 électeurs inscrits (258 607 non). Dans les régions de tradition blanche du Léon occidental, du Vannetais, de la bordure orientale de l’Ille-et-Vilaine (Vitréen, Coglais) et les campagnes de Loire-Atlantique, le résultat dépasse les 95 %. Ils sont inférieurs à 80 % dans les villes, « la diagonale contestataire » de Basse-Bretagne qui s’étend du Trégor au pays de Lorient, ainsi qu’à Nantes et à Saint-Nazaire. Le oui atteint quand même 78 % à Lorient, 77 % à Hennebont et même 65 % à Lanester. Dans le Finistère, où des socialistes ont aussi fait campagne pour le non, le oui dépasse les 70 % dans le tiers des 18 communes gérées par le PCF et est important dans les ports de la côte sud où le PCF est bien implanté : 76,3 % à Audierne, 75,8 % à Douarnenez, 68,8 % à Concarneau27. Comme dans le pays, un décrochage du vote communiste se produit en 1958.
Les élections législatives de novembre 1958 : derrière le renouvellement des hommes une certaine stabilité politique
24Dans les 33 nouvelles circonscriptions électorales découpées en 1958, il y a pléthore de candidats le 23 novembre, 201 dans les cinq départements bretons, comme en témoignent les tableaux de résultats départementaux. Le retour au scrutin d’arrondissement uninominal à deux tours ouvre le jeu politique et aiguise les appétits. Il n’est pas rare qu’il y ait sept ou huit candidats, voire deux députés sortants en lice pour un même siège. Une importante recomposition politique est à l’œuvre, alors que le nombre de députés a été réduit de 39 à 33 en Bretagne. Le renouvellement est le plus important depuis 1945 car dix députés sont réélus, un quart seulement des sortants, chiffre un peu atténué par le retour au Palais-Bourbon de cinq anciens députés28. Mais, en réalité, il y a peu d’hommes neufs car le retour au scrutin d’arrondissement, réclamé par presque tous les partis sauf le PCF et le MRP, permet à des notables bien implantés localement d’accéder au Parlement, alors que le scrutin de liste donnait plus de poids aux choix des partis politiques même s’ils plaçaient le plus souvent leurs propres notables en position éligible. Être maire et conseiller général est un atout et une preuve d’enracinement dans un territoire.
25Dans le contexte de la crise politique de 1958, les candidatures se multiplient à droite et au centre. Les communistes sont présents partout, la SFIO aligne 26 candidats, le PSA un seul, les radicaux-socialistes, signe de leur faiblesse, six seulement, plus deux divers gauche, mais il n’y a pas de candidat de gauche à Vitré, ni à Redon. Dès l’été, un peu partout, la droite libérale et les gaullistes unis dans le oui au référendum se divisent. Beaucoup tentent leur chance. Dans le Morbihan, même chez ceux qui se réclament du gaullisme, une fracture politique s’opère au point que d’anciens RPF vont affronter dans plusieurs circonscriptions des candidats étiquetés UNR, l’Union pour la nouvelle république, la nouvelle appellation du parti gaulliste.
26La nouvelle donne électorale permet de dégager les rapports de force politiques en Bretagne à la fin de l’année 1958. Avec 33,1 % des voix au 1er tour, deux fois plus qu’en France (16,9 %), les centristes démocrates-chrétiens (MRP) et les plévénistes tirent bien leur épingle du jeu alors que la droite traditionnelle résiste (22,7 %). Le MRP conserve douze députés pour 24 candidats (13 sur 39 en 1956), mais DCF, le parti de Georges Bidault, en a présenté ou soutenu trois. Le parti démocrate-chrétien obtient 65 sièges en France. Il recueille 42,5 % des voix en Ille-et-Vilaine (trois députés sur six) et 37,6 % dans les Côtes-du-Nord (trois députés sur cinq) [voir le tableau I, p. 126-127]29. Dans le Morbihan, les MRP Paul Ihuel et Christian Bonnet sont réélus dès le 1er tour à Hennebont (60,7 %) et à Auray (53,6 %) [voir le tableau II, p. 128]. Christian Bonnet, alors proche de Georges Bidault, a pris soin de prendre comme suppléant l’ancien député Job Le Pévédic (de 1928 à 1940). Si plusieurs de ses leaders sont battus, le MRP engrange six nouveaux députés30.
27Autres centristes, dans les Côtes-du-Nord René Pleven est réélu avec près de 70 % des voix dès le 1er tour et son ancien colistier Pierre Bourdellès (rad.) prend Lannion31. Ce n’est pas si fréquent quand, dans tout le pays, les principaux caciques de la IVe République mordent la poussière dans un mouvement de rejet qu’on n’appelle pas encore le « dégagisme ». La plupart des chefs de partis et anciens ministres sont battus : en Bretagne, les MRP André Colin et André Monteil dans le Finistère, Pierre-Henri Teitgen à Fougères, Guy La Chambre (CNIP) à Saint-Malo, l’ancien radical André Morice à Châteaubriant et le socialiste Tanguy Prigent à Morlaix.
Tableau I. – Candidats et résultats des élections législatives de novembre 1958 dans les Côtes-du-Nord et le Finistère.

Légendes : d. s. = député sortant en 1958 ; en gras = candidat élu député et ses résultats.
28Les indépendants de droite du CNIP font jeu égal avec le MRP en sièges (douze sur 119 en France) en renforçant leur présence en Loire-Atlantique (43 % des voix) et dans le Morbihan (29,9 %). Mais en sièges, ils sont les grands gagnants puisqu’ils passent de huit députés en 1956 à douze en 1958, dont sept nouveaux élus32. Malgré huit candidats contre lui dont deux gaullistes, Raymond Marcellin l’emporte au 2e tour à Vannes (52 %), non sans avoir été durement attaqué par l’ancien cadre du RPF, l’UNR Gilles Mabin, alors que sur ses terres de Ploërmel Yves du Halgouët a été plébiscité au 1er tour (81,2 %) [voir le tableau II, p. 128].
Tableau II. – Principaux candidats et résultats des élections législatives de novembre 1958 dans le Morbihan (résultats partiels).

Légendes : d. s. = député sortant en 1958 ; en gras = candidat élu député et ses résultats.
29Comptant, quatre élus sur huit en Loire-Atlantique, les indépendants du CNIP, renforcent leur ancrage : non seulement le député sortant d’Ancenis Olivier de Sesmaisons est facilement réélu contre un MRP, mais Henry Orrion, le maire de Nantes, gagne l’Assemblée nationale tout comme Henri Robichon, le maire de Bouguenais. La guerre scolaire réactivée par les ultras de l’école privée en 1956 porte ses fruits. Robichon préside le Comité d’action pour la liberté scolaire (CALS). Jean Allard de Grandmaison, maire de Machecoul, conseiller général, lui aussi grand agrarien (15 fermes, 500 hectares), reprend dès le 1er tour le siège de Paimbœuf occupé par son oncle Auguste Dutertre de La Coudre avant-guerre (voir le tableau III, p. 130)33. Le seul échec à déplorer est la défaite à Nantes-1 du sortant Michel Raingeard, le leader du bloc des droites de Loire-Atlantique, très engagé dans le combat de l’école privée. Mais dans la ville de Nantes, il est battu par l’UNR Henry Rey qui capte un électorat laïque, y compris de gauche, et entame une longue carrière politique.
30Les postulants de droite sont très nombreux lors de ce scrutin. Face aux candidats investis par le CNIP, ils tentent leur chance : en Loire-Atlantique, six CNIP affrontent six divers droite. Parmi eux, Jacques Chombart de Lauwe qui tente de revenir au Parlement. À Saint-Nazaire, le CNIP soutient ainsi l’ancien député Maurice Grimaud, mais sans ancrage local et concurrencé par Jacques Chombart de Lauwe (divers droite) dans cette circonscription pourtant dominée par René Dubois, le sénateur-maire de la Baule, il n’obtient que 7,4 % des suffrages34. Dans ce département, suite à des accords nationaux entre René Duchet, dirigeant du CNIP partisan de l’Algérie française, et le Centre républicain, André Morice n’a pas d’adversaire indépendant à Châteaubriant, mais il se heurte à deux divers droite qui ne goûtent guère l’accord avec un laïque, et deux poujadistes dont le député sortant Pierre Charles qui fait un score dérisoire. À Châteaubriant, où les gauches n’existent guère (8,3 % pour ses deux candidats), le grand notable radical laïque nantais fait face, comme à Saint-Nazaire, à Bernard Lambert, un jeune militant syndicaliste chrétien de 27 ans dans un combat qu’il croit encore relever du classique affrontement entre les Bleus et les Blancs. Mais le monde agricole et le catholicisme traditionnel sont en train d’évoluer dans le cadre de « la Révolution silencieuse ». Bernard Lambert, exploitant agricole et éleveur à Teillé, qui s’est formé au sein de la JAC (responsable départemental puis permanent national à mi-temps) et milite dans le syndicalisme agricole, devient en 1957 secrétaire national adjoint du CNJA, le Centre national de la jeunesse agricole lié à la FNSEA. La même année, devant 20 000 agriculteurs rassemblés à Vannes, il plaide en faveur de la modernisation agricole. En 1958, ses camarades l’incitent à se présenter : il arrive en tête au 1er tour et l’emporte de 407 voix au second car le communiste s’est maintenu.
31Le retour au scrutin d’arrondissement ouvre le jeu politique et aiguise les appétits. La crise des partis politiques et les concurrences aussi bien à droite qu’à gauche se soldent par de nombreuses triangulaires au second tour (dans quatre des cinq circonscriptions des Côtes-du-Nord, deux du Finistère, trois d’Ille-et-Vilaine et cinq de Loire-Atlantique), et même deux quadrangulaires à Brest et à Saint-Nazaire. Les candidats communistes se maintiennent presque partout au second tour et, souvent, dans les terres de gauche leur présence facilite l’élection de centristes et d’hommes de droite. À Brest, Georges Lombard (CNIP) [31,3 %] ne devance que de quelques voix le socialiste Robert Gravot (31,2 %). Le Morbihan, où les notables enracinés résistent bien, accentue son ancrage à droite (75,2 % des voix), le CNIP dépasse pour la première fois le MRP : trois sièges contre deux.
Tableau III. – Candidats et résultats des élections législatives de novembre 1958 en Loire-Atlantique.

32Dans un contexte de poussée des droites et du centre, les gaullistes, UNR et autres n’obtiennent que des résultats limités ne décrochant que six députés en Bretagne sur 199 et sept apparentés. Ils recueillent 16,5 % des voix dans la région contre 20,6 % dans le pays, obtenant leurs meilleurs scores dans le Finistère (22 %, deux élus) et en Ille-et-Vilaine (18,9 %, un élu). Ancien cadre du RPF, membre de l’antenne parisienne du mouvement gaulliste qui a intrigué à Paris après le 13 mai pour le retour de De Gaulle, Pierre de Bénouville reprend la circonscription de Fougères perdue en 1956 dans une triangulaire en battant l’ancien ministre MRP Pierre-Henri Teitgen. En Loire-Atlantique, où leur total n’atteint pas 11 % des voix au 1er tour, les gaullistes enlèvent deux sièges pour quatre candidats. Le chef d’entreprise Henry Rey, PDG d’une grande société de transport routier, ancien adjoint du maire de Nantes (1947-1953), l’emporte dans une triangulaire à Nantes-1 en devançant le député de droite sortant Michel Raingeard. À Guérande, l’avocat Bernard Le Douarec est lui aussi élu dans une triangulaire. Encore faut-il souligner qu’à côté de ces gaullistes orthodoxes, très engagés au RPF, des notables de droite comme Hervé Nader, député de Quimper de 1936 à 1940, et Gabriel de Poulpiquet, maire et conseiller général depuis 1945 élu à Landerneau, ont pris une étiquette porteuse, parfois entre les deux tours. De même, ancien résistant de l’intérieur puis aumônier des FFL après avoir gagné Alger en juillet 1943, l’abbé Laudrin, proche de la Démocratie chrétienne, se fait élire député de Pontivy au 2e tour (79,8 %) avec l’étiquette modéré. Venant de Lorient, il a devancé au 1er tour le candidat officiel de l’UNR Jean-Baptiste Thébault, mais il s’apparente bientôt à l’UNR (voir le tableau II, p. 128), donnant un 6e député au groupe. Comme l’Union pour la nouvelle république (UNR), le nouveau parti gaulliste né le 1er octobre 1958 n’est pas encore structuré, une certaine confusion règne. Outre à Pontivy, deux candidats se réclamant de l’UNR s’affrontent à Vannes : l’ex-RPF Gilles Mabin ainsi que de Lyrot, qui se maintiennent au 2e tour, permettant sans doute la réélection de Raymond Marcellin. En réalité, dans l’UNR naissante du Morbihan, une forte rivalité oppose les anciens cadres du RPF suivant Gilles Mabin et les nouveaux venus, pour la plupart d’anciens parachutistes patronnés par de Lyrot, si bien que le nouveau parti aura beaucoup de mal à se mettre en place dans les mois suivants35. Ailleurs, d’autres candidats de droite prennent l’étiquette « gaulliste » ou « Ve République » comme Suzanne Ploux, maire de Pont-de-Buis et conseillère générale depuis 1945. Et dans le cadre du Centre de la réforme républicaine (CRR) créé le 2 juillet 1958 par des personnalités, quelques « gaullistes de gauche » se présentent parfois contre des gaullistes orthodoxes à Loudéac, à Quimper, à Brest où le Dr Jean Griffe recueille 13 % des voix au premier tour et se maintient au second.
33Les élections de 1958 montrent aussi l’élimination du paysage politique breton, et national, des poujadistes qui présentent une dizaine de candidats dans la région mais ne recueillent que 0,7 % des voix. En fait, le groupe poujadiste a éclaté en juin 1958 quand une partie de ses députés a voté pour de Gaulle contre les consignes de Pierre Poujade. Exclus, ils ont formé un nouveau groupe parlementaire, l’Union pour l’action libérale et sociale (UALS) rayé de la carte en novembre. Ceux qui avaient pour slogan en 1956 : « Sortez les sortants ! » sont à leur tour sortis.
34Le grand perdant des élections législatives de 1958 est le PCF qui recule de 6,7 % dans le pays, tombant à 18,8 % des suffrages exprimés et dix députés seulement contre 150 en 1956. Il a perdu 1,6 million de voix depuis 1956 et une fraction de l’électorat populaire qu’il ne retrouvera pas. En Bretagne, avec 12,2 % des voix (9,9 % des inscrits), il perd ses six députés, ne résistant que dans les Côtes-du-Nord avec 20,4 % des voix36. Les socialistes désormais divisés en deux partis sortent eux aussi affaiblis en voix et ils n’ont plus aucun député. La gauche non communiste tombe à 14,3 % des suffrages pour 26,3 % en France. Ses meilleurs scores au 1er tour sont atteints à Saint-Nazaire (32,3 %, 6e circ.), mais pour deux candidats opposés, et à Guingamp. Le cas nazairien est emblématique des divisions de la gauche en 1958 puisque trois candidats s’affrontent au 1er tour : le député sortant SFIO Jean-Baptiste Guitton (22,6 %), le candidat communiste Georges Giraud (10,3 %) et le candidat de l’Union des forces démocratiques (UFD), Jean Ramet, ancien secrétaire des métaux CGT (9,7 %). L’UFD est un rassemblement des opposants de la gauche non communiste au retour au pouvoir du général de Gaulle lancé le 7 juillet à l’appel de Daniel Mayer, président de la Ligue des droits de l’homme (LDH) et député de la SFIO. En Bretagne, l’UFD ne s’organise vraiment qu’en Loire-Atlantique où elle est lancée par deux responsables de l’UGS (Richard et Viaud), des syndicalistes dont Maurice Milpied, Jean Pujol le président de la LDH, deux membres du PSA et trois responsables locaux de la SFIO opposés à Guy Mollet. On a là les futurs fondateurs du PSU en 196037. Mais dans le bastion nazairien de la SFIO, le maintien du communiste contre Jean-Baptiste Guitton, qui a pourtant voté contre le retour au pouvoir du général de Gaulle, et la présence du candidat de droite permettent l’élection de l’ouvrier soudeur Nestor Rombeaut, ancien militant de la JOC, responsable de l’UL CFTC de la ville après la guerre, dirigeant national de la fédération des métallurgistes CFTC. Comme le dirigeant de l’UD Gilbert Declercq, il avait appelé à soutenir Pierre Mendès France et à voter pour le Front républicain en 1956. C’est de fait un vote de centre gauche catholique et social. Rombeaut emporte la quadrangulaire avec seulement 36 % des voix.
35Dans le Morbihan, où le Parti radical-socialiste disparaît du paysage politique, la SFIO ne résiste qu’à Lorient (26,4 %) et à Hennebont (21,3 %). À Lorient, en se maintenant contre Jean Le Coutaller (SFIO) qui, selon lui, en votant oui « a permis à la droite de se relever », le dirigeant communiste Roger Le Hyaric permet à l’indépendant-CNI Louis Le Montagner de l’emporter dans une triangulaire (48,2 %). Battu, Le Coutaller songe à démissionner de son poste de maire de Lorient, mais sa section l’en dissuade.
36Les conflits de personnes et oppositions sur la position référendaire ont des conséquences redoutables pour la SFIO. Dans les Côtes-du-Nord, les principaux dirigeants de la fédération SFIO n’acceptent pas que le parti ait présenté le pharmacien Jean Le Garzic contre le député sortant Antoine Mazier nettement battu au second tour par Victor Rault, le maire MRP de Saint-Brieuc38. D’ailleurs, quelques semaines plus tard la majorité des socialistes briochins puis du département suivent Mazier au PSA. De même dans le Morbihan, l’instituteur René Dervout, résistant, responsable syndicaliste du SNI, hostile à la CED et à la ligne de Guy Mollet sur l’Algérie, ayant fait campagne pour le non avec le PCF et pour cette raison blâmé par le parti, quitte la SFIO en février 1959 pour adhérer au PSA avec quelques amis syndicalistes39.
⁂
37Si, en termes d’orientations politiques, la droite et le centre (le CNIP et le MRP) sont confortés en Bretagne en novembre 1958 en éliminant toute représentation des partis de gauche à l’Assemblée, la crise des partis politiques avec le surgissement d’une nouvelle formation gaulliste, encore minoritaire, engage une recomposition politique qui va être accentuée par l’aggravation de la guerre d’Algérie. Mais pour l’heure, une certaine stabilité politique semble l’emporter en Bretagne au moment où s’achève la mise en place de la Ve République avec l’élection du général de Gaulle à la présidence de la République et de la Communauté le 21 décembre 1958 par un collège élargi de 78 000 grands électeurs. En métropole, le Général recueille 78,5 % des voix, le candidat communiste Georges Marrane 13,1 % et le candidat de l’UFD Albert Chatelet, 8,4 %. Les Bretons (4 470 inscrits) apportent plus massivement encore leur soutien au nouveau chef de l’État : 82,5 %, 9,9 % au communiste et 7,5 % au candidat de la gauche non communiste. Le 16 janvier 1959, 453 députés contre 56 approuvent le programme de Michel Debré, le nouveau Premier ministre. Trente-deux députés bretons sur 33 ont voté la confiance, mais on note l’abstention volontaire de Bernard Lambert qui commence déjà à prendre ses distances avec le pouvoir et avec le MRP. La Bretagne n’a plus aucun représentant dans ce gouvernement soutenu par l’UNR, le CNIP et le MRP qui va durer trois ans.
Notes de bas de page
1 Le gouvernement a été mis en minorité par 321 voix contre 255.
2 Bougeard Christian, René Pleven, op. cit., p. 302-316.
3 Rémond René, 1958. Le retour de De Gaulle, Bruxelles, Éditions Complexe, 1983 ; Rudelle Odile, mai 1958. De Gaulle et la République, Paris, Plon, 1988.
4 Rivière Christophe, « Les mouvements gaullistes dans le Morbihan, 1946-1958 », art. cité, p. 297.
5 Dathanat Pierre, L’UNR et les gaullistes dans le Finistère de 1953 à 1969, maîtrise d’histoire, Brest, UBO, 2001, p. 42-50.
6 Le Télégramme, 29 avril 1958.
7 ADIV. 1174 W 08. Sous-préfecture de Saint-Malo. 1958.
8 André Morice, six CNI dont Raymond Marcellin, les cinq poujadistes.
9 Férec Marie, L’impact de la guerre d’Algérie sur la vie politique à gauche dans le Finistère (1954-1962), op. cit., p. 185-190.
10 ADF. 31 W 422. Selon les RG, il écrit : « Il est invraisemblable que voir quelques énergumènes être autorisés à bafouer publiquement les directives du gouvernement, à neutraliser les efforts de l’Armée, à exalter la trahison […] il n’y a pas de guerre en Algérie […] il y a une chasse à l’assassin. »
11 ADCA. 46 W 8. Rapports des RG. Le conseil syndical du SNI est à majorité communiste : 13 contre 11 socialistes selon les RG.
12 Sénéchal Jean-Paul, « La crise politique du 13 mai 1958 dans le Finistère », in Erwan Le Gall et François Prigent (dir.), C’était 1958 en Bretagne, op. cit., p. 51.
13 On note 1 500 personnes au meeting de Brest et 150 à Quimper.
14 ADIV. 1174 W 08. Sous-préfecture de Saint-Malo. 1958.
15 Le 19 mai, l’UD CGT ne réunit que 100 personnes à Saint-Brieuc.
16 Prigent Alain, « Un autre mai dans les Côtes-du-Nord. 1958, un moment d’impuissance des syndicats ? », in Erwan Le Gall et François Prigent (dir.), C’était 1958 en Bretagne, op. cit., p. 450-458.
17 Evanno Yves-Marie, « Chance, opportunité ou menace ? Les Morbihannais face au retour du général de Gaulle », ibid., p. 117-138.
18 Pour une analyse détaillée, voir l’article cité de Christophe Rivière, « Les mouvements gaullistes dans le Morbihan, 1946-1958 », p. 298-303.
19 La Liberté du Morbihan. 16 mai 1958. Le colonel Caro, ancien chef du VIIIe bataillon FFI y adhère.
20 Bougeard Christian, René Pleven, op. cit., p. 316-319 et 326-329. Mitterrand déclarait : « Les compagnons d’aujourd’hui du général de Gaulle, qu’il n’a sans doute pas choisis, s’appellent le coup de force et la sédition », tout en reconnaissant « qu’en droit » il « tiendra son pouvoir de la représentation nationale ».
21 Pocquet Sébastien, Les élus du Finistère et la guerre d’Algérie (1958-1962), maîtrise d’histoire, Brest, UBO, 1997, p. 24-35.
22 Dalloz Jacques, Georges Bidault. Biographie politique, Paris, L’Harmattan, 1992.
23 Le Télégramme, 30 mars 1958.
24 Prigent François, « Une journée avec le général de Gaulle (Rennes, 20 septembre 1958) », art. cité.
25 Il réunit le PCF, l’UD CGT, l’UGS, le SNI, le CAL 56, l’UFF et quelques radicaux mendésistes.
26 Nicolas Michel et Pihan Jean, Les Bretons et la politique. 1958-1988 : 30 ans de scrutins en Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1988, p. 14-107. Tous les résultats électoraux de cette partie sont tirés de cet ouvrage qui est aussi un précieux atlas.
27 Abéguilé Xavier, Le Parti communiste français et les élections dans le Finistère (1958-1970), master 2 d’histoire, UBO, Brest, p. 13-14. Quatre communes seulement dont deux PCF (Scrignac et Berrien) donnent une majorité de non.
28 Bougeard Christian, « Les élections législatives de novembre 1958, un temps de recompositions politiques. Jeux d’échelles », in Erwan Le Gall et François Prigent (dir.), C’était 1958 en Bretagne, op. cit., p. 25-47.
29 Sources : ADCA. 1192 W 41, 1192 W 42, 1192 W 43 ; Le Petit Bleu des Côtes-du-Nord ; Prat Stéphane, Les élections législatives de 1958,1962 et 1967 dans le Finistère, maîtrise d’histoire, Brest, UBO, 2002.
30 Victor Rault (Saint-Brieuc), Alain Le Guen (Guingamp), Xavier Trellu (Douarnenez), Henri Fréville (Rennes), les syndicalistes agricole et ouvrier Bernard Lambert (Châteaubriant) et Nestor Rombeaut (Saint-Nazaire).
31 Isidore Renouard, élu à Redon, s’inscrit au même groupe de l’Entente démocratique, mais c’est un homme de droite qui rejoint les républicains indépendants en 1962.
32 Georges Lombard et Jean Le Duc sont élus à Brest et à Morlaix, Henri Jouault à Rennes-Sud, Henri Robichon à Nantes-3 et Jean de Grandmaison dès le 1er tour à Paimbœuf, Yves du Halgouët et Louis Le Montagner à Ploërmel et à Lorient.
33 Voir Richard Gilles, « Le CNIP en Loire-Atlantique, entre de Gaulle et l’OAS : l’effondrement d’un bastion électoral (1958-1962) », in Erwan Le Gall et François Prigent (dir.), C’était 1958 en Bretagne, op. cit., p. 189-211, résultats du 1er tour p. 198-199. L’étiquette UDI concerne deux candidats proches des radicaux moriciens.
34 Gilles Richard (ibid., p. 202-203) souligne que Maurice Grimaud perd 80 % des voix de 1956 du CNIP dans la circonscription quand les cinq autres candidats progressent de 33 %.
35 Rivière Christophe, « Les mouvements gaullistes dans le Morbihan, 1946-1958 », art. cité, p. 299-300.
36 Le PCF tombe à 7,5 % des voix en Ille-et-Vilaine, 9,1 % en Loire-Atlantique, 11 % dans le Morbihan et 13,7 % dans le Finistère.
37 Guiffan Jean, « Le PSU en Loire-Atlantique (1960-1975/5) », in Tudi Kernalegenn et al. (dir.), Le PSU vu d’en bas, op. cit., p. 60.
38 Mais les trois candidats de gauche n’ont recueilli que 36,6 % des voix au 1er tour.
39 Notice « René Dervout » de Jacques Girault, Gilles Morin, François Prigent, Le Maitron en ligne.
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Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008