Introduction à la première partie
p. 35-36
Texte intégral
1Les premiers temps de la colonisation française en Algérie sont marqués par des formes de bricolages administratifs, tantôt innovants, tantôt inspirés des préoccupations métropolitaines, souvent contraints par de stricts impératifs budgétaires. Des années 1830 aux décrets de rattachement en 1881, un grand nombre de textes législatifs et réglementaires viennent régulièrement préciser le fonctionnement de la poste et du télégraphe en Algérie. Hésitations et ajustements ponctuent cette période, sans que les débuts de la Troisième République ne dessinent un moment de bouleversement radical1.
2Déjà les années 1830-1860 définissent l’organisation des communications coloniales et les conditions de recrutement du personnel. L’essentiel du réseau de l’Algérie septentrionale n’est plus sous le seul contrôle des militaires français (chap. i), même si le passage de relais à l’administration civile s’opère lentement, parce que l’armée est encore chargée de réprimer les insurrections des années 1870-1880 et parce qu’elle poursuit l’entreprise de conquête en direction du Sud. Au début de la décennie 1880, la situation administrative se stabilise cependant, après la fusion des Postes et du Télégraphe (P&T) et avec le rattachement des services algériens au ministère parisien. Derrière le rythme soutenu des réformes transparaît la détermination d’une partie des acteurs de dépasser les situations d’exception engendrées par les débuts de l’occupation coloniale – révoltes, manque de moyens, omniprésence des militaires (chap. ii). Le service des P&T s’emploie alors à bâtir une organisation adossée aux mêmes réglementations qu’en métropole et servie par les mêmes agents. Des lignes électriques de plus en plus nombreuses quadrillent progressivement le Tell*, desservent au plus près les usagers européens, pénètrent le Sahara et relient l’Algérie à la métropole et au reste de l’empire (chap. iii). Les pratiques des populations – citoyennes et non citoyennes – débordent alors souvent les usages attendus (chap. iv).
Notes de bas de page
1 Sylvie Thénault rappelle que l’historiographie récente tend à minorer le caractère charnière de cette transition politique. Cf. Abderrahmane Bouchène, Jean-Pierre Peyroulou, Ounassa Siari-Tengour et Sylvie Thénault (dir.), Histoire de l’Algérie à la période coloniale (1830-1962), Paris/Alger La Découverte/Barzakh, 2012, p. 160.
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