Introduction de la deuxième partie
p. 113-114
Texte intégral
1L’intensification et l’internationalisation de la guerre d’Algérie aggravent la crise politique qui mine la IVe République depuis plusieurs années. Les « événements d’Alger », soulèvement antirépublicain, et la crise du 13 mai provoquent la chute du régime en quelques jours. Le recours des plus hautes autorités de l’État au général de Gaulle qui pour beaucoup fait figure de sauveur signe la mort d’un régime qui avait porté beaucoup d’espoirs à la Libération et son remplacement en quelques semaines par un autre : la Ve République, qui met fin au modèle républicain parlementariste de la IIIe et de la IVe République. Sur le moment, cette profonde transformation institutionnelle qui ne sera achevée qu’en 1962 et mise en place en 1965 avec la première élection présidentielle au suffrage universel n’est guère perceptible pour la grande majorité des citoyens qui aspirent au maintien de l’ordre républicain et au retour à la paix en Algérie. Aucune force politique ne sort indemne de la crise de mai 1958 qui permet le retour au pouvoir des gaullistes. De nombreux députés en sont victimes, notamment en raison du changement du mode de scrutin réclamé par la plupart des partis, à savoir le retour au scrutin majoritaire uninominal à deux tours. Pendant quatre années encore, la guerre d’Algérie va diviser le pays qui doit aussi affronter l’entrée dans le Marché commun à Six le 1er janvier 1959, entrée qui n’est d’ailleurs pas remise en question par le général de Gaulle. Durant ces années 1960, le pays est confronté aux transformations rapides de l’économie et de la société françaises. La France entre dans cette période de grande croissance que Jean Fourastié a, a posteriori en 1979, dénommée les Trente Glorieuses. La Bretagne n’échappe bien sûr pas à ces mutations socio-économiques et culturelles, même si les Bretons ont l’impression d’être en retard de développement, voire d’être laissés sur le bord de la route. Au sein de l’Église catholique, le Concile Vatican II clôturé en décembre 1965 bouscule les hiérarchies cléricales : cet ébranlement de l’ordre religieux établi est à terme lourd de conséquences sur la vie politique de la région. À l’issue d’une décennie de pouvoir gaullien, alors que les classes nombreuses du baby-boom et la jeunesse font irruption sur la scène publique, ces mutations provoquent la montée de contestations qui débouchent sur les événements de Mai 1968, puis sur le départ du pouvoir du général de Gaulle en 1969. Qu’en est-il de cette période gaullienne en Bretagne ?
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